L'anti-"déclinisme" : Chroniques d'hier et d'aujourd'hui

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13 Juil 2021 23:40 - 19 Aoû 2021 11:32 #23470 par Loys
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On voit que le texte d'une dictée des années 20 encourageait les petits paysans à rester à leur place. Et non, leur orthographe n'était pas irréprochable. (Cahier d'écolier appartenant à mon grand-oncle Charles).


Curieuse induction de niveau collectif ("les petits paysans", "leur orthographe") à partir d'une copie particulière. Classe non indiquée mais orthographe bien meilleure que dans des copies de bac...
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19 Aoû 2021 11:37 - 19 Aoû 2021 11:55 #23500 par Loys
A la suite de la tribune de Riss dans "Charlie Hebdo" du 14/07/21 sur la réussite fabuleuse au bac ( "Hommage aux gros nuls recalés du bac" ), réponse de Philippe Watrelot le 3/08/21 : "A propos du "rapport à l'échec" et du "sens de l'effort"."

[...] on peut ergoter longtemps sur ce qu'est le "niveau" qui est quelque chose de très fluctuant tout comme la notation (il n'y a pas un "10" étalon déposé au pavillon de Sèvres). [...] Le "niveau" est une notion très relative…

Une façon de dire sans le dire que le niveau ne baisse pas.

Riss et bien d'autres sont dans le mythe d'un bac qui serait toujours le rituel qu'ils ont connu. Ils pensent que le fait de "trop faire réussir au bac" ne confronte pas à l'échec. C'est faux ! Le prof de Terminale que je suis peut dire que l'échec est bien présent et qu'il est plus insidieux : il est dans les refus sur ParcoursSup que se prennent dans la figure mes élèves dès le mois de mai... J'ai aussi écrit sur le caractère très opaque des critères de ParcourSup et la nécessité de s’en préoccuper mais c'est là encore un autre sujet.

C'est donc une réussite au bac (le niveau) et un échec à Parcoursup (les vœux d'affectation) : Philippe Watrelot ne s'interroge pas sur la disjonction entre les deux. Rappelons que Philippe Watrelot a applaudi la mise en place de Parcoursup.

Il y en a un peu marre de ces polémiques construites par des vieux "scrogneugneux" déclinistes…

Fustiger le déclinisme, c'est bien postuler la réussite de l'école et la hausse du niveau.

On ne peut ensuite qu'être d'accord : l'échec scolaire est aussi en grande partie un échec social. Mais il y a aussi des pédagogies qui sont responsables d'un échec qui était moins marqué en 1987.
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04 Sep 2021 10:39 #23535 par Loys
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17 Oct 2021 15:29 - 17 Oct 2021 15:30 #23622 par Loys
A l'occasion du lancement des "professeurs avec Zemmour", ce billet de Mathieu Billière le 16/10/21 : "Même les fascistes font de la pédagogie" .

Faire barrage au fascisme

En tout cas, le lien est fait : le climat engendré par les pratiques éducatives de l’extrême droite, on le connaît, or ces pratiques éducatives passent par des éléments précis, qu’on retrouve dans le texte de l’appel : “maîtrise des savoirs fondamentaux”, “faiblesse du niveau des élèves”, “inanité des innovations pédagogiques”, les “hussards noirs”, les “méritants”, l’ “excellence” tout y passe.

D’une certaine façon, cette tribune nous rend service : les éléments de langage dont elle est gavée ne nous sont pas inconnus, et ne sont pas réservés aux courants d’extrême droite. Ils forment même une vulgate omniprésente dans le discours sur l’éducation, y compris à l’intérieur de la machine, parmi des collègues pourtant insoupçonnables idéologiquement. Ne faudrait-il pas en profiter pour, enfin, réfléchir aux étranges exigences que nous avons parfois trop intériorisées sur l’école, en se demandant, chaque fois, quelle est l’autre face. L’excellence, c’est l’exclusion, même l’étymologie en témoigne. Faire monter les élèves méritants, soit, mais, sans même parler des ambiguïtés de ce fameux mérite, celleux qui ne sont pas méritant·es, on en fait quoi ?


