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La réforme des programmes et du socle
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Najat Vallaud-Belkacem écrit: Quand j’ai annoncé le rétablissement d’exercices quotidiens d’écriture, de dictées, beaucoup ont pensé qu’il s’agissait d’une annonce gratuite, précipitée et relevant de la pure com. C’est faux. Mon objectif ? Assumer pleinement la nécessité d’avoir davantage d’exercices réguliers et répétés. Point d’idéologie ou de communication ici : mais la volonté d’aider les élèves à mieux apprendre, tout simplement, et, peut-être, trop simplement.
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Le propos est donc comminatoire : remettre en cause le "progrès" des programmes et du socle du CSP ne peut être qu'une forme d'injustice. Comme le dit M. Lussault plus crûment sur Twitter, en toute indépendance bien sûr :Michel Lussault : Remettre en question le socle commun c'est consentir à la mise à l'écart d'une partie des élèves
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Toujours en toute indépendance (cf supra).Vivement attaqué à gauche comme à droite, menacé de disparition par plusieurs candidats à l'élection présidentielle, le Conseil supérieur des programmes (CSP) sort de sa réserve.
"proposer"… ou imposer ? Les programmes ont été rejetés par le Conseil supérieur de l'éducation en 2015...D'abord notre fierté c'est d'être toujours là. Nous avons réussi à imposer notre présence et proposer des programmes audacieux et neufs.
Drôle de façon d'être "indépendant", d'autant que la DGESCO ou l'Inspection générale sont placées sous l'autorité du ministre...Notre première fierté c'est d'avoir réussi à prouver l'intérêt d'une structure comme la notre. Nous sommes quelque chose d'étrange : ni une agence , ni un service ministériel mais une entité placée auprès du ministre , jouissant donc d'une indépendance relative car liée aux commandes ministérielles. Par contre notre indépendance est réelle par rapport aux organes du ministère comme la Dgesco, l'Inspection générale, et aussi une certaine indépendance politique même si nous avons souvent réalisé des compromis qui nous semblaient nécessaires.
Euh non : les élèves.Pour la première fois nous avons essayé de s'affranchir de pesanteurs. D'abord les programmes ne sont pas écrits pour décrire ce que les enseignants doivent savoir et faire mais pour dire ce que les élèves doivent apprendre. C'est une rupture avec la tradition française où écrire les programmes revenait à dire ce que les enseignants devaient maitriser.
Voilà qui est aussi présomptueux qu'absurde...Nous avons établi une révolution copernicienne dans les programmes en disant que ce qui compte c'est ce que l'élève maitrise.
En réalité la "maîtrise" devient très relative : une "maîtrise fragile" n'accorde-t-elle pas la moitié des points dans le nouveau brevet ?
Car "méthodes" ne peuvent pas être disciplinaires !Cette maitrise ne peut pas être pensée seulement comme une connaissance disciplinaire. Une partie renvoie à d'autres types de savoirs et compétences qui sont des méthodes, des langages, des capacités à traiter l'information.
On a bien la confirmation que programmes et socle sont conçus contre les disciplines d'enseignement, dans la perspective d'un nouveau management libéral de l'Éducation nationale. Quitte à soutenir des rapprochements aussi grotesques que factices, comme les fameux "langages pour penser et communiquer" (pour quoi d'autre sinon ?) qui mettent sur un même plan le français (un simple "langage", donc) et les "langages mathématiques, scientifiques et informatiques" ou les "langages des arts et du corps".
"apprendre à apprendre", le mantra du constructivisme (lui aussi bien utile pour le nouveau management libéral de l'école), comme si les élèves des générations précédentes n'avaient jamais été capables d'apprendre à la sortie de l'école...Le socle par exemple va beaucoup plus loin dans la réflexion sur ce qu'est une culture commune. Il donne une importance considérable à l'apprendre à apprendre.
Bel aveu en tout cas que le socle n'est pas vraiment "de connaissances et de culture". Et que les "compétences" sont en réalité détachées de tout cadre disciplinaire pour devenir très nébuleuses.
Et pas l'inverse !Nos élèves sont en difficulté dans leur capacité à apprendre. Préalablement à l'apprentissage de connaissances il faut les stabiliser dans leur capacité à apprendre.
