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Le redoublement
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Et : www.lexpress.fr/education/pour-ou-contre...blement_1648233.html
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- Loys
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Donc la loi supprime de facto le redoublement mais sa suppression suivrait une "évolution lente" ?Le jury sait que la simple suppression du redoublement ne résoudra pas le problème". Pour André Tricot, président du jury réuni par le Cnesco et l'IFé, "il ne s'agit pas de dire qu'à la rentrée 2015 le redoublement c'est terminé". A l'issue de la conférence de consensus, le Cnesco propose une évolution lente vers la suppression du redoublement grâce à des expérimentations concrètes qui devraient permettre d'apporter une réponse aux difficultés des élèves.
On voit qu'il y a ici une contorsion du CNESCO pour justifier sa "conférence de consensus" rendue inutile par le décret de 2014.
Mais n'est-ce pas pénaliser les élèves en difficulté par une notation traumatisante et des rythmes scolaires non respectés ?Deux propositions émergent : un examen de rattrapage durant l'été et le suivi sur trois ans par le même professeur des élèves du cycle 2.
Penser qu'un élève qui n'a pas atteint un niveau donné pendant l'année scolaire puisse miraculeusement l'atteindre au cours de l'été est très irréaliste...
Un décret ne décrète pas ?Le 4 février, Nathalie Mons, présidente du Cnesco, Michel Lussault, président de l'IFé, et André Tricot ont présenté les recommandations du jury de la conférence de consensus réunie fin janvier. "C'est optimiste de dire qu'un décret peut supprimer le redoublement. Sa fin ne se décrète pas", explique Nathalie Mons.
Qui serait bien inutile..."On ne produit pas de circulaire", a prévenu Michel Lussault.
On comprend à cette phrase qu'aucune réponse institutionnelle ne sera proposée en contrepartie de la suppression du redoublement.
Faisons "bouger les lignes" !A la place le jury propose des expérimentations susceptibles de faire bouger les lignes sur le terrain.
A noter qu'elles ont déjà bien bougé, s'agissant du redoublement depuis des décennies :
Les "propositions" non contraignantes sont au mieux des vœux pieux, au pire des alibis de la suppression du redoublement."On est à un moment charnière où par des propositions on peut faire avancer le système éducatif", croit M Lussault.
Expérimentons donc à l'avenir : ce n'est pas comme si le redoublement avait été divisé plusieurs fois depuis quelques décennies.Suivre ses élèves en cycle 2
Le Cnesco entend d'abord jouer sur l'organisation de la scolarité. Il propose d'expérimenter le suivi de classe sur tout le cycle 2.
Le maître ne choisirait donc plus le niveau où il enseigne ?Pendant 3 ans, les écoliers ne pourraient pas redoubler mais suivraient d'année en année le même maitre.
C'est le même CNESCO qui expliquait que le redoublement était voué à l'échec puisque l'élève était amené à apprendre de la même façon l'année de redoublement ?Pour le Cnesco ce procédé améliore les résultats scolaires car professeur et élèves se connaissent bien.
Donc, en les obligeant à suivre le même rythme que les élèves sans difficulté, on permet aux élèves en difficulté d'avancer à leur rythme.Cela supprime le mois nécessaire à la prise en main de la classe en début d'année. Les élèves savent aussi mieux coopérer. Les conditions d'enseignement sont meilleures. Surtout le temps scolaire s'étale sur trois ans et permet aux élèves d'avancer à leur rythme au lieu de devoir affronter chaque fin d'année la perspective du redoublement.
La double pensée est de retour !
La panacée universelle. Que n'y avait-on pensé avant !Cette proposition du Cnesco devrait prochainement devenir expérimentation. Elle repose aussi sur l'idée que l'aide aux élèves doit venir de la classe et se dérouler dans la classe. Le professeur "des apprentissages fondamentaux" devrait bénéficier d'une formation pédagogique.
