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Coursera, un mooc commercial américain
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C'est beau et moderne. Enfin il faut être connecté et avoir un ordinateur : une paille pour la planète.La salle de classe planétaire
On s'en moque un peu, de son histoire personnelle de génie méconnu. Mais - c'est bien connu - toute réflexion sur l'école doit commencer par l'expérience personnelle de chacun.Daphne Koller a une dent contre l'école.
Toutes choses que l'école "traditionnelle" n'enseigne pas, bien sûr...Enfant, cette Israélienne veut découvrir les équations du troisième degré et la danse, l'histoire de la Grèce antique et la poésie.
Un vrai traumatisme.Comme tous les élèves, elle doit subir le programme, rentrer dans les cases.
C'est toute l’ambiguïté de cet article : est-ce une réflexion sur le primaire, le secondaire, l'université, l'école dans son ensemble ? Est-ce une réflexion sur les élèves surdoués ou sur les élèves en général ? A moins bien sûr que tous les élèves en général ne soient des surdoués.Sa soif d'apprendre se cogne à l'éducation formatée. Elle abandonne l'école, avec le soutien de ses parents. Elle entre à l'université hébraïque de Jérusalem à 13 ans, obtient sa maîtrise à 18 ans.
Un Ph.D., c'est très traditionnel, non ? :xxA 21 ans, elle quitte Israël pour Stanford et un PHD en génie informatique. "Grâce à ma famille, j'ai pu contourner le cursus éducatif traditionnel et devenir moi-même. J'ai eu beaucoup de chance. Depuis, une question m'obsède : comment rendre cela possible pour tous ?"
Et de quel "cursus éducatif traditionnel" en Israël parle-t-on ici ?
L'"apprentissage autonome des machines", tout un programme pour révolutionner l'école.Daphne commence par devenir professeur. Avec son allure à la Joan Baez période 1968, elle enseigne à Stanford, anime un laboratoire de recherche sur le cancer, nourrit ses deux passions, le "machine learning" (l'"apprentissage autonome des machines") et la biologie.
Il n'y a qu'à changer la leçon et les blagues, non ? Parce que les enregistrer en vidéo ne risque pas de les rendre plus attractifs...Elle veut résoudre les problèmes complexes à l'aide d'ordinateurs et de statistiques, et écrit plus de 180 articles scientifiques.
Devenue l'une des enseignantes les mieux notées de l'un des campus les plus réputés, l'ennui revient pourtant : "Passer ma vie à aller dans la même salle de classe, faire la même leçon, raconter les mêmes blagues, au même moment..., ce n'est pas une bonne utilisation de mon temps ni de celui des élèves." Avec d'autres, elle réfléchit à un moyen de rendre le travail en classe plus attractif. Morne plaine.
On voit que l'ennui n'est pas celui des étudiants, mais de Daphne Koller...
Une révélation digne d'Archimède dans son bain ou de Newton sous son arbre. :transpiTEMPS PASSIF ET TEMPS ACTIF
Lors d'une conférence au Google Education Summit, cette petite brune à l'énergie adolescente assiste à une présentation de YouTube sur l'éducation. Elle bouscule ses voisins, sort en trombe. Elle tient son idée : jusqu'alors, l'élève écoute la leçon en classe (temps passif) et réalise des recherches, des devoirs à l'extérieur (temps actif). Mais si la leçon est disponible en vidéo, l'élève peut la visionner avant le cours et utiliser la classe pour la partie active (brainstorming, questions, cas).
C'est vrai quoi : pourquoi payer un professeur qui fait tout le temps "la même leçon" et "les mêmes blagues" ? Un bon enregistrement vidéo, voilà qui est tout de suite moins "formaté" et plus individualisé.
Bon, en France, l'enseignement à distance, ça existe depuis la seconde guerre mondiale et ça s'appelle le CNED depuis 1986. Avec une efficacité scolaire toute relative.
Pour être revalorisé, il est revalorisé : remplacé par un écran. Le concept de l'inversion maître-élève est bien dans l'air du temps pédagogique : des historiens étudieront un jour cette aberration emblématique de notre époque.C'est le concept de "flip education", le renversement des tempos et la revalorisation du professeur.
C'est complètement ringard. La relation humaine, quel intérêt ?Elle n'est pas la première à y penser, elle propose une expérimentation. Le corps professoral dégaine une salve d'a priori : que deviendra l'expérience du face-à-face ?
Mais non. Google, Microsoft, Apple et tous les grands groupes technologiques ne poussent absolument pas à la roue.Ne transforme-t-on pas ainsi l'enseignement en marchandise ?
