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L'orientation choisie
- Loys
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La décision du conseil de classe n'a pas été prise "contre le gré" des élèves, mais contre celui des parents. On voit qu'avant de dépouiller l'institution scolaire de ce qui lui reste d'autorité avec la doctrine de l'élève au centre du système, la doctrine de l'enfant-roi a dépouillé celle des parents. Il faudrait rayer toute mention des parents sur les documents officiels.
"[Le proviseur] est convaincu qu'un adolescent peut réussir dans la filière qu'il désire, même s'il a de mauvaises notes" : il faut donc en tirer les conclusions nécessaires : ne plus noter en seconde, supprimer les conseils de classe et fermer les filières qui ne sont jamais demandées.
Si le proviseur est "persuadé" qu'un élève "a les capacités pour réussir", pourquoi ne lui "remonte-t-il pas les bretelles" dès le premier conseil de classe ? Doit-on supposer que le conseil ne l'a fait ni au premier ni au second conseil ? Avec ce questionnement solennel : "Donc à partir de là, maintenant, soit vous êtes vraiment capable de le faire et vous le faites, et c'est pas un "oui" superficiel, soit vous le faites pas". Questionnement assez consternant, puisque exigeant un simple engagement verbal de l'élève sans aucune contrainte... "Je verrai très vite l'année prochaine si vous tenez vos engagements" : et alors ? La Première est un cycle avec la Terminale, dans lequel le Proviseur ne peut rien imposer à l'élève !
On le voit, tous les élèves dans ce reportage veulent éviter à tout prix la voie professionnelle : les 3/4 obtiennent gain de cause auprès du proviseur qui "modifie la décision du conseil de classe", doux euphémisme pour dire qu'un intervenant extérieur seul, le Proviseur, dans le secret de son bureau, s'assoit littéralement sur la décision collégiale de ceux qui connaissent le mieux l'élève, les professeurs : ce sont d'ailleurs des professeurs qui devront faire avec sa décision quand l'élève entrera en première avec un niveau insuffisant. Souvent les professeurs ne sont pas mis au courant d'ailleurs.
Selon M. Hogrel, "la plupart des élèves aux résultats médiocres réussissent dans la filière qu'ils ont eux-mêmes choisie" : en ce cas pourquoi ne réussissent-ils pas en seconde générale et technologique ?
"Je me suis dit que les décisions d'orientation n'étaient pas une science exacte..." : en bonne logique, la décision d'une seule personne ne connaissant pas l'élève est plus exacte.
En revanche, avec 3/4 de décisions de "ré-orientation" (sic) décidées par l'élève lui-même (le Proviseur ne prenant pas lui-même la décision ! ), celles-ci ont un caractère très exact et régulier.
"... et qu'il fallait voir le problème sous un angle différent" : un angle qui fait qu'il n'y a plus de problème et qu'un cinq en mathématiques en seconde n'empêche pas de demander une filière où les mathématiques sont le deuxième plus gros coefficient au Bac !
"le doute doit bénéficier à l'élève" : comme si un conseil de classe n'était pas capable d'avoir ce genre de réflexion !
Évidemment, le reportage ne donne pas la parole aux professeurs ainsi déjugés et ne montre aucun bulletin de l'année de seconde...
"Depuis quatre ans les 160 élèves ré-orientés par le Proviseur ont quasiment tous décroché leur Bac" : comme c'est surprenant !
Voyons ce que les élèves disent eux-même du Bac :
Quod demonstrandum erat !
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Voilà qui a le mérite d'être clair : des élèves qui vont dans la voie professionnelle, c'est mal, et des élèves qui vont dans la voie générale, c'est bien. Le "Café pédagogique" contribue utilement à la revalorisation de la voie professionnelle.Quelques progrès ont été réalisés depuis 1997, le taux de passage en 2de GT étant passé de 59 à 65%.
Quand ils sont "très bons" dans les disciplines scolaires qui sont celles du lycée, demandant une capacité d'abstraction par exemple. On peut être "très bon" par ailleurs...Quand ils sont très bons, 98% des enfants de cadres demandent la seconde GT quand c'est seulement 80% des enfants d'ouvriers non qualifiés.
Car on ne peut pas aller dans la voie professionnelle et avoir de l'ambition.Selon l'étude, ils ne corrigent pas les demandes d'orientation venues des familles modestes. Ils les laissent limiter les ambitions de leur enfant.
