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La réforme des programmes et du socle
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La charte : www.education.gouv.fr/cid78644/la-charte...-des-programmes.html
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Il est toujours temps effectivement de se poser la question après avoir réalisé la "démocratisation" du secondaire.Que doivent savoir tous les élèves ?
Pourquoi le réécrire ? Le précédent ne convenait pas ?Deuxième baptême du feu pour le ministre de l'éducation. Pas encore sorti des rythmes scolaires, Benoît Hamon va devoir arbitrer un débat qui nécessite une vraie vision de l'école : comment réécrire le socle commun de connaissances, de compétences et de culture, ce bagage pour la vie que tous les enfants de France devraient maîtriser à 16 ans ?
Puisque les trois quarts d'une génération ont le Bac aujourd'hui, le système produit donc soit des bacheliers, soit des illettrés !La question est cruciale, alors que le système laisse un jeune sur cinq quasi illettré après ses dix années de scolarité obligatoire et plus de 8 000 heures de cours.
Et comme 85% d'une classe d'âge atteint le niveau Terminale, cela signifie qu'un quart des illettrés se présente au Bac...
Comme c'est objectivement présenté !Elle est redoutable pour M. Hamon parce qu'elle oppose le camp des réformateurs aux tenants de l'immobilisme, et que la synthèse s'annonce difficile.
Mais au fait, vouloir que les élèves ne soient plus illettrés au sortir de l'école, c'est être réformateur, non ?
Car évidemment le socle a une grande incidence sur la réussite des élèves.Le précédent ministre de l'éducation, Vincent Peillon, avait demandé au Conseil supérieur des programmes (CSP) d'inventer une nouvelle version de ce socle qui permette de rendre l'école plus efficace.
En tout cas pas l'unanimité au sens où "Le Monde" la comprend : celle des "réformateurs" progressistes.Il reste deux journées de travail, les 15 et 22 mai, au CSP, avant de remettre sa copie au ministre. Le Monde s'est procuré le document mis en discussion le 15 mai, fruit de six mois de réflexions au sein du CSP. Ces 19 pages sortiront amendées à l'issue des deux journées de travail et des rencontres avec les syndicats, mais ne seront pas réécrites puisqu'elles reflètent déjà la ligne dominante du CSP. Or cette proposition est loin de faire l'unanimité.
Euh... le présupposé de cette réflexion de Maryline Baumard, c'est donc que le collège doit permettre de lutter plus efficacement contre l'illettrisme.Pour caricaturer, ceux qui veulent garder un collège calqué sur le lycée sont satisfaits ; ceux qui veulent une scolarité obligatoire plus cohérente de la maternelle à la classe de 3e sont déçus.
Son nom ?« Le nouveau texte tue le socle commun parce qu'il est trop vague. On en reste à l'énonciation d'un idéal. On attendait qu'il définisse comment former toute une génération. Il devait expliciter les modalités d'évaluation permettant à tous les élèves de progresser. Franchement, on est loin du compte », regrette un partisan d'un collège repensé.
Savoir lire deviendrait donc une compétence du collège !Son camp souhaite un socle donnant un cadre fort, pour que l'enseignant ne coure plus après l'application des programmes mais puisse travailler en profondeur les connaissances et compétences que chaque élève doit, à l'arrivée, maîtriser.
Et en quoi les programmes ne constituent-ils pas un "cadre fort" ?
Si les programmes obligent à aller trop vite, ce n'est pas leur principe qui est en cause mais leur (éventuelle) surcharge (ou plus probablement le fait que les élèves sont de moins en moins prêts à les affronter). Mais si : il faut renoncer aux programmes au profit de la magique logique curriculaire !
Comprendre : les immobilistes.USINE A GAZ
En face, les tenants d'un enseignement secondaire qui reste structuré par les disciplines et par l'idéal des programmes applaudissent le texte du CSP.