Les humanités, la relation humaine, la vraie vie, tout ceci est dépassé à l'ére des réseaux "sociaux".Ne va-t-on pas marginaliser un peu plus les Humanités ?
Vu le prix du cursus universitaire à Stanford (20.000 dollars par trimestre), on comprend l'engouement. Au fait combien coûtent les cours en ligne de Coursera ? Le site est très pudique à ce sujet.Au même moment, à l'automne 2011, son collègue Andrew Ng met en ligne de façon gratuite un cursus entier (10 semaines) de Stanford sur l'intelligence artificielle. Un tour de force : 400 élèves dans l'amphithéâtre, 100 000 personnes en ligne.
Un étudiant d'université suffisamment motivé a vocation à travailler de façon autonome, en lisant la littérature spécialisée, en ligne ou pas. Voilà qui n'a rien de vraiment nouveau...14 000 élèves obtiennent le certificat officiel diplômant.
Au fait, comment sont évalués concrètement ces dizaines de milliers d'étudiants en ligne ? Par qui ? selon quelles modalités ? Avec quelles garanties ? Les quiz remplacent les mémoires ?
Quelle croisade haletante !Daphne et Andrew unissent leurs forces.
Une vraie success story à l'américaine, avec des marchés d'une nouvelle envergure."Les professeurs n'ont pas toujours envie de s'adapter, surtout qu'en général, ils sont bien notés. En revanche, si vous leur dites qu'avec le même cours, ils ne vont pas toucher 40, mais 100 000 personnes d'un coup, alors là, ils vous écoutent ! On reçoit des courriels d'étudiants qui, grâce à ces cours, ont pu trouver du travail partout dans le monde, alors qu'ils n'avaient pas accès à la fac.
Si on résume, il s'agit moins d'étudier à l'université que d'ajouter une ligne sur son CV avec un ou plusieurs module estampillés Stanford sans payer le cursus exorbitant d'une grande université américaine comme Stanford ( un quart de millions de dollars ).
Quelle profondeur !Vous changez la vie en permettant d'apprendre. Un professeur, au fond, c'est fait pour cela."
Dans tous les sens du terme ? Car l'adjectif "magistral" veut également dire "Qui est digne d'un maître; qui a une grande valeur, atteint un haut degré de qualité.".Stanford embraye, débloque 150 000 dollars. Daphne et Andrew bâtissent une première plate-forme. Une partie des professeurs jouent le jeu, adaptent ses cours, découvrent un outil qui les libère du pensum de la leçon magistrale.
En enregistrant et publiant ses cours en ligne, bien sûr.L'enseignant revient au cœur de la partie...
Un autre crédo : la nouvelle pensée collaborative. C'est vrai qu'avoir la bonne réponse n'a aucun intérêt."De nos jours, il ne s'agit plus d'avoir la bonne réponse. Ce qu'il faut, c'est réfléchir ensemble et partager."
Relisez bien cette dernière phrase, elle en dit long...Daphne repousse les murs un peu plus loin : "On a sorti le projet de Stanford, avec l'accord de la direction. Après tout, ce n'est pas la seule université à proposer des cursus exceptionnels." Princeton, Penn, Michigan, Caltech, Duke, John Hopkins et une dizaine d'autres suivent et signent. "On doit leur démontrer notre sincérité. Il ne s'agit pas de commercialiser leur cours ni de brader leur marque...
Comme c'est noble.... mais bien d'éduquer les gens et d'offrir les meilleurs cursus universitaires au monde entier, gratuitement."
Ah... C'est tout de suite un peu moins noble.Forte de sa promesse, Daphne se transforme en femme d'affaires.
Une success story sans gros sous, ce n'est pas une success story.D'un projet académique, l'initiative devient une start-up, baptisée "Coursera".
Des vidéos visionnées, d'accord... mais le "temps actif", supposément le plus important ?Kleiner Perkins Caufield & Byers, l'un des fonds de capital-risque les plus puissants de la Silicon Valley, investit 16 millions de dollars. "On a amélioré l'interface et annoncé le lancement en avril dernier. Aujourd'hui, on a 787 000 étudiants dans 190 pays, 2 millions d'engagements, pour 111 cursus allant de la robotique à la poésie." Soit 14 millions de vidéos visionnées en... trois mois.
Et les vidéos, ce ne sont pas des cours "formatés" ?
