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La dévalorisation du baccalauréat
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Mais non, ce jour-là, leur travail fut réduit à néant, très peu d'avantagés connaissait ce genre de poème et le reste, cela fut l'inconnu qui était devant leurs yeux.
Jean VALJEAN a lancé cette pétition adressée à L'Éducation Nationale, Ministère de l'Éducation
Cher lecteur, chère lectrice,
Ce lundi 17 juin 2019 a eu lieu l'épreuve anticipée du baccalauréat pour les élèves de Première générale et technologique ayant pour épreuve le Français.
Mais, Pourquoi cette pétition est-elle créée ?
Chaque élève de première a dû, comme chaque année, travailler dur pour l'examen du baccalauréat de Français qui a lieu à la fin de l'année scolaire. Pour cela, chacun des élèves passent plusieurs centaines d'heures de cours avec les professeurs de français pour le préparer au mieux et plusieurs centaines d'heures de révisions pour réussir au mieux ce dur examen.
Le jour de l'épreuve, les centaines d'heures de travail de plus de 700 000 élèves devront y être retranscrits et appliqués. Tout ceci sur quatre objets d'études voire six pour la filière L. Chaque objet d'étude a ses difficultés et ses notions à apprendre.
Au moment de la découverte des sujets, de la satisfaction pour la filière L qui tombe sur trois auteurs connus (Hugo, Beaumarchais, Molière) s'accompagnant de trois pièces de théâtre plutôt connues et souvent étudiées (Ruy Blas, Le Barbier de Séville, Le Bourgeois Gentilhomme). Pour la filière technologique, un soulagement de tomber sur le roman avec deux auteurs très connus (Emile Zola et Gustave Flaubert) et un troisième assez connus (Aragon) s'accompagnant d'œuvres plus ou moins connues. Et puis finalement, la série S/ES, et là c'est le pourquoi de cette pétition.
La série S/ES est tombée sur l'objet d'étude portant sur la poésie. Rappelons le que la majorité des professeurs invitent leurs élèves à prendre le commentaire dû à la difficulté de la dissertation en poésie et du sujet d'invention.
Le corpus est composé de 4 poèmes publiés respectivement en 1820, 1901, 1991 et 2001 et successivement d'Alphonse de Lamartine (souvent étudié en classe), Anna de Noailles, Andrée Chédid (une femme) et Yves Bonnefoy.
Le sujet tournait autour de la nature et le commentaire était sur le poème d'Andrée Chédid. Souvent en poésie, les auteurs sont presque inconnus des élèves (au contraire des autres objets d'études où il y a plus de chances de tomber sur des auteurs connus) donc Andrée Chédid suivait la continuité.
Or, les élèves ayant choisis les filières S et ES ne sont pas pour la plupart à l'aise avec la matière du Français. La difficulté de l'épreuve était extrêmement élevée par rapport à la capacité des élèves à raisonner et à connaitre des notions sur la poésie.
Le poème était en vers libres, d'une auteure contemporaine et qui ne s'accompagnait pas d'un mouvement littéraire en particulier parmi ceux étudiés au fur et à mesure de l'année. Les cours de français travaillent sur des poètes anciens et leur mouvement littéraire connus de tous (La Pléiade, le Parnasse, le Romantisme...). Tout au long de l'année, les élèves de première s'attaquent à l'immense tâche d'apprendre ces mouvements littéraires qui ne sont pas faciles à comprendre. Et oui, c'est dur le français et les élèves le travaillent beaucoup.
Mais ce lundi 17 juin 2019, ce travail fut détruit, inutile et bafoué. Des centaines d'heures de travails pour tomber sur l'inconnu. Non les élèves ne sont pas entrainés sur l'inconnu. Oui c'est difficile pour les professeurs de français de faire leur travail, ne pas être absent, réussir à finir le programme, parler de toutes les notions, travailler les lectures analytiques pour les oraux de français qui se dérouleront entre le 25 juin et le 3 juillet. Les professeurs veulent que leurs élèves réussissent. Mais non, ce jour-là, leur travail fut réduit à néant, très peu d'avantagés connaissait ce genre de poème et le reste, cela fut l'inconnu qui était devant leurs yeux.
On ne peut pas rester les bras croisés devant cette humiliation que subissent les élèves des premières S et ES. Ils ont dû réviser 4 objets d'études (rappelons : le roman, la poésie, l'argumentation et le théâtre), les comprendre, s'entrainer pour finalement tomber sur une chose, un type, un genre qui n'a pas été étudier et de cela en ressort du regret. Que faire ? Des citations à apprendre, des mouvements littéraires à connaître par cœur, des figures de style à travailler, des cours à approfondir. Que faire ?
