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- Du fanatisme à l'école et aux "valeurs de la République"
Du fanatisme à l'école et aux "valeurs de la République"
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Dans "Le Point" du 9/01/15 : "Le désarroi d'une prof qui parle de "Charlie" à ses élèves".
Voir aussi :
- www.francetvinfo.fr/faits-divers/attaque...colleges_792855.html
- rue89.nouvelobs.com/2015/01/08/parler-ch...igents-eleves-256966
- www.huffingtonpost.fr/2015/01/08/parler-...-prof_n_6437692.html
- www.estrepublicain.fr/actualite/2015/01/...la-minute-de-silence
- tempsreel.nouvelobs.com/charlie-hebdo/20...s-l-ont-cherche.html
- www.lavoixdunord.fr/france-monde/ils-arb...que-je-ia0b0n2594331
- www.saphirnews.com/Charlie-Hebdo-Non-les...ttentats_a20244.html
- madame.lefigaro.fr/societe/evoquer-charl...ont-tue-090115-93697
- www.lefigaro.fr/actualite-france/2015/01...-dans-les-ecoles.php
- www.europe1.fr/societe/charlie-hebdo-que...ouer-l-ecole-2341827
- blogs.lexpress.fr/le-mammouthologue/2015...ne-voulons-pas-voir/
- www.lefigaro.fr/actualite-france/2015/01...ion-a-long-terme.php
- leplus.nouvelobs.com/contribution/130424...on-et-moi-aussi.html
- www.atlantico.fr/decryptage/prof-histoir...urgeois-1948918.html
- www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/...566472986798378.aspx
- www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/...566472965425830.aspx
www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/...569041415502674.aspx
- Réaction : www.vousnousils.fr/2015/01/13/attentats-...te-de-silence-560595
- Rectificatif du MEN : www.lefigaro.fr/politique/le-scan/citati...es-perturbations.php
- et : www.vousnousils.fr/wp-content/uploads/20...urvenus_14012015.pdf
- www.europe1.fr/societe/hommage-a-charlie...et-virulents-2343597
- blogs.rue89.nouvelobs.com/monsieur-le-pr...charlie-hebdo-234073
- www.lemonde.fr/societe/article/2015/01/1...te_4555030_3224.html
- www.lemonde.fr/societe/article/2015/01/1...nt_4555679_3224.html
- www.lemonde.fr/education/article/2015/01...4561829_1473685.html
- www.lexpress.fr/actualites/1/societe/val...retiser_1640525.html
- www.dailymotion.com/video/x2eqa39_incide...ionale-repons_school
- www.slate.fr/story/96799/education-laic-morale
- www.lemonde.fr/education/article/2015/01...4556183_1473685.html
- www.lexpress.fr/actualite/temoignage-enseignante_1639742.html
- www.vousnousils.fr/2015/01/14/education-...ealite-cnesco-560617
- www.lemonde.fr/education/article/2015/01...4556665_1473685.html
- www.lemonde.fr/education/article/2015/01...4557041_1473685.html
- www.lemonde.fr/societe/article/2015/01/1...ie_4557073_3224.html
- www.lexpress.fr/education/quelles-sancti...silence_1641066.html
- www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/...568183773356204.aspx
- www.liberation.fr/societe/2015/01/15/il-...ts-en-classe_1181187
- www.telerama.fr/monde/parler-agir-reagir...s-charlie,121705.php
- www.lepoint.fr/societe/chronique-d-une-r...-2015-1897106_23.php
- www.lexpress.fr/education/attentats-de-p...ebattue_1640803.html
- www.chouyosworld.com/2015/01/14/mes-elev...n-drame-et-des-mots/
- www.marianne.net/agora-monsieur-ils-ont-...rche-1421429745.html
- www.lexpress.fr/actualite/non-l-ecole-n-...-failli_1642409.html
- blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-d...-que-nous-avons-peur
- www.lexpress.fr/education/laicite-a-l-ed...e-vague_1642834.html
- www.marianne.net/perte-valeurs-republica...e-degats-200115.html
- www.marianne.net/agora-ecole-aucune-vale...-sur-socle-ignorance
- www.lefigaro.fr/vox/societe/2015/01/22/3...lle-de-la-langue.php
- www.telerama.fr/idees/il-faut-donner-la-...nationale,122094.php
- www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/...578541070968987.aspx
- www.lemonde.fr/education/article/2015/01...4567059_1473685.html
- www.cafepedagogique.net/LEXPRESSO/Pages/...572475466588005.aspx
- rue89.nouvelobs.com/2015/01/31/lecole-ap...enage-pervers-257446
- www.lefigaro.fr/actualite-france/2015/04...paroles-hostiles.php
Voir aussi, sur la responsabilité des enseignants :
- www.europe1.fr/societe/charlie-les-homma...s-des-eleves-2340791
- rue89.nouvelobs.com/2015/01/10/les-profe...hose-a-lislam-257011
- www.slate.fr/story/96689/ecoles-charlie-hebdo
- www.lefigaro.fr/actualite-france/2015/01...e-fait-secession.php
- www.lemonde.fr/idees/article/2015/01/13/...ns_4555061_3232.html
- rue89.nouvelobs.com/2015/01/13/jenesuisp...omment-reagir-257067
- blogs.rue89.nouvelobs.com/journal.histoi...e-qui-trinque-234078
- www.letudiant.fr/educpros/actualite/vale...i-pour-les-espe.html
- www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/...578541060360715.aspx
- www.afef.org/blog/post-langages-citoyenn...ant-u-p1451-c16.html
- www.lexpress.fr/education/laicite-et-rel...s-profs_1647842.html
- www.cahiers-pedagogiques.com/Esprit-es-tu-la
www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/...574208268420050.aspx
www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/...579397945408647.aspx
pierre-jourde.blogs.nouvelobs.com/
www.telerama.fr/idees/des-eleves-vivent-...rochasson,122051.php
rue89.nouvelobs.com/2015/01/31/lecole-ap...enage-pervers-257446
blogs.mediapart.fr/edition/aggiornamento...toutes-celles-et-tou
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Ce n'est vraiment pas un phénomène isolé, et il ne concerne pas seulement l'école. J'ai reçu un témoignage du comportement déplacé d'un vigile à la Bibliothèque Nationale lors de la minute de silence jeudi.
blogs.rue89.nouvelobs.com/chimulus/2015/...n-de-massacre-234029
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Ce qui est curieux, ce que les causes de ce qu'on entend ne sont jamais analysées dans l'article. Et que l'étonnement des lecteurs devient insensiblement l'étonnement des professeurs...Ne nous étonnons pas de ce que les profs entendent dans les écoles sur Charlie Hebdo
Comme nous allons le voir, le problème est miraculeusement déplacé !
Effectivement... Il serait pourtant bon que certains journalistes aillent voir ailleurs que "là où ils sont, avec les gens qu'ils côtoient"...Les multiples témoignages rapportant des propos odieux sur Charlie Hebdo, affirmant qu'ils ont mérité l'attentat, s'inscrivent dans un problème auquel les profs doivent faire face depuis longtemps.