Car un étudiant est par définition un expert en traduction. La "start-up" de Daphne Koller peut remercier toute cette main d’œuvre gratuite : une business model très astucieux.MODÈLE FREEMIUM
Comment gérer cet afflux ? Les professeurs enregistrent leurs cours, listent devoirs et examens. Chaque vidéo est traduite en 6 à 10 langues sur la base du volontariat, par les étudiants.
L'élève ou l'étudiant ? En quoi ces "modules" engagent-ils plus que les exercices traditionnels ?Des modules d'interaction (quiz, forums ou encore système d'évaluation par les pairs) engagent l'élève.
Et encore de la main d’œuvre gratuite : "forums", "système d'évaluation par les pairs"...
Ah... C'est la même machine qui dispense les cours et les diplômes : voilà qui est rassurant quand le modèle est économique, et non éducatif. Quant à la fameuse partie "temps actif", elle n'est pas comprise dans le "freemium"...Et la machine "apprend" : l'énorme moteur compulse informations et interactions, suggère des pistes d'amélioration en ligne ou non. Le modèle économique ? Le sacro-saint "freemium" : des cursus en libre accès et gratuits mais des certificats diplômants payants (de 100 à 150 dollars).
Dernière remarque : le coût est plus bas pour l'étudiant (heureusement d'ailleurs pour de simples cours vidéos en ligne), mais - à une échelle "planétaire" - le gain est plus important pour la start-up.
Les étudiants en poésie anglaise vont enfin trouver des débouchés ! C'est vrai que c'est la seule vocation des études universitaires, c'est l'insertion professionnelle.A terme, Coursera mettra en lien les étudiants et les entreprises, devenant une plate-forme de recrutement ultradétaillée.
Et des économies à faire pour l’État. Et de l'argent à gagner pour les grands groupes technologiques et les start-up innovantes.L'enseignement supérieur n'a pas encore basculé dans le numérique. Il a une révolution à vivre.
Toutes choses auxquelles personne n'avait songé avant Daphne Koller."Les universités savent que ce qu'elles proposent doit aller bien au-delà du contenu. Elles doivent développer la créativité de leurs étudiants, transmettre la passion pour les disciplines, apprendre à raisonner de façon systémique.
Pourquoi encore employer l'expression datée "salle de classe" ? L'étudiant est autonome. Seul face à son écran.C'est ça l'enjeu ! Et le MOOC (Massive online open classroom) permet tout cela.
C'est vrai : le contenu, c'est nul. La forme, au moins c'est vendeur.Il force à repenser les cours, le temps en classe, la valeur. Pour les universités, c'est un signal fort qu'elles ont autre chose à proposer que du contenu."
L'enseignement à la carte et par petits modules courts de quelques semaines, c'est bien dans l'air du temps pédagogique (voir la réforme de l'accompagnement "personnalisé" ou des enseignements "d'exploration" en France). Mais cet idéal s'accorde assez mal avec l'autre objectif affiché de Coursera : adapter l'enseignement au marché de l'emploi.
Curieuse coïncidence. Une certaine conception de l'intelligence...A l'heure du MOOC, Coursera n'est pas seule : Udacity.com est née à Stanford de la même expérience de cours sur l'intelligence artificielle.
Une catastrophe planétaire, quoi.A l'automne, Harvard et le MIT lanceront leur plate-forme commune, "EdX", misant à elles deux 60 millions de dollars. Pour John Hennessy, le patron de Stanford cité par le New Yorker, c'est le "campus tsunami".
"Récupérer du contenu", voilà toute une philosophie de la connaissance. Voilà qui fait penser à Google numérisant à tour de bras les œuvres dans toutes les langues...Libre et rayonnante, Daphne Koller mène sa barque à la vitesse d'une Ferrari. Elle raconte son histoire d'une voix pleine de sourires, respire l'intelligence. A la fin de l'entretien, elle nous regarde, amusée : "Au fait, on cherche des cours de facs étrangères. Vous ne voulez pas m'aider à récupérer du contenu français ?" Avis aux intéressés...
En toute simplicité..."Coursera, c'est ma façon de changer le monde.
Libérer, c'est bien. Mais le rendre plus efficace ? Parce qu'on parle assez peu d'études comparatives à ce sujet... Mais ce n'est qu'un détail après tout. A lire, nos commentaires sur l'article "On apprend mieux en ligne que dans un amphithéâtre" (Slate)J'espère que je vais y parvenir. En fait, je veux surtout essayer..." Elle veut libérer l'enseignement, devenu trop cher, exclusif, ennuyeux et inopérant.