Les professeurs sont là pour transmettre leurs connaissances et aider les élèves à réussir leur vie. Ici, la paranoïa pourrait prendre certains élèves ; L'école est-elle vraiment là pour m'aider pour ma vie d'adulte ?
C'est pour cela que nous en appelons à assouplir les critères de notations donnés par l'Education Nationale sur la session 2019 du baccalauréat de Français pour la série S/ES pour que cette année corresponde à ce qu'un baccalauréat de Français devrait être.
Merci de soutenir ceux qui veulent être comme chaque élève passant son BAC : égaux.
Et le témoignage de Laurent Nunez :
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Quelques remarques s'imposent :
Comme nous allons le voir, pour la mention "Très bien", on peut parler d'explosion plus que de simple "augmentation"Le pourcentage de mentions a fortement augmenté en vingt ans.
Mais l'article s'intéresse au problème des mentions en oubliant quelque peu le problème de l'obtention du bac...Plus facile à obtenir ? [...] Souvent dans le viseur, les mentions (assez bien, bien, très bien), qui seraient bien plus faciles à obtenir qu'il y a vingt ans.
Ces données sont disponibles depuis longtemps (voir notre billet de 2014 sur "La grande illusion du bac" ).Franceinfo a pu obtenir les données relatives au baccalauréat de 1997 à 2018.
Un doublement, plus qu'une simple "augmentation". Et dans les séries générales, un triplement de 20% en 1987 à 60% en 2018...Sur cette période, le nombre de mentions a effectivement augmenté, toutes filières confondues (générale, technologique et professionnelle). On est passé de moins de 25% de mentions en 1997 à près de 50% en 2018.
C'est donc bien l'institution qui a tout mis en œuvre pour obtenir une réussite artificielle, dont les enseignants sont souvent accusés d'être responsables.Selon Claude Lelièvre, cette tendance à la hausse remonte à la fin des années 1980. "À ce moment-là, le gouvernement fixe un objectif de 80% d'une classe d'âge au niveau bac, c'est-à-dire une classe d'âge qui aille jusqu'au baccalauréat. Cet objectif a été compris comme un objectif de taux de réussite au bac de 80%. C'est tout à fait différent", souligne le professeur d'histoire.
On est donc passé d'une politique volontariste où l'on souhaitait davantage de candidats à une politique ultra-volontariste où l'on voulait davantage d'admis.Claude Lelièvre, spécialiste des politiques scolairesà franceinfo
Et précisons-le : "Très bien" également...Pour atteindre cet objectif, cette politique s'est traduite par une harmonisation vers le haut des résultats du baccalauréat au sein des commissions de correction du bac. "Ceci a provoqué un effet de poussée sur le taux d'élèves reçus et sur le taux de mentions 'assez bien' et 'bien'", explique Claude Lelièvre.
Le raisonnement pas "du laxisme"/"autre façon d'évaluer" est assez amusant, tout comme la façon de "valoriser" les disciplines littéraires. Il est à noter que M. Lelièvre ne s'appuie sur aucune donnée pour justifier cet argument : la philosophie ou le français restent sans doute parmi les disciplines les moins bien notées en moyenne au baccalauréat...Le changement progressif du système de notation est un autre facteur de la multiplication des mentions. Selon l'historien, "traditionnellement, on n'hésite pas à mettre 20/20 dans les matières scientifiques. Alors qu'avoir 20 en philosophie apparaît comme aberrant. Petit à petit, le bac de lettres a donc perdu de son attractivité. Pour valoriser leur discipline, les professeurs de lettres ont progressivement augmenté leur panel de notation." Rien à voir avec du laxisme donc, il s'agit plutôt, selon lui, "d'une autre façon d'évaluer les élèves".
La proportion de mention "Très bien" n'a pas augmenté : elle a décuplé (et plus encore dans les séries générales). On peut donc parler d'explosion des mentions.On l'entend très souvent : une mention "très bien" se décroche beaucoup plus facilement qu'il y a trente ou quarante ans. Selon les chiffres de la DEPP, 7,2% des élèves ont obtenu la mention "très bien" en 2018, toutes filières confondues (générale, technologique et professionnelle). Ils n'étaient que 0,7% en 1997 (graphique précédent). On constate donc une augmentation de ces mentions de plus de six points.
0,8% en 1989 et 14% (dès 2014).Même constat si l'on ne prend en compte que la filière générale. En 1997, on comptait 1,1% d'élèves reçus avec la mention "très bien". En 2018, ils sont 12,7% à obtenir cette mention.
