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L'étude sur l'iPad en classe de Thierry Karsenti
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C'est réparé ce 25/05/13 : "iPad en classe : Des conditions de succès pour initier un réel changement".
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Article repris sur "EducaVox" du 10/07/13 : www.educavox.fr/actualite/reportage/arti...ecole-une-planche-de
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Avec la couche au fesses, effectivement.On constate aujourd'hui que la jeune génération semble avoir une affinité particulière avec ce gadget, plusieurs l'adoptant bien avant l'école, souvent avec encore la couche aux fesses! Il est donc pertinent pour l'école d'y voir de plus près.
Des résultats
L'intérêt pour l'intégration d'une tablette numérique comme l'iPad en éducation n'est pas dénué de fondements.
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Pour le professeur qui utilise de nombreuses ressources numériques pour faire son cours (un indécrottable partisan réactionnaire de la transmission, quoi), l'ipad offre de nombreux avantages (il en est sans doute de même pour les bonnes tablettes android, je ne connais que mal les applis qui y sont disponibles).
- légèreté dans le sac
- allumage immédiat
- variété d'applis disponibles (pour moi en présentation, en anatomie, géologie...)
- branchement immédiat sur videoprojecteur
- possibilité de prendre photos et videos et de les intégrer immédiatement au cours projeté.
et également, dans un registre plus sulfureux:
- possibilité de préparer discrètement ses présentations de cours pendant les innombrables et croissantes réunions pédagogistes sur le projet culturel de compétences de l'établissement du parcours individuel de l'élève en formation, ou approchant...
- capacité a faire semblant de travailler ses notes en conseil de classe alors que l'on est penché sur un texte latin abscons du 14éme siècle ou tout autre document d'une furieuse actualité.
Bref, un outil merveilleux pour qui sait l'utiliser intelligemment (quoique...), ce qui n'est pas le cas de la grande majorité de nos élèves...
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J'utilise moi-même une tablette depuis plusieurs années en cours, mais - enseignement des lettres oblige - assez peu finalement. J'ai d'ailleurs mes propres applications Android maison.
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Thierry Karsenti est titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les technologies de l'information et de la communication (TIC) en éducation.
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Les inconvénients se présentent donc comme des "défis". Curieuse façon de présenter les choses.p. 1 écrit: Que font ces quelque 10 000 élèves du Québec (Canada) qui utilisent de façon quotidienne l’iPad en salle de classe? Quels sont les avantages de cet outil technologique à l’école? Quels sont les défis rencontrés, tant par les élèves que par les enseignants?
Une double démarche, pour le moins contradictoire : étudier "scientifiquement" les pratiques tout en cherchant à les améliorer.C’est à la fois pour répondre à ces questions, mais aussi dans le but d’apporter un éclairage scientifique à cette nouvelle tendance en éducation que nous avons décidé de mettre en place une des plus importantes recherches jamais réalisées sur l’usage des tablettes tactiles en éducation, avec la collaboration de quelque 18 écoles secondaires et primaires du Québec. Nous voulions ainsi, du même coup, aider tous les acteurs scolaires (enseignants, élèves, directions d’école, parents, spécialistes, etc.) à faire un usage à la fois plus réfléchi et éducatif de la tablette tactile en contexte scolaire.
En même temps un "défi" ne demande qu'à être remporté.Nos résultats montrent que les avantages dépassent les défis rencontrés.
La "nécessité" rend la "prise de risque" en quelque sorte caduque.Les résultats présentés dans cette étude montrent à la fois que l’implantation de la tablette tactile à l’école constitue possiblement une prise de risque nécessaire pour les écoles...
Une étude supposée scientifique ne peut se limiter à mettre en exergue un "potentiel" uniquement....qu’il s’agit d’un outil technologique doté d’un potentiel cognitif étonnant...
"montrent" ou postulent ?...mais aussi que son arrivée en classe ne se fait pas sans heurts. En effet, l’utilisation de cette nouvelle technologie en classe peut poser des défis que les enseignants auront du mal à relever s’ils sont mal préparés. Nos résultats montrent notamment que la clé du succès d’une intégration réussie de l’iPad en contexte scolaire serait avant toute chose la formation adéquate des enseignants et la sensibilisation des élèves aux usages éducatifs et scolaires réfléchis.
