La réforme de l'évaluation

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22 Sep 2014 14:17 - 22 Sep 2014 21:47 #11777 par Loys
Réponse de Loys sur le sujet La réforme de l'évaluation

Face aux dif­fi­cul­tés d'un grand nombre d'élèves lors de leur ren­trée en 6ème, ce petit établis­se­ment du Gers a décidé de mener une réflexion col­lec­tive et d'instaurer un nou­veau sys­tème d'évaluation qui rem­pla­ce­rait les notes .

La cause des difficultés est implicitement désignée d'emblée : c'est la notation qui cause l'échec scolaire. Attention : la "réflexion collective" est souvent pilotée par le haut. :mrgreen:

« L'administration, la direc­tion et les équipes péda­go­giques se sont concer­tées pour la mise en place d'un nou­veau dis­po­si­tif en réponse aux lacunes et au manque de moti­va­tion des élèves », explique Catherine Lasserre, prin­ci­pale du col­lège depuis cette ren­trée. Les tra­di­tion­nelles notes ont donc laissé place à un sys­tème de points, rouges ou verts.

Car les points ne sont pas des notes ! :santa:
A noter la précision de l'évaluation nouvelle mouture, devenue binaire. :santa:

Créée en 2010, cette inno­va­tion péda­go­gique...

Et quelle "innovation", comme on peut le voir sur ce fil ! :cheers:

... bap­ti­sée « Envie d'apprendre »...

Toute action pédagogique mériterait d'être baptisée, et si possible avec des intitulés aussi optimistes.

...n'a d'abord concerné que les classes de 6ème pour s'étendre pro­gres­si­ve­ment à l'ensemble du col­lège en 2013. Seule excep­tion, ces points de cou­leurs sont trans­for­més en notes pour les élèves de 3ème qui doivent obli­ga­toi­re­ment avoir une moyenne géné­rale lors de l'examen du bre­vet des col­lèges.

Il suffit de dire qu'ils ont zéro (rouge) ou vingt (vert) : où est le problème ?

Fini la peur du zéro pointé

Ah... le problème n'est donc pas tant la note que la mauvaise note. C'est vrai qu'un point rouge fait tout de suite moins peur. Et que le zéro (toujours "pointé" bien sûr, même si plus personne ne se souvient de ce que cela signifie) est très répandu chez l'ensemble des élèves.

« Nous nous sommes rendu compte que le cou­pe­ret de la note était démo­ti­vant pour l'élève », pour­suit Catherine Lasserre.

De la mauvaise note. Comprendre donc que la motivation doit venir de la note et non du désir de travailler de l'élève.
Par ailleurs on voit mal en quoi la note est un "couperet" pendant le parcours au collège unique...

Facteur de stress, la note entraîne sou­vent des ten­sions entre les enfants et les parents. « Désormais, il n'y a plus de pres­sion de la part des parents, qui ont rapi­de­ment constaté les avan­tages de la fin des notes ».

Eh oui, les points rouges (correspondant aux zéros pointés) sont un facteur de détente. :santa:

Les élèves sont aussi moins angois­sés à l'idée d'être évalués lors d'un devoir sur table.

Parce que les évaluations par points ne sont pas des évaluations ?
Quant à "l'angoisse", elle est surtout valable pour les élèves qui ne fournissent pas le travail nécessaire, surtout en 6e.

Et les parents sont ren­sei­gnés quo­ti­dien­ne­ment sur la pro­gres­sion de leurs enfants. « Nous sou­hai­tons redon­ner du sens à la notion de tra­vail.

En supprimant toute nécessité de travailler ! :santa:

Les élèves ne sont plus foca­li­sés sur leurs notes. » Lors des conseils de classe, la direc­tive reste la même, don­ner aux élèves une meilleure image d'eux-mêmes.

En les illusionnant sur leur propre niveau, donc.

Plus de clas­se­ment et plus de com­pé­ti­tion, l'attention est por­tée exclu­si­ve­ment sur la pro­gres­sion et l'autonomie de chaque élève.

Quel "classement" et quelle "compétition" dans le collège unique ? :scratch:

Une double évaluation
Les cor­rec­tions au stylo rouge dans la marge ont dis­paru...

Pratique : à adopter pour que le professeur soit moins angoissé par son paquet de copies ! :doc:

... les élèves sont évalués sur leurs com­pé­tences...

Parce que les notes empêchent d'évaluer les compétences ? :scratch:
Et les connaissances, au fait : comment peut-il y avoir compétence sans connaissance ?

... et sont plus auto­nomes face à leur tra­vail.

Livrés à eux-mêmes, disons plutôt...