Ainsi, le 30 avril, la co-secrétaire générale du SNES-FSU (le principal syndicat d'enseignant des collèges et lycées), Frédérique Rolet, se félicitait du « bon travail fait par le CSP sur le socle », au cours d'une réunion à la direction de l'enseignement scolaire, Rue de Grenelle. Pour elle, « le texte va dans le bon sens parce qu'il correspond à des objectifs ambitieux et propose une vraie culture commune aux jeunes du XXIe siècle. Après, il restera à voir si les programmes seront à la hauteur… », explique-t-elle au Monde.
Ça tombe bien : tous les élèves ou presque vont au lycée aujourd'hui, dont une majorité au lycée général !Comme le rappellent les deux historiens de l'éducation Antoine Prost et Claude Lelièvre, notre collège a été construit sur le modèle d'un petit lycée.
Résumons un peu le raisonnement de nos deux historiens : la démocratisation aurait dû tenir compte du fait que certains élèves ne pouvaient pas "suivre". C'est donc une curieuse "démocratisation" du secondaire qu'ils réclament a posteriori, une démocratisation avec une baisse des exigences.
Qu'ils suivent ou pas importe peu puisqu'il y a des cycles et bientôt l'orientation choisie surtout.L'enseignement y est pensé pour l'élève qui intégrera le lycée général, peu importe que tous ne suivent pas…
Mais de toute façon, n'est-ce pas l'école primaire qui est supposée enseigner la lecture ?
Heureusement le socle, concurrent inutile des programmes inspiré des exigences de PISA et de la logique des compétences, va bientôt les remplacer !En 2005, François Fillon, alors ministre de l'éducation, a le premier écrit dans la loi que la France devait à tous ses jeunes un socle non négociable. Cette petite révolution n'a pourtant pas trouvé sa place. Le collège est resté prisonnier de programmes trop lourds pour permettre à tous de suivre.
Encore une fois : pourquoi les programmes sont-ils subitement trop "lourds" ?
Généralisons d'urgence l'usine à gaz !Le livret d'évaluation qui aurait dû mesurer les compétences acquises par chaque enfant a vite fait figure d'usine à gaz et est entré en conflit avec les classiques notes.
C'est d'une logique imparable, en effet ! Pour avancer, le mieux est en effet de reculer !L'école et le collège ont continué à s'adresser aux premiers de la classe. Alors qu'une école guidée par le socle devrait faire avancer tout le monde.
Ce qui serait bien serait de définir ce qui doit être maîtrisé par tous à l'issue de l'école primaire... mais non : c'est une mauvaise idée !« RÉDUIRE LES INÉGALITÉS »
Alain Boissinot, le président du CSP, est très conscient de ces enjeux. Il rappelait récemment que « l'objectif de la réécriture du socle commun est bien de donner du sens et de la cohérence à la scolarité commune de tous les enfants ; d'arrêter de se référer à un absolu, un programme idéal, mais définir ce qui doit être maîtrisé par tous ».
Bizarre que ça nait pas marché depuis que le socle a été mis en place.La version qui sera discutée le 15 mai stipule bien que « l'acquisition du socle est indispensable pour réduire les inégalités et permettre l'accès au savoir à ceux qui n'ont, pour l'essentiel, que l'école pour apprendre ».
Si c'est pas honteux. Si ça se trouve, l'humanisme est encore mentionné dans le socle.Pourtant, c'est un socle frileux qui y est présenté. Le terme « connaissances » y écrase les « compétences »...
Bon en même temps, quand un des piliers devient "apprendre à apprendre", il ne semble pas que les connaissances "écrase les compétences".
Dépasser, c'est supprimer ?...alors que le président du CSP avait promis que la version définitive dépasserait le débat entre ces deux termes et inclurait un versant évaluation.
Dualité idiote mise en place par l'institution elle-même.Il y a quelque temps, M. Boissinot insistait aussi sur son souhait de « mettre fin à la dualité de l'évaluation d'un côté par le diplôme national du brevet, de l'autre par le livret de compétences »...
