Du fanatisme à l'école et aux "valeurs de la République"

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26 Mar 2015 13:31 - 26 Mai 2021 18:38 #13684 par Loys
Réponse de Loys sur le sujet Une audition au Sénat
J'ai été auditionné ce matin, 26/03, au Sénat par la "Commission d'enquête sur le fonctionnement du service public de l'éducation, sur la perte de repères républicains que révèle la vie dans les établissements scolaires et sur les difficultés rencontrées par les enseignants dans l'exercice de leur profession" . Mon blog est, semble-t-il, lu.
Invité la semaine suivante, j'ai accepté de remplacer au pied levé une défection de dernière minute. Mon intervention a été en grande partie improvisée...
J'en ai cependant profité pour faire le portrait au vitriol de ce qu'est devenue l'école... ce qui m'a valu quelques volées de bois vert de la part de mes auditeurs. :rirej
La vidéo est accessible ici : videos.senat.fr/video/videos/2015/video27912.html
Il faudrait que je transforme mes notes en article : les journées peuvent-elles rallonger ?
Edit : compte-rendu mis en ligne par le sénat :

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26 Mar 2015 14:01 - 04 Jul 2020 14:30 #13685 par Loys
Réponse de Loys sur le sujet Une audition au Sénat
A noter que je me suis efforcé d'éviter l'éventuel piège de cette commission, une récupération par un camp politique :
- en renvoyant la gauche et la droite à une même responsabilité dans le naufrage de l'école
- en définissant la position "républicaine" (càd simplement reconnaissante envers une tradition républicaine de l'école et sans nostalgie par ailleurs), une position ni de droite ni de gauche.
- en refusant, dans l'esprit de Condorcet de considérer que l'école a pour mission de transmettre des "valeurs" (terme très ambigu), même républicaines, parce que la République ne doit elle-même pas être un objet de culte ou de vénération, mais de construction et de perpétuel renouvellement. Bref, qu'on ne doit pas exiger de l'école qu'elle impose une soumission, mais qu'elle conduise, par l'instruction, vers un consentement éclairé. J'aurais dû venir avec les Mémoires sur l'instruction publique :

Condorcet écrit: 3) Parce qu'une éducation publique deviendrait contraire à l'indépendance des opinions.
D'ailleurs, l'éducation, si on la prend dans toute son étendue, ne se borne pas seulement à l'instruction positive, à l'enseignement des vérités de fait et de calcul, mais elle embrasse toutes les opinions politiques, morales ou religieuses. Or, la liberté de ces opinions ne serait plus qu'illusoire, si la société s'emparait des générations naissantes pour leur dicter ce qu'elles doivent croire. Celui qui en entrant dans la société y porte des opinions que son éducation lui a données, n'est plus un homme libre ; il est l'esclave de ses maîtres, et ses fers sont d'autant plus difficiles à rompre, que lui-même ne les sent pas, et qu'il croit obéir à sa raison, quand il ne fait que se soumettre à celle d'un autre. On dira peut-être qu'il ne sera pas plus réellement libre, s'il reçoit ses
opinions de sa famille. Mais alors ces opinions ne sont pas les mêmes pour tous les citoyens; chacun s'aperçoit bientôt que sa croyance n'est pas la croyance universelle; il est averti de s'en défier; elle n'a plus à ses yeux le caractère d'une vérité convenue; et son erreur, s'il y persiste, n'est plus qu'une erreur volontaire. L'expérience a montré combien le pouvoir de ces premières idées s'affaiblit, dès qu'il s'élève contre elles des réclamations : on sait qu'alors la vanité de les rejeter l'emporte souvent sur celle de ne pas changer. Quand bien même ces opinions commenceraient par être à peu près les mêmes dans toutes les familles, bientôt, si une erreur de la puissance publique ne leur offrait un point de réunion, on les verrait se partager, et dès lors tout le danger disparaîtrait avec l'uniformité. D'ailleurs, les préjugés qu'on prend dans l'éducation domestique sont une suite de l'ordre naturel des sociétés, et une sape instruction, en répandant les lumières, en est le remède; au lieu que les préjuges donnés par la puissance publique sont une véritable tyrannie, un attentat contre une des parties les plus précieuses de la liberté naturelle.
Les anciens n'avaient aucune notion de ce genre de liberté; ils semblaient même n'avoir pour but, dans leurs institutions, que de l'anéantir. Ils auraient voulu ne laisser aux hommes que les idées, que les sentiments qui entraient dans le système du législateur. Pour eux la nature n'avait créé que des machines, dont la loi seule devait régler les ressorts et diriger l'action. Ce système était pardonnable sans doute à des sociétés naissantes, où l'on ne voyait autour de soi que des préjugés et des erreurs; tandis qu'un petit nombre de vérités, plutôt soupçonnées que connues, et devinées que découvertes, était le partage de quelques hommes privilégiés, forcés même de les dissimuler. On pouvait croire alors qu'il était nécessaire de fonder sur des erreurs le bonheur de la société, et par conséquent de conserver, de mettre à l'abri de tout examen dangereux les opinions qu'on avait jugées propres à l'assurer.
Mais aujourd'hui qu'il est reconnu que la vérité seule peut être la base d'une prospérité durable, et que les lumières croissant sans cesse ne permettent plus à l'erreur de se flatter d'un empire éternel, le but de l'éducation ne peut plus être de consacrer les opinions établies, mais, au contraire, de les soumettre à l'examen libre de générations successives, toujours de plus en plus éclairées.

