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"Mais qui sont les assassins de l’école ?" (Carole Barjon)
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Et le 10/10/6 : "Criminels sans le savoir ?"
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C'est d'autant plus vrai que l'école numérique est celle du pédagogisme !Philippe Meirieu écrit: Je lui envoie, alors, le courriel suivant : « En y repensant, je me suis aperçu que, dans “le feu” de la conversation, j’avais oublié la 5ème raison de la “haine” à l’égard des “pédagos” : je crois que c’est parce que notre société et ses politiques ayant oublié les enjeux de l’éducation et voyant les dégâts provoqués par son oubli, a besoin d’un bouc-émissaire (les pédagos justement, ces nouveaux “joueurs de flûte” qui viennent “emporter les enfants” parce que les adultes ont failli à leur parole) et, comme chaque fois, en regard du bouc émissaire, il y a toujours une “solution miracle” sensée résoudre tous les problèmes : le numérique ! Bouc-émissaire et solution-miracle : voilà de quoi continuer à oublier les vrais problèmes ! ». J’ignorais alors à quel point son livre allait justement être tout entier dans la logique du “bouc émissaire”
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Pour le reste, j'ai aperçu et feuilleté le livre de Carole Barjon en librairie. Effectivement, il frappe fort. Et je pense qu'il fallait en arriver là, même si mon point de vue sur l'utilité de nommer et de dénoncer les "assassins de l'école" en tant que tels est biaisé : pour ma part, je penche beaucoup plus du côté "républicain", en tout cas celui-ci me convainc davantage. Toutefois, même en restant "neutre" et "objectif", on peut constater que ça fait des années que les deux camps s'envoient des noms d'oiseaux, et qu'aucun d'entre eux n'a le monopole des accusations graves. En témoigne les propos de Richard David Precht , pour lequel "notre école est un crime", en témoignent également les reductio ad hitlerum permanentes (à l'opposé, Elisabeth Lévy a affirmé que les pédagogistes, qu'elle considère comme des criminels, étaient la seule catégorie de personne avec laquelle elle refusait de discuter).
De toute manière, il s'agit de l'éducation et de la formation de générations entières, et les décisions prises à leur sujet ont forcément des conséquences importantes, donc les accusations ne peuvent être que graves. Il est donc inévitable qu'à un moment, on laisse les gants et les politesses au vestiaire.
Dernière remarque : ce qui est reproché aux "assassins de l'école", en tout cas pour ce que j'ai lu du livre, ce ne sont pas seulement leurs propos ou leurs idées, mais aussi leur pouvoir, leur influence, leurs actions et les décisions qu'ils ont prises quand ils ont eu accès à des postes importants. Il est donc inévitable qu'ils aient à rendre des comptes sur la situation actuelle.
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Et le blog Profencampagne publie la réponse de l'AFEF : www.profencampagne.com/2016/10/l-obs-doi...sins-de-l-ecole.html
Sans oublier le bloc-notes de Philippe Watrelot : www.cahiers-pedagogiques.com/Bloc-Notes-...au-25-septembre-2016
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De mon point de vue, les outrances ou les dérapages (tout à fait condamnables) desservent malheureusement la cause qu'ils sont censés défendre..
Je dirais que Philippe Meirieu (et même Bernard Stiegler) sont assez insaisissables sur ces questions. Tantôt critiques, tantôt enthousiastes. Mais de toute façon ma remarque portait non pas sur Philippe Meirieu mais sur la récupération saisissante des nouvelles technologies par les nouvelles pédagogies, comme on peut facilement s'en convaincre sur LVM : il n'y a pas opposition, mais convergence.Shane_Fenton écrit: Cela dit, je n'irai pas confondre Meirieu avec un "apôtre du numérique". Lors des conférences organisées par Ars Industrialis, j'ai toujours entendu Bernard Stiegler le citer à chaque fois qu'il avait besoin de quelqu'un pour mettre en garde contre l'utilisation incontrôlé des nouvelles technologies à l'école (après, peut-être qu'il a retourné sa veste comme Serge Tisseron sur la télé pour bébés, mais si c'est le cas, j'ignore quand et dans quelles circonstances).