Selon la prin­ci­pale, le dis­po­si­tif a per­mis de modi­fier les pra­tiques péda­go­giques « mais aussi de voir appa­raitre une nou­velle rela­tion entre les élèves et les pro­fes­seurs. Les com­pé­tences des enfants sont mises en avant et ils se sentent plus en confiance à l'intérieur d'une salle de classe ».

Parce que la note empêche la confiance ? :shock:

A la fin du contrôle, l'élève s'attribue de deux points rouges à deux points verts, selon la dif­fi­culté de l'exercice et son res­senti.

:shock:
Le "ressenti", voilà une évaluation fine et précise, surtout quand elle vient de l'élève lui-même ! Enfin : l'auto-évaluation décharge le professeur d'une partie de son travail et c'est aussi bien !

Cette auto-évaluation vient com­plé­ter l'appréciation du pro­fes­seur.

Pas en rouge, j'espère. Danger de grave traumatisme psychologique.

Si des lacunes per­sistent, l'élève peut tra­vailler sur ses points faibles et se faire rééva­luer quand il le sou­haite.

Dans le système d'évaluation par notes, c'est tout à fait proscrit. :xx:

« Le pro­fes­seur n'est pas là pour péna­li­ser l'élève mais pour lui expli­quer ses dif­fi­cul­tés.

Parce qu'avec la note le professeur est là pour pénaliser l'élève ? :shock:
Et en quoi un point rouge est-il moins pénalisant ? :scratch:
Et sans annotation dans la marge, c'est toute de suite plus utile pour progresser...

Cette méthode per­met aussi de voir si l'enfant a plu­tôt ten­dance à sous-estimer ou à sur­es­ti­mer son travail. »

Et accessoirement de masquer l'échec scolaire, ce qui est bien pratique quand il devient criant.
A noter que l'évaluation sans note (autant dire l'évaluation binaire) devient ici une "méthode pédagogique".

L'expérimentation semble fonc­tion­ner et réus­sir aux élèves du col­lège Gabriel Seailles.

Le modalisateur relativise l'affirmation.

Depuis sa mise en place, de nom­breux chan­ge­ments ont été consta­tés en termes de réus­site et d'orientation. « Nous assis­tons à une baisse des redou­ble­ments et du taux de réorien­ta­tion après la classe de 4ème.

Il n'y avait pas besoin d'une telle réforme pour obtenir une baisse des redoublements : la volonté d'un chef d'établissement peut suffire. Par ailleurs la baisse - impressionnante - des taux de redoublement depuis quelques décennies ne semble pas corrélée avec une hausse du niveau des élèves et donc une quelconque "réussite". Ce serait plutôt le contraire...

La créa­tion de cet établis­se­ment sans notes a amé­lioré le taux de pas­sage en 2nde et de réus­site au bre­vet », se féli­cite Catherine Lasserre.

Dans quelle proportion ce n'est pas dit. On observe que le taux de réussite au brevet s'est - comme le bac - amélioré un peu partout...

Cette ini­tia­tive éduca­tive, sou­te­nue par l'inspection aca­dé­mique du Gers...

Voilà par quoi il aurait fallu commencer... :devil:

...devrait se pour­suivre dans d'autres établis­se­ments français.

Comment hésiter devant un tel succès ! Voilà qui répond à la question du titre :

Fin des notes au collège : est-ce que ça marche ?

Bien sûr : c'était planifié pour, de toute façon ! :santa:
Dernière édition: 22 Sep 2014 21:47 par Loys.

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22 Sep 2014 20:31 - 22 Sep 2014 20:32 #11782 par Loys
Réponse de Loys sur le sujet La réforme de l'évaluation
Dans "Le Monde" du 22/09/14 : "Au collège Olivier-de-Serres, les bienfaits de l'évaluation par les compétence" par Maryline Baumard.

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Dernière édition: 22 Sep 2014 20:32 par Loys.

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02 Oct 2014 22:38 #11909 par Loys
Réponse de Loys sur le sujet La réforme de l'évaluation
Dans "VousNousIls" du 02/10/14 : "Florence Robine : "Notre système trie les élèves, les classe. Ce n'est plus possible""

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02 Oct 2014 23:31 - 04 Oct 2014 00:57 #11910 par Loys
Réponse de Loys sur le sujet La réforme de l'évaluation

Cette ren­trée a été domi­née par les rythmes sco­laires et s'est mieux pas­sée que ce que l'on pou­vait attendre. Mais ce qui importe main­te­nant que la mise en place a eu lieu, c'est la prise de conscience de la dimen­sion péda­go­gique forte de la réforme et de ce qu'elle va appor­ter aux élèves.

