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"L'enfant et les écrans" (Académie des sciences)
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Colloque ici : www.academie-sciences.fr/fr/Colloques-co...t-et-les-ecrans.html
Réactions (souvent très positives) dans les médias :
- "Le Point" : "Non, les écrans ne sont pas néfastes pour les petit s" (23/01/13)
- "01.net" : "Pourquoi les écrans numériques peuvent être une chance pour les enfants" (22/01/13)
- "Medscape Pédiatrie" : "Ecrans et enfants : Serge Tisseron et l'Académie des sciences plutôt favorables" (28/01/13)
- "NousVousIls" : "Des tablettes dès la maternelle" (11/03/13)
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- Loys
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Quelques commentaires :
On n'est raisonnable que quand on a accédé à la raison : or la raison est le but de l'éducation (cf Rousseau). Un tel slogan constitue d'une certaine manière un renoncement à l'éducation.Face aux écrans, responsabiliser les enfants plutôt qu'interdire
Ce slogan fait écho à celui de "L'Internet responsable" .
Ces tentations n'existent qu'avec la complaisance des parents. Rien n'oblige à multiplier les écrans ou à en équiper les chambres d'enfant.Consoles de jeux, ordinateurs, télévisions, tablettes numériques : les tentations sont de plus en plus nombreuses pour les enfants.
Et les autres écrans ?De 4 à 14 ans, ils regardent la télévision 2 h 15 par jour en moyenne, selon Médiamétrie.
Pour ce dernier point, j'en doute fort. Les jeux éducatifs servent surtout de caution à l'achat.Ce choix est aussi dicté par l'évolution rapide des supports, qui deviennent de plus en plus interactifs, et des contenus, avec des logiciels éducatifs qui prendront de plus en plus de place.
Quel effet positif avec les tablettes ? On a hâte de le savoir !Avant 2 ans, aucun effet positif, sauf pour les tablettes
Ah ! L'effet positif d'un écran avant deux ans; c'est de... "contribuer à l'éveil précoce au monde des écrans".Toutes les études montrent que les écrans non interactifs (télévision, DVD) n'ont aucun effet positif. Les DVD commercialisés pour les bébés peuvent, au contraire, avoir des effets négatifs : prise de poids, retard de langage, déficit de concentration et d'attention...
En revanche, les tablettes tactiles peuvent contribuer, avec l'aide d'adultes, à l'éveil précoce au monde des écrans.
Rappelons que précoce signifie "avant l'âge normalement admis".
Les écrans, addictifs par essence, s'oppose à cette variété."C'est le format le plus proche de leur intelligence", signale l'avis. Le principe doit rester celui de formes de stimulation très variées, numériques et non numériques.
Heureusement il n'y en a jamais.La violence sur les écrans peut occasionner des troubles du sommeil et une insécurité psychique chez le très jeune enfant.
Les histoires dans les livres le font tout aussi bien mais demandent un petit effort aux parents. Les écrans les en dispensent : vive la modernité !De 2 à 6 ans, pas de console personnelle
De 2 à 3 ans, l'exposition passive et prolongée à la télévision sans présence humaine interactive et éducative est déconseillée. A partir de 3 ans, l'intelligence devient symbolique et représentative : l'enfant peut faire preuve d'"imitation différée" – reproduire une scène après l'avoir vue – et devient capable de faire semblant. Les écrans peuvent éduquer à distinguer le réel du virtuel.
C'est toujours ainsi que se passe l'utilisation des écrans, heureusement.Parallèlement, l'enfant doit être invité à parler de ce qu'il voit.
Voilà qui fait envie : "stéréotypé et compulsif", "plus d'inconvénients que d'avantages", nécessité d'un "contrôle très rigoureux"... alors que l'intérêt des écrans est de libérer les parents de leurs enfants tout en les gardant à la maison !A partir de 4 ans, les ordinateurs et consoles de salon peuvent être un support occasionnel de jeu en famille. Mais à cet âge, jouer seul sur une console personnelle devient vite stéréotypé et compulsif. "Avant 6 ans, la possession d'une console ou d'une tablette personnelle présente plus d'inconvénients que d'avantages", soulignent les auteurs de l'avis. On peut toutefois en juger au cas par cas, à condition d'établir un contrôle très rigoureux sur les horaires.
Fini le contrôle rigoureux à partir de sept ans... Mais c'est curieux : il faut que l'enfant s'auto-régule ou lui fixer un temps donné ?De 6 à 10 ans, l'importance de l'autorégulation
L'école élémentaire est le meilleur lieu pour engager une éducation systématique aux écrans. Une éducation précoce de l'enfant à l'autorégulation est essentielle. De l'avis de Serge Tisseron, mieux vaut fixer à l'enfant un temps donné d'écrans par jour, à charge pour lui de se responsabiliser.
En famille, les logiciels de contrôle parental installés sur l'ordinateur sont une protection nécessaire mais insuffisante. Le climat de confiance entre enfants et parents est essentiel. L'utilisation pédagogique des écrans et des outils numériques à l'école ou à la maison peut marquer un progrès pédagogique important (logiciels d'aide à la lecture ou au calcul).
"se méfier des usages nocturnes nocifs", ça paraît effectivement la moindre des choses !Après 12 ans, se méfier des usages nocturnes nocifs
"Les outils numériques possèdent une puissance inédite pour mettre le cerveau en mode hypothético-déductif", signalent les auteurs. L'adolescent peut ainsi plus rapidement explorer toutes les possibilités ouvertes (notamment sur Internet) et exercer ses capacités déductives.
A noter les termes "puissance" et "peut" qui suggèrent le conditionnement à un bon usage. Et en cas de mauvais usage ?
Ben voyons, et quoi d'autre encore ?En outre, un bon usage peut améliorer le contrôle des émotions et la capacité à contrôler ses pensées, actions, prises de décisions.
A noter encore la précaution : "un bon usage peut".
Ah ça... C'est effectivement ce qu'on constate. Et comment éviter un usage trop exclusif si on laisse l'autorégulation à l'enfant ?En revanche, un usage trop exclusif d'Internet peut créer une pensée "zapping", trop rapide, superficielle, et fluide, appauvrissant la mémoire et les capacités de synthèse personnelle et d'intériorité.
Les "usages nocturnes excessifs" eux-mêmes doivent alerter les parents tout court.L'apparition de somnolence et de difficultés de concentration, ainsi qu'une baisse des résultats scolaires doivent alerter les parents sur les usages nocturnes excessifs.
De tels usages traduisent une absence totale de contrôle parental.
