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"Le Tsunami numérique" (Emmanuel Davidenkoff)
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Quelle belle image que le "tsunami" pour faire la démonstration des vertus du numérique. Un titre inspiré, en somme.Le tsunami numérique : Scénario pour une Ecole qui refuse de bouger
Évidemment, comparer un système éducatif à une entreprise commerciale ne pose aucun problème à Emmanuel Davidenkoff. De même que prendre une photographie est une opération technique qui n'a pas grand chose à voir avec l'acte humain d'enseigner.Rappelez-vous Kodak. Une multinationale devenue en quelques années une PME parce qu'elle n'a pas voulu évoluer.
S'agissant de Kodak, l'exemple est intéressant puisque le secteur de la photographie numérique est lui-même en train de s'effondrer : "Nikon, à l'image des autres géants japonais de la photo (Canon, Olympus, Sony…), subit de plein fouet l'effondrement du marché des appareils photo" (Source : "Le Figaro" du 09/08/13). Si l'on suit donc le raisonnement d'Emmanuel Davidenkoff, pour survivre, Kodak aurait dû fabriquer des téléphones portables dans un secteur hautement concurrentiel où l'entreprise n'avait aucune expérience (et au passage se soumettre à Google pour obtenir son système d'exploitation). Bref, Kodak aurait dû renoncer à faire ce qu'il savait faire...
Prophète de son état.C'est le sort que pourrait bien connaitre l'Education nationale, prédit Emmanuel Davidenkoff.
Enfin surtout par le "Café pédagogique"...Spécialiste écouté de l'éducation...
Le système éducatif a des "bases économiques" ?...il analyse l'effet d'un tsunami numérique sur le système éducatif bouleversant ses bases économiques...
Quel regard critique et distancié du "Café" !...ses méthodes, ses objectifs même. On est là devant un des grands livres de l'année. Le tsunami Davidenkoff va-t-il faire bouger l'Ecole ?
Quel bel esprit de philanthropie !Un tsunami numérique ?
"Un tsunami s'apprête à déferler sur nos écoles, nos universités, nos grands écoles... L'écosystème qui a converti en quelques décennies des milliards d'êtres humains au smartphone et à Internet a mis toute sa puissance de travail et d'innovation au service d'un objectif : réinventer l'éducation".
Pour Emmanuel Davidenkoff, directeur de la rédaction de l'Etudiant, ce tsunami va changer le modèle économique de l'enseignement, amener la prise de pouvoir de l'usager sur service public...
Oh la jolie phrase (cliché éculé) qui ne veut rien dire....et changer le mode de fonctionnement de la structure, la faisant passer du vertical à l'horizontal.
C'est vrai que, quand on pense "tsunami", on pense "transformation globale".C'est cette dynamique de transformation globale qui justifie le mot "tsunami" avec sa puissance financière et innovante.
C'est dire ! Notre journaliste favori connaît mieux l'école que les enseignants et même que les spécialistes du numérique éducatif : quelle chance nous avons de l'avoir !Une révolution culturelle
A l'appui de sa thèse d'un changement global "plus lointain que ne l'imaginent les promoteurs du numérique éducatif mais plus proche que ne le conçoivent parents et enseignants", E. Davidenkoff met toute sa connaissance du secteur éducatif.
Pour l'achever il faudrait déjà la commencer...Il montre par exemple comment les MOOCs sont en train d'achever la mondialisation de l'enseignement supérieur.
Encore une jolie phrase creuse avec un cliché de la rhétorique numérique !Mais il s'attache aussi à montrer que cette évolution impose de changer aussi le logiciel de l'Ecole.
La "capacité à innover" est une "valeur" ?Avec le tsunami numérique arrivent de nouvelles valeurs. Par exemple la capacité à innover, l'expression artistique deviennent aussi importants que les valeurs traditionnelles du système.
Et quel rapport entre cette capacité et l'expression artistique ? Le lien, à vrai dire, est assez effrayant.
