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Nouveauté à l'école en 2016 : "le prédicat"
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A noter (à la suite d'un article de "L'Express" par Amandine Hirou) que certains nient encore que le prédicat ait disparu des programmes de primaire :En grammaire, pour ceux qui avaient fait le deuil du complément d'objet indirect, remplacé par le terme barbare de "prédicat", dont on avait tant parlé l'an dernier, qu’ils se rassurent : il n'existe déjà presque plus. Jean-Michel Blanquer veut en finir avec cette "notion inutilement complexe".
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Et : www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/...509921399004496.aspx
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Quelques remarques s'imposent.
Voilà qui est problématique. On prétend distinguer classe grammaticale et fonction, mais de groupes qui ne sont pas les mêmes : tantôt le verbe, tantôt le verbe et ses "compléments" !Sans le prédicat, le verbe désigne à la fois une classe de mot et une fonction. Cet état de fait est clairement porteur de confusion. Désormais le verbe désigne uniquement une classe (au même titre que nom, adjectif, etc.) et prédicat est la fonction - non pas du verbe, comme on l’entend souvent - mais du verbe et de ses éventuels compléments (COD, COI, attribut du sujet et complément adverbial).
Autre problème, plus grave encore : l'attribut du sujet, comme l'indique son nom, n'est pas un complément du verbe. C'est même parce qu'il ne l'est pas que la notion de prédicat est problématique, puisque ne permettant pas de distinguer attribut du sujet et compléments du verbe (et les accords qui en découlent par exemple). Pour M. Wautrelet, il suffit de supprimer l'objection en transformant - tout simplement - la fonction de l'attribut du sujet : il fallait y penser !
Dans les programmes français, le "ensuite" repousse à partir de la 5e ce qui était vu à partir du CE2 jusqu'en 2015 (et ajoutant que le COD n'est même pas retenu dans la terminologie des programmes de collège, dont il devait disparaître dans les premières versions des programmes !).2.2. Créer un marche-pied grammatical
L’étude du prédicat en classe complète une démarche d’analyse jusque-là incomplète. Désormais on décompose la phrase de base en 2 ou 3 parties : sujet-prédicat(+complément de phrase). Ensuite, on peut se lancer dans l’analyse des fonctions au sein de chacune de ces 3 fonctions de base.
Pas de "progressivité" plus pédagogique ici, mais bel et bien un renoncement pédagogique.
C'est assez logique : cette distinction absurde (le mot "phrase" aurait deux sens grammaticaux) est tout sauf pédagogique...1. Le terme “complément de phrase” est à comprendre comme étant le complément de la phrase…de base. Ce que les programmes belges ont par ailleurs bien compris en appelant cette fonction “complément circonstanciel de l’ensemble Gnsujet+GV”. Signalons malgré tout que cette terminologie belge – pourtant intelligente – n’est hélas pas du tout appliquée dans le quotidien des classes.
Les règles mécanistes de suppression-déplacement sont non seulement éloignées de la réflexion par le sens mais de plus elles ne sont pas vraiment fonctionnelles : dans "Il a beaucoup aimé le livre", on ne peut déplacer "beaucoup" mais on peut le supprimer : complément de phrase ou complément circonstanciel ? Autre exemple donné plus haut dans le Bescherelle 1992 : dans "À ses pieds d'énormes vagues viennent se briser", "à ses pieds" fait partie du prédicat mais peut se déplacer et se supprimer...
Curieuse apologie d'une terminologie illogique. En l'occurrence, les "compléments d'objet" ou "attribut du sujet" sont des expressions abstraites mais limpides. Enfin, tant qu'on n'oublie pas que l'attribut du sujet ne complète pas le verbe !2. En grammaire, comme dans d’autres domaines, on a tendance à confondre le mot et la chose ; on veut justifier les terminologies. Tout comme un déterminant ne détermine pas et comme un possessif n’exprime pas forcément un rapport de possession, il faut éviter de justifier aux élèves la terminologie grammaticale. Les termes scolaires, avouons-le, ne vont pas dans ce sens : il aurait été intéressant de créer des néologismes afin de désigner les concepts grammaticaux, cela aurait été beaucoup plus simple!
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Extrait :
Sans parler du fameux « prédicat », que vous avez décidé de supprimer pour revenir aux COD, COI...
Revenons sur le prédicat. C'est une notion qui vient de la logique, cette discipline qui analyse la langue et les raisonnements. Le prédicat, c'est une qualité attribuée à un sujet à l'aide d'une copule (le verbe être). Exemple : le ciel est bleu. Le sujet est « ciel », la copule « est », le prédicat « bleu ». Dès la logique d'Aristote, on a un lien très net entre la logique et la grammaire, jusqu'à la logique de Port-Royal, au XVIIe, où la notion de prédicat est présente.