Non : exercer l'autorité parentale, voilà ce qui est indispensable. Une console ou Internet dans une chambre, c'est renoncer à toute régulation.Etablir des règles claires sur le temps accordé aux écrans est indispensable.
La personne qui a écrit cette phrase ne doit pas discuter souvent avec un adolescent, pour qui les écrans sont précisément un moyen d'échapper au monde adulte.Parler avec l'adolescent de ce qu'il voit et fait sur les écrans l'aide à développer son sens critique.
On voit mal comment ce contrôle peut s'exercer, vu les préconisations faites...La maturation cérébrale n'étant pas achevée, l'éducation et le contrôle des parents sont essentiels.
Et qui "choisit", à votre idée ?S'agissant des jeux vidéo, faire une distinction entre les pratiques excessives qui appauvrissent la vie des adolescents et celles qui l'enrichissent est indispensable. Pour cela, il faut être attentif aux jeux choisis : un jeu "intéressant" associe des interactions sensorielles, motrices, et des interactions cognitives et narratives.
Très rassurant.Enfin, les réseaux sociaux peuvent être utilisés de façon problématique, notamment dans un contexte de solitude ou de faible estime de soi.
L'alternance n'est possible que si les écrans restent sous le contrôle permanent des parents.Dans ce contexte, les auteurs recommandent de favoriser l'alternance entre médias numériques et non numériques, surtout chez le jeune enfant.
On voit mal l'apport spécifique des écrans dans une telle pratique.C'est dans ce processus que le jeune enfant construit son intelligence : les repères temporels, grâce aux commentaires des adultes sur le déroulement de sa journée, les repères spatiaux, son intelligence narrative, en racontant ce qu'il fait.
Une belle conclusion consensuelle : ou comment ne pas se mouiller...Tous ces éléments permettent d'utiliser toutes les formes d'écrans sans s'y perdre.
Je note beaucoup de problèmes à l'utilisation des écrans mais aucun problème n'est mentionné quant à l'interdiction. Ça n'empêche pas d'intituler l'article : "responsabiliser les enfants plutôt qu'interdire".
Et entre autoriser les enfants à une utilisation auto-régulée et l'interdiction, il n'y a pas un juste milieu plus rationnel permettant le contrôle parental : l'absence d'écran dans la chambre.
Pourtant il n'est question que de dialogue familial et d'échanges dans cet article...
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- Loys
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Les écrans sont donc bénéfiques et ont une forte capacité d'apprentissage pour les plus jeunes, mais leur usage doit être contrôlé par les parents ou les enseignants afin de contribuer à l'éducation de l'enfant. Une piste sérieuse à suivre pour « refonder l'école de la République par le numérique. »
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- Loys
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- Loys
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Tordre le cou à tout ce qui pourrait constituer la moindre critique du numérique, un sport très pratiqué par les inconditionnels du numérique.Enfants et écrans : psychologie et cognition
L'Académie des sciences vient de publier un rapport (.pdf) sur la relation des enfants aux écrans (disponible également sous la forme de livre aux éditions Le Pommier), un rapport qui tord le cou à nombre d'idées reçues sur le sujet...
Un rapport qui ne tord pas tant le cou aux idées reçues, alors...... et fait le point sur les connaissances scientifiques, éducatives et neurobiologiques. Comme le précisait Jean-François Bach, secrétaire perpétuel de l'Académie des Sciences lors de la présentation publique du rapport, l'Académie a souhaité éclaircir les bases scientifiques de nos usages excessifs des écrans (voir les vidéos des présentations). Un rapport qui a voulu insister pas seulement sur les effets délétères des écrans - des effets qui existent, qui influent par exemple sur le temps de sommeil, l'attention, mais de manière plus rare qu'on a tendance à le penser - ...
Les plus jeunes, allez !... mais surtout sur les effets positifs de notre exposition aux écrans et notamment de l'exposition des plus jeunes aux écrans.
Dépendance, mais pas addiction : nous voilà rassurés !Elle souligne notamment, une fois pour toutes, rapporte Jean-François Bach, que s'il peut y avoir des effets de dépendance, on ne saurait parler d'addiction aux écrans.
Certes.L'addiction est réservée aux drogues, au tabac, à l'alcool et aux jeux d'argents. Et les écrans, définitivement, ne relèvent pas du même type d'activité.
Je suis curieux de savoir à quoi peut ressembler cette complémentarité, car mon expérience professionnelle ne me l'a jamais fait rencontrer.Culture du livre et culture des écrans : l'indispensable complémentarité
Les écrans accèdent donc au statut de "culture".Le psychiatre et psychanalyste Serge Tisseron qui a activement participé à l'élaboration de ce rapport est longuement revenu sur les raisons qui expliquent l'affrontement de deux cultures auquel nous assistons actuellement : celle du livre et celle des écrans.
J'aime beaucoup ces phrases qui claquent au vent, survolent l'histoire du monde en quelques idées simplistes et inscrivent fièrement les derniers gadgets technologiques dans une progression linéaire et continue de l'Humanité.L'être humain a inventé l'écriture puis le livre puis les écrans et la culture qui leur est liée.
Ainsi l'écriture et le livre seraient des "inventions" distinctes ?
Bien sûr. La tablette vient après le livre : elle lui est donc nécessairement supérieure."Si nous avons inventé les écrans, c'est certainement parce que le support du livre ne suffisait pas à satisfaire nos attentes."
On croirait entendre Pangloss : "Remarquez bien que les nez ont été faits pour porter des lunettes, aussi avons-nous des lunettes."
Pas sur "Internet Actu", blog visionnaire. En quoi cette "culture" consiste-t-elle ? On le le saura pas. Mais elle existe : on nous le garantit.Longtemps, la culture des écrans a été dépréciée...
Ben voyons. La relation avec le savoir a changé : ce qui était sur une page de livre est sur une page d'écran. Et ça, ça change tout....mais elle a pris son autonomie en devenant la culture numérique. Pour comprendre la transformation en cours, explique Serge Tisseron, il faut comprendre que la culture numérique introduit une révolution dans la relation au savoir, dans la relation aux apprentissages, dans le fonctionnement psychique et dans les liens et la sociabilité.
Et la sociabilité a bien changé, et dans le bon sens : nous avons des milliers d'amis virtuels et nous existons sous des dizaines de pseudonymes.
Qui peut affirmer des choses aussi ineptes ?La culture du livre est une culture de l'Un...
Ah oui... un psychiatre....alors que la culture numérique est une culture du multiple, explique le psychiatre.
Ah parce que la culture, c'est ce qui existe simultanément. Voilà qui est très intéressant.La culture du livre implique de lire un livre à la fois, un seul lecteur et un seul auteur.