Les établissements financent les redoublements ?Un autre aspect systémique est mis en avant par le jury. "Les établissements peuvent réinvestir dans les mesures de lute contre la difficulté scolaire les économies réalisées grâce à la limitation du redoublement". C'est exactement le contraire de la logique actuelle qui fait qu'en supprimant le redoublement on perde des élèves et donc des moyens.
Et sinon ?Proposer un examen de rattrapage
La seconde grande proposition du Cnesco c'est l'examen de rattrapage en septembre. Ce dispositif est déjà très fréquent en Europe et souvent couplé avec des écoles d'été. L'examen est destiné aux élèves suscptibles de redoubler. Si l'élève réussit l'examen il passe dans la classe supérieure.
Trois semaines compensent donc une année d'échec !Pour le Cnesco cela a aussi l'avantage d'obliger les établissements à définir précisément les conditions du redoublement. Une école d'été, sur trois semaines en petit groupe et sur les fondamentaux, permet de se préparer à l'examen.
Les professeurs ont surtout des "représentations" (quel mépris des enseignants dans cette formule) négatives de sa suppression que les mesures proposées ici ne sont pas près d'inverser.La troisième proposition du Cnesco vise à changer les représentations, très positives, que les professeurs, élèves et parents ont du redoublement.
Ah... les mallettes pédagogiques...Il proposera des mallettes destinées au chef d'établissement et à l'association de parents d'élèves sur le redoublement.
Parce que les enseignants peuvent enfreindre la loi ?Prendre le chemin du terrain
La démarche du Cnesco et de l'IFé interroge forcément le ministère qui a publié en novembre 2014 un décret n'autorisant que les redoublements demandés par les parents ou ceux qui font suite à une interruption des études. Mais pour le Cnesco aucun décret ne peut venir à bout d'une pratique perçue comme légitime par les enseignants, les parents et les élèves.
Et ce n'est pas un décret qui va aider les élèves faibles à remonter leur niveau.
Ah... et moi qui croyais naïvement que l'objectif était d'aider les élèves en difficulté.Le Cnesco entend prendre un autre chemin pour atteindre le même objectif, supprimer le redoublement.
C'est scien-ti-fique, on vous dit !En expérimentant des dispositifs d'aide ou en revoyant l'organisation du système éducatif, il espère débloquer un système éducatif jusque là sourd à toutes les démonstrations des chercheurs.
D'ailleurs, le taux de retard en 3e, divisé par deux en vingt ans, a produit de très bons résultats comme tout le monde peut le constater scientifiquement.
Tiens, tiens... Phrase à relire dans quelques années."Dans les pays qui se sont contentés d'imposer l'interdiction du redoublement sans mettre en place des solutions alternatives, cette pratique... s'est réinvitée", explique le Cnesco.
Pour le "cycle infernal" de l'échec scolaire, on attendra.C'est tout le pari du Cnesco et de l'IFé de casser le cycle infernal du redoublement.
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A partir de la rentrée prochaine, le redoublement ne sera plus possible ce qui signifie que les conseils de classe devront accepter le passage de tous les élèves. Au collège, et sans doute en primaire dont je connais moins bien le fonctionnement, cela ne devrait pas soulever de difficultés puisque, Loys ne cesse de le rappeler, le redoublement a déjà quasiment disparu(1).
Mais c'est surtout dans les classes de 3e et 2de, là où le conseil de classe restait "souverain" (sauf recours devant le chef d'établissement ou en appel) que la situation va changer. Comme le redoublement ne sera même plus une éventualité (ce qui devrait se matérialiser par sa suppression dans les "cases à cocher" du dossier d'orientation) les Conseils devront donc proposer à tous les élèves un passage en Seconde, professionnelle ou GT, pour les 3e; en Première, professionnelle ou GT, pour les Seconde.
