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Enseigner les lettres avec les réseaux sociaux
- Loys
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A lire sur le "Café Pédagogique" cet article du 02/04/13 au titre inspiré : "Des lycéens poètes aux semelles de tweet" .
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- Loys
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Toute la créativité innovifiante est déjà dans ce titre inspiré.Des lycéens poètes aux semelles de tweet
C'est sans doute pour cette noble raison qu'il a écrit une "Ode à Staline" en 1950.Selon Paul Eluard, « le poème est le plus court chemin d’un homme à un homme »...
Comme c'est inventif et créatif de mettre un i- devant un mot pour lui donner une vivante modernité......en témoigne peut-être le projet « i-poèmes »...
"Faire de twitter un réseau social", c'est effectivement une bonne idée....travail d'écriture poétique, collaborative et numérique. Réalisé conjointement par les premières L du lycée de l’Iroise à Brest et des lycéens italiens apprenant le français au Liceo Cecioni à Livourne, il montre comment faire de Twitter un réseau à la fois social, créatif et pédagogique.
Car c'est vrai que la poésie sans Twitter, c'est dépourvu de sens.De manière plus générale, il articule des activités variées (analyse de l’image, lectures, écritures, travail de la langue, pratique réfléchie de la poésie …) pour donner aussi du sens à l’école.
En toute simplicité. C'est fou comme un simple réseau commersocial peut transfigurer le monde !La littérature cesse ici d’être un objet purement scolaire et théorique pour devenir, avec le support du numérique, invitation au voyage...
"joliment" ? On n'est jamais mieux servi que par soi-même....nourri de Christine Jeanney, auteure contemporaine, et d’Arthur Rimbaud, le « poète aux semelles de vent », chaque lycéen est joliment convié à partir à la découverte de l'autre et de soi, par les mots et par les images.
Car bien sûr commenter, c'est retirer du sens.Préambules
Le parcours pédagogique proposé croise deux objets d’étude au programme du français en première L (« écriture poétique et quête du sens », « les réécritures »). Les lycéens brestois l’ont mené dans le cadre d’une séquence plus précisément consacrée au poème en prose. Les lycéens italiens y ont développé par la pratique créative du français des compétences tout à la fois culturelles et linguistiques.
Le projet trouve sa source d’inspiration dans le travail mené par Christine Jeanney, auteure numérique contemporaine. Sur son blog ou dans ses recueils, à travers ses « todolistes » ou ses « photofictions », elle instaure d’insolites, fulgurants ou bouleversants échanges entre des images, que lui adressent ses amis, et des textes, qu’elle écrit au quotidien. La « todoliste » est ainsi par elle définie : « liste de 4 choses à faire/dire/penser sur photo offerte au rythme d'une par jour pendant 365 jours ». Le projet i-poèmes s’ouvre d’ailleurs sur la lecture en classe, oralisée, d’extraits de son œuvre numérique « Quand les passants font marche arrière ça rembobine ». Lecture non commentée par le professeur : il s’agit non pas d’enfermer (en donnant du sens, en guidant à l’extrême)...
Le mot "stimulation" me fait penser aux expérimentations animales....mais bien d’ouvrir (les images et les textes qui s’entrelacent ou s’entrechoquent, la langue de Christine Jeanney par sa radicalité même, voilà qui suffit à produire un effet de sidération et de stimulation).
La collision entre photo et texte est à la mesure de celle qui se joue entre auteur et lecteurs lycéens...
Un adepte de l'enseignement par compétences, tellement rimbaldien il est vrai....ceux-ci, espère-t-on, se souviendront de l’effet produit par cette rencontre lorsqu’ils transformeront leur lecture augurale en écriture personnelle.
Le projet peut alors être lancé. La mission, « tâche complexe », délicieusement complexe...
Comment un travail collectif peut-il s'inspirer d'une démarche foncièrement singulière et individuelle ?...est confiée aux élèves : à l’instar de Christine Jeanney, en collaboration avec les lycéens partenaires de l’échange eTwinning, vivre une expérience partagée du monde, par les images et par les mots. Différentes étapes vont permettre de mener cette mission à bien, tout en développant à chaque fois des compétences particulières.
Effectivement, c'est pas compliqué...Photographier
Il s’agit dans un premier temps, tout simplement (?), de photographier...
Quelle démarche innovante ! Notez les contraintes sévères de l'exercice....chaque élève doit prendre une photo de son environnement pour faire découvrir aux correspondants de l’autre pays une image originale de sa ville ou région.
Bref, les élèves ne se sont pas foulés.Lancée avant les vacances de Noël, cette étape apparaît d’ailleurs a posteriori comme l’aspect perfectible du projet, tant « l’originalité » des photos s’est avérée inégale : idéalement, autrement dit « si c’était à refaire », il conviendrait de l’accompagner d’une séance de réflexion autour de la photographie et d’un atelier de travail mobile dans la ville, chacun équipé d’un appareil photo, d’une tablette, de son smartphone …
Enfin, surtout appuie sur le déclencheur de son iPhone.Cet accompagnement aurait sans doute permis de faire comprendre combien l’essentiel se joue dans le regard de celui qui photographie, construit le réel, isole, découpe, montre …
On est plutôt ici dans le compte-rendu de ce qui aurait dû être...Il aurait sans doute aussi permis de combattre la tendance naturelle à la photo carte postale, avec ce que cela implique de cliché : la nature (mer, ciel, soleil…) plutôt que la ville, le plan général plutôt que le plan rapproché, l’infiniment grand plutôt que l’infiniment petit, le grandiose plutôt que le modeste, le lieu commun (dont le modèle est le coucher de soleil, qui se couche partout) plutôt que la singularité du lieu… Un mail adressé pendant les vacances à tous les participants aura permis à certains de réfréner cette tentation et de rectifier le tir.
Ça aussi, c'est compliqué. Résumons : un clic pour une photo, un clic pour un envoi sur Twitter. Le travail poétique est saisissant.Publier
Les élèves sont invités à publier ces images personnelles sur le réseau social Twitter : la consigne est de tweeter au moins une photo en utilisant la balise #imivoix et en précisant le lieu.
Il faut vraiment que je crée un smiley pour ce genre d'élucubrations...Le réseau Twitter s’avère ici un outil idéal. Un outil très pratique : tous les élèves y ont créé un compte et peuvent dès lors aisément voir et récupérer les photos publiées par les uns et les autres. Un outil stimulant : l’arrivage progressif des photos tout au long des vacances a contribué à la dynamique du projet, en produisant surprises, plaisirs, émulation. Un outil adapté à l’esprit même du projet i-poèmes, fondé entre autres sur l’instantané (comme instrument de fulgurance poétique) et le partage (écrire en réseau pour élargir la vue).