L'Académie de médecine le confirme !

Pour ce qui est des effec­tifs de pro­fes­seurs, même si quelques postes res­tent vacants, glo­ba­le­ment le dérou­le­ment com­pli­qué des deux concours sur l'année sco­laire 2013–2014 n'a pas nui au recrutement.

Il faut juste compter plus de 3200 postes non pourvus rien que pour le Capes... sans parler des démissions. Mais c'était sans doute des postes dispensables.

Pouvez-vous nous en dire plus sur un de vos grands chan­tiers en cours, la réforme de l'évaluation des élèves, ainsi que la réforme des pro­grammes scolaires ?
En ce qui concerne la Conférence natio­nale sur l'évaluation des élèves, nous en sommes à la phase finale de com­po­si­tion du jury, les can­di­da­tures sont closes depuis le 27 sep­tembre. Nous en avons reçu plus de 1000 et nous allons pro­po­ser un jury com­posé de 30 per­sonnes, pro­fes­sion­nels de l'éducation, parents, lycéens, membres d'associations... Un site inter­net sera égale­ment mis en ligne en octobre pour accom­pa­gner ce tra­vail et pré­sen­ter les avan­cées au grand public. Ce tra­vail se conclura par trois jours de confé­rence natio­nale en décembre. Pour nous, ce chan­tier est abso­lu­ment cru­cial, car nous allons mettre en œuvre bien­tôt un nou­veau socle com­mun, des nou­veaux pro­grammes, un nou­veau col­lège, de nou­veaux cycles, un lien ren­forcé école-collège, et si nous n'associons pas ces réformes à une réforme de l'évaluation, nous serons en décalage.

Un "nouveau collège" ? :scratch:
Et quel lien entre de nouveaux programmes ou de nouveaux cycles et une "nouvelle évaluation" ? Aucune des réformes précédentes des programmes ou des cycles ne nécessitait une telle réforme. :scratch:

En effet, tra­vailler sur la réus­site des élèves et la lutte contre les inéga­li­tés sans se poser la ques­tion de l'évaluation n'est pas cohé­rent.

Parce que l'évaluation par notes est responsable du manque de réussite et des inégalités ? Curieux car ce type d'évaluation n'a jamais (comme les rythmes scolaires) posé le moindre problème aux générations précédentes. Par ailleurs, si l'on se fonde sur les résultats de l'examen terminal du secondaire, le bac, jamais la réussite des élèves n'a été aussi éclatante. Alors, cohérence ?

Je n'ai pas d'idée pré­con­çue sur ce que devront être les résul­tats de la réflexion menée par la confé­rence, mais en tout cas, il ne faut pas se dire qu'en matière d'évaluation, tout ce que l'on a fait jusqu'à pré­sent était la meilleure des choses.

A contrario tout ce qu'on va faire sera nécessairement meilleur !
A noter que le principe même d'une "réflexion" autour de l'évaluation comme cause responsable de l'échec scolaire et des inégalités n'est pas questionné...

L'évaluation est un des éléments qui doit être mis au ser­vice de la réus­site des élèves.

Comme le thermomètre doit être mis au service des températures souhaitées. :doc:

Cela signi­fie la sup­pres­sion des notes ?
Les notes en elles-mêmes ne me gênent pas.

Mais...

Mais quel est leur rôle ?

Montrer avec précision le niveau d'un élève ?

Aident-elles l'élève à pro­gres­ser ?

Certainement, d'autant que les notes sont accompagnées d'appréciations... En revanche la question inverse mérite d'être posée : la suppression des notes aiderait-elle les élèves à progresser ? Cette pratique, déjà imposée dans une grande partie du primaire avec la suppression du redoublement, ne semble pas donner les résultats escomptés.

Comment les utilise-t-on pour l'orientation ?

Sur quoi se fonderait une orientation qui ne prendrait pas en compte le niveau d'un élève ?

On parle de décro­chage sco­laire et d'envie d'apprendre : com­ment faire jus­te­ment pour mettre les évalua­tions plus en cohé­rence avec le pro­jet per­son­nel de l'élève et avec ses compétences ?

Je ne comprends pas cette phrase ? Qu'est-ce qu'un "projet personnel" de l'élève pour un enfant de huit ou treize ans ? Et que signifie cette sibylline expression "mettre en cohérence" ? S'agirait-il, pour parler en termes clairs, d'adapter l'évaluation au profil de l'élève ?

Est-ce que cer­tains pays appliquent déjà une nou­velle forme d'évaluation ?
Oui, en Finlande par exemple, les élèves n'ont pas de notes à l'école élémen­taire. Ensuite, il y a des notes sur 10, mais elles ne peuvent jamais être infé­rieures à 4.

