À quoi tiennent les réformes de l'école
Le sentiment d’improvisation permanente que l’on peut éprouver à propos de nombreux aspects de la réforme du collège 2016 serait-il trompeur ?
À quoi tiennent les réformes de l'école
Le sentiment d’improvisation permanente que l’on peut éprouver à propos de nombreux aspects de la réforme du collège 2016 serait-il trompeur ?
Lors de son intervention, le mercredi 30 septembre 2015, auprès des personnels de direction de l’académie de Caen en présence du recteur[1], la Directrice générale de l’enseignement scolaire, Florence Robine, a insisté sur ce point :
« Rappelons-nous quand même que la réforme du collège, telle que nous vous la présentons, ne date pas d’il y a trois jours ; elle n’est pas sortie de notre chapeau récemment. »
Convenons avec la directrice générale de l'enseignement scolaire que l'esprit général de la réforme est malheureusement ancien. Mais s'agissant de sa mise en œuvre concrète, l'improvisation semble la règle : cadre flottant des EPI, programmes conçus à la hâte, création improvisée des enseignements de complément, mise en œuvre confuse de la formation des enseignants, annonce inattendue sur la dictée etc.
Un petit détail parmi d'autres le confirme. Dans cette même intervention à Caen, la DGESCO a également présenté les grandes lignes des épreuves écrites du nouveau brevet en ces termes :
« […] des épreuves terminales que nous avons un peu revisitées, avec deux épreuves écrites, une qui porte sur le pôle humanités (avec à la fois du français, de l’histoire-géographie et de l’EMC), une autre qui est un pôle sciences (à la fois des maths, des sciences expérimentales et de la technologie : toutes les disciplines présentes) […] »
Ces nouvelles épreuves interdisciplinaires, très différentes des épreuves actuelles, correspondaient en effet aux orientations indiquées dès le mois de mai aux organisations syndicales.
Chose étrange : le même mercredi 30 septembre, dans une conférence de presse à Paris, la ministre de l’Education nationale annonçait que le brevet se présenterait désormais à l’écrit sous forme non pas de deux épreuves interdisciplinaires… mais de quatre épreuves écrites disciplinaires classiques[2] !
Florence Robine, à propos de cette conférence de presse sur l'évaluation, n'hésitait pas à dire qu'elle la commenterait en direct : « Nous sommes un peu au courant à la DGESCO quand même de ce qui se passe sur ce sujet. » Sans doute, dans le tourbillon des réformes, a-t-elle oublié ce revirement important. On ne peut croire en effet qu'au gré des nécessités médiatiques l’équipe de communication de la ministre puisse décider, en lieu et place de la DGESCO et sans même l’avertir, des grandes orientations de l’enseignement scolaire en France.
Addendum du 17 octobre 2015 : au Conseil supérieur de l'éducation du 14 octobre 2015, on a choisi de ménager la chèvre et le chou[3]. Quatre épreuves, deux épreuves, c'est un peu la même chose !
L’épreuve de français histoire géo portera sur un thème commun avec une épreuve de français de 3h et d’histoire-géographie-EMC de 2h ; les deux le même jour. Le lendemain, l’épreuve de sciences comprendra un sujet de maths (2h) et de sciences et technologie (1h).
Addendum du 4 janvier 2016 avec ce nouveau revirement : l'arrêté du 31 décembre 2015 relatif aux modalités d'attribution du diplôme national du brevet précise :
Article 7
Pour les candidats mentionnés à l'article 3, l'examen comporte trois épreuves obligatoires :
- une épreuve orale qui porte sur un des projets menés par le candidat dans le cadre des enseignements pratiques interdisciplinaires du cycle 4, du parcours Avenir, du parcours citoyen ou du parcours d'éducation artistique et culturelle ;
- une épreuve écrite qui porte sur les programmes de français, histoire et géographie et enseignement moral et civique ;
- une épreuve écrite qui porte sur les programmes de mathématiques, physique-chimie, sciences de la vie et de la Terre et technologie.
Addendum du 9 avril 2016 : Bulletin Officiel du 8 avril 2016
2 - Seconde épreuve écrite : français, histoire et géographie, enseignement moral et civique
2.1 - Durée de l'épreuve : 5 heures
2.2 - Nature de l'épreuve : écrite
2.3 - Objectifs de l'épreuve
L'épreuve de français, histoire et géographie, enseignement moral et civique a pour but d'évaluer, en fin de scolarité au collège, les connaissances et compétences attendues en fin de cycle 4, qui croisent les domaines 1 « Les langages pour penser et communiquer », 2 « Les méthodes et outils pour apprendre », 3 « La formation de la personne et du citoyen » et 5 « Les représentations du monde et l'activité humaine » du socle commun de connaissances, de compétences et de culture.