Autre extrait :

La constitution de chaque nation ne doit faire partie de l'instruction que comme un fait.
On a dit que l'enseignement de la constitution de chaque pays devait y faire partie de l'instruction nationale. Cela est vrai, sans doute, si on en parle comme d'un fait ; si on se contente de l'expliquer et de la développer ; si, en l'enseignant, on se borne à dire : Telle est la constitution établie dans l'État et à laquelle tous les citoyens doivent se soumettre. Mais si on entend qu'il faut l'enseigner comme une doctrine conforme aux principes de la raison universelle, ou exciter en sa faveur un aveugle enthousiasme qui rende les citoyens incapables de la juger ; si on leur dit : Voilà ce que vous devez adorer et croire, alors c'est une espèce de religion politique que l'on veut créer ; c'est une chaîne que l'on prépare aux esprits, et on viole la liberté dans ses droits les plus sacrés, sous prétexte d'apprendre à la chérir. Le but de l'instruction n'est pas de faire admirer aux hommes une législation toute faite, mais de les rendre capables de l'apprécier et de la corriger. Il ne s'agit pas de soumettre chaque génération aux opinions comme à la volonté de celle qui la précède, mais de les éclairer de plus en plus, afin que chacune devienne de plus en plus digne de se gouverner par sa propre raison.


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26 Mar 2015 18:11 - 27 Mar 2015 03:22 #13686 par canta
Réponse de canta sur le sujet Une audition au Sénat
Bonjour,
J’écoute avec délectation cette audition au sénat, mais aussi avec un certain dégout les questions posées par certains auditeurs se revendiquant enseignants dans une vie antérieure. Certifié en maths, j'ai enseigné 10 ans en Zep/rep/éclair... puis vient enfin de passer .... au lycée. Je parcours dans l'ombre depuis quelques temps ce blog.
Je partage totalement vos constats, idées et convictions et souhaite aujourd'hui vous soutenir face aux commentaires agaçants (pour le moins) de vos auditeurs "experts". Qu'ils aillent y faire un stage une petite semaine je m'assois au fond et je me marre, et après on en rediscute. Ces gens sont à tel point déconnectés de notre réalité que hélas, je ne me fais guère d'illusions sur l'avenir et sur l'utilité de cette commission. Le problème est que je suis aussi père de famille et que ce gâchis n'a pas fini de me coûter cher en frais de scolarité dans le privé pour ma progéniture, moi pur produit de" l'ascenseur social" et de l'éducation publique...
Cordialement
Dernière édition: 27 Mar 2015 03:22 par canta. Raison: répétition "certain"

