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Anne-Marie Gaignard et le coaching orthographique
- Loys
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On ne présente plus Mme Gaignard, qui est une référence de l'orthographe sans être enseignante.
Ses apparitions médiatiques servent de relais publicitaires pour sa boîte de formation et de coaching : www.defi9.fr/
Cette boîte qui propose de "rectifier une orthographe lamentable" en seulement sept heures ! "Vous verrez, c'est magique !" Tarifs : 590€ pour la formation de 7h et 980€ pour la formation en 14h. Sans parler de ses livres.
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- Loys
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Non, non, ce n'est pas de la démagogie. Et non non ce n'est pas un brin exagéré.L’école peut anéantir la merveille qu’un enfant est à 10 ans
Être nul en orthographe, c'est donc être révolté. Quelle belle vision romantique, ternie néanmoins par ce besoin irrépressible de revanche. Mais sur qui ?Témoignages à charge de deux révoltés qui tiennent enfin leur revanche.
Il faudrait savoir : c'est un "problème" ou une simple "étiquette" ?Anne-Marie Gaignard. - Ma grossesse. Je me suis dit que j’avais six ans pour régler mon problème avant le passage de ma fille en CP. J’avais d’autant plus la pression qu’à cette époque, j’avais encore une étiquette de dyslexique collée dans le dos et je ne voulais surtout pas léguer cette tare à mon bébé.

M. Picouly n'a pas été "anéanti" par l'école ?Daniel Picouly. - Pour moi, c’est une phrase de mon instituteur, M. Brulé. Il m’a dit : « Elles sont jolies tes histoires, mais c’est dommage qu’elles disparaissent sous les fautes d’orthographe. » Cette matière qui me donnait tant de fil à retordre a subitement pris du sens : faire apparaître mes récits.
Voilà qui est donc totalement contradictoire avec ce que Mme Gaignard vient de déclarer à propos de son expérience personnelle...Autre point commun : vous avez réussi à surmonter vos difficultés sans l’aide de vos parents. Quel message souhaitez-vous faire passer à ceux qui ont des enfants en échec scolaire ?
A.-M. G. Quand les parents rentrent à la maison, c’est leur fille ou leur fils qu’ils retrouvent, et non pas un élève ! Ils ne sont pas des instituteurs : à chacun son métier.
En tenir compte de quelle manière ? En renonçant ?Si leur enfant ne parvient pas à apprendre sa poésie, plutôt que de se battre, mieux vaut inscrire sur son carnet de correspondance : « Impossible d’apprendre la poésie. Merci d’en tenir compte. »
Voilà le genre de parents qui rendent bien service à leurs enfants. La formulation "Impossible d'apprendre la poésie" est d'ailleurs intéressante en ce qu'elle englobe parent et enfant.
Le renoncement parental est effectivement le meilleur choix.Cela peut sembler difficile, mais le jeu en vaut largement la chandelle.
En quoi l'école est-elle responsable de l'immaturité des parents ?D. P. Les parents projettent leurs angoisses sur leurs enfants, ce qui est très déstabilisant surtout quand les notes ne suivent pas. Sentant la déception qu’ils provoquent, certains gamins font alors un lien entre l’amour parental et leurs performances scolaires. Et ça, c’est très violent.
Alors que ce n'est jamais de sa faute. Un élève, c'est une "merveille", ne l'oublions pas.Quel message souhaitez-vous faire passer aux élèves qui sont cancres, comme vous l’avez été ?
A.-M. G. Un enfant qui a raté son apprentissage pense que c’est de sa faute car l’école le lui rappelle chaque jour.
Il en a un ou il n'en a pas. il faudrait tirer cela au clair, tout de même.En recevant des copies pleines « de rouge », il croit qu’il a un problème.
Et surtout avec l'image du renoncement parental.Il se construit avec cette image.
La méthode en 7 heures ou en 14 heures ?Sauf que si on ne lui a pas mis sous les yeux la méthode qui lui convient, il ne peut pas y arriver.

