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Eveline Charmeux, le retour
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"en ton nom" plutôt.Ô Egalité, que de sottises sont dites sous ton nom...
Nous pourrions aussi la contester, mais pas pour les mêmes raisons.Reste l’égalité des chances, formule toujours aussi ambiguë...
Déjà, en 2009, sous un très beau titre signé Laurent Carle, Egalité des chances... ou partage des savoirs ?, nous avions contesté cette formule :
www.charmeux.fr/blog/index.php?q=Egalité+des+chances .
Citer un auteur de slam, c'est une façon de rester dans le coup. Sauf qu'en vérité "Grand Corps Malade" ne correspond pas à ce qu'écoutent les jeunes.Ce "concept de ministère", selon la savoureuse formule de Grand Corps Malade...
On fait la leçon au Ministère.... est une de ces poudres aux yeux dont les ministères ont effectivement le secret, tant il est vrai que, pour ce qui est de la rigueur dans l’emploi des mots et des notions qu’ils recouvrent, le travail de l’école est loin d’être au point.
La notion de "chance", dans l'esprit de la plupart des usagers de l'école, exclut surtout la notion de mérite. Comprendre que l'école doit accorder à tous sa chance, quel que soit son niveau, son comportement ou son travail. On voit ainsi en conseil de classe ou en commission d'appel des parents réclamer "une nouvelle chance" pour leur enfant. Par conséquent l'école est conçue généralement comme injuste puisque n'accordant pas cette chance qui est due à tous.Parler de "chances" à l’école, c’est admettre, c’est entériner, l’idée que les enfants ont tous des chances de réussir qu’ils n’ont qu’à saisir — et s’ils ne le font pas, ce ne peut être que de leur faute.
Autre dévoiement : cette notion est associée à la fin de scolarité, comme si tous les élèves devaient se voir accorder la même chance. C'est effectivement ce que fait l'école (en apparence du moins) lorsqu'elle accorde le baccalauréat à 77,5% d'une génération. Ou désormais interdit le redoublement et laisse les enfants choisir leur orientation. La réussite pour tous, tel est le slogan.
Évidemment la notion d'égalité des chances doit en réalité se comprendre en début de scolarité. Les élèves dont le milieu social constitue un handicap pour la réussite scolaire (un manque de chance) doivent pouvoir réussir comme les autres. Il ne s'agit pas que tous réussissent, ce qui n'a aucun sens, sauf dans une société de type soviétique, mais que tous puissent réussir.
Première nouvelle !Comme dit le populaire : "l’école ne peut pas tout !". Certes, elle ne peut pas payer les impôts des parents, ni réconcilier ceux qui se séparent, ni consoler tous les chagrins de ces petits. Mais elle peut — elle doit — faire en sorte que le groupe classe les aide à vivre tout ça.
Et moi qui pensais naïvement que l'école devait élever les élèves...
Oh le bel exemple de relativisme social et culturel !Il ne s’agit pas non plus de "donner plus à ceux qui ont moins", formule qui peut avoir du sens quand il s’agit d’argent, mais qui n’en a aucun quand il s’agit d’apprentissages. Voir ce qui était dit en 2009 :
Si l’on considère que la différence d’environnement familial qui sépare les enfants correspond à des "manques", qu’il suffirait de "combler" en doublant la ration de nourriture, on se trompe complètement sur leur nature. Comme d’innombrables chercheurs, de Baudelot à Charlot, l’ont démontré, elles ne se définissent pas en termes de "plus" ou "moins", mais en termes de contenus.
En partant d'un tel présupposé, qui infuse toutes les nouvelles pédagogies modernes, on s'expose à lutter efficacement contre l'échec scolaire. Voilà qui me rappelle ce propos d'un inspecteur de lettres qui affirmait devant l'équipe de lettres de mon collège que les enfants de Sarcelles n'avaient pas besoin du français académique que nous voulions leur enseigner puisqu'ils avaient "leur français vernaculaire".Les enfants dits "défavorisés", ne savent pas moins de choses que les autres, ils savent des choses autres, autres que celles que l’école attend.
C'est illogique. Puisqu'ils ont leurs propres savoirs, pourquoi se conformer à ceux qu'attend l'école ?La vraie tâche de l’école, c’est d’utiliser ces "savoirs autres", comme points d’appui pour les aider à acquérir en plus ceux que l’école attend.
Donner des "outils pour transformer leurs chances" ou des "chances", c'est quand même à peu près la même chose...En fait, c’est bien un problème de vocabulaire : ce ne sont pas des "chances" que l’école doit donner aux enfants, mais des outils pour qu’ils transforment, eux-mêmes, leurs chances, évidemment inégales socialement, en moyens d’action, par delà ces chances.
Comprendre : Mme Charmeux voudrait bien donner ses "instructions" désastreuses à l'ensemble des enseignants.Ceci est possible si les instructions qui vont être données aux enseignants les invitent de façon explicite — et les aident — à réunir les conditions pour que les enfants apprennent.