Ce qui change tout : un élève qui a 4 est un élève heureux ! :santa:
Ce que Florence Robine oublie de préciser, c'est qu'à la fin de l'école élémentaire en Finlande la sélection est ensuite beaucoup plus cruelle qu'en France pour entrer dans le second cycle du secondaire. Et ne parlons pas de la sélection à l'entrée à l'université.

L'objectif n'est pas de dire aux élèves que tout est par­fait, mais de leur dire, cela a été acquis et cela doit être retra­vaillé.

Quelle différence avec une note inférieure à 4 ? Elle indique que l'élève ne doit pas retravailler ? Au contraire, même : une note de 4/10 pour une absence totale de travail par exemple n'incite guère à travailler....

Notre sys­tème trie les élèves, les classe.

Avec le collège unique ? :shock: :rirej :lol:

Cela n'est plus pos­sible...

En Allemagne où les élèves sont "triés" dès dix ans en différentes voies c'est visiblement possible... Et rappelons que la Finlande effectue un tri beaucoup plus sévère après l'école fondamentale jusqu'à 16 ans...

... il y a beau­coup de voies de réus­site dif­fé­rentes. Il faut tra­vailler aussi sur l'orientation, la for­ma­tion tout au long de la vie, car en France aujourd'hui, ce que vous faites entre 15 et 18 ans déter­mine toute votre existence !
Vous évoquez l'orientation et la valo­ri­sa­tion des com­pé­tences de cha­cun. Qu'en est-il de l'enseignement professionnel ?
L'enseignement pro­fes­sion­nel est l'un des chan­tiers majeurs. La qua­lité de l'enseignement pro­fes­sion­nel fran­çais est très lar­ge­ment recon­nue à l'étranger, et il a pour spé­ci­fi­cité de per­mettre de conduire à des diplômes de haut niveau, car avec un bac pro aujourd'hui, on peut pour­suivre jusqu'à la licence pro­fes­sion­nelle. Nous sommes par ailleurs un des seuls pays où deux langues vivantes sont obli­ga­toires dans l'enseignement pro­fes­sion­nel. Si nos élèves de lycées pro­fes­sion­nels fai­saient davan­tage de stages à l'étranger, ils ver­raient com­bien ils ont du savoir-faire.

Pourquoi parler d'échec scolaire et d'inégalités en ce cas ? :scratch:

Une meilleure qua­lité de l'orientation est cepen­dant aujourd'hui indis­pen­sable pour bien sai­sir la diver­sité des métiers, ainsi qu' une autre façon d'évaluer les élèves : pour aller dans telle ou telle sec­tion pro­fes­sion­nelle, est-ce vrai­ment la moyenne géné­rale en maths, fran­çais, his­toire... qu'il faut prendre en compte, ou n'est-ce pas plu­tôt d'autres com­pé­tences ?

L'orientation en fin de troisième dans une section professionnelle se fonde sur des dossiers, avec des appréciations, qui prennent en compte les aptitudes des élèves dans diverses disciplines en fonction de leur souhaits d'orientation...
Mais surtout il s'agit ici de l'orientation à l'issue du collège : quel rapport avec la scolarité et l'évaluation pendant le collège ? :scratch:
Si l'on suit cette logique, il faudrait adapter l'évaluation des collégiens à leur profil de futurs élèves de l'enseignement professionnel ? :shock:

Il faut enfin faire tout un tra­vail d'information auprès des jeunes et des parents pour les convaincre de s'engager, en par­te­na­riat avec les entre­prises, dans des voies débou­chant sur l'emploi.

Ce n'est la finalité que du lycée professionnel... Pas du lycée général ou technologique.

Les nou­veaux pro­grammes entre­ront en vigueur en 2016, en même temps qu'une réforme du col­lège. Le col­lège unique est-il menacé ?
On a aujourd'hui besoin de beau­coup plus de sou­plesse au col­lège et d'être davan­tage dans une logique de socle, c'est-à-dire de savoirs à maî­tri­ser mais égale­ment de com­pé­tences diverses.

Maîtriser un savoir, c'est avoir une compétence. Cette opposition entre connaissance et compétence ne cessera jamais de m'étonner.

Les col­lèges devraient pou­voir dis­po­ser de plus de liberté pour déve­lop­per des pro­jets adap­tés à leurs publics.

