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"Mais qui sont les assassins de l’école ?" (Carole Barjon)
- Loys
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Une seule réfutation, pas vraiment originale :
Petit exercice à faire à la maison (les devoirs, c’est bien, non ?) pour étayer les propos de Carole Barjon (ou pas) :
Que pensez vous des chiffres suivants issus du rapport « Regards sur l’éducation 2016 » : – en France, au primaire, 37 % du temps est consacré à la lecture, à l’expression écrite et à la littérature (moyenne de l’OCDE : 22%), au secondaire, 15% y sont consacrés en France contre 14% en moyenne pour l’OCDE ou l’Union européenne.
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- Loys
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C'est bien ce que je pensais : si les pédagogistes se sentent à ce point agressés par le livre de Carole Barjon, et se sentent obligés de répliquer en masse, ce n'est pas uniquement à cause de la gravité de l'accusation, mais surtout parce qu'elle provient de, et qu'elle est relayée par, cette fraction de la gauche qu'ils croyaient pourtant acquise à leur cause.
On me dira, Jean-Paul Brighelli et d'autres venaient eux aussi de la gauche, et les procès en excommunication se sont multipliés à leur encontre. Sauf que là, il s'agit de l'Obs et de Libération, qu'on n'attendait pas forcément sur ce terrain-là. François Dubet le dit en toutes lettres :
Il a quand même l'amabilité de préciser que les "propos de Valeurs actuelles (...) ne sont pas faux parce qu’ils sont ceux de Valeurs actuelles, mais tout simplement parce qu’ils sont faux.", mais cette tentative d'ouverture d'esprit me paraît contredite dans le reste de l'article. Il sent la "gauche" lui échapper, donc il l'admoneste avec les mots-clés habituels, "glissement conservateur" et j'en passe. Reste à savoir qui se soucie encore d'être qualifié aujourd'hui de "conservateur", surtout par ces gens-là.François Dubet écrit: Que cet ouvrage fasse les délices du Figaro, du Point et de la «fachosphère» est dans l’ordre des choses. (...) Le fait que vous en ayez fait l’éloge change un peu la donne. (...) le fait d’écrire dans un hebdomadaire de gauche semble autoriser à reprendre de manière crédible, sans être soupçonnée d’être réactionnaire, les propos de Valeurs actuelles. (...) Je crains que votre soutien à cet ouvrage soit un signe très inquiétant du glissement conservateur de notre société
Cela étant, Laurent Joffrin lui-même ne m'inspire pas grand-chose. Lors de la parution du livre de Serge Halimi, Les nouveaux chiens de garde dans lequel il était mis en cause, il n'a pas mieux réagi que François Dubet à propos du livre de Carole Barjon.
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- Loys
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- Loys
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C'est d'ailleurs curieux car la ségrégation sociale est de plus en plus marquée, avec une école privée qui prospère et recrute des élèves de plus en plus favorisés.
Ce qui est "nébuleux", c'est de savoir qui est visé par cette tribune et ce qu'elle entend défendre. Derrière la critique salutaire de l'extrême-droite ou des visées libérales sur l'école, la critique de l'anti-pédagogisme et du "déclinisme" au sens large laisse plus que perplexe.« Une nébuleuse nostalgique d'un ordre scolaire ancien étend son influence sans qu'on s'en alarme »
Les parallèles historiques (type la restauration de l'ordre moral) ont leurs limites. Le problème de l'autorité en classe, compte tenu du climat disciplinaire particulièrement mauvais en France , est un vrai problème, qu'il ne convient pas de laisser à l'extrême-droite. Pas besoin de brandir le drapeau, l'uniforme ou la férule mais juste d'un peu de volontarisme, d'une politique judicieuse pour recruter des chefs d'établissement courageux, allant au contact des élèves et ayant plus à cœur de donner aux enseignants de leur établissement des conditions de travail sereines que de ne pas faire de vagues, des CPE et des surveillants nombreux et enfin l'application des règles et sanctions qui existent déjà.A la veille de la présidentielle, l'offensive du retour à l'ordre...
Reste à savoir si tous "ceux qui sont sur le terrain" sont bien d'accord....dans l'école est telle que ceux qui sont sur le terrain ne peuvent plus réagir que par un haussement d'épaule, déplorent les professeurs Laurence de Cock et Grégory Chambat.
Oui, des positions réactionnaires assez caricaturales en effet.En cette rentrée, le débat sur l'éducation est plus que jamais enkysté par les appels au retour à l'ordre moral, à l'autorité et à « l'identité nationale ». Mesures simplistes (port de l'uniforme ou salut au drapeau) et offensives idéologiques (sur le « roman national » ou contre l'enseignement des questions de genre) sont relayées en « une » des magazines ou dans des pamphlets hargneux livrant les prétendus « pédagogistes » à la vindicte populaire.
Mais la critique du pédagogisme n'est pas propre à l'extrême-droite, heureusement : on peut difficilement accuser Mme Barjon ("Nouvel Obs") ou M. Joffrin ("Libé") de prêter le flanc à ces accusations. La tribune récuse le terme même de pédagogisme, qui mériterait pourtant une réflexion : la tendance, en l'abstraction de toute autre considération, à vouloir faire porter sur la pédagogie (ou plus exactement certaines pédagogies jugées trop traditionnelles) la responsabilité de l'échec de l'école et à proposer à la place une pédagogie sous plusieurs variantes (dont la dernière est le numérisme scolaire) : le progressisme constructiviste.
Celle-ci, de plus en plus imposée dans l'école, ne mérite-t-elle pas de faire l'objet d'une critique légitime ?