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Oui, l'outrance est toujours condamnable et il vaut mieux porter la contradiction aux personnes (et éventuellement mettre en cause leur responsabilité).Passez quarante ans à travailler sur la question éducative. Organisez des associations, des stages, des séminaires, des colloques sur la nécessaire adaptation de l’Ecole au monde qui bouge. Essayez de ternir compte de la démocratisation de l’école qui concerne désormais tous les enfants de ce pays. Soyez un enseignant progressiste, engagé, à la recherche permanente d’une pédagogie adaptée aux enfants qui vous font face. Tenez-compte de l’environnement audiovisuel, et désormais numérique, qui envahit les imaginaires et les esprits des élèves. Ajoutez-y le constat des quartiers dits « sensibles » pour ne pas dire pauvres, du développement des immigrations (parfois 40 nationalités dans la même école), de la faillite des familles et du chômage massif. Préoccupez-vous de ce que voient les enfants des bouleversements du monde : guerre, attentats, terrorisme... de la publicité ravageuse et de ce que cela induit dans leur processus de développement. Ecrivez des articles, des livres, faites des conférences sur ce que pourrait être une pédagogie moderne, ouverte, active, dans l’esprit des toutes les expériences menées depuis un siècle dans le monde par des éducateurs innovants. Participez aux écoles expérimentales, développez le travail en équipe, menez des projets artistiques et culturels avec les élèves. Concevez des partenariats avec des artistes intervenants dans vos classes. Militez pour une école plus libre, plus ouverte, plus juste, plus démocratique... et l’on vous traitera finalement d’assassin !
Reste que se désigner comme "innovant" et "progressiste" est peut-être problématique, pas seulement par manque de respect pour les autres professeurs mais surtout parce que le progressisme de cette "pédagogie moderne" est corrélé avec une régression scolaire sans précédent.
A noter que, selon la BNF , M. Carasso, qui juxtapose les mots "éducateurs" et "enseignants", n'est pas tout à fait l'enseignant "engagé" qu'on imagine : il est présenté comme "acteur, metteur en scène, auteur et réalisateur de télévision, diplômé de l'Institut d'études politiques de Grenoble, directeur de l'Association nationale de recherche et d'action théâtrale, ANRAT (en 1997), chargé de cours à l'UFR d'études théâtrales de l'Université de Paris III-Sorbonne nouvelle (en 1997)".
La brutalité de l'expression "assassin" fait quelque peu oublier à M Carasso la brutalité tout sauf verbale, par exemple, de la suppression de l'enseignement des langues anciennes, dont personne ne sait exactement qui l'a décidée.Voici à quoi se complait madame Carole B, journaliste à l’Obs, dans un ouvrage intitulé avec grande subtilité : « Mais qui sont les assassins de l’école ? » Le titre, son outrance, sa violence, font de ce livre un objet dont la nature médiatico-commerciale, mais surtout profondément réactionnaire, l’emporte sur toute autre considération.
Ça fait bien peu, mais heureusement qu'ils sont là, "ces milliers" d'enseignants éclairés comme autant d'Élus de la pédagogie et du progrès.Quel mépris, quelle arrogance pour le travail de ces milliers d’éducateurs engagés, ces enseignants dévoués qui marquent à jamais certains parcours de leurs élèves, grâce non seulement aux savoirs qu’ils transmettent mais aussi à l’attention qu’ils portent au développement de chacun.
Ayons une pensée pour les 800.000 autres enseignants qui n'ont pas "marqué à jamais certains parcours de leurs élèves" et ne portent aucune attention au développement de chacun...
Eh bien précisément ce déni a longtemps existé et existe encore...Le parti pris de ce brulot consiste à faire porter la responsabilité principale des difficultés scolaires, notamment dans le domaine de la lecture et de l’écriture – que personne ne nie...
Sur l'orthographe, pourquoi ce conditionnel ? Le renoncement est avéré et on en trouve de nombreux témoignages....– à quelques individus, chercheurs, conseillers ministériels, pédagogues qui auraient, à eux seuls, induit ou orienté plusieurs générations d’enseignants dans la voie du renoncement à l’excellence, au savoir, à la rigueur notamment orthographique. Parmi eux, mon ami Philippe Meirieu à qui nous devons tant sur la compréhension du monde éducatif et son indispensable évolution.