:scratch:

Sans remettre en cause le col­lège unique, il faut davan­tage de per­son­na­li­sa­tion. Il faut regar­der en face l'hétérogénéité du col­lège, et donc accom­pa­gner davan­tage les élèves pour leur pro­po­ser de s'engager, leur pro­po­ser des pro­jets dans les­quels ils se retrouvent, des tra­vaux de groupe, des par­cours en éduca­tion artis­tique et cultu­relle...

Comprendre que face à la difficulté scolaire... il faut renoncer à l'exigence scolaire. :fur

Car dans ce type de pro­jets sou­vent des com­pé­tences insoup­çon­nées des élèves – capa­cité de prise de parole, de recherche d'information, de prise d'initiative, de tra­vail en groupe... — vont pou­voir se révé­ler.

Compétences bien nébuleuses en regard des compétences que l'école se propose de transmettre. L'illettrisme en fin de scolarité obligatoire n'est pas une priorité, tant que l'élève sait s'exprimer à l'oral.

Encore une fois se pose la ques­tion de l'évaluation : est-on capable de prendre en compte ces compétences ?
Il s'agit là pour vous de la clé pour lut­ter contre le décro­chage scolaire ?
Oui, j'en suis convain­cue...

:shock:
Car les élèves décrochent à cause de leurs notes, mais pas de leur niveau scolaire. Le diagnostic est bien posé...

...d'ailleurs si l'on regarde le rap­port qui a été publié en juin der­nier sur le décro­chage sco­laire, il s'avère que l'on s'intéresse à la remé­dia­tion, et pas assez à la pré­ven­tion. Il faut s'attaquer aux racines du décro­chage.

Les notes ! :cheers:

Pour cela, une évalua­tion qui per­met de mieux valo­ri­ser les com­pé­tences des élèves est néces­saire, tout en les aidant à pro­gres­ser sur ce qu'ils ne maî­trisent pas.

Une évaluation "valorisante" (curieux concept : à décliner avec le thermomètre valorisant par exemple) produit déjà de merveilleux effets au bac.

Il faut savoir recon­naître dif­fé­rents types d'intelligence et pas seule­ment l'élève mythique –qui d'ailleurs est rare.

L'écrit, ce n'est pas pour tout le monde. Certains doivent se contenter de l'oral ou du travail en groupes (que ceux qui savent lire et écrire ne maîtrisent pas, bien entendu).

Proposer de la mise en action, du tra­vail de groupe, de la média­tion entre pairs, appor­ter très tôt de l'aide, par­fois dès l'école pri­maire : voilà des pistes à explo­rer.

Et déjà bien explorées avec l'entrée des pédagogies constructivistes dans l'école depuis quelques décennies, et les merveilleux résultats que l'on constate.

Quand la méthode stan­dard ne fonc­tionne pas, il faut trou­ver un moyen de réem­bar­quer l'élève.

Il faut surtout porter un vrai diagnostic sur les raisons de l'échec scolaire devenu presque artificiel aujourd'hui.

Qu'en est-il de l'éducation prioritaire ?
La nou­velle carte de l'éducation prio­ri­taire est en marche, et les contin­gents de réseaux ont été don­nés par aca­dé­mies. Désormais, nous allons tra­vailler avec les rec­teurs à déter­mi­ner quels sont les col­lèges et les écoles asso­ciées qui entre­ront en REP ou en REP+. La carte défi­ni­tive entrera en vigueur à la ren­trée 2015. Nous nous appuyons beau­coup sur les 102 REP+ qui ont été lan­cés en cette ren­trée pour vali­der les hypo­thèses péda­go­giques liées à cette réforme – liai­son école-collège, mis­sion de professeur-formateur aca­dé­mique par exemple.

On comprend donc que ces établissements font l'objet d'expérimentations, d'"hypothèses pédagogiques". Et que bien sûr ces hypothèses ne peuvent être que "validées" même si elles n'ont rien démontré pour l'instant puisque ce "réseau" (très très modeste par rapport aux efforts antérieurs) vient à peine d'entrer en vigueur...
Dernière édition: 04 Oct 2014 00:57 par Loys.

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04 Oct 2014 00:35 #11930 par archeboc
Réponse de archeboc sur le sujet La réforme de l'évaluation

Loys écrit:

car nous allons mettre en œuvre bien­tôt un nou­veau socle com­mun, des nou­veaux pro­grammes, un nou­veau col­lège, de nou­veaux cycles, un lien ren­forcé école-collège, et si nous n'associons pas ces réformes à une réforme de l'évaluation, nous serons en décalage.

Un "nouveau collège" ? :scratch:

Je crois que c'est le précédent DGESCO qui faisait la liste, dans l'un de ses articles, des différentes appellations qu'à connu le collège unique depuis la réforme Haby. Le changement de packaging c'est une recette de la junk food, appliquée à la junk education.