Bon à vrai dire il y a dualité entre les notes et le livret de compétences. Les examens n'ont pas grand chose à voir avec des compétences acquises quand elles sont acquises (et définitivement bien sûr).
C'est le côté sadique des enseignants. Mais en l'occurrence ils n'ont jamais demandé une double évaluation !...et ajoutait qu'« il faut qu'il y ait une seule procédure ». Elle ne figure pas dans le texte remanié par le président du CSP lui-même et mis à la discussion le 15 mai. Ce qui le rend inopérant dans une école qui adore évaluer.
C'est vrai qu'une "compétence en cours d'acquisition", c'est très précis.Le sociologue François Dubet le résume : « Pour avancer aujourd'hui, il faudrait que le nouveau socle précise ce que la Nation exige que tout élève sache, et qu'il annonce ce que cela signifie en fin de primaire ou en milieu de collège et en fin de 3e. Il faudrait un cadrage très serré pour que ce soit suivi d'effets. »
Mais c'est immobiliste de vouloir tirer les élèves vers le haut : ne l'oublions pas !M. HAMON VA DEVOIR SORTIR DU BOIS
En fait, le SNES-FSU n'a jamais digéré le concept de socle commun et lui préfère celui de culture commune. Ce terme permettant à ses yeux de conserver un enseignement très disciplinaire et un modèle de collège calqué sur le lycée.
Chez les méchants immobilistes, bien sûr.Derrière ce débat censé opposer deux philosophies de l'école, percent des intérêts corporatistes.
Une preuve de la démocratisation réussie : on y enseignerait au collège ce qu'on enseignait en primaire !Le SNES, majoritaire dans le second degré, se sent délégitimé par ce concept qui, poussé à ses limites, conduirait à créer une « école du socle » – un continuum entre école et collège.
Et ce n'est pas corporatiste pour ces deux syndicats minoritaires que d'y trouver son compte syndical.Cela casserait son champ de syndicalisation qui couvre le collège et le lycée. En face, le SE-UNSA et le SGEN-CFDT, tous deux favorables à un socle fort, syndiquent de la maternelle au bac et n'ont donc pas ce problème.
La collusion du "Monde" avec les syndicats dits "réformistes" est chaque jour un peu plus voyante.
Bon, en suivant la logique, pourquoi l'école du socle, qui sauvera l'école, ne s'étend-elle pas jusqu'au lycée ? Et qu'enseigner au collège si le collège n'est plus régi par les disciplines ?
Bref enseignement disciplinaire = immobilisme. C'est curieux que des promoteurs des compétences prônent l'incompétence dans l'école.Même si Alain Boissinot s'efforce de parvenir à une version acceptable par les deux camps, Benoît Hamon, lui, va devoir sortir du bois. Soit il donne des gages à un syndicat (le SNES) dont il est philosophiquement proche par son positionnement à la gauche du PS, au risque de se voir reprocher son immobilisme face à la lutte contre l'échec scolaire.
C'est sûr qu'en baissant les exigences scolaires les inégalités vont reculer d'un coup !Soit il prend le risque politique de pousser pour un socle rénové, doté d'un dispositif d'évaluation structurant, pour dépasser le discours incantatoire de lutte contre les inégalités.
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- Loys
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- "Socle de compétences : les cinq domaines que les élèves devront maîtriser"
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- "Enseignement : « Ce n’est pas parce qu'une culture est commune qu’elle est de faible niveau »" avec François Dubet.
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Une grande réussite de "l'un des meilleurs spécialistes du collège", comme tout le monde peut le constater.Enseignement : « Ce n’est pas parce qu'une culture est commune qu’elle est de faible niveau »
Directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS), François Dubet est l'un des meilleurs spécialistes du collège. En 1999, il a dirigé le rapport « Le Collège de l'an 2000 » qui a servi de base à la réforme du collège orchestrée par Ségolène Royal, alors qu'elle était ministre de l'éducation, en 1998.