On est contents pour elle. C'est vrai qu'il y a en elle un côté gentil et illuminé à la Joan Baez. Avec une "femme d'affaires" en plus.Daphne Koller a du souffle. Il en faudra : l'éducation est au coeur de toutes nos mutations. Une chose est sûre : la Joan Baez de l'enseignement supérieur a soldé ses comptes avec l'école.
Peut-être plus "killer" qu'on le croit, pour une certaine vision de l'éducation.En Californie, on appelle cela une "killer idea".
On y trouve aussi des vidéos bien allumées, du genre de celle-ci : "Du paradigme de l'éducation" .Appendice :Ils changent leur monde
Lancée en Californie en 1984, la conférence TED est devenue la Mecque des passionnés d'innovation. Seuls en scène, sans note et en dix-huit minutes, artistes, chercheurs du MIT et humanitaires partagent visions et recherches pour le monde. Longtemps le secret le mieux gardé de la Silicon Valley, TED décoiffe, agace, invente le salon du XXIe siècle : sur son site, TED.com, plate-forme d'échange d'idées devenue monstre (800 millions de pages vues, en 88 langues) ; et avec les TEDx, ces 4 400 événements locaux créés en trois ans par des bénévoles, de Soweto à l'Antarctique. L'une des deux éditions annuelles, TEDGlobal, se tenait à Edimbourg en juin. Nous y étions.
Bref, dans cet article, pas le moindre commencement de regard critique.
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- Loys
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Le business model de Coursera n'est pas rendu public. Néanmoins, si l'on en croit cet article de Gigaom , Coursera compte faire du profit non seulement en vendant ses "certificats" mais aussi en proposant des services optionnels :
- des examens à valeur ajoutée où l'identité des candidats est vérifiée (contrairement aux examens en ligne)
- du tutorat ou d'autres moyens de soutien personnalisé
- des cours sans publicité...
Revue de presse en anglais fournie par Coursera : www.coursera.org/about/press
A voir aussi, cette vidéo de présentation de Coursera (merci egomet de Neoprofs ) :
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- Loys
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L'introduction sur l'Afrique du Sud est touchante. Nul doute que Coursera révolutionnera l'enseignement universitaire, dans lequel pourtant l'enseignement libre à distance, Unisa , est déjà plus développé que n'importe où dans le monde. Et ce n'est pas comme si la majorité des élèves du 6th grade (entrant en sixième en France) étaient analphabètes dans ce pays : un détail, sans doute...
Commentons aussi la dernière phrase :
C'est beau. Sauf que, dans cette forme d'enseignement à distance, les étudiants sont bel et bien seuls face à leur écran... Et c'est un beau mensonge que de leur faire croire qu'ils sont accompagnés par un professeur à leur service.We should spend less time at universities filling our students’ minds with content by lecturing at them, and more time igniting their creativity, their imagination … by actually talking with them.
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C'est désormais une constante de l'e-learning de reprendre les slogans publicitaires, comme celui de la "réalité augmentée".Daphné Koller : l'apprentissage en ligne pour une éducation "augmentée"
J'adore cette formule : "se tenir informé sur l'école du futur".RSLN est au BETT, le salon incontournable pour se tenir informé sur l'école du futur.
Les minutes de Daphne Koller sont d'autant plus précieuses que c'est une business woman et que Coursera est une start-up. Précision inutile et déplacée, sans doute.Après la présentation de ce qu'il fallait retenir de la première journée, voici un entretien avec l'une des intervenantes, Daphne Koller, co-fondatrice de la plateforme en ligne Coursera. Elle nous a accordé de précieuses minutes pour répondre à quelques questions concernant l’enseignement à distance. Entretien.
Comme une grande partie des élèves...Daphne Koller est une femme comme on en croise peu. Diplômée du bac à l’âge de 17 ans...
Et surtout occuper le terrain et gagner de l'argent, puisque c'est une plateforme payante.... la jeune femme poursuit sur un master puis un doctorat dans la prestigieuse université de Stanford en Californie. Aujourd’hui professeure au département d’informatique de l’université, elle revient sur Coursera, la plateforme de cours en ligne qu’elle a co-fondé avec Andrew Ng. Objectif : démontrer les vertus de l’enseignement en ligne.
Réponse équivoque. A qui profite cette opportunité : aux étudiants ou à Daphne Koller ?RSLN : Qu’est-ce qui vous a motivé à créer cette plateforme de cours en ligne ?
Daphne Koller : Nous avons vite pris la mesure de ce que les cours en ligne représentaient et nous avons décidé de saisir l’opportunité.