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Le décret : www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?ci...te=&categorieLien=id
Voir aussi : www.vousnousils.fr/2014/01/09/les-parent...-en-fin-de-3e-551868
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L'expression "prononcer une décision" a ici un curieux sens.Le décret écrit: Si, au terme de ces cinq jours, le cas échéant après une nouvelle rencontre avec le chef d'établissement ou son représentant organisée à la demande de l'élève et ses responsables légaux, ces derniers maintiennent leur choix, le chef d'établissement prononce une décision d'orientation conforme à ce choix.
Bon résumé de la considération dans laquelle sont aujourd'hui tenus les professionnels de l'éducation que sont les enseignants. On pourrait appliquer ce principe à d'autres champs du monde professionnel : dans le bâtiment, par exemple, faire primer l'avis du maître d'ouvrage sur celui du maître d'oeuvre. Ou en médecine, celui du patient sur celui du médecin.Il en informe l'équipe éducative.
Seul le taux de satisfaction des parents et des élèves peut montrer un progrès... Encore une fois (voir plus haut), derrière les belles intentions progressistes se dévoile ici le mépris pour la voie professionnelle. Seul le passage en voie générale et technologique est considéré comme un "progrès". L'orientation subie concerne pourtant également les filières professionnelles, dont le problème des affectations possibles reste entier... En même temps si la grande majorité des élèves, notamment des filières professionnelles tertiaires, pouvaient aller en seconde générale, ce serait réduire encore les inégalités entre les élèves. C'est l'étape suivante : le lycée unique.Aujourd'hui en fin de troisième, 65% des élèves sont envoyés en seconde GT et 32% en seconde professionnelle ou CAP. Quelques progrès ont été réalisés depuis 1997, le taux de passage en 2de GT étant passé de 59 à 65%.
Par ailleurs le passage en seconde générale d'élèves n'en ayant pas le niveau n'est peut-être pas de nature à empêcher le décrochage...
D'une manière générale on peut s'inquiéter de la volonté de travailler des élèves en classe quand l'orientation est de toute façon "choisie".
Pour le dire autrement, l'orientation choisie n'est que la consécration d'une état de fait déjà existant.Le taux de redoublement a reculé passant de 7 à 3%. Les appels pour décisions d'orientation concernent que très peu de cas et les décisions finales prises contre le gré des familles sont encore plus rares.
De ce point de vue l'orientation choisie est le prolongement de la suppression du redoublement.
La voie était toute tracée.Voilà qui plaide en faveur du libre choix des familles.
Ce ne sont pas les "décisions d'orientation" qui ne sont pas à l'abri des inégalités sociales, mais le niveau des élèves. Le glissement est grave. On ne prend pas une décision en fonction d'un niveau social mais d'un niveau scolaire.Pour autant les décisions d'orientation ne sont pas à l'abri des inégalités sociales. Ainsi si 89% des enfants de cadres sont orientés en 2de GT, c'est le cas que pour 36% des enfants d'inactifs et 43% des employés de service.
Le premier écart est très important mais - contrairement au second écart, plus faible - s'explique surtout par le niveau des élèves.Or les demandes des familles sont e cause selon une étude de la Depp. Ainsi 91% des cadres demandent la seconde GT pour leur enfant quand ce n'est que 36% des inactifs. A notes égales, les écarts entre les souhaits sont importants. Quand ils sont très bons, 98% des enfants de cadres demandent la seconde GT quand c'est seulement 80% des enfants d'ouvriers non qualifiés.
Mais pourquoi puisque l'orientation doit être "choisie" ?La conclusion c'est qu'on ne saurait, dans tous les cas, faire l'impasse pour une véritable éducation à l'orientation.
Et peut-elle avoir avoir une quelconque utilité si la décision finale est prise par eux ?Mais celle-ci peut elle avoir lieu si l'élève et sa famille sont convaincus que la décision finale sera prise sans eux ?
A noter que le conseil de classe n'est pas supprimé par le décret, bien sûr. Mais du consilium latin, la réunion pour décider, il ne restera plus que la réunion, pour sauver les apparences.
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Nul doute que celle des élèves le sera moins que celle de professionnels adultes.Lionel Jeanjeau écrit: Beaucoup trop de professeurs, de COP, et de chefs d'établissement considèrent encore l'orientation des élèves en difficulté comme une aide à choisir ce qui n'est pas réaliste pour eux. Or le caractère "irréaliste" d'une orientation est bien souvent le fruit de nos propres perceptions culturelles et de notre propre relation à l'école. Notre vision de l'orientation est donc nécessairement "orientée".
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