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Les polémiques sur les vacances scolaires
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Sur "France Inter" du 8/07/23 : "Durée, dates de départ et de retour : on a analysé les vacances d'été de ces 64 dernières années"
Par Olivier Bénis
Publié le samedi 8 juillet 2023 à 07h54
3 min
Plage de La Baule en août 1964 Plage de La Baule en août 1964 © AFP - Daniel Fallot / Ina
Part-on plus longtemps en vacances à l'été 2023 qu'à l'été 1963 ? En quelle année les élèves de France ont-ils eu les vacances d'été les plus longues ? Saviez-vous qu'il y a déjà eu des rentrées scolaires le 24, voire le 25 septembre ? On a passé au crible les calendriers scolaires depuis 1960.
Les petits Français d'aujourd'hui ont-ils trop de vacances de fin d'année par rapport à leurs aînés ? Oui, pour Emmanuel Macron, qui estimait récemment à Marseille que "quand on a des vacances de trois mois, l’inégalité revient". Sur le sujet, les archives des calendriers scolaires, disponibles sur le site du ministère de l'Éducation, sont riches d'enseignements.
On y découvre par exemple que depuis 1960 (la plus ancienne année recensée), seuls les élèves de 1980 ont eu droit à (presque) trois mois de vacances : 85 jours précisément, du 3 juillet au 25 septembre inclus. En moyenne aujourd'hui, on atteint à peine les deux mois complets. Les vacances d'été ont commencé le plus tôt en 1969 et en 1985 (le 26 juin) et se sont interrompues le plus tard en 1980, justement, avec une rentrée le 26 septembre.
Enfin, c'est en 2022 que les vacances d'été ont été les plus courtes : 55 jours au total, du 8 juillet au 31 août inclus.
Une durée moyenne en baisse constate depuis quatre décennies
D'ailleurs, au-delà des records, la durée moyenne des vacances d'été ne cesse de baisser depuis les années 80. Dans les décennies 1960 et 1970, on avait en moyenne 77 jours de vacances de fin d'année ; un chiffre qui passe à 71 jours dans les années 1980, 66 dans les années 1990, 64 dans les années 2000, 59 dans les années 2010... Et pour l'instant, les élèves français ont été en moyenne 57 jours en vacances d'été pendant la décennie 2020.
Globalement, les vacances d'été sont donc aujourd'hui plus courtes qu'elle ne l'ont été. Des années 60 au début des années 80, la rentrée scolaire avait lieu plus tard : mi-septembre : les élèves avaient donc deux mois et demi de congés. Et puis à partir des années 80, la date de reprise des cours a été progressivement avancée jusqu'à tout début septembre.
Depuis les années 2000, la rentrée a lieu en général vers le 2 septembre. Les élèves ont deux mois de vacances l’été, huit semaines très exactement depuis une dizaine d’années. Mais on parle des écoliers : les collégiens et les lycéens, eux, finissent plus tôt.
Des dates de départ et de retour assez similaires
À l'exception des années 1981 et 1982 où le départ était le plus tardif (respectivement le 11 et le 10 juillet), et des années 1980 et 1981 où la rentrée scolaire arrivait elle aussi très tard (le 26 et le 25 septembre), la plupart des coupures estivales commencent fin juin/début juillet pour s'achever fin août/début septembre. Avant les années 80, la norme était de terminer les vacances d'été mi-septembre, pour un point de départ fin juin.
Les vacances d'été 2023 sont particulièrement tardives : en 40 ans, c'est seulement la troisième fois que les vacances commencent aussi tard, un 8 juillet. L'autre différence avec les années 60, c'est qu'au fil du temps, les autres vacances de l'année se sont allongées. Alors qu'elles ne duraient que quelques jours à la Toussaint et en février, elles sont passées à deux semaines. Par conséquent, la durée globale des congés sur l'année a sensiblement toujours été la même.
La France n'est pas la championne des congés estivaux
Enfin, si l'on compare les vacances de fin d'année françaises avec celles d'autres pays de l'OCDE, on constate que notre pays est plutôt dans la fourchette basse, avec un peu plus de huit semaines de pause estivale. Un chiffre bien loin du maximum : plus de 13 semaines de coupure pour les élèves russes, lettons ou chiliens.
Pour connaître les dates et la durée des vacances d'été de n'importe quelle année de 1960 à 2024, vous pouvez utiliser notre moteur de recherche :
Voir ici : www.laviemoderne.net/veille/etre-enseign...-bashing/24571#24571
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Dans 'L'Obs" du 4/07/23 : "Emeutes urbaines : et l’école resta sans voix" par Gurvan Le Guellec.
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Quelques commentaires s'imposent.