Et quel lien entre de nouveaux programmes ou de nouveaux cycles et une "nouvelle évaluation" ? Aucune des réformes précédentes des programmes ou des cycles ne nécessitait une telle réforme. :scratch:

Ah ah ah, Loys, tu ne vois pas ? Je donne ci-dessous ma propre interprétation du message de la DGESCO. Tu me diras ce que tu penses de mon hypothèse.

Mais quel est leur rôle ?

Montrer avec précision le niveau d'un élève ?

Tu devrais connaître la réponse à cet argument : on va te répondre que les notes n'ont aucune précision. double correction, blabla, écarts de 7 points sur 20, blabla, expérience édifiante, blabla, et c'est pour cela, monsieur, que votre fille ne fait rien à l'école. Tu n'as jamais discuté avec un parent FCPE ? Estime toi heureux si tu ne te prends pas un coup de constante macabre en plus derrière les oreilles.

Cela n'est plus pos­sible...

En Allemagne où les élèves sont "triés" dès dix ans en différentes voies c'est visiblement possible... Et rappelons que la Finlande effectue un tri beaucoup plus sévère après l'école fondamentale jusqu'à 16 ans...

Les pédagogistes disqualifient cet argument de la rigueur finno-tudesque par l'existence dans ces pays de voie de rattrapage (promotion par la formation continue). Selon eux, c'est en France plus que nulle part ailleurs que la formation initiale pèse le plus lourd. la DGESCO évoque d'ailleurs cette objection trois lignes plus loin :

... il y a beau­coup de voies de réus­site dif­fé­rentes. Il faut tra­vailler aussi sur l'orientation, la for­ma­tion tout au long de la vie, car en France aujourd'hui, ce que vous faites entre 15 et 18 ans déter­mine toute votre existence !

Évidemment, cela ressemble au chien qu'on accuse d'avoir la rage.

Vous évoquez l'orientation et la valo­ri­sa­tion des com­pé­tences de cha­cun. Qu'en est-il de l'enseignement professionnel ?
L'enseignement pro­fes­sion­nel est l'un des chan­tiers majeurs.

Pourquoi parler d'échec scolaire et d'inégalités en ce cas ? :scratch:

Sur ce sujet comme sur d'autres, le ministère est totalement incohérent. Témoignage de Gryphe sur néoprof : on prétend valoriser les filières pro, mais dans le même temps, les CDE sont évalués entre autre sur un objectif d'envoyer le minimum d'élèves dans ces filières sélectives que sont les lycées pro.

On a aujourd'hui besoin de beau­coup plus de sou­plesse au col­lège et d'être davan­tage dans une logique de socle, c'est-à-dire de savoirs à maî­tri­ser mais égale­ment de com­pé­tences diverses.

Maîtriser un savoir, c'est avoir une compétence. Cette opposition entre connaissance et compétence ne cessera jamais de m'étonner.

Dans ce cas là, adopte sans réserve le vocabulaire des compétences. C'est un outil très puissant.
Tiens, lu sur néoprofs : des enseignants qui apprennent progressivement la technique de la prise de note. Je trouve cela vraiment excellent, et cela me manque aujourd'hui de ne pas avoir eu ce type d'apprentissage quand j'étais collégien (ou bien j'ai oublié). Et si tu rentres dans le moule des compétences, tu auras d'un coup le droit de mettre sur un bulletin trimestriel : "n'est pas capable de suivre les enseignements de la classe supérieure". Car il s'agit là évidemment d'une compétence.

Sinon, voici ma propre interprétation du texte de la DGESCO :

Comment s'est pas­sée cette rentrée ?
Cette ren­trée a été domi­née par les rythmes sco­laires et s'est mieux pas­sée que ce que l'on pou­vait attendre. Mais ce qui importe main­te­nant que la mise en place a eu lieu, c'est la prise de conscience de la dimen­sion péda­go­gique forte de la réforme et de ce qu'elle va appor­ter aux élèves. Pour ce qui est des effec­tifs de pro­fes­seurs, même si quelques postes res­tent vacants, glo­ba­le­ment le dérou­le­ment com­pli­qué des deux concours sur l'année sco­laire 2013–2014 n'a pas nui au recrutement.