Si on oublie le terme "pédagogiste" ou le procédé qui consiste à désigner des coupables, n'y a-t-il rien à reprocher à ceux qui sont ainsi mis en cause ? On comprend par exemple que Philippe Meirieu ait apprécié cette tribune, qui prend sa défense sans le dire :
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Les compétences en fin de primaire se sont effondrées entre 1987 et 2007 : même le très progressiste Antoine Prost a sonné l'alarme. Dès lors, peut-on sérieusement accuser les gens qui s'inquiètent d'une école qui ne fonctionne plus de "nostalgie" et de "viser en réalité l'égalité et la démocratie" ?Sous des aspects plus ou moins folkloriques, c'est la nostalgie d'une école de la ségrégation sociale, du chacun à sa place et de l'entre-soi qui avance masquée. Car ces discours sur le « bon vieux temps » participent d'une offensive réactionnaire qui vise en réalité l'égalité et la démocratie, à l'école et au-delà.
Se faisant - de façon assez amusante quand on connaît son passif à l'égard des enseignants - le défenseur de l'école républicaine (comme celui de la laïcité, avec les mêmes arrière-pensées bien peu laïques), le FN tente de récupérer, parmi les professeurs, les déçus de la droite et de la gauche car ils sont nombreux.La perspective de la présidentielle alimente cette course à la surenchère « décliniste ». La présidente du Front national (FN), Marine Le Pen, ne s'y est pas trompée, consacrant sa première « convention présidentielle » à la question scolaire pour « capitaliser » sur les discours « antipédagogistes » et tenir sa revanche sur « l'esprit de 68 ».
La vraie question est de savoir pourquoi tant de professeurs sont désespérés par la politique éducative d'un ministère de l'éducation socialiste..
Au passage, le pédagogisme n'a pas attendu mai 68 : avec Alain Peyrefitte, le discours pédagogiste s'est imposé même dans le gouvernement de de Gaulle. Car c'est une constante du pédagogisme : il n'est ni de droite ni de gauche, tout comme l'anti-pédagogisme.
Le collège unique a quarante ans : ceux qui déplorent la baisse du niveau "depuis trente ans" ne veulent pas revenir cinquante ans en arrière...Depuis trente ans, les déplorations sur le naufrage de l'école, annonciateur de l'effondrement de la « civilisation »...
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Combattons les dérives constructivistes d'une part et ceux qui sont vraiment réactionnaires d'autre part plutôt que d'amalgamer tous ceux qui le font à la pire réaction ("une nébuleuse nostalgique d'un ordre scolaire ancien")...sont à la fois le socle de la stratégie de reconquête de l'hégémonie culturelle par les droites extrêmes et l'assise idéologique d'un courant national-républicain.
Le terme "réac-publicain" qu'utilisent les auteurs de la tribune est en revanche admis pour désigner ceux qui ne pensent pas comme eux.Nouvelle chasse aux sorcières
« Ayatollahs de la pédagogie », « Khmers rouges », « nouveaux Mao », « barbares », « assassins de l'école », « pédagogiches » ou « pédabobos » : la « guerre civile des mots » des « antipédagogistes » ne semble plus souffrir de limites.
Et c'est oublier que le constructivisme utilise une rhétorique aussi brutale : David Precht ( "notre école est un crime" ), Vincent Cespedes (" L'école dévitalise les enfants" ), Idriss Aberkane ( "Éducation : c'est Einstein qu'on assassine !" ) ; Ken Robinson ( "L'école tue la créativité" ou "la vallée de la mort de l'éducation" ). Récemment, dans la "Lettre de l'éducation", l'école est "un lieu de tourment" .
La rhétorique "progressiste" peut être plus subtile : l'appel à une école "bienveillante" laissant supposer qu'elle serait actuellement malveillante , ne provoquant pas l'ennui des élèves (voilà comment était justifiée la réforme du collège ) et les rendant actifs (parce qu'ils seraient aujourd'hui passifs).
La tribune évite soigneusement de définir ce qui est communément entendu par "pédagogisme", faisant comme s'il n'existait pas un corps de doctrine constructiviste dont les excès ou les dérives apparaissent chaque jour ou presque.Du complot des « forces obscures » de Jean-Claude Milner l'inventeur du fumeux concept de « pédagogisme » (De l'école, Seuil, 1984)...
Par ailleurs, les expressions "nébuleuse", "étend son influence", "confusionnisme", "matrice néodroitière" employées par les auteurs de la tribune évoquent au moins autant une forme de complotisme.
On n'est pas obligé de confondre le livre et sa promotion (en effet très malheureuse, à l'image de son titre outrancier) : on voit que la critique de l'ouvrage est expéditive et absolument pas argumentée.....à la campagne de promotion du livre de Carole Barjon (Mais qui sont les assassins de l'école ? , Robert Laffont, 234 p., 18 euros) inspirée des avis de recherche de criminels, il y a une permanence dans le confusionnisme. Désormais, quiconque veut écrire sur l'école peut se passer de toute rigueur d'analyse ou d'enquête de terrain.
Très malheureuse formulation : est-ce à dire que seuls ceux qui sont désignés comme pédagogistes par Mme Barjon "ne se satisfont pas de l'école telle qu'elle est trop inégalitaire, ségrégative" : et les autres ?Cette nouvelle chasse aux sorcières concerne toutes celles et tous ceux qui, par leurs pratiques au quotidien et par leurs engagements, ne se satisfont pas de l'école telle qu'elle est trop inégalitaire, ségrégative et conservatrice.
Et par ailleurs, la ségrégation est surtout subie par l'école et n'a pas grand chose à voir avec l'espace de la classe...
Il y a malheureusement des sociologues (de Marie Duru-Bellat à François Dubet), des pédagogues (aux "Cahiers pédagogiques") et des historiens (d'Antoine Prost à Claude Lelièvre) dont "l'engagement" aussi institutionnel que médiatique a produit des effets désastreux ou s'évertue à les occulter ou à les relativiserSociologues, pédagogues, historiens sont les empêcheurs de « régresser en paix », de réformer à reculons de l'histoire, du social, de la justice, de l'égalité.
Tous les sociologues (de Nathalie Bulle à Pierre Merle), tous les historiens, tous les pédagogues ne pensent heureusement pas nécessairement comme eux.