Moyennant finance.Je voudrais donc dire à ces élèves que ce n’est pas de leur faute et qu’il est possible de se réparer.
"Mortel", c'est le mot. On peut même parler d'homicide volontaire.D. P. Je complèterai les propos d’Anne-Marie en ajoutant qu’il faut absolument que les gamins arrêtent de croire au lien mortel fait par l’Éducation nationale : « Si tu fais des fautes d’orthographe, c’est que tu es bête ! »
M. Picouly semble citer quelqu'un : mais qui ? Je ne connais aucun enseignant qui prononcerait une telle phrase. L'exemple de M. Brulé devrait plutôt servir de modèle à M. Picouly.
Quoi qu'en dise M. Picouly, l'orthographe n'est pas un problème lambda. C'est plutôt l'alpha : tout le reste lui est subordonné.On sait les ravages que cela engendre. Quand on déconnecte ce lien, on se retrouve face à un problème lambda qui n’est plus consubstantiel !
Souligner une faute d'orthographe, c'est donc punir ? Et même tuer ?Dans la pièce, Daniel, vous dites : « Un gamin de plus de 60 ans au piquet, ça rappelle aux adultes que certaines punitions d’enfants c’est pour la vie. » L’école peut-elle « tuer » ?

Bénis soient les pays où il n'y a pas d'école pour tuer les élèves !A.-M. G. Oui ! J’ai failli y passer...
Si ce n'est qu'une étiquette, tout va bien......parce que l’école et les adultes m’ont menti trop longtemps, en me collant à tort cette étiquette de dyslexique.
Une épidémie moderne, cette dysorthographie. Mais qui ne fait pas le malheur de tout le monde.J’ai passé des heures chez un orthophoniste sans faire le moindre progrès. Il m’a fallu trente-six ans pour que je comprenne que je souffrais en réalité de dysorthographie, un trouble qui se soigne vite et bien. Ce jour-là, je me suis effondrée.
On peut porter plainte ?D. P. L’école peut tuer violemment, ou sournoisement en enfouissant des blessures qui ne seront peut-être jamais révélées.
C'est pourtant simple : il suffit de ne pas aller à l'école... Un monde plus beau, sans aucun doute.Mais ce qui est plus grave encore, c’est qu’elle peut anéantir la merveille qu’un enfant est à 10 ans. À cet âge-là, on est un être extraordinaire de rêves, de poésie et d’émerveillement ! Personne ne devrait pouvoir détruire cela.
Car tous les enseignants sortent à peine d'université, c'est bien connu. Au fait quel diplôme Mme Gaignard a-t-elle, elle qui donne des formations de coaching orthographique ?Vous pointez chacun les limites de l’école républicaine. Qu’est-ce qui pêche le plus selon vous ?
A.-M. G. Vaste question… Il y a bien sûr celle de la formation du corps enseignant : je trouve scandaleux que l’Éducation nationale confie nos enfants à des étudiants de master 2 qui ont pour seul outil leur bonne volonté.
La réflexion sur les méthodes manque un peu d'approfondissement. Et si on parlait du volume horaire quasiment divisé par deux en français depuis les réformes de 1990 ?Mais au-delà, je n’accepte pas que de simples méthodes d’apprentissage plombent la vie de milliers de gamins. On sait que la méthode semi-globale fait des ravages, pourtant c’est la plus vendue en France parce qu’elle permet d’apprendre à lire vite. Après cela, il ne faut pas s’étonner que près de 50 % des élèves soient à la traîne en entrant en sixième.
Les boîtes qui surfent sur la destruction de l'école, c'est libéral ou pas ?D. P. Notre école est devenue dans son essence un système libéral extrêmement performant pour fabriquer une élite.
Mais la maîtrise de la langue n'a rien à voir avec ça, voyons ! Et puis il suffit de mettre un mot dans le carnet de l'étudiant qui passe un concours : "Impossible à apprendre. Merci d'en tenir compte."Cela ne poserait aucun problème si cette élite était puisée dans toutes les couches sociales comme c’était plus ou moins le cas à mon époque. Mais force est de constater, rapports à l’appui, qu’il y a de moins en moins de fils d’ouvriers dans les universités, les grandes écoles et les prépas.
Car il n'a pas subi d’incommensurables réformes depuis trente ans, bien sûr. Et comment donc, au fait ?Jamais je n’aurais imaginé que le système scolaire puisse se calcifier autant, allant jusqu’à entraver certains itinéraires sous prétexte que des gamins n’ont pas choisi la bonne filière au bac !
L’école n’est-elle pas devenue un bouc émissaire facile ? Ne faut-il pas voir d’autres maux derrière la baisse générale du niveau des élèves ?
A.-M. G. Ah non ! Ce n’est pas la faute des enfants. Un apprentissage doit être ancré pour la vie. S’il est raté, c’est bien qu’il y a un problème à l’école. Notre système scolaire a plus de vingt ans de retard. Il est temps de le réformer, mais pas n’importe comment.
On en reste donc à du rase-motte...D. P. Je partage l’avis d’Anne-Marie : les élèves ne peuvent pas avoir – mal – appris l’orthographe ailleurs qu’à l’école. S’il est suffisamment fort, l’enseignement ne peut pas être pollué, même par des SMS !
Avec toujours ce paradoxe, dans la presse, d'inviter des cancres-qui-ont-réussi-et-qui-sont-devenus-des-grands-écrivains, comme D. Picouly ou D. Pennac. Et derrière, l'idée que tout enfant est un futur grand écrivain qui s'ignore et injustement brimé par l'école (ce que contredit l'exemple de D. Picouly d'ailleurs). Bref que tout enfant a du talent, est une "merveille".
Ce que certains ont bien compris :
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Et un nouvel ouvrage tombant à point pour la rentrée, sur "VousNousIls" du 29/08/13 : "Les naufragés de l'orthographe sauvés des zéros!"
Le naufrage de l'école ne fait pas le malheur de tout le monde.

