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Nouveauté à l'école en 2016 : "le prédicat"
- Loys
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Commentons un peu.
Ou plusieurs blocs s'il y a plusieurs sujets et prédicats ?La notion de « prédicat », une analyse grammaticale consistant à décomposer la phrase en deux blocs, est apparue dans les programmes à la rentrée 2016.
Ce n'est pas un "changement de formulation", c'est une notion nouvelle...Prenez l’enseignement de la langue – un domaine qui passionne les Français, même quand ils ne fréquentent plus les bancs de l’école. Ajoutez-y un changement de formulation dans les programmes scolaires, qui ont fait peau neuve en cette rentrée ;
Quelle serait donc cette "inflexion dans les objectifs qui leur sont assignés" ?...peut-être même une inflexion dans les objectifs qui leur sont assignés. Une bonne dose d’inquiétude partagée par les parents et les enseignants, à l’heure où toutes les enquêtes – nationales comme internationales – pointent les résultats décevants de notre système éducatif.
On sait déjà que cette "controverse déconnectée" n'a pas lieu d'être puisqu'elle n'est le fait que de la "désinformation".Mélangez le tout avec un zeste de désinformation propagée sur la blogosphère et les réseaux sociaux… Et vous aurez, réunis, tous les ingrédients d’une polémique comme l’école française, qui navigue de réforme en réforme, en voit surgir à intervalles réguliers : une controverse déconnectée (ou presque) de ce qui se joue en classe, mais au retentissement médiatico-politique assuré.
Il ne s'agit pas de la nouveauté de la notion, mais de la nouveauté dans les programmes.Le COI disparaît
Pour allumer la mèche, il a suffi d’un mot : le « prédicat ». Une notion bien connue des linguistes et des grammairiens, et même déjà utilisée à l’école en Belgique ou au Québec, mais une découverte en France, en 2016-2017, pour bon nombre de parents d’élèves et même d’enseignants.
On pourrait néanmoins discuter de la notion elle-même, dont il existe plusieurs définitions contradictoires.
Découper la phrase en deux blocs en 6e, c'est un objectif ambitieux en effet.Introduite pour la première fois dans les programmes de cycle 3 (du CM1 à la 6e), elle doit permettre aux enfants non encore rodés à l’analyse grammaticale de décomposer la phrase en deux blocs : le sujet et son prédicat – ce qui est dit du sujet. Exemple : « Le facteur distribue le courrier » ; « le facteur » est le sujet, « distribue le courrier » le prédicat.
En réalité, les programmes de cycle 3 précisent dans la "terminologie utilisée" : "complément du verbe (complète le verbe et appartient au groupe verbal) / complément de phrase (complète la phrase) / complément du nom (complète le nom)"...
C'est effectivement très pratique.Les compléments d’objet direct et indirect pourront, eux, être identifiés dans un second temps en classe, sous l’appellation commune de « complément de verbe », explique Michel Lussault, président du Conseil supérieur des programmes (CSP).
Mais pas dans la "terminologie utilisée".A ce niveau-là de scolarité, les nouveaux programmes ne font d’ailleurs plus référence au COD ou au COI : il faut attendre le cycle 4 – correspondant aux classes de 5e, 4e et 3e – pour que le premier réapparaisse lorsqu’il est question d’étudier l’accord du participe passé.
Complètement, en fait.Quant au second, son acronyme a littéralement disparu des programmes.
Complexification ou simplification, absence de nouveauté ou "changement de logique" : il va falloir choisir.« C’est avant tout un changement d’approche, presque de logique, défend le président du CSP. Une grammaire aussi complexe que la nôtre se prête peu au consensus… Ce choix a fait débat au sein du Conseil, il est le fruit d’un arbitrage. Mais si on peut sans doute discuter de la direction prise, on ne peut pas lui reprocher de manquer d’ambition, alors même qu’elle aboutit à ajouter une étape, un préalable, à l’étude de la langue. »
Parce que le "prédicat" n'est pas une étiquette ?Voie progressive
« Elle doit permettre aux élèves de saisir la phrase comme un énoncé signifiant et pas seulement comme une suite de mots à étiqueter, renchérit Sylvie Plane, professeure en sciences du langage et vice-présidente du CSP.