On progresse dans l'appréhension du principe de la réalité.Pensez-vous vraiment qu’il soit possible de suivre des cours universitaires sur internet ?
Il n’est pas possible de suivre tout un cursus universitaire sur internet, tout dépend du sujet.
Un cursus implique surtout une cohérence disciplinaire et le long terme : tout le contraire de Coursera et de ses modules aux choix d'une durée de huit semaines.
Bah, avec des vidéos bien faites...Les expériences de biologie sont impossibles à réaliser en ligne évidemment.
Certaines matières, et de manière superficielle donc.Mais les cours que nous proposons ont de très bons taux de réussite, et pour certaines matières, comme les bases de l’informatique ou le marketing, cet enseignement suffit.
Comment en auraient-elles la certitude ? Qu'est-ce qui permet aujourd'hui de certifier une formation et de valider des acquis en ligne ? Ces entreprises, si elles existent, semblent bien ingénues.Qu’en est-il des entreprises ? Pensez-vous qu’elles soient prêtes à accueillir des personnes formées en ligne ?
Formées tout court.Nous savons que les entreprises sont prêtes à recruter des gens qui se sont formés par le biais de cours en ligne.
Il faudrait les publier.Nous recevons régulièrement des emails de nos étudiants à ce sujet.
Très intéressant : voilà qui mérite une plus ample publicité car on lit des choses étonnantes à ce sujet, comme cet article du "Figaro" .Evidemment, ces cours ne sont pas des substituts aux diplômes. Personne ne le considère de cette manière.
Un diplôme est lui la preuve d'un potentiel non pas affiché mais accomplie et certifié.Mais je pense que si quelqu’un se présente et explique avoir suivi différents cours sur Coursera, les employeurs seront plus enclin à valoriser cette initiative. C’est la preuve d’un certain potentiel.
Un pis-aller, un enseignement en mode dégradé par défaut, en quelque sorte. Un peu comme le CNED.Quel rôle pour les politiques dans l’enseignement en ligne ?
Aujourd’hui nous sommes à un point où l’éducation en ligne devrait être prise très au sérieux, comme une manière de remplacer l’enseignement présentiel dans les cas où il n’est pas possible de faire autrement.
Ah bah non, du coup...C’est une éducation « augmentée » de très haute qualité.
Un enseignement au rabais et pour les pauvres : tout est dit ! Merci "RSLN" !Et c’est une alternative que les politiques doivent prendre en compte, notamment dans les pays en développement où les capacités éducatives sont plus limitées
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Et cela permet de voir bien des choses, "de l'intérieur".
Mon but était surtout de perfectionner mon anglais en étudiant des matières que je connais déjà par ailleurs (et en approfondissant).
Quelques constatations:
- Tout l'ensemble n'est valable qu'au niveau universitaire, et demande un réel investissement en temps. Ainsi, pour le cours d'astronomie, 3 à 4 h par semaine étaient requises. Dans la réalité, même un ex math sup/spé comme votre serviteur y a passé ses soirées. On peut multiplier par 10 les chiffres annoncés (les "devoirs" à faire réclamant un vrai "sens" de la physique). Toutefois, pour ce cours, "la mayonnaise a pris": les forums ont été très utiles, des étudiants se sont entraidés, ont échangé, des précisions ont été apportées, des erreurs débusquées... et le prof ainsi que ses assistants avaient réalisé un travail très important. Ils sont intervenus souvent dans les forums, les erreurs ont été reconnues et corrigées, de l'aide apportée; les docs et références en ligne étaient également de première qualité.
Un autre cours, en génétique, est également très bien réalisé. Il permet d'ailleurs aux "vrais" étudiants d'obtenir des crédits universitaires réels. Évidemment, c'est le plus dur niveau examen... On est validé à partie de 16/20, pas moins (j'imagine nos résultats au bac en appliquant ce crible....")
Aucun élève du secondaire "tel qu'ils sont" (et tel qu'on voudrait nous interdire d'oser tenter de les changer) ne va se donner la peine de faire ce genre de démarches (à titre d’exemple, mes élèves de troisième et quatrième disposent, avant les évaluations, d'une liste de plusieurs types de questions et de leur corrigé détaillé. Ils savent que les questions d'évaluations seront prises dans cet ensemble. Et bien même pour la seule chose importante à leurs yeux ("la note, la note!") seuls 2/30 font l'effort de passer en revue quelques questions...avant l'interro)
- Nous partîmes 13000, mais par de prompts efforts, nous nous vîmes 300 en arrivant au port: c'est ce qui est arrivé pendant le cours de mécanique quantique, raconté par un participant: la "perte" d'étudiants en cours de route est énorme, car malgré le MOOC, ce qui est complexe le reste, et malgré les dogmes Bourdivins, force est de constater que tous les esprits volontaires ne peuvent malgré tout pénétrer tous les arcanes de la connaissance! Imaginez donc un amphi de 400 étudiants dont 9 seulement obtiendraient l'examen...
