Le salaire des enseignants

Un assez bon résumé, malgré la conclusion navrante : "« Les professeurs français ont perdu du pouvoir d’achat »" dans "Le Figaro" (03/02/15)



Et aussi : www.capital.fr/carriere-management/actua...-se-plaindre-1010066

Charbonnier dit: De plus, la faiblesse des salaires concerne avant tout les premières années d’exercice. En fin de carrière, les salaires des enseignants français sont comparables, sinon supérieurs, à la moyenne de l’OCDE. Ils constituent – avec la possibilité de travailler dans des établissements supposés moins difficiles – l’unique récompense de l’expérience.

Il me semble que cette affirmation est fausse, car elle s'appuie sur le salaire de la HC que tous les enseignants ne vont pas atteindre.

Mais ailleurs, en Italie ou en Espagne, les professeurs bénéficient d’un statut de fonctionnaire assez semblable à celui de leurs collègues français.

Le statut de fonctionnaire n'est intéressant que lorsqu'on veut contracter un emprunt. En dehors de cela, la garantie de l'emploi n'est pas d'un gros bénéfice en ces périodes de difficulté de recrutement : tout enseignant déjà dans le métier trouverait toujours un poste. Le statut de fonctionnaire porte par ailleurs des désavantages importants : les fonctionnaires ne bénéficient pas de tout le droit du travail, on peut être muté n'importe où sans pouvoir s'y opposer, la perte du poste n'ouvre pas droit aux allocations chomage, etc.

Oui, c'est vrai. Lu trop vite. Si le salaire à l'échelon maximum inclut la hors-classe, c'est problématique. De plus l'échelon maximum est atteint beaucoup plus tard en France. Enfin, on le voit bien, les salaires inférieurs ne concernent pas que "les premières années d’exercice" : c'est même pire au fur et à mesure de la carrière...

"Non, la prime des recteurs n’est pas un scandale". (5/01/15)
[...] Cette prime est une sorte de super treizième mois, sachant qu’un recteur gagne en moyenne 7500 euros par mois et bénéficie d’un logement

Le salaire des recteurs selon l'AEF sur Twitter : 9 193€ en 2012. Avec l'augmentation de la prime, le salaire des recteurs doit maintenant dépasser 10 000€.

Sur "Atlantico" du 12/02/15 : "Plus de vacances mais pas de revalorisation salariale : comment sortir les profs de la relation malsaine que l’Education nationale entretient avec eux" avec Jean-Louis Auduc.

Loys dit:

Et néanmoins :

Les enseignants sont en grève pour obtenir 5,5% d'augmentation. C'est en Allemagne où la grève touche cinq lander. Outre la revendication des 5,5%, les professeurs demandent une hausse plancher du salaire de 175 euros par mois.

Source : www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/...610505659512754.aspx

Publication de l'OCDE ce 19/03/15 :

www.keepeek.com/Digital-Asset-Management...eag-2014-31-en#page1
Ce schéma correspond à celui - détaillé par tranche d'âge - que nous proposions plus haut :

Un très étrange article des "décodeurs" du "Monde" ce 12/05/15 : "Les enseignants français, les plus maltraités d’Europe ?" Conclusion de l'article : "Sont-ils les « plus mal traités » en Europe ? Pas vraiment."

Quand on connaît un peu la question, les chiffres présentés ici semblent... aberrants.

Après vérification du "décodage" sur le site de l'OCDE (lien indiqué dans l'infographie ), le salaire indiqué ci-dessus en jaune n'est pas le salaire "au bout de 15 ans" mais... à l'échelon maximum (atteint en France 9 ans en moyenne après les autres pays européens) !

Les conclusions initiales de l'article sont donc totalement fausses ("Au bout de quinze ans de carrière, un professeur des écoles français est nettement mieux payé que ses collègues de ces pays, et revient dans la moyenne haute, avec un traitement équivalent à ceux des Portugais, Belges, Néerlandais ou Espagnols. Mais moindre par rapport aux enseignants allemands"). Même erreur pour le premier cycle du secondaire ("2. Premier cycle : mal payés en début de carrière, dans la moyenne au bout de quinze ans") et pour le second cycle du secondaire ("Le même phénomène se répète pour le 2e cycle : plutôt en bas de tableau en début de carrière, les enseignants français se rattrapent après quinze ans de service"). A 15 ans de carrière, au contraire, les enseignants français sont précisément encore plus mal payés qu'en début de carrière !