Les options de langues anciennes sont bien antérieures, et l'inflation des mentions a commencé dans les années 1990, comme on peut le voir ici :Comment expliquer ce phénomène ? Là encore, les raisons sont multiples, selon l'historien Claude Lelièvre. "Dans les années 2000, dans les séries générales, le système des options a été mis en place.
En revanche, M. Lelièvre ne fait aucune mention de l'épreuve de TPE, cette innovation pédagogique des années 2000, qui ne pouvait que rapporter des points au baccalauréat (avec le saut observé dans le graphique ci-dessus dans toutes les mentions en 2006).
Un rôle plutôt secondaire en vérité, la filière scientifique étant conçue - à tort ou à raison - comme une filière d'élite. On ne s'étonnera pas que les élèves de bon niveau suivent des options facultatives (66% des latinistes et hellénistes sont inscrits en série S en 2018) puisqu'elles demandent un important travail supplémentaire et une persévérance scolaire pendant les trois années du lycée. Mais il faut rappeler que la proportion de latinistes ou hellénistes reste néanmoins marginale : en 2017, selon RERS 2018, 27.056 élèves latinistes ou hellénistes sur plus de 390.245 élèves en série générale, soit moins de 7% (et moins de 10% en série S).Pourtant, le pourcentage de mentions a toujours été plus élevé dans la série S que dans les autres séries générales. Le système optionnel joue un rôle important sur ces chiffres.
Au total en série S en 2017, 48.852 élèves suivaient des options facultatives (LCA, EPS, LV3, Arts) susceptibles de rapporter des points supplémentaires au bac, soit 27% des élèves : il n'est pas étonnant que ces élèves aient un meilleur niveau que les autres et obtiennent davantage - en vertu de ce niveau et grâce à une option suivie pendant trois ans au lycée - la mention "Très bien".Claude Lelièvre s'appuie sur un rapport ministériel de 2011 pour expliquer cela :"Près de 26% des mentions 'très bien' obtenues par les bacheliers S, plus du tiers de celles obtenues par les bacheliers ES et environ 40% de celles obtenues par les bacheliers L n'auraient pas été attribuées sans les épreuves facultatives.
Bref, haro sur les options même si la vérité est ailleurs...
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Pour rendre justice au niveau de l'un de ses élèves de terminale, en difficulté mais travailleur, ce professeur d'un lycée public de centre-ville a pris sur lui de rehausser de deux points, deux de ses devoirs de maths. Il a donc gonflé sa note du bac, obtenue pour la première fois, crise sanitaire oblige, sur la seule foi du contrôle continu. « Je n'ai pas fait cela pour d'autres élèves aux résultats limites, qui étaient absents ou peu impliqués », se justifie le pédagogue.
Mais la mécanique même des notes recalculées et arrondies est favorable aux élèves :
Un professeur de SVT écrit: En SVT, la note de l'écrit est sur 16 points au bac. Les 4 points restants correspondant à une épreuve de TP. Cette année, pas d'épreuve de TP. On nous demande donc (attention, ça va être long), pour les élèves de spé SVT :
- d'arrondir la moyenne de tronc commun au point supérieur
- d'arrondir la moyenne de spécialité au point supérieur
- de faire la moyenne de ces 2 notes, en respectant les coefficients
- d'arrondir la note obtenue, au point supérieur
C'est là que ça se complique. Comme le logiciel lotanet n'accepte que les notes sur 16, il faut transformer la note sur 20 en note sur 16. Mais comme ce logiciel n'accepte pas les nombres à virgule, il faut à nouveau arrondir cette note sur 16 (au point supérieur, sinon ça n'est pas drôle). Mais comme les résultats du bac sont rendus sur 20, le logiciel va ensuite retransformer cette note arrondie sur 16 en note sur 20. Et je suis presque sûr que la note finale sur 20 sera à nouveau arrondir si le résultat comporte une décimale.
[...] Certains élèves ont gagné jusqu'à 1,5 pts sur leur note de SVT. Coefficient 8, ça commence à être intéressant.