C'est vrai qu'un cycle de trois ans… ou trois ans à la suite, ça change tout !La deuxième audace c'est de penser en cycles de 3 ans. C'est insister sur l'importance du temps long des apprentissages.
Car avant la scolarité s'arrêtait bien avant 14 ans !Il est surprenant que certains syndicats ne comprennent pas l'intérêt de cycles de 4 fois 3 ans, 12 années continues où on peut réfléchir au temps long des apprentissages. C'est ce temps long de capitalisation qui permet à l'enfant de s'élever dans le savoir.
On voit bien comment les cycles, et notamment le cycle 3 à cheval entre le primaire et le collège, visent à créer une école fondamentale, toujours dans cette perspective de nouveau management libéral (avec rationalisation des moyens budgétaires dans la gestion des ressources humaines et dans la suppression du redoublement).
On ne saura pas pourquoi "l'annuité est une entrave à une bonne compréhension des élèves" : l'argumentation se limite à la critique virulente de toute contradiction ("idiot et réactionnaire").L'annuité est une entrave à une bonne compréhension des élèves. Quand je vois des candidats promettre de revenir à l'annualité des programmes c'est idiot et réactionnaire.
On peut pourtant considérer comme "idiot" d'ajouter à la charge de travail des enseignants la répartition des enseignements dans un cycle, avec parfois l'impossibilité de le faire (pas de temps de concertation, changements permanents d'équipes notamment dans les établissements les plus défavorisés, impossibilité pratique de concertation primaire/collège) ou de mettre les élèves les 20% d'élèves qui changent de collège en situation d’iniquité dans les apprentissages (ce sont souvent des élèves en difficulté).
On a pu observer l'hypocrisie de la promotion de l'interdisciplinarité dans la réforme du collège .La troisième nouveauté des programmes c'est l'insistance que nous avons montré à la question de la connexion entre les enseignements. Nous avons insisté sur la complémentarité des enseignements et la nécessité de faire en sorte qu'ils soient articulés les uns aux autres.
En ajoutant que cette "connexion" (le plus souvent factice) justifie une grave atteinte à la liberté pédagogique, toujours utile dans cette perspective de nouveau management libéral de l'école.
"maîtrise fragile" (sic) = maîtrise suffisante.Au moins vous ne pensez pas comme certaines gazettes que l'on brade le niveau !
Doux euphémisme pour décrire le processus de précarisation subjective mis en place. Et Michel Lussault anticipe déjà un éventuel échec des programmes : la responsabilité aux enseignants et à leur manque de formation.On constate que l'organisation du système scolaire et la formation des enseignants ne sont pas tout à fait en correspondance avec nos innovations programmatiques. On regrette donc de ne pas être associés à la rédaction des ressources pédagogiques des enseignants. On aimerait l'être également à la formation des enseignants, le grand chantier de demain. Il faut préparer les enseignants au travail en commun. Sinon ces programmes seront détournés.
Une réforme discrète et invisible en quelque sorte, pour éviter le plus possible toute contestation : quelle belle conception de la politique et quelle belle estime du corps enseignant !Vincent Peillon pensait que par une modification des logiques de construction des programmes on provoquerait une transformation du système. Il a mis les nouveaux programmes au centre de la Refondation.
Un "nombre substantiel" mais limité, à en croire le dernier baromètre UNSA. Et en rappelant à nouveau que la communauté éducative rejeté ces nouveaux programmes : "idiot et réactionnaire", le CSE ?L'institution saura-t-elle aller jusqu'au bout des logiques mises en place par ces nouveaux programmes et en tirer toutes les conséquences ? Un nombre substantiel d'acteurs de l'Ecole a compris ce que ces programmes permettent de réaliser. On voit déjà sur le terrain les effets des programmes sur les pratiques.
La question est surtout celle de la partialité : les groupes de travail, comme celui de français par exemple, pilotés par une seule mouvance pédagogique militante.La question de l'indépendance des rédacteurs des programmes est une vieille question dans l'Ecole. Historiquement ce qui a assuré le plus de stabilité, qui est quelque chose que vous demandez, et d'indépendance c'étaient les circuits compliqués et longs type CNP. Une structure légère comme le CSP peut-elle être stable et indépendante ?