Les acquis à évaluer se réfèrent au niveau de compétences attendu en fin de cycle 4, soit au moins le niveau 3 de l'échelle de référence, conformément aux dispositions de l'article D. 122-3 du code de l'éducation.
[...]
2.5 - Modalités de l'épreuve
L'épreuve s'appuie sur un double corpus de documents, remis au candidat avec le sujet, les uns et les autres relevant d'une part du programme de français, d'autre part des programmes d'histoire et géographie ainsi que d'enseignement moral et civique, auxquels peuvent être joints des documents artistiques permettant une approche littéraire. Tout ou partie des questionnements portent sur une thématique commune : ils invitent à des regards croisés et à des approches variées associant les connaissances et compétences acquises grâce aux enseignements précités.
Les candidats rédigent chacune des composantes de l'épreuve sur une copie distincte ; chaque copie est relevée à la fin du temps imparti à chaque composante de l'épreuve.
2.5.1 Première partie : analyse et compréhension de textes et de documents, maîtrise de différents langages (3 heures)
Cette première partie d'épreuve s'appuie sur un double corpus constitué de documents spécifiques aux disciplines français, histoire, géographie et enseignement moral et civique.
Ce double corpus comprend :
- au moins un document relevant de l'histoire, de la géographie ou de l'enseignement moral et civique ;
- au moins un texte littéraire d'une longueur maximale d'une trentaine de lignes ;
- au moins un document iconographique ou audiovisuel (rendu accessible par un sous-titrage adapté), d'une durée inférieure ou égale à cinq minutes.
Un document (notamment iconographique ou audiovisuel) peut, le cas échéant, être commun au français d'une part et à l'histoire, à la géographie ou à l'enseignement moral et civique d'autre part. Il donne alors lieu à des questionnements séparés.
La compréhension des documents du double corpus est évaluée par des questions ou consignes qui prennent appui sur chacun des documents distribués. Elles engagent le candidat à répondre à partir de son observation, de son analyse des documents fournis et de ses connaissances. Elles l'invitent également à réagir à la lecture du corpus et à justifier son point de vue. Elles favorisent une appropriation des documents qui servira au candidat dans la seconde partie de l'épreuve. Une des questions peut éventuellement amener à confronter certains documents.
La maîtrise des différents langages est évaluée par des exercices engageant le candidat à comprendre et s'exprimer en utilisant la langue française, les langages scientifiques ou les langages des arts, selon la nature des documents composant le corpus.
2.5.1.1 Première partie, première période : histoire et géographie, enseignement moral et civique (2 heures)
En relation avec les compétences du socle commun de connaissances, de compétences et de culture, et les programmes d'histoire et géographie et d'enseignement moral et civique, l'épreuve est construite afin d'évaluer l'aptitude du candidat :
- à maîtriser des connaissances fondamentales, prévues par les programmes d'histoire et géographie et d'enseignement moral et civique et à mobiliser des repères spatiaux ou temporels ;
- à analyser et comprendre des documents en utilisant les raisonnements et les méthodes en usage pour ces disciplines ;
- à pratiquer différents langages (textuel, iconographique, cartographique, graphique) pour raisonner, argumenter et communiquer ;
- à répondre aux questions posées ou aux consignes ;
- à rédiger un développement construit en réponse à une des questions d'histoire ou de géographie. Ce développement prendra la forme d'un texte structuré, d'une longueur adaptée au traitement de la question ;
- à mobiliser des compétences relevant de l'enseignement moral et civique pour exercer son jugement à partir d'une question.
Exercice 1. Analyser et comprendre des documents (20 points)
- L'exercice porte sur un corpus d'un à deux documents ayant trait aux programmes d'histoire ou de géographie et, pour certains d'entre eux, aux programmes de français, d'histoire ou de géographie. L'exercice vise à évaluer la capacité du candidat à analyser et comprendre des documents en utilisant les raisonnements et les méthodes de l'histoire ou de la géographie, à maîtriser des connaissances fondamentales prévues par le programme d'histoire et géographie.
- Les questions, consignes et exercices proposés ont pour objectif de guider le candidat pour vérifier sa capacité à identifier ces documents, à en dégager le sens, à en prélever des informations, et, le cas échéant, à porter sur ces documents un regard critique en indiquant leur intérêt ou leurs limites.