Est-ce que, pour Mme de Cock ou M. Chambat, les sociologues ou les historiens qui promeuvent la réforme du collège sont des progressistes ? La réforme du collège est-elle un progrès ou une régression ? Il est vrai que sur ce point, le collectif "Questions de classe" a une position très nébuleuse.
L'influence étendue n'existe que par la force de l'amalgame.N'hésitant plus à convoquer les « éléments de langage » forgés par la matrice néodroitière, cette nébuleuse, nostalgique d'un ordre scolaire et social ancien, étend son influence sans qu'on s'en alarme.
Grand bien leur fasse, mais quel rapport avec tous les autres ?Assauts répétés
Car c'est autour de l'école que se nouent ces alliances : par un meeting commun en septembre 2015 pour le député (Debout la France) de l'Essonne, Nicolas Dupont-Aignan et l'ancien ministre Jean-Pierre Chevènement, applaudis par le représentant de SOS Education et l'entrepreneur Charles Beigbeder ; lorsque Jean-Paul Brighelli, l'auteur de La Fabrique du crétin (Folio, 2006), salue le programme éducatif du FN (septembre 2015) d'abord, et accepte d'intervenir à l'université d'été du parti frontiste ensuite (septembre 2016).
Grand bien lui fasse, mais les authentiques défenseurs de l'école publique se battent contre cette fondation (et ses liens avec l'iFRAP par exemple )...Tout récemment, c'est Alain Finkielkraut qui se met à faire l'éloge des écoles privées hors contrat, avant de se reprendre in extremis (« Répliques », du 8 octobre), sachant que ces dernières sont aujourd'hui pour beaucoup chapeautées par la Fondation pour l'école, proche des traditionalistes et de La Manif pour tous.
On observe inversement de nombreux progressistes qui justifient les expérimentations dans le hors contrat en accusant le public de conservatisme, comme fait Philippe Watrelot : "On peut crier à la « marchandisation » en se réfugiant dans une défense conservatrice de l’École publique telle qu’elle est. Mais on peut aussi voir ce qui se développe aux marges de l’école comme le symptôme d’une réelle difficulté de notre institution à se réformer et à évoluer."
En toute rigueur, "fossoyeurs" ne vaut guère mieux qu'"assassin". Mais surtout on peut se demander dans quelle mesure ces groupuscules extrémistes auraient la moindre influence sur les réformes, les programmes puisque c'est ce dont il est question.Pour son retour dans la rue, le mouvement contre le mariage homosexuel élargit d'ailleurs son combat aux questions éducatives. On en vient à se demander qui sont alors les dangereux fossoyeurs de l'école publique.
Céline Alvarez, "réac-publicaine" ? On peut lui faire de nombreux reproches , mais celui-ci semble étrange.On nous rétorquera que non, le récent succès de librairie de Céline Alvarez, Les Lois naturelles de l'enfant (Les Arènes, 464 p., 22 euros), prônant la rencontre des neurosciences et de la méthode Montessori, prouve la résistance de la pédagogie à ces assauts répétés.
D'une manière générale d'ailleurs, quel sens a d'appeler "réac-publicains" ceux qui ne défendent pas l'école républicaine ? L'expression - déjà outrancière - devient de plus en plus vide de sens...
Bien d'accord, mais quel rapport entre la pédagogie Montessori et "une nébuleuse nostalgique d'un ordre scolaire ancien" ?Nébuleuse « réac-publicaine »
S'il n'est nullement question de comparer cette expérience aux plumitifs confortablement isolés du terrain qu'ils fustigent, il n'en reste pas moins que ce livre est aussi une attaque en règle de l'école publique et de ses enseignants, comme en témoigne sa promotion sur le dos du travail ordinaire et invisible de milliers de professeurs des écoles.
Nouvel amalgame : la critique du pédagogisme comme refus de la pédagogie. Jean-Claude Milner le disait : "La Corporation ne prétend pas seulement détenir la science pédagogique ; elle prétend aussi en avoir le monopole".La démarche est donc faussement généreuse et porte en creux le même anathème que les hérauts de l'« antipédagogisme » : ringardiser le service public, le travail enseignant et la perspective de justice sociale portée par la pédagogie.
Si l'on voulait être de mauvais esprit, on dirait pourtant que le constructivisme n'est par définition pas une péd-agogie.
Si l'on voulait être d'encore plus mauvais esprit, on pourrait dire qu'une partie de ce qui est reproché à Céline Alvarez pourrait l'être... à Célestin Freinet : ringardiser l'école publique, le travail enseignant...
Par définition ceux qui se réclament de la République et de son école ne peuvent avoir "des supplétifs libéraux" et vouloir "ringardiser le service public" : il faut leur trouver un autre nom.Trop longtemps, les militantes et les militants pour une autre école se sont contentés de hausser les épaules et de ne pas répondre à ces éructations délirantes. Résultat, petit à petit, cette nébuleuse « réac-publicaine » et ses supplétifs néolibéraux s'arrogent le monopole de la contestation de l'institution scolaire et renvoient leurs adversaires à la seule posture « défensive » de l'institution.
Inversement, comme le signale le collectif Attac , on observe de curieuses convergences de pensée entre les "progressistes" entre guillemets (mieux que les pédagogistes) et tous les tenants de la libéralisation de l'école : l'institut Montaigne, l'enseignement catholique ou l'OCDE approuvant la réforme du collège 2016 , par exemple. Convergences qui ne sont nullement mentionnées dans cette tribune.
Attaquer ceux qui attaquent Philippe Meirieu, François Dubet etc., c'est-à-dire les défendre ?Pour nous, au contraire, l'heure est à l'offensive, non seulement contre les tentations et les tentatives réactionnaires...
Problème : les pédagogistes ne voient de problème et de solution que dans l'école....mais aussi contre les injustices sociales du système et ses impasses. La crédibilité de nos luttes et de nos pratiques pédagogiques est à ce prix.