Tellement "plus poussée" qu'on oublie les COI et les attributs, lesquels sont d'ailleurs mis sur le même plan que les compléments du verbe...Un cheminement vers une analyse grammaticale plus complexe, une compréhension de la langue plus poussée. »
L'introducteur dans les programmes, sous sa houlettes, ça ne fait aucun doute.Une voie progressive, sans doute, mais pas moins exigeante : c’est le credo des artisans de ces nouveaux programmes… et l’exact opposé de l’écho qu’en ont donné les réseaux sociaux. Depuis plusieurs jours, Michel Lussault ferraille sur Twitter avec ceux qui, en nombre, l’accusent de vouloir mettre à mal la grammaire. Rien d’inédit pour ce géographe de métier que l’on a accusé, au plus fort de la polémique sur la réforme du collège, d’être le « fossoyeur » du récit national ou des humanités. Un « assassin de l’école », pour reprendre le titre du livre de la journaliste de L’Obs Carole Barjon, qui pourfend le « pédagogisme ». Michel Lussault s’en amuse presque : « On fait de moi l’inventeur du prédicat. Aristote, qui en a la paternité, doit se retourner dans sa tombe ! »
En quoi un billet de blog donne-t-il un "semblant de légitimité journalistique" ? Et si l'on était cruel : en quoi le journalisme est-il synonyme de légitimité, quand précisément le témoignage de cette collègue a été gravement mis en cause par un journaliste du "Monde" (même s'il s'en défend) et ce en l'absence de toute contre-enquête ?Mais la querelle, même outrancière, résonne fort sur la Toile. Un billet de blog écrit par une enseignante, sur le site de Télérama, a, le 3 janvier, donné aux accusations de « nivellement par le bas » si souvent proférées contre la gauche un semblant de légitimité journalistique :
Et le travail d'enquête du "Monde", que dit-il ?« En 2017, la grammaire est simplifiée voire négociable », l’a-t-elle titré. L’auteure y évoque des « directives orthographiques » effarantes, assurant qu’on accepte désormais des élèves des « accords défaillants » des participes passés à condition qu’ils puissent les justifier.
La récupération est nourrie par le déni des "progressistes" et d'un certain journalisme complaisant.« Mis devant le fait accompli »
Le 7 janvier, Le Parisien a fait du prédicat son dossier de « une » : « La grammaire, c’est fini ? », interroge-t-il sur deux pages. Et d’affirmer que la communauté éducative en « perd son latin ». Sans surprise, les pourfendeurs de l’« égalitarisme », à droite, ont eux aussi donné de la voix : l’équipe de campagne de François Fillon, candidat à l’élection présidentielle, a retweeté, le 4 janvier, le témoignage donné à lire sur le site de Télérama.
Allez comprendre la logique de Mme Youx (qui n'est pas tout à fait une simple enseignante parmi d'autres mais une responsable d'une association dont la responsabilité est importante dans la dégradation de l'enseignement du français). Ainsi donc, pour ne pas "se focaliser sur la terminologie", il faut inventer... une nouvelle terminologie !Reste l’essentiel : ce que disent – ou ce que font – les enseignants de ces changements. Sur ce point, le recul manque. Leurs syndicats n’ont pas encore pris position, à l’exception du Snalc (dit de droite même s’il le récuse) : « Introduire une notion de linguistique universitaire dès le CM1 n’a aucun sens ; on ajoute une couche supplémentaire au mille-feuille terminologique grammatical, s’indigne Jean-Rémi Girard, l’un de ses porte-parole. On peut en craindre une application très hétérogène. »
Sur les forums de discussion entre professeurs, c’est la surprise d’être un peu mis « devant le fait accompli » qui s’exprime ; l’impréparation, le manque de formation et d’accompagnement, l’agacement face à ce « énième changement ». Mais pas seulement : si certains laissent entendre qu’ils ne changeront rien à leurs gestes professionnels, à leurs cours, d’autres accueillent positivement la nouveauté. A l’image de Viviane Youx, présidente de l’Association française des enseignants de français (AFEF), pour qui « enfermer les élèves dans un système normatif, en se focalisant sur la terminologie, des éléments mis bout à bout, ne les aide pas nécessairement à comprendre la langue ».
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- Loys
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Un titre peu amène.
