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"Universalis dépose le bilan : la fin d’un accident de l’histoire ?" (Rue89)
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Comme quoi on peut être privilégié tout en reniant ses privilèges...Une nouvelle qui pincera le cœur des privilégiés qui possèdent une encyclopédie (pour ma part, elle constitua un cadeau de naissance et m’apparut toute mon enfance comme la preuve objective que le savoir était intimidant)...
On pourra alors chanter des hymnes à la gloire du seul vainqueur : Wikipédia.... et laissera dans l’indifférence ceux qui pensaient qu’elle était déjà morte depuis longtemps. L’Encyclopædia Universalis n’est pas morte, mais ça sent le roussis.
La gratuité est toujours vertueuse : un journaliste comme Xavier de la Porte doit le savoir. La presse gratuite en est effectivement la démonstration éclatante.Le journal du soir analyse la situation sur le plan économique : les investissements répétés de son propriétaire Jacqui Safra, via la maison mère Britannica ; les tentatives de nouveau modèle (encyclopédie en ligne sur abonnement, commercialisation des fonds aux institutions scolaires), etc.
Elle a moins gagné en crédibilité qu'en monopole. Et aujourd'hui il n'y a plus aucune concurrence sur ce champ de ruines...En arrière-fond, la concurrence toujours plus forte de l’encyclopédie en ligne et gratuite Wikipédia qui, à mesure qu’elle a augmenté le nombre de ses entrées et mis en place des processus de vérification plus draconiens, a gagné en crédibilité.
Dans Wikipédia il n'y a en revanche aucune collaboration à proprement parler... et évidemment pas d'auteurs.Une nouvelle organisation du savoir
Sur un autre plan, on pourrait tout à fait voir dans cette nouvelle un simple retour à la logique. Lorsque Diderot et d’Alembert conçurent l’Encyclopédie, ils imaginèrent d’abord une nouvelle organisation du savoir. Une organisation collaborative, où les auteurs étaient nombreux, une organisation cyclique, où les entrées renvoyaient les unes aux autres, et en mouvement continuel où les articles évoluaient à mesure qu’évoluaient les objets, techniques et savoirs, dont il était question.
On pourrait ajouter le prix, puisque c'était avant la démocratisation industrielle de l'imprimé.Cette nouvelle organisation du savoir trouva place dans le livre parce qu’il n’y avait rien d’autre pour en assurer la diffusion. Son succès, et le rôle historique qu’eut l’Encyclopédie, à la fois en termes pédagogiques et politiques, disent bien que ce fut une œuvre extraordinaire. Mais, d’emblée, c’était aller à l’encontre de toutes les ambitions du projet que de le faire entrer dans un support lourd, fixe et épais comme le livre.
La caducité ne concerne que les articles à caractère caduque (techniques, sciences etc.). A noter que la caducité avait une vertu de contraindre à un travail de sélection : dans Wikipédia, une encyclopédie pourtant très jeunes, combien d'articles sont aujourd'hui caducs. De même que l'absence de contrainte de place n'est pas nécessairement une vertu...Comme aime à l’expliquer le chercheur suisse Frédéric Kaplan, que l’encyclopédie soit un livre est un accident de l’Histoire, l’encyclopédie a toujours excédé le livre, elle était coincée dans le livre, qui en faisait un objet un peu absurde. Des énormes volumes, des index compliqués à manier, et surtout une caducité très rapide de nombreux articles qui nécessitaient des volumes de réactualisation rendant encore plus compliqué le maniement.
On est vraiment dans une forme de numérisme saisissant, d'autant plus qu'il est le fait d'anciennes élites...Puis vint le Web.
Wikipédia, une image de ce rêve
La démocratisation supposée de cette contribution (en réalité assez relative finalement) compense donc par exemple l'absence de processus éditorial. Dans Wikipédia "L'important c'est de participer" .Vint un moyen de diffusion du savoir qui reposait le lien entre les documents, la possibilité de les modifier constamment, et une contribution plus généralisée.
En partie, c'est vrai. Mais surtout à sa gratuité apparente et au soutien actif de Google, par ses contributions financières mais surtout par son algorithme..Vint le support idéal de l’Encyclopédie. Et la réussite de Wikipédia est en grande partie explicable par l’adéquation presque parfaite de ses ambitions avec son support.
Enfin, l’Encyclopédie peut fonctionner comme elle a été imaginée, être la totalité des savoirs disponibles à un moment donné.
Une encyclopédie parfaite, en somme. A lire ce genre de phrases, on pourrait croire que les seules éditions nécessaires sont celles que nécessite la mise en forme ou l'actualisation.
Ah quand même... Bon, mais pourquoi donc ?Bien sûr, Wikipédia n’est qu’une image de ce rêve...
Et cette différence est forcément à son avantage....mais elle a structurellement plus de chance de s’en approcher que l’Encyclopédie Universalis, même dans sa version numérique. Car à la concurrence entre le papier et le Web, s’ajoute une grande différence dans la mode de production des textes.
Je ne suis pas sûr qu'on ne considère pas un jour Wikipédia comme une autre sorte d'accident, mais avec d'autres conséquences...Bref, en étant cruel, on pourrait regarder les volumes blancs de l’Encyclopédie Universalis comme les restes d’un monde où l’on n’avait que le livre pour diffuser le savoir, les témoins d’un magnifique accident de l’Histoire humaine.
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Facile à vérifier, compte tenu qu'il s'agit d'un modèle anonyme.Évidemment, tous les contributeurs ne sont pas des personnalités reconnues dans leur domaine, mais certains ont une réelle expertise. Parmi eux figurent aussi des universitaires.
On voit en tout cas que l'argument qui sert à défendre Wikipédia, c'est qu'il y a aussi des universitaires.
Jugement assez peu sûr en vérité. Et tant pis pour tous les autres "domaines".Et si Wikipédia est loin d'être parfait et peut tout à fait l'objet de critiques, l'encyclopédie en ligne n'a pas à rougir face aux autres encyclopédies. Dans certains domaines, comme les sciences, elle est jugée très fiable.
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