Parler avec des enfants qui défendent des terroristes est une expérience très violente. Honnêtement, je ne sais pas comment je m’en sortirais. Vous non plus. Mais nous n'avons pas à y faire face quand nous ne sommes pas profs.
En revanche, depuis mercredi matin, beaucoup d'enseignants témoignent de leurs difficultés face à des élèves qui ne partagent pas leur avis, leur profonde condamnation de l'attentat de mercredi 7 janvier, à Charlie Hebdo.
Tout ce que nous ne voyons pas forcément, là où nous sommes, avec les gens que nous côtoyons…
Être choqué, ce n'est pas être surpris.... Heureusement que les professeurs sont "choqués" d'ailleurs : s'ils ne l'étaient plus, la situation serait plus inquiétante encore. Mais pour l'auteur de l'article, ce choc, c'est l'expression d'un décalage, d'une inadéquation, d'une insuffisance des professeurs..[...] Sur France Inter vendredi 9 au matin, Marie-Claire, professeur de français à Reims confiait qu'en voyant une caricature, un élève dit que les musulmans sont traités de cons. Et l’enseignante de se rendre compte qu’il y a «une espèce de front». Ses élèves d’origine maghrébines et turcs disent «ça se fait pas». Pour eux, on ne peut pas rire du prophète. Il y a des sujets dont on ne peut pas rire…et l’enseignante avoue avoir été terriblement choquée par ces échanges.
Si l'on suit ce communiqué, les réactions sont donc ultra-minoritaires. Il n'y a donc pas de problème.[...] Faire confiance aux enseignants
Ce samedi, le ministère de l'éducation nationale a envoyé un communiqué en précisant que malgré ces témoignages, la minute de silence, «dans la très grande majorité des cas» s'était bien déroulée et que «les personnels ont été à l’écoute des élèves»:
«Néanmoins certains cas de perturbations de la minute de silence par des élèves nous ont été signalés. Sur la base de remontées purement déclaratives faites à ce stade, cela concernerait des élèves, généralement isolés, dans environ 70 établissements sur les 64 000 que l'on compte sur tout le territoire. Les services du ministère ont recoupé les remontées de terrain par une veille internet / réseaux sociaux, spécifique à la question du non respect de la minute de silence. Cette veille relève un faible nombre de messages portant spécifiquement sur ce sujet. Les cas de perturbations ont donc été très minoritaires, mais ils ont été pris très au sérieux. Ils ont été traités localement par les équipes éducatives, entre dialogue éducatif et sanctions proportionnées à la gravité des faits, allant du rappel à l'ordre à la convocation de conseil de discipline.»
C'est quand même une curieuse lettre pour rendre hommage à "Charlie Hebdo", journal qui réclamait précisément le droit à l'irrespect, à une "fraternité" non par la communion solennelle mais par le rire. De même la liberté d'expression et de conscience peut précisément être évoquée par les élèves pour refuser une minute de silence ou dire des choses ignobles...Avant même ces incidents, dès jeudi matin, la ministre de l’éducation publiait une lettre; elle y redisait ce qu’on attend d’elle, les grandes incantations sur le rôle de l’école –qui paraissent un peu faciles face à la réalité du terrain– tout en évoquant déjà les «besoins ou demandes d'expression qui pourraient avoir lieu dans les classes»:
L'École éduque à la Liberté: la liberté de conscience, d'expression et de choix du sens que chacun donne à sa vie; l'ouverture aux autres et la tolérance réciproque.
L'École éduque à l'Égalité et à la Fraternité en enseignant aux élèves qu'ils sont tous égaux. Elle leur permet d'en faire l'expérience en les accueillant tous sans aucune discrimination.
Au moment où notre pays manifeste son unité nationale face à l'épreuve, l'École doit plus que jamais porter l'idéal de la République.
Je vous invite à répondre favorablement aux besoins ou demandes d'expression qui pourraient avoir lieu dans les classes en vous laissant le soin, si vous le souhaitez, de vous appuyer sur l'ensemble des ressources pédagogiques que les services du ministère tiennent à votre disposition.
Une abondance de témoignages d'un côté, une petite minorité d'établissements d'autre part. Où est le réel ?[...] Et les éducateurs n’ont pas attendu Najat Vallaud-Balkecem pour s’interroger: que dire aux élèves? Mesure-t-on bien à quel point cette tâche peut être extraordinairement difficile? Comment expliquer et dialoguer avant et après cette minute de silence devant certains élèves récalcitrants par exemple?
Résurgence d'une vieille question
Les témoignages tels que ceux du Point ou de France Inter abondent partout, Rue 89, Le Monde, RMC info.. Face à l'abondance de ces témoignages, nous devrions arrêter d’être surpris. Cela fait très longtemps que le problème se pose.

Notamment ceux qui restent là où ils sont, avec les gens qu'ils côtoient.Olivier, cité plus haut, explique:
«Ils ne se sentent pas Français ces gamins. Dans le meilleur des cas ils s’en foutent. C’est le résultat d’une politique pourrie qui a cru que l’intégration se ferait toute seule, que l’école réussirait à faire partager les valeurs de la République alors qu’on a laissé des collèges ghettos se constituer. Pour protéger l’entre soi qui arrange tout le monde»

Et un début d'analyse de cet échec scolaire (qui a d'ailleurs la forme d'une réussite en trompe-l’œil puisque jamais aussi peu d'élèves n'ont été décrocheurs ou n'ont quitté l'école sans diplôme), ce serait peut-être de chercher les causes. Et la cause est toute trouvée : les professeurs eux-mêmes, de par leur classe sociale ou leur manque de formation !Sur ce sujet, un livre édifiant et inquiétant, Les territoires perdus de la République est paru en 2002… on en a parlé aussi, énormément, après le 11-Septembre: les mêmes questions se sont posées.
Il faut aussi absolument se souvenir de Banlieue de la République, la passionnante étude dirigée par Gilles Kepel sur Clichy-sous-bois et Montfermeil en 2011 et qui est toujours disponible en ligne.
Phrase très rhétorique. Mais soyons concrets : à quoi ressemblerait une bonne formation à "cela" ?Le manque de préparation des profs
Oui, faire face une classe, pour les enseignants, c’est aussi se retrouver à confronter des gens qui ne viennent pas du même milieu, ne pensent pas comme eux, n’ont pas les mêmes références culturelles et peuvent dire des horreurs… Et l’un des problèmes de l’école c’est que, dans leur formation, les enseignants ne sont pas bien, voire pas du tout préparés à cela.