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27 Mar 2015 18:45 - 28 Mar 2015 13:41 #13695 par archeboc
Réponse de archeboc sur le sujet Une audition au Sénat
Sur cette citation de Condorcet, il y a un gros problème :

Mais aujourd'hui qu'il est reconnu que la vérité seule peut être la base d'une prospérité durable, et que les lumières croissant sans cesse ne permettent plus à l'erreur de se flatter d'un empire éternel,

Comme l'ont expliqué les forces du bien lors de cette audition, le monde a changé : on ne peut plus faire une politique sur la vérité. La prospérité durable a laissé la place à une dégringolade, lente aujourd'hui mais que chaque jour accélère, et les lumières ne sont plus que les maigres quinquets d'un passé révolu.
Comment remettre du sens dans toute cela ? Du fait de son incurable optimisme, Condorcet n'est pas pour moi la référence la plus utile à une vraie refondation.
Dernière édition: 28 Mar 2015 13:41 par Loys.

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28 Mar 2015 08:23 - 13 Jul 2015 17:05 #13698 par Loys
Réponse de Loys sur le sujet Une audition au Sénat
Vous comprenez bien que, sur ce point précis, je ne cite pas Condorcet comme un argument d'autorité mais parce que je souscris à sa réflexion, ce qui ne m'empêche pas d'avoir une lecture très critique de l'Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain (au lointain fondement, avec les Lumières en général, du numérisme actuel ?).
Il ne s'agit pas d'imposer la République comme une autorité aux "valeurs" desquelles il faudrait se soumettre (ce qui revient paradoxalement à considérer des mineurs comme des citoyens à part entière, un des maux de l'école actuelle) mais d'imposer une autorité qui est tout simplement celle d'adultes responsables sur des enfants qui ne sont pas encore citoyens. Quant à la citoyenneté, elle ne s'acquiert pas par quelque catéchisme que ce soit, fût-il républicain, mais, comme consécration d'une instruction réussie : par un consentement éclairé.
Je trouve que le problème est ainsi mieux posé.
Un blogueur a apprécié mon audition : blogs.mediapart.fr/blog/c-est-nabum/3103...ission-parlementaire
Dernière édition: 13 Jul 2015 17:05 par Loys.

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28 Mar 2015 13:20 #13703 par Guermantes
Réponse de Guermantes sur le sujet Une audition au Sénat
En tout cas, Gérard Longuet est resté coi après cette référence à Condorcet;c'est déjà pas mal.
Ce qui m'a frappé lorsque j'ai regardé le film de votre audition,c'est l'arrogance de la plupart des sénateurs (terme qui englobe les sénatrices.)
ils, elles ne sont pas là pour écouter, essayer de s'informer,mais s"estiment habilités à vous faire des remontrances:" vous ^tes fonctionnaire"... donc faites ce qu'on vous dit.

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28 Mar 2015 16:48 #13712 par Personne
Réponse de Personne sur le sujet Une audition au Sénat
Votre intervention, ainsi que les questions et les réponses qu'elle a suscité, donnent bien plus de raisons de désespérer de la situation actuelle que d'espérer que les responsables politiques deviendront lucides au sujet de l'école. Même le simple commentaire de Grosperrin qui la suit, relevant d'un tolérantisme propre aux amis de la continuité tubulaire de l'échange et des opinions prévues, le prouve en tout cas à mes yeux. En passant, il est devenu aussi difficile pour un sénateur de se rendre compte des multiples démissions qui ont cours que pour quiconque de redescendre du Mont Ventoux avec le Décalogue dans les bras. Car il ne faut pas perdre de vue le fait que la société subit ce que subit l'école, — que l'un subit dans l'exacte mesure où l'autre subit — pour le meilleur comme (et surtout) pour le pire; — de même que l'éducation, dans une société réellement démocratique, ne se fait pas seulement à l'école. Un certain passage de votre discours, à mon sens, essaie tant bien que mal de rendre compte de cette solidarité processuelle de la société et de l'école. Il faut y voir de plus près.
Allons-y pour le style oral :