Si l'on en croit le premier tableau du "Monde", le salaire statutaire d'un professeur des écoles au bout de 15 ans de carrière serait de $48.916, soit (au taux de change moyen de 2011) 3.146€. En réalité, selon l'OCDE, ce salaire est de $33.152, soit 2.132€ à 15 ans d'ancienneté (et en début de carrière 1649€). "Le Monde" a tout simplement enrichi les professeurs des écoles de près de 50% !

Conclusion : une grosse étourderie, une contre-vérité grossière dans les chiffres et dans les conclusions de l'article et un erratum très peu éthique le lendemain puisqu'il accuse l'OCDE :

une erreur dans les colonnes de données de l’OCDE nous a conduit à donner mardi 12 mai des tableaux erronés dans un premier temps, figurant non les salaires à 15 ans, mais les salaires maximums. Nous avons refait depuis les graphiques et les conclusions qui s’en suivent.

Et la nouvelle conclusion fait sourire :

M. Le Maire n’a donc pas tort en dénonçant des enseignants français mal rémunérés. Mais il exagère en parlant de « plus mal traités » d’Europe : les enseignants grecs, slovaques, polonais ou tchèques restent, à parité de pouvoir d’achat, moins bien traités.

Une erreur aussi grossière montrant une certaine déconnexion avec le monde réel. A ce sujet, relire après coup cette réplique cinglante d'un des "Décodeurs" sur Twitter :

L'erreur des décodeurs a été corrigée d'une bien étrange façon :
- ils ont rejeté la faute sur l'OCDE, qui aurait fait une erreur dans les colonnes de ses tableaux,
- ils planquent leur erratum au milieu de leur article.
- ils ne citent évidemment pas celui qui leur a sonné les cloches
Bien joué les artistes !
Sinon, comment explique-t-on la différence dans le graphique entre primaire et maternelle, alors que c'est le même corps de fonctionnaire ?

Bon résumé...
Pour mon graphique, c'est normal : c'est un ratio.

Loys dit: Pour mon graphique, c'est normal : c'est un ratio.

Oui : en France, les profils de rémunération doivent être semblables, mais en Europe, ce n'est pas le cas, donc le ratio diffère.
J'aurais dû y penser.

www.lemonde.fr/politique/article/2015/05..._4641265_823448.html

www.lejdd.fr/Politique/Les-fonctionnaire...payes-en-2016-737512

Dans "VousNousIls" du 30/06/15 : "Salaires enseignants : des différences « significatives » entre hommes et femmes"

Et quand les salaires des enseignants s'invitent (déjà) dans le débat de la présidentielle 2017, leur augmentation éventuelle n'est pas synonyme de revalorisation :

Alain Juppé dit: Oui, il faut augmenter de 10 % les salaires de nos enseignants dans le primaire. En contrepartie, ils doivent être plus présents dans l’établissement, et plus disponibles pour les élèves et leurs parents.

Source : www.leparisien.fr/politique/alain-juppe-...-08-2015-5023097.php

Dans le "Café" du 29/08/15 : "Les enseignants champions des baisses de salaire"

Dans le "Nouvel Obs" on sent que la rentrée approche : "Combien sont vraiment payés les profs ?" (30/08/15)



Et dans "Charlie Hebdo" de la rentrée (?), par Guillaume Erner :

Note d'information n°31 de la DEPP (octobre 2015) : "La rémunération des enseignants du MEN : en 2013, le salaire net moyen diminue de 1 % en euros constants"

Eurydice : "Teachers' and School Heads' Salaries and Allowances in Europe 2014/15" (septembre 2015)

Par contre , la ministre a débattu avec l’opposition sur les salaires enseignants. « Ce qui nous distingue de l’opposition », a dit N Vallaud Belkacem, « c’est que j’estime qu’il faut augmenter les enseignants mais que ça ne peut pas se faire avec un budget contraint ». La ministre a souligné le fait qu’augmenter les enseignants en réduisant leur nombre se ferait aux dépens des élèves. « Il faut se donner les moyens budgétaires d’assumer la hausse de la rémunération des enseignants », a-t-elle dit. Pour elle, l’acceptation par le premier ministre du protocole PPCR « permet d’entrer en négociations pour que le premier degré et le second degré se rapprochent ». La ministre a confirmé l’augmentation de l’ISAE, une prime versée aux enseignants du primaire, en 2016 mais sans en dévoiler le montant.