On voudrait bien accepter l'augure d'une telle profession de foi mais le postulat de départ permet d'en douter.p. 2 écrit: Plusieurs personnes se disant « expertes » de la tablette tactile laissent entendre qu’il s’agit d’une panacée en éducation, et que de surcroît, l’on peut tout faire avec la tablette à l’école. Par exemple, certains comme Proffitt (2010) vont même jusqu’à affirmer qu’il n’y aurait aucune limite au potentiel de l’outil. D’autres (voir Huber, 2012) soutiennent que les tablettes tactiles permettraient de voir tous les contenus des programmes d’enseignement, et rien de moins! Dans cette recherche et dans l’analyse des données recueillies, nous adoptons une position plus nuancée et plus critique dans laquelle nous soulignons que les enseignants ne doivent être ni technophiles ni technophobes face à l’utilisation de la tablette tactile à l’école : notre société de l’information exige plutôt qu’ils soient technoréfléchis. L’école doit certes composer, souvent malgré elle, avec les créations de la Silicon Valley, mais elle n’est pas tenue de foncer tête baissée.
Que la tablette d'Apple soit la plus présente dans les classes étudiées ne contraint pas à en faire la publicité ni à considérer que l'iPad est fondamentalement différent des autres tablettes.Enfin, plusieurs se demanderont pourquoi parler spécifiquement de la tablette iPad et non des autres tablettes tactiles. Premièrement, cette recherche porte sur l’iPad parce qu’il s’agit, de loin, de l’outil le plus populaire dans les écoles de tous les continents. En effet, selon Khaddage (2013), l’iPad occuperait actuellement plus de 75 % du marché scolaire mondial des tablettes. Au Canada, nous sommes à plus de 90 % du marché scolaire. De plus, l’iPad est l’un des outils dont le développement est le plus exponentiel, avec plus de 300 000 applications spécifiquement conçues pour cette tablette (King et Bass, 2013). Enfin, l’échantillon québécois est composé presque exclusivement de tablettes iPad, ce qui nous a poussés à analyser cet outil en particulier.
Rien que cet aspect discrédite la dimension scientifique de cette étude, qui cite par ailleurs comme "étude" Fourgous 2010 (p. 5).
Comme ça c'est effectivement plus simple.p. 5 écrit: Comme le faisait remarquer Thibert (2012), ce n’est pas l’impact des technologies sur les résultats qu’il faut évaluer, mais les conditions pédagogiques dans lesquelles ces usages ont lieu.
Le "potentiel pédagogique" est - lui - postulé sans difficulté comme positif. Curieuse étude, qui sait déjà ce qu'elle veut démontrer.À ce titre, nous l’avons déjà dit, l’enjeu actuel des recherches sur les technologies en éducation consiste en grande partie à savoir comment rendre effectif le potentiel pédagogique présumé des technologies en éducation
C'est peut-être ce qu'on appelle un effet de mode. Les premières tablettes sont apparues en fanfare en 2010.En quelques années à peine, la tablette tactile semble avoir suscité un engouement sans précédent dans les écoles primaires et secondaires du monde entier.
Un "potentiel que l'on prête" et dont il faudrait donc s'assurer qu'il existe. Pour ce qui est de la "réussite", ce n'est de toute façon pas l'objet de l'étude, comme il a été dit plus tôt.Au Québec, plus de 10 000 élèves les utilisent quotidiennement en classe. Ce chiffre dépasse déjà les 4,5 millions aux États-Unis (Etherington, 2013). Cette forte pénétration des tablettes tactiles dans les écoles d’ici et d’ailleurs est autant liée à la popularité de l’outil qu’au potentiel que l’on prête souvent aux technologies en milieu scolaire, soit celui de favoriser la motivation et la réussite des apprenants
Effectivement : et en ce cas comment considérer cette littérature comme "scientifique" ?Pourquoi ne relate-t-on surtout que des avantages dans la littérature scientifique sur l’usage des tablettes tactiles en contexte scolaire? Peut-être parce qu’à défaut de pouvoir se baser sur des données probantes et empiriques, ce que l’on retrouve dans les textes scientifiques publiés relève peut-être davantage de discours et de perceptions parfois idéologiques.