Peu importe : les programmes précédents ont bien été remplacés sans avoir été évalués !Oui je pense qu'il faut de la stabilité. Mais elle est de la responsabilité du ministère et des enseignants et des syndicats. La mise en oeuvre des nouveaux programmes a demandé un effort considérable aux enseignants. Leurs organisations syndicales devraient demander la stabilité quitte à ce qu'on amende les programmes. On peut être dans une logique d'évolution des programmes à partir de diagnostics sur ce qui ne fonctionne pas. Mais on ne peut pas aujourd'hui, au bout de quelques mois, préjuger de l'échec de ces programmes.
La stabilité a bon dos maintenant que ;le quinquennat touche à sa fin...La stabilité est nécessaire aux enseignants, aux enfants et à la société pour que l'Ecole ne soit plus le terrain de jeux des polémistes.
Une réforme qui change simultanément l'évaluation, le socle, les programmes, les cycles, le fonctionnement du collège, le brevet, l'affectation, le tout en une seule année (au mépris des élèves puisque les programmes ont changé en cours de route) : un bel exemple de "stabilité" a été donné par ce quinquennat !
"accompagner les enseignants" : toujours ces mêmes euphémismes infantilisants.Mais il faut aussi que l'institution veuille faire vivre ces programmes, accompagner les enseignants et qu'elle n'essaie pas de les enterrer comme cela s'est fait pour le socle de 2005.
A l'image de l'enseignant rêvé, capable d'enseigner des compétences, et non plus des disciplines !Mais être une petite structure ne vous rend il pas plus fragile face aux pressions ?
Un CSP plus important deviendrait un cénacle de spécialistes. J'assume le fait que l'on soit spécialistes de rien.
Serait-ce l'aveu que les programmes n'auraient pas été "suffisamment" compris ?Finalement on n'a pas su suffisamment expliquer les nouveaux programmes aux enseignants. On n'en a pas toujours eu l'autorisation d'ailleurs...
Rien n'atteste d'un accueil positif en maternelle ou en primaire. Mais s'il suffit de le dire...Les programmes sont très bien accueillis en maternelle, bien accueillis au primaire et nettement moins bien au collège. Comment expliquez vous ces différences ?
Quel rapport entre cycles et spécialité disciplinaire ?Cela vient du fait que le collège est construit comme un petit lycée. Notre proposition de cycles est différente de la logique dominante qui est celle du spécialiste disciplinaire.
Et rien sur la 3e : les élèves évalués sur un programme de trois ans qu'ils n'auront connu que pendant un an ?Enfin la mise en application intégrale sur une année a posé plus de problème au collège. Notamment à cause du cycle 3 en 6ème.
Aucun "brouillage" : la réforme du collège, avec les EPI ou les cycles, correspond exactement à la réforme voulue par le président du CSP¨. Le regret porte en fait sur des aspects secondaires (mais polémiques) de la réforme du collège, comme la suppression des options de langues anciennes ou des sections bilangues. Dans l'esprit de M. Lussaut, sans ces polémiques, une réforme à bas bruit aurait pu avoir lieu.Enfin la mise en oeuvre a souffert du brouillage lié à la mise en place de la réforme du collège, une réforme que nous n'avons pas demandé. On a regretté de ne pas être associé à cette question.
Bel aveu...La logique du socle non disciplinaire brouille aussi beaucoup la question de l'évaluation. Or l'institution n'a pas franchi le cap. On avait proposé que le brevet soit simplement la validation du socle. Finalement on maintient le DNB pour des raisons rituelles et cela n'a pas grand sens par rapport à notre cursus curriculaire.
En quoi un examen entrerait-il en contradiction avec un "cursus curriculaire" ? On ne le saura pas.
A noter qu'avec un socle comptant pour 57% du nouveau brevet, le CSP a imposé, dans les faits, sa conception d'un brevet continu et anti-disciplinaire.