C'est ici que le raisonnement déraille : mettre en cause l'école des quartiers pauvres, et pas la pauvreté des quartiers pauvres.Reste qu’on peut et doit s’interroger sur les motifs de cette violence. Le nihilisme destructeur, mâtiné de culte du veau d’or qui semble motiver une partie des émeutiers mériterait peut-être qu’on se questionne sur les projections offertes à la jeunesse d’origine populaire. Et sur l’efficacité des services publics qui leur sont destinés, au premier chef l’école. Tous les jeunes de banlieue ne sont pas des émeutiers, on aimerait que ce soit plus souvent rappelé mais tous les émeutiers semblent bien venir des périphéries fortement ségréguées des grandes villes et être d’âge scolaire pour une grande partie d’entre eux. Ce n’est pas anodin.
L'école publique subit de plein fouet la ségrégation de la société, et lutte contre elle comme elle peut. Mais cette ségrégation qui est présentée ici comme informelle est en réalité institutionnelle : nulle mention n'est faite dans ce billet de l'enseignement privé.La ségrégation sociale et ethnoculturelle plombe notre école
Depuis deux ans, « l’Obs » a multiplié les dossiers sur la fracture scolaire, l’école à double vitesse, la vraie carte des inégalités, bref la ségrégation sociale et ethnoculturelle qui plombe notre système éducatif et le caractère tout sauf fortuit de ce phénomène. C’est un constat : après trente ans de démocratisation scolaire, les CSP + de droite comme de gauche veulent de moins en moins mêler leurs enfants à ceux des classes populaires, jugés mal éduqués. Malgré les situations d’apartheid que cette accumulation de petits renoncements individuels génère, malgré l’évidence que les quelques politiques de mixité tentées ici et là transforment les destins scolaires… et malgré une série d’études statistiques qui ne permettent plus de s’enfermer dans le déni, les lignes n’ont pas bougé. La droite affirme toujours sans vergogne que la mixité n’est pas une priorité, voire qu’elle est inutile. La macronie ne le dit pas mais n’en pense pas moins. La gauche, gênée, est à peine audible.
On se demande où peuvent être consultés ces résultats...Nahel nous conduira-t-il à une forme de prise de conscience ? Pourquoi pas… Le dernier sursaut républicain, en matière scolaire, date de 2015, quand le gouvernement Valls, après les attentats, jugea subitement pertinent de lancer des expérimentations de « mixité scolaire ». Celles qui commencent à donner des résultats aujourd’hui. Comme s’il fallait forcément du sang et des larmes pour que nous soyons rappelés à nos responsabilités.
La mixité (sociale) mise en place n'a été qu'illusoire, et elle n'apporterait de toute façon que des solutions illusoires (la mixité scolaire important beaucoup plus). Le problème est de toute façon celui d'une école qui a perdu une grande partie de son efficacité. Voilà qui permet avant tout d'expliquer pourquoi sont de plus en plus vides "les projections offertes à la jeunesse d’origine populaire".
Mais d'un problème très général, l'auteur du billet en arrive à un problème très limité : la durée des vacances scolaires :
Le brevet a eu lieu les 26 et 27 juin 2023, le grand oral du bac jusqu'au 30 juin 2023 et les oraux de français jusqu'au 4 juillet en Île-de-France, sans parler des épreuves du second tour (le rattrapage) : donc, non, les établissements ne "ferment" pas "leurs portes" après la fin des cours. L'un des passagers de 14 ans du bolide dont la mort du conducteur, âgé de 17 ans et déscolarisé depuis longtemps, a déclenché les émeutes, était d'ailleurs conduit à son brevet...La droite de MM. Ciotti, Larcher et Retailleau n’a toutefois pas tort : la mixité ne peut pas tout. Pour que l’école participe à l’émancipation des esprits et à la déghettoïsation des corps, déjà faudrait-elle qu’elle soit présente… et donc ouverte. Chez nos collègues du « Monde », des profs de banlieue se sont ouverts de leur désarroi face à un déchaînement de violences pas totalement inattendu dans des « populations stigmatisées et précarisées où l’amertume et l’humiliation laissent place à la colère et la rage viscérale ». Ils parlent également de leur inquiétude de voir leurs élèves – bons ou mauvais – emportés par « l’effet de groupe » alors que les établissements sont fermés. Sur ce point-là, le rubricard éducation que je suis ne peut pas s’empêcher de tiquer. Car, en toute logique, les collèges et lycées ne devraient pas être fermés à deux ou même une semaine de la fin de l’année scolaire. Les épreuves du bac et du brevet étant derrière nous...
La raisonnement laisse de toute façon perplexe : si les troubles avaient eu lieu après le 14 juillet ou après le 15 août, la cause en aurait aussi été les vacances scolaires ?