Oui, c'est ce qui s'appelle la concentration. Mais on peut se concentrer sur des livres successifs...Chaque tâche est unique et elle implique de réaliser une seule tâche à la fois.
Le "livre sachant" ?La relation au savoir est verticale : le livre "sachant" s'adresse à l'ignorant dans un dialogue privilégié.
Oui c'est le zapping, l'absence de concentration, de lecture profonde, de réflexion.La culture des écrans, c'est tout le contraire.
C'est une culture qui implique plusieurs écrans ou fenêtres...
...plusieurs spectateurs, plusieurs créateurs (les créations y sont plus collectives, ce qui pose notamment des questions profondes à notre conception du droit d'auteur)...
Wikipédia, le parangon du modèle collaboratif, c'est en France 700 millions de pages vues en avril 2012 mais seulement cinq milliers de contributeurs actifs (ayant contribué 5 fois pendant le mois).
C'est donc un progrès.La culture numérique permet de mener plusieurs tâches en parallèle, des tâches toujours inachevées et provisoires, contrairement au monde du livre.
Un modèle pour la pensée.Dans la culture numérique, la relation au savoir se déploie de manière horizontale et multiple, sur le modèle de Wikipédia.
Comme c'est joliment dit... pour dire qu'il n'y a plus de savoir.Le passage d'une culture à l'autre joue également un rôle dans la relation aux apprentissages. Alors que la culture du livre est centrée sur la temporalité et la mémoire, celle du numérique favorise une pensée spatialisée.
Complètement rétrograde, comme façon de penser.La culture du livre, elle, favorise une pensée linéaire, sur le modèle du langage (c'est-à-dire une succession de mots, de lignes, de paragraphes).
Un bon exemple archaïque pour bien caricaturer le débat. L'absence de temporalité ets une excellent chose, c'est certain. Je l'observe d’ailleurs tous les jours dans les classes et je m'en réjouis comme il se doit.Avec le livre, la mémoire est évènementielle : les apprentissages se font par une pratique répétitive. La mémoire se construit dans la temporalité, à l'image de la Bible qui commence par une généalogie.
Effort démesuré et sans intérêt.Lire c'est se construire sa propre histoire en assimilant la pensée d'un autre, en faisant sienne une narration.
Ou coment réinventer l'eau chaude plusieurs fois par jour : bienvenue dans le constructivisme, au cœur des nouvelles pédagogies.Là encore, la culture numérique est tout le contraire. Les apprentissages se font par changement de stratégies et de raisonnements, par essai-erreur.
Ce qui oblige être plus intelligent qu'en lisant du Platon en grec ancien.Elle consiste en une "construction narrative de la discontinuité". Elle favorise notre capacité à faire face à l'imprévisible. Dans le jeu vidéo, le joueur doit constamment réajuster sa stratégie, ses objectifs.
Nul doute que les concepteurs des jeux vidéos sauront adopter des objectifs hautement pédagogiques.Si cela était d'ailleurs plus généralisé et plus encouragé par les concepteurs de jeu vidéo (plutôt que trop souvent favoriser la persévérance),
Si Piaget avait su que sa réflexion servirait à défendre l'usage des jeux vidéos......cela permettrait d'intérioriser plus encore cette capacité à innover, remarque le psychanalyste. Pour Serge Tisseron, alors que la culture du livre se fonde sur le concept de l'assimilation chère à Jean Piaget, celle du numérique est plutôt proche de ce que Piaget appelle l'accommodation.
C'est bien fumeux, tout ça.La culture du livre et des écrans induit une révolution dans notre fonctionnement psychique. Elles s'opposent dans les mécanismes de définition privilégiée de notre identité et dans notre façon de les utiliser pour nous définir. Dans la culture du livre, l'identité est stable, unifiée... C'est l'individu qui prime. Quand une identité change c'est après un évènement essentiel dont on expose l'avant et l'après.
Dans la culture numérique, les identités sont définies en référence à l'espace social. La personne n'est pas un individu, car elle a plusieurs identités, profils ou avatars. "C'est un "dividu"".
Car la littérature ne permet pas l'identification à des personnages... et car être anonyme, c'est évidemment affirmer son identité avec force.La culture numérique valorise les identités multiples.
Elle permet de s'adapter aux changements culturels et sociaux auxquels nous allons être confrontés dans la vie.
Il va falloir que je crée un nouveau smiley pour ce genre de propos.Le livre, c'est le refoulement des désirs...
Bonne nouvelle : les pathologies sont bienvenues, dans le monde moderne !...alors que le numérique permet le clivage entre différentes parties de nos personnalités selon les situations et contextes auxquels nous sommes confrontés. "Ce clivage de soi qui a longtemps été considéré comme pathologique ne l'est plus.
Voilà qui a le mérite d'être clair. Le numérique est une régression du logos.La culture numérique a fait évoluer les modèles de la normalité. Alors que dans la culture du livre la parole et l'écriture étaient les premiers moyens d'accès au monde, désormais, avec la culture du numérique, ce sont les images et la symbolisation qui prédominent."
Le livre s'en fout, de la "sociabilité". Il faut arrêter avec cet utilitarisme permanent de la culture.Enfin, ce passage d'une culture à l'autre révolutionne la sociabilité. La culture du livre favorise une proximité physique, forte, basée sur les liens forts, généalogiques...
Et ça, c'est mieux, donc ?...la culture du numérique privilégie les relations élastiques et activables, ce que l'on appelle les liens faibles.
Serge Tisseron est inénarrable !"Dans le monde du livre, l'autorité est instituée et repose sur une culture de la culpabilité"
Encore, encore !...(comme nous le propose le dispositif Hadopi, souligne avec ironie le psychiatre), "alors que dans le numérique, elle repose sur la participation de tous et la reconnaissance par les pairs et privilégie comme mécanisme régulateur, la honte". Ici, c'est l'affirmation de son originalité qui permet de rejoindre le groupe auquel on s'identifie.
Youpi !Comme il le confiait dans une longue et passionnante interview pour le site Culture Mobile, "Je crois que la culture numérique est ce qui est en train d'affranchir la culture des écrans de la référence du livre."
Mais je croyais que les deux devaient être "complémentaires" ?
Ah ! quand même, nous sommes rassurés.Pour autant, s'il les distingue, Serge Tisseron souligne que la culture du livre et celle des écrans sont avant tout complémentaires.