Parce qu'un professeur issu de classe moyenne (contrairement à un journaliste) ne peut concevoir le monde que sous l'angle de la classe moyenne !D’ailleurs les récits de jeunes profs sur leur première expérience au collège montrent en creux le fossé qui sépare ces jeunes profs diplômés issus des classes moyennes ou de la petite bourgeoisie de leurs élèves: c’était le cas de Collèges de France de Mara Goyet, d’Entre les murs de François Bégaudeau pour citer les deux exemples les plus connus. Des ouvrages tenant le même discours sont publiés à chaque rentrée…
Vulgate bourdieusienne qui n'est plus d'actualité. Heureusement que des journalistes comprennent mieux les élèves de loin que les professeurs ne les comprennent de près !Virer l'élève imaginaire
Plus généralement, il demeure que l’élève imaginaire de l’Ecole républicaine est un enfant docile, conforme à ses attentes et ses valeurs, une sorte de mini moi des enseignants.
En l'occurrence, en imposant une minute de silence, c'est l'institution qui crée des "élèves imaginaires", "dociles, conformes à ses attentes". Certains chefs d'établissement ont préféré ne pas l'organiser...

En tout cas c'est un postulat rabâché à l'envi par la vulgate pédagogiste : la nécessité de s'adapter à l'élève. Dans le cas précis de cet attentat et des réactions odieuses des élèves, c'est un postulat qui ne laisse pas d'étonner.Cet idéal reste très vivace, pour ne pas dire central, dans la culture scolaire française.
Il expose les éducateurs à bien des déconvenues. La seule personne qu’il faut virer de l’école c’est cet élève imaginaire qui fait considérer à trop d’enseignants que les enfants ne sont jamais assez bien pour eux.

Il y a des élèves qu'on peut exclure (d'un établissement) pour de faits de violence, accessoirement...
Donc, si l'on suit le raisonnement, si des professeurs (souvent expérimentés par ailleurs...) déplorent que les élèves s'estiment vengés par la mort inhumaine de journalistes, c'est parce que les enseignants sont trop exigeants.

Si ces collègues ont témoigné, ce n'est pas pour renoncer ou avouer leur impuissance, mais pour porter au public la connaissance d'un monde que peu de gens connaissent en dehors de ceux qui y vivent ou y travaillent.Et, pour revenir aux élèves qui rigolent quand on leur parle d’attentat, il va falloir redoubler d’attention, l’école a un immense travail à faire avec eux.
Aucun début d'analyse sur les vraies raisons de ce décalage entre les représentants de la République et ces publics gagnés par des discours obscurantistes. Raisons qui sont en grande partie analysées sur ce forum et sur ce site.
Un film.Après avoir lu tous ces articles déprimants sur le comportement des élèves, j’ai repensé au film de Marie-Castille Mention Schaar, Les Héritiers, sorti il y a un mois. Un joli succès public pour une histoire vraie, celle d’une classe qui participe à un concours national d'Histoire de la déportation. Un exemple formidable de ce qui peut être fait et dit avec des élèves en matière d’éducation à la tolérance et au respect.

Il faut faut renoncer à "l'élève imaginaire"... pour prendre pour modèle des personnages d'un film idéalisé !Dans le film, des gamins qui tiennent des propos extrêmement choquants sur la religion, sont intolérants insolents et violents. L’enseignante, incarnée par Ariane Ascaride et la documentaliste du lycée, inspirées de personnages réels, ne perdent ni leur patience, ni leur foi dans les capacités des élèves. Et ça marche, les élèves comprennent, apprennent, progressent. C’est un ancien élève, Ahmed Dramé qui a écrit le scénario du films. Les éducatrices des Héritiers sont de véritables héroïnes qui mettent leurs actes en cohérence avec la devise de la République et qui, en réconciliant les élèves et leur école, les réconcilient avec la société.

Dans la description de ce film, seule réalité de l'école décrite par la journaliste, les professeurs sont donc donnés en modèle, sans qu'on sache exactement en quoi leurs actes font d'elles des "héroïnes". Comprendre donc que les professeurs ne sont pas capables de "réconcilier les élèves et leur école". Un article qui commence comme un hommage et se termine en vilipendage.

Et pour cela, contrairement au titre de l'article, de toujours s'étonner de ce que pourront dire les élèves victimes d'un obscurantisme hors d'âge. Car quand les professeurs ne s'étonneront plus, les lecteurs des journaux n'entendront plus leurs témoignages et le déni du réel sera enfin complet.C’est aussi la mission de l’école aujourd’hui plus que jamais. On peut le dire avec des grands mots: il s’agit de défendre la liberté, la démocratie, d'essayer de faire en sorte qu’il n’y ait pas de «territoires perdus»
Un très beau témoignage de ce que sans doute ont fait... la plupart des professeurs !...ou le formuler comme «petit prof»:
Parler, écouter, répondre, expliquer, dialoguer, recommencer, encaisser, ignorer provocations, rester calme, être tolérant. Ma matinée.

Bref, ce ne sont pas les réactions des élèves qui sont coupables dans cet article, mais l'étonnement des professeurs.
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Friedrich Nietzsche
Charlie, c'est l'histoire lamentable de la connerie cyclique des tueurs sans esprits et de la déconnade cynique des scribouilleurs sans talents. La merde engendre la merde : c’est un principe humain, trop humain. En tout état de cause, le niveau du « débat démocratique » en Occident se résumait jusqu'alors à la question de savoir si le cul du Mahomet (paix sur le Prophète) était soluble dans le cynisme de nos sociétés marchandes (paix sur les commerces). La « liberté d'expression » triomphait tantôt grâce à l'humour pipi-caca des plus déniaisés contre le sérieux au henné et à la barbe des victimes du blasphème, tantôt grâce aux grandes Loupiotes franchouillardes agitées à l'occasion d'une conférence à l'ULB menée par un sémillant Philippe Val, faiseur de prestige parmi d'autres faiseurs de prestige, animateur des débats grossiers qui font le bonheur de tous les marchands de sagesse. Qu'on l'agrémente de l'interminable litanie sur la « démocratie » qui est ici ou là, ou qui doit venir au terme d'une énième lutte citoyenne, et nous obtenons la rumeur ambiante d'un éternel quotidien politiquement et moralement aliénant. La mécanique bien huilée de production des discours publics se grippe immanquablement sur deux de ses fétiches favoris : liberté d'expression et démocratie ! Sous peine de t'assimiler à la barbarie obscurantiste, répète après moi, mon ami, mon ennemi, mon citoyen, ces deux mots qu'on se chargera de te faire répéter pour la transe : liberté d'expression et démocratie ! Tu n’es pas au courant ? Ces deux mots qui, hier encore, désignaient le pouvoir qu'avait l'intelligence de triompher de l'éternelle idiotie des impuissants, sont devenus la précieuse épice des marchands de valeur en stuc, des spécialistes de la révolte hebdomadaire et du marketing de soi. Mais monsieur, vous charriez ! Non, mon subtil argousin : je comptabilise. Je tiens pour acquis, avec ou sans Bergson, que nul n'est tenu de publier quoi que ce soit. Je tiens également pour acquis, avec un autre ami de la philosophie mais plus sûrement sans lui, que la connerie est une insulte à l'intelligence. A ce titre, les discours les plus cons, les caricatures les plus débiles, les slogans les plus ineptes qui battent le haut du pavé sont complètement injustifiables. Je suis contre cette « liberté d'expression », donc je serais pour la censure ? La censure n'a pas prise sur les manies du présent, c'est-à-dire sur les vastes réseaux de la redondance et de l'identique. En revanche, moyennant la création de dispositifs qui permettront à tout le monde de crier au grand jour sa bêtise et sa fierté d'être de la dernière cause à la mode, ainsi que l’avachissement général du niveau scolaire, la « liberté d'expression » peut effectivement les charrier. Ça ne mange pas de pain ? C'est à voir en caisse.