Cette longue liste des "avantages supposés" (avec le conditionnel qui effectivement s'impose) mériterait à elle seule d'être commentée point par point. Pas de liste des "défis" ?Parmi les principaux avantages de l’usage de la tablette tactile en contexte scolaire, on retrouve qu’au niveau des élèves :
1. la motivation serait accrue (voir Kinash, Brand et Mathew, 2012; Sachs et Bull, 2012; Wainwright, 2012) ;
2. l’accès, l’édition et le partage de l’information seraient facilités (voir Babnik et al. 2013; Fri-Tic, 2012; Hahn et Bussell, 2012; Martin, Berland, Benton et Smith, 2013) ;
3. l’apprentissage et les performances des élèves seraient favorisés (voir Churchill, Fox et King, 2012; Fernández-López, Rodríguez-Fórtiz, Rodríguez-Almendros et Martínez-Segura, 2013; Isabwe, 2012; Lau et Ho, 2012; McKechan et Ellis, 2012; Ostler et Topp, 2013; Rossing, Miller, Cecil et Stamper, 2012) ;
4. les stratégies d’enseignement seraient plus variées (voir Fernández-López et al., 2013) ;
5. l’apprentissage individualisé serait augmenté (voir McClanahan, Williams, Kennedy et Tate, 2012; Wasniewski, 2013) ;
6. l’expérience de lecture serait bonifiée (voir Fernández-López et al., 2013; Huber, 2012; Sloan, 2012; Zambarbieri et Carniglia, 2012) ;
7. la communication et la collaboration seraient accrues, tant entre les élèves eux-mêmes, qu’entre l’enseignant et les élèves (voir Geist, 2011; Henderson et Yeow, 2012; Hutchison, Beschorner et Schmidt-Crawford, 2012) ;
8. les compétences informatiques seraient améliorées (Huber, 2012; Killilea, 2012) ;
9. la créativité des élèves serait plus importante (Sullivan, 2013) ;
10. la portabilité et la mobilité de l’outil seraient étendues (voir Henderson et Yeow, 2012; Hill, Nuss, Middendorf, Cervero et Gaines, 2012; Kinash, Brand, Mathew et Kordyban, 2013; Villemonteix et Khaneboubi, 2012; Williams, Wong, Webb et Borbasi, 2011) ;
11. l’évaluation des élèves serait facilitée (Alberta Education, 2012; Isabwe, 2012; McKechan et Ellis, 2012) ;
12. la qualité des supports pédagogiques serait bonifiée (Murray et Olcese, 2011) ;
13. l’apprentissage de l’écriture serait facilité (Murray et Olcese, 2011) ;
14. l’organisation du travail serait plus efficace (Churchill et al., 2012) ;
15. la présentation des travaux scolaires par les élèves serait embellie (Murphy et Williams, 2011) ;
16. les avantages pour les élèves avec des difficultés d’apprentissage seraient importants (McClanahan et al., 2012).
L'étude soutient (p. 14) que les enseignants dans l'ensemble n'avaient pas d'expérience de l'iPad, ce qui est d'avance désigné comme un frein à l'intégration réussie de l'outil pédagogique. On peut d'une part s'interroger sur la démarche qui consiste à équiper des élèves et des professeurs d'iPads sans que ces derniers soient préalablement formés et d'autre part opposer qu'un professeur consciencieux a bien entendu, quand il en a eu la possibilité, a nécessairement préparé son utilisation par les élèves. Ajoutons enfin qu'un produit technologique comme l'iPad, en vertu d'une obsolescence commerciale programmée, est voué à être remplacé chaque année par une version nouvelle.
L'utilisation de ce qui est réputé être un "outil" n'est plus ponctuelle mais prépondérante.p. 15 écrit: Notre étude montre que pour une première expérience à grande échelle dans les écoles, l’iPad est, en général, assez utilisé. En effet, 88,5 % des élèves indiquent utiliser l’iPad, en moyenne, 30 minutes ou plus pour une période de classe-type de 60 minutes.
La démonstration est ici faite que l'équipement ne s'est pas fait en fonction d'une demande pédagogique des enseignants au départ : les élèves ont été équipés contre l'avis de certains enseignants.Il y a juste certains profs qui ne veulent pas qu’il soit ouvert [sic]. Pour les autres, je l’ai toujours ouvert.