Trop fort, la découverte de la situation de communication en Terminale.Un outil susceptible enfin de favoriser une prise de conscience chez l’élève. Les photos que je mets en ligne ont un destinataire que je ne connais pas forcément...
C'est sûr qu'une timeline, c'est une putain d'"aventure humaine"....dès lors, qu’est-ce que je dis de moi à travers les images que je publie ? Je peux aller sur un réseau social non pas forcément pour retrouver mes semblables, mais aussi pour découvrir des gens, des lieux, des aventures humaines qui me sont inconnus...
Grave question....dès lors, comment puis-je utiliser internet pour déplacer mon regard, pour aller vers l’altérité ?
Bref, choisir mais en respectant des contraintes bien scolaires. Au passage, on peut se demander l'intérêt de Twitter s'il existe un forum...Regarder
Au retour des vacances, il est demandé à chaque élève de parcourir l’ensemble des tweets comprenant la balise #imivoix et de choisir une photo susceptible d’inspirer l’écriture, de préférence une image qui a été envoyée par un lycéen de l’autre pays et qui n’a pas été encore sélectionnée par quelqu’un (un forum est mis en place sur l’ENT Moodle du lycée pour faciliter la répartition).
La classe, c'est le lieu parfait pour l'exposition de l'intime.Une séance en salle multimédia est alors consacrée à une nouvelle étape de travail : regarder.Il s’agit pour chacun de s’approprier l’image retenue par la rédaction d’un texte descriptif double : une description objective pour nommer tous les éléments perçus sur la photo et en identifier les caractéristiques iconographiques (couleurs, effets d’ombre ou de lumière, cadrage, jeux sur les lignes, les formes, les plans …) ; une description subjective pour expliquer les effets produits par la photo (sentiments ? sensations ? impressions ? connotations ? rêves ? souvenirs ? réflexions ?...).
Ah... La magie des photos publiées sur Twitter.L’épisode est apparu particulièrement intéressant tant la dynamique du projet semble avoir créé chez chacun comme un désir de voir et par là-même une volonté de développer sa capacité à regarder. Les textes produis se sont avérés bien plus élaborés que prévu, au point que les élèves ont pris l’initiative de publier immédiatement leurs textes sur le blog du projet : on sent dans leurs « descriptions objectives » une vraie volonté d’exhaustivité et de précision, une attention aussi, en train de se construire, au langage de l’image ; on perçoit dans leurs « descriptions subjectives » un étonnant désir d’entrer en dialogue intime avec l’image, de trouver les mots pour dire en quoi et à quoi elle fait écho en soi.
Mais non, voyons.On regrette parfois que la génération des « digital natives » soit celle du zapping, de la concentration flottante, de la lecture buissonnière, superficielle et éphémère. Peut-être.
En utilisant Twitter en classe, on lutte contre tout ça.
Avec Twitter, c'est l'outil idéal effectivement.Ne faudrait-il pas alors que l’école mette en place des dispositifs pédagogiques qui éduquent l’attention, qui enseignent le plaisir de l’image arrêtée, qui apprennent à fixer le regard et l’esprit ? Ne faudrait-il pas alors convenir que, contrairement aux idées reçues, le numérique peut largement y contribuer ?....
Rimbaud a lui-même été inspiré par une photos publiée sur Twitter qu'il a choisie dans une liste en toute spontanéité.Lire
Une séance ultérieure permet de mener un atelier d’écriture, qui s’ouvre par la lecture du poème d’Arthur Rimbaud « Enfance (III) », extrait de son recueil « Illuminations ».
Et l'auto-publication sur le Net, c'est la consécration !Les impressions des élèves sont collectivement rassemblées : le poème, constatent-ils, est construit sur l’anaphore de « il y a » ; cette tournure donne l’impression d’un inventaire de choses vues (lors d’une promenade dans un bois ?), d’une description de la réalité ; or les éléments décrits paraissent irréels, relevant plutôt de l’hallucination (en témoigne l’écriture, fragmentaire et percutante), du rêve (en attestent les contradictions et invraisemblances), du souvenir (comme semblent l’indiquer le titre et certains détails) ; ce jeu sur la présence-absence est relié par les élèves aux connaissances qu’ils ont acquises sur Rimbaud, notamment sa théorie de la voyance poétique dont le poème semble un bel exercice (arriver par les mots à l’inconnu dont on est affamé, saisir l’inaccessible, même fugitivement puisqu’on est finalement, tristement, chassé de ce bois enchanté). Il faut noter que ce commentaire s’improvise de façon collective et rapide : en 10 minutes, avec la participation d’à peu près tous les élèves. Une étude de texte semble chose facile quand il y a une motivation, en l’occurrence ici le lien lire-écrire-publier : je lis avec intérêt parce que cela va me donner à écrire et que ce texte écrit va être diffusé sur le net.
Bref, une écriture d'invention sur le mode catalogue comme on peut en faire dès l'école primaire.Ecrire
On enchaîne avec le travail de rédaction qui doit permettre de transformer les textes descriptifs initiaux en textes poétiques à part entière. La consigne est ainsi formulée : « vous écrirez un poème en prose inspiré de la photographie que vous avez choisie et du poème de Rimbaud. » Le sujet est analysé collectivement. Les réactions, les questions, les réponses données par les uns les autres, permettent de s’accorder sur les attentes suivantes : le poème devra prendre appui sur des détails précis de l’image (d’ailleurs, convient-on, plus il témoignera d’un regard aiguisé sur la photo, meilleur il sera) ; comme chez Rimbaud, le texte sera construit sur une anaphore de « il y a », mais on admet que l’anaphore puisse subir des variations « il y a » / « il y a eu » / « il y aura » (modulations qui conduisent à habiter à la fois le présent, le passé et le futur, à explorer à la fois le réel, la mémoire et l’imaginaire) ;
Tu m'étonnes : avec ses semelles de vent, Rimbaud c'est quand même une pointure....le texte devra présenter une écriture poétique (les caractéristiques du genre, dont certaines ont été vues en cours, sont rappelées, elles vont pouvoir, par la mise en pratique, être mieux assimilées et encore enrichies) ; le poème en prose doit être « inspiré de », mais il ne s’agit pas d’un pastiche à proprement parler (on peut, mais on ne doit pas forcément reprendre certains mots ou certaines structures du poème de Rimbaud ; on peut même, souhaitent certains, s’en éloigner pour affirmer sa singularité). Ce temps de négociation est précieux : beaucoup d’élèves y trouvent une feuille de route utile, formatrice, rassurante ; tous s’approprient d’autant mieux la mission qu’ils ont conscience de participer à une tâche collective particulièrement ambitieuse.