A ce stade, il faudrait clarifier la position de M. Chambat :Pour une « pédagogie critique »
Parce que, à la différence des éditocrates et des pamphlétaires de l'« antipédagogisme », nous vivons au jour le jour la réalité des établissements scolaires ; parce que nous nous battons, avec nos syndicats, nos collectifs, pour des conditions de travail et d'enseignement à la hauteur des enjeux...
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Ces questions n'ont pas obtenu de réponse.
Cette tribune n'évoque guère la réforme du collège, d'ailleurs : serait-elle salutaire puisque décriée par les réactionnaires ?
Comme Grégory Chambat le dit lui-même, depuis longtemps existe "une partie du corps des professeurs très réac", via livres, syndicats, manifs : c'est normal et logique mais il existe "une autre culture pédagogique". On comprend qu'échappent au qualificatif "réactionnaires" seulement ceux qui partagent la culture pédagogique de Grégory Chambat.
Malheureusement, les professeurs du secondaire sont à une majorité écrasante contre la réforme du collège...
Relisons Philippe Watrelot la même semaine dans les "Cahiers pédagogiques" : "« Changer la société pour ne pas changer l’école » peut être une nouvelle version de « tout change pour que rien ne change »..."...parce que nous sommes les témoins des effets destructeurs de la crise économique et sociale sur les élèves et leurs familles, nous savons que la question éducative est d'abord et avant tout une question sociale.
Le "dressage" : un terme qui rappelle la promotion du constructivisme.Nous savons qu'une école émancipatrice ne se construit pas sur le repli identitaire, sur la légitimation des inégalités ni sur le dressage ou le câblage des corps, des cerveaux et des esprits.
A transmettre à Philippe Meirieu et à tous ceux qui soutiennent la réforme du collège...Mais nous savons aussi, après cinq années de refondation de l'école, sans perspective sociale et égalitaire, que ce n'est pas « d'en haut » que viendront les transformations de l'école.
D'une certaine pédagogie (celle que les auteurs refusent d'appeler "pédagogisme". Et avec le consentement de ceux qui la promeuvent, ce dont la tribune ne se fait pas l'écho en accusant un seul camp.A l'instrumentalisation de la pédagogie par les gestionnaires du système au service du libéralisme triomphant...
Difficile de faire plus vague....nous répondons par une « pédagogie critique » qui s'efforce, au jour le jour, de construire les outils dont pourront se saisir nos élèves pour s'émanciper individuellement et collectivement.
Ces trois fondamentaux ne concernent aujourd'hui, comme à l'époque de Jules Ferry, que l'école primaire. Personne ne peut souhaiter que l'instruction obligatoire se limite à eux... En revanche, on peut s'inquiéter quand l'école ne parvient pas à s'en acquitter en primaire, voire au collège, ce que les auteurs, trop occupés à fustiger les "déclinistes", ne font pas dans leur tribune, même s'ils se défendent de pratiquer le déni.A la différence des nostalgiques de l'école d'hier, nous ne réduisons pas nos ambitions éducatives au « b.a.ba » de l'instruction minimale, comme au temps de Jules Ferry. Lire, écrire, compter, oui ; mais aussi penser, s'exprimer, créer
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Ils veulent bien reconnaître des inégalités dans l'école, mais pas une dégradation : il ne s'agirait pas de devenir décliniste.
Le problème, c'est que d'une certaine manière, cet idéal a été accompli avec la réussite artificielle du baccalauréat par exemple : et il est bien décevant...« Révolutionner » l'enseignement
Le niveau de démocratie d'un système ne se mesure pas au nombre de dominés à qui l'on accorde le privilège de rejoindre le camp des dominants. Une école démocratique et émancipatrice doit se fixer comme horizon la capacité de permettre à chacun et chacune de transformer le monde pour le rendre plus juste et plus vivable.
Se revendiquer de Freinet, ne serait-ce pas un peu "nostalgique" ?Il y a tout juste cinquante ans disparaissait Célestin Freinet, en butte à la haine des réactionnaires et de l'extrême droite d'alors.
Bon, la référence finale à Freinet résume bien la tribune : une pédagogie (en grande partie constructiviste) et une seule, et sa critique digne du fascisme des années 30. Il faut pourtant rappeler que la pédagogie Freinet a fait l'objet de nombreuses critiques venant... des communistes eux-mêmes.
Drôle de façon de défendre l'école...Nous nous revendiquons toujours de son héritage, celui d'un engagement militant, dans et hors de la classe, contre « l'école, fille et servante du capitalisme ».
L'école ainsi désignée ainsi par Freinet en son temps n'a de toute façon plus grand chose à voir avec notre école moderne.
Autre sujet d'amusement, Freinet aurait-il soutenu la réforme du collège ?
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"Révolutionner l'enseignement", mais sans dire comment. Voilà qui est aussi ambitieux que vague. Céline Alvarez emploie la même expression. Mettons cet envol sur le compte de la péroraison de fin d'article.Son projet éducatif et politique est aussi le nôtre non plus « développer, améliorer, réformer l'enseignement, [mais] le révolutionner ». Il reste toujours en chantier et met plus que jamais en rage les tenants de l'ordre établi. C'est bon signe, continuons !
Et concluons pour nous-mêmes : entre ceux qui ne voient pas de mal et ceux qui ne voient pas de remèdes, il y a les vrais défenseurs de l'école publique.
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Le ton est donné : critiquer Philippe Meirieu, c'est critiquer "la pédagogie". Comment reconnaître les pédagogistes ? Facile : ils s'autodésignent comme seuls détenteurs de la pédagogie !La critique de la pédagogie, de son laxisme délétère et de ses dispositifs technocratiques, de son humanisme niais et de son jargon scientiste, de son agitation marginale et de sa toute-puissance institutionnelle, est particulièrement à la mode par les temps qui courent.
"laxisme délétère" : pas de remarque de Philippe Meirieu sur le climat de discipline officiellement déplorable en France ?
"dispositifs technocratiques" : pas de remarque de Philippe Meirieu sur les atteintes à la liberté pédagogique dans la réforme du collège ?