Quelle surprise en effet. Et ces 37% ne sont que ceux des élèves qui le déclarent.Les données recueillies auprès des élèves nous montrent que, pour eux, l’iPad sert avant tout à « travailler dans les manuels scolaires » (n = 5072). Ce résultat n’est pas surprenant puisque les manuels scolaires numériques sont très présents dans les écoles où l’iPad est obligatoire. Autrement dit, comme le révèlent les figures 8 et 9, l’usage de la tablette en classe se résume grandement à l’usage de manuels scolaires, et au travail dans ces derniers. La recherche sur Internet occupe également une place importante du temps d’usage de la tablette pour les élèves (n = 2645). Même si nous avions demandé aux élèves, de façon spécifique, ce qu’il leur était demandé de faire en classe, nous avons été surpris de constater que 2301 élèves ont indiqué consacrer leur temps en classe à jouer à des jeux sur la tablette, ce qui semble se produire encore plus souvent avec les élèves qui ont terminé une tâche ou un travail.
A vrai dire l'achat du livre papier n'interdit nullement à l'élève de télécharger la version gratuite pour iPad si celle-ci peut lui donner le goût de lire. A moins qu'il ne s'agisse d'une croyance naïve, d'une part parce que la lecture sur une tablette n'est pas fondamentalement différente de la lecture dans un livre, d'autre part parce que la tablette offre mille autres distractions plus immédiatement gratifiantes.Enfin, élément particulièrement révélateur de la nouveauté de l’outil en contexte scolaire, seulement 362 élèves ont mentionné qu’ils ont passé du temps de classe à la lecture de livres électroniques (ebooks). Cela montre notamment que le potentiel de l’iPad, qui permettrait réellement d’améliorer l’expérience en lecture (voir Fernández-López et al., 2013; Huber, 2012; Sloan, 2012; Zambarbieri et Carniglia, 2012) est réellement sous-utilisé à l’école. Plusieurs enseignants n’ont pas changé, avec l’avènement de la tablette tactile à l’école, les tâches de lecture qui étaient demandées aux élèves : le livre papier prédomine largement, et ce, malgré l’arrivée de l’iPad. En fait, nous avons été surpris de constater que dans plusieurs écoles, on demandait toujours aux élèves d’acheter, en format papier, des livres – dits obligatoires – disponibles tout à fait gratuitement en format électronique (on parle de classiques, dont l’œuvre n’est plus assujettie aux droits d’auteur, comme les romans de Jules Verne, de Victor Hugo ou d’Émile Zola). Quand on sait à quel point la lecture est importante à l’école, mais aussi combien les élèves semblent de moins en moins avoir le goût de lire, il semble qu’une des fonctionnalités de la tablette tactile ne soit pas pleinement utilisée en contexte scolaire.
Nous voici donc bien face à un nouveau aveuglement numériste.
Et pourquoi n'avoir pas posé ces questions ?Il semble important de faire remarquer ici que nous avons questionné élèves et enseignants sur les usages dits « éducatifs » ou « pédagogiques » de la tablette tactile. Donc, les élèves n’ont pas parlé des autres usages qu’ils faisaient, aussi, de la tablette en classe, usages qui seraient selon eux bien moins pédagogiques. Soulignons, à titre d’exemple, un élève qui nous faisait remarquer qu’il passait aussi beaucoup du temps de classe à répondre aux « iMessages » qu’il recevait de ses camarades de classe, et que cela s’avérait parfois « intense ».
[…] il y a iMessage, ça c’est vraiment intense, les groupes de conversation sont créés, là tout le monde s’écrit […] et toi, tu réponds […] (EL28)
Possiblement sans surprise, lorsque questionnés sur leurs usages de la tablette tactile en dehors des heures de classe, quelque 5980 élèves (sur les 6057) nous ont indiqué passer la plupart de leur temps sur les réseaux sociaux comme Facebook. Un grand nombre d’élèves (n = 5739) a également indiqué faire des devoirs à l’aide de la tablette. Ce sont aussi 5498 élèves qui indiquent jouer à des jeux avec l’iPad, après l’école. Les élèves partagent également une bonne partie de leur temps à regarder des vidéos (n = 3087), à naviguer sur Internet (n = 1592), à écouter de la musique (n = 1302), puis à gérer leur agenda scolaire (n = 289). Cette question nous a notamment permis d’apprendre, et ce, même s’il n’est peut-être pas simple pour les élèves de juxtaposer les différents usages qu’ils font de la tablette après l’école, que plus de 76 % de leur temps d’usage de l’iPad, en dehors des heures de classe, est consacré à des activités sociales, ludiques ou divertissantes. Quand on ajoute à ces données les 12,7 % du temps passé à jouer, en classe, cela montre à quel point la tablette est, pour les élèves, un outil de divertissement. Il est également important d’aviser les parents que notre enquête révèle qu’à peine plus de 20 % du temps d’usage de la tablette est consacré aux travaux scolaires. Et il s’agit d’un résultat auto- rapporté, qui pourrait être bien plus important si l’on considère les possibles biais de désirabilité que de telles enquêtes peuvent aussi générer.