Vas-y, Serges, lâche-toi !Elles ont toutes deux des défauts : la culture du livre implique une ultra spécialisation des savoirs, elle valorise les apprentissages par coeur, les personnalités rigides, peu évolutives et des liens de proximité ;
Que des choses positives, en somme !la culture numérique, elle favorise la dispersion du savoir, implique des apprentissages intuitifs. Elle nous demande de nous immerger dans des situations toujours nouvelles, sans recul cognitif ni temporel et donc sans conscience de soi. Elle privilégie les liens virtuels, faibles, et nous pousse à fuir la réalité.
Un partout, la balle au centre.A l'inverse, chaque culture apporte également son lot d'avantages.
A force de massacrer des orques et des trolls dans "WoW", on développe ce genre de qualités.Le livre stimule les habitudes et les automatismes, elle permet de s'approprier sa propre histoire en s'en faisant le narrateur comme l'expliquait Paul Ricoeur en évoquant l'identité narrative. La culture numérique elle, stimule l'interactivité et l'innovation et nous permet de mieux faire face à l'imprévisible.
Oui. C'est pour cela qu'il faut les laisser s'autoréguler face aux écrans, en bonne logique."Laisser faire ce qu'il veut à l'enfant qui n'a pas développé sa volonté, c'est trahir le sens de la liberté" disait Maria Montessori.
Avant même la maternelle, si possible : l'enfant est capable de s'autoréguler très tôt, dès un ou deux ans. Tout le monde peut en faire l'expérience.Les enfants ne sont pas que des êtres à protéger, rappelle pour conclure le psychiatre. Il est nécessaire de les inviter très tôt à participer, mais également à leur apprendre l'autorégulation.
Valoriser l'écran (la facilité) aide à valoriser la lecture ( la difficulté) : ça ne fait aucun doute !Et surtout, valoriser les deux cultures, user de notre intelligence spatialisée et de notre intelligence narrative pour stimuler les pratiques créatives et valorisantes.
Beaucoup de parents démissionnaires vont remercier M. Tisseron. Un bon message !Répondant à une question du neurophysiologiste Alain Berthoz, Serge Tisseron souligne qu'il faut distinguer les pratiques excessives pathologiques et les pratiques excessives non pathologiques, même si les pratiques pathologiques n'ont pas vraiment d'existences et demeurent très minoritaires. "Beaucoup de comportements excessifs ressemblent à des pathologies sans en être.
C'est curieux mais pour le livre on n'a pas besoin de faire de "prévention"...Le jeu, les écrans, sont souvent des refuges temporaires qu'il faut prendre en compte pour qu'ils ne deviennent pas définitifs." La difficulté vient parfois quand on construit toute son estime de soi à travers un jeu et qu'on ne sait pas parler aux autres autrement que via le jeu sur lequel porte toute notre estime. Là, il faut être attentif. Mais, dans le domaine des écrans, le travail de prévention doit demeurer plus important que celui du traitement de pathologies qui ont le plus souvent bien d'autres causes que les écrans.
C'est bien l'intérêt des écrans de pouvoir laisser les enfants seuls face à eux.Ce ne sont pas les écrans qui sont négatifs, c'est le fait d'être laissé seul devant
Oui...Pour Olivier Houdé, responsable du Laboratoire de Psychologie du Développement et de l'Éducation de l'enfant, pour comprendre les effets des écrans sur le développement cognitif des enfants, il faut d'abord comprendre comment celui-ci évolue. La "maturation cérébrale" est très distribuée dans le temps. Notre développement cognitif commence par le développement du système sensori-moteur et se termine par le développement du cortex préfontal et temporal (là où se situent les zones du langage). Elle se fait par la maturation cognitive, la spécialisation interactive des différentes zones du cerveau et par l'apprentissage d'habiletés.
Oui...Le développement cognitif des enfants porte d'abord sur les objets (leur reconnaissance) puis le dénombrement (c'est-à-dire le traitement quantitatif), puis la catégorisation (le traitement qualitatif) et enfin le raisonnement (qui nous permet de distinguer des idées et non plus seulement des objets concrets). Quel est le rôle des écrans sur le développement de ces quatre aspects ?, questionne Olivier Houdé. Le système cognitif de l'enfant en développement un un système dynamique non linéaire. C'est-à-dire qu'il est capable de faire des progrès fulgurants, puis d'avoir des chutes de performances. Il se fait par étapes et toutes ne sont pas égales pour tous. Sans compter que ces développements s'appuient sur plusieurs types d'intelligence...
La solution est toute trouvée : le nourrisson responsable.Olivier Houdé estime qu'il est nécessaire d'avoir recours à une pédagogie différenciée selon l'âge, mais que le principe général consiste à éduquer l'enfant à l'autorégulation face aux écrans, et ce, dès le plus jeune âge.
Nul doute que les parents, retenant uniquement le "permis d'écran" qui leur est officiellement donné par l'Académie, se précipiteront pour lire et appliquer ces 26 recommandations."Ce ne sont pas les écrans qui sont négatifs, c'est le fait d'être laissé seul devant", explique-t-il avant de détailler les 26 recommandations de l'Académie (voir la synthèse par Le Monde et le détail sur NetPublic).
Les deux propositions me semblent totalement contradictoires, au contraire.Les bébés aiment toucher du doigt ce qu'ils voient. Et les tablettes entrent en résonnance avec la forme d'intelligence sensori-motrice du bébé.
Des formes... en deux dimensions.Dans ce cadre d'éveil précoce, une tablette numérique, peut, avec le concours d'un adulte, participer au développement cognitif de l'enfant en l'aidant à appréhender la catégorisation des formes, des couleurs, des sons...
Pourquoi ?Entre 2 et 6 ans, c'est l'âge où émerge l'intelligence représentative et symbolique. C'est l'âge du dessin et des jeux où l'on joue à faire semblant. Les écrans peuvent permettre d'appréhender la différence entre réel et virtuel.
Il y a même des magazines qui répertorient toutes les applications - gratuites ou payantes - pour rendre vos enfants plus intelligents que les autres à partir de un an.Pour les 2-6 ans, il existe également des logiciels ludiques d'apprentissage des associations entre graphèmes (lettres) et phonèmes (sons), comme Graphogame.
Sans même parler de l'âge, comment peut-on inviter à l'accompagnement des enfants et en même temps à leur autorégulation ?L'école primaire (6-12 ans) est le premier âge d'une pédagogie explicite du rapport de l'enfant aux écrans. A l'occasion de la publication du rapport de l'Académie des sciences, la Fondation la Main à la Pâte vient de mettre en ligne un ensemble de cours et de jeux (ainsi qu'un livre) pour apprendre l'autorégulation face aux écrans.