Il faudrait faire une traduction phrase par phrase de la DGESCO, pour montrer que le choix prudent des mots ne dissimule pas la situation problématique de l’Éducation Nationale. Ce que nous lisons ici n'est pas un mensonge, c'est une vérité bien habillée. La nuance n'est pas toujours facile à distinguer. Seuls ceux qui la maîtrisent à fond peuvent espérer faire une grande carrière ministérielle. Essayons de décoder :
- Cela s'est bien passé, on s'attendait vraiment à pire,
- le côté pédagogique de la réforme des rythmes scolaires a été sacrifié
- si le ministère promeut la "prise de conscience", c'est pour faire comprendre qu'il n'est plus sur ce chantier qu'un ministère de parole, sans pouvoir ni moyen. En français courant, on dira plus clairement : les gars, débrouillez vous.
- vu de l'extérieur, les données me manquent pour savoir quels sont les postes vacants, mais les échos sont assez préoccupants, et la DGESCO a sûrement plus que des échos. Loys dit 3200 postes. Je fais confiance, mais au delà du chiffre, la pagaille de ce recrutement est historique.
- en particulier la multiplication des concours et le rétablissement des ESPE ont profondément déstabilisé le système, pour un coût non négligeable et des démissions en début d'année qui non seulement impacte directement les titularisations à venir, mais surtout qui mette dans la panade les équipes pédagogiques au sein desquelles ces stagiaires étaient nommés.
Voici une traduction plus fine du paragraphe suivant :
- Beaucoup de choses se mettent en place en cette ren­trée, => Notez le présent. La rentrée était il y a quatre semaine. Les choses se mettent en place signifie que durant le mois de septembre, elles n'y étaient pas. Bref c'est la pagaille.
- et nous allons conti­nuer à suivre et à accom­pa­gner la mise en œuvre de la loi de refon­da­tion. => C'est la pagaille, merci Peillon.
- Nous sommes très atten­tifs aussi bien sûr à ce qui se passe dans les ESPE => ce sont les ESPE qui connaissent la plus haute densité de pagaille.
- avec cette année la pre­mière pro­mo­tion des M2, => on croyait être prêt, mais les lauréats des concours ne sont pas ceux que nous attendions : Les étudiants des M1-ESPE ne sont pas au rendez-vous. On se retrouve avec des stagiaires déjà diplômés.
- et à l'écoute des remon­tées de ter­rain, => les stagiaires ne sont pas contents, mais alors vraiment pas du tout.
- pour appor­ter des amé­lio­ra­tions si néces­saire, => des améliorations ô combien nécessaire. Et oui, ce "si", ce petit mot de deux lettres, est traitreusement polysémique.
- car les pro­fils accueillis en ESPE sont très hétérogènes. => on a promis aux stagiaires des parcours adaptés, promesse que personne ne veut tenir.
(pour plus de précisions, allez voir le fil sur les stagiaires dans neoprofs)

Pouvez-vous nous en dire plus sur un de vos grands chan­tiers en cours, la réforme de l'évaluation des élèves, ainsi que la réforme des pro­grammes scolaires ?
[..] Pour nous, ce chan­tier est abso­lu­ment cru­cial, car nous allons mettre en œuvre bien­tôt un nou­veau socle com­mun, des nou­veaux pro­grammes, un nou­veau col­lège, de nou­veaux cycles, un lien ren­forcé école-collège, et si nous n'associons pas ces réformes à une réforme de l'évaluation, nous serons en décalage.
En effet, tra­vailler sur la réus­site des élèves et la lutte contre les inéga­li­tés sans se poser la ques­tion de l'évaluation n'est pas cohé­rent .

Dans ce cas, est-il cohérent de convoquer ce jury et cette conférence pour ne parler que de l'évaluation, alors que les autres chantiers sont menés parallèlement, indépendamment de cette conférence et de ce jury ? Où est la cohérence ? On rejoint là les interrogations de Loys : quelles sont les intentions cachées de tout cela ? (je propose une réponse ci-dessous).

Je n'ai pas d'idée pré­con­çue sur ce que devront être les résul­tats de la réflexion menée par la confé­rence, mais en tout cas, il ne faut pas se dire qu'en matière d'évaluation, tout ce que l'on a fait jusqu'à pré­sent était la meilleure des choses. L'évaluation est un des éléments qui doit être mis au ser­vice de la réus­site des élèves.