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31 Oct 2021 12:04 - 31 Oct 2021 12:06 #23645 par Loys
Nouveau billet sur le blog de Lucien Marboeuf présentant le denier ouvrage de Claude Lelièvre L’école aujourd’hui à la lumière de l’histoire : "Quelques idées reçues l’école battues en brèche par un historien de l’éducation" .

La dégradation des compétences des élèves ne serait donc qu'"une idée reçue" ?


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19 Déc 2021 20:09 - 19 Déc 2021 20:44 #23735 par Loys
Chronique de Philippe Bernard dans "Le Monde" du 19/12/21 : "« Les charlatans du “c’était mieux avant” cherchent à accréditer le mythe d’un pays heureux avant l’arrivée des migrants musulmans »"

A tout prix, il faudrait désormais convaincre les électeurs que la France du général de Gaulle ou celle de Michel Sardou était un pays heureux et prospère, un paradis perdu qu’il s’agirait de recréer. Que les archives de l’INA et les photos de nos vieux albums reflètent une société insouciante, où un emploi attendait chacun, où les familles communiaient devant leur poste de télé, où les professeurs étaient considérés et la France respectée dans le monde.

Que chacun, au fil des ans, puisse être enclin à se pencher sur des épisodes de son passé n’a rien de nouveau et s’explique parfaitement. La « distorsion nostalgique », qui consiste à embellir ce qui est révolu par le jeu d’une mémoire sélective, est un phénomène humain, constate Christophe André. Le psychiatre opère une distinction entre cette perception subjective, émotionnelle et la réalité historique, attestée par les statistiques, qui veut que le monde progresse dans tous les domaines (santé, éducation, paix), même si c’est avec des à-coups et très inégalement.


Difficile de comprendre la logique de Philippe Bernard : pourquoi prendre des boucs émissaires quand les problèmes n'en sont pas ? comment l'explication psychologique de la nostalgie touche-t-elle des jeunes "confrontés au chômage, à la précarité, à la fracture urbaine et aux inquiétudes climatiques" ?
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16 Fév 2022 00:20 - 16 Fév 2022 12:29 #23810 par Loys
Dans "Le Monde" (abonnés) du 14/02/22, nouvel article relativiste comme celui de 2019 que nous avons analysé à l'époque (cf supra) : "La question du « niveau » à l’école : un débat qui vient de loin"


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Le point de départ de l'article : des candidats réactionnaires de droite ou d'extrême-droite (et d'extrême-gauche : ce n'est pas clair) à la présidentielle pointent le déclin scolaire de la France. Il s'agit donc de relativiser "les propos déclinistes", "la rhétorique du déclin", "la petite musique décliniste", la "complainte" du "c'était mieux avant" (et tout ce qui ne relèverait donc que d'un discours dépourvu de toute réalité).

A ces "Cassandre" (dans la mythologie Cassandre était condamnée à prédire l'avenir sans jamais être crue...), l'article oppose les candidats qui mettent "en sourdine le refrain du niveau" et proposent des pédagogies alternatives, ce qui semble étonnant puisque le niveau serait satisfaisant.

L'article se réfère d'abord au précédent de Baudelot et Establet, Le Niveau monte (1989). Et effectivement il s'inscrit dans le même déni : si on dénonçait le déclinisme en 1989, c'est qu'on peut le dénoncer de la même façon en 2022. Le raisonnement - le discours sur la baisse du niveau a toujours existé donc la baisse du niveau n'existe pas - laisse perplexe : comme si crier au loup supprimait l'existence du loup.

Si l'article reconnaît que ce discours gagne "tous les cercles" politiques, il n'en tire aucune conclusion sur son éventuelle réalité. Ceux qui tiennent ce discours sont - encore et toujours - caricaturés comme les tenants d'un âge d'or de la IIIe république.

L'article concède l'existence d'"une crise de l'école [...] désormais documentée" mais c'est pour mieux la réfuter immédiatement : pas de "déclassement" ou de "dégringolade" mais ce seul constat qu'elle "peine à compenser les inégalités". Et de saluer les réussites, pourtant très artificielles, de l'école actuelle : "la progression continuelle du nombre de bacheliers" ou la baisse (tout aussi artificielle) du taux de décrochage. On pourrait ajouter les taux de mentions records au brevet ou au baccalauréat : le niveau monte en effet !