Il faut par exemple réfléchir à l'extraordinaire implicite de l'expression : « Je suis Charlie. » C'est quand même une expression qui est compliquée, qui a beaucoup d'implicite. « Je suis Charlie », qu'est-ce que ça veut dire... il ne faut pas s'étonner que les élèves qui ont reçu en pleine poire... excusez-moi l'expression, mais cette expression est une sorte de rébellion vis-à-vis de cette expression... je me suis identifié moi-même, c'est une sorte d'émotion collective, bien entendu. Mais il faut pas non plus s'étonner que des élèves ne puissent pas comprendre tout l'implicite de cette expression « Je suis Charlie »... Il y a de la part des élèves une sorte d'incompréhension, et je dirais de la part des autorités une incompréhension, cette injonction... parce que « Je suis Charlie » ça ressemble à une injonction finalement. Et puis il y a aussi l'injonction de la minute de silence... il faut pas tellement s'étonner que cette décision ait été à mes yeux un petit peu maladroite, témoignant d'une méconnaissance publique de qui sont les déshérités...

Derrière ces vocables assez confus d' « implicite » (par rapport à quel explicite ?), d'« expression » (de quoi et depuis quelle légitimité ?), d' « émotion collective » ( très problématique ), d' « injonction » ( énoncée par qui et comment ?) se cache en fait une organisation de l'espace public (visant systématiquement sa privatisation) qui affecte profondément l'école et la manière dont chacun de ses agents vit sa relation avec elle. A terme, le fameux titre du film Cantet n'aura bientôt plus aucun sens.
Posons-nous d'abord la question de savoir ce qu'est l'école républicaine. Un seul aspect de cette question m'intéresse ici: la pratique éducative qu'elle induit. Jusqu'alors, elle était intrinsèquement liée à une institution du rituel propre à la religion catholique. Ce que la IIIème République a fait, c'est reproduire le rituel du religieux au travers de la Marianne, des hymnes, du drapeau accroché au-dessus de l'entrée, etc. Sans Dieu ni jésuite, mais, avec tambours et trompettes, la religion civile à peu près telle que la déclamait Rousseau. L'essentiel étant dans tous les cas d'instituer une hiérarchie de valeurs, une verticalité qui assigne à l'élève sa place, au maître la chaire, et à la parole son lieu et son temps. A cet égard, il est absurde de penser que les valeurs se « transmettent », comme se transmettrait un patrimoine. Elles impliquent des processus d'évaluation, une relation synthétique avec le milieu dans lesquels ils se déroulent. Cela dépasse largement le contexte d'une relation émetteur-récepteur. Quant à savoir s'il s'agit d'une tradition au sens fort, le latin auctoritas en dit à la fois trop et trop peu. Nous n'en sommes de toute façon pas là.