Heureusement ces enfants n'existeront plus car ils auront bénéficié d'applications magiques sur tablettes dès le plus jeune âge !On trouve également quelques applications dédiées intéressantes comme une qui agit sur la dyslexie en faisant varier l'espacement entre les lettres. Une autre, la Course aux nombres, développée par le laboratoire de Stanislas Dehaene permet d'aider les enfants dyscalculies, c'est-à-dire ceux ayant des difficultés en calcul.
Transformons : l'absence de capacité d'attention sans stimulus mouvant, l'impossibilité à se concentrer, le zapping permanent, l'absence de réflexion.La question des jeux vidéo est une question transversale aux âges, rappelle encore Olivier Houdé. Les jeux vidéo améliorent la capacité d'attention visuelle et favorisent l'identification de cible, la flexibilité, l'attention simultanée, la prise de décision rapide...
Constructivisme pur-jus. Finalement les écrans rendent intelligent : on s'en est d'ailleurs déjà rendu compte avec la télévision que les enfants de 12-17 ans regardent 14h par semaine (en plus de 16h par semaine pour les autres écrans).Pour les adolescents (12-18 ans), les écrans permettent d'exercer une pensée rapide et fluide et permettent d'explorer plusieurs possibilités, ce qui peut aider au raisonnement hypothético-déductif.
Une fable, répandue par des médisants.Reste qu'un certain nombre d'études montre que l'usage d'internet appauvrirait la mémoire...
C'est finalement plus important, non ? Pourquoi s'encombrer de connaissances inutiles qu'il suffira de rechercher ? Pourquoi synthétiser quand il n'y en a plus de nécessité ?les gens retiennent plus les accès aux contenus que les contenus eux-mêmes ou leur synthèse.
Quelle bonne nouvelle pour la pensée !La rapidité de traitement de l'information a pour corolaire de nous faire oublier la synthèse ou la profondeur.
Si peu, si peu...Du fait de pratiques excessives, on note également des problèmes liés aux troubles de la vision, au manque de sommeil voir au manque d'activité physique ou sociale...
Et sur la pratique de la lecture, rien ?
L'un exclut l'autre, malheureusement. Offrez un livre et un jeu vidéo à un enfant pour faire l'expérience.Comme Serge Tisseron, Olivier Houdé insiste sur le fait qu'il faille apprendre aujourd'hui aux enfants à être à l'aise dans les deux mondes.
A partir de quand y a-t-il sur-utilisation ? Car d'ores et déjà les élèves passent plus de temps devant les écrans qu'à l'école.Pour autant, reconnaît le chercheur, il y a encore plusieurs choses que la recherche ne sait pas. Si on commence à connaître les effets d'une surexposition à la télévision, on ne dispose pas pour l'instant de mesure des effets d'une surutilisation des autres types d'écrans.
On ne saurait mieux dire.Assurément, les écrans sont un progrès dans l'accès à l'information, notamment dans les milieux socio-culturels les plus démunis, souligne le docteur en psychologie. Mais l'accès ne remplace pas l'éducation : apprendre à raisonner, valider, sélectionner, synthétiser, distancier une information reste primordial.
Michel Serres affirme exactement le contraire dans Petite Poucette.Mais cela a toujours été le rôle de l'éducation. "Le moteur de recherche ne remplacera pas l'abstraction."
Et surtout les difficultés généralisées de concentration ou de mémorisation, le rejet de l'écrit, le besoin de stimulation permanente créent des difficultés immenses dans l'enseignement.
Si l'injonction ne marche pas dans un cas, pourquoi marcherait-elle dans l'autre ?La durée passée devant les écrans est un problème qui peut avoir d'autres conséquences que simplement perdre son temps, ou que générer des conflits familiaux, souligne encore Jean-François Bach. Nous passons 2 à 5 heures par jour exposé à un écran quelqu'il soit. Pour Olivier Houdé, c'est par le contrôle de l'attention, le développement d'automatismes que nous permettrons aux enfants d'en prendre conscience. Serge Tisseron rappelle que depuis 1999, l'Académie de pédiatrie américaine ne cesse de lancer des alarmes contre le temps de consommation audiovisuelle. "Mais les mises en garde ne sont pas une solution. Elles n'ont aucun effet. Les enfants qui regardent le plus la télévision sont ceux dont les tuteurs regardent le plus la télévision. A Strasbourg, ils ont mis en place un programme annuel sur une dizaine de jours pour apprivoiser les écrans, invitant les familles à s'en passer. L'injonction à regarder moins les écrans parce qu'au-delà d'un certain temps d'exposition ils auraient un effet toxique ne marche pas. La seule chose que nous pouvons promouvoir, c'est d'inviter les gens à faire autre chose, à développer d'autres formes de liens entre eux."
De mon point de vue, le discours institutionnel de mise en garde contre les écrans a toujours été inexistant. Aucune campagne institutionnelle contre la télévision dans la chambre, par exemple.
Socrate était un philosophe, pas un enseignant.Faisons confiance à l'enrichissement cognitif de notre environnement
Pour le neuroscientifique Stanislas Dehaene, responsable de l'unité de neuroimagerie cognitive de l'Inserm-Cea, auteur de la Bosse des maths et des Neurones de la lecture, l'enrichissement permanent de notre environnement par des symboles et outils nouveaux nous a toujours été bénéfique. Les technologies nouvelles ont toujours engendré des inquiétudes, comme le rappelle le Phèdre de Platon, où Socrate critiquait l'arrivée de l'écriture et de la lecture.
Oui mais le parallélisme n'a aucun sens puisque les écrans la diminue.On sait depuis que c'est faux. "Contrairement à ce que pensait Socrate, la lecture augmente la mémoire.
Et attendant d'inventer ces nouveaux "modèles", tous aux écrans !Et si on se souvient de cette phrase, c'est grâce à la lecture. On sous-estime souvent l'importance des révolutions cognitives sur le cerveau lui-même."