- si tout est bien gratuit et sans pub "extérieure", il y a de la retape pour des "certificats optionnels" vendus 50 $. Toutefois, leur caractère optionnel et facultatif est très clairement signalé.
- Les sujets traités sont variés et quelquefois très pointus. J'ai hâte de voir, par exemple, comment va se déroule le cour sur "la conception d'organes artificiels".
- les certificats sont obtenus à la suite de questionnaires de type QCM, d'examen en temps limité, ou de "projets web notés par les pairs" (voir + loin)
- un cours concernait le "e learning and digital culture". Je me suis jeté dessus (ou dedans, plutôt) avec délectation: je n'ai pas été déçu! Le "travail" consiste à regarder quelques vidéos sectionnées, à lire un "digest" de quelques pages et surtout d'aller en discuter sur le forum. Il ne ressort pas grand-chose de ce blablatage généralisé typique d'une "pensée agrégative" qui ignore la synthèse ou la confrontation argumentée. Nous devons, pour être "certifiés", réaliser un "artefact" (en clair, un document web) qui sera "noté par nos pairs" (et on notera celui des autres). Quelques exemples des "promotions" passées sont accessibles. A les voir, cela présentait bien. Lorsque j'ai cliqué dessus... Je me suis retrouvé comme le Steve Jobs moyen au cours de la démo de Windows 3.1, qui avait eu ces mots "historiques": "mais... c'est de la merde!": quelques pauvre-point poussifs reprennent pèle même des photos ou des bribes de phrases des forums ou des "digests": On est en plein dans l'agrégatif: aucune appropriation, aucune critique, aucune synthèse (M Serres, que j'aime infiniment en historien des sciences, me dirait que c'est normal, je lui répondrais que c'est symptomatique, et on finirait par s'opposer vertement). Mon propre "artefact" va être nettement plus offensif, mais je crains d'être assez mal évalué par mes "pairs"...(je ne serais jamais le primus inter pares!)
Bref, les MOOC me semblent être une fantastique opportunité pour se perfectionner, à un niveau universitaire, dans quelques domaines bien précis. Ce sont de superbes compléments, qui peuvent seconder très utilement, dont certains peuvent remplacer les cours en Amphi, mais dont la généralisation serait aussi abusive que ne l'a été celle des méthodes constructivistes dans l'enseignement.
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- Loys
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Je m'étais moi-même inscrit à un cours en septembre 2012 ("Introduction to philosophy") pour début 2013 (sic) : je n'ai pas eu de nouvelles depuis. J'attends, j'attends.N°6 écrit: Je suis en ce moment plusieurs cours sur coursera.
Et cela permet de voir bien des choses, "de l'intérieur".
C'est l'un des problèmes que le dispositif numérique ne résout pas, au delà des problèmes contingents d'organisation : l'adéquation entre le moment du cours et la disponibilité de l'auditeur. Contrairement à ce que l'on voudrait nous faire croire, le cours en ligne ne se suit pas quand on veut, même s'il donne une certaine souplesse.
Dont acte, mais je vais faire preuve de mauvais esprit : le modèle de Coursera, c'est bien de faire travailler les étudiants sans dépenser un sou, la "collaboration" entre étudiants remplaçant les TD. Un peu comme Google exploite commercialement le travail collaboratif gratuit des wikipédiens.Quelques constatations:
- Tout l'ensemble n'est valable qu'au niveau universitaire, et demande un réel investissement en temps. Ainsi, pour le cours d'astronomie, 3 à 4 h par semaine étaient requises. Dans la réalité, même un ex math sup/spé comme votre serviteur y a passé ses soirées. On peut multiplier par 10 les chiffres annoncés (les "devoirs" à faire réclamant un vrai "sens" de la physique). Toutefois, pour ce cours, "la mayonnaise a pris": les forums ont été très utiles, des étudiants se sont entraidés, ont échangé, des précisions ont été apportées, des erreurs débusquées... et le prof ainsi que ses assistants avaient réalisé un travail très important. Ils sont intervenus souvent dans les forums, les erreurs ont été reconnues et corrigées, de l'aide apportée; les docs et références en ligne étaient également de première qualité.