L'unité poétique est génialement éclatée sur la timeline.Publier
Le poème est d’abord publié au fur et à mesure de son écriture sur le réseau Twitter : chaque fragment, chaque « il y a », y est diffusé séparément, avec la balise #ipoème et avec la photo jointe.
Ah... la fulguration est un art qui se travaille.Ce dispositif, par lequel Twitter devient espace d’écriture poétique et vivant atelier scolaire, est apparu particulièrement intéressant pour tous les élèves qui ont eu le temps, la possibilité, le plaisir de l’utiliser ainsi. La contrainte des 140 caractères en fait le lieu idéal pour travailler l’art de la concision et de la fulguration.
140 caractères, c'est surtout pratique pour faire court.
C'est vrai que travailler encore l'orthographe en Terminale littéraire, c'est tout à fait normal.En ce sens, Twitter est un espace particulièrement adapté pour travailler la langue : l’orthographe d’abord (il convient de ne pas être ridicule, surtout quand on est susceptible d’être lu par des élèves étrangers …)...
En 140 caractères, la syntaxe va décoller....le vocabulaire aussi (on prend le temps de choisir le mot juste, le mot qui aura le plus fort pouvoir de suggestion ou de musicalité), la syntaxe surtout...
Son "écran-écrin" ?(le tweet est par nature célébration de la phrase, son écran-écrin, comme une invitation à isoler et ciseler).
Quant à cette définition du tweet (" par nature célébration de la phrase"), elle semble bêtement oublier que l'immense majorité des tweets ne sont pas rédigés sous forme de phrases.
Et la publicité.Twitter se révèle encore un lieu parfait pour la poésie...
C'est totalement faux... La poésie peut être brièveté comem elle peut être longueur. Il est vrai qu'aujourd'hui l'école la restreint à ses formes brèves parce qu'il faut bien s'adapter à des élèves qui ne lisent plus, grâce à nos merveilleux "écrans-écrins"......si la prose est étymologiquement comme on le sait « ce qui va en ligne droite », si elle est par nature linéaire, continue, ouverte, c’est bien que la poésie est un exercice de la langue qui goûte la brièveté...
Il fallait oser !...la discontinuité, la clôture ; il y alors comme une poétique du tweet, comme il en est une de l’alexandrin...
C'est vrai que la démarche et son commentaires sont particulièrement illuminés.... et les élèves ont joliment saisi son invitation à « fixer des vertiges », remarquablement exploité sa capacité d’« illumination ».
"gratification" renvoie aussi à l'expérimentation animale.Twitter offre enfin des interactions professeur-élèves très intéressantes. La fonction « retweeter » permet d’un simple clic à l’enseignant ou aux autres personnes connectées d’exprimer une appréciation positive : elle est ressentie comme une gratification parfois immédiate et toujours très valorisante puisque le tweet est diffusé à de nombreux abonnés.
C'est fou tout ce que Twitter a inventé avec cette simple fonction "répondre"...La fonction « répondre » permet, quant à elle, de rédiger des observations précises pour souligner la qualité particulière d’une phrase ou d’une image, aider l’élève à s’approprier une figure de rhétorique qu’il a utilisée plus ou moins consciemment, envoyer un hyperlien, par exemple vers un autre poème, que l’élève suivra pour élargir sa culture, proposer une correction orthographique ou une amélioration stylistique...
A part l'hyperlien, je ne vois pas lesquelles......des possibilités bien plus diverses que ce qu’on peut être amené à écrire dans la marge d’une copie...
Ce qui n'arrive jamais autrement....et qui donne à l’enseignant lui-même la satisfaction de se savoir lu (les élèves parfois remercient et, le plus souvent, ô miracle, tiennent compte des remarques pour se corriger !).
Mais c'est dramatique : on perd toute la poésie offerte par Twitter !Rassembler
Le poème dans son intégralité est finalement publié par chaque élève sur le blog du projet i-voix...
Une lecture par des élèves qui apprennent la langue, c'est une bonne façon de "valoriser" un texte, effectivement. La recherche de valorisation est permanente, comme on peut le voir, dans cette démarche. Il faut dire que l'enjeu est immense : comment donner de la valeur à du rien ?...les lycéens italiens en enregistrent une lecture à voix haute pour parfaire leur maîtrise du français oral, une anthologie numérique vient rassembler les textes produits pour mieux les exposer, pour les valoriser encore davantage et permettre à chacun de prendre aisément connaissance de la diversité des propositions poétiques.
La précaution s'impose, après le délire ci-dessus.Si on prend le temps de parcourir ce recueil, on sera étonné par la qualité générale des productions. Bien évidemment, il n’y a pas ici de prétention artistique démesurée...
C'est tout de suite moins fulgurant....il s’agit de créations pédagogiques et non d’œuvres littéraires à part entière.
Le "souci de littérarité", voilà qui semble bien loin de l'intention poétique ou de la fulguration rimbaldienne.Cependant on sera sensible au bonheur manifeste de la créativité : chez beaucoup d’élèves, il y a de vraies fulgurances ; chez tous, il y a un réel souci de littérarité.
Elle était froide ?En l’occurrence, le passage du texte descriptif au texte poétique aura conduit chacun à se demander ce qui fait la spécificité d’un usage littéraire de la langue, à s’approprier un peu, à sa façon et de l’intérieur, ce qu’est la littérature. On appréciera aussi la singularité plus ou moins marquée des poèmes : les élèves italiens se sont évidemment inspirés davantage de la structure syntaxique d’« Enfance » pour composer de jolis pastiches, se baigner dans la mer du poème...
Tellement accessible pour des élèves étrangers !...et dans la langue de Molière devenue celle de Rimbaud ;
Voilà, c'est dit.... les lycéens français se sont davantage risqués à l’aventure verbale par des effets de rupture et de clôture, ils ont davantage osé se différencier du modèle, parfois jusque dans la mise en page. On goûtera enfin la façon dont ils se sont emparés tout à la fois de la démarche de Christine Jeanney, de la photo du correspondant et du texte de Rimbaud pour les faire résonner en eux-mêmes et les confronter à leur propre perception du monde : faire ainsi l’expérience de la poésie, c’est inviter l’imaginaire et la mémoire à se frotter au réel, c’est favoriser par la lecture-écriture une prise de conscience de soi et de l’autre, c’est lancer par la publication un processus d’« autorisation », tout à la fois faire accéder l’élève à la dignité d’auteur...