"Le cerveau humain avait évolué pour le langage parlé, mais pas pour apprendre à écrire". On peut enrichir notre cerveau de compétences nouvelles, mais cela ne se fait pas à partir de rien. Cela nécessite de réorienter le fonctionnement de certains de nos neurones. C'est ce que Dehaene a appelé le recyclage neuronal. "Le cerveau d'une jeune enfant est organisé. Quand on observe le cerveau d'un enfant de 2 mois qui écoute un langage parlé, on constate que les zones activées sont très proches de celles d'un adulte qui lit" (hormis les régions frontales du cerveau, même si des études récentes montrent qu'elles s'activent et travaillent avec lenteur, dès la naissance). Les apprentissages structurent et réorientent le cerveau de l'enfant. "Dans le cadre de l'apprentissage de la lecture, le cortex visuel s'enrichit. Il est capable petit à petit de faire des discriminations plus fines qui ne concernent pas que la lecture d'ailleurs, mais également les images par exemple. On constate que des régions du cerveau liées à la forme visuelle des mots et à la représentation du langage parlé se modifient selon qu'on est alphabétisé ou non. Les connexions mêmes entre ces différentes aires se transforment par l'apprentissage de la lecture et nous avons tendance à sous-estimer comment la lecture fait évoluer notre cerveau. On perd des compétences. La zone du cerveau qui se spécialise dans l'apprentissage de la reconnaissance des lettres nous fait perdre des capacités à répondre aux visages. En fait, le système se réorganise à mesure que l'enfant apprend à lire."
"C'est en cela qu'il faut comprendre que tout objet culturel introduit dans notre environnement a des effets", explique le neuroscientifique. Des chercheurs israéliens ont imaginé un système de substitution sensorielle pour les aveugles de naissance qui leur permet, en quelques semaines d'apprentissage d'apprendre à voir par le toucher et les sons. En stimulant la région qui sert normalement à reconnaître les lettres par l'audition, les aveugles apprennent à voir. Cet exemple montre qu'on peut inventer de nouveaux modèles de recyclage neuronal, estime le spécialiste.
La première est le temps de lecture moyen consacré à chaque page Internet : une minute environ..."Quand on observe de près les effets des écrans sur le cerveau, on constate que le support informatique ne change pas grand-chose à la lecture". Les rares études qui ont mis en avant une différence entre la lecture sur écran et la lecture de texte imprimé sont très mauvaises, estime le spécialiste. Il existe pourtant des différences, qu'on n'a d'ailleurs pas suffisamment exploitées.
Il n'y a surtout plus de lecture profonde."Certes, les stratégies d'exploration oculaires des pages internet ne sont pas les mêmes, car l'organisation des pages n’est pas les mêmes. Certes cela génère une stratégie de lecture plus difficile, moins capable de mémorisation. Mais les supports et les interfaces évoluent très vite. Et les différences (par exemple de vitesse de lecture) ne semblent pas significatives."
D'où l'intérêt des tablettes en maternelle.Le problème, par contre, estime Stanislas Dehaene, c'est la disparition de l'écriture". Un article récent (.pdf) de PNAS montrait qu'en Chine, l'usage du clavier avait un réel effet sur la baisse de performance de lecture des enfants, car avec le clavier, ils doivent passer par la phonologie pour entrer un caractère. On sait également, dans le domaine de l'écriture alphabétique, que le circuit visuel et gestuel de l'écriture facilite la mémorisation.
Comment ont fait les générations précédentes ? Savoir écrire (au sens large) permet d'écrire sous toutes les formes. Mais savoir taper au clavier ne permet pas de savoir écrire.On sait qu'apprendre à écrire en même temps qu'on apprend à lire facilite l'apprentissage de la lecture, certainement parce que le cerveau mémorise mieux l'information quand il utilise des codes multiples. "Pour autant, je m'indigne que l'école n'apprenne pas à taper au clavier. C'est une habileté indispensable. L'école doit à la fois conserver la compétence de l'écriture et l'adapter aux compétences dont nous aurons tous besoin demain."
Les jeux vidéos rendent intelligent : oyez bonnes gens !Le potentiel cognitif des jeux vidéo
Stanislas Dehaene a souhaité insister sur le potentiel cognitif des jeux, ces "boîtes à outils mentales de notre environnement". Les jeux vidéo enrichissent notre capacité à représenter des situations nouvelles. Dans le domaine de l'apprentissage de la lecture, il existe des logiciels très efficaces, comme l'évoquait Olivier Houdé. Un apprentissage optimisé, conçu selon des pratiques cognitives, peut avoir des effets positifs. Des jeux de plateaux très simples, comme le jeu des petits chevaux, ou encore la course aux nombres ou l'attrape-nombre ont montré qu'ils pouvaient aider des enfants à risque de dyscalculie. Les effets sont modestes, mais réels et pourraient augmenter à mesure que les ordinateurs seront capables de s'adapter aux difficultés des enfants. Daphné Bavelier, professeure de neurosciences à l’université de Rochester à New York et directrice du laboratoire Cerveau et apprentissage de l'université de Genève a étudié l'impact cognitif des jeux vidéos standards, et a montré qu'ils avaient globalement un impact cognitif positif, que ce soit des jeux de tir en vue subjective comme des jeux d'habiletés sur le modèle de Tetris. Ceux qui jouent à des jeux d'action rapide ont des performances cognitives et visuelles améliorées : acuité visuelle, attention visuo-spatiale, changement rapide de tâche, prise de décision, transfert d'apprentissage... Et notamment voient leur flexibilité cognitive, c'est-à-dire la capacité d'apprendre à apprendre, se développer.
Où l'on retrouve les vieux slogans des nouvelles pédagogies comme "apprendre à apprendre".
Rien du tout, nous dit Microsoft !Par contre, modère le spécialiste, on ne sait pas l'effet qu'engendre le temps passé consacré aux jeux vidéo, et on connaît mal les effets des jeux vidéos violents.
La violence n'est pas positive ?Daphné Bavelier travaille sur cette question. Pourquoi les jeux violents sont les plus efficaces ? Peut-on concevoir des jeux motivants, mais non violents ?
Quel volontarisme !Quels impacts ont les jeux sur la cognition sociale ou la lecture ? Et si ses études portent sur les jeunes adultes, elle a peu travaillé avec les jeunes enfants. "Dans le domaine des jeux vidéos, les limites de nos connaissances sont réelles", insiste Stanislas Dehaene. "Reste que l'ordinateur s'insère dans notre histoire culturelle et augmente notre cognition. Nous ne devons pas en avoir peur, mais adapter les programmes scolaires en conséquence. Ces changements culturels sont là pour durer, essayons de les utiliser au mieux."
Qu'il s'adapte ne dit pas s'il s'agit d'un progrès pour lui, malheureusement.En répondant aux questions des académiciens, Stanislas Dehaene précise encore certains points. Le développement des espaces entre les mots (qui s'est généralisé entre le 7e et le 9e siècle) a profondément modifié notre vitesse de lecture. A l'avenir, peut-être lirons-nous d'une manière très différente d'aujourd'hui. Des systèmes permettant de faire défiler les mots sous vos yeux, plutôt que d'avoir à bouger les yeux, permettent par exemple de lire beaucoup plus vite. Il est possible que demain les écrans nous offrent de nouvelles modalités de lectures. Notre cerveau s'adapte très bien à nos outils.