Nous assistons aujourd'hui, médusés, au spectacle d'un Val tragique à France Inter. 12 morts — dont deux policiers. L'heure est à la gravité et aux bruyants recueillements. Nous avons effectivement, et pour une énième fois, matière à nous solidariser et à nous grouper contre l'infâme qui est à nos portes. Entre solidarisants spontanément solidaires de la solidarité qui solidarise, tout doute porté à l’encontre de ce qui est convenu d’appeler « événement » est contre-nature. La coagulation nationale retrouve une fois de plus son tanin naturel. Le bon démocrate cool et sympa, qui poste d’insignifiants moignons de texte sur Twitter et expose sa rondelle de vie sur Facebook, t'assurera qu'il n'y a pas de mot pour exprimer l'innommable. Mais comme il est aussi en manque de slogans, il a fini par en trouver un pour l'année qui s'annonce : « Je suis Charlie. » A décliner à toutes les personnes. Après tout, nous sommes tous victimes dans cette affaire. Mais pour qui a une bonne oreille, ce slogan ne (ré)affirme pas la réalité de nos valeurs contre celle des autres : il occulte les stratégies politiques et les pratiques sociales qui se prévalent de sordides mythes planétaires pour garantir la paix des commerces. Ce mot d'ordre est là pour assurer la circulation entre la parole autorisée d'en haut et la gamme limitée des échos retentissant d'en bas; de la journaille apointée et des écrivains mercenaires à ta pomme. Cet acte de langage signifie et fait signifier à chacun de nous la débâcle du politique, geste sans cesse répété dans la duplication et la consommation du signifiant. Il dit à quel point nous sommes tous des faux-culs. C'est le mot.
Ois, ois brave bête ! Contemple le slogan, suit en direct des heures de live, de reportages et de contre-reportage ! Le vide, cher téléspectateur, ça s’oublie vite. Alors épouse le flux d'information, connecte-toi, indigne-toi dans un sens ou dans l'autre. Car attention, tout ça pourrait te faire « réagir », t'inviter à « t'exprimer », susciter le « débat ». Un peu irresponsable, le Charlie ? Un peu salaud, mais ça peut se tenir. Ça se discute chez Taddeï. Il va de soi que « ça se discute » se discutera ailleurs également. Et nous regardons, impuissants, tout ce délire occuper la quasi-totalité de l'espace public. Transparence de l'information ? Soit. Continue donc de te divertir de l'emmerdement intégral. Et, par-là même, d'ignorer la logique implacable et marchande (que les racolages médiatiques et l'obscénité des promotions internétiques de soi contribuent pour une part non négligeable à en former la matière) qui, en tournant à vide dans sa forme publicitaire, enfantera les monstres qui assureront sa perpétuation. Deux de ces monstres s'appellent Chérif et Saïd Kouachi, tout deux de nationalité française. J'avoue, sur le bout des lèvres, que l’envergure de cet attentat inspiré par Allah (pourquoi pas ?) ne tient pas la comparaison face à l’autre… tu sais bien, celui qui a été à ce point spectaculaire qu'il a invalidé la loi de la chute des corps… Oui, je sais, mais que veux-tu : c’est du made in France... Au pays des nanars planétaires, on voit les choses en plus grand. Les fausses mais néanmoins lisibles oppositions de valeurs constituant le fond de commerce international des imbéciles, on parlera la main sur le cœur du war against the integrism, avec en vue l'horizon mazouté de l'intérêt bien compris.
Je ne suis pas solidaire de la masse des crépusculeux qui chantent les vertus démocratiques pour continuer d'avoir le cul propre, donc je serai méprisant et hautain ? La belle affaire. Je risquerais par mes propos d'aggraver le chaos social actuel ? Comme si ce n’était pas déjà la merde à tous étages. La messe a été dite depuis longtemps, et c’est pourquoi on préférera encore faire jouer sur les grandes menaces en jonglant avec des catégories grosses comme des dents creuses, pour la faire circuler, la merde — et pour, en fin de circuit, ramasser des pépettes au nom du Pèze, du Fisc et du Saint-Profit. Ce que j'ai, c'est du dégoût pour une situation que nous laissons se répéter en intériorisant (ou en extériorisant, cela revient au même lorsqu’il s’agit de faire tourner), entre autres choses, des syllogismes de cette farine. Ce que j'ai, c'est un malaise vertigineux à la vue d'une éducation nationale toujours plus au rabais, et incapable par-là même d’intégrer les descendants de populations immigrées. Ce que j’ai, c’est de l’écœurement face au culturalisme bon ton des roitelets de la presse. Je prends le droit, en mon nom propre, à ma manière et selon mes propres moyens, de te faire piger qu'on te prend finalement pour un con, et que ce n’est pas forcément l’effet d’un malentendu. L'écart entre ce que nous disons et ce que nous faisons en disant, cette schizophrénie stérile des consciences post-modernes ou hyper-modernes qui aménage l'inconséquence, condamne toute liberté d'expression réellement effective. Aussi sûrement que la « liberté d'expression » des commerces, des bons voisinages et de la bonne communication s’accommodera toujours, et en toute bonne conscience, du sang des hommes d'ici ou de là-bas. The show must go on ! Et nous le réclamons déjà à grands cris, nous autres les intégristes du spectaculaire, les pornographes de valeurs, les cons sensuels. Tu t’en fous ? Mais moi aussi : « Je m’en fous. » A décliner là aussi à toutes les personnes. Tout le monde s’en fout : c’est ça la « démocratie. » On verra, pauvre idiot, jusqu’où tu t’en foutras, face à une pensée qui, pour vouloir la communauté des hommes libres, voudra ta perte.
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Paris, le 10 janvier 2015
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On a cependant du mal à suivre où vous voulez en venir et je ne sais pas par où commencer pour vous répondre. Disons seulement par cette énormité, cette mise à égalité des compteurs assez odieuse :
Pour le reste, je vois bien ce que "Charlie Hebdo" a de caricatural mais il faut avouer que cette veine vous inspire également. Vous y voyez, comme Jean-Marie Le Pen, le signe d'une décadence occidentale mais je me demande quel monde a grâce à vos yeux et ce que vous proposez exactement.Charlie, c'est l'histoire lamentable de la connerie cyclique des tueurs sans esprits et de la déconnade cynique des scribouilleurs sans talents. La merde engendre la merde
Hélas.Ce que j'ai, c'est un malaise vertigineux à la vue d'une éducation nationale toujours plus au rabais, et incapable par-là même d’intégrer les descendants de populations immigrées.
