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Marc Prensky - "L'école et le défi du numérique : il faut une nouvelle pédagogie"
- Loys
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Il faut donc des questions adaptées au numérique ! Voilà pourquoi tous mes détracteurs s'en prennent unanimement ou presque au commentaire de texte : c'est un exercice auquel "les gens ne peuvent pas répondre par le numérique". L'enseignement doit donc s'adapter à ce qui n'est pourtant supposé être qu'un outil à son service. C'est d'une perversité.À moins de vingt jours de la présidentielle, le débat politique qui touche l’éducation porte sur l’enseignement du numérique dans les écoles. La question posée concerne le rôle des professeurs et leur capacité à enseigner le numérique à leurs élèves. De mon point de vue, cette configuration de la relation d’enseignement est faussée.
Ce n’est pas le rôle principal des professeurs d’enseigner le numérique et les pratiques qui s’y rapportent. Leur rôle principal, c’est de savoir poser des questions auxquelles les gens peuvent répondre par le numérique.
Voilà le genre de phrases qui ne veut rien dire.D’autre part, le numérique, c’est quelque chose que les jeunes savent très bien utiliser puisqu’ils sont nés avec et qu’ils en ont un usage quotidien (et pour les choses qu’ils ne savent pas, ils peuvent très bien discuter et échanger leurs compétences)
S'ils savent "utiliser" le numérique, pourquoi leur enseigner, comme le réclament à cor et à cris les défenseurs des TICE en France ?
En vérité que signifie "savoir bien utiliser le numérique" ? C'est savoir naviguer rapidement sur un écran, télécharger une application sur son iPhone, connaître les astuces des MMORPG, savoir mettre à jour son mur Facebook... Ils ne connaissent finalement - dans leur grande majorité - que ce qui est conçu pour être intuitif et facile à utiliser.
Jamais les élèves n'ont tant eu besoin de professeurs... Et voilà qu'on propose d'en faire des accompagnateurs !Si l’on voulait établir une nouvelle pédagogie, elle pourrait s’articuler autour du rôle du professeur qui tiendrait davantage de l’accompagnement, de l’entraînement.
Encore une fois : l'objectif n'est plus d'enseigner grâce au numérique, mais de s'adapter au numérique. Quitte à faire beaucoup moins de choses, bien sûr.L’enseignant n’est en aucun cas obligé de tout savoir sur le numérique, il faut seulement qu’il soit capable de comprendre ce que la technologie est capable de rajouter et de poser de bonnes questions, qui auront pour effet d’optimiser l’usage du numérique que font les élèves.
Bien d'accord. Sauf qu'on ne peut approfondir que ce que l'on sait.Le numérique comme outil
Le numérique est un médium et un moyen d’aller souvent plus loin, d'approfondir.
Pourquoi une telle insistance sur l'objectif des savoirs à acquérir ? Comme si on craignait de les oublier en cours de route.Personnellement, je fais une distinction très importante entre ce que j’appelle "les verbes" (les savoirs) et les "noms" (les outils). L’enjeu de l’enseignement aujourd’hui, c’est celui de la meilleure détermination possible des noms à mobiliser de sorte d’enseigner tel ou tel verbe.
Pour que cela soit plus clair, nous allons prendre un exemple :
Nom (outil) : Powerpoint / Verbe (savoir) : présenter
Nom (outil) : Ordinateur / Verbes (savoir) : calculer, apprendre, convaincre
Ce qu’il faut, ce n’est pas savoir techniquement se servir de Powerpoint, mais être capable de présenter. De la même manière qu’il ne faut pas utiliser l’ordinateur dans l’optique simple d’écrire quelque chose, mais dans celle de convaincre quelqu’un de quelque chose (en rajoutant, par exemple, des vidéos). L’outil doit être le vecteur d’un objectif, d’un verbe, d’une compétence que l’élève doit acquérir au cours de son parcours scolaire. Là est le véritable rôle de l’enseignant aujourd’hui : utiliser un outil qui soit à la fois contextualisé en fonction des savoirs des élèves et efficace dans l’acquisition de compétences.