Amusant comme plusieurs contradictions se font jour dans ce soutien inconditionnel de Delphine Guichard à l'importation soudaine de cette notion grammaticale problématique dans les programmes (problématique par exemple parce qu'à deux semaines d'intervalle, et dans le même magazine "Télérama", des universitaires ont contredit l'analyse d'un inspecteur au cours d'une formation sur le simple repérage d'un prédicat...). Les exemples que les élèves de CM1 (qui au demeurant avaient appris le COD en CE2) sont sans doute plus simples !
Delphine Guichard explique que la fonction du verbe (dans "Camille chante") n'est pas d'être verbe mais prédicat. Problème : quelle est dès lors la fonction du verbe… dans "Camille chante une chanson" ? L'exemple délibérément choisi (avec un verbe sans complément) entretient de fait la confusion entre verbe et groupe verbal...
Delphine Guichard explique que le prédicat ne remplace pas le COD "mais le précède". Oui, en effet, le COD est désormais abordé… à partir de la 5e (et encore il n'est pas retenu dans la "terminologie utilisée"). Dans le même paragraphe, il nous est par ailleurs démontré que le COD n'est pas utile. Curieuse défense, en somme...
Le COD ou l'attribut ne sont pas "simples", explique Delphine Guichard (en se défendant de simplifier la grammaire néanmoins) : mais malheureusement il est nécessaire d'appréhender rapidement ces deux notions (désormais englobés de façon indistincte dans le prédicat) pour des raisons de sens (l'attribut complète le sujet, le COD complète le verbe) et d'orthographe (accord avec le sujet ou le COD antéposés). Comment faire comprendre le pronom personnel "le" ou le pronom relatif "que" sans la notion de COD ? Et de fait enseigner ces notions en primaire n'avait jamais semblé incongru depuis un siècle. Sans parler de l'importance de ces notions pour aborder d'autres langues (et pas seulement à déclinaison).
"Le mot prédicat n’est pas plus impressionnant pour les élèves que celui de complément circonstanciel", lequel n'est plus en vigueur dans les programmes de cycle 3 (mais qu'on retrouve dans les programmes de cycle 4 !).
On notera que pour Delphine, il n'y a qu'un sujet et qu'un prédicat dans une phrase. Elle s'extasie de la simplicité (" En deux semaines, c’était solide pour tous")... mais sans en montrer l'utilité.
Edit du 18/01/17 : mon commentaire sur "VousNousIls" a été supprimé à la demande de Delphine Guichard (pour qui je suis un "mufle" faisant preuve de "goujaterie") car j'ai osé indiquer le nom de "Delphine" dans mon commentaire. Delphine Guichard n'a pourtant pas fait mystère de son nom, de son lieu d'exercice, de sa photo ou de son blog "Charivari" dans de nombreuses interviews récentes ou même… sur son blog auquel l'interview renvoie complaisamment. Ce qui donne l'occasion à Caroline Tambareau de crier au scandale de façon assez amusante (cf infra).
La vraie question est de savoir pourquoi Delphine Guichard n'a pas assumé de donner ici son nom. Il est vrai que son discours est assez polémique puisqu'elle compare ceux qui critiquent le manque de clarté de la notion de prédicat à des élèves de CM1 ("Si nos CM1 ont mis 20 minutes à comprendre le prédicat, il me semble que cela ne devrait poser aucun problème à des titulaires du concours d’enseignant, avec un minimum de bonne volonté (ou alors le niveau a vraiment baissé… chez les profs !") ou les accuse de partialité ("L’article que vous citez est très partisan") comme si elle-même n'était pas partisane : elle ne renvoie évidemment pas vers des articles critiques comme ceux qui nous avons pu recenser plus haut dans ce fil. Rappelons que sur son blog Delphine Guichard défend aussi l'orthographe rectifiée , le numérique scolaire , les rythmes scolaires etc.
Delphine Guichard a demandé et obtenu que mon commentaire soit supprimé.
Edit du 19/01/16 : Delphine Guichard publie un nouveau billet sur le sujet, sous son nom, sur le site de "L'Express" : "Le prédicat va apprendre aux élèves à mieux rédiger" .
Allez comprendre...
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Au mieux, il ne sert à rien. Au pire, il complexifie inutilement.
Mais les efforts consentis par certains pour sauver le soldat "prédicat" sont savoureux...
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