"son humanisme niais" : pas de remarque de Philippe Meirieu sur les régressions scolaires engendrées par la généreuse idéologie pédagogiste ?
"son jargon scientiste" : pas de remarque de Philippe Meirieu sur le vocabulaire des nouveaux programmes par exemple ?
"son agitation marginale et de sa toute-puissance institutionnelle" : : pas de remarque de Philippe Meirieu sur l'opposition sidérante entre le MEN (soutenus par deux syndicats ultra-minoritaires et les "Cahiers pédagogiques") et l'ensemble des enseignants sur la réforme du collège ?
La critique du constructivisme triomphant assimilée, dans un amalgame grossier, à la haine de la pédagogie et même à l'antidreyfusisme, en toute mesure !À vrai dire, tout cela n’est pas très nouveau. Déjà, dans les années 1890, Brunetière, intellectuel organique et médiatique, antidreyfusard acharné au nom de « l’honneur de la France », fustigeait Marion, à qui Jules Ferry avait confié le premier cours de « science de l’éducation » pour les enseignants : « Ayons des professeurs qui ne songent qu’à professer. Moquons-nous de la pédagogie. Et débarrassons-nous de ceux qui, au nom de la pédagogie, empêchent nos professeurs de professer ! ».
Procès évasif des "intellectuels français" sans qu'on qu'on sache de quels intellectuels il s'agit ou quels propos ont été tenus. D'une manière générale, est-il vraiment bien avisé de faire le procès des intellectuels ? Le mot "intellectuel" a précisément été inventé par MM. Brunetière et Barrès pour fustiger l'engagement d'écrivains dreyfusards comme Zola.Mais on peut remonter encore plus loin. Les intellectuels français n’ont jamais aimé les pédagogues : ils vénèrent Voltaire et son alacrité, méprisent Rousseau, compliqué et besogneux. Ils admirent le savoir mais se gaussent de ces inventions ridicules que quelques illuminés imaginent pour en favoriser l’accès aux « inéducables ». Itard et ses puzzles, qui bricole dans son coin avec son « idiot congénital », ne fait pas le poids face à l’intelligentsia littéraire et philosophique de l’époque. Il a beau être le créateur d’un matériel pédagogique promu par Maria Montessori et encore largement utilisé de nos jours, celui-là même qui a ouvert la voie à l’éducation des enfants handicapés, il n’en reste pas moins une sorte d’image pieuse vieillie qui inspire au mieux la sympathie, au pire la compassion, pour son « dévouement ».
Par ailleurs, quel rapport entre la pédagogie en général et l'éducation pratiquée par un médecin avec des "inéducables" ? Dans l'esprit de Philippe Meirieu, les enfants en difficulté seraient-ils des enfants sauvages ?
Toute critique de l'action ou de la pensée de Philippe Meirieu serait donc disqualifiée parce qu'une journaliste a employé une expression outrancière ?Tout et son contraire…
Aujourd’hui, les choses se font plus dures. Chez les « intellectuels » comme dans les médias, à droite comme à gauche, on dénonce les « assassins »… de l’école, des savoirs, de la culture, et même de la France ! Le procédé n’est pas spécifique au champ éducatif : il participe du populisme ambiant qui, sur des questions comme l’immigration ou le chômage, préfère désigner des coupables à la vindicte publique plutôt que d’analyser les responsabilités dans leur complexité.
Quand Philippe Meirieu a condamné , en soutien au ministère, les options des langues anciennes, il ne désignait pas des coupables à la vindicte publique ?
La critique du constructivisme ne relève pas de "la théorie du complot" : elle dénonce l'alliance objective des pédagogistes et des libéraux.La théorie du complot fait aujourd’hui florès et beaucoup de ceux qui la dénoncent chez les autres n’hésitent pas à l’utiliser pour s’exonérer d’une analyse sérieuse comme de la recherche inventive de solutions.
...aux pédagogistes...Que reproche-t-on aux pédagogues ?
Contrairement à tous ceux qui ne pensent pas comme Philippe Meirieu.D’être entêtés. Oui, ils le sont : ils ne se résignent jamais à l’échec et à l’exclusion.
Mais pourtant ils les imposent à tous dans les écoles de formation ou désormais par décret : la pédagogie de projet s'impose désormais aux enseignants.D’évoluer. Oui, bien sûr : comme tous les chercheurs, ils avancent progressivement et ne prétendent jamais – heureusement – détenir des solutions définitives…
Contrairement à tous les autres enseignants...On les considère aussi, tout à la fois, comme dogmatiques et inconstants. Simplement parce qu’ils sont fermes sur leurs finalités et inventifs sur les modalités. Ils le doivent à leur éthique personnelle. Ils le doivent, surtout, aux enfants et adolescents pour lesquels et avec lesquels ils travaillent…
C'est-à-dire qu'il peut y avoir quelques petites contradictions à se revendiquer de l'héritage de Freinet et à promouvoir l'équipement des élèves en tablette.On voit en eux, tour à tour, des zélotes ringards de vieilles doctrines obsolètes et des techniciens fascinés par les gadgets de la modernité.
L'innovation des ces enseignants "inventifs" est pourtant une valeur cardinale du pédagogisme...C’est qu’ils ne négligent en rien le patrimoine éducatif et ses immenses richesses.
S'arroger la "pédagogie" ou le nom de "pédagogue", c'est bel et bien excommunier. Imposer une pédagogie au mépris de la liberté pédagogique, c'est pire encore car chacun est libre d'écouter le Pape.Mais qu’ils n’excommunient pas, pour autant, comme jadis le pape Pie IX, dans le Syllabus, et aujourd’hui quelques « philosophes » hors sol drapés dans leur suffisance, « la civilisation moderne »…
On connaît d'autres penseurs de l'école ou promoteurs des réformes qui n'enseignent plus ou n'ont jamais enseigné...
Comme on peut le constater...On leur prête un pouvoir tout aussi occulte qu’immense, mais on ne les laisse guère s’exprimer...