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Les effets de mon texte ont été soigneusement calibrés. Mais dites-moi, Loys : cette égalisation paraît odieuse pour qui ? Pour les morts ? Les cadavres ne parlent pas. Pour les familles des morts ? Je saurais y faire face, si tant est qu'on leur ait passé le mot. Ce n'est de toute façon pas un problème personnel qui m'occupe. Bien sûr, je suis celui qui exprimera mon inutile empathie pour eux, sur Facebook ou ailleurs, en créant un slogan qui ira alimenter la coagulation générale et le spectacle de l'attentat. Qu'est-ce que j'appelle spectacle de l'attentat ? Cette manière particulière aux sociétés marchandes et communicantes de faire monter la sauce en se vautrant dans un "événement", et en faisant en sorte, par la production de mots d'ordre politiquement aliénant, que ça dure encore un peu. Le temps, par exemple, qu'un autre attentat arrive. Je suis aussi celui qui, en contrepoint de cela, exprimera son dégoût, et qui te dégoûtera des faux-derches que nous sommes devenus. Pourquoi des faux-culs ? Parce que nous n'avons une fois de plus rien fait contre tout cela. Ceux qui ont de l'engagement et de la responsabilité une conception plus ou moins politique m'entendront plus ou moins bien. Le reste n'existe pas.Disons seulement par cette énormité, cette mise à égalité des compteurs assez odieuse
"Cette veine" ? Laissons tomber ce terme vague mais cependant utile pour disqualifier les intentions qu'on ne voit pas et voyons les choses dans leurs effets, comme vous le faites pour chaque article que vous commentez. Exciterais-je le rire des vaincus ? Est-ce que je fais, moi, commerce de mes images d'Epinal ? Espérez-vous vraiment nous faire croire que les caricatures diffusés en masse des soit-disant mal élevés valent celles du ladre qui, dans son coin, gueule sa colère au petit nombre de ceux qui l'entendent ? En tout cas, "cette veine", si elle existe, est bien inconséquente pour qualifier mon discours. Le rapprochement que vous opérez entre mon discours et les élucubrations d'un Jean-Marie Lepen qui, autant que les autres "responsables" politiques, a participé et participe encore de cette décadence, tient de la même farine.Pour le reste, je vois bien ce que "Charlie Hebdo" a de caricatural mais il faut avouer que cette veine vous inspire également.
Au sens étymologique du terme, tout y conspire. Mais que cela ne prouve pas que les saltimbanques médiatiques doivent être violemment critiqués, ou que nos pratiques sociales doivent changer, c'est, pour ainsi dire, dans l'ordre des choses. Un ordre de choses où (j'insiste) liberté d'expression et démocratie sont devenus de vains mots, de grosses baudruches. Pire : des mots et des baudruches faites pour que nous fondions en pleurs tous ensemble, les larmes coulant sur notre collagène nous empêchant d'y voire plus clair. Il n'y a plus de liberté d'expression là où la manière dont s'impose l'information prime sur le contenu, c'est-à-dire sur sa vérité. Il n'y a plus de liberté de la presse là où tout le monde peut la chanter à longueur de colonnes et d'émissions, en épargnant par-là même ceux qui, de tout temps, s'en sont prévalus pour dire tout et n'importe quoi. Et pour qu'il n'y ait plus que du n'importe quoi, il a d'abord fallut créer les conditions objectives pour que le n'importe quoi reçoive de l'écho. Il a fallut la faillite de l'école. Faillite orchestrée par ce n'importe quoi, auquel l'école n'est pas imperméable. Ce cercle tautologique, c'est l'intégrisme religieux de notre société.Hélas.
Cette situation, Philippe Muray, dans son adresse aux djihadistes comme partout ailleurs, avait su littérairement en développer les effets. Je vous remercie de la comparaison, mais je ne pourrais pas la tenir. Pour ce qui est du talent, je m'incline face à lui. Il y a cependant une différence vraiment déterminante entre lui et moi : c'est que je suis plus ou moins vivant, tandis que lui est mort (et non disparu). Petite différence qui l'immunise contre toutes les formes de malentendus, à l'heure où le festivisme festivisé nous a désappris à lire.
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J'applaudis à votre peinture inspirée de ce barnum médiatique nauséeux et complaisant, qui a donné à une société passive et endormie l'éphémère sentiment d'exister mais, contrairement à vous, je le considère comme finalement très secondaire. Et vous avez raison également pour ce qui est de l'hypocrisie : les seules vraies question sont celles des causes, ignorées jusque là, et à ce que nous devons faire très concrètement. Vous pensez si je m'y active, même si on peut se douter que rien n'en sortira.
La liberté d'expression comme "intégrisme" moderne (et finalement obscurantisme), c'est un beau paradoxe, qui donne à réfléchir.
Vous concéderez que le petit article sur ce blog et le fil de discussion sur ce forum ne prennent ce qui vient de se passer que comme simple prétexte à une (esquisse de) réflexion plus large.
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Qu'est-ce que la liberté d'expression, Loys ? Un droit garantit par l'Etat républicain et démocratique ? Peut-être. Mais cela ne nous dit rien quant aux faits auquel se rapporterait ce droit. En cela, la liberté d'expression n'est pas seulement un droit, mais également un pouvoir, une activité de publication, une pratique entièrement politique. Qu'est-ce qui la permet ? Des institutions politiques capables d'élever l'homme au-dessus de lui-même, de supporter les contradictions qui agitent la société dans laquelle il vit. Ce que l'école, de nos jours, ne fait pas, et ceci pour une raison simple: la porte de la classe est ouverte, entre autres, au tumulte ambiant des masses solidarisées pour tout et rien. Miracle des gadgets: ce qu'on appelle un progrès technique. Confisquez-les et fermez la porte de la classe, et vous vous verrez traité de de "censeur" qui refuse que ses élèves s'expriment librement, de "fasciste" qui refuse de "débattre", à l'heure où la liberté d'expression et la démocratie seraient menacés. Et en toute logique, vous aurez beau rappeler — et à juste titre ! — que l'école républicaine est un lieu d'enseignement et non un plateau-télé, ce sera en vain. Bien sûr, cela a toujours été le cas. Mais même l'honnête étudiant des années 50, fraîchement revenu de la Seconde Guerre Mondiale et du thème que son professeur de latin (on n'amputait pas le signifiant à cette époque) lui avait donné à faire pour le jour-même, aurait eu un léger malaise face à autant d'images, de sons et de papiers. Quant aux époques antérieures, n'en parlons pas.Loys dit: J'applaudis à votre peinture inspirée de ce barnum médiatique nauséeux et complaisant, qui a donné à une société passive et endormie l'éphémère sentiment d'exister mais, contrairement à vous, je le considère comme finalement très secondaire.
Il ne s'agit donc pas d'un simple ordre de priorité. Il s'agit d'une seule et même chose exprimée de deux manières, pour parler comme Spinoza. Vous avez vous-même fait quelques interventions dans l'espace public, vous vous y êtes exprimé en tant que professeur de français, que ce soit sur un journal ou sur ce blog. Compte tenu de ce que j'ai dit plus haut, rien de plus normal. Cela veut simplement dire que vous êtes conscient des problèmes politiques qui rendent votre mission éducative (ce que certains appellerait "faire du zèle") parfois pénible à remplir.