Encore un bel exemple de péda-démagogie.
Tout ça, dans un cours de Terminale....et lui donner le pouvoir de s’emparer du monde par les mots.
Cet aspect de la démarche m'a quelque peu échappé.Perspectives
Le projet i-poèmes, on l’a vu, développe via le numérique en général, via Twitter en particulier, des compétences diverses. Certaines sont propres au français, en particulier celles de lecture, d’écriture, d’analyse de l’image, de langue. D’autres relèvent davantage de l’« éducation aux médias » : notamment prendre conscience du fait qu’il y a un destinataire, connu ou inconnu, à tout ce qu’on publie sur la toile, d’où comprendre la nécessité de faire attention aux photos qu’on y diffuse et aux mots qu’on y utilise.
Voilà qui est génial. Mais le désir de bien faire n'est-il pas consubstantiel de la peur de mal faire ?La démarche éducative ici employée se veut d’ailleurs résolument positive : il s’agit moins d’alerter sur les dangers que de souligner les potentialités, il s’agit de susciter le désir de bien faire plutôt que la peur de mal faire.
Rien que ça !Enfin, le projet interroge nos pratiques dans leur dimension « humaniste », au sens même où l’envisage le programme de littérature en première L : comment, au 21ème siècle comme au 16ème siècle, dans la civilisation de l’écran comme dans celle du livre, contribuer à construire un « espace culturel européen » ?
A noter le politiquement correct, avec cette petite touche finale d'européanisme (en oubliant lse serveurs américains de Twitter). Rimbaud aurait été un fervent pro-européen.
Certainement pas en classe......si internet en général, les réseaux sociaux en particulier, constituent pour les « digital natives » le lieu d’une expérience partagée du monde, comment la littérature peut-elle y trouver sa juste place ?
Ce genre d'activités, visiblement. Hors Twitter, point de salut....si le poème, comme le soutient Serge Martin, doit être envisagé comme « relation » plutôt que comme objet, quelles activités mettre en place à l’école pour qu’en lui l’élève se constitue comme sujet, sujet de sa langue, sujet de sa construction du monde ?
Cette jolie définition peut malheureusement s'appliquer aussi au consumérisme numérique auquel Twitter et bien d'autres aspirent à nous asservir.A travers ce projet, les jeunes « poètes aux semelles de tweets » nous tracent de fort beaux chemins. Ils nous rappellent que la magie commune de la poésie et de la pédagogie, c’est peut-être de faire advenir ce qui n’est pas encore et ne demande qu’à être, de prendre au mot la belle formule d’André Breton : « Il y aura une fois ».
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Loys écrit:
Elle était froide ?se baigner dans la mer du poème...
La métaphore est effectivement froide comme une vieille limande. Je pense qu'il faut y voir plutôt un clin d'oeil au Bateau ivre :
Et dès lors je me suis baigné dans le poème
De la mer, infusé d'astres et latescent
Le clin d'oeil est appuyé dans la phrase suivante par une référence explicite à Rimbaud.
Désolé, Loys, je n'ai pas lu tout ton commentaire, sûrement très bon, mais sur un matériau de départ trop long et fastidieux pour le mériter.
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- Loys
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Des semelles du poète, la démarche pédago-numériste n'a guère gardé que le vent...archeboc écrit: Le clin d'oeil est appuyé dans la phrase suivante par une référence explicite à Rimbaud.
C'est pourtant d'anthologie... dans son genre.Désolé, Loys, je n'ai pas lu tout ton commentaire, sûrement très bon, mais sur un matériau de départ trop long et fastidieux pour le mériter.
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- Loys
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Bien retenir ce titre.Tweeter pour réviser le bac français
On a déjà les résultats du Bac à Mantes-la-jolie ?Au lycée Saint-Exupéry de Mantes-la-Jolie, une enseignante en lettres utilise le réseau social pour ses ateliers d'écriture. Et ça marche !
Quel étonnant renversement qui fait s'extasier la journaliste du "Point" !Alexandra pianote sur son smartphone, Raïssa scrute l'écran d'un iPad... Et la professeur n'y trouve rien à redire !
Parce qu'utiliser un réseau commersocial, en soi c'est innovant ?Nous sommes dans la classe de première L1 du lycée Saint-Exupéry de Mantes-la-Jolie. Dans deux semaines, les élèves passeront les écrits du bac de français, et cela ne semble pas les angoisser. Il faut dire que Delphine Regnard, leur prof de Lettres classiques, a trouvé un moyen plutôt ludique de les faire réviser. Cette férue de numérique, toujours à l'affût de pédagogies innovantes...
Un "enseignant innovant" et qui le fait savoir !...utilise le réseau Twitter depuis trois ans dans ses classes. L'an dernier, c'était en cours de latin ; cette année, en français, pour les premières littéraires.
Et sans Twitter, c'est impossible.Au début, les lycéens étaient un peu réticents. "On est là pour passer le bac, Madame, pas pour s'amuser !" lui rétorquaient-ils. Aujourd'hui, c'est avec un brin de nostalgie qu'ils abordent leur dernière séance de "twittérature". "L'idée, c'est de ne pas faire que bachoter, mais aussi de faire vivre le cours", explique la prof.
Composer quatre alexandrins ? Voilà qui ressemble plutôt à un exercice de sixième...Exercice du jour : en s'inspirant des oeuvres et des personnages étudiés tout au long de l'année, écrire quatre alexandrins à la manière de Baudelaire dans Les aveugles.
Et en quoi est-ce innovant ?
..."Contemple-les, mon âme ; ils sont vraiment affreux !" Un poème choisi par Delphine Regnard comme un clin d'oeil à ses élèves, ces "affreux"... qu'elle adore.
Un compte twitter, un vidéoprojecteur, voilà qui change tout ! C'est mieux que d'écrire à la craie ou même de lire ses propres vers à la classe..."Oh, c'est dur !" se plaint l'une d'entre elles. La prof met à disposition des livres (Le père Goriot de Balzac ; Fin de partie de Beckett ; Exercices de style de Queneau...). "Vous pouvez piquer aussi à Baudelaire (dans Les fleurs du mal) : Tiens, donne-moi un mot qui ferait joli dans mon vers !" Elle indique le début de l'atelier d'écriture sur le compte Twitter de la classe (LcommeLireEcrire @1L1SaintEx) reproduit sur le mur par un vidéoprojecteur.
Dommage, il n'y a pas encore d'application pour créer des vers automatiquement.Les élèves, en majorité des filles, aux ongles peinturlurés de jaune, de rose ou de turquoise, comptent les pieds des alexandrins sur leurs doigts et tapent sur leur smartphone.