Ajoutons les réflexion d'une autre célèbre pédagogue sur un fil dédié.
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Qu'est-ce qui donne la qualité de "pédagogue", surtout lorsqu'on n'enseigne pas face à des classes ?La faute d'orthographe n'est pas une fatalité, selon Anne-Marie Gaignard, pédagogue et formatrice.

Que Mme Gaignard enseigne pour faire profiter les petits élèves français de ses méthodes ! Les concours manquent de candidats...Diagnostiquée dyslexique à 8 ans avant de réaliser à 36 ans qu'elle ne l'était pas, elle a longtemps culpabilisé de sa mauvaise orthographe, avant de mettre au point une méthode d'apprentissage de la grammaire. Aujourd'hui, elle critique le système scolaire français.
Mme Gaignard faisant référence à la méthode globale, on peut dire qu'elle s'adresse au contraire aux plus mauvais élèves, et avec les résultats que l'on constate. Voir cette étude récente sur les manuels de primaire.Dans votre livre autobiographique , "La Revanche des nuls en orthographe", vous dites que vos instituteurs n'ont pas utilisé la bonne méthode d'apprentissage de la lecture. Que leur reprochez-vous ?
Je suis en colère car ce que je leur reproche est toujours d'actualité : leur formation de base est mauvaise, ils sont formés uniquement à enseigner aux bons élèves.
On se demande comment faisaient les enseignants de la IIIe République...La plupart des professeurs des écoles ne savent pas comment leurs élèves mémorisent les connaissances. C'est grave ! Cette méconnaissance peut planter un enfant pour la vie.
D'où sort ce chiffre de "40% des enfants touchés par la dysorthographie" ?C'est ce qui me serait arrivé, si je n'avais pas eu cette prise de conscience que le problème ne venait pas de moi. Environ 40% des enfants sont touchés par la dysorthographie, un trouble durable de l'apprentissage de la lecture et l'orthographe.
C'est une nouveauté du monde moderne ou c'était déjà le cas avant ? En ce cas pourquoi un apprentissage "standardisé" fonctionnait-il ?Et l'on n'a rien d'autre à leur proposer qu'une méthode uniformisée. Dans une classe, certains ont une mémoire auditive, d'autres une mémoire visuelle et d'autres encore davantage kinesthésique. Certains auront un peu des trois, mais ce n'est pas la majorité.
Et c'est très facile dans le cadre d'une classe de 25 ou 30 élèves.Il faut s'adapter au fonctionnement intellectuel de chacun, sinon tout effort sera vain.