Loys dit: La liberté d'expression comme "intégrisme" moderne (et finalement obscurantisme), c'est un beau paradoxe, qui donne à réfléchir.
Ce qu'implique ce paradoxe paraît moins beau dans ses conséquences. Aujourd'hui plus que que jamais, face à une masse qui marche au rythme d'un pathos martial produit par des petits maîtres ès "liberté d'expression" qui prétendent éduquer le peuple, s'exprimer librement et faire cours sont devenus des exercices difficiles et solitaires, voire même isolant.
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Une précision : l'échec scolaire actuel, à mon sens, se mesure moins au nombre d'élèves quittant le système éducatif sans diplôme ( une centaine de milliers en vérité , en comptant ceux qui ont le brevet des collèges) qu'à la dépréciation de ces diplômes, non pas du fait de leur nombre mais du niveau réel qu'ils masquent.
La surestimation du nombre de décrocheurs a cette vertu de ne pas souligner cette contradiction. Pourtant jamais les décrocheurs n'ont été si peu nombreux ni l'école si efficace...
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Si par un hasard extraordinaire ce commentaire n'était pas accepté, je le posterai ici.
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Invité la semaine suivante, j'ai accepté de remplacer au pied levé une défection de dernière minute. Mon intervention a été en grande partie improvisée...
J'en ai cependant profité pour faire le portrait au vitriol de ce qu'est devenue l'école... ce qui m'a valu quelques volées de bois vert de la part de mes auditeurs.

La vidéo est accessible ici : videos.senat.fr/video/videos/2015/video27912.html
Il faudrait que je transforme mes notes en article : les journées peuvent-elles rallonger ?
Edit : compte-rendu mis en ligne par le sénat :
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- Loys
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- en renvoyant la gauche et la droite à une même responsabilité dans le naufrage de l'école
- en définissant la position "républicaine" (càd simplement reconnaissante envers une tradition républicaine de l'école et sans nostalgie par ailleurs), une position ni de droite ni de gauche.
- en refusant, dans l'esprit de Condorcet de considérer que l'école a pour mission de transmettre des "valeurs" (terme très ambigu), même républicaines, parce que la République ne doit elle-même pas être un objet de culte ou de vénération, mais de construction et de perpétuel renouvellement. Bref, qu'on ne doit pas exiger de l'école qu'elle impose une soumission, mais qu'elle conduise, par l'instruction, vers un consentement éclairé. J'aurais dû venir avec les Mémoires sur l'instruction publique :
Autre extrait :Condorcet dit: 3) Parce qu'une éducation publique deviendrait contraire à l'indépendance des opinions.
D'ailleurs, l'éducation, si on la prend dans toute son étendue, ne se borne pas seulement à l'instruction positive, à l'enseignement des vérités de fait et de calcul, mais elle embrasse toutes les opinions politiques, morales ou religieuses. Or, la liberté de ces opinions ne serait plus qu'illusoire, si la société s'emparait des générations naissantes pour leur dicter ce qu'elles doivent croire. Celui qui en entrant dans la société y porte des opinions que son éducation lui a données, n'est plus un homme libre ; il est l'esclave de ses maîtres, et ses fers sont d'autant plus difficiles à rompre, que lui-même ne les sent pas, et qu'il croit obéir à sa raison, quand il ne fait que se soumettre à celle d'un autre. On dira peut-être qu'il ne sera pas plus réellement libre, s'il reçoit ses
opinions de sa famille. Mais alors ces opinions ne sont pas les mêmes pour tous les citoyens; chacun s'aperçoit bientôt que sa croyance n'est pas la croyance universelle; il est averti de s'en défier; elle n'a plus à ses yeux le caractère d'une vérité convenue; et son erreur, s'il y persiste, n'est plus qu'une erreur volontaire. L'expérience a montré combien le pouvoir de ces premières idées s'affaiblit, dès qu'il s'élève contre elles des réclamations : on sait qu'alors la vanité de les rejeter l'emporte souvent sur celle de ne pas changer. Quand bien même ces opinions commenceraient par être à peu près les mêmes dans toutes les familles, bientôt, si une erreur de la puissance publique ne leur offrait un point de réunion, on les verrait se partager, et dès lors tout le danger disparaîtrait avec l'uniformité. D'ailleurs, les préjugés qu'on prend dans l'éducation domestique sont une suite de l'ordre naturel des sociétés, et une sape instruction, en répandant les lumières, en est le remède; au lieu que les préjuges donnés par la puissance publique sont une véritable tyrannie, un attentat contre une des parties les plus précieuses de la liberté naturelle.
Les anciens n'avaient aucune notion de ce genre de liberté; ils semblaient même n'avoir pour but, dans leurs institutions, que de l'anéantir. Ils auraient voulu ne laisser aux hommes que les idées, que les sentiments qui entraient dans le système du législateur. Pour eux la nature n'avait créé que des machines, dont la loi seule devait régler les ressorts et diriger l'action. Ce système était pardonnable sans doute à des sociétés naissantes, où l'on ne voyait autour de soi que des préjugés et des erreurs; tandis qu'un petit nombre de vérités, plutôt soupçonnées que connues, et devinées que découvertes, était le partage de quelques hommes privilégiés, forcés même de les dissimuler. On pouvait croire alors qu'il était nécessaire de fonder sur des erreurs le bonheur de la société, et par conséquent de conserver, de mettre à l'abri de tout examen dangereux les opinions qu'on avait jugées propres à l'assurer.
Mais aujourd'hui qu'il est reconnu que la vérité seule peut être la base d'une prospérité durable, et que les lumières croissant sans cesse ne permettent plus à l'erreur de se flatter d'un empire éternel, le but de l'éducation ne peut plus être de consacrer les opinions établies, mais, au contraire, de les soumettre à l'examen libre de générations successives, toujours de plus en plus éclairées.
La constitution de chaque nation ne doit faire partie de l'instruction que comme un fait.
On a dit que l'enseignement de la constitution de chaque pays devait y faire partie de l'instruction nationale. Cela est vrai, sans doute, si on en parle comme d'un fait ; si on se contente de l'expliquer et de la développer ; si, en l'enseignant, on se borne à dire : Telle est la constitution établie dans l'État et à laquelle tous les citoyens doivent se soumettre. Mais si on entend qu'il faut l'enseigner comme une doctrine conforme aux principes de la raison universelle, ou exciter en sa faveur un aveugle enthousiasme qui rende les citoyens incapables de la juger ; si on leur dit : Voilà ce que vous devez adorer et croire, alors c'est une espèce de religion politique que l'on veut créer ; c'est une chaîne que l'on prépare aux esprits, et on viole la liberté dans ses droits les plus sacrés, sous prétexte d'apprendre à la chérir. Le but de l'instruction n'est pas de faire admirer aux hommes une législation toute faite, mais de les rendre capables de l'apprécier et de la corriger. Il ne s'agit pas de soumettre chaque génération aux opinions comme à la volonté de celle qui la précède, mais de les éclairer de plus en plus, afin que chacune devienne de plus en plus digne de se gouverner par sa propre raison.