[…] j’ouvre d’abord Facebook […] après je fais vite mes devoirs […]. (EL74)
[…] mon Facebook est toujours ouvert […] je le regarde tout le temps […] j’ai mis des notifications […] comme ça même quand je fais des devoirs […] je sais quand j’ai un message (EL59)
[…] ça me prend beaucoup de temps à lire tous mes messages sur iMessage […] l’autre fois je suis parti au chalet […] à mon retour j’en avais plus de 1200 (EL38)
Un des élèves affirmait en entrevue de groupe qu’avant l’arrivée de l’iPad, jamais il ne sortait ses livres d’écoles quand ses devoirs étaient terminés. Mais là, pour lui, l’iPad est toujours sorti :
[…] avant l’iPad, je ne sortais jamais mes cahiers de mon sac [d’école] quand j’avais
fini mes devoirs […] là, mon iPad est toujours sorti […] il est toujours avec moi (EL17)
Un élève affirmait même qu’avant l’arrivée de son iPad « à l’école », il pratiquait beaucoup plus de sport, en dehors de l’école. Néanmoins, là, à cause de l’iPad, et des iMessage reçus, il pratiquerait beaucoup moins de sport.
[…] il y a iMessage […] tout le monde s’écrit […] À la maison, c’est aussi une grande différence, les fins de semaine, avant je faisais plus de sport, maintenant, je suis plus sur mon iPad qu’avant. (EL28)
Vive le iPad !p. 22 écrit: Est-ce que la tablette tactile est utilisée pour écrire, voire apprendre à écrire?
Comme la littérature scientifique révèle certaines lacunes de la tablette tactile pour les tâches d’écriture, voire pour l’apprentissage de l’écriture (voir Murray et Olcese, 2011), nous avons interrogé à la fois les élèves et les enseignants pour mieux comprendre les types d’usages de cet outil technologique, en lien avec des tâches d’écriture. Nos résultats sont assez préoccupants. En effet, les données recueillies auprès de 6057 élèves et de 302 enseignants montrent que 85 % des apprenants – pour qui l’usage de l’iPad en salle de classe est obligatoire rappelons-le – n’utilisent jamais (n = 2278) ou rarement (n = 2871) la tablette tactile pour réaliser des productions écrites (Figure 11). Quand on sait combien la place qu’occupe l’écriture à l’école primaire ou secondaire est fondamentale, ce résultat montre clairement qu’il n’est soit pas possible de tout faire avec la tablette tactile à l’école, soit que les enseignants n’ont pas encore réalisé le plein potentiel de l’outil. Quand on juxtapose ce résultat à celui où un très faible pourcentage des élèves indiquent lire des livres électroniques sur la tablette tactile, on remarque encore plus que l’outil n’est peut-être pas utilisé à son plein potentiel.
Sont ensuite passés en revue les "avantages" de l'iPad. Ces avantages mêlent dans la plus grande confusion les avantages pédagogiques et les avantages matériel : la "portabilité" est ainsi le plus grand avantage. Les témoignages insistent ainsi sur le gain de poids : "[…] avant mon sac à dos pesait une tonne […] maintenant c’est beaucoup plus léger". Un argument qui le poids face à la baisse de lecture et d'écriture, ce que confirme un autre témoignage ingénu : "c’est beaucoup plus confortable d’utiliser l’iPad qu’écrire sur un papier, il nous motive". Mais pas à écrire ou à lire , visiblement.