Exercice 2. Maîtriser différents langages pour raisonner et utiliser des repères historiques ou géographiques (20 points)
- Un développement construit, sous la forme d'un texte structuré et de longueur adaptée, répond à une question d'histoire ou de géographie.
- Éventuellement, un exercice met en jeu un autre langage (croquis, schéma, frise chronologique).
Exercice 3. Mobiliser des compétences relevant de l'enseignement moral et civique (10 points)
- Une problématique d'enseignement moral et civique est posée à partir d'une situation pratique. Le candidat répond à une ou plusieurs questions qui, éventuellement, s'appuient sur un ou deux documents.
Conformément à l'article 12 de l'arrêté du 31 décembre 2015 précité, seuls les exercices prévus dans cette partie 2.5.1.1 ouvrent la possibilité, pour les élèves des classes de troisième des sections bilingues français - langue régionale, de composer en français ou en langue régionale.
2.5.1.2 Première partie, deuxième période : français (1 heure)
Comprendre, analyser et interpréter (20 points) : l'épreuve prend appui sur un corpus de français, composé d'un texte littéraire et, éventuellement, d'une image ou d'un document artistique.
La compréhension de documents littéraires et artistiques est évaluée par une série de questions qui prennent appui sur le texte et le document artistique qui peut y être adjoint.
Pour le texte littéraire, certaines de ces questions sont d'ordre lexical et/ou grammatical. Toutes les questions engagent le candidat à réagir à la lecture et à justifier son point de vue. Elles respectent un équilibre entre au moins une question où le candidat développe sa réaction personnelle et des questions plus précises appelant des réponses plus courtes. Certaines questions peuvent prendre la forme de questionnaires à choix multiples. Le questionnaire, qui vise à évaluer l'autonomie du candidat, ne comporte pas d'axes de lecture.
2.5.2 Deuxième partie : français - rédaction et maîtrise de la langue (2 heures)
2.5.2.1 Dictée et réécriture (30 minutes)
- La dictée (5 points) porte sur un texte de 600 signes environ, dont le thème est en lien avec le corpus de français et la difficulté référencée aux attentes orthographiques des programmes. Elle est effectuée durant les vingt premières minutes de cette deuxième partie.
- La réécriture (5 points) propose aux élèves un court fragment de texte dont il s'agit de transformer les temps et/ou l'énonciation et/ou les personnes et/ou les genres, etc. de manière à obtenir cinq ou dix formes modifiées dans la copie de l'élève. Les erreurs de pure copie ne portant pas sur les formes à modifier sont prises en compte dans l'évaluation selon un barème spécifique (0,25 contre 0,5 ou 1 point par forme à modifier selon les cas).
La copie est relevée dès la fin des exercices, puisque les candidats peuvent être autorisés à utiliser un dictionnaire pour le travail d'écriture prévu ci-dessous.
2.5.2.2 Travail d'écriture (1 h 30)
Deux sujets portant sur la thématique du corpus de français sont proposés au candidat, qui traite, au choix, l'un des deux (20 points) : le premier est un sujet de réflexion, le second un sujet d'invention. Qu'il choisisse de répondre à l'un ou l'autre sujet, le candidat prend appui sur des éléments dégagés de l'ensemble du corpus de français ou, éventuellement, des deux corpus disciplinaires, pour enrichir sa réflexion. Les candidats respectent les contraintes génériques et discursives que suppose le sujet choisi. Ils mobilisent pour ce travail de rédaction les compétences et les connaissances acquises durant leur scolarité, concernant notamment la maîtrise de la langue (Domaine 1 « Les langages pour penser et communiquer ») et la culture portée par le domaine 5 (« Les représentations du monde et l'activité humaine ») du socle commun de connaissances, de compétences et de culture.
Les candidats doivent produire un texte d'une longueur de deux pages au moins (environ trois cents mots) en s'assurant de sa cohérence. Ce texte doit être construit et doit respecter les principales normes de la langue écrite. Il en est tenu compte dans l'évaluation de ce travail.
Notes
[1] Intervention que l’on pouvait visionner ici. La vidéo, mise en ligne par l'académie de Caen, a été retirée par son propriétaire le 8 octobre 2015. On peut de nouveau la visionner ici.
[2] « L’Express » du 30 septembre 2015 : « A quoi va ressembler le nouveau brevet des collèges ? »
[3] « Le Café pédagogique » du 16 octobre 2015 : « Evaluation : Le Conseil supérieur de l'éducation adopte les textes sur l'évaluation »