Les enseignants du primaire n'ont surtout eu aucune formation.Enfin la manière dont les formations ont été proposées aux enseignants, sans qu'on y soit associé, a joué aussi. Parfois elles ont été trop descendantes, trop prescriptives alors qu'elles auraient du porter sur la façon de régler les problèmes quotidiens des enseignants. Cela a produit plus d'effets secondaires négatifs au collège qu'à l'école. Car les professeurs des écoles ont davantage l'habitude de travailler par cycle et ont déjà travaillé sur l'évaluation.
Avec le socle, jamais les attendus de l'enseignement n'ont été plus nébuleux.Le socle commun pose le principe que la République doit proposer à l'ensemble des élèves, quelque soit leur origine, des connaissances et des compétences. Dire cela c'est se projeter dans un idéal d'une Ecole juste. En ce sens, dans le socle, il y a une partie qui explicite les questions d'apprentissage , qui explique le curriculum caché. Car la volonté de rendre explicite les méthodes d'apprentissage contribue à réduire les inégalités de classe. On insiste sur ces points de façon à permettre aux enseignants d'être attentifs à cela.
Les programmes précédents faisaient cela ?On fait aussi passer par les programmes le discours que tous les élèves doivent avoir les mêmes apprentissages et ne pas être envoyés pour certains dans des filières où les enseignements sont allégés.
De belles intentions… en contradiction avec la réalité des programmes : par exemple, considérer que les élèves de primaire ne peuvent plus analyser les fonctions dans la phrase. Ou considérer que un langage, le français, sous-partie du domaine du nouveau socle, puisse être comparé avec des compétences vaseuses ("la formation de la personne et du citoyen").On pense qu'il faut avoir de l'ambition pour tous les élèves. Il faut le meilleur de l'Ecole pour tous. Peillon disait "l'Ecole en instruisant éduque à la liberté". On a repris cette conception.
Sans parler des langues anciennes, d'abord supprimées puis seulement mutilées : quelle "ambition" pour les élèves qui voulaient en faire plus !
On peut, au contraire, considérer que le socle de M. Lussault, administre les soins palliatifs à l'Éducation nationale.Remettre en question le socle commun ce serait consentir au fait qu'on mette à l'écart une partie des élèves et qu'on leur donne des soins palliatifs.
Une loi s'abroge.On est à la veille de l'élection présidentielle. En fonction des résultats vous partez ?
Le CSP se situe dans la loi d'orientation et est inamovible.
La volonté du peuple français passe après une institution partialement désignée et revendiquant hautement sa partialité politique.Nous souhaitons continuer. Personne d'autre que nous ne pourra faire le choix de continuer ou d'arrêter. Personnellement je suis inamovible.
Certains présidents du CSP ont également une vision très négative de certains candidats.Mais il y a des conditions dans lesquelles j'estimerais que la mission qui m'a été confiée par la République est compromise. Par exemple si un ministre nous disait qu'il n'a aucune intention de nous confier des missions. Certains candidats ont des visions très négatives du CSP. Il est clair que dans certaines circonstances il serait difficile pour moi de rester.
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Dans "L'Express" du 14/09/17 : "Conseil des programmes scolaires: Michel Lussault en sursis"
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A vrai dire on le savait depuis un certain temps : "Nous commencions à sortir enfin du stérile clivage pédagogistes-républicains. L'absurde inspiration pédagogiste du CSP nous y ramène #recul" avait déclaré sur Twitter JMB le 28/04/15.
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Dans "L'Alsace" du 15/0917 règlement de compte à OK Corral :
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www.franceinter.fr/emissions/interactiv/...iv-26-septembre-2017
www.lemonde.fr/education/article/2017/09...5191373_1473685.html
www.rtl.fr/actu/politique/jean-michel-bl...rogrammes-7790236340
www.lefigaro.fr/actualite-france/2017/09...ique-standardise.php
www.liberation.fr/france/2017/09/26/oppo...que-la-porte_1599108
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Dans le "Café" du 28/09/17 : "La démission de Michel Lussault et l'avenir des programmes"
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www.lefigaro.fr/actualite-france/2018/01...rammes-scolaires.php
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www.lefigaro.fr/actualite-france/2018/01...-la-dissertation.php
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