Dans le "Café" : www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/...812265944176148.aspx

Dans le "Café" du 25/11/15 : "Ocde : Les enseignants français parmi les moins considérés"

La situation des enseignants français s'écarte de celle des autres pays développés. "En France, les enseignants du primaire et du secondaire ont des salaires statutaires nettement inférieurs à la moyenne de pays de l’OCDE", affirme l'OCDE. Les chiffres parlent d'eux mêmes. En moyenne, dans les pays de l’OCDE, le salaire statutaire (c’est-à-dire primes et paiement des heures supplémentaires non inclus) des enseignants ayant au moins 15 ans d’exercice à leur actif s’établissait en 2013 à 38 653 $ (contre 33 500 $ en France) dans l’enseignement préprimaire, à 41 245 $ (contre 33 500 $ en France) dans l’enseignement primaire, à 42 825 $ (contre 36 589 $ en France) dans le premier cycle de l’enseignement secondaire (collège) , et à 44 600 $ (contre 36 897 $ en France) dans le deuxième cycle de l’enseignement secondaire (lycée). Cette moyenne Ocde se construit avec des pays moins riches comme le Mexique, la Slovaquie ou la Pologne par exemple.
La crise économique a détérioré les revenus des enseignants en général. Parfois de façon très brutale comme au Portugal. En France le revenu a baissé entre 2010 et 2012 selon l'Ocde.
Travailler plus pour gagner moins ?
La seule façon dont les enseignants peuvent espérer améliorer leur sort c'est en accumulant les heures supplémentaires et les primes. Le cas de l'ISOE et de l'ISAE est bien connu : la prime du secondaire est trois fois plus élevée que celle du primaire, ce qui creuse l'écart. Les heures supplémentaires l'augmentent aussi. Au final les enseignants du second degré se rapprochent des moyennes Ocde. Pas ceux du premier degré.
Or les enseignants du premier degré travaillent nettement plus que leurs collègues du second degré et que les professeurs des écoles des autres pays. "Il n’y a qu’en France et en Turquie où les enseignants donnent 30 % d’heures de cours de plus par an dans l’enseignement primaire qu’au collège", écrit l'Ocde. "En France, les enseignants du primaire sont 924 heures devant les élèves par an, soit 152 heures de plus que la moyenne de l’OCDE, qui s’établit à 772 heures et 276 heures de plus par rapport aux enseignants certifiés qui exercent dans le secondaire en France". L'année dernière l'Ocde avait dénoncé l'écart entre le primaire et le secondaire en France. Cela n'a pas changé.

Comment diviser les enseignants.

Or les enseignants du premier degré travaillent nettement plus que leurs collègues du second degré

Il serait bon de ne pas réduire le temps de travail aux obligations de service...
Il n'est qu'à consulter le temps de travail total des enseignants du second degré, selon l'enquête mené par le MEN en 2013.
Il est indéniable que le salaire des enseignants du primaire n'est pas "digne", pour reprendre le terme d'un ancien ministre de l'Education. Mais ce n'est pas l'écart avec les collègues du secondaire qui est scandaleux, c'est l'écart avec les homologues de l'Union européenne : "En France, les enseignants du primaire et du secondaire ont des salaires statutaires nettement inférieurs à la moyenne de pays de l’OCDE".
L'OCDE ne permet par exemple aucune comparaison avec les primes et les heures supplémentaires des enseignants du secondaire dans les autres pays...

"PISA à la loupe" : "Qui veut devenir enseignant ?" (décembre 2015)
25% des jeunes de 15 ans espèrent devenir enseignants en Corée, 5% en moyenne de l'OCDE, moins encore en France.

Dans le "Café" (avec erreur de lecture) : www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/...858447721669168.aspx
Dans "VousNousIls" : www.vousnousils.fr/2015/12/23/les-jeunes...n-leurs-profs-580810

En brut :

En % du PIB (permettant de mieux mesurer l'effort national) :