C'est sûr qu'un iPad, ça motive plus qu'un livre. Ça, c'est de la pédagogie qui marche !"Mes livres ne vous intéressent pas ? demande la prof. Je vais vous prêter mon iPad." "Ça les motive", nous confie-t-elle.
C'est magique : la métrique n'est pas respectée, la syntaxe trahit de graves problèmes d'expression (syntaxe, accords) et l'ensemble n'a guère de sens mais réjouissons-nous, la techno-pédagogie est innovante !Un alexandrin en 140 signes
"Madame, j'en ai trouvé un !" Andréa, une jolie blonde assise au premier rang, se lance. Sur le mur, son premier tweet s'affiche : "Contemple-les, mon âme ; ils sont vraiment souffrants ! / Pareils aux animaux enfermés dans des cages." Puis un deuxième : "Mais pourtant leur image qui paraît si sage / Désastreux, en mauvais état, même mourants."
On dirait que Twitter est fait pour la poésie... Enfin, du moins, la poésie en monostiches.L'avantage avec l'alexandrin, c'est qu'il tient (en principe) en 140 signes.
Doit tweeter davantage pour réussir.Pour écrire son poème, Andréa s'est inspirée des personnages de La peste de Camus.
Sa voisine, Margaux, jupe et veste en cuir, ose à son tour. Au fond de la classe, Diminga compte les syllabes sur ses doigts. Elle sèche.
Parce que sur les copies par contre, quelle importance... Vivement le Bac en tweets."Comme tout le monde voit nos tweets, on essaye de bien faire, explique-t-elle. On fait davantage attention à l'orthographe aussi."
Les bouts rimés, c'est un exercice ludique qu'on peut pratiquer au collège sans aucun matériel. C'est même l'une de ses vertus.Diminga avait déjà un compte Twitter, mais qui se limitait à raconter ses journées (par exemple : "Direction Paris, je vais faire du shopping"). Rebecca, chignon sur la tête, cherche l'inspiration dans Les fleurs du mal. Ça y est, elle a trouvé. "C'est divertissant et ça stimule notre créativité", dit-elle, enthousiaste.
Par contre, je ne vois pas bien en quoi cela permet de réviser le Baccalauréat. Car s'il s'agit simplement d'évoquer en quatre vers des personnages étudiés pendant une séquence...
Une pure perte de temps à deux semaines du Bac en somme...
Surtout qu'aucun sujet d'invention dans les annales n'exige de composer des vers...Autre avantage de cet atelier d'écriture numérique observé par la prof : les lycéens choisissent plus facilement l'écriture d'invention (le troisième sujet du bac français, après le commentaire et la dissertation).
A noter que l'écriture d'invention est le sujet le plus choisi... par les élèves les plus faibles, qui y voient - à tort - rien d'autre qu'un exercice de rédaction de niveau collège.
Où l'on retrouve cette complaisance narcissique dont l'école est malade : l'affirmation que les élèves ont tous du "talent" et - avec les réseaux sociaux - qu'il faut l'exposer d'urgence au reste du monde. La lecture des seuls vers retenus par "Le Point" suffit pour s'en convaincre...La cloche sonne, les élèves ont encore le nez dans leurs livres et leurs téléphones. Ils n'ont pas vu le temps passer. "Madame, dites-moi s'ils sont beaux, mes tweets, si je peux être écrivain ?" demande Andréa, non sans une dose d'ironie.
En toute simplicité la composition laborieuse de vers faux et syntaxiquement incorrects est élevée au rang d'acte littéraire.Un autre groupe entre dans la salle pour une deuxième séance de "twittérature".
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Bienvenue sur LVM, doctor who.
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Et si on apprenait au préalable à les rédiger ?Et si on tweetait des alexandrins ?
Une équation extraordinaire.Célia Guerrieri, professeure de lettres dans l’académie de Nice, a mené une instructive expérience à partir de l’équation suivante, plus pédagogique que mathématique : 1 tweet = 140 caractères = plus de 12 syllabes = 1 alexandrin !
Le vers se caractérisant par un rythme, le retour à la ligne (versus) et par un nombre de syllabes (et non de caractères), le raisonnement qui consiste à l'isoler est assez incongru...
C'est vrai que tant qu'à utiliser le web, autant utiliser un réseau commersocial américain, avec des publicités et sans aucune modération. Le professeur innovant n'est pas assez innovant pour créer son propre blog ou utiliser un réseau social non commercial.Ses élèves de seconde ont ainsi été conviés à composer via le réseau Twitter un poème collaboratif : l’activité, créative, libère l’imaginaire et l’expression tout en apprenant à respecter et s’approprier des contraintes, celles de la langue, de la versification, du réseau, ou encore, pour assurer la cohérence de l’ensemble, des productions des autres élèves.
Apprendre à respecter les contraintes du réseau Twitter, c'est un gros travail car les caractères apparaissent en rouge lorsqu'ils dépassent 140.
Quant au principe même de "poème collaboratif", on est à la fois dans la production personnelle la plus minimaliste (un vers chacun en seconde : quel travail !) et la plus dépourvue précisément de personnalité.
On a hâte de se voir communiquer un tel "émerveillement" en constatant par nous-même "la qualité de leur création".Célia Guerrieri se dit « émerveillée de la qualité́ de leur création et de leur enthousiasme » lors de cette activité́ qui a « dépoussiéré » leur perception de la poésie.
Dépoussiérer la perception de la poésie avec Twitter, quelle belle démarche ! C'est vrai qu'il est difficile d'admirer la beauté d'un vers sans le secours d'une publication sur un réseau commercial. Voilà la modernité que Baudelaire appelait de ses vœux !
Parce qu'ils sont tweetés, voici des alexandrins qui méritent d'être publiés dans le "Café pédagogique".En témoignent les premiers tweets-alexandrins de ce parcours poétique et pédagogique : « Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages, / Les enfants de demain aux yeux plein de mirages, / Portés par leur noble courage, front haut, cœur pur, / Feront fi de leurs peurs, tenteront l'aventure » …
"Les enfants de demain aux yeux plein de mirages" : c'est une mise en abîme ?
On notera que l'alternance des rimes masculines et féminines n'est pas respectée et que l'un des quatre vers est faux : "Portés par leur noble// courage, front haut, cœur pur". Mais on respecte la contrainte twittoriale et c'est le plus important !
L'un des vers est très beau, le premier, mais malheureusement c'est un vers de Lamartine.
