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Les démissions d'enseignants
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Professeur dans un lycée professionnel de Lorraine, elle veut quitter l'Éducation nationale à tout prix. Elle nous explique pourquoi.
Par Ninon Oget Publié le 22 Déc 23 à 16:57
« J’espère ne plus être là l’année prochaine ». À l’instar d’autres professeurs qui ont choisi de quitter l’Éducation nationale, Amélie* souhaite arrêter l’enseignement après plus de 20 ans de carrière.
Professeur de français et d’histoire dans un lycée professionnel de Lorraine, Amélie est déterminée à quitter le métier : « Il me reste 12 ans mais je ne me vois pas durer encore là-dedans ».
Des heures d’enseignement réduites
Plusieurs facteurs encouragent Amélie à quitter l’Éducation nationale et le premier concerne l’emploi du temps. Entre son arrivée dans le métier et aujourd’hui, elle assure que les heures de français octroyées aux élèves a drastiquement diminué.
Au début, elle passait 13 heures par semaine à enseigner le français. Aujourd’hui, sur les deux classes à qui elle donne cours, ce temps est progressivement descendu à 3 heures : soit 1 heure 30 par classe. À ce stade, elle assure que ses élèves ont davantage d’heures de sport dans la semaine que de français.
Il ne faut pas dire que le métier est valorisé. Nous donner des programmes colossaux, inadaptés et nous réduire nos heures d'enseignement, je ne comprends pas. Il ne faut pas nous parler de réussite, d'égalité des chances, ce n'est pas possible.
Amélie
Professeur en lycée professionnel
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Un temps éparpillé : « Il faut être multitâches »
Amélie évoque aussi toutes ces tâches annexes, ce « bordel » comme elle dit, qui l’éloignent chaque jour un peu plus de son coeur de métier, enseigner.
Dans ce « bordel », on retrouve le « chef-d’œuvre » récemment ajouté au programme par une réforme. Le site de l’Education Nationale le définit ainsi : « Une réalisation, collective ou individuelle, qui [permet aux élèves] d’exprimer des talents en lien avec [leur] futur métier, et aussi de montrer et de valoriser [leurs] compétences ». « Rien que le mot me fait vomir. Ce « chef-d’œuvre » nous prend du temps, et c’est du temps en moins pour l’enseignement ! », s’agace Amélie.
Amélie doit aussi faire des cours de co-intervention : « Ça se fait avec deux professeurs (un d’enseignement général, l’autre professionnel). On ne doit pas vraiment faire du français ni vraiment une matière professionnelle. C’est un truc un peu bâtard entre les deux ».
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Puis, il faut compter la recherche de stage pour les élèves : « Avant, le maître de stage s’en occupait… Mais il faut être multitâches », ironise Amélie.
Pacte enseignant : « On en fait déjà assez, pourquoi en faire plus ? »
Au-delà des cours, Amélie pointe du doigt le Pacte enseignant ou plutôt « le pacte avec le Diable », comme elle le dénomme.
Mis en place à la rentrée 2023 par le gouvernement, le Pacte enseignant consiste à travailler plus pour gagner plus. Par exemple, un professeur peut accepter de prendre en charge des heures de remplacement de courte durée en échange d’une rémunération ajoutée au salaire de base.
Amélie raconte notamment qu’un professeur d’anglais peut être remplacé par un professeur d’allemand. « Ça n’a aucun sens, c’est être bouche-trou », déplore-t-elle.
Alors, d’après Amélie, les professeurs sont nombreux à ne pas vouloir signer ce pacte : « On en fait déjà assez, pourquoi en faire plus ? Que l’on soit déjà payé correctement pour ce que l’on fait et pas que l’on nous paie plus pour faire encore plus ».
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L’objectif de 2024 ? « Quitter le plus tôt possible l’Éducation nationale »
Après une année 2023 éreintante, Amélie songe donc à quitter l’Education Nationale en 2024.
Aujourd'hui, mon boulot est alimentaire. Je me demande si je suis vraiment utile pour les enfants alors je préfère être utile ailleurs. Je vais envoyer mes curriculum vitae et j'espère être partie en mars. Je n'en peux plus. Le navire est en train de couler et je n'ai pas envie de couler avec lui.
Amélie
Professeur en lycée professionnel
Des démarches qu’elle compte entreprendre pour quitter l’enseignement sans tristesse : « Ça m’aurait fait mal au cœur si je continuais à faire ce que j’aimais mais aujourd’hui, je fais surtout ce que je n’aime pas. Je dois partir ».
*Le prénom a été modifié.
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[...] les personnes au sein de l’enseignement envisagent massivement de poursuivre leur métier jusqu’à leur retraite, en 2013 comme en 2019 : 64 % des enseignants du premier degré et 70 % des enseignants du second degré le souhaitent contre 52 % des autres cadres. Paradoxalement, les enseignants pensent pourtant moins souvent être en capacité de faire le même métier jusqu’à la retraite (45 % pour le premier degré, 58 % pour le second et 68 % pour les autres cadres).
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Lassée du manque de moyens et des lourdeurs administratives, Aurore Busson, professeure d’anglais en collège à Rezé, en Loire-Atlantique, a démissionné de l’Éducation nationale en janvier 2020 après un burn-out. L’enseignante a rebondi en créant un collectif d’enseignants qui dispense des cours particuliers.
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Dans "Le Dauphiné" du 1/09/24 : "Prof de maths, il a claqué la porte de l’Éducation nationale cet été « parce qu’elle nous maltraite »"
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