Prise en compte comment, exactement ? M. Davidenkoff reste très vague à ce sujet.La coopération devient une valeur réellement prise en compte dans un système qui l'ignorait superbement.
Où est donc le problème puisque l'école sera peu chère et qu'elle pourra être choisie ?Une marchandisation de l'école ?
Mais le noyau dur de la thèse d'E Davidenkoff, c'est que le tsunami numérique apportera une privatisation de l'école. "Le numérique... va faire plonger le sprix et abattre la principale barrière dont l'Education nationale bénéficie pour empêcher le privé de se développer dans le primaire et le secondaire comme il l'a fait dans le supérieur. Que les prix baissent (dans le privé hors contrat) et il n'y a pas de raison que certaines familles ne le considèrent pas comme un choix possible"....
Comme c'est sympathique.L'Education nationale "obscurantiste"
La comparaison est inepte."A force de ne pas entendre et valoriser ceux et celles qui en son sein innovent, l'Education nationale risque le même destin que Kodak".
Il y en a qui vivent dans une incapacité à penser logiquement et sensément.E Davidenkoff décrit une Education nationale engoncée dans ses dogmes, "vivant dans un ahurissant obscurantisme" et "une incapacité à se penser différemment".
Quelles innovations merveilleuses méritent donc d'être "soutenues" et "accompagnées" ? Comment les collègues sont-ils "éreintés" dans une éducation nationale qui promeut elle-même l'innovation pédagogique ?L'école tente bien des innovations mais est incapable de les soutenir et de les accompagner dans le temps, éreintant inutilement ses personnels.
La martyrologie permet de faire avancer bien des causes.
C'est surtout Emmanuel Davidenkoff qui semble ne pas le comprendre.E. Davidenkoff donne de nombreux exemples de cette effrayante vision de l'Ecole et pointe du doigt des responsables, dont les syndicats. C'est donc sur un appel au changement que se clot le livre. "L'Education nationale et l'enseignement supérieur s'ils veulent être à la hauteur de l'investissement que le pays leur consent doivent s'engager sans attendre dans la voie de réelles réformes. Ils en ont les ressources. Puissent-ils, contrairement à Kodak, comprendre que ces dernières sont avant tout humaines".
Rien que ça !Parfait connaisseur de l'Ecole, Emmanuel Davidenkoff nous donne un livre fort bien documenté. Il est aussi écrit dans un style direct et enlevé. Alors que le déclin de l'école semble se faire dans l'indifférence du public, "Le tsunami numérique" sera-t-il le début de la réaction au Pisa choc ?
On dirait un propos de gourou.Présentation
Emmanuel Davidenkoff : " L'Education nationale finira par libérer les énergies qu'elle a en elle"
On a bien compris l'image.A l'occasion de la sortie de son livre "le tsunami numérique", Emmanuel précise sa pensée sur l'Education nationale et son évolution. Pour lui tout est réuni pour un changement de logiciel dans l'Ecole.
Le "tsunami" peut aussi en rester à une petite vague. Emmanuel Davidenkoff ne répond pas à l'objection de François Jarraud.Vous évoquez un tsunami numérique qui obligerait l'école à changer. On disat cela dans les années 1990 à propos de l'informatique éducative. Et puis rien ne s'est produit. Pourquoi aujourd'hui ce serait différent ?
Un tsunami commence par une petite vague et on en est là pour le numérique.
Tout un art, la prophétie.Ce livre cherche les signaux faibles qui annoncent les changements.
Industrialisons l'individualisation !Ma conviction s'est construite en allant dans la Silicone Valley. J'y ai découvert les progrès de l'intelligence artificielle. On est à deux doigts d'arriver à produire des outils nouveaux qui permettront d'industrialiser l'individualisation et qui aideront vraiment à apprendre.
