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Les pédagogies coopératives (dont "l'enseignement mutuel")
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"Par son organisation et ses méthodes, comme par la formation des maîtres qui y enseignent, le service public de l'éducation favorise la coopération entre élève"
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Extrait :
Voilà qui est clair.Dans ce politiquement correct, il est aussi de bon ton de parler positivement de la coopération, est ce toujours le cas ? La coopération entre individus est-elle toujours désirée ? Y a t-il une coopération qui serait subie ? Il me semble qu’il est utile que nous nous posions cette question parce qu’au – delà de nos expérimentations, de notre enthousiasme technophile brandi en étendard, il y a des réalités sociales qu’il faut prendre en compte, y compris celle qui consiste à refuser la coopération ou la subir.
[...]
Je viens de lire le livre de Christophe Dejours « le travail vivant » Tome 2 « travail et émancipation » (petite bibliothèque Payot). Le chapitre 3 est intitulé » Une autre forme de civilité : la coopération« . L’idée soutenue par l’auteur est qu’il y a « Un pouvoir émancipateur du travail et tenter de l’articuler avec la théorie de la reconnaissance » et que l’on peut définir le travail collectif comme « un travail vivant » qui « repose sur l’intelligence et la mobilisation de l’intelligence » (page 81)
[...]
La coopération se caractérise par deux dimensions selon l’auteur à savoir, la liberté de délibération et la convivialité. Il précise que la coopération « suggère que son ressort fondamental est la liberté de la volonté au niveau de chaque individu, la formation d’une volonté d’agir ou de travailler ensemble au niveau du collectif » (page 89). Il poursuit son argumentation en disannt que : « Si la coopération repose sur la mobilisation libre de la volonté, alors ce qu’il faudra évaluer en priorité, c’est la liberté effective à l’intérieur de l’organisation du travail, d’une part, la façon dont les individus usent de cette liberté d’autre part » (page 89)
Christophe Dejours poursuit son argumentation en disant « mais la thèse selon laquelle la coopération repose en son principe même, sur la liberté de la volonté peut être contestée. La puissance d’une organisation du travail ne se mesure t-elle pas à l’aune de son pouvoir de faire travailler ensemble des individus, quand bien même, ils n’en aurait pas le souhait ? » (page 90)
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Voir aussi de Louise Tourret sur "Slate" du 2/04/17 : "L'école fait fausse route en voulant apprendre la même chose à tout le monde en même temps"
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Pourtant un professeur appliquant la classe mutuelle ou une formatrice en ESPE sont invités. L'émission ne cesse de faire le lien entre le présent et le passé, conformément à sa présentation même : "Une pédagogie très ancienne qui pourrait changer l’école d’aujourd’hui" indique Louise Tourret. Sylvie Jouan parle de "méthodes innovantes", d'"enseignants novateurs", Louise Tourret de "pédagogies alternatives".
L'enseignement simultané ("classique", "traditionnel", "frontal", avec l'enseignant "au centre"), se serait généralisé en raison d'"un complot" (Vincent Faillet à 39'05). L'"enseignement mutuel" critiqué au XIXe siècle parce qu'il serait trop efficace et nécessiterait moins de professeurs. Voilà qui n'est pas sans rappeler les miracles de la pédagogie de Céline Alvarez, évoquée par ailleurs.
Rappel de la formule, "L'élève au centre" en 1989, "formule éminemment subversive" qui aurait dû "induire un changement de paradigme" (Sylvie Jouan). Avec cette pédagogie, "chaque élève est acteur" (Vincent Faillet).
Dans la classe de M. Faillet, on observe des élèves de TS (25') qui se félicitent de la liberté de se déplacer, du "bazar", plus utile qu'un cours "magistral" dans lequel "tout s'échappe de notre tête". LT constate que certains élèves ne font rien ("on peut bouger dans la classe, c'est agréable", "On est en train de rien faire. Là pour le coup, on ne va pas vous mentir, hein ?" ; (goguenard) "On attend que les gens viennent nous demander de l'aide parce qu'on aime aider notre prochain" ; "normalement on est censés faire les exercices mais quand on est fatigués, voilà..."). M. Faillet reconnaît que l'excès de bruit l'a contraint à utiliser un buzzer.
M. Faillet réfute cet échec en indiquant que dans l'enseignement simultané certains élèves ne travaillent pas non plus mais sont invisibles.
Louise Tourret s'étonne que la "manière d'apprendre" ne soit pas dans les réformes récentes, lors même que la réforme du collège veut précisément imposer des pratiques pédagogiques. La "différenciation" pédagogique est au cœur de l'"accompagnement personnalisé", des EPI (voir aussi le travail du CNESCO , évoqué d'ailleurs par LT), de la classe inversée, on peut relire la présentation de la réforme ("mieux apprendre pour mieux réussir" ; "améliorer la façon de transmettre pour les professeurs et d’apprendre pour les élèves" ; "des apprentissages en rapport avec les formes simples et coopératives d’accès aux savoirs") : "On n'a pas forcément besoin d'un professeur pour apprendre" déclarait Florence Robine. Sylvie Jouan, prenant acte de la difficulté des enseignants à changer, reconnaît que "l'institution nous invite à travailler dans ce sens".
La pédagogie coopérative de M. Faillet (une forme de socio-constructivisme) est en réalité, sans lien avec sa forme historique du XIXe siècle, un monitorat qui supposait l'autorité professorale ("un enseignement très strict", "liberté réduite"). On en retrouve certaines formes dans l'enseignement des pays asiatiques.
Résumons : éloge de l'élève au centre, du bruit pédagogique, une pédagogie innovantes et efficace (quoique sans rapport avec "l'enseignement mutuel" du XIXe siècle) mais victime d'un complot...
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Comme dirait Claude Lelièvre : "Quand "la mythification ou mystification d'une "école du passé qui aurait fait ses preuves" pollue la réflexion sur l'avenir."
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