Spécialisé dans quoi ?Et c'est pour cette raison que je suis opposée au collège unique et à l'idée que l'on donne le même enseignement à tous. Dans les pays d'Europe du Nord ou au Québec, c'est très différent, chaque instituteur est spécialisé.
La sortie de l'école primaire, c'est avant le collège unique.En France, on mise sur une pédagogie standardisée. Résultat, près de la moitié des élèves ne savent pas bien lire à l'entrée en 6e...

Si ça peut faire le bonheur de centres de formation qui facturent aux familles des cours d'orthographe......et il y a fort à parier que nous continuerons de reculer, au mieux de stagner, dans les études Pisa.
En toute humilité.En quoi consiste votre méthode d'apprentissage, dont vous dites qu'elle permet de réconcilier les enfants avec la grammaire et l'orthographe ?
J'ai transformé la grammaire en un conte de fée, avec des princes en mouvement et deux rois : « Être » et « Avoir ». Le premier est sympathique, facile à vivre, tandis que le second se montre retors. Dès lors que l'on a compris comment fonctionnent ces rois, on saura accorder tous les autres verbes. J'entends, je vois, je fais : tel est le principe de la grammaire que je propose et elle fait des petits miracles. Impossible de ne pas comprendre. C'est fait pour tous ceux qui ne comprennent rien aux COD et aux COI. Dans la grammaire que je propose, il n'y a pas de termes grammaticaux. C'est un outil de remédiation que tous les enseignants devraient consulter.

Heureusement qu'on peut compter sur Mme Gaignard pour culpabiliser les enseignants. Aucune remarque sur la division par deux des horaires de français ou la suppression du travail écrit...Un récent rapport de l'Inspection générale de l'éducation nationale pointe du doigt un manque de compétences des enseignants pour apprendre la lecture aux élèves. L'école est-elle aujourd'hui suffisamment à l'écoute des enfants « dys » ?
Non et ça fait des années que cela dure ! On nous rebat les oreilles avec la question des rythmes scolaires alors que c'est un faux problème. En revanche, il est fondamental de repenser la formation de base des enseignants du premier degré. Or rien ne bouge, il y a toujours le même lobby des maisons d'édition et ce sont toujours les mêmes personnes qui interviennent au sein des ESPE . Ce qui me met le plus en rogne, c'est qu'on continue de faire culpabiliser les enfants qui font des fautes d'orthographe.
C'est-à-dire à presque la moitié des enfants, si j'ai bien compris.Quels conseils donneriez-vous aux enseignants ? Que peuvent-ils faire face à des enfants diagnostiqués dyslexiques ou dysorthographiques ?
Formez-vous aux publics en difficulté !

En France, dès qu'il y a un problème, on agite la solution médicale. Il est normal, s'il y a suspicion de troubles de l'apprentissage, d'orienter vers un orthophoniste qui fera un bilan. Mais pour ne pas risquer de confondre un dyslexique avec un dysorthographique, mieux vaut encore se demander pourquoi il y a eu un raté dans l'apprentissage et agir en amont.
Comment distinguer un trouble spécifique et un manque de travail ? Beaucoup d'élèves écrivent en langage « texto » et tous ne sont pourtant pas dysorthographiques ?
Les troubles de l'écriture ne sont jamais liés à un manque de travail.

Et en avoir envie, ça suffit.Je ne connais pas un enfant qui n'a pas envie d'apprendre à lire et à écrire.

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