Si certains élèves eux-mêmes s'en rendent compte...Nous avons ensuite questionné les élèves sur les principaux désavantages qu’ils attribuaient à la présence de la tablette tactile en classe. La Figure 14 présente le nombre d’occurrences retrouvées dans les réponses des élèves qui pouvaient mentionner plus d’un impact. Le premier impact de la tablette tactile en classe, et ils sont quelque 6055 élèves à le souligner (plus de 99 % des répondants), est qu’il s’agit d’un outil qui peut distraire en classe. D’autres (n = 1739) ont également fait remarquer, en lien avec ce que nous avions déjà signalé à propos de l’écriture, qu’il leur était difficile d’écrire des longs textes à l’aide de la tablette. Plusieurs (n = 1579) ont aussi mentionné qu’il était difficile pour eux de gérer les travaux à remettre aux enseignants. Les élèves (n = 1337) ont également souligné leur insatisfaction quant à certains manuels scolaires dont les fonctionnalités étaient, selon eux, inadaptées. Enfin, certains élèves (n = 757) ont même indiqué que le fait d’avoir un iPad avait eu, pour eux, un impact négatif sur leur réussite scolaire.
On comprend mieux avec cette tablette "avant tout source de distraction majeure" pourquoi les élèves apprécient la tablette.Nous avons également questionné les enseignants sur les défis que comportait l’usage quotidien de la tablette tactile en classe (Figure 15). Tout comme les élèves, ils ont été très nombreux à souligner que la tablette constituait avant tout une source de distraction majeure pour les élèves (n = 301). Les difficultés pour les élèves à produire des longs textes (n = 89) ont aussi été mentionnées par plusieurs enseignants, tout comme les défis inhérents à la gestion des travaux scolaires (n = 71). Comme les élèves, plusieurs enseignants ont souligné les problèmes de certains manuels scolaires (n = 47), notamment ceux où les élèves devaient tous, en même temps, être connectés à Internet pour y avoir accès. Enfin, quelques-uns (n = 14) ont même indiqué que cela pouvait avoir chez certains élèves un impact négatif sur leur réussite scolaire.
[…] c’est difficile de se concentrer en classe […] tous mes amis de Facebook sont en ligne en même temps (EL12)
[…] je reçois des fois plus que 400 messages dans la soirée […] c’est compliqué de faire mes devoirs […] (EL32)
[…] beaucoup de monde fait autre chose en classe […] les élèves n’écoutent plus les profs […] (EL03)
[…] ça déconcentre de voir les autres jouer à des jeux (EL63)
[…] pour moi, la plus grande difficulté en classe […] c’est de faire en sorte que les élèves ne fassent pas autre chose […] qu’ils ne soient pas sur Facebook (EN12)
[…] Facebook en classe […] c’est une catastrophe […] les élèves sont tout le temps sur ça […] ou ils envoient des messages […] je ne sais plus quoi faire des fois (EN34)
L'étude peut ensuite observer "un niveau de satisfaction plus élevé pour les élèves que pour les enseignants" (p. 34).
24% des professeurs se disent peu satisfaits ou insatisfaits, 53% moyennement satisfaits.
Sur le plan méthodologique, nous avons aussi tenté d’innover en demandant aux élèves de résumer, en un mot, leur expérience d’usage de la tablette tactile en contexte scolaire (Figure 18). Quelque 2513 élèves ont répondu un mot qui s’apparentait à « amusant » (comme « cool », « stimulant », etc.). Ce sont 744 élèves qui ont répondu dans le sens « d’utile ». Certains ont moins semblé aimer leur expérience, et ont qualifié l’outil « d’inutile ». Enfin, fait surprenant, aucun élève n’a mentionné le fait que l’outil leur permettait d’apprendre plus.
La possibilité de renoncer à l'iPad n'a en revanche pas été suggérée...Nous avons demandé aux quelque 302 enseignants de formuler des suggestions destinées à l’ensemble des acteurs scolaires impliqués dans la mise en place de projets où chaque élève est équipé d’une tablette tactile.
