Les pratiques de lecture de la jeunesse

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24 Mai 2012 09:35 - 26 Mar 2023 10:27 #676 par Loys
Les pratiques de lecture



Éléments de synthèse :
- Ministère de la Culture : "Enquête sur les pratiques culturelles des français : évolutions 1973-2007"
www.pratiquesculturelles.culture.gouv.fr/evo-resultat.php


Voir aussi cet article qui commente cette évolution : "L’évolution des pratiques de lecture à l’aune des dynamiques générationnelles et des pesanteurs sociales" par Hubert Gullaud le 11/01/12.

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Une des assertions les plus tenaces de la modernité numérique, c'est d'affirmer qu'avec internet jamais l'écriture et la lecture n'ont ont été autant pratiquées par les élèves. Bref, internet revivifierait des enseignements sclérosés en leur redonnant un sens. Il y aurait beaucoup à dire.
Mais commençons simplement par la lecture. N'importe quel professeur sait que ce n'est malheureusement pas le cas. La lecture des œuvres littéraires, demandant du temps et de la patience, une curiosité active, de la concentration, du silence et de l'isolement, devient une chose presque incompréhensible à l'ère de la connexion, du zapping, de la sollicitation externe et de la passivité permanentes. Nombreux sont les élèves qui traversent la scolarité sans avoir lu véritablement une seule œuvre littéraire, au collège ou au lycée.
Mon expérience "Comment j'ai pourri le web" montrait à sa manière ce phénomène : le poème, certes d'un auteur baroque, était court et facilement compréhensible du point de vue lexical. Et pourtant de nombreux élèves de Première ne l'ont pas compris au sens littéral (je ne parle même pas de l'interprétation) : ils ont préféré faire confiance à un corrigé qui faisait de grossiers contresens de lecture.
Un rapport PISA vient d'être publié qui confirme les problèmes grandissants des élèves français face à la lecture. En prolongement ce lien vers l'analyse des habitudes de lecture des jeunes de 15 ans dans PISA 2009 : dx.doi.org/10.1787/888932360195
Heureusement, pour le Café pédagogique et les auteurs de La lecture au collège. Bilan des évaluations PISA (CNDP 2012), la raison est toute trouvée. Ce sont les enseignants eux-mêmes !

L'ouvrage tente de comprendre comment les jeunes français en sont arrivés là en analysant dans le détail les données PISA. Et la première caractéristique des élèves français c'est le fort pourcentage de non réponse.. Il dépend des questions posées mais pour celles où on demande de réfléchir et d'évaluer un texte cela atteint la moitié des élèves. Les élèves se protègent en ne répondant pas aux questions qu'ils jugent les plus difficiles. Ainsi les questions sur des textes longs ou croisant les domaines, celles où on demande de justifier ou une opinion personnelle sont fuies par les jeunes français.
C'est là où se fait le lien entre les résultats médiocres des jeunes français et les pratiques de classe. Anne Vibert, inspectrice générale, Hélène Moreau, professeur de lettres et Christian Mendivé, IPR, proposent des explications. "Force est de constater que le comportement des jeunes français...est le reflet des pratiques scolaires", notent-ils. "Pour beaucoup d'élèves, lire un etxte en classe revient à valider le sens établi par le professeur par avance, leur parole ne venant que timidement illustrer des axes d'interprétation convenus à l'avance. L'exercice d ela lecture n'a plus pour but l'élucidation et al construction du sens... Pour beaucoup d'élèves, le texte littéraire n'est plus uen voix éclairée dans la connaissance de soi et du monde mais un support stérile, une conscience morte". Du coup, pour nombre d'élèves lire et écrire restent "des efforts douloureux". Les auteurs déplorent le fait que les élèves soient trop accompagnés dans leur lecture. soit par des questionnaires soit par la lecture de l'enseignante.

A lire aussi : "Les jeunes passent 24 fois plus de temps devant un écran qu'avec un livre" (VousNousIls" du 10/11/2011)

2018 : www.culture.gouv.fr/Sites-thematiques/Et...-en-France-CE-2020-2

cf twitter.com/search?q=droits%20du%20lecteur&src=typed_query
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24 Mai 2012 12:22 - 04 Déc 2022 14:54 #677 par Loys
Commentons un peu, car les mots ont un sens.

Les élèves se protègent en ne répondant pas aux questions qu'ils jugent les plus difficiles.

Toute une vision de l'enseignement conçue donc comme une agression. Et en définitive une apologie du renoncement face à la difficulté.

Ainsi les questions sur des textes longs ou croisant les domaines, celles où on demande de justifier ou une opinion personnelle sont fuies par les jeunes français.

La longueur est donc une "difficulté" en elle-même : ce n'est par conséquent pas l'enseignement qui est en cause, mais la littérature elle-même, qui a la mauvaise idée d'être composée majoritairement de pièces de théâtre en trop d'actes ou de romans en trop de chapitres. Combien de collègues de lettres sont de plus en plus contraints de choisir désormais les œuvres à étudier systématiquement parmi les plus courtes ?