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""Le proviseur nous a demandé de falsifier certaines moyennes" : vers un bac 2020 au rabais ?" sur www.franceinter.fr/le-proviseur-nous-a-d...n-bac-2020-au-rabais via @franceinter
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Dans "Le Monde" (abonnés) du 7/07/20 : "Record absolu de réussite pour le bac « option Covid »"
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www.francebleu.fr/infos/societe/le-bac-a...e-au-jury-1594136647
"Je suis un miraculé, c'est ce que tous les profs ont dit. C'est la première fois qu'ils voyaient ça", rigole Enzo, 17 ans, élève du lycée Anne de Méjanès à Metz. "J'étais à 7,93, et j'ai eu le bac avec 10,27. C'est mon pote qui m'a prévenu, il m'a appelé, j'étais en train de dormir, il était 10 heures et demi, il me dit : t'as ton bac. J'ai dit tu mens ! Il m'a envoyé le screen, et il a fait tous les sites, il a pris Google, Safari, il a tout fait !", explique le garçon, hilare. "Je l'ai dit à ma mère, elle a pleuré." [...] Les jurys d'admission ont été particulièrement cléments cette année, en rehaussant les notes des candidats. "Mais là, ils lui ont donné deux points", s'étonne le fameux copain qui a annoncé la bonne nouvelle à Enzo : "Moi j'ai eu 15,4, ils ne m'ont même pas donné les 0,6 pour avoir la mention Bien !"
www.leparisien.fr/societe/bac-2020-j-ai-...-07-2020-8349180.php
Bac 2020 : «J’ai eu 20 en maths alors que j’avais 16 de moyenne»
Confirmation par la DEPP : www.education.gouv.fr/le-baccalaureat-20...ssion-de-juin-305103
Le taux de réussite au baccalauréat général de 98,4 % augmente de 7,2 points par rapport à celui de 2019. Celui du baccalauréat technologique gagne 7,6 points avec 95,7 %. Dans la voie professionnelle, avec 90,7 %, le taux de réussite est en hausse de 8,4 points.
En données provisoires, la part des bacheliers dans une génération atteint 86,6 % en 2020.
Presque deux tiers des candidats obtiennent leur diplôme avec mention.
mobile.francetvinfo.fr/sante/maladie/cor...dernier_4042855.html
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Un de mes plus grands souvenirs de jury de bac TSTG.
Dans le sujet: "citez 2 dates de l’histoire de l’Allemagne depuis 1945"
Consigne orale de l’IPR: "la date suffit, sans l’événement. Juste 1949 ou 1961 c’est bon"
Nous: "ben toute date est bonne alors?"
IPR: "n’ironisez pas!"
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Il est de 97,6 % dans la voie générale, 95,0 % en technologique et 90,4 % en professionnel. Les écarts de réussite selon la voie, le sexe, le statut et l’âge des candidats sont nettement moins importants en 2020 que pour les sessions précédentes. En 2020, 87,0 % d’une génération est titulaire du baccalauréat, soit 7,3 points de plus qu’en 2019.
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Des aménagements ont été prévus afin de tenir compte d'une année marquée par la pandémie et les cours à distance. "La meilleure des deux notes, entre celle du contrôle continu et celle de l'examen terminal, sera retenue", a confirmé Edouard Geffray, directeur général de l'enseignement scolaire (Dgesco). [...] Quant à ceux qui seraient tentés de rendre copie blanche, leur note du contrôle continu étant satisfaisante, le Dgesco précise ceci : si "le candidat se présente à l'épreuve et reste pendant la durée légale d'une heure dans la salle", c'est bien la meilleure des deux notes qui sera retenue (en l'occurrence, celle du contrôle continu si la copie du bac vaut zéro).
Dans "Le Figaro" du 15/06/21 : "Bac 2022: le fléau de la surnotation des élèves depuis la réforme du lycée"
Par Victor Mérat • Emma Ferrand
Les notes des bulletins sont particulièrement élevées cette année alors que le contrôle continu compte pour 40% de la note finale.Depuis deux ans, c’est la même chanson. Avec la réforme du bac et la place du contrôle continu depuis le Covid-19 dans la notation, les professeurs ont tendance à surnoter leurs élèves pour qu’ils aient les meilleurs dossiers, les meilleures mentions et les meilleures affectations Parcoursup. Une fois n’est pas coutume, c’est encore le cas cette année. «Les dossiers sont tous bons et se ressemblent. Ils sont absolument excellents», nous confiait l’an dernier avec une pointe d’ironie Marie-Astrid Courtoux Escolle, chef d’établissement de Saint-Michel de Picpus, à Paris. «Les profs de lycée ont sûrement surnoté leurs élèves car tous les terminales qui postulent dans notre prépa ont à peu près la même note, autour de 16, aussi bien dans le public que dans le privé.» Si les bacs 2020 et 2021 étaient majoritairement marqués par le contrôle continu en raison de la pandémie, avec la réforme du lycée, les notes tout au long de l’année comptent pour 40% de la note finale du bac. Ainsi, le discours de Marie-Astrid Courtoux Escolle a peu changé. «Généralement, les élèves ont des résultats 30 à 40% au-dessus des notes obtenues il y a quelques années. Avoir des notes supérieures à d’habitude est entré dans les mœurs», partage-t-elle aujourd’hui.