Or, que feront les équipes enseignantes, confrontées à un élève dont les résultats leur sembleront, en conscience, rendre sa réussite en voie Générale ou Technologique trop incertaine (j'utilise à dessein le vocabulaire euphémisant de notre institution) ? Ils devront soit, au nom de l'école de la bienveillance, laisser un élève en graves difficultés scolaires aller au lycée GT (en langue pédagoinstitutionnelle, envoyer un élève vers un échec certain, ça s'appelle "lui laisser sa chance"), soit utiliser la voie Professionnelle pour lui signifier l'impossibilité de la voie GT. Passons sur le fait que c'est aller à l'encontre du discours officiel (et hypocrite) sur la revalorisation de la voie professionnelle. Et voyons plutôt ce qui se passera alors. Très probablement, incrédules devant la proposition du conseil (qu'ils n'auront pas vu venir puisque leur enfant, depuis le CP, a des "en cours d'acquisition" dans toutes les pseudos-compétences et qu'il n'a jamais, et pour cause, redoublé) les parents choisiront de refuser la voie professionnelle et se replieront sur l'alternative que l'institution leur offre : le redoublement. Lequel ne sera en effet possible qu'à l'initiative (et pas à l'acceptation) des familles dans une stratégie explicite d'orientation.. Au total, il est ainsi possible que rien ne change (ce qu'a pu vouloir dire la CNESCO dans le texte cité par Loys).
On peut ainsi penser que la suppression du redoublement va surtout ... vider les lycées professionnels, remplir les lycées GT d'élèves qui n'ont rien à y faire, voire accroître le décrochage. Car que deviendra un élève de 3e qui aura redoublé pour "éviter" le lycée pro et qui, à l'issue de son redoublement, n'aura toujours ni les moyens d'aller au lycée GT, ni l'envie d'aller dans la voie pro ?
Reste un point à soulever.. Aujourd'hui, pour simplifier, en Seconde, au moins dans mon lycée, les élèves très faibles sont réorientés, les faibles redoublent, les moyens passent.. Pour que le redoublement baisse vraiment en Seconde, comme on vient de voir qu'il sera encore utilisé par les familles pour éviter la voie pro, il faut impérativement que les autres redoublants actuels (les "faibles" sans projet pro) ... passent.
Cela met une pression sur les équipes enseignantes et particulièrement sur les Chefs d'établissement. Il leur reviendra en effet soit d'assumer de laisser passer un élève aux moyennes désastreuses, soit de convaincre des familles qui rêvaient que Doudou devienne chirurgien ou ingénieur qu'un bac pro chauffagiste n'est pas une mauvaise solution (et ça n'en est effectivement pas une mauvaise). Bien entendu, ils essaieront (les proviseurs j'entends) de déléguer cette pression sur d'autres : les professeurs principaux, au charbon quand il s'agit du dialogue avec les familles d'autant plus depuis la quasi suppression des COPsy), les enseignants qui, s'ils faisaient vraiment réussir leurs élèves, rendraient les choix plus simples.
"Faire vraiment réussir les élèves", en langage-proviseur, ça veut dire "mettre des bonnes notes", ou valider des compétences acquises (c'est kif-kif, non ?). Et oui! Car si les élèves faibles avaient quand même des bonnes notes, on pourrait, sans problèmes de conscience majeurs, les laisser passer.. Le problème, pour l'institution, n'est pas la difficulté révélée par la mauvaise note, c'est la mauvaise note. Ces gens-là construiraient les villes à la campagne pour résoudre les problèmes urbains.