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- canta
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J’écoute avec délectation cette audition au sénat, mais aussi avec un certain dégout les questions posées par certains auditeurs se revendiquant enseignants dans une vie antérieure. Certifié en maths, j'ai enseigné 10 ans en Zep/rep/éclair... puis vient enfin de passer .... au lycée. Je parcours dans l'ombre depuis quelques temps ce blog.
Je partage totalement vos constats, idées et convictions et souhaite aujourd'hui vous soutenir face aux commentaires agaçants (pour le moins) de vos auditeurs "experts". Qu'ils aillent y faire un stage une petite semaine je m'assois au fond et je me marre, et après on en rediscute. Ces gens sont à tel point déconnectés de notre réalité que hélas, je ne me fais guère d'illusions sur l'avenir et sur l'utilité de cette commission. Le problème est que je suis aussi père de famille et que ce gâchis n'a pas fini de me coûter cher en frais de scolarité dans le privé pour ma progéniture, moi pur produit de" l'ascenseur social" et de l'éducation publique...
Cordialement
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- archeboc
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Comme l'ont expliqué les forces du bien lors de cette audition, le monde a changé : on ne peut plus faire une politique sur la vérité. La prospérité durable a laissé la place à une dégringolade, lente aujourd'hui mais que chaque jour accélère, et les lumières ne sont plus que les maigres quinquets d'un passé révolu.Mais aujourd'hui qu'il est reconnu que la vérité seule peut être la base d'une prospérité durable, et que les lumières croissant sans cesse ne permettent plus à l'erreur de se flatter d'un empire éternel,
Comment remettre du sens dans toute cela ? Du fait de son incurable optimisme, Condorcet n'est pas pour moi la référence la plus utile à une vraie refondation.
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- Loys
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Il ne s'agit pas d'imposer la République comme une autorité aux "valeurs" desquelles il faudrait se soumettre (ce qui revient paradoxalement à considérer des mineurs comme des citoyens à part entière, un des maux de l'école actuelle) mais d'imposer une autorité qui est tout simplement celle d'adultes responsables sur des enfants qui ne sont pas encore citoyens. Quant à la citoyenneté, elle ne s'acquiert pas par quelque catéchisme que ce soit, fût-il républicain, mais, comme consécration d'une instruction réussie : par un consentement éclairé.
Je trouve que le problème est ainsi mieux posé.
Un blogueur a apprécié mon audition : blogs.mediapart.fr/blog/c-est-nabum/3103...ission-parlementaire
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- Guermantes
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Ce qui m'a frappé lorsque j'ai regardé le film de votre audition,c'est l'arrogance de la plupart des sénateurs (terme qui englobe les sénatrices.)
ils, elles ne sont pas là pour écouter, essayer de s'informer,mais s"estiment habilités à vous faire des remontrances:" vous ^tes fonctionnaire"... donc faites ce qu'on vous dit.
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Allons-y pour le style oral :
Derrière ces vocables assez confus d' « implicite » (par rapport à quel explicite ?), d'« expression » (de quoi et depuis quelle légitimité ?), d' « émotion collective » ( très problématique ), d' « injonction » ( énoncée par qui et comment ?) se cache en fait une organisation de l'espace public (visant systématiquement sa privatisation) qui affecte profondément l'école et la manière dont chacun de ses agents vit sa relation avec elle. A terme, le fameux titre du film Cantet n'aura bientôt plus aucun sens.Il faut par exemple réfléchir à l'extraordinaire implicite de l'expression : « Je suis Charlie. » C'est quand même une expression qui est compliquée, qui a beaucoup d'implicite. « Je suis Charlie », qu'est-ce que ça veut dire... il ne faut pas s'étonner que les élèves qui ont reçu en pleine poire... excusez-moi l'expression, mais cette expression est une sorte de rébellion vis-à-vis de cette expression... je me suis identifié moi-même, c'est une sorte d'émotion collective, bien entendu. Mais il faut pas non plus s'étonner que des élèves ne puissent pas comprendre tout l'implicite de cette expression « Je suis Charlie »... Il y a de la part des élèves une sorte d'incompréhension, et je dirais de la part des autorités une incompréhension, cette injonction... parce que « Je suis Charlie » ça ressemble à une injonction finalement. Et puis il y a aussi l'injonction de la minute de silence... il faut pas tellement s'étonner que cette décision ait été à mes yeux un petit peu maladroite, témoignant d'une méconnaissance publique de qui sont les déshérités...
Posons-nous d'abord la question de savoir ce qu'est l'école républicaine. Un seul aspect de cette question m'intéresse ici: la pratique éducative qu'elle induit. Jusqu'alors, elle était intrinsèquement liée à une institution du rituel propre à la religion catholique. Ce que la IIIème République a fait, c'est reproduire le rituel du religieux au travers de la Marianne, des hymnes, du drapeau accroché au-dessus de l'entrée, etc. Sans Dieu ni jésuite, mais, avec tambours et trompettes, la religion civile à peu près telle que la déclamait Rousseau. L'essentiel étant dans tous les cas d'instituer une hiérarchie de valeurs, une verticalité qui assigne à l'élève sa place, au maître la chaire, et à la parole son lieu et son temps. A cet égard, il est absurde de penser que les valeurs se « transmettent », comme se transmettrait un patrimoine. Elles impliquent des processus d'évaluation, une relation synthétique avec le milieu dans lesquels ils se déroulent. Cela dépasse largement le contexte d'une relation émetteur-récepteur. Quant à savoir s'il s'agit d'une tradition au sens fort, le latin auctoritas en dit à la fois trop et trop peu. Nous n'en sommes de toute façon pas là.
Car nous avons en face un slogan ou mot d'ordre « Je suis Charlie » qui n'est pas du tout fait pour être compris. La question n'est pas de savoir ce qu'il veut dire, mais à quoi il sert et comment il fonctionne. J'ai déjà publié sur ce forum un texte polémique que j'ai diffusé il y a de cela deux mois, et le problème qu'il évoque n'est pas étranger à ce qui se passe à l'école. Voyez les initiatives ministérielles qui veillent à promouvoir le vivre-ensemble et la tolérance (et le pubard moyen sait quoi d'autre) au travers de discours insignifiants, de slogans qu'on répète en boucle, et dont la fausse évidence terrorise chacun. Le fait qu'on retrouve à la fois en dedans et au-dehors de l'école le même mode de communication — qui implique des processus de subjectivation, ce que Loys désigne par « identification » à une « émotion collective » dont il n'est d'ailleurs pas sûr qu'elle la précède — suffit à prouver combien cette philosophie ministérielle de Bisounours ronge la société et l'école et assure sa pérennité par saturation de mots d'ordre ou slogans empêchant toute autre prise de parole publique d'être réellement effective. « Je suis Charlie » empêche de dire autre chose qui, dans ses effets, ne reproduirait pas la performativité du mot d'ordre. Je suis « Je suis Charlie » même lorsque j'affirme ne pas l'être. Que les fonctionnaires de l'Education nationale se rassurent: les élèves qui refusent d'être Charlie, quelques soient les raisons de leur refus, sont bien les fils de notre temps.