L'enfant égal en droit, on y presque depuis "l'enfant au centre du système" en 1989. Avec les résultats que l'on constate. Quant aux sanctions, on aimerait bien savoir pourquoi les élèves, pardon, les enfants, n'en feraient pas l'objet quand ce peut être le cas des enseignants. Mme Charmeux réclame plus que l'égalité, on dirait.Rappelons ces conditions qui devraient être inscrites en clair dans les futurs programmes.
1- D’abord, installer dans la classe un climat de sérénité et de confiance,
* où les enfants, considérés comme des partenaires, différents mais égaux en droit, y compris de l’enseignant, ne sont objets ni de pression, ni de menaces, ni de sanctions ;
C'est logique puisque le travail et le niveau scolaires ne comptent plus. La seule chose qui reste, c'est le "vivre ensemble", déjà bien implanté dans nos écoles.* où seules les "fautes" du vivre ensemble, les fautes morales, peuvent être objets de sanctions — encore à conditkion qu’elles aient été dûment évoquées et précisées dans la charte de vie en classe, réactualisée ensemble lors de la première régulation de l’année ;
Faire cours, quelle vieille idée désuète. Nous sommes à l'ère du management et du pilotage !* où les apprentissages, chose difficile et reconnue comme telle, sont construits en équipes solidaires, soutenues par l’enseignant, dont la tâche est de préparer, organiser, gérer, diriger, conseiller, manager, accompagner, entrainer, piloter les travaux des élèves pendant la classe (L. Carle) et non de faire des cours ;
Quel sympathique "objet de partage" en classe que le "vécu familial" pour ceux pour qui il est affreux.* où le vécu familial de chaque enfant n’est jamais jugé, ni interprété comme une explication de ses difficultés scolaires, mais autant que possible valorisé en classe, et objet de partage, à égalité avec tous les autres...
Le vécu familial ne peut que faire l'objet d'une valorisation, bien sûr. Quel qu'il soit.
Par exemple, le constat que les parents expliquent autrement l’enseignant pour faire les exercices....
Une réflexion épistémologique à la portée du première élève de primaire en difficulté venu !... au lieu d’être considéré comme une source de difficultés pour les élèves (et d’embarras pour le maître), devrait devenir un objet de réflexion collective (et d’apprentissage) sur la diversité des stratégies, leurs présupposés, l’histoire des méthodes et les raisons de ces différences....
Quelle bonne idée que d'"installer une clarté cognitive" !2- Installer aussi une véritable clarté cognitive dans tout le travail scolaire...
Oui, c'est déjà fait, ça s'appelle l'enseignement interdisciplinaire et décloisonné. Une réussite ! Mais la clarté cognitive n'a pas été portée assez loin, sans doute.....faire en sorte que tout ce qui s’y passe soit toujours mis en relation avec ce qu’il y a à apprendre et pourquoi c’est à apprendre.
Car il n'y a pas de bonne et de mauvaise réponse, qu'on se le dise.Cesser de faire croire aux enfants, en confondant l’école avec les jeux télévisés, que savoir serait pouvoir donner la "bonne" réponse.
Sans blague ! Quelle puissance de la réflexion chez Eveline Charmeux !En classe ce qui compte n’est pas d’avoir appuyé le premier sur le bouton prévu à cet usage, mais de savoir justifier la réponse : c’est la justification qui importe et non la récitation de la règle.
Notez le "peut".Apprendre, c’est avoir compris. La mémoire peut nourrir l’intelligence (elle n’est pas seule à le faire), mais c’est cette dernière qui doit travailler.
C'est le crédo de Mme Charmeux : l'importance de la culture documentaire. Les ouvrages documentaires ont fait leur entrée dans les programmes de collège depuis 1995...3- Installer enfin, et pour chaque enfant, une maîtrise de l’utilisation des savoirs acquis, en invitant les élèves à travailler constamment sur documentation, afin de rendre les savoirs disponibles en permanence :
Ne plus dire qu'un enfant ne sait pas : il sait mais l'ignore !c’est en relisant mille fois la documentation qu’on retient. C’est la documentation qui nourrit la mémoire. On sait depuis fort longtemps que les enfants échouent, non par manque de savoirs, mais par incapacité à se servir de ceux qu’ils ont et souvent par ignorance qu’ils les ont.
C'est bien fumeux... Relisons bien : il n'y a pas de réussite ou d'échec que collectif.A partir du moment où, dans les trois domaines de la construction des apprentissages, l’affectif, le cognitif et l’opératoire, les conditions nécessaires sont remplies ; où les élèves sont reconnus en tant que personnes et respectés en tant qu’individus, mais sans que la responsabilité des réussites comme des échecs ne soit individualisée — c’est le groupe qui doit l’assumer (1) —, alors l’espoir de réussite pourra être à portée de chacun.
Mme Charmeux voudrait tellement réécrire les programmes !Mais cela ne sera possible que si cela est dit officiellement dans les textes du même nom.
C'est vrai que quelqu'un qui "mérite" sa réussite devrait avoir honte. La réussite doit s'obtenir sans mérite.Oui, Laurent Carle avait bien raison en 2009 : Il ne s’agit pas d’ « égaliser les chances » dans une école élitiste, comme si les derniers pouvaient, dans une compétition individuelle, gagner, tous ensemble, quelques rangs et laisser en queue de course un vide définitif que personne ne viendrait remplir. Il s’agit de réaliser la mission que Jules Ferry avait confiée à l’école publique et dont les pauvres, éternels perdants, manquent cruellement : partager les savoirs en donnant à manger à tous et non aux « méritants ».