Quant à l'incapacité de "justifier une opinion personnelle", elle vient nécessairement d'une crainte de mal faire, jamais d'une absence d'opinion personnelle procédant par exemple d'une méconnaissance, voire d'une ignorance de l’œuvre. :evil:

C'est là où se fait le lien entre les résultats médiocres des jeunes français et les pratiques de classe.

L'absence d'habitudes de lecture, la faiblesse généralisé des compétences de lecture, les sollicitations externes des écrans ne peuvent avoir aucune influence, bien sûr.

Anne Vibert, inspectrice générale, Hélène Moreau, professeur de lettres et Christian Mendivé, IPR, proposent des explications. "Force est de constater que le comportement des jeunes français...est le reflet des pratiques scolaires", notent-ils. "Pour beaucoup d'élèves, lire un texte en classe revient à valider le sens établi par le professeur par avance, leur parole ne venant que timidement illustrer des axes d'interprétation convenus à l'avance.

Cette conclusion est aberrante et justifie tous les discours relativistes actuels sur l'enseignement des lettres.

Comprendre littéralement ("lire") un texte n'a rien à voir avec l'interpréter : il s'agit d'élucider le sens des mots (dénoté et connoté), la syntaxe (liens logiques), les références culturelles, historiques etc., le sens explicite ou implicite. L'interprétation des textes n'est pratiquée au mieux qu'en toute fin de collège.

L'exercice de la lecture n'a plus pour but l'élucidation et la construction du sens...

Les collègues de français doivent se réjouir de lire de tels propos... :shock:

Pour beaucoup d'élèves, le texte littéraire n'est plus une voix éclairée dans la connaissance de soi et du monde mais un support stérile, une conscience morte".

S'ils ne savent pas comprendre littéralement un texte et n'en ont pas pris l'habitude dès le plus jeune âge, faut-il s'en étonner ? Ce n'est pas le texte littéraire qui est une "conscience morte", mais malheureusement l'élève qui ne sait pas le lire. Un champ n'est stérile que s'il n'est pas semé.

Du coup, pour nombre d'élèves lire et écrire restent "des efforts douloureux".

D'autant qu'ils n'y sont pas exercés. Et encore une douleur infligée par une école qui blesse.

Les auteurs déplorent le fait que les élèves soient trop accompagnés dans leur lecture. soit par des questionnaires soit par la lecture de l'enseignante.

Surtout que le vrai drame est le suivant : la lecture n'existe de plus en plus que dans le seul espace scolaire, dernier bastion de résistance culturelle et intellectuelle. :|

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Dernière édition: 04 Déc 2022 14:54 par Loys.

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26 Mai 2012 15:17 #704 par nola
Je me permets de réagir, partagée entre la satisfaction de constater un intérêt pour ce genre de publication pédagogique qu'est « La lecture au collège Le bilan des évaluations PISA » , et consternée par le relai de contre-vérités que votre article devient malgré lui.
Vous vous appuyez sur un compte-rendu du café pédagogique, que vous citez abondamment, pour mettre en cause trois des auteurs de l'ouvrage récemment paru au CNDP et précédemment cité . Pourquoi n'avoir pas fait plutôt le commentaire des textes de ces auteurs eux-mêmes ?
Vous auriez ainsi pu leur rendre les justices suivantes :
- l'article sur les non-réponses a justement pour but de prendre le contre-pied de l'idée communément répandue que le système français génèrerait une peur de l'erreur chez les élèves. Et il y parvient, je crois, et l'auteure est bien loin de prétendre que les élèves français ont un quelconque besoin de « se protéger », bien que des journalistes cherchent en effet à le lui faire dire, victimes eux-mêmes des poncifs.
- établir un lien entre les résultats de PISA et les pratiques d'enseignement relève purement et simplement du constat, et non de l'idéologie. L'idéologie, elle, consisterait à faire de PISA le modèle d'évaluation à suivre et les pratiques d'enseignement françaises celles à proscrire, ce qui une fois de plus n'est en aucun cas le propos des auteurs. Les enseignants appliquent les programmes et les mettent en œuvre de leur mieux, comme on les a formés à le faire. Et ceux, nombreux, qui étaient présents à la présentation de l'ouvrage, ont pu constater que faire des inspecteurs des détracteurs systématiques du monde enseignant, relève également d'une idéologie, répandue certes, mais totalement erronée.