Cette notion se retrouve dans la linguistique contemporaine, où elle possède plusieurs sens. Ce n'est pas le prédicat qui pose problème, la question est de savoir si une notion aussi complexe et technique a sa place dans une grammaire scolaire. Ni les élèves ni leurs professeurs n'ont à entrer dans ces subtilités linguistiques ; les élèves apprennent la grammaire pour bien écrire, bien parler et bien utiliser la langue. Ce ne sont pas des « observateurs » de la langue, contrairement à ce que laissent croire les programmes actuels. Ce sont des « usagers » de la langue, non des linguistes ! Tout comme les professeurs des écoles ne sont pas des théoriciens de la langue... Nous sommes revenus à une grammaire de phrase « classique » – au sens de ce qui doit s'enseigner dans les classes.
On ose reparler de grammaire – avant, on enseignait « l'observation réfléchie de la langue » –, même de « leçons de grammaire ».
Le prédicat n'était qu'un symptôme, celui de la confusion de la linguistique et de la grammaire. Nous avons souhaité parler simplement de « grammaire » et restituer au mot son sens : la grammaire n'est pas l'observation réfléchie de la langue, mais sa structure même.
Votre prédécesseur, le géographe Michel Lussault, tenait à cette notion de prédicat et n'a jamais cédé malgré la polémique.
Mon prédécesseur estimait qu'il fallait introduire dans l'enseignement ce qui relève de la recherche, des innovations qui, même dans l'enseignement supérieur, ne font pas l'unanimité. Moi, je crois que l'enseignement scolaire doit rester scolaire.
Nous n'avons pas la même conception de la grammaire. Pour mon prédécesseur, la grammaire, c'est quelque chose de négociable. Je ne pense pas que la grammaire soit négociable. La langue, c'est ce qui préexiste aux individus, c'est ce qui les structure. Il faut maîtriser la grammaire pour se sentir libre dans l'usage de la langue. C'est irresponsable de dire aux élèves qu'ils peuvent négocier l'orthographe, la grammaire… Je ne souscris pas à l'idée que l'élève construit ses savoirs.
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Sur son blog du 29/01/20, Delphine Guichard a en effet republié un billet datant du 29/01/17 (recensé plus haut), que le "Café", qui semble avoir la mémoire courte, avait déjà relayé il y a trois ans...
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Puisque le prédicat resurgit, plusieurs observations s'imposent sur ce "rituel de grammaire" proposé par Delphine Guichard :
"Complément de phrase"
Dans le Bescherelle 2018 ou la Grammaire méthodique du français, le complément circonstanciel continue de s'appeler circonstanciel. C'est bien la notion de "circonstance" que ce complément ajoute au fait rapporté : la présentation de Delphine Guichard est, elle, non pas fondée sur le sens (et donc la compréhension) mais purement fonctionnelle ("les groupes facultatifs et mobiles"), comme dans les programmes il est vrai (il en est de même pour le prédicat, présenté comme ce qui reste. et non comme "ce qu'on dit du sujet"). A noter que cette approche mécanique n'est pas même efficace : dans la phrase "Heureux, ils regardaient la mer devant eux", l'adjectif apposé "heureux" est facultatif et mobile mais n'est pas un complément circonstanciel et le complément circonstanciel "devant eux" n'est pas mobile (parce que s'inscrivant dans une prédication seconde).2. Y a-t-il un/des Complément(s) de Phrase ? (CdP) [anciennement Compléments Circonstanciels]. On les identifie en cherchant les groupes facultatifs et mobiles, c’est à dire ceux que l’on peut à la fois déplacer et supprimer.
3. Tout le reste de la phrase, hors Sujet et CdP, c’est le Prédicat.Le premier niveau d’analyse est terminé.
La terminologie "complément de phrase" est bien dans les programmes mais elle est problématique d'un point de vue logique puisqu'elle laisse penser que ce complément n'appartient pas à la phrase (il faudrait parler de complément de phrase minimale) et qu'elle exclut nombre de compléments circonstanciels rattachés non à la phrase mais au verbe (on peut opposer, comme la GMF qui pose le problème p. 266-7, les compléments "circonstants régis" par le verbe et les "circonstants périphériques") : dans les repères terminologiques, les programmes de 2015 présentent indifféremment en cycle 4 ce complément comme "de phrase ou circonstanciel" (p. 245). Les élèves se retrouvent donc avec différentes terminologies possibles, dont l'une, promue donc par Delphine Guichard, n'est retenue par aucune grammaire et n'est pas logique.