Eh oui : un enfant qui copie sur son voisin, c'est un enfant qui partage ! Voir cet autre article inspiré d'Eveline Charmeux : www.laviemoderne.net/veille/les-ticiens/...ui-la-faute-educavoxEt il ajoutait : Le partage, c’est la fraternité à l’école, ce pilier de la république ignoré par les adultes, inconnu, parfois puni, à l’école.
Car bien sûr les enfants sont spontanément fraternels entre eux. L'observation d'une cour de récréation permet de s'en convaincre.Que les enfants partagent les savoirs... La fraternité à l’école... Des formules qu’on rêve de voir devenir un peu moins inconnues aujourd’hui...
En tout cas Eveline Charmeux aura fait tout ce qu'elle peut pour cela.C’est pourtant possible puisqu’on réécrit les texte officiels : les espoirs ne sont-ils pas permis ?
Quel bel idéal collectiviste ! Mais malheureusement la vie n'est pas un roman...(1) La devise de la classe devrait être celle des Trois Mousquetaires : "Tous pour un et un pour tous". On pourrait en profiter pour y réfléchir lors de la "leçon de morale civique", et même — soyons fous ! — lire le roman...
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Mais, une fois n'est pas coutume, il faut savoir gré au ministère d'avoir en 2012 remis la dictée et l'enseignement de l'orthographe au cœur de l'enseignement primaire. Voici le lien : Enseignement de l'orthographe à l'école .
Un petit extrait :
circulaire n° 2012-067 du 27-4-2012 écrit: Renforcer l'enseignement de l'orthographe est un enjeu majeur pour la réussite des élèves tant sa maîtrise a un impact significatif sur la maîtrise de la langue française dans toutes ses dimensions, notamment la compréhension des écrits et l'identification des mots. L'enseignement de l'orthographe permet donc d'améliorer les compétences en écriture comme en lecture, en vocabulaire comme en grammaire. [...]
Les différentes formes de la dictée ont ici toute leur place, de la dictée de mots ou de phrase préparée, à la dictée visant un contrôle des connaissances, en passant par les différentes formes de dictées d'apprentissage.
Des séances courtes et régulières sont quotidiennement réservées à un travail de mémorisation des mots ; d'autres séances plus longues permettent aux élèves d'observer les régularités orthographiques et d'apprendre les règles qui les régissent, en même temps que les exceptions les plus courantes.
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Etudier le langage SMS, les tweets, et les "messages d'intimité téléphonique" en classe, voilà ce qui manquait à l'instruction de mes enfants! Reste juste à publier, si j'ai bien compris, le "dictionnaire et le dictionnaire des verbes" adaptés qu'il conviendra d'avoir à portée de main pour produire un "écrit en situation de communication effective"...
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Si le rédacteur de cet interview s'était attaché au sens du texte, jamais il n'aurait fait la faute grotesque ci-dessus. Eveline Charmeux a raison de dire que le sens guide l'orthographe. C'est d'ailleurs pour cela que l'enseignant, avant de faire une dictée, la lit une fois in extenso. L'élève construit le sens, qui guidera ensuite sa construction de l'orthographe.Pour le fonctionnement de la langue, vous proposez de travailler sur des textes connus par les élèves. En maternelle, notamment se pose le problème du choix des textes à proposer.
Eveline Charmeux : Mais non ! Ce n’est pas un problème... Qu’il s’agisse d’orthographe ou de grammaire ou de tout autre point du fonctionnement de la langue, c’est toujours sur les textes qu’on a lus auparavant qu’on doit travailler : il faut que l’on ait construit le sens du texte pour pouvoir étudier comment les composantes de ce texte nous ont permis de comprendre ce que nous avons compris.
Même si on n’a fait le contraire depuis toujours [..] (ce n’est pas la seule erreur de l’école dont nous attendons le changement !), [..]
Là où Eveline Charmeux a tort, à mes yeux, c'est dans son ambition : si on veut que nos enfants soient des natifs de la langue écrite, avec tous les avantages que cela comporte (rapidité de rédaction et rapidité de lecture) notre ambition n'est pas qu'ils sachent l'orthographe sur les béquilles du Bescherelle et du Robert.
Une petite référence scientifique pour appuyer cette assertion hasardeuse ?La partie que vous consacrez aux usages de la dictée en classe (sous différentes formes) ne risque t-elle pas de déstabiliser certains enseignants dans leur pratique de classe ?
Eveline Charmeux : J’y compte bien ! Il faut absolument qu’ils comprennent à quel point, c’est une pratique non seulement inutile pour l’orthographe, mais infiniment dangereuse pour sa compréhension et sa maîtrise...
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Je préférerais un passage de la Bible, au moins on saurait à quoi s'en tenir en fonction de ses croyances.archeboc écrit: Une petite référence scientifique pour appuyer cette assertion hasardeuse ?
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