Quoi !? Le numérique ne permet pas une vraie interactivité ?Le danger c'est le manque d'interactivité des outils. Le danger n'est pas le support, mais l'interactivité. Si on expose un enfant à une vidéo de cours de langue étrangère, il ne l'apprendra pas par magie. Seule l'interaction avec un humain permet à un enfant d'assimiler une langue. D'où l'importance des enseignants. L'interactivité, c'est la marque de l'engagement de celui qui apprend et de celui qui enseigne.
Des économies substantielles pour l'Etat en perspective et des marchés numériques juteux.On pourra demain enseigner avec de nouvelles méthodes comme les systèmes d'éducation massive par l'internet...
On a quand même du mal à comprendre : il faut de l'accompagnement et de l'interactivité, mais vivent les cours en ligne !...mais peut-être pas pour tous les âges de la même manière, ni sans trouver des systèmes d'interactivité adaptés.
Voilà qui est encourageant.Quand Jean Salençon spécialiste de la mécanique des solides interroge sur les effets de la violence, c'est Serge Tisseron qui répond. Il rappelle qu'il avait été sollicité entre 1997 et 2000 pour mener une étude sur les conséquences des images violentes de la télévision et du cinéma sur les enfants. L'étude avait montré que celles-ci avaient des conséquences différentes selon les enfants. Un tiers s'identifiaient à l'agresseur et avaient tendance à développer des comportements violents. Beaucoup s'identifiaient aux victimes et avaient tendance à se laisser victimiser plus facilement. Et certains s'identifiaient au redresseur de torts ! Dès qu'on mettait les enfants en groupes après des images violentes, on avait tendance à avoir des réponses violentes plus fréquentes sur une durée de temps assez courte après l'exposition à des contenus violents.
"Les jeux violents ne transforment pas les enfants en criminels, mais ils tendent peut-être à diminuer les réactions prosociales d'entraide et de solidarité, d'autant que dans le jeu vous êtes souvent identifié à l'agresseur et vous êtes plus rarement appelé à vous identifier aux victimes.
Comme c'est naïf ! "Call of Duty" et "Grand Theft Auto" n'ont qu'à bien se tenir !Un enfant est violent pour d'autres raisons que les jeux." Reste qu'on doit s'en soucier, souligne le psychologue. C'est le point sur lequel le rapport demeure le plus alarmiste. On ne limitera pas les jeux vidéo violents, mais on pourrait peut-être réfléchir à favoriser les jeux prosociaux, lance le psychanalyste à l'adresse du secteur.
Pourquoi les joueurs préfèrent-ils les jeux violents ? Comment pourrait-on concevoir des jeux différemment ? Les attitudes d'entraide sont moins valorisées, moins mises en scènes, alors qu'elles existent toujours et qu'on les retrouve toujours dans toute situation de violence... Nous n'effacerons pas la violence de nos sociétés, mais peut-être pouvons-nous réfléchir à mieux montrer et valoriser la compassion et la générosité.
L'espoir fait vivre.
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- Loys
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Dans "Libé" du 3/02/13, avec la couverture papier : "Les petits dans la cour d’écrans" . Bon, je sais, un article entre d'autres d'Erwan Cario, celui qui qualifie de "vieux cons" les gens qui comme moi critiquent un certain usage d'Internet... Je n'ai jamais eu de droit de réponse d'ailleurs. On en s'étonnera pas du ton mesuré de l'article.
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Un autre article sur le même sujet sur "Écrans" : "Les jeux vidéo maniés avec adresse" .
Rappelons à toutes fins utiles que "Libé" est à l'origine du magazine en ligne... "Ecrans" , dirigé par Erwan Cario.
Justement nouvel article dans "Libé" d'Erwan Cario : "L’Académie et la tablette aux alouettes" .
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- Loys
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Où l'on retrouve déjà la mythe de l'enfant précoce grâce aux écrans.Les petits dans la cour d’écrans
Voilà un article qui s'annonce nuancé.Un front large comme un pare-brise, un AK-47 glissé dans la barboteuse, des membres inférieurs atrophiés et des pouces maousses comme des poêlons à raclette. C’est — en gros — le portrait bien trop souvent dessiné du lardon d’aujourd’hui, croulant sous l’avalanche des écrans : télé, console de jeux vidéo, ordinateur, Facebook, smartphone et désormais tablette. Nocive, l’avalanche, évidemment…
Allez hop, on écarte d'un revers de main ces cinquante experts, sans même résumer leur appel, avec un jugement expéditif : "anxiogène". Difficile pourtant s'opposer à une utilisation "abusive" des écrans, non ? Même l'Académie le fait. Eh bien, si "Libé" en est capable.Psychologies Magazine relaie d’ailleurs, ce mois-ci, l’appel à la vigilance de cinquante experts « face à l’utilisation abusive des écrans », accompagné de huit pages anxiogènes sur le sujet.
En même temps ce jugement ("anxiogène") en dit long : ce qui pose problème, ce n'est pas les risques potentiels des écrans, c'est l'effet produit par ces risques dans l'opinion publique. La bataille de "Libé" et de son magazine "Écrans" est une bataille médiatique : la réalité des risques est secondaire.
Notez les verbes modaux ("peuvent"). "Libé" oublie évidemment d'indiquer qu'il s'agit de certains jeux par exemple, non précisés par l'Académie.Mais voilà qu’un rapport intitulé l’Enfant et les écrans vient faire un sort aux idées reçues. Oui, les jeux vidéo « peuvent stimuler de nombreuses compétences ». Oui, les réseaux sociaux « peuvent être un espace d’expérimentation et d’innovation ».
"L'encadrement parental" de quatre heures et demie d'écran par jour (moyenne pour les 12-17 ans, sans inclure les jeux vidéos) ?Ce rapport n’est pas l’œuvre d’une bande de hippies geeko-libertaires, mais de l’Académie des sciences qui, sous la plume de Jean-François Bach, Olivier Houdé, Pierre Léna et Serge Tisseron (1), dessine « un chemin de raison », rappelant sans cesse l’évidence, à savoir la nécessité d’un encadrement parental et scolaire dans les activités numériques...
C'est tellement mignon......de ceux que Michel Serres appelle joliment les « petits poucets » et « petites poucettes ».
Heu... non : c'est une lise de recommandations pour un bon usage. Car les écrans exigent une "prévention" et des signaux d'"alerte".Mesurée, renseignée, mais aussi enthousiaste vis-à-vis du numérique voire parfois fascinée, cette somme dresse la liste des « meilleurs services que nous puissions rendre à cet enfant du siècle nouveau ».