Après lecture du poème collaboratif, on s'aperçoit que les trois vers suivants n'ont pas été composés par des élèves mais par des adultes, voire des professeurs de lettres ! Voilà en effet qui "témoigne" d'un beau "parcours poétique et pédagogique" et de la "qualité de la création" des élèves !
Les termes "expérience" et "cadre didactique" donnent tout son sérieux pédagogique et innovant à cette séance de versification, comme peuvent la pratiquer tous les enseignants de français, mais sans Twitter.Dans quel cadre didactique l’expérience a-t-elle trouvé place ?
L'expérience s'est déroulée dans le cadre de l'objet d'étude de Seconde « La poésie du XIXème au XXème siècle : du Romantisme au Surréalisme », dans une séquence intitulée « Le poète et la mort ». Il s'agissait d'un groupement de textes qui comprenait « Le Lac » de Lamartine, « Demain dès l'aube » d’Hugo, « Le Dormeur du val » de Rimbaud, « La Loreley » d'Apollinaire et « Comme une main à l'instant de la mort » de Desnos.
Écrire un vers, c'est donc pratiquer une écriture poétique. Grâce à Twitter, le monostiche devient la nouvelle référence de la poésie !Pour cette activité, il s'agissait donc de pratiquer une écriture poétique après l'avoir observée en classe. Les différents objectifs, outre celui-ci, comportaient : travailler les compétences de lecture (essentielle, puisque les vers devaient être cohérents les uns par rapport aux autres, que cela soit dans la tonalité ou dans le sens), d'écriture et d'expression ;
On notera l'insistance sur l'utilisation des "compétences". Tout ceci doit être très sérieux et réfléchi longuement.
Toujours mettre l'expression "technologie numérique" au pluriel....l'utilisation des technologies numériques en rapport avec l'étude de la langue ;
Quant à "l'étude de la langue", je ne vois pas en quoi elle est favorisée par cet exercice.
Tout ça en créant un seul vers. Avec le "collaboratif, moins on crée, plus on est créatif.la pratique d'un travail collaboratif et créatif ;
Les éléments de versifications semblent assez élémentaires, effectivement.prolonger les réflexions abordées lors de la séquence, comme l'étude du registre lyrique, les éléments de la versification, etc.
Ah... parce que ça se prépare ?Comment les élèves ont-ils été préparés à cette expérience d’écriture créative via Twitter ?
En même temps on pratique ce genre d'activités dès l'école primaire.J'essaie de faire faire une activité créative par objet d'étude aux élèves. Cette année, mes élèves de 2nde ont fait une représentation d'extraits de pièces de théâtre en classe, ils ont réalisé une publicité pour un voyage touristique en Eldorado et ils ont écrit une micro-nouvelle. Lorsque je leur ai présenté l'activité de Twittérature, ils n'ont donc pas été particulièrement déstabilisés par l'idée de devoir écrire un poème.
On retrouve, comme chez Delphine Regnard, la même prétention à faire de la "twittérature". N'importe quel enseignant se contenterait d'initier ses élèves à la versification, mais les enseignants innovants voient plus loin et proposent carrément à leurs élèves de faire littérature. Voilà une ambition digne des élèves de demain !
Cette façon de remplacer l'objet numérique par une marque commerciale (Twitter au lieu de réseau social, iPad au lieu de tablette tactile) est caractéristique de l'enseignant innovant et souvent dépendant des grands groupes technologiques. Le "Café Pédagogique" en est un bon exemple...Quant au numérique, il est partie intégrante de mon enseignement. Je travaille avec un iPad...
Comme si un professeur indiquait qu'il travaille avec un Clairefontaine.
"projeter", pourquoi pas, mais un texte peut aussi être lu. Ce qui revient bien moins cher qu'une tablette et un vidéo-projecteur...il peut être relié au vidéo-projecteur pour projeter un texte, un tableau, un plan que l'on construit, une définition, il peut aussi passer entre les mains des élèves.
Wikipédia n'est pas une source. Voilà comment on "éduque aux médias"...Pour les activités de groupe, les élèves peuvent accéder à Wikipédia ou à la Dropbox de la classe s'ils ont besoin d'un renseignement...
Et pourquoi le document "n'est pas dans le classeur" ?....ou d'un document qui s'y trouvent et qu'ils n'ont pas dans le classeur, que cela soit avec l'ordinateur de la salle ou leur smartphone, après m'en avoir demandé l'autorisation.
Quel sens de l'innovation. Voilà qui mérite bien la reconnaissance du "Café Pédagogique".De plus, avec un petit groupe d'élèves, dans le cadre de l'A.P. nous travaillons sur un projet pour créer une page Wikipédia. Le numérique n'est donc pas occasionnel, mais un élément « normal » des cours qu'ils ont avec moi.
C'est vrai que l'usage de Twitter nécessite bien un manuel...Quelques élèves de cette classe étaient sur Twitter avant l'activité et ils ont joué un grand rôle pour expliquer le réseau social à leurs camarades. De mon côté, j'ai rapidement rédigé un court manuel sur le fonctionnement de Twitter que j'ai mis à disposition dans la Dropbox de la classe afin qu'ils puissent aussi découvrir l'outil par eux-mêmes.
Et ce manuel précisait-il les limites de Twitter ?
Et Twitter remercie chaleureusement Célia Guerrieri pour son sponsoring.Quelles étaient ici précisément les consignes données ? Comment avez-vous lancé l’écriture ?
Lors de la présentation de la séquence, j'ai également présenté l'activité avec les consignes suivantes :
Vous devez commencer par vous créer un compte sur Twitter.
Mais que craint donc Célia Guerrieri ? Et pourquoi identifier les contributeurs dans un "poème collaboratif" ?Ceux qui ont déjà un compte pourront soit utiliser leur compte personnel, soit créer un compte pour l'occasion. Attention, je dois pouvoir vous identifier et durant le temps de l'activité le compte que vous utiliserez doit être ouvert.
Wikipédia est un bon exemple d'anonymat vertueux.
Mais non, les dérapages n'existent pas .Vous devez ensuite me suivre et je vous suivrai en retour pendant le temps de l'activité (@celia_guerrieri). Il va de soi que Twitter est un espace public, votre compte ne doit donc pas être utilisé pour dire tout ce qui vous passe par la tête... A plus forte raison si je vous suis !
Au fait pourquoi utiliser un espace public ? Tout brouillon devient donc un objet de publication ?
Quel travail colossal, en amont comme en aval...Durant 72h, nous rédigerons un poème commun. Chacun d'entre vous devra contribuer avec au moins un vers. Un tweet correspondra à un vers.