Je ne suis pas sûr de vous suivre sur cette notion de "crédit" puisque l'examen en ligne ne donne aucune garantie personnelle qu'il a bien été passé par l'étudiant qui a suivi le cours. C'est tout le problème de la validation en ligne.Un autre cours, en génétique, est également très bien réalisé. Il permet d'ailleurs aux "vrais" étudiants d'obtenir des crédits universitaires réels.
C'est là où j'aurais besoin de vos lumières : comment "l'examen" concrètement se présente-t-il ? Je serais en effet curieux de savoir comment sont évaluées la composition et la rédaction des travaux des étudiants, puisque Coursera revendique déjà plus de deux millions d'"étudiants".Évidemment, c'est le plus dur niveau examen... On est validé à partie de 16/20, pas moins (j'imagine nos résultats au bac en appliquant ce crible....")
Vous avez raison de bien distinguer les publics. La question de l'enseignement en ligne est déjà assez problématique pour le supérieur.Aucun élève du secondaire "tel qu'ils sont" (et tel qu'on voudrait nous interdire d'oser tenter de les changer) ne va se donner la peine de faire ce genre de démarches (à titre d’exemple, mes élèves de troisième et quatrième disposent, avant les évaluations, d'une liste de plusieurs types de questions et de leur corrigé détaillé. Ils savent que les questions d'évaluations seront prises dans cet ensemble. Et bien même pour la seule chose importante à leurs yeux ("la note, la note!") seuls 2/30 font l'effort de passer en revue quelques questions...avant l'interro)
Ce qui n'empêche pas "Coursera" de faire ainsi sa promotion avec ce compteur sur la page d'accueil.- Nous partîmes 13000, mais par de prompts efforts, nous nous vîmes 300 en arrivant au port: c'est ce qui est arrivé pendant le cours de mécanique quantique, raconté par un participant: la "perte" d'étudiants en cours de route est énorme, car malgré le MOOC, ce qui est complexe le reste, et malgré les dogmes Bourdivins, force est de constater que tous les esprits volontaires ne peuvent malgré tout pénétrer tous les arcanes de la connaissance! Imaginez donc un amphi de 400 étudiants dont 9 seulement obtiendraient l'examen...
L'approche est plus quantitative que qualitative : on compte les seuls inscrits. Difficile de rivaliser quand l'inscription à n'importe quelle université est payante, même en France. Pour Coursera, une inscription ne coûte rien : ce n'est qu'un ajout de nom sur une base de données. En fait le concept même d'inscription n'a pas de sens. De même que le concept d'"étudiant" puisqu'on s'inscrit non pas pour un cursus d'études mais pour un cours de quelques semaines.
Bien sûr, mais vous en conviendrez : un diplôme obtenu sans certificat n'a aucune valeur, surtout passé en ligne.- si tout est bien gratuit et sans pub "extérieure", il y a de la retape pour des "certificats optionnels" vendus 50 $. Toutefois, leur caractère optionnel et facultatif est très clairement signalé.
La vraie question à se poser, c'est de savoir quel pourcentage de "Courserians" paient pour ces certificats optionnels et quel est le chiffre d'affaires ainsi réalisé. Même pour un petit nombre, le bénéfice net ne doit pas être très important, vu combien ce modèle est économique à tout point de vue.
Vous parlez en scientifique. Les matières "littéraires", regroupées hâtivement dans la seule catégorie "humanities" , (lettres, philosophie, anthropologie, psychologie, histoire, etc.) sont largement sous-représentées. Cette catégorie ne représente que 16% des cours, soit autant que la "Computer science", présentée d'ailleurs dans deux catégories distinctes : tout un symbole !- Les sujets traités sont variés et quelquefois très pointus. J'ai hâte de voir, par exemple, comment va se déroule le cour sur "la conception d'organes artificiels".
On voit que les choix des matières présentées sont très orientés.
J'ai compté six cours de lettres au sens le plus large, en incluant des cours comme "Think Again: How to Reason and Argue" ou "English composition I", "Writing II : rhetorical composing" etc. Le seul cours de littérature à proprement parler est très vaste : "Modern & Contemporary American Poetry". On le voit : les cours proposés sont souvent des cours basiques, supposément plus pratiques ("how to") que théoriques.
Autre lacune à mes yeux : aucune progression n'est proposée. Les cours sont comme déconnectés les uns des autres. Il n'y a pas de cursus au sens strict.