Philippe Meirieu est omniprésent médiatiquement.
Philippe Meirieu préfère réduire ses contradicteurs à des organes de presse ou à des éditorialistes : ils sont pourtant très nombreux parmi les enseignants....et ce sont leurs pourfendeurs pamphlétaires qui font la « une » des médias et sont donc, logiquement, en tête de gondoles.
Car les "pédagogues" constructivistes sont bons.Les pédagogues pourraient répondre à tout cela par quelque pamphlet bien tourné. Ils en ont parfois la tentation et, après tout, au regard des textes ce ceux qui les attaquent, la chose n’est pas si difficile. Rassembler quelques citations tronquées et quelques confidences, rouvrir de vieux dossiers et exhiber quelques anciens courriers, ressortir quelques maladresses de formulation pour dresser les bûchers de l’inquisition est à la portée de quiconque sait manier la plume. Mais ils ne le feront pas. Les pédagogues ne sont pas pamphlétaires et ne veulent pas l’être. Ils y mettent un point d’honneur. Non qu’ils aiment, par penchant masochiste, recevoir des coups sans y répondre, mais parce qu’ils refusent d’utiliser des méthodes en contradiction avec ce qu’ils veulent promouvoir dans l’éducation pour laquelle ils travaillent : des débats sereins portés par l’exigence de précision, de justesse, de rigueur et de vérité.
Curieux, car nombreux parmi ceux qui sont présents sur les réseaux sociaux (dont des membres des "Cahiers pédagogiques" ou des responsables du SE-Unsa) n'ont jamais hésité à me mettre en cause personnellement, à m'insulter, à me dénoncer, à me diffamer. Faut-il quelques exemples ?
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Et quand Philippe Meirieu dénonce dans les options de langues anciennes "un enseignement élitiste réservé à quelques privilégiés", son propos est beaucoup plus policé mais tout aussi brutal (et faux...) pour quelqu'un qui prône "des débats sereins portés par l’exigence de précision, de justesse, de rigueur et de vérité".
"Rassembler quelques citations tronquées et quelques confidences, rouvrir de vieux dossiers et exhiber quelques anciens courriers" : pourquoi cette volonté d'amnésie ? Et M. Meirieu ne pratique-t-il pas lui-même la citation honteusement tronquée pour asseoir sa pensée, comme il l'a fait avec Gaston Bachelard à l'occasion du dernier "Forum des enseignants innovants" ?
Un timide constat d'échec, mais qui ne va pas jusqu'à évoquer la dégradation des résultats. Il est vrai que Philippe Meirieu a longtemps été l'un des plus fervents défenseurs du "Niveau [qui] monte".À droite et à gauche : tous perdants !
La droite, dans la surenchère électorale à laquelle elle se livre, n’en finit pas de regarder dans le rétroviseur : entre le retour à la discipline et la restauration du « roman national identitaire », le combat contre le collège unique – qui, d’ailleurs, reste à faire...
Laissons les réactionnaires à leurs lubies de drapeaux et d'uniformes.– et l’exaltation des « rituels républicains », elle s’installe délibérément dans la pensée magique : il suffirait de décréter l’apprentissage et le respect des règles, d’afficher que « les professeurs doivent enseigner » – comme s’ils voulaient faire autre chose – pour que tous les problèmes soient résolus.
Oui, les professeurs doivent pouvoir enseigner : c'est à partir de cette affirmation qu'on pourra peut-être reconstruire l'école.
Un petit peu quand même !Mais la pensée magique ne fonctionne pas et nous ne sommes pas à « l’école des sorciers ».
Nous voilà au cœur du pédagogisme : la pédagogie, comme solution à tout. Pour pallier le manque de CPE et de surveillants, pour pallier le manque de soutien hiérarchique, pour pallier la construction de collèges à taille inhumaine dans des zones d'éducation prioritaire, la ségrégation résidentielle, la ségrégation institutionnelle (concentration des dispositifs particuliers dans les établissements les plus défavorisés, financement des écoles privées qui choisissent leurs élèves)...On a beau s’époumoner en haut lieu sur la nécessité de l’ordre, cela ne résout pas, dans les classes, le problème de la mise au travail en silence. On peut exalter les valeurs de la République, cela ne dit pas comment les faire vivre au quotidien. On peut « sauter sur son siège comme un cabri » en disant « les savoirs, les savoirs ! », cela ne permet pas de les transmettre miraculeusement à ceux et celles qui « ne veulent rien entendre ».
L'exercice de l'autorité scolaire, parce qu'il faut parfois exclure un élève d'une classe ou d'un collège dans l'intérêt de tous, est donc ici présenté comme responsable de tous les maux, de façon caricaturale ("affirmer leur pouvoir"), avec un discours tout aussi catastrophiste ("gangrèneront la société française et l’entraîneront vers des soubresauts") que celui qui est dénoncé chez les réactionnaires.C’est pourquoi la pratique de l’injonction politique sans accompagnement pédagogique est condamnée au développement de la contention et de l’exclusion. Contention car, quand rien ne relie plus les élèves au projet de leur institution, seule la contention permet d’éviter l’explosion. Et exclusion, car les systèmes de contention ont toujours besoin d’exclure les « réfractaires » pour affirmer leur pouvoir et se pérenniser. Contention et exclusion qui gangrèneront la société française et l’entraîneront vers des soubresauts tout aussi contradictoires avec « l’identité heureuse » qu’avec « l’unité nationale ».
Faut-il interdire ces odieuses "exclusions" ne correspondant qu'à des changements d'établissement, et qui sont souvent nécessaires compte tenu de la gravité des faits ?
La réalité, que ne semble guère connaître Philippe Meirieu, c'est que ces exclusions sont réduites à la portion congrue depuis longtemps, même dans les établissements les plus difficiles, par application de ce "progressisme" ravageur. Que les rapports de comportement s'accumulent inutilement, que les professeurs cessent même parfois d'en écrire, que les élèves renvoyés de cours y sont parfois reconduits par les CPE ?