Philippe Desmurget a montré qu'il s'agit d'une erreur factuelle dans l'avis de l'Académie s'agissant d'une étude tierce. Je le cite : "En fait, cette étude montre une baisse de 6 % par heure de télévision hebdomadaire (!) soit 42 % par heure de télévision quotidienne, dès la première heure."La vilaine télé
Bouh, la vilaine télé ! S’il y a un écran à propos duquel les choses ne changent pas, c’est bien le petit. Qu’on pourrait résumer ainsi : la télé, c’est pas pour les enfants. Et surtout pas les plus jeunes. Ainsi, indique le rapport, « l’exposition passive et isolée aux écrans — y compris l’exposition aux DVD spécialement commercialisés pour enrichir précocement le vocabulaire — n’aide pas les bébés à apprendre le langage ».
Et ça ne s’arrange pas avec l’âge, assure l’Académie, évoquant des « conséquences problématiques bien au-delà des premières années : prise de poids, déficit de concentration et d’attention, risque d’adopter une attitude passive face au monde… » Le rapport quantifie les risques. Plus de deux heures par jour ? 7% de diminution de l’intérêt en classe et 6% sur les habiletés en mathématiques à l’âge de 10 ans.
Tout est résumé.La gentille tablette
Ce sont les stars de l’avis.
On croirait un message publicitaire pour Lactel ou Nutella.Ordinateurs, consoles de jeu, smartphones et tablettes, tous ces supports issus de la culture numérique vont accompagner l’enfant durant sa croissance et son apprentissage.
Sans aucune démonstration scientifique, et avec des petits problèmes de logique, comme j'ai pu le relever.Dès la préface, Jean-Pierre Bach, secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences, établit que « cette évolution, qui apparaît aujourd’hui irréversible, a des effets positifs considérables en améliorant tout à la fois l’acquisition des connaissances et des savoir-faire, mais aussi en contribuant à la formation de la pensée et à l’insertion sociale des enfants et adolescents ». L’avis revient d’abord sur l’impressionnante collection d’idées reçues qui entoure les usages numériques des enfants. La violence des jeux vidéo (lire ci-contre) et la supposée addiction à ces nouveaux usages numérique sont ainsi remis en perspective.
Voilà ce que "Libé" veut retenir.Sans nier ces problématiques. Ainsi, « l’isolement dans les écrans devient problématique s’il n’est pas utilisé pour trouver du plaisir, comme les activités distractives normales, mais pour fuir un déplaisir ». En clair, si votre ado s’éclate à monter son elfe de la nuit au niveau 85 dans World of Warcraft, pas la peine de paniquer.
Mieux vaut (sous-tendu : pour "Ecrans").Mieux vaut donc s’intéresser aux effets bénéfiques.
Aucune preuve scientifique n'est apportée à ces assertions, qui ne reflètent que les "préjugés" des auteurs du rapport.Les jeux vidéo d’action améliorent la « capacité d’attention, de concentration et de prise rapide de décision », certains logiciels peuvent « éveiller et exercer les capacités d’attention visuelle sélective, de dénombrement, de catégorisation » et, pour l’adolescent, les outils numériques ont « une puissance inédite pour mettre le cerveau en "mode hypothético-déductif" et explorer tous les mondes possibles ».
Avec plus de 7h d'écrans par jour aux États-Unis en moyenne, on est bien dans une "utilisation modérée".L’Académie stipule cependant régulièrement que ces qualités ne valent que dans le cadre d’une utilisation modérée et dans un environnement encadré, surtout pour les plus petits.
Si on lit bien le rapport, à partir de l'âge de six mois !Avec ces précautions, même les bébés (moins de 3 ans) peuvent profiter de la révolution numérique, et c’est grâce aux petites dernières de la grande famille des écrans : les tablettes tactiles.
Ben voyons... Et toujours rien pour démontrer une telle assertion.« Elles peuvent contribuer, dans un contexte relationnel, […] à l’éveil précoce des bébés au monde des écrans. C’est le format le plus proche de leur intelligence. »
Si même "Écrans" le dit... Une telle fascination a un nom : le numérisme.Les tablettes sont d’ailleurs régulièrement encensées dans le rapport, ce qui est un peu surprenant. Le support est encore jeune (l’iPad a tout juste 3 ans), et n’est pas vraiment arrivé à maturité. On a du coup parfois l’impression que sa mise en avant relève plus de la fascination que du constat scientifique.
Surtout que le rapport, qui passe sous silence de tout ce qui pourrait contredire son enthousiasme, est bien caricatural lui-même.La grosse tête internet
Au fait, c’est bien joli tout ça, mais Internet rend-il bête ? C’est la grande question mais, pour l’Académie des sciences, « l’angoisse actuelle sur ce sujet ne doit pas faire céder à la caricature ».
Et comment celles-ci seraient-elle "préservées" face au caractère "omniprésent" des écrans et "irréversible" de cette "évolution" ?En prenant bien soin de préserver des périodes de réflexion « sans écran », plus posées...
D'où les progrès fantastiques que l'on constate à l'école....l’utilisation du Net permet d’exercer « l’intelligence fluide et rapide ».
Ce sont souvent les parents eux-mêmes qui les inscrivent...Avec le Web, les écrans font aussi dans le social, et le rapport n’ignore pas que la majorité des enfants s’inscrivent sur Facebook (pourtant interdit au moins de 13 ans) dès qu’ils le peuvent.
Curieux concept que celui de la "mise en scène de l'intimité"... Et en quoi l'exposition de l'intimité serait-il positif ?Selon l’Académie, les bénéfices des réseaux sociaux sont nombreux : c’est une cour de récré, ils permettent de nouvelles formes de mise en scène de soi et de l’intimité, ainsi qu’un renforcement des relations sociales existantes et de l’estime de soi.
On se demande bien comment les parents pourraient "s'impliquer" s'il s'agit de l'intimité des adolescents...Les dérives, comme la surexposition de soi ou le cyber-harcèlement, sont aussi abordées et montrent la nécessaire implication des parents.
Effectivement. Ils ne le sont déjà pas dans les faits, on voit mal comment ils le deviendraient. Les recommandations de l'Académie semblent bien vaines et par conséquent son jugement globalement positif pour un usage précoce bien imprudent.Mauvaise nouvelle pour eux, ils ont toujours beaucoup de boulot : actifs ou pas, les écrans ne seront jamais de bonnes nounous.
(1) Paru aux éditions Le Pommier, 17 €.[/quote]
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