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La réforme des programmes et du socle
- Loys
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Au temps pour moi : le ministre a bien évoqué les "citoyens du XXIIe siècle" dans son discours de Toulouse (même si ceux formés par les stagiaires actuels seront cinquantenaires en 2100).archeboc écrit: Un ministre ne peut pas se placer dans l'hypothèse où la majorité des enfants de France devrait mourir avant 40 ans. Dans l'hypothèse d'une stabilité du système actuelle, avec 45 ans de carrière, les stagiaires d'aujourd'hui seront en activité en 2050, et formeront des enfants qui seront en activité à l'orée du XXIIe siècle.
Néanmoins, pour les enfants "d'aujourd'hui", qui seront des adultes "dans la deuxième moitié du XXIe siècle", on peut imaginer que ce qu'on doit leur apprendre sera plus important pour leur entrée dans la vie adulte, dans les années 2020, que pour leur seconde partie de carrière après 2050.
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- Loys
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Alors ce que sera notre univers numérique dans douze ans - une éternité -, ou même dans trente-sept ans, en 2050...
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Quel échec historique ?De 1966 à 1973, l'introduction des mathématiques modernes s'était, elle, faite sous la houlette du mathématicien André Lichnerowicz. On sait ce qu'il advint de cette révolution [..] Mais cet échec historique
Nom d'une pipe, il y a au moins un français dans chaque promotion de la médaille Fields depuis 1994. Si on regarde leur age, c'est la génération qui a bénéficié de la réforme des mathématiques modernes. Au delà des programmes scolaires, il faut voir dans le rayonnement des mathématiques françaises une influence de Bourbaki. Mais si cette influence se fait encore sentir cinquante ans après, c'est bien grâce aux programmes scolaires des années 60 et 70.
Allez, encore un bonnet d'âne dans la collection, bien fournie, de Marilyne Baumard.
Lorsqu'un enseignant demande un exemple de peintre maniériste, l'étudiant qui se lèverait pour lui en réciter une liste de 20, dans l'ordre alphabétique inverse, avec la date de naissance et la date de décès, passerait pour un pédant et un idiot. De même, il serait stupide de demander à nos élèves d'apprendre par cœur toutes les fables de La Fontaine. Mais a contrario, l'élève de 6e à qui son prof de français demande de réciter une fable de son choix devrait être en mesure de le faire, ou, s'il s'en révèle incapable, se voir placer, hors de la voie normale, dans un cursus adapté à ses faibles capacités de mémoires.Jean Zay, ministre de l'éducation et des beaux-arts sous le Front populaire, en 1936, disait déjà qu'il fallait les considérer [ie les programmes] comme des maximums : tout ne devait pas être étudié, mais l'enseignant pouvait y puiser.
Ce principe a ensuite été inscrit dans le projet de réforme du système éducatif français élaboré à la Libération par Paul Langevin, puis Henri Wallon. "Pour la bonne formation de l'esprit, il n'est pas besoin de connaissances encyclopédiques, mais de connaissances en profondeur"
Le gros problème des programmes français n'est pas tant l'encyclopédisme qu'un encyclopédisme hors de portée des enfants. Lorsqu'on demandait aux enfants de connaître, pour chaque fleuve français, la liste de tous ses affluents, on restait dans un gavage puéril mais tolérable. On a supprimé cet apprentissage de listes d'objets pour le remplacer par pire : des concepts.
J'ai déjà dit, ici je crois, combien j'avais été étonné de voir dans un programme de CE2 un exposé sur la chevalerie gauloise. Des gaulois au temps des chevaliers ? Le petit CE2 qui révisait sa leçon avec moi avait bien l'impression qu'il y avait un problème. Du moins se posait-il la question. Mais pour la plupart de ces camarades, tout cela est resté à l'état d'immonde magma. Le concept de chevalerie, ici, n'est pas seulement inutile, il est nocif : il vient brouiller la mise en place des fondamentaux, c'est-à-dire la chronologie.