L'« injonction » suppose une structure énonciative verticale propre à l'institution, cette chaîne qui va du ministère à l'élève comme vous l'évoquez ensuite. Mais lorsque cette même institution se met à simuler le politique, on se retrouve en fin de compte avec une école dressée à la communication d'ambiance. Le slogan induit un nivellement (j'ose à peine dire: un relativisme) des contextes, des prises de parole, des espaces, etc. On se souvient de la lettre de Vallaud-Belkacem, dans laquelle elle affirme (martèle, devrait-on dire) que l'Ecole est censée éduquer à la "Liberté", entre autres choses. Voilà un mot creux qui, s'il n'accompagne pas une certaine exigence de l'esprit, ne signifie rien du tout dans le contexte scolaire. C'est un slogan, un terme flottant et adaptable à tous les contextes d'énonciations. On parle de "liberté", "tolérance" et "respect" en famille, entre amis, au boulot, au supermarché...
Or l'Ecole doit être un lieu où des mots tels que "liberté", "tolérance" et "respect" se doivent de rester des problèmes. Non, l'Ecole n'est pas un lieu de débat, de partage ou de solidarité, mais un lieu où confronte des élèves à des savoirs qui les mènent à formuler des exigences vis-à-vis d'eux-mêmes — et, dans le meilleur des cas, vis-à-vis des professeurs aussi. Je ne suis pas encore du métier, mais il me semble s'augurer comme un travail clandestin de contrebande du savoir. Un professeur aujourd'hui, c'est ou bien un contrebandier du savoir, ou bien le bon pote qui "respecte" le droit à la respectabilité de l'élève revenu d'une énième pride des fiertés et des conneries. Dans l'un comme dans l'autre cas, aucun mur, aucun drapeau, ni aucune Marianne pour le protéger d'une forme inédite d'obscurantisme bon ton et communicationel — qui a la bonne conscience et les bons sentiments pour elle.
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- Loys
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Et pardonnez à ce sujet l'oralité désordonnées de mon propre propos, je n'ai quasiment pas eu le temps de préparer mon intervention.
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- Hervé
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- sur la forme, vous êtes bien meilleur dans les réponses aux questions que dans le propos liminaire. Outre le poids des circonstances (improvisation, émotion) peut-être avez-vous voulu en dire "trop", en traitant de tous les points problématiques plutôt que de vous concentrer sur certains ? Il n'en reste pas moins que je suis d'accord avec l'essentiel de ce que vous avez dit.
- politiquement parlant il est finalement étonnant (?) d'observer que vous avez eu l'écoute la plus favorable de ce vieux renard de Longuet plutôt que des sénatrices "de gauche". Moi qui suis Lorrain (région de Longuet) et de gauche, ça interpelle...
- plusieurs vous reprochent des contradictions. Il me semble qu'il y en a effectivement, même si c'est sans doute inévitable, vu l'ampleur des problèmes à traiter: si quelqu'un avait la solution pour résoudre tous les problèmes de l'école, il devrait vite la faire breveter.... L'une des contradictions que je vois, y compris sur ce que vous écrivez sur ce blog, c'est la tension entre une volonté de défense de l'école (et donc des enseignants) et la dénonciation de son naufrage. C'est clair dans votre attitude vis-à-vis des tests PISA dont vous soulignez les biais et, en même temps, que vous utilisez pour montrer la faillite du système. A votre décharge, vos/nos adversaires font de même en utilisant PISA pour recommander l'amplification des réformes qui ont amené à la supposée catastrophe.
A titre personnel, je résous cette contradiction en essayant de ne jamais utiliser de chiffres pour tenter une supposée objectivation du système. L'acte pédagogique, vu comme la relation dynamique entre l'élève, le professeur et le savoir, échappe à toute mesure supposée objective. C'est pourquoi une vraie réforme du système d'évaluation, qui n'aurait pas pour but de masquer les failles du système sous le manteau de la bienveillance, m'intéresse.
- concernant la transmission des valeurs, vous avez évidemment raison et je m'en veux de ne pas avoir réussi à expliciter ce point moi-même malgré le malaise que je ressens depuis des années que j'enseigne l'ECJS. Il y a évidemment un côté provocateur, spécialement aujourd'hui, à tenir cette position, tant se met en place une vulgate dont le caractère prescriptif est parfaitement contradictoire avec son efficacité. On n'enseigne pas la liberté de penser et l'esprit critique comme on enseigne le théorème de Pythagore. C'est en fait l'ambiguïté de la notion de "transmission" qui décrit à la fois l'acte de transmettre - une dynamique - et le résultat de cette action. Ou, pour le dire autrement, c'est la tension entre fixer une obligation de moyens et une obligation de résultats.
Les "valeurs' - et quelles sont-elles d'abord ? - ne peuvent se transmettre ni par la réactivation d'un roman national ou d' un catéchisme républicain incompatible avec l'esprit critique, ni par une mise en situation leurrant les élèves sur ce que sont droits, devoirs et responsabilité du citoyen. Elles doivent être proposées dans leur complexité, en n'occultant ni leur grandeur ni leurs limites, et l'on doit ensuite se contenter d'espérer que les élèves - par ailleurs soumis à d'autres forces (famille, médias, internet, etc.) - feront leurs ses valeurs, tout en sachant qu'en république, on a le droit de ne pas faire une minute de silence, de siffler la marseillaise ou de voter Front National. Même si tous ces comportements sont dommageables...
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- SANTANA
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J'ai été admiratif de votre calme face à un auditoire qui, plutôt que d'écouter et de vous faire préciser certains aspects s'est livrée à un réquisitoire par des condamnations péremptoires de votre exposé en vous faisant passer pour un réactionnaire., passéiste ...
Je tiens à vous témoigner mon soutien car après une telle épreuve vous devez avoir le moral au plus bas.
Vous avez du faire face à une commission d'enquête composée de membres imbus de leurs certitudes, qui manifestement n'ont que faire de ce que peuvent dire des enseignants et qui ont exprimé et confirmé leur mépris que vous aviez pris soin d'épingler dans votre propos liminaire. Il faut souligner que certains se sont prévalus de leur appartenance au milieu éducatif ou impliqué par leur mandat au monde éducatif. Manifestement votre réquisitoire à l'encontre des politiques ou de cette hiérarchie servile qui collabore à la destruction de l'Ecole Républicaine.
Je suis enseignant (en classe de BTS) , dans un grand lycée (par la taille : près de 2000 élèves et étudiants) dans l'agglomération lyonnaise et puis attester que ce que vous avez exprimé est vécu par chacun des collègues que je croise dans la salle des professeurs.
Bravo et Bon Courage
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