Comme nous l'avons vu, le temps n'est suspendu dans les établissements scolaires que parce qu'il s'y passe des examens, avec des épreuves qu'il faut faire passer et corriger, avec des réunions pour ce faire s'y ajoutant.[...] ils devraient même être pleinement et intensément ouverts, profitant du temps suspendu de la fin d’année pour aborder les apprentissages de manière plus concrète, mettre en avant les talents scolaires et extrascolaires des élèves avant le grand relâchement cérébral et cognitif de juillet-août. Et contribuer à raffermir le sentiment d’attachement à l’école que l’on sait particulièrement dégradé en France à partir de l’entrée dans le secondaire.
Rien de vraiment nouveau à ce que les cours eux-mêmes n'aient plus lien dans la dernière partie du mois de juin. Les vacances d'été étaient même plus longues autrefois dans une école plus efficace. Faux problème donc, mais vraie obsession d'une partie des politiques et par là des médias. Le président de la République n'a-t-il pas mis en cause les vacances quelques jours plus tôt au nom de la lutte contre les inégalités ?
Et à faux problème, fausse solution (pédagogique) faisant le procès des enseignants et de leur enseignement : les apprentissages plus concrets (?) pour "mettre en avant les talents scolaires et extrascolaires des élèves" ?
Un simulacre d'enseignement (dans des établissements "pleinement et intensément ouverts") pour en réalité... faire garderie. L'auteur met par la suite "le service public de l’éducation et le service public des vacances pour tous" sur un même plan.
Fustigeant la non-reconquête du mois de juin, l'auteur ne fait aucune observation sur les nouvelles épreuves du baccalauréat passées en mars, occasionnant une atterrante démobilisation scolaire ensuite. Il s'agit plutôt de faire le procès des enseignants.
Lycées et collèges fermés signifient oisiveté forcée
Que font les élèves depuis ce temps ? La question ne se pose pas vraiment pour les enfants de cadres, de profs ou de journalistes. Leurs loisirs estivaux sont aussi programmés que leur carrière scolaire est tracée. Certains sont déjà revenus de leur stage linguistique, d’autres partent en camp scout ou dans la résidence avec piscine de papi-mami.
Les minots qui me réveillent à 2h30 du matin à coups de mortiers et que j’aperçois depuis mon balcon panoramique donnant sur l’avenue principale de ma ville de banlieue semblent beaucoup moins occupés.
L'école, responsable des activités nocturnes des élèves également ?
Si ça se trouve, il y a même peut-être des enfants d'origine populaire qui sont travailleurs, respectent l'autorité et ne pratiquent pas la violence !Et guère politisés. Je les entends s’alpaguer – le béton résonne – et, derrière leurs petites ombres noires, je vois curieusement mes deux fils de 6 et 12 ans jouer au chat et à la souris avec leurs amis, la violence en plus, le respect de l’autorité en moins.
Bref, le cœur du billet est sans objet...Quelle est la part de l’oisiveté forcée dans ces débordements ? Ce serait bien présomptueux de le dire. Mais force est de constater que cette violence n’est pas nouvelle – les banlieusards n’ont pas attendu la mort de Nahel pour découvrir le bruit des mortiers – qu’elle connaît bien des pics saisonniers, et que ces pics correspondent à la période de latence entre la fermeture « officieuse » des établissements et le vrai début des grandes vacances après le 14 juillet.
Vivre en banlieue c’est accepter de se coltiner la violence que génère notre société et parfois tenter, à son humble niveau, de la résoudre. Les énergies qui s’y déploient, malgré le fatalisme, malgré la résignation, peuvent être phénoménales.
Mais visiblement pas celle des enseignants, qui n'en font pas assez et qui pourraient assurer leurs cours en même temps qu'ils surveillent, corrigent et harmonisent des examens.
La clef de l'article apparaît enfin car, même si l'auteur s'en défend, on dirait quand même un caprice d'un parent d'élève énervé.Mais si le service public de l’éducation et le service public des vacances pour tous – de plus en plus inexistant hélas, c’est encore un autre sujet – pouvaient assumer leur rôle pleinement et nous aider à rafraîchir les esprits échaudés, avouons tout de même que cela aiderait. La fameuse « reconquête éducative du mois de juin » que nous promettent les ministres de l’Education nationale depuis vingt ans sans jamais s’en donner les moyens, n’a rien d’un caprice de parent d’élève énervé. C’est un dû et un enjeu de société.
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Et tant pis si c'est totalement faux : www.liberation.fr/societe/education/les-...P6ZFTNHAWLIPBNNH6VQ/On a des vacances, notamment d'été, qui sont plus longues qu'ailleurs
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