Les erreurs que peuvent repérer et analyser les logiciels sont très limitées...Par exemple le logiciel de la Khan Academy est déjà capable de repérer des types d'erreurs à plusieurs mois de distance. Il peut vous dire que vous vous trompez dans un problème à cause d'une erreur ancienne. C'est quelque chose qu'un professeur dans la situation actuelle des classes ne peut pas faire car il a trop d'élèves.
C'est effectivement le mot : on est dans la fable numériste.Les progrès de l'intelligence artificielle sont fabuleux.
Ce qui est nouveau c'est qu'on les applique à l'éducation. Par exemple, aux Etats-Unis on teste la correction automatique de devoirs complexes, du type de la dissertation.
Bien sûr !Ce n'est aps encore au point mais ça le sera dans quelques mois.
Ben non puisqu'il n'a jamais été aussi faible historiquement.Aujourd'hui le problème de l'école c'est les sorties sans qualification, le décrochage.
Cette "libération" étant très hypothétique, Emmanuel Davidenkoff s'avance quelque peu.Le numérique peut-il apporter des réponses ?
Ces avancées numériques sont en train de changer l'enseignement. A partir du moment où l'enseignant sera libéré de certaines tâches, il pourra se consacrer davantage à l'élève et lui accorder plus de temps et d'attention.
Mince : la technique aurait des limites ?Il pourra donner du sens aux apprentissages, ce que la machine ne peut pas faire.
"Donner du sens" : antienne pédagogiste.
Les objets numériques ne sont ludiques que pour autant qu'ils ne sont pas des outils scolaires.Enfin les outils numériques sont ludiques. Ils peuvent raviver le désir d'apprendre chez les jeunes.
Qui est déjà réduit... mais peu importe.Si on rend les apprentissages moins ennuyeux on réduit le taux de décrochage.
Je croyais que l'enseignait ne pouvait pas assurer ce suivi, contrairement à la machine ?Si on dégage du temps de correction pour les enseignants on leur permet de mieux se consacrer au suivi des élèves.
On ne voit rien du tout, pour l'instant. Des certifications douteuses ne remplacent pas des diplômes.Dans le supérieur, avec les MOOCs on voit une nouvelle carte des formations se dessiner.
L'éducation est un marché juteux.On voit arriver dans le monde scolaire des offres numériques d'enseignement prêtes à l'emploi.
Aucun mooc ne permet cela.La mondialisation peut-elle gagner le scolaire ?
A vrai dire les MOOCs ne sont pas vraiment innovants. Mais ils peuvent permettre de consacrer plus de temps aux étudiants à partir du moment où les cours sont enregistrés.
Par définition, dans un mooc, un professeur ne peut s'occuper de centaines ou de milliers d'inscrits.
C'est exactement ce que veut faire Coursera : monétiser les données de ses étudiants (données personnelles, niveau etc.)L'innovation viendra le jour où les Moocs et les réseaux de recherche d'emploi croiseront leurs données.
Quel avenir brillant que celui d'études supérieures au service du marché de l'emploi ! On ne s'étonnera pas que les humanités n'y trouvent qu'un place réduite.
Mais tout ceci est au futur... Un peu comme les prophéties à propos des univers virtuels en 2007, du type "Second Life"...Quand on pourra attester que tel MOOC a un bon taux d'insertion dans la vie active. Là cela créera une nouvelle concurrence dans un système universitaire déjà concurrentiel.
Grand bien leur fasse !Dans le secondaire, ce qui pourra faire bouger les choses c'est si de la même façon une entreprise arrive à réunir contenus et validation. Des gens pourront s'en emparer pour créer leur école.
Voilà qui est dit.Avec le numérique la machine pourra remplacer l'enseignant dans certaines taches...
Ou plus chères car les outils numériques ne sont pas gratuits.... et donc on pourra avoir des écoles moins chères.
Que ne se socialisent-ils pas avec les réseaux sociaux !Mais il y aura toujours besoin d'une école ne serait que pour socialiser les enfants.