Car nous avons en face un slogan ou mot d'ordre « Je suis Charlie » qui n'est pas du tout fait pour être compris. La question n'est pas de savoir ce qu'il veut dire, mais à quoi il sert et comment il fonctionne. J'ai déjà publié sur ce forum un texte polémique que j'ai diffusé il y a de cela deux mois, et le problème qu'il évoque n'est pas étranger à ce qui se passe à l'école. Voyez les initiatives ministérielles qui veillent à promouvoir le vivre-ensemble et la tolérance (et le pubard moyen sait quoi d'autre) au travers de discours insignifiants, de slogans qu'on répète en boucle, et dont la fausse évidence terrorise chacun. Le fait qu'on retrouve à la fois en dedans et au-dehors de l'école le même mode de communication — qui implique des processus de subjectivation, ce que Loys désigne par « identification » à une « émotion collective » dont il n'est d'ailleurs pas sûr qu'elle la précède — suffit à prouver combien cette philosophie ministérielle de Bisounours ronge la société et l'école et assure sa pérennité par saturation de mots d'ordre ou slogans empêchant toute autre prise de parole publique d'être réellement effective. « Je suis Charlie » empêche de dire autre chose qui, dans ses effets, ne reproduirait pas la performativité du mot d'ordre. Je suis « Je suis Charlie » même lorsque j'affirme ne pas l'être. Que les fonctionnaires de l'Education nationale se rassurent: les élèves qui refusent d'être Charlie, quelques soient les raisons de leur refus, sont bien les fils de notre temps.
L'« injonction » suppose une structure énonciative verticale propre à l'institution, cette chaîne qui va du ministère à l'élève comme vous l'évoquez ensuite. Mais lorsque cette même institution se met à simuler le politique, on se retrouve en fin de compte avec une école dressée à la communication d'ambiance. Le slogan induit un nivellement (j'ose à peine dire: un relativisme) des contextes, des prises de parole, des espaces, etc. On se souvient de la lettre de Vallaud-Belkacem, dans laquelle elle affirme (martèle, devrait-on dire) que l'Ecole est censée éduquer à la "Liberté", entre autres choses. Voilà un mot creux qui, s'il n'accompagne pas une certaine exigence de l'esprit, ne signifie rien du tout dans le contexte scolaire. C'est un slogan, un terme flottant et adaptable à tous les contextes d'énonciations. On parle de "liberté", "tolérance" et "respect" en famille, entre amis, au boulot, au supermarché...
Or l'Ecole doit être un lieu où des mots tels que "liberté", "tolérance" et "respect" se doivent de rester des problèmes. Non, l'Ecole n'est pas un lieu de débat, de partage ou de solidarité, mais un lieu où confronte des élèves à des savoirs qui les mènent à formuler des exigences vis-à-vis d'eux-mêmes — et, dans le meilleur des cas, vis-à-vis des professeurs aussi. Je ne suis pas encore du métier, mais il me semble s'augurer comme un travail clandestin de contrebande du savoir. Un professeur aujourd'hui, c'est ou bien un contrebandier du savoir, ou bien le bon pote qui "respecte" le droit à la respectabilité de l'élève revenu d'une énième pride des fiertés et des conneries. Dans l'un comme dans l'autre cas, aucun mur, aucun drapeau, ni aucune Marianne pour le protéger d'une forme inédite d'obscurantisme bon ton et communicationel — qui a la bonne conscience et les bons sentiments pour elle.