Le professeur n'est pas et n'a jamais été ni un savant ni omniscient... En revanche il détient certains savoirs spécifiques.La fin du prof savant et omniscient
Tiens, mon expérience est très mal comprise, on dirait, puisque ce n'était pas son objectif. M. Prensky oublie de parler des sites de corrigés ou des forums parascolaires.En ce qui concerne le bruit autour de l’affaire du professeur qui a trafiqué Wikipédia pour piéger ses élèves, je pense qu’il faut prendre du recul. Bien sûr qu’il faut que les jeunes sachent que Wikipédia n’est pas toujours exact.
Quelle incompréhension de l'exercice du commentaire de texte, réduit à une simple "demande de données" !Mais cela dit, en général, le contenu proposé est plutôt vrai. Si l’on demande des données à des élèves, cet outil peut-être valable.
Le commentaire de texte, comme la dissertation, ne suppose aucune recherche documentaire ou presque. C'est un exercice de réflexion personnelle : dans une classe, on attend autant de commentaires différents que d'élèves.
Quant à la fiabilité de Wikipédia, c'est un autre problème qui mériterait de longs développements.
On est toujours dans le hors-sujet, concernant le commentaire de texte...Ensuite il y a une immense différence entre "chercher" et "rechercher". Le second suppose que l’on étudie plusieurs supports différents. Wikipédia, lors d’une recherche, ne peut pas suffire. Il y a un certain nombre de questions à poser, à quoi correspondent un certain nombre de réponses. Ces réponses ne peuvent être trouvées, ou du moins travaillées, que grâce à la recherche (et j’insiste sur le "-re"). Dans un contexte tel, on ne peut se satisfaire de Wikipédia parce que ça n’est en aucun cas un outil qui permet de valider ou non une idée, c'est à dire de vérifier que l'idée est valable scientifiquement.
Quel mépris pour les enseignants.Ce que l’on voit aujourd’hui, c’est que le métier de professeur est en pleine mutation. On n’est plus dans une logique ou le professeur parle sans s’arrêter à ses élèves à la manière d’un cours magistral. Sauf dans des cas très rares, cela ne provoque que l’ennui.
Où l'on voit que l'idéologie numérique, rejoignant les théories pédagogistes de ces 20 dernières années (on comprend mieux la conjonction des deux mouvements actuellement), s'appuie systématiquement sur l'idée de plaisir, de distraction, de divertissement. Comme si l'ennui ou l'effort était aujourd'hui inacceptables pour apprendre. D'où d'ailleurs tous les discours sur la souffrance à l'école.
La conséquence première de ce discours, c'est de discréditer le cours traditionnel. Proposer un cours ludique, c'est institutionnaliser l'idée qu'un cours non ludique est inacceptable.
Marc Prensky parle pour lui...Alors certes, c’est difficile pour beaucoup d’entre nous parce que nous autres avons été formés à faire des conférences, à délivrer des listes de données, à incarner le savant omniscient.
C'est totalement faux et c'est très grave de dire de telles choses. Voilà qui suppose que l'enseignant est un outil au même titre que le numérique, et non pas que le numérique est un outil à la disposition de l'enseignant.Seulement aujourd’hui, tout ce que nous dispensions est disponible sur internet, à la portée et à la vue de tous.
Un cours n'est pas une transmission de données.On est dans une dimension collaborative de l’enseignement. Les professeurs sont désormais des entraîneurs. Ils apprennent comment trouver telle ou telle donnée, ils ne la délivrent plus directement.
Car ceux qui s'opposent au numérique ou portent seulement sur lui un regard critique sont des peureux.Aujourd’hui, il y a deux solutions : soit l’on continue d’avoir peur du numérique...
Évidemment, ceux qui chantent les louanges du numérique sont des audacieux....et l’on avance pas, soit l’on prend le risque d’agir et d’essayer de changer les choses.
Le vrai courage, ce serait d'affronter tous les travers du numérique, dont à aucun moment M. Prensky ne parle.Pour faire la seconde, il nous faut une chose très importante, une chose que nous aimerons que nos élèves aient aussi : du courage.
Sans commentaire.Marc Prensky intervenait à Paris, le 5 avril dernier, lors de l'événement "Quelle école pour demain ?" organisé par Microsoft France et Cap Digital, en partenariat avec RSLN.
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