Mais, curieusement, ces indicateurs nationaux enthousiastes ne semblent pas satisfaire l'auteur de l'article, qui détaille longuement les résultats des évaluations internationales PISA : les résultats sont dans la moyenne, les écarts se réduisent. Et tant pis si les compétences évaluées chez des lycéens sont des compétences très limitées, de niveau primaire et dans trois champs seulement : PISA ne permet pas d'évaluer le niveau scolaire de nos élèves vis à vis de nos attendus scolaires, simplement de comparer des compétences de base entre pays. Il est d'ailleurs amusant que les résultats moyens et stables des élèves français dans PISA depuis 2000 servent aussi bien les discours qui dénoncent la baisse du niveau que son déni.

Mais le plus amusant est à venir. L'article évoque néanmoins d'autres enquêtes (PIRLS, TIMSS, Cèdre…) où apparaissent "de nouvelles faiblesses" :

En fin d’école primaire, en mathématiques comme en français, les voyants sont au rouge. Pour une dictée équivalente d’une dizaine de lignes, les élèves de CM2 ont fait, en 2015, 17,8 erreurs, contre 14,3 en 2007, et 10,6 en 1987.

Additions, soustractions, divisions, résolution de problèmes mettent aussi à la peine nombre d’enfants de cet âge. Ou plus âgés : l’enquête TIMSS, réalisée en mai 2019 sur un échantillon d’élèves de CM1 et de 4e, a révélé une stabilité des résultats des écoliers mais un plongeon des collégiens, passés au dernier rang des pays de l’Union européenne et à l’avant-dernier des pays de l’OCDE.

"des voyants au rouge" en fin de primaire en français et en mathématiques, "un plongeon" à l'avant-dernière place des pays de l'OCDE en mathématiques en fin de collège : rien d'alarmant en effet, et un discours décliniste décidément dépourvu de toute réalité ! On aurait pu ajouter la dégringolade internationale des résultats de mathématiques et de physique en Terminale scientifique (TIMSS), rigoureusement opposée de la progression fulgurante... des mentions au baccalauréat scientifique.

Et, de fait, l'article relativise ces reculs en les circonscrivant à des "totems" disciplinaires (l'expression est de Claude Lelièvre) "sur lesquels la nation concentre son angoisse scolaire" ce qui a pour effet de "nourrir la machine à polémiques". Et l'article de les relativiser avec des bonnes nouvelles qui les contrebalanceraient, comme "le niveau en culture numérique ou en langues vivantes".

L'article se termine bizarrement avec un autre "niveau" : celui du recrutement et du salaire des enseignants (et d'autres indicateurs sur les ressources humaines et les dépenses d'éducation). Au passage, l'article mentionne des conditions de travail plus difficiles en France (bruit et désordre en classe, temps perdu au maintien de l'ordre).
Dernière édition: 16 Fév 2022 12:29 par Loys.

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27 Mai 2022 10:48 - 27 Mai 2022 10:49 #23916 par Loys
Quand une collègue se désole que des élèves de seconde générale ne sachent plus conjuguer "boire" au futur :

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Je vais vous dire pourquoi ce genre de tweet me donne envie de foutre la feu à une salle des profs. Déjà parce qu'ils ne servent à rien, ne démontrent rien et ne politisent rien. C'est juste du bashing "ouin ouin les élèves sont cons" qui n'a aucune utilité à part donner du grain à moudre aux réacs qui en profitent pour pleurer sur l'effondrement fantasmé de notre civilisation Ensuite parce qu'il montre juste (grâce aux lumières des linguistes qui commentent) la stupidité de ce qu'on demande à nos élèves.
"quoi tu sais pas conjuguer un verbe au futur simple alors que tu l'as presque jamais entendu à l'oral ? Et je devrais être bienveillant ?" Bref, si vous voulez critiquer une baisse de niveau bougez vous le cul pour demander des moyens, parce qu'en attendant on est un corps de 800k personnes qui se fait serpiller depuis 30 ans et c'est pas en affichant nos élèves sur Twitter qu'on changera la donne. Je rappelle d'ailleurs que nos élèves ne reflètent scolairement que ce qu'on leur offre, ni plus ni moins. Et que élèves dans le même contexte, on produirait les mêmes résultats.
Alors soufflez un coup, arrêtez de prendre les "perles" de vos élèves en photo et prenez ce que cette génération a à vous offrir. Parce que y a deux trois collègues qui gagneraient à considérer leurs élèves comme des êtres doués de raison. (au hasard faites ce qu'iels vous demandent et arrêtez de faire la police du vêtement dans vos bahut, par exemple)


