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"Je google donc je sais"
- Loys
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Avoir un savoir à sa disposition n'est pas savoir.
Trouver n'est pas savoir.
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Le principe même d'une recherche Internet est qu'il faut renseigner des mots clés qui définiront précisément les résultats que vous allez obtenir. Si vous ne renseignez pas les bons mots clés, vous n'obtiendrez pas de bons résultats. Il faut donc que vous connaissiez déjà un peu ce que vous voulez rechercher pour renseigner les bons mots-clés.
Une recherche basique sur Google ou Wikipédia ne permet à mon avis pas vraiment de découvrir des choses, juste de se renseigner sur des choses que l'on connait « de nom ».
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Toutefois, ces recherches sur Internet peuvent vous permettre, de proche en proche, de trouver des concepts plus ou moins voisins intéressants, de trouver des articles, bref de faire de la bibliographie, le tout plutôt efficacement. En l'espèce, comparez l'aisance de trouver un article Wikipédia où des gens vous ont déjà fait une liste de concepts pertinents avec les références bibliographiques précises, avec une recherche classique (demander en prêt entre bibliothèques un article qui in fine n'est pas pertinent, suivre des citations, etc. le tout sans assurance d'être à jour).
Bien évidemment, comme Loys le souligne à raison, il ne faut pas confondre la possibilité de trouver une information (ici, en se faisant assister de moteurs de recherche) et la construction d'un savoir. Il ne suffit pas de trouver un article, un ouvrage, pour le lire et le comprendre, et surtout pour l'intégrer dans le réseau des connaissances.
Pour en revenir à l'article, il me semble que tout cela est la conséquence d'une confusion longtemps entretenue, y compris à l'école, entre « savoir » et « avoir à l'esprit une multitude de points de détail sans lien conceptuel entre eux ». Ce sont les listes de préfectures chères à l'école de l'enfance de Marcel Pagnol, ou la connaissance historique réduite à des dates, des noms (« Marignan 1515 »). C'est l'idée du « savoir » qu'il y a derrière les jeux comme « Questions pour un champion ». D'ailleurs... de nos jours, l'ordinateur IBM Watson bat les champions du jeu Jeopardy! sans rien comprendre aux questions, mais en se basant sur une énorme base de données glânées notamment sur Internet.
Il est possible qu'il y ait des gens pour soutenir que le savoir se trouvant sur Internet, il n'y a plus rien à savoir soi-même. Pour ma part, je n'ai jamais rencontré personne qui soutienne cela. J'ai en revanche lu des choses beaucoup plus raisonnables, comme l'idée que les « factoïdes » se retrouvant facilement grâce à Google, on peut s'en libérer l'esprit pour des choses plus importantes. C'est, au fond, l'idée que soutenait Richard Feynman (un prix Nobel de physique aux opinions volontiers ironiques) lorsqu'il se gaussait des étudiants de biologie qui apprenaient par cœur des informations qui se retrouvent très vite par simple recherche à la bibliothèque universitaire, au détriment de la réflexion.
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- Loys
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Or l'intelligence est une chose subtile et fascinante, qui naît progressivement de l'interaction entre connaissances et pensée. Comme je le dis dans l'article "Savoir, ce n’est pas simplement disposer de connaissances, c’est avant tout [...] avoir l’intelligence et le jugement qui en procèdent." On ne pense pas sans connaissances. Le meilleur exemple - je me répète -, c'est savoir une langue. On ne sait une langue que quand on en connaît suffisamment d'éléments de morphologie, de syntaxe et de vocabulaire. Et ce, même si tous ces éléments sont disponibles en ligne... ou dans des livres. De ce point de vue Internet ne change pas grand chose, même si la disponibilité des connaissances est accrue de manière exponentielle.
Les neuropsychologues eux-mêmes confirment que les apprentissages qui vous semblent les plus inutiles sont en réalité structurants pour un jeune esprit en cours de formation.
Ce que vous dites sur les recherches sur Internet est recevable mais s'applique essentiellement à un esprit déjà mûr et capable de discernement.
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Feynman (encore lui) racontait des anecdotes au sujet de l'enseignement supérieur au Brésil. Il y avait vu des étudiants qui apprenaient par cœur des définitions de façon à pouvoir les réciter à l'examen, mais qui n'en comprenaient pas le sens ; par exemple, ils pouvaient réciter par cœur la définition de « l'indice optique » mais sans voir le rapport avec un phénomène aussi quotidien que celui du « bâton cassé » (le bâton trempé dans l'eau qui semble cassé au franchissement de la surface).
Malheureusement, ce type d'apprentissage est favorisé par une certaine façon de faire des examens. Si l'on veut récompenser le « travail » et non la réflexion personnelle, il sera tentant de faire des examens purement de cours. Pour l'enseignant, cela peut faciliter les choses (possibilité de faire des QCM, notamment). Reste que cela déforme l'esprit des étudiants, qui finissent par croire que l'important est de retenir des points de détail qui risquent de tomber à l'examen, et non de comprendre le fond de ce qu'on leur enseigne.
C'est d'autant plus dramatique qu'une personne dont la compétence est de se rappeler (et encore, tout est oublié 6 mois après) de faits épars et d'appliquer mécaniquement des consignes peut être remplacée par un système informatique.
cf david.monniaux.free.fr/dotclear/ ... oyaume-Uni
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- Loys
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Bonus :Si la crise s'amplifiait, si un gouvernement d'union nationale était formé, je n'hésiterais pas à sacrifier ma carrière à la vie publique. La distribution est un formidable observatoire des mutations sociales et technologiques. Je pourrais mettre à profit cette expérience dans un secteur comme l’Éducation nationale qui vit encore à l'ancienne alors que la révolution internet a radicalement modifié les modes d'accès aux savoirs.
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- Loys
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Mais également, plus récemment : "Qu’est-ce qu’apprendre ? L’apport des neurosciences" (28/04/2012)
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Tellement catégorique que tous les contre-exemples qui viennent à l'esprit concerneraient une espèce différente.
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Le second article est du verbiage philosophique pur, sans aucun rapport avec l'éducation, que même les neuro-scientifiques ne comprendraient pas. En voyant le titre de l'article, je pensais qu'il s'agissait d'un article parlant de la neuro-pédagogie, ou au moins un article qui aborderait les techniques pédagogiques basées sur la psychologie cognitive, voire certaines pédagogies directement tirée de ce domaine de recherche (des sujets qui me tiennent à cœur en ce moment), mais non : rien...
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