On notera que de nombreux défis ne sont pas liés à la tablette elle-même mais au manque d'adaptation des élèves, des enseignants ou des contenus : ce sont donc aux contenus, aux élèves et aux enseignants de s'adapter à l'"outil".p. 39 écrit: Les données recueillies ont également permis d’identifier de nombreux défis rencontrés tant par les élèves que par les enseignants, à la fois lors de l’enquête par questionnaire, mais aussi lors des nombreuses entrevues de groupe réalisées. Nous présentons à nouveau les neuf principaux :
1. Le premier défi rencontré par les enseignants, qui semble être réellement un enjeu majeur, est celui de la distraction que représentent, aussi, les tablettes tactiles pour les élèves. Ces tablettes permettent aux élèves, peut-être trop facilement, de faire autre chose que d’écouter l’enseignant. Et, si jeunes soient-ils, les élèves ont découvert avec les tablettes la messagerie électronique et les réseaux sociaux qui, très souvent, vont détourner leur attention.
2. Plusieurs élèves et enseignants ont souligné les défis techniques que posaient l’écriture de textes avec la tablette tactile.
3. En lien avec le défi précédent, il faut aussi faire remarquer que l’apprentissage de l’écriture, per se, n’était pas non plus facile avec l’usage de la tablette tactile, notamment parce que les outils ou applications ne comportaient pas encore toutes les fonctions d’aide que l’on pouvait retrouver, sous une seule et même application, à l’ordinateur. En effet, l’apprentissage de l’écriture semble être un autre désavantage majeur des tablettes tactiles. Car même si différentes applications permettent aux jeunes enfants d’apprendre la calligraphie à l’aide des tablettes tactiles, une fois ce stade dépassé, les ressources semblent bien moins intéressantes et faciles à utiliser que celles que l’on retrouve par exemple à l’ordinateur.
4. Plusieurs élèves et enseignants ont souligné que certains manuels scolaires étaient mal adaptés au travail avec des tablettes tactiles, comme par exemple ceux où il fallait avoir accès à Internet en tout temps.
5. Plusieurs enseignants ont aussi parlé des défis inhérents à la planification de leurs cours : pas facile de passer du livre à la tablette tactile, trop rapidement pour plusieurs.
6. La gestion des travaux des élèves devient aussi un défi majeur pour les enseignants. Il y a plusieurs plateformes et plusieurs ont l’impression de gérer trois fois la quantité de travaux, ce qui est plus complexe, à la limite, que le papier traditionnel.
7. Plusieurs des enseignants interrogés ont aussi une méconnaissance des ressources
disponibles sur les tablettes tactiles.
8. Il y a également un sous-usage des livres électroniques, ce qui est pourtant l’une des principales fonctions des tablettes tactiles. En effet, notre étude révèle que moins de 3 % des élèves indiquaient lire des livres à l’écran de leur tablette tactile.
9. Enfin, plusieurs élèves et enseignants ont indiqué que l’usage des tablettes tactiles, à cause possiblement de l’effet de distraction, pouvait nuire à leur réussite scolaire.
Certaines recommandations font sourire :
On donnerait donc une source de distraction aux élèves et ensuite il faudrait les responsabiliser à son bon usage.p. 42 écrit: 3. Responsabiliser et former les élèves. En lien avec le principal défi rencontré par les enseignants, soit la distraction que peuvent susciter les tablettes tactiles en classe, il semble impératif de mettre en place diverses stratégies pour responsabiliser et former les élèves dans l’usage de leur outil informatique, tant à l’école qu’en dehors de l’école. Une charte – ou un code d’usage – devrait donc être mise en place, et tant les élèves que les enseignants devraient prendre part à la rédaction du texte-cadre.
Bon, une rapide estimation permet d'évaluer l'investissement pour 6057 élèves et 302 enseignants à 2 ou 3 millions d'euros pour les seules tablettes, c'est-à-dire formation, infrastructures (réseau, électricité, wifi), maintenance et ressources non comprises (applications, manuels numériques etc.).
Un investissement convaincant, même s'il aurait permis de financer l'emploi de 20% de professeurs supplémentaires pendant une année.
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Ne pas chercher de cause à effet.L'enquête menée par T Karsenti et A Fieves auprès de 6 057 élèves, montre que la tablette est perçue comme motivante. Le principal usage est la consultation des manuels avant la recherche internet. Mais les enseignants soulignent la distraction qu'elle apporte en cours.
Un tiers ose le déclarer, nuance.Et c'est confirmé par les élèves : un tiers d'entre eux joue en classe.
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