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Arrêtons d'exhiber les travaux de nos élèves pour se foutre d'elleux. Éthique niveau 0! Comprenons que la langue française est fabriquée pour ne pas être accessible à toustes! Les élèves sont censés apprendre avec nous. C'est notre métier! Vous foutez la honte les collègues!

Et si un élève arrive au lycée sans maitriser certains savoirs (tant mieux si vous les maitrisez), on fait quoi? On le laisse dans sa galère et on exhibe ses erreurs sur internet? On le vire de l'école? Ou on lui file un coup de main? Je ne comprends pas cette idée qu'il y aurait des moments pour apprendre et si on les rate, c'est foutu. on peut apprendre tout au long de la vie non?

Alors pourquoi ne pas aider à comprendre/apprendre les principes de la conjugaison en 2nde, à la fac ou même à 75 ans?


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Dernière édition: 27 Mai 2022 10:49 par Loys.

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01 Jui 2022 17:46 - 01 Jui 2022 18:45 #23927 par Loys
Nouvel exemple d'anti-déclinisme dans "Le Monde" (abonnés) du 01/06/22 : "Le niveau des enseignants, une inquiétude qui monte"


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Résumons : des témoignages (anonymes) sur la baisse du niveau, avec des moyennes qui en attestent. Mais, conclut l'article, pas de baisse du niveau, ou plutôt ça ne veut rien dire. Où l'on retrouve l'inusable Claude Lelièvre.

Si la communauté éducative tombe globalement d’accord sur le niveau « préoccupant » de l’attractivité des concours dans la plupart des disciplines et des académies, elle souligne également la difficulté à comparer les niveaux dans le temps, à rebours d’un déclinisme un peu facile.

« Comparer les enseignants avec ceux d’il y a cinquante ans n’a pas grand sens, tout comme de comparer les élèves », rappelle Xavier Sorbe. Avant la massification scolaire et l’accès généralisé à l’enseignement secondaire – qui remontent aux années 1960 et 1970 –, le maître d’école était souvent le seul habitant du village à avoir poussé aussi loin les études. « C’est encore plus vrai pour le second degré, puisqu’il fallait avoir le bac pour y enseigner, et que ce diplôme n’était accessible qu’à 4 % ou 5 % d’une classe d’âge, rappelle l’historien Claude Lelièvre. Aujourd’hui, beaucoup de parents ont le même niveau d’études que le professeur de leur enfant. Ils n’ont plus du tout le sentiment d’avoir face à eux quelqu’un qui a une culture exceptionnelle. » Un « rapprochement » entre le niveau des enseignants et celui du reste de la population qui a par ailleurs grignoté leur prestige. Et, en retour, l’attractivité des concours.

Selon M. Lelièvre, la baisse du niveau serait donc une illusion d'optique de la part des parents. C'est curieux, car, dans l'article, elle est constatée par des professionnels du recrutement des enseignants...
Dernière édition: 01 Jui 2022 18:45 par Loys.

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27 Jui 2022 10:33 #23970 par Loys
Tortillements amusants de Christophe Benzitoun.

La faible maîtrise de l’orthographe est l’un des épouvantails des débats sur l’école. Et dans ce domaine comme dans d’autres, il se dit que c’était forcément mieux avant.

www.laviemoderne.net/veille/le-naufrage-...-l-ecole/23775#23775

Ces temps-ci, on entend parler du thème de la baisse alarmante du niveau en orthographe chez les étudiants et plus largement des difficultés que rencontrent les élèves en français.

www.laviemoderne.net/veille/le-naufrage-...-l-ecole/23775#23969

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