"Compléments de verbe"
Delphine Guichard a le mérite de distinguer les compléments de verbe des attributs du sujet (alors que les programmes de 2015 (p. 118) semblent considérer les attributs du sujet comme des compléments de verbe : l'attribut du sujet est bien mentionné à plusieurs reprises par les programmes de 2015 mais pas dans la terminologie grammaticale, uniquement pour l'accord avec le sujet).4. Là (étapes 4 et 5), les élèves disent qu’ils « entrent dans les crochets du Prédicat« .
On commence par se demander si on va, ou non, trouver un Attribut du sujet dans le Prédicat. Pour cela, on se demande si le verbe de la phrase est ou peut être remplacé par le verbe être. Si oui, le Prédicat contiendra seulement le verbe et l’attribut du sujet. Si non…
5. Si non, on cherche le ou les Complément(s) de Verbe, toujours dans les crochets du Prédicat.
On revient donc à un second degré d'analyse : ajouter une étape supplémentaire avec le prédicat n'a guère pas d'intérêt, d'autant que la notion est confuse : Delphine Guichard, faisant la leçon à ses collègues de primaire, considérait ainsi en 2016 ( dans "VousnousIls" ) que le prédicat donne la fonction du verbe dans "Camille chante"... sans indiquer quelle serait dès lors la fonction du verbe dans "Camille chante une chanson" !
Pour le reste, Delphine Guichard refuse toujours, comme les programmes de 2015 (qui ne mentionne le COD p. 241 que pour l'accord antéposé en cycle 4), d'identifier les fonctions traditionnelles (COD, COI, COS), pourtant très utiles en français pour l'accord (COD antéposés, verbes pronominaux avec pronom réfléchi COD ou COI), la compréhension des flexions pronominales (pronom personnel, relatif etc.), la transformation à la voix passive, l'analyse logique etc., mais également utiles pour les autres langues. L'appellation générale "complément du verbe" entre enfin en contradiction avec les compléments circonstants régis par le verbe ("Elle habite à Lyon.") évoqués plus haut.
En réalité, dans les modifications des programmes du 26/07/2018 ] , la terminologie à retenir ne mentionne plus le prédicat ("COD / COI / attribut du sujet / attribut du COD / complément circonstanciel").
Chose amusante, en 2016, Delphine Guichard, toujours à la pointe de l'innovation pédagogique, défendait sur son blog le prédicat en affirmant que son enseignement ne remplacerait pas "celui des compléments de verbe (COD…)" mais le précéderait. On voit ici que les COD et COI ne sont pas identifiés : Delphine Guichard ne voyait de toute façon pas beaucoup de raisons d'identifier le COD et se demandait même "A quoi [sert] d’apprendre aux élèves à ne pas confondre le COD et l’attribut du sujet (qu’ils accordent très bien sans savoir l’étiqueter) ?". Elle a donc changé d'avis depuis, au moins pour l'attribut du sujet.
Conclusion
Au delà de la confusion pour les parents, confrontés à une terminologie nouvelle et, par ailleurs, problématique ("prédicat", "complément de phrase", "complément de verbe"), une étape (intermédiaire) d'analyse sans intérêt se trouve donc ajoutée avec le "prédicat" pendant qu'une étape (finale) d'analyse pertinente est supprimée et remplacée par une étape sans intérêt ("complément de verbe") : peut-on considérer cette présentation de la phrase aux élèves comme un progrès dans l'enseignement de la grammaire et de la langue ? Bien sûr que non.
Épilogue en 2021 : www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/...692731786343376.aspx
Deux autres études très intéressantes concernent la vulgarisation de la grammaire et l'évaluation des écrits sur les sites et forums d'enseignants du premier degré. Plusieurs sites sont épluchés comme forums-enseignants-du-primaire.com, Charivari, la classe de Mallory etc.
Jacques David, qui a travaillé sur la grammaire, montre que les vulgarisations enseignantes peuvent les conduire dans des impasses. "Les postures énonciatives analysées traduisent une première tension entre la pertinence et la relativité de certaines notions, si ce n’est de l’enseignement grammatical dans sa globalité, qu’il s’agisse de ses objets, de ses finalités ou de son intérêt pour les élèves. Les questionnements décrits – fermés ou ouverts – suggèrent une deuxième tension, souvent très personnalisée, entre des prises de position normatives, voire dogmatiques, et d’autres plus dubitatives.
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Avec la publication sous l'égide de la DGESCO d'une Grammaire du français - Terminologie lexicale en 2020, le prédicat semble faire pschitt...
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