Des QCM posent un gros problème dans les matières littéraires, et même dans les disciplines scientifiques, j'en suis convaincu.- les certificats sont obtenus à la suite de questionnaires de type QCM, d'examen en temps limité, ou de "projets web notés par les pairs" (voir + loin)
Ils ont certes un gros avantage : ils n'exigent aucune correction humaine : la notation peut être automatisée, ce qui constitue une belle économie.
Pour les "projets web notés par les pairs", vous concevez bien la limite de ce système. Il s'agit par ailleurs, là encore, d'un procédé très économique pour Coursera.
La mise en abîme est souvent apologétique : le premier MOOC français était ainsi consacré aux MOOC...- un cours concernait le "e learning and digital culture".
N°6, vous osez contredire Michel Serres ?Je me suis jeté dessus (ou dedans, plutôt) avec délectation: je n'ai pas été déçu! Le "travail" consiste à regarder quelques vidéos sectionnées, à lire un "digest" de quelques pages et surtout d'aller en discuter sur le forum. Il ne ressort pas grand-chose de ce blablatage généralisé typique d'une "pensée agrégative" qui ignore la synthèse ou la confrontation argumentée. Nous devons, pour être "certifiés", réaliser un "artefact" (en clair, un document web) qui sera "noté par nos pairs" (et on notera celui des autres). Quelques exemples des "promotions" passées sont accessibles. A les voir, cela présentait bien. Lorsque j'ai cliqué dessus... Je me suis retrouvé comme le Steve Jobs moyen au cours de la démo de Windows 3.1, qui avait eu ces mots "historiques": "mais... c'est de la merde!": quelques pauvre-point poussifs reprennent pèle même des photos ou des bribes de phrases des forums ou des "digests": On est en plein dans l'agrégatif: aucune appropriation, aucune critique, aucune synthèse (M Serres, que j'aime infiniment en historien des sciences, me dirait que c'est normal, je lui répondrais que c'est symptomatique, et on finirait par s'opposer vertement). Mon propre "artefact" va être nettement plus offensif, mais je crains d'être assez mal évalué par mes "pairs"...(je ne serais jamais le primus inter pares!)
Oui, certains domaines scientifiques, et avec des limites (pas de cursus, pas d'évaluation fine, pas de validation probante).Bref, les MOOC me semblent être une fantastique opportunité pour se perfectionner, à un niveau universitaire, dans quelques domaines bien précis.
Votre conclusion me convient très bien. En rappelant que, si l'inscription à l'université est payante, les examens sont gratuits.Ce sont de superbes compléments, qui peuvent seconder très utilement, dont certains peuvent remplacer les cours en Amphi, mais dont la généralisation serait aussi abusive que ne l'a été celle des méthodes constructivistes dans l'enseignement.
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- tous les cours donnent lieu a un certificat si on complète les exos. Maintenant, la "valeur" de ce certificat est à peu près la même que celle des promesses d'un politicien. Il s'agit surtout d'une distinction symbolique.
- en Génétique, nous avons des QCM hebdomadaires qui comptent pour 15 % de la note finale, et deux exam en temps limité: une fois lancés, vous avez 1H...
Pour obtenir de "vrais" crédits (payants, 50 $), il faut s'affilier à un programme spécial ("signature track") avec vérification d'identité, conférant des crédits "ACE" (American Council of Education). L'intérêt reste limité, donc, aux USA dans ce domaine.
- Le gros problème est celui de la correction: en astronomie, nous avions des exercices et nous devions entrer les réponses comme valeur numériques ou expressions algébriques. Même là il y a eu quelques problèmes liés à la présentation des résultats (la virgule, par exemple, non reconnue, il fallait un point: 12,35 était "compris" par le robot comme 1235, il fallait écrire 12.35). Bref un temps d'adaptation est nécessaire. Cela explique pourquoi il y a fort peu de disciplines littéraires (et dans ce cas, "correction par les pairs" (que l'on peut effectivement résumer comme "gratos pro deo")), car un texte ne peut être automatiquement corrigé. Vu l'esprit joyeux qui règne sur les forums, je crains que cette "correction" par les pairs ne s'apparente à de la cooptation pure et simple, avec force "great!" et autre "amazing!".
Autant dans le domaine scientifique, on peut retirer pas mal de choses de ces cours (en étant précédemment, et c'est tout le problème, formé, disponible, extrêmement motivé, anglophone et assez "riche" pour disposer d'un accès web assez performant) autant dans le domaine littéraire, je me pose de très nombreuses questions...
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