Amusant car une des caractéristiques des pédagogistes est précisément de reléguer tous ces facteurs derrière la pédagogie.Cette vision simpliste désigne nommément quelques personnes à la vindicte publique, reléguant au second plan les injustices sociales, la crise économique, le chômage, l’environnement culturel, les difficultés familiales, les technologies nouvelles et leurs conséquences...
Comme quoi, on peut passer d'un excès à l'autre...Tous ces éléments ne pèsent rien par rapport aux attaques idéologiques contre les seuls « pédagogistes » coupables de toutes les turpitudes. Ils n’ont pas seulement envahi l’école, ils l’ont assassinée ! Si cela était, ils méritent sans doute une peine perpétuelle et pourquoi pas, puisque c’était mieux avant (avant quoi ?), la peine capitale !
Ce "au prétexte d'un signal d'alarme" et ce "nous dit-on" fleure bon le scepticisme. D'ailleurs ce constat ne semble guère émouvoir Jean-Gabriel Carasso : en réalité, selon CEDRE 2016 , 40% des élèves entrant en 6e maîtrisent principalement des compétences de CE au mieux.Trêve de circonvolutions* : j’ai dépensé 18€ pour en connaître. J’ai lu, j’ai compris : au prétexte d’un signal d’alarme sur les difficultés manifestes de l’apprentissage de la langue et de l’écriture (20% des élèves ne savent pas lire et écrire correctement à l’entrée au collège nous dit-on.
*circonlocutions. Confusion classique.
Après le déni, le relativisme (même si les deux argumentaires s'excluent l'un l'autre en bonne logique : soit une baisse à relativiser, soit… pas de baisse).Mais combien entraient au collège auparavant ? Et les autres, maitrisaient-ils mieux le langage et son expression ?
Ce relativisme est en réalité dépourvu de sens, puisque le collège unique est en place depuis cinquante ans : la critique porte principalement sur cette période (par exemple la baisse dramatique constatée en 1987 et 2007 par la DEPP en 2008). Citons M. Carasso : "Passez quarante ans à travailler sur la question éducative..."
Le déni scolaire ouvre un boulevard aux extrémistes, en effet.Ce livre journalistique confus est atterrant. Et la campagne médiatique qui l’accompagne (Le Point, l’Obs, Libé...) relève probablement autant du copinage entre journalistes que du combat idéologique violent contre tous les éducateurs progressistes (voir, par exemple, l’accueil très favorable de ce livre sur le site « Au cœur du nationalisme ».)
Curieux d'utiliser ce que l'on dénonce...Partant du postulat « ils étaient de bonne foi mais sont devenus criminels », l’auteur s’engouffre en vérité dans le mode de pensée qu’elle déplore. Accordons lui la bonne foi d’une interrogation sur l’évolution de notre système scolaire -mais qui ne s’interroge pas sur ce thème ?- et constatons qu’elle verse aussitôt dans la dénonciation personnelle, dans les explications pseudo-psychanalytiques, dans les attaques ad-hominem, devenant elle-même une « assassine » de la pensée complexe, de la réflexion rigoureuse, du débat démocratique voire de l’éthique journalistique.
Assassins, non : mais cette propension à se désigner comme appartenant un petit groupe d'élus ("nos amis pédagogues") détenant la grâce pédagogique n'en reste pas moins curieuse.Atterrant vous dis-je ! Si l’on en reste à ce niveau de débat public, tant qu’à nager dans l’excès et la démesure, revendiquons alors avec nos amis pédagogues que...nous sommes tous des assassins !
Nul doute que l'équipe "Le Point" est animée des mêmes intentions que le régime de Vichy. Outrance pour outrance...PS : Le journal Le Point a cru bon d’ajouter au commentaire élogieux sur le livre la liste des photos des principaux « assassins » cités. Cela n’a pas manqué de rappeler à certains la manière de faire de l’Affiche Rouge. Triste époque !
Mais le billet reçoit le soutien de la ministre elle-même :
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Je constate d'ailleurs (d'après les tweets de Laurence de Cock) que la polémique vient non seulement de la violence de la charge, mais aussi de la couverture plutôt favorable dans des journaux estampillés à gauche comme Libération ou l'Obs (dont Carole Barjon est journaliste).
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