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L'anti-"déclinisme" : Chroniques d'hier et d'aujourd'hui
- Loys
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Quand l'évidence ne peut plus être niée, elle peut-être relativisée !
De plus, l’école elle-même a beaucoup changé, et on y apprend des choses qui n’étaient pas enseignées autrefois. « Les enfants de 1987 étaient meilleurs en orthographe, mais qu’en était-il de leur niveau d’anglais ?, se demande Johanna Cornou. A ce moment-là, il faut tout comparer : les compétences dans ces matières qui n’existaient pas, la prise en charge des enfants “dys” [dyslexiques, dysorthographiques], qui étaient considérés comme nuls en orthographe et souffraient, alors qu’aujourd’hui on va chercher des solutions pour éviter de les mettre en échec. »
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- Loys
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Ajoutons qu'il est amusant de donner la parole à un inspecteur, censé avec son institution veiller au bon enseignement de l'orthographe quand on voit ce qu'elle est devenue : qui d'ailleurs se retrouve accusé ici ? Le professeur, bien sûr !
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- Loys
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Comme on le voit ici, il s'agit encore et toujours non pas de réfléchir à ce que devient le système scolaire, et aux raisons qui expliquent sa dégradation, mais de fustiger les collègues qui ne s'y adaptent pas, avec cette alternative - assez brutale - pour les collègues : "soit on se lamente, soit on cherche à continuer d’être utile".
M. Garcia montre d'abord des collègues qui, en terminale, se croyaient (bêtement, évidemment) protégés "des dérives constatées en collège", "des égarements constatés dans le primaire et au collège", ne voulant pas croire les collègues de collège "[criant] un peu facilement au loup".
Première remarque interloquée sur ce fil : ces dérives et égarement existeraient donc ?
C'est d'autant plus amusant que M. Garcia fustige, dans la même tribune, le "discours décliniste" ancien des professeurs qui "se lamentent, en évoquant un passé éducatif mythifié" (le lycée qui n'était pas un collège, par exemple : mythe ou pas mythe ?). Leur manque de lucidité serait en effet double : non seulement il n'y aurait pas de déclin, mais les déclinistes seraient naïfs de penser que ce déclin ne les toucherait pas ! Pour sa part, M. Garcia savait, lui, que les collègues de collège ne criaient pas au loup. Bref, plein de lucidité, il croyait les déclinistes du collège , contrairement aux déclinistes du lycée.
Face à ce déclin dont on ne sait plus s'il est avéré, il y a des Claude Garcia qui, eux, "ne renoncent pas à se mobiliser, pour continuer à faire du bon travail" (comme si être conscient de la dégradation objective des compétences des élèves empêchait de vouloir continuer à faire du bon travail : chez le pédagogue innovant, le jugement moral n'est jamais loin du jugement idéologique).
Ici, difficile de comprendre de quelle évolution M. Garcia veut parler : les résultats de plus en plus mirifiques au bac (malgré les classes de plus en plus hétérogènes et les élèves fragiles, et même "en perdition", au lycée) ou la "collègisation" du lycée ?Les résultats du baccalauréat 2023 confirment néanmoins cette évolution.
"Comment préparer correctement les élèves à l’enseignement supérieur" : voilà, pour M. Garcia, "le principal problème". Il ne faudrait surtout pas s'interroger sur les raisons de cette évolution, en effet. Quand la baignoire fuit, la solution est dans les serpillères.
M. Garcia fustige ensuite les enseignants qui, contrairement à lui, bien sûr, cherchent des excuses "pour faire peu évoluer [leur] pédagogie". On se souvient que, il y a peu encore (en 2014), M. Garcia donnait des conseils pour réussir son bac en faisant semblant de travailler . Ici, il propose - logiquement - d'alléger les programmes. Dans le même esprit, on se souvient que M. Garcia avait applaudi les nouveaux horizons pédagogiques du confinement de 2020 . Pour suivre le raisonnement, il faudrait même en faire des programmes de collège, ce qui est déjà en bonne voie : le bac de français comporte désormais une question de grammaire comme au brevet des collèges.
En bonne logique, M. Garcia défend un autre renoncement : "la meilleure prise en compte des compétences orales". Au demeurant, il expose toutes les dérives du grand oral (sujets superficiels, copiés-collés sur Internet, etc.) mais propose, pour y remédier, des solutions aussi contradictoires que nébuleuses :
M. Garcia revient ensuite à ses contradictions :Il ne s’agit pas d’en faire une épreuve uniquement fondée sur des savoirs académiques fondamentaux, mais il faut que les questions soient suffisamment en rapport avec des contenus solides des spécialités, pour que le jury puisse évaluer convenablement les élèves. Il faudrait aussi mieux mesurer l’implication des élèves, à travers ses initiatives personnelles, locales : a-t-il interrogé des acteurs locaux ? Quelles recherches complémentaires a-t-il faites ?
Il n'y aurait donc pas de "braderie indécente du bac" (malgré l'explosion des taux de réussite et des taux de mentions depuis trois décennies) puisque le bac ne compte pas dans Parcoursup : la logique de M. Garcia est décidément implacable !On doit ensuite cesser de confondre taux de réussite élevés et braderie indécente du bac. On sait que les notes destinées à Parcoursup ont désormais bien plus de poids pour l’avenir des jeunes, que l’obtention du bac.