Sans rire ? "nos 72h de Twittérature" ?Notre tweet de départ sera le vers liminaire du « Lac » de Lamartine : « Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages, » que je lancerai depuis mon compte. Cela sera le signal de départ de nos 72h de Twittérature.
Cette dernière consigne est assez amusante pour des élèves de seconde...Depuis vos comptes personnels, vous ajouterez chacun un vers, en respectant la contrainte de rythme imposée par le vers liminaire. Vous ferez attention aux vers qui auront été twittés avant le vôtre (utilisez le mot-dièse pour cela) pour respecter, non seulement la contrainte de rime (nous privilégierons AABB), mais aussi le sens du poème créé afin qu'il ne s'agisse pas d'une suite de vers incohérents.
La forme finale du poème et son nombre de vers est donc définie par le nombre d'élèves. Voilà une belle contrainte poétique. Ne parlons évidemment pas de l'absence de strophes, impossibles à mettre en forme sur Twitter.
"Autant que possible"...Il faudra donc être attentifs, à l'approche du délai final, à proposer une forme de clôture du texte.
Autant que possible, vous réinvestirez nos réflexions autour du lyrisme dans votre création.
Et comment supprime-t-on un tweet ?Votre tweet, pour compter dans le poème final, devra inclure le mot-dièse #2d16
Vous pouvez inviter vos propres abonnés à participer, mais je supprimerai tous les vers qui ne seront pas des participations constructives.
Le professeur, malgré toutes les précautions énumérées, renonce à tout contrôle en utilisant Twitter. Ce qui ne serait pas le cas en utilisant un blog personnel par exemple.
Le travail en classe ne ressemble plus à grand chose...J'inviterai également mes abonnés à participer.
Comme pour les tout-petits, on demande d'illustrer ce qu'on écrit.Vous pourrez également inclure des illustrations qui seront signifiantes par rapport aux vers qui précèdent ou au thème qui se dégagera du poème (attention aux droits des illustrations !), sans jamais oublier le mot-dièse.
Voilà comment le professeur compte exercer son contrôle... Mais sur Twitter, tout reste ouvert.Un storify qui compilera l'œuvre finale sera réalisé et mis en ligne à l'issue des 72h.
C'est vrai que 72h pour créer un vers, c'est un peu court...Nous avons légèrement modifié ces consignes de départ, en particulier pour la durée de l'activité, à la demande des élèves : beaucoup étaient pris par des activités personnelles le samedi.
Ça paraît un minimum.L'activité a donc été annoncée environ trois semaines avant sa réalisation afin de laisser le temps aux élèves de s'y préparer.
Quel suspense !J'ai ensuite profité d'une heure où je n'étais pas en classe, avant la récréation de 10h, pour tweeter les consignes afin qu'elles puissent être visibles par tous les participants, qu'il s'agisse de mes élèves ou pas, et j'ai lancé le vers liminaire au moment de la sonnerie.
Voilà qui est intéressant. Et pendant quel cours ?Concrètement, comment, où, quand … les élèves ont-ils composé et tweeté leurs alexandrins ?
J'ai l'impression qu'ils ont travaillé partout ! Chez eux, jusqu'à des heures tardives, dans la cour du lycée, dans les couloirs, parfois en classe...
Même en classe ?Twitter me semblait être un outil formidable car ils pouvaient totalement se l'approprier en le téléchargeant sur leurs smartphones, qui, comme chaque enseignant le sait, sont un objet qu'ils ne lâchent jamais !
En quoi est-il plus "formidable" qu'un blog libre ou un forum personnel ? C'est surtout une belle facilité pour l'enseignant innovant...
Malheureusement, l'application ne permet pas de voir la totalité des tweets écrits sous un mot-dièse, ce qui a engendré quelques confusions...
Bref, il a fallu communiquer pour communiquer......mais les élèves ont réussi à se coordonner : certains, sur leur ordinateur, en renseignaient d'autres qui étaient sur leur smartphone.
Trois heures ?L'essentiel de l'activité s'est donc déroulé sur le temps hors-classe. Nous n'avons dû y consacrer qu'une quarantaine de minutes sur les trois heures que j'avais avec eux pendant le déroulement de l'activité.
Eh oui : on fait les choses dans l'ordre : on compose d'abord les vers et on découpe en strophes ensuite. C'est la logique même de la création poétique.La dernière séance a été par exemple le découpage en strophes et le choix d'un titre, et les élèves ont fait des propositions pertinentes et très réfléchies.
En un vers, donc.Malgré cela, on peut véritablement parler d'un travail en groupe car les interactions ont été nombreuses même si chacun a pu exprimer sa créativité de façon autonome.
Quelle bonne idée poétique, "l'idée filée". Avec un peu d'imagination on pourrait même l'étendre à l'ensemble d'un poème !Le travail d’écriture a donné lieu à de nombreuses interactions sur le réseau Twitter entre les élèves et avec vous : sur quoi portaient-elles ? quels en ont « été les intérêts ?
Le travail était, essentiellement et fondamentalement, un travail collaboratif. Il est arrivé que certains élèves se mettent à deux pour préparer deux vers ensemble afin de proposer le couple de rimes suivies avec une idée filée.
Il s'agissait donc bien de publier sur un réseau public le brouillon de son travail...Mais, la plupart du temps, l'élève proposait sa propre création et les autres élèves intervenaient alors pour signaler une erreur ou une modification qui pouvait être judicieuse. Je suis moi aussi intervenue régulièrement pour signaler des vers « bancals ».
Y aurait-il eu quelques tensions ?Les interactions ont donc permis aux élèves de trouver l'équilibre entre une expression personnelle et un but collectif. Elles leur ont aussi permis de travailler sur leurs qualités d'expression : signaler une erreur est un art, mais les adolescents apprennent parfois difficilement comment signaler une erreur sans pour autant attaquer la personne.
Comme c'est beau.Des internautes extérieurs à la classe ont aussi tweeté des vers : quels vous semblent les intérêts d’ouvrir ainsi le travail de la classe vers le monde extérieur ?
Le travail en lettres n'est, selon moi, jamais fermé au monde extérieur.
Quel rapport avec la phrase précédente ?Même un auteur mort depuis quatre cents ans a quelque chose de pertinent à dire au regard de l'actualité et des sentiments que nous pouvons ressentir et j'aime souligner ces liens aux élèves.
Pour Célia Guerrieri, l'ouverture va surtout dans le sens inverse : on fait entrer Samsung, Apple et Twitter dans la classe...