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26 Mai 2012 15:44 - 07 Nov 2016 13:39 #707 par Loys
Bienvenue sur le forum.
Vous avez raison, je devrais me référer davantage à l'ouvrage d'origine qu'au compte rendu succinct et, à vous lire, erroné qu'en fait le Café pédagogique. Malheureusement, l'ouvrage n'est pas en accès libre. Notez que je ne mets pas en cause les auteurs, mais je porte un regard très critique sur les citations (présentées comme récapitulatives) qui sont tirées de l'ouvrage.
Je prends acte de votre première remarque, avec intérêt d'ailleurs, en regrettant encore une fois de ne pouvoir accéder à la source.
Pour la seconde, j'ai plus de mal à en saisir la logique. Que les pratiques d'enseignement puissent influer sur les résultats PISA, je peux en convenir, mais vous pourriez vous-même convenir de toutes les objections que j'ai pu formuler plus haut. Je pourrais citer encore un collègue présent à la table-ronde du CNDP :

Jean-Rémi Girard écrit: il y a un très sérieux problème de lecture chez les élèves français, repéré depuis fort longtemps par tous les gens un minimum honnêtes, et jusque dans les rapports du Haut Conseil de l'Éducation. A-t-on vraiment besoin d'en passer par toutes ces minauderies, toutes ces enquêtes et tout cet argent perdu pour ne même pas parvenir à mettre le doigt sur le problème majeur, à savoir les horaires de français en primaire et au collège, la quantité et la qualité de l'enseignement de la lecture et de la grammaire ?

Négliger ces objections, qui à mes yeux sont bien plus porteuses d'explication que les simples "pratiques d'enseignement" au collège, ce n'est donc pas faire un "constat". Je n'ai pas employé le mot "idéologie", notez-bien également.
Quant aux inspecteurs, croyez bien - pour ceux que je connais personnellement - qu'ils ont toute mon estime. ;)
Dernière édition: 07 Nov 2016 13:39 par Loys.

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26 Mai 2012 16:02 #708 par nola
Cher administrateur,
Je partage totalement le point de vue de celeborn sur l'école primaire, et j'avoue volontiers m'être exclusivement laissée porter dans ma réponse par l'agacement à voir relayés les propos que j'avais déjà lus avec consternation dans le café pédagogique. Je reste beaucoup plus circonspecte quant à l'inutilité de ces recherches. Je pense en effet qu'il faut en finir avec certaines idées reçues pour pouvoir défendre sinon de nouvelles en tout cas de moins populaires. S'appuyer sur des résultats objectifs d'une enquête comme PISA me paraît être un bon moyen. En revanche, ce genre d'évaluation, élaboré par un consortium international ne peut à lui seul remettre en question des pratiques d'enseignement qui ne sont pas motivées par la réussite de la France à PISA.

Je pense que l'ouvrage est disponible au CNDP mais je tiens avec plaisir à votre disposition, pour accréditer mes propos, le texte de la présentation de l'article sur les non--réponses.
Cordialement :-)

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26 Mai 2012 16:21 #709 par Loys
Merci pour cette mise au point, en tout cas.

N'hésitez pas à publier ici quelques extraits de votre article qui permettrait de mettre en perspective l'interprétation du Café pédagogique. Il se trouve que j'ai moi-même été amené à commenter un éditorial du Café pédagogique aujourd'hui. :mrgreen:

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17 Jui 2012 14:54 - 24 Aoû 2022 10:40 #896 par Loys
A lire sur le site du Café Pédagogique, "Lecture et fracture numérique" par Jeanne-Claire Fumet (11 juin 2012).


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Échange éloquent avec une future personnelle de direction sur Twitter, Delphine Barbirati, contestant la baisse de niveau et relativisant l'importance de la lecture : "les savoirs ont changé [...] le niveau baisse, c'était le cas quand j'étais élève... Alors ça me fait marrer". Interrogée sur ces savoirs plus importants que lire et comprendre un texte : "ben je peux comprendre sans lire. Deux compétences différentes [...] et je ne vois pas en quoi le faite ne pas lire "de manière fluide" devrait l'empêcher d'accéder à des savoirs."
Dernière édition: 24 Aoû 2022 10:40 par Loys.

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28 Jui 2012 08:26 - 26 Aoû 2013 15:39 #955 par Loucath
Bonjour Loys, bonjour à tous,
Cet article récent peut aussi vous intéresser :
Perdre son temps : la nouvelle fracture numérique
internetactu.blog.lemonde.fr/201 ... numerique/

Une fois l'accès aux technologies démocratisé, les enfants des familles les plus pauvres passent considérablement plus de temps que les enfants de familles aisées à regarder la télévision ou utiliser leurs gadgets pour regarder des émissions et des vidéos, pour jouer ou se connecter à des réseaux sociaux. Ce nouveau fossé, celui du "temps gaspillé" dépend plus, selon les chercheurs, de l'aptitude des parents à surveiller et limiter l'usage des technologies par leurs enfants, que de l'accès à ces mêmes technologies.

Dernière édition: 26 Aoû 2013 15:39 par Loys.

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01 Sep 2012 21:21 - 19 Nov 2014 15:31 #1238 par Loys
Merci Loucath ! ;)
je reposte l'article ici :

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Dernière édition: 19 Nov 2014 15:31 par Loys.

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01 Déc 2012 08:56 #2083 par Loys
A lire sur "RSLN" ce 30/11/12 : "Biblioconnection : redécouvrir la lecture grâce au numérique" .


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