«Oui, j’ai changé ma manière de noter»
Les professeurs sont les premiers à reconnaître ce phénomène. «Nous devons faire face à des réclamations de la part d’élèves et de parents qui ne sont pas contents des notes qu’ils jugent trop faibles. Ils savent que les notes compteront pour le contrôle continu et donc pour le bac», explique Jean-Rémi Girard, président du syndicat national des lycées et collèges (Snalc). Alors, certains enseignants cèdent. «Oui, j’ai changé ma manière de noter», admet Claire Guéville, secrétaire nationale responsable du lycée au Snes-FSU et professeur d’histoire-géographie en Normandie. Pour elle, «il y a une évaluation à géométrie variable, soumise à des pressions des élèves qui ont l’impression de jouer leur vie à chaque contrôle et qui marchandent leurs notes».Les élèves redoublent de stratégies aussi pour avoir une bonne moyenne. Ils sélectionnent notamment leurs évaluations. «On voit beaucoup de terminales absents à certains devoirs. Ainsi, leur moyenne n’évolue pas. Ils restent sur des bonnes notes», ajoute Jean-Rémi Girard. Pour Claire Guéville, «cette année encore, on se retrouve avec des moyennes de classe au contrôle continu bien plus élevées qu’auparavant. Il y a une confusion entre l’évaluation formative, essentielle pour tester les connaissances des jeunes, et l’évaluation qui sert au bac».
Pour ne pas démotiver les élèves
Le sujet de la surnotation reste malgré tout tabou. «Je renie le terme. Il n’y a pas de surnotation», balayait d’emblée en juin dernier Didier George, secrétaire national du Syndicat national des personnels de direction de l’Éducation nationale (SNPDEN). «Cela voudrait dire qu’on donne des points gratuitement.» Beaucoup préfèrent utiliser le terme de «bienveillance», qui prend en compte l’enseignement particulier qu’ont reçu les élèves ces trois dernières années avec la pandémie. «Aujourd’hui, je continue de pointer les erreurs dans ma notation. Mais j’hésite à sanctionner. Je mets en avant le parcours et les efforts de l’élève dans mes notes», poursuit Claire Guéville. «Les enjeux liés à la crise sanitaire ont fait que les enseignants adoptent cette attitude», indiquait lors du précédent bac Didier George, afin de ne pas démotiver les élèves et limiter le décrochage scolaire.Comment connaître son niveau dans ces conditions? Ce professeur de maths dans un excellent lycée parisien avouait l’an dernier mettre deux notes sur ses copies: «Une note pour Parcoursup et une note pour l’élève pour qu’il se rende compte de son niveau réel». Une technique qui «brouille tout» et «démonétise l’évaluation», regrettait alors Claire Guéville. Une pratique observée déjà en 2020. «Ça s’appelle tricher», réagissait cette enseignante des Hauts-de-Seine. «Ce n’est pas aider la promotion qui suit et qui aura le bac normal. On risque de créer un fossé entre les promotions.»
Un taux de réussite qui risque d’être à nouveau record
Cela complique aussi les admissions sur Parcoursup. Pour faire le tri, les prépas doivent notamment se référer aux appréciations et aux lycées d’origine des élèves avec lesquels ils ont l’habitude de travailler. Les prépas comparent les moyennes des élèves des promotions précédentes, seuls indicateurs véritablement fiables. D’autres établissements ne se donnent pas tant de mal, ce qui peut provoquer des injustices: beaucoup d’élèves cette année ne comprennent pas pourquoi ils n’ont pas eu l’établissement qu’ils convoitaient malgré une excellente moyenne. Claire Guéville souligne certes une pression de la part des élèves pour avoir de meilleures notes, mais aussi de la direction. «L’administration, en l’occurrence les chefs d’établissements, demande aux enseignements de poursuivre la bienveillance. Car si les moyennes sont trop faibles, les familles vont trouver que le niveau du lycée est mauvais pour le post-bac et vont donc fuir l’établissement», précise l’enseignante.Cette notation à la hausse pourrait aussi avoir des conséquences le niveau final du bac. Le taux de réussite au bac risque d’être aussi stratosphérique que ces deux dernières années: 95,7% avaient été admis en France en 2020 et 93,7% en 2021. Un résultat nettement supérieur à celui de 2019 (88,1 %).
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