Sacré Michel ! Toujours le mot pour rire ! Mais comment appellera-t-on demain la génération de "maintenant" ?De plus, le Web nous permet d'être, comme le dit Michel Serres : « maintenant, tenant en main le monde ».
Ce qui est nul par contre, c'est que Montaigne ne puisse pas tweeter.C'est quelque chose que je trouve fascinant. La littérature est très vivante sur le Web, que cela soit avec des blogs d'auteurs ou de critiques littéraires qui ne sont pas publiés de façon traditionnelle, ou bien avec la présence d'auteurs sur les réseaux sociaux qui communiquent directement avec leur lectorat.
Maintenant ils sauront que la littérature, il y a des applications pour ça.Il me semble dommage de ne pas le montrer aux élèves qui ne voient souvent la littérature que comme quelque chose qui n'existe que dans l'espace de la classe.
C'est vrai quoi, le style ce n'est pas l'homme, c'est Twitter.En ouvrant le poème à des internautes extérieurs à la classe, je bousculais la conception erronée des élèves selon laquelle la littérature est isolante et isolée ;
Pourtant utiliser Twitter en classe commence à devenir très convenu...je leur permettais de voir que leur plaisir à créer était partagé ; je les faisais se confronter à d'autres idées, d'autres visions, d'autres expériences liées à la littérature. Enfin, cela faisait intervenir de l'inattendu, chose qui me semble importante, tant dans la création artistique que dans l'enseignement.
La collaboration a ses limites.Un poème collectif en alexandrins, « De la mer à la terre », s’est peu à peu construit via Twitter : comment s’est passée la progression ? comment jugez-vous le résultat final ?
Je ne suis intervenue qu'une seule fois en ce qui concerne la progression du poème en surenchérissant sur l'idée d'une élève qui ne rencontrait qu'une approbation mitigée.
Quelle aventure passionnante.Pour le reste, elle a été très spontanée. Au dernier jour de création, deux élèves ont préparé des fins à l'avance. Je les ai mis en garde qu'ils oubliaient que n'importe qui pouvait intervenir, n'importe comment. Et c'est d'ailleurs ce qui est arrivé ! Le tweet final, qui modifie toute la lecture du texte, a été créé par une internaute extérieure à la classe.
Que de précautions oratoires !J'estime donc ne pas avoir du tout, ou très peu, guidé le poème, c'est véritablement la création, à la fois négociée et spontanée, de toutes les personnes qui ont participé. Et je trouve ce poème superbe : il a, par certains aspects, un côté un peu naïf ; par d'autres, il est pour moi un magnifique portrait de l'adolescence, avec toute sa délicatesse et sa splendide confiance arrogante.
Mais pouvons-nous juger sur pièce ?
Un non-intervention très interventionniste, en somme.Au final, quel bilan tirez-vous de l’expérience ?
C'est sans conteste pour moi une expérience réussie. Elle a pris beaucoup de mon temps libre, car même si je n'intervenais pas sur la progression du poème, il me fallait être là, que cela soit pour signaler un vers bancal, pour donner un conseil ou aider dans une difficulté d'organisation ;
Nul doute que le monde entier a dû se passionner pour ce travail au brouillon sur Twitter. La dimension de "promotion" (sic) est effectivement l'aspect le plus intéressant de cette expérience : il s'agit de faire vitrine, pour l'élève comme pour le professeur.j'ai également fait un travail de promotion de l'activité sur Twitter qui a été essentiel car les retours des internautes ont contribué à maintenir la dynamique des élèves.
Et celui des élèves, alors ? Un vers : vous vous rendez compte ?Même si j'ai regardé le poème se construire, mon investissement a été immense.
C'est vrai qu'il y a une fierté à avoir composé un vers.Mais j'ai pris un plaisir incroyable à les voir s'enthousiasmer pour l'activité et se l'approprier totalement. Leur fierté justifiée face au résultat final est un de ces moments dont les enseignants se délectent.
Bref, ce n'est pas grave si ça n'a ni queue ni tête.Si je devais donner des conseils à ceux qui voudraient se lancer, cela serait, d'abord et avant tout, d'être sûr d'avoir du temps libre car c'est une activité chronophage et ensuite, de lâcher prise complètement sur l'œuvre, de la laisser nous surprendre.
Mais de quelles objections peut-il bien s'agir ? Un article aussi long et aucune mention de celles-ci ?Mais le plaisir des élèves à réaliser l'activité et la création qui en naît valent toutes les difficultés ou les objections que l'on pourrait soulever.
Tous les élèves ont du talent ! (voir plus haut)Question subsidiaire un peu délicate : s’il fallait parmi tous les tweets de vos élèves choisir 3 alexandrins que vous goûtez particulièrement …
C'est une question difficile, il y a quelque chose qui me plaît et dont j'ai des raisons d'être fière pour eux dans chaque tweet que les élèves ont produit.
Bref, on n'a pas respecté les règles fixées. Le vers ne respecte pas la césure : "Mais sans innocence//, c'est un peuple défait."Mais s'il fallait que j'en retienne trois, je citerais tout d'abord : « Mais sans innocence, c'est un peuple défait. » J'ai même modifié le flux originel pour pouvoir le conserver, car l'élève l'avait tweeté mais il a dû être supprimé en raison de confusions et elle n'a pas pu le remettre avant que de nouveaux tweets n'apparaissent.
Idem : "L'un d'entre nous dort, il// est en train de rêver"Il y a aussi « L'un d'entre nous dort, il est en train de rêver ».
Sans ou avec diérèse, le vers est faux. "C'est l'absolution qu'il// fallait réaliser".A partir de là, le poème aurait pu prendre une toute autre orientation, car le vers était riche de possibilités. Je retiendrais enfin « C'est l'absolution qu'il fallait réaliser ».
Le vers, c'est le rythme mais visiblement cette caractéristique compte moins que les 140 caractères de Twitter. Sans parler du solécisme "réaliser l'absolution".
Dans un gros travail, effectivement.Nous avons étudié Les Misérables et la question de l'absolution à travers Jean Valjean. Ce vers est pour moi le souvenir de cette séquence, comme si finalement, toute l'année scolaire que j'ai passée avec eux s'était mêlée intimement au poème.
Génial : de l'interdisciplinarité avec les SVT !Et puis une mention spéciale pour « Voyant les montagnes pleines d'apatite », parce que j'ai appris grâce à ce vers ce qu'était l'apatite !
La césure est encore non classique et il manque une syllabe dans le second hémistiche : "Voyant les montagnes// pleines d'apatite".
Peu importe : c'est publié, sur Twitter et dans le "Café" et c'est bien tout ce qui compte.
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