Une autre grande réussite.Un rapport également repris dans la réforme de Jack Lang et utilisé pour l’écriture du premier socle commun lorsque François Fillon se trouvait rue de Grenelle.
A quand l'analyse des blocages de François Dubet par François Dubet (ou à défaut par "Le Monde") ?Il analyse les blocages anciens et récents, de la communauté éducative autour de ce concept, que Benoît Hamon va devoir prochainement réviser.
Et voilà : les adversaires du socle sont nécessairement des adversaires de la démocratisation !Le Monde : pourquoi le socle commun a-t-il autant de mal à s’imposer en France alors que les pays nordiques se le sont approprié ?
François Dubet : Il faut remonter aux années 1990 pour comprendre l'origine de ce blocage. Au début, le concept de « socle » est venu occuper un terrain bien plus mouvant qu’aujourd’hui. Souvenons-nous qu’à ce moment-là, la majorité des enseignants n’étaient pas favorables au collège unique.
Et surtout les premiers tests PISA en 2000...On a quand même parcouru du chemin depuis ! C’est la Commission Thélot, maître-d’œuvre d’un débat national sur l’avenir de l’école qui s’est déroulé de la mi-2003 à la fin 2004, qui a largement popularisé la notion de culture commune.
Une garantie qui a bien fonctionné, comme on peut le constater depuis dix ans ! Maryline Baumard relève elle-même qu'un cinquième des élèves sont illettrés en sortant de l'école...Avec deux objectifs : celui, explicite, de garantir à tous les élèves — y compris les plus faibles — le minimum auquel il a droit ;
C'est toujours intéressant d'apprendre qu'il y avait un "but implicite" : la démocratisation de l'école, mais si possible sans le dire aux enseignants, ces vils réactionnaires !...un but implicite, qui était de décrocher le collège du modèle du lycée sur lequel il avait été calqué à sa conception dans les années 1970.
A partir du moment où la référence n'est plus les programmes mais "le minimum", on peu effectivement le craindre. Mais le mieux, c'est d'essayer pour s'en convaincre !Certains enseignants pensent en toute bonne fois que le niveau va baisser si le socle de connaissances fait vraiment loi au collège et à l’école… Quel est votre point de vue ?
Car c'est bien le but.Je pense que c’est un argument fallacieux. Si tous les enfants de France maîtrisaient le socle commun tel qu’il est défini aujourd’hui, la France dépasserait la Finlande et le Japon dans les classements internationaux.
En sachant qu'un classement comme PISA ne dit rien sur le niveau scolaire des élèves : il n'évalue même pas l'écrit !
Et vive le minimalisme mortifère !Il faut en finir avec cette vision misérabiliste. Ce n’est pas parce qu'une culture est commune qu’elle est de faible niveau. Sortons de notre élitisme mortifère !
Un autre argument circule pour discréditer le socle : celui qu'il dévalorise le métier d'enseignant. Qu’en pensez-vous ?
Certaines organisations représentant les enseignants portent effectivement cette vision. En faisant cela, elles défendent très habilement un imaginaire qui veut que l’enseignant appartienne au monde des « savants ».
L'estime de François Dubet pour les enseignants est admirable. Finalement un enseignant "de collège"n'a pas besoin de savoir grand chose... Encore quelques efforts et François Dubet va résoudre la crise de recrutement en proposant qu'il soit ouvert au niveau Bac !C’est séduisant, mais tellement loin de la réalité des cours d’un professeur de collège qui se bat chaque jour pour faire acquérir des connaissances de base à ses élèves…
Oh la jolie phrase qui ne veut rien dire !Ce qui est très dommage dans notre système politique, c’est qu’un ministre, quel qu’il soit, prend des décisions en respectant un équilibre des forces, alors que, sur le terrain, l’école tient grâce à des gens formidables dans les classes qui, eux, sont à mille lieux des débats théologiques sur le sujet et voudraient d’abord que l’institution les aide à mieux enseigner à tous.
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Et à relire :
UNSA : "Apprendre à apprendre : la compétence qui manque" (27/11/13)
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