Bon, du coup, la nécessité d'enseignants compétents dans une discipline se fait moins sentir : on entre encore un peu plus dans l'école garderie.
Ah quand même... Mais le dispositif D'Col pour les élèves en difficulté alors, avec deux heures d'écrans et des exerciseurs du CNED ?Pour les élèves en difficulté la solution sera toujours dans l'investissement humain.
Si les gens sont dupes. Heureusement certains travaillent activement à leur faire croire à ce miroir aux alouettes...Mais pour les enfants des classes moyennes le marché est considérable.
Évidemment comme on n'arrive pas à valider les formes d'intelligence les plus évidentes, il faut bien inventer de nouvelles formes.Cela changera-t-il la façon d'enseigner, les valeurs du système ?
On est là devant une autre facette du numérique qui touche à la nécessité de valider d'autres formes d'intelligence.
Curieux raisonnement qui subordonne l'école à un but économique, assez nébuleux qui plus est : "avoir une économie de l'innovation".Relisons P. Aghion et E. Cohen. Si on veut avoir une économie de l''innovation il faut des personnes capables d'imagination, susceptibles de suivre leurs intuitions.
Il faut être privilégier la créativité et laisser les élèves inventer l'orthographe, la syntaxe, l'histoire ou les tables de multiplication !Cela suppose une autre éducation et la reconnaissance d'autres valeurs dans el système scolaire que la répétition.
Il est vrai d'ailleurs que l'enseignement traditionnel a empêché la créativité... de tous ceux qui ont créé les nouvelles technologies !
Eh oui car la "pratique artistique" permet de préparer à "l'économie de l''innovation".Par exemple cela remet la pratique artistique à l'honneur.
Ce qui est surtout énorme, c'est que "dans la vie" personne n'est évalué ou payé en groupe.Ou encore la coopération. Pensez que même dans les TPE on finit par noter individuellement les élèves du groupe. A aucun moment dans l'éducation nationale on ne dit que la vie c'est faire avec les autres. C'est énorme !
Où il fait l'éloge des syndicats (supposés) progressistes auxquels il appartient ?Au final êtes-vous optimiste ou pessimiste sur l'avenir de l'Ecole ? Le système éducatif peut il vraiment changer ?
J'aime beaucoup la conclusion d'Antoine Prost dans son dernier livre.
Quelle idée de vouloir la même chose pour tous les élèves !Quand je regarde les salles de classe, l'imagination et l'énergie de certains, je suis très optimiste. Quand je les écoute raconter les bâtons dans les roues que l'administration dépose, l'obsession du partout pareil, je suis catastrophé.
Beaucoup de croyances, pour finir, chez Emmanuel Davidenkoff.Mais il faut être optimiste pour s'intéresser aux questions d'éducation. Je crois que l'Education nationale finira par libérer les énergies qu'elle a en elle même si cela ne conforte pas son modèle.
Le "consensus" dans la presse, c'est surtout des journalistes qui partagent le point de vue d'Emmanuel Davidenkoff. :Ce qui m'inquiète c'est que ces enjeux mériteraient un vrai débat public. La refondation aurait pu le permettre mais cela ne s'est pas produit. Le choc pisa n'est pas davantage venu. En fait il y a un consensus sur le système. Il est partagé même par ceux qui pâtissent du système. Il y a donc un gros travail d'explication à faire.
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Dans "EducPros" du 27/03/14 : "L'enseignement supérieur face à la révolution numérique"
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Je n'ai pas d'interprétation à ce glissement, ou plutôt : j'ai plusieurs interprétations qui ne me convainquent pas.
1- parler d'école est plus vendeur.
2- parler d'école permet de poser des jalons pour la suite
3- au sein du supérieur, les grandes écoles (ingénieurs et de commerce) sont plus exposées que les universités au tsunami numérique.
Quant au scénario, si vous voyez en quoi il consiste, je suis preneur d'un résumé. Ce que je vois, c'est plutôt une dénonciation d'archaïsme supposé.
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