Cette phrase a suscité sur néoprofs les pire soupçons de manipulation : la copie que doit rendre le jury serait déjà écrite. Je pense que la DGESCO est encore plus machiavélique. Elle rappelle ici simplement que si on convoque une conférence avec un jury citoyen et toute la logistique autour, c'est pour obtenir des recommandations positives, quelles qu'elles soient, et que la seule option interdite sera l'injonction à garder le système inchangé. Tout est donc ouvert, sauf l'option de l'inaction. Et si elle confie le bébé à un jury citoyen, c'est que l'enjeu des résultats est faible : que le jury donne les recommandations qui lui passe par la tête, et cela lui suffit pour ce que la DGESCO pourra en faire : une brèche dans la liberté pédagogique des enseignants.
Si cette hypothèse est correcte, elle répond à la question précédente : quelle cohérence y a-t-il à confier à ce jury la seule évaluation, et à laisser le reste en dehors ? La réponse serait donc qu'on ne cherche pas la cohérence, mais juste un motif pour interférer dans la relation maître-élève. Et le jury n'est là que comme tiers indépendant prescripteur, autorité à la légitimité démocratique inattaquable, et sur qui la DGESCO peut s'appuyer comme un PDG sur un consultant externe pour bouleverser l'organisation d'une entreprise.
Au final, dans cette conférence, c'est sans doute la liberté pédagogique qui est visée.
(parenthèse : lors du jury citoyen de Francfort sur le ramassage des ordures ménagères, il me semble que le jury a choisi l'inaction)

La nou­velle carte de l'éducation prio­ri­taire est en marche, et les contin­gents de réseaux ont été don­nés par aca­dé­mies.

C'est une curiosité dans le domaine de la gouvernance : on est dans une logique de quota décidé par le haut, attribué a priori à chaque académie, et répartis seulement dans un second temps. Ce ne sont pas d'abord les besoins réels du terrain qui commandent, mais les contingents par académie. Joue donc en premier lieu la pugnacité de chaque recteur pour se tailler dans le gâteau la part la plus grosse possible. Ensuite, seulement, à l'échelle de l'académie, les besoins du terrain sont pris en compte. Ce sont là les joies de la déconcentration des services de l'Etat.

Nous nous appuyons beau­coup sur les 102 REP+ qui ont été lan­cés en cette ren­trée pour vali­der les hypo­thèses péda­go­giques liées à cette réforme – liai­son école-collège, mis­sion de professeur-formateur aca­dé­mique par exemple.

Avec quelle méthodologie ? A-t-on suffisamment de recul ? N'y a-t-il pas là une fois de plus un risque de trucage de l'évaluation de l'action publique, si on cherche à valider à sens unique, s'interdisant à priori d'invalider les hypothèses qui ne mènent à rien ?
En particulier, si la validation repose sur des taux de succès à des examens pilotés par les rectorats, on sait combien les bons résultats sont faciles à obtenir.

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04 Oct 2014 00:56 #11931 par Loys
Réponse de Loys sur le sujet La réforme de l'évaluation
Effectivement, sacrée incohérence d'un jury s'occupant de l'évaluation séparément...
Une seule remarque.

- pour appor­ter des amé­lio­ra­tions si néces­saire, => des améliorations ô combien nécessaire. Et oui, ce "si", ce petit mot de deux lettres, est traitreusement polysémique.

Une seule possibilité car "si nécessaires" serait au pluriel.

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08 Oct 2014 12:33 - 08 Oct 2014 12:35 #11966 par Loys
Réponse de Loys sur le sujet La réforme de l'évaluation
Et aujourd'hui, 8 octobre 2014, Conseil supérieur de l'éducation exceptionnel sur l'évaluation...
Le Snalc a protesté contre le document de présentation envoyé aux instance syndicales : www.snalc.fr/national/article/952/

Les professeurs n'ont pas attendu cette consultation pour réfléchir sur leurs pratiques, pour travailler à mettre en œuvre l'évaluation la plus juste et la plus pertinente possible, pour communiquer avec les élèves et leurs familles. On ne peut balayer nos compétences professionnelles d'un revers de main en déclarant que notre manière d'évaluer est un problème central de notre système éducatif. C'est faux, c'est injuste et c'est détestable.

Dernière édition: 08 Oct 2014 12:35 par Loys.

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09 Oct 2014 13:24 - 09 Oct 2014 13:26 #11982 par Loys
Réponse de Loys sur le sujet La réforme de l'évaluation
Dans le "Café" du lendemain : "Réforme de l'évaluation : Passe d'armes au CSE "

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Dernière édition: 09 Oct 2014 13:26 par Loys.

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09 Oct 2014 23:50 - 19 Nov 2014 09:32 #11991 par archeboc
Réponse de archeboc sur le sujet La réforme de l'évaluation

Loys écrit: Dans le "Café" du lendemain : "Réforme de l'évaluation : Passe d'armes au CSE "

Rien sur la déclaration du SNALC.
Dernière édition: 19 Nov 2014 09:32 par Loys.

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10 Oct 2014 16:15 #11992 par Loys
Réponse de Loys sur le sujet La réforme de l'évaluation
J'ai cité le communiqué du SNALC juste au dessus. ;-)

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