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28 Mar 2015 17:31 - 02 Avr 2015 14:38 #13713 par Loys
Réponse de Loys sur le sujet Une audition au Sénat
Difficile de répondre immédiatement, Personne. Votre propos est toujours très elliptique.
Et pardonnez à ce sujet l'oralité désordonnées de mon propre propos, je n'ai quasiment pas eu le temps de préparer mon intervention.
Dernière édition: 02 Avr 2015 14:38 par Loys.

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29 Mar 2015 18:10 - 09 Jul 2015 12:08 #13719 par Hervé
Réponse de Hervé sur le sujet Une audition au Sénat
Audition intéressante et riche d'enseignements (si j'ose dire :rirej )
- sur la forme, vous êtes bien meilleur dans les réponses aux questions que dans le propos liminaire. Outre le poids des circonstances (improvisation, émotion) peut-être avez-vous voulu en dire "trop", en traitant de tous les points problématiques plutôt que de vous concentrer sur certains ? Il n'en reste pas moins que je suis d'accord avec l'essentiel de ce que vous avez dit.
- politiquement parlant il est finalement étonnant (?) d'observer que vous avez eu l'écoute la plus favorable de ce vieux renard de Longuet plutôt que des sénatrices "de gauche". Moi qui suis Lorrain (région de Longuet) et de gauche, ça interpelle...
- plusieurs vous reprochent des contradictions. Il me semble qu'il y en a effectivement, même si c'est sans doute inévitable, vu l'ampleur des problèmes à traiter: si quelqu'un avait la solution pour résoudre tous les problèmes de l'école, il devrait vite la faire breveter.... L'une des contradictions que je vois, y compris sur ce que vous écrivez sur ce blog, c'est la tension entre une volonté de défense de l'école (et donc des enseignants) et la dénonciation de son naufrage. C'est clair dans votre attitude vis-à-vis des tests PISA dont vous soulignez les biais et, en même temps, que vous utilisez pour montrer la faillite du système. A votre décharge, vos/nos adversaires font de même en utilisant PISA pour recommander l'amplification des réformes qui ont amené à la supposée catastrophe.
A titre personnel, je résous cette contradiction en essayant de ne jamais utiliser de chiffres pour tenter une supposée objectivation du système. L'acte pédagogique, vu comme la relation dynamique entre l'élève, le professeur et le savoir, échappe à toute mesure supposée objective. C'est pourquoi une vraie réforme du système d'évaluation, qui n'aurait pas pour but de masquer les failles du système sous le manteau de la bienveillance, m'intéresse.
- concernant la transmission des valeurs, vous avez évidemment raison et je m'en veux de ne pas avoir réussi à expliciter ce point moi-même malgré le malaise que je ressens depuis des années que j'enseigne l'ECJS. Il y a évidemment un côté provocateur, spécialement aujourd'hui, à tenir cette position, tant se met en place une vulgate dont le caractère prescriptif est parfaitement contradictoire avec son efficacité. On n'enseigne pas la liberté de penser et l'esprit critique comme on enseigne le théorème de Pythagore. C'est en fait l'ambiguïté de la notion de "transmission" qui décrit à la fois l'acte de transmettre - une dynamique - et le résultat de cette action. Ou, pour le dire autrement, c'est la tension entre fixer une obligation de moyens et une obligation de résultats.
Les "valeurs' - et quelles sont-elles d'abord ? - ne peuvent se transmettre ni par la réactivation d'un roman national ou d' un catéchisme républicain incompatible avec l'esprit critique, ni par une mise en situation leurrant les élèves sur ce que sont droits, devoirs et responsabilité du citoyen. Elles doivent être proposées dans leur complexité, en n'occultant ni leur grandeur ni leurs limites, et l'on doit ensuite se contenter d'espérer que les élèves - par ailleurs soumis à d'autres forces (famille, médias, internet, etc.) - feront leurs ses valeurs, tout en sachant qu'en république, on a le droit de ne pas faire une minute de silence, de siffler la marseillaise ou de voter Front National. Même si tous ces comportements sont dommageables...
Dernière édition: 09 Jul 2015 12:08 par Loys.

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01 Avr 2015 20:55 - 09 Jul 2015 12:08 #13756 par SANTANA
Réponse de SANTANA sur le sujet Une audition au Sénat
J'ai pris connaissance ce jour sur la chaine LCP de votre audition par la commission qui "enquête" sur l'école Républicaine (ceci n'est pas son titre officiel. Votre témoignage rendait compte d'une expérience vraie et authentique, et d'une réelle expertise de terrain.
J'ai été admiratif de votre calme face à un auditoire qui, plutôt que d'écouter et de vous faire préciser certains aspects s'est livrée à un réquisitoire par des condamnations péremptoires de votre exposé en vous faisant passer pour un réactionnaire., passéiste ...
Je tiens à vous témoigner mon soutien car après une telle épreuve vous devez avoir le moral au plus bas.
Vous avez du faire face à une commission d'enquête composée de membres imbus de leurs certitudes, qui manifestement n'ont que faire de ce que peuvent dire des enseignants et qui ont exprimé et confirmé leur mépris que vous aviez pris soin d'épingler dans votre propos liminaire. Il faut souligner que certains se sont prévalus de leur appartenance au milieu éducatif ou impliqué par leur mandat au monde éducatif. Manifestement votre réquisitoire à l'encontre des politiques ou de cette hiérarchie servile qui collabore à la destruction de l'Ecole Républicaine.
Je suis enseignant (en classe de BTS) , dans un grand lycée (par la taille : près de 2000 élèves et étudiants) dans l'agglomération lyonnaise et puis attester que ce que vous avez exprimé est vécu par chacun des collègues que je croise dans la salle des professeurs.
Bravo et Bon Courage
Dernière édition: 09 Jul 2015 12:08 par Loys.

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