Il ne s'agit pas là d'une vue de l'esprit ou d'une objurgation de quelque Cassandre. Il y a quelques semaines, nous avons eu l'honneur, dans mon lycée, d'être convié à un "séminaire sur l'évaluation". En plein bla-bla médiatique sur la suppression des notes, un temps de réflexion avec une bardée d'inspecteurs ne me déplaisait pas, étant moi-même ouvert depuis longtemps à une réflexion sur le sujet. Mais finalement, au lieu d'un échange sur la docimologie, des retours d'expériences, etc. - qui aurait pu être intéressant - on a eu droit, après un propos liminaire de notre proviseur sur l'intérêt d'une réflexion sur nos pratiques (merci Chef ! ) à un exposé d'un IG, visant à nous démontrer, avec toute la crédibilité scientifique qu'apportent des graphiques en nuages de points, des tableur excel, des power point, que ... nous mettions trop de mauvaises notes en Seconde. Par "nous" j'entends non pas les enseignants en général, mais nous les enseignants de mon lycée. On (le Rectorat) nous reproche en effet depuis longtemps d'avoir des taux d'échec trop importants, c'est-à-dire, au-dessus de la sacro-sainte moyenne académique (à laquelle je dénie toute validité) puisque nous n'envoyons en Première GT"que" 80 à 85% de nos élèves de Seconde.
Précisons, pour les non-familiers de notre Chère Institution, que"taux d'échec", ça signifie : redoublement + réorientation. Un élève de Seconde qui ne réussit pas, qui après avoir "tenté sa chance" en Seconde s'y ennuie, et estime qu'il vaut mieux aller en voie professionnelle, nos honorables dirigeants appellent ça un échec.
(1) A ce sujet, une question : si les études condamnant le redoublement se fondent sur l'examen des cohortes de redoublants (et déplorent qu'ils ne soient pas devenus subitement de bons élèves, ce qui pourtant n'est guère étonnant), existe-il des études portant sur ceux qui "passent" malgré avis négatif du conseil de classe (suite à "discussion" avec le chef d'établissement ou décision de la commission d'appel) ? En réalité, c'est une fausse question, je suis certain qu'une telle étude n'existe pas.. Pourquoi
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- Loys
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Pour le reste, seront certainement données les mêmes instructions pour le passage en première GT que pour le passage de la 3e en seconde GT : un ancien chef d'établissement m'a ainsi expliqué que des taux de passage fixés à l'avance étaient pour eux des objectifs à atteindre. Les chiffres montrent déjà que le passage en seconde GT connaît un record actuellement.
Le résultat risque en effet d'affecter les lycées professionnels.
Je vous renvoie à cet article.(1) A ce sujet, une question...
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- Loys
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En contrepoint, cette vidéo intéressante sur le paradoxe de Simpson (et le facteur de confusion) prenant pour exemple... le redoublement....sous le couvercle la marmite boue (sic) toujours.
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- Loys
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Car, en fin de cycle, la question du niveau ne se pose évidemment pas !Cette réforme signe-t-elle la fin du redoublement ?
Si on admet que l'idée est de faire progresser les élèves dans un cycle, puis de les faire progresser dans un autre pour les mener, in fine, à la fin du cycle de scolarité obligatoire, la notion de redoublement n'a plus de sens. Elle n'est plus à considérer comme la solution pour remédier aux difficultés scolaires. Il ne servira à rien de faire redoubler un élève en CP alors qu'on sait que nous avons encore le CE1 et le CE2 pour amener l'enfant le plus loin possible dans les objectifs de ce cycle. Il existe d'autres manières d'identifier ces difficultés et d'accompagner les élèves. Le redoublement doit être limité à quelques cas très particuliers.
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- Loys
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Et dans le "Café" : "Primaire : L'avenir scolaire reste marqué par les inégalités sociales"
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- Loys
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Mais c'est sans doute très secondaire...
En supprimant totalement le redoublement, on mettra un terme à cette intolérable (et coûteuse) inégalité qui veut qu'on donne du temps aux élèves qui en ont besoin !Même si aujourd’hui le redoublement reste exceptionnel, les élèves qui conjuguent plusieurs facteurs, tels qu’un milieu social défavorisé, une famille monoparentale, une mère peu diplômée sont davantage touchés par le redoublement que les autres.
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Maintenant, "tout le monde passe" mais les inégalités existent toujours, voire s'aggravent et les enfants ainsi maltraités par les injonctions de l'institution n'ont plus qu'à désespérer.
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