Le redoublement a longtemps été présenté comme une exclusion : mais le passage automatique d'élèves n'ayant pas le niveau requis, d'année en année, dans un corridor de l'échec, n'est-il pas la pire des exclusions ?
Hors sujet : cette anecdote n'a aucun rapport avec la réflexion sur le pédagogisme. Elle permet même d'occulter la vraie question : comment un tel décrochage est-il possible dans l'école moderne et réformée ? Pourquoi 40% des élèves entrants en 6e n'ont-ils principalement (et au mieux) que des compétences de CE1 ?Évidemment, la droite a une carte dans sa manche et ne manque pas une occasion d’en jouer : la promotion du « mérite » contre toutes les formes d’assistanat. La Région Auvergne-Rhône-Alpes est, à cet égard, un laboratoire intéressant : son nouveau président, Laurent Wauquiez, a supprimé d’un trait de plume les crédits affectés aux institutions et associations travaillant avec les élèves « décrochés » tout en attribuant une « bourse », sans critères sociaux, aux élèves ayant obtenu la mention « très bien » au baccalauréat. Entendez : les impôts du contribuable n’ont pas à aller à des jeunes qui n’ont pas fait l’effort de travailler en classe… ils doivent, au contraire, récompenser les « élèves méritants ». Le propos est efficace électoralement et flatte la classe moyenne. Mais il est terriblement méprisant à l’égard des jeunes cabossés par la vie et qui n’ont pas trouvé leur panoplie de bon élève au pied de leur berceau.
Le hors sujet glisse vers l'amalgame : refuser la "pédagogie" prônée par Philippe Meirieu, ce serait… nourrir le Jihad.Il est, surtout, politiquement irresponsable : en abandonnant les « décrochés » à leur sort, on laisse s’installer la désespérance et on entretient le terreau sur lequel va se développer le radicalisme que l’on prétend combattre. On veut la « sécurité » des Français, on débloque des fonds pour installer des tourniquets dans les lycées, mais on abandonne nos jeunes aux recruteurs les plus dangereux.
On pourrait se poser la question exactement inverse : n'a-t-on pas, avec le constructivisme, édifié un enseignement de la défiance ?
...contre les pédagogistes...Non, décidément, en sonnant l’hallali contre les pédagogues...
Mais la droite est tout aussi capable de pédagogisme que la gauche......la droite ne rend pas service à la France !
Preuve que l'antipédagogisme, comme le pédagogisme, n'est ni de droite ni de gauche.Mais une certaine gauche, tout aussi « anti-pédago », fait-elle mieux ?
Nous sommes donc en plein déni ici...Elle dénonce une « réforme de l’apprentissage de la lecture » qui n’a jamais existé...
Pourquoi une citation sans source ?
Ils "avancent" mais l'apprentissage de la lecture recule....et méprise les praticiens et chercheurs qui, loin de tout éclat médiatique, avancent vers un apprentissage plus démocratique et maîtrisé.
Si l'apprentissage est "plus démocratique" (formulation qui peut rappeler le lyssenkisme : une science génétique meilleure parce que communiste), c'est bel et bien qu'il est transformé...
A valoriser l'innovation comme vertu pédagogique...Quel mépris pour la « piétaille » ! Elle voue aux gémonies les « innovateurs irresponsables »...
Déni de la dégradation du niveau des élèves......qui, en « mettant l’élève au centre du système », auraient entraîné l’institution scolaire vers « l’enseignement de l’ignorance » et sapé les « valeurs républicaines ».
La communication ministérielle est pourtant une arme redoutable.Que ne voit-elle pas monter la lame de fond d’une éducation familialiste et naturaliste qui, avec beaucoup moins de scrupules et beaucoup plus de publicité que les pédagogues...
L'école n'est pas un service public : c'est une mission républicaine....est en train d’imposer sournoisement l’idée que l’école n’a pas besoin d’être un « service public »...
Cet abaissement a conduit le président de la FCPE, censée être "progressiste", à déclarer en 2013 que "les enseignants sont là au service des enfants comme la caissière est là au service des clients"
Ceux qui s'inquiètent à gauche de l'état de l'école seraient donc plus responsables que ceux qui en sont la cause ou sont dans le déni de cet état ?... et qu’elle peut – doit même, disent certains ! – se dissoudre pour laisser la place à une multitude de « services au public » ?
Prolongement du pédagogisme, donc...Il faut regarder d’un peu près ce qui se passe là et dépasse, de très loin, le phénomène de « l’éducation en famille » et du développement des « écoles privées hors contrat » (dont le nombre d’élèves a quand même plus que doublé en quatre ans) : car, là, ce n’est plus « l’élève » – celui que l’on élève et qui doit s’approprier les savoirs – qui est au centre du système mais bien le mythe de l’enfant-roi, objet de satisfaction de ses parents ébahis.
La gauche critique le constructivisme, pas la pédagogie. Cette confusion volontaire et permanente est-elle moins brutale que la métaphore des "assassins" de l'école ?Ainsi, en boutant la pédagogie hors de l’école publique, la gauche anti-pédago....
Curieuse mise en garde....prend-elle le risque considérable de la voir revenir, réduite à quelques lieux communs naturalistes sur la bienveillance, dans une myriade d’initiatives privées.
La pédagogie de l'enseignement hors-contrat est très variée, du traditionnalisme le plus ridicule (façon lever de drapeau) au progressisme le plus radical (façon Summerhill). Le point commun, derrière toutes ces façades, c'est bien de cultiver l'entre-soi et les meilleures conditions d'enseignement, et de garantir ainsi autant que possible la réussite scolaire : la pédagogie n'y est pas pour grand chose...