Qu'est-ce que c'est qu'une « connaissance en profondeur » ? C'est une connaissance que l'on peut mobiliser sans effort dans le cadre d'une tâche de plus haut niveau. Exemple trivial : il faut maîtriser parfaitement les tables de multiplication pour mener à bien des divisions sur des nombres à plusieurs chiffres. C'est là que le concept de « compétence » est performant. Une compétence se distingue d'une connaissance par son expression sous la forme d'un verbe : il ne s'agit pas simplement de « connaître » les tables de multiplication, mais de « fournir le résultat exact sans délai ni hésitation ». En tant que tel, donc, le concept de compétence pourrait se révéler intéressant pour redresser le niveau du système éducatif. Ce qui manque, c'est la volonté politique de former des classes homogènes en compétence. Dans ces conditions, les cadres subalternes de l'EN sont obligé de tricher, de maquiller les résultats, avec les effets démobilisateurs que cela peut avoir sur tous les acteurs de terrain.
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Si les maths modernes c'est les patates je peux témoigner que je n'ai pas de meilleur souvenir d'apprentissage à l'école, et même c'est peut-être le seul souvenir positif que j'en ai. Cela m'a tellement influencé que si je suis capable de perdre des heures à jouer au Go encore aujourd'hui cela vient certainement de là.
"Mais a contrario, l'élève de 6e à qui son prof de français demande de réciter une fable de son choix devrait être en mesure de le faire, ou, s'il s'en révèle incapable, se voir placer, hors de la voie normale, dans un cursus adapté à ses faibles capacités de mémoires."
Ho Ho même si l'élève est un authentique génie dans son domaine de prédilection ? archeboc c'est pas sérieux.
"Le petit CE2 qui révisait sa leçon avec moi avait bien l'impression qu'il y avait un problème."
C'est autant possible que de trouver un chevalier chez les gaulois, l'impression c'était dans votre tête.
"la mise en place des fondamentaux, c'est-à-dire la chronologie."
Vous parliez de concept, pourquoi ne pas parler aussi de dogmatisme ?
"Exemple trivial : il faut maîtriser parfaitement les tables de multiplication pour mener à bien des divisions sur des nombres à plusieurs chiffres."
C'est pas faux mais ça sert à quoi de savoir faire une multiplication avec plein de chiffres et quel talent pensez-vous avoir avec ça quand un berger (calculateur prodige) qui n'a jamais été à l'école peut faire ces mêmes multiplications de tête dix fois plus vite que vous avec une calculette, Hmmm ? Le sentiment d'être intelligent c'est une chose, la réalité c'en est une autre.
"Le concept de compétence pourrait se révéler intéressant pour redresser le niveau du système éducatif."
Voilà le concept qui revient... On y échappe pas vous voyez.
"C'est la volonté politique de former des classes homogènes en compétence."
Pour faire de vrais guerriers de l'intellect je suppose, j'ai appris il y a peu que les Spartiates tuaient les enfants faibles et inaptes au combat, ils se donnaient les moyens de leur idéal c'est indéniable.
J'ai un concept à vous proposer moi aussi : dire à quoi devrait servir l'école avant de dire comment elle devrait être. Mais si le but est de faire des gens à votre image ou à l'image de qui que ce soit, personnellement je ne m'étonnerai jamais que ça ait l'air de foirer.
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En revanche, sur l'enseignement des lettres, j'ai commencé par vous répondre longuement, archeboc, avant de me raviser : ma très longue réponse est devenue l'ébauche d'un article à venir.
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archeboc parlait des petites classes (je crois), les lettres sont-elles concernées, ou apprendre à lire et écrire en fait-il partie ?Loys écrit: En revanche, sur l'enseignement des lettres...
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- Loys
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Pour vous donner un seul petit exemple, les élèves de primaire ont perdu en 1995 entre 400h et 600h de français au total, soit entre deux et trois heures par semaine. Au CP l'horaire est passé de 15h à 10h par semaine.
Et je ne parle pas de la réforme des méthodes d'enseignement.
Source : www.sauv.net/refprim.htm
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La réforme des programmes
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