Philippe Meirieu ne saurait-il pas que c'est déjà le cas ? Avec des pédagogies moins "naïves", non seulement l'école publique est devenue moins efficace mais les conditions d'enseignement elles-mêmes se sont dégradées. Le pédagogisme a occulté des questions beaucoup plus importantes pour l'enseignement, comme la ségrégation résidentielle, la ségrégation institutionnelle, les moyens d'encadrement...Il ne faut pas minimiser ce danger, quels que soient les résultats électoraux. Les élites se mettront à l’abri là où la pédagogie la plus naïve fonctionne toujours et cautionne les inégalités, laissant l’école publique désarmée, se clivant, de plus en plus, entre établissements pour privilégiés – de statut public, mais en réalité, privatisés – et établissements-garderies pour le tout-venant.
Ses mises en garde bien tardives et sa promotion de "la" pédagogie (constructiviste) semblent ahurissantes : le mal pour guérir le mal, en somme.
...au pédagogisme.Non, décidément, ni la droite ni la gauche ne voient les dégâts qu’elles peuvent provoquer en s’attaquant à la pédagogie !
Philippe Meirieu, lui, ne voit pas les dégâts déjà produits par la pédagogie qu'il promeut.
Toujours ce catastrophisme : on dirait du déclinisme !Alors, bien sûr, notre école et notre société seront atteintes, mais la pédagogie, elle, ne mourra pas.
La pédagogie se réfugierait dans les classes : est-ce à dire qu'elle serait ailleurs aujourd'hui ?Elle se réfugiera, comme elle l’a fait plusieurs fois déjà dans l’histoire, dans des espaces moins visibles qui n’intéressent les élites que quand leur propre progéniture est directement concernée : avec les enfants handicapés ou totalement marginalisés, dans les institutions à l’abandon, comme les classes uniques, chez des militants syndicaux ou pédagogiques, ou encore parmi les acteurs de l’Éducation populaire. Elle se réfugiera, surtout, dans la réalité des classes où s’élaborent au quotidien, avec des enseignants passionnés, les modalités d’une transmission exigeante et qui ne se résigne jamais à rejeter quiconque hors du cercle de l’humain.
On comprend que seule la pédagogie selon Philippe Meirieu "ne se résigne jamais à rejeter quiconque hors du cercle de l’humain".
A vrai dire, en étant moins grandiloquent, on peut affirmer que le constructivisme n'aide pas les plus défavorisés.
Critiquer Freinet ou sa déformation, ce n'est donc pas promouvoir "une éducation authentiquement émancipatrice".Elle survivra et continuera même à enrichir un patrimoine qui, de Comenius à Itard, de Pestalozzi à Ferrer, de Makarenko à Freinet, constitue un pan essentiel de la culture humaine et nourrit l’espérance de millions d’humains, dans notre hexagone, pourtant perclus de rhumatismes idéologiques aigus, comme aux quatre coins du monde, partout où l’enthousiasme pour une éducation authentiquement émancipatrice est vivace.
Un adjectif bien peu mesuré (comme la référence à Brunetière), s'agissant de la nécessaire et salutaire critique du contructivisme pédagogique. Finalement, Philippe Meirieu récuse le pamphlet mais en emprunte volontiers la rhétorique.Elle survivra à des soubresauts nauséabonds mais pas très nouveaux.
"ni la droite ni la gauche ne voient les dégâts qu’elles peuvent provoquer en s’attaquant à la pédagogie" : quels dégâts, donc si tout va bien ? Le lyrisme de cette péroraison laisse perplexe.Et la victoire des « anti-pédagos » sera, au bout du compte, une victoire à la Pyrrhus. C’est-à-dire leur défaite ! Haut les cœurs !
A noter que Philippe Meirieu reste très évasif sur les victoires de la pédagogie : la réforme du collège qu'il a défendue vaillamment contre l'écrasante majorité des enseignants, un progrès donc ? Soyons flous...
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Ph. Meirieu sonne la charge contre les contempteurs du pédagogisme. Dès les premières lignes, une escobarderie saute aux yeux : c'est celle qui réside dans le fait de présenter toute critique du pédagogisme comme critique de la pédagogie en général, oubliant sciemment de préciser que sa conception de la pédagogie n'est qu'une parmi tant d'autres dans le "marché" de l'enseignement. Au nom de quoi considère-t-il ses thèses comme représentatives de la pédagogie ?
Cette première lecture de sa diatribe m'a également laissé entrevoir un sophisme dans son argumentaire, dans la mesure où il établit une corrélation entre les critiques du pédagogisme et des velléités populistes, comme si la remise en question du socio-constructivisme, de l'approche par compétences, de la pédagogie de projet, bref, de l'enfant au centre du dispositif pédagogique, n'avait d'autres arguments que des relents populistes, comme si la critique du pédagogisme n'avait aucune référence intellectuelle et théorique à faire valoir.
In fine, Ph. Meirieu, se drapant de l'étoffe de la victime par un procédé rhétorique peu glorieux, déplace la controverse relative à l'apprentissage et à ses méthodes, de la sphère intellectuelle au champ du politique. Que répondrait-il alors à ceux qui voient des motivations bassement financières et non réellement pédagogiques, dans des billevesées pédagogistes, comme la politique des cycles et la différenciation pédagogique, pour justifier la suppression du redoublement, ainsi que l'aversion quasi pavlovienne à l'égard de la note chiffrée et à toute volonté de mettre le savoir, et non l'élève, au centre des préoccupations de l'enseignement ? Que répondrait-il à ceux qui pensent, comme Marcel Crahay, Henri Nivesse, Stanislas Dehaene, professeur au Collège de France, ou encore Hervé Boillot et Michel Le Du, que toutes ces "trouvailles" ne visent qu'à camoufler des considérations purement économistes et idéologiques, faisant allégeance aux cénacles de la mondialisation et qui, pour sauver les apparences, tentent, sous couvert d’innovations pédagogiques, de l’habiller d’un argumentaire intellectuellement fallacieux ? Est-ce le populisme qui préside à la pensée critique de cette pléiade d'intellectuels ?
Bien à vous.
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- Loys
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A lire ce billet de réponse à Philippe Meirieu : orbisterraeconcordia.wordpress.com/2016/...-des-belles-lettres/
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- Loys
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