Étonnamment, pour éviter cette "braderie indécente" qui n'existe pas, M. Garcia propose de "durcir le rattrapage du bac" (qui concerne pourtant une toute petite minorité des élèves) en faisant l'hypothèse que, conscients d'un rattrapage impossible, les élèves le prépareraient davantage (ce qui est quelque peu incohérent) ou travailleraient davantage pendant l'année (ce qui est quelque peu naïf : c'est le niveau du bac qui importe, pas du rattrapage, dont les élèves ignorent généralement l'existence).
Prétendument pédagogique, la tribune oublie donc totalement les difficultés des élèves et se termine en auberge espagnole des propositions tout sauf scolaires pour réussir dans le supérieur : la formation administrative des futurs-étudiants, la formation aux médias et à l'information (sans doute pour alléger les programmes, et comme si cette formation ne commençait pas bien avant le lycée)...
"On cherche à continuer d'être utile" : mais à qui le discours de M. Garcia, pétri de contradictions sidérantes et défendant des lycéens-collégiens à préparer pour le supérieur, est-il utile ?
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Dans le même temps, les taux d'obtention et de mentions au brevet et au baccalauréat atteignent des records...Oui il y a une baisse de niveau, il faut la regarder sans fard, il faut le dire et surtout y répondre.
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Oui, cette focalisation sur le niveau scolaire est d'un pénible : l'école, c'est bien plus que ça !Décrochage, diplômes du supérieur, jeunes enfants scolarisés… Selon une note de la direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance publiée mardi 7 mai, la France a dépassé plusieurs des buts fixés par l’Union européenne pour 2030 pour le système éducatif. Elle reste toutefois, comme presque tous ses voisins, en retard sur le volet concernant les compétences des élèves.
Ce sont des indicateurs qui esquissent une image du système éducatif français bien moins pessimiste que ceux qui retiennent habituellement l’attention médiatique et politique dans les comparaisons internationales. Qui rappellent, aussi, la multiplicité des enjeux et des visées de l’éducation, au-delà du seul « niveau » des élèves, souvent au cœur du débat public.
De façon amusante, les "indicateurs" positifs sont des indicateurs pilotés administrativement. La scolarisation précoce ou le décrochage, par exemple, comme on a pu l'étudier longuement sur cette veille . On aurait pu en prendre d'autres : la diminution spectaculaire des taux de redoublement, la progression spectaculaire des taux de réussite et de mentions au brevet et au bac (et par conséquent d'accès au supérieur) malgré les problèmes... de niveau scolaire.
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- Loys
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www.laviemoderne.net/veille/le-naufrage-...ves-de-de-2024#25154Fidèle au discours décliniste qui sous-tend son programme éducatif depuis la création du Front national, en 1972, le programme mis en ligne par le RN dénonce « les gouvernements successifs [qui] ont déconstruit l’école, entraînant un effondrement de son niveau », et promet de « restaurer l’excellence de l’école française ».
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- Loys
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L'INSEE renchérit :"Non, les jeunes d'aujourd'hui ne sont pas nuls par rapport aux générations d'avant. C'est le contraire ! La génération de mes parents, 1 sur 10 était illettré. Aujourd'hui c'est 10 fois moins. Le niveau moyen des jeunes a augmenté ! C'est celui des élites qui a baissé."
Débat très intéressant, s'il porte bien sur le système scolaire et son efficacité.En 2022, en France, 10 % des personnes âgées de 18 à 64 ans éprouvent des difficultés dans les domaines fondamentaux de l’écrit. Parmi les adultes qui ont débuté leur scolarité en France, 4 % sont en situation d’illettrisme.
www.insee.fr/fr/statistiques/8177068#
Commençons par récuser des hyperboles comme "nuls", qui ne servent évidemment pas un débat serein.
Observons ensuite que que l'INSEE n'apporte pas les informations permettant de clore le débat : l'INSEE compare des générations sans préciser leur parcours scolaire. Comme le montrent pourtant les données fournies, 29% des personnes de langue maternelle française qui ont été scolarisées hors de France et 52% des personnes de langue maternelle non française qui ont été scolarisées hors de France éprouvent de fortes difficultés à l'écrit, contre 4% des élèves scolarisés en France dès le début de leur scolarité.
S'agissant de l'illettrisme précisément, on ne sait pas, parmi ces personnes qui n'ont pas été scolarisées en France, quelle est la part d'illettrées pour les générations 18-24 ans ou 55-64 ans. On ne peut donc pas affirmer, comme le fait M. Guénolé, que les illettrés seraient dix fois moins nombreux aujourd'hui.
Si l'on se fonde sur les difficultés fortes à l'écrit, on voit que les 18-24 ans sont deux fois moins nombreux (5%) que les 55-64 ans (11%) mais quelle part s'explique par une scolarité hors de France ?
Mais, au delà des lacunes dans les données, il y a plus problématique.
Thomas Guénolé évalue le niveau scolaire de l'ensemble d'une génération à la part d'illettrés : pour les élèves scolarisés en France, les dix ans d'instruction obligatoire en France (depuis 1959 !) laissent peu de place à la possibilité de l'illettrisme, sauf cas très exceptionnel. Pour le dire autrement, après dix ans d'école, les élèves français savent lire et c'est encore heureux ! Étudier les évolutions de niveau scolaire à partir de la part d'illettrés n'est en réalité pertinent que pour les pays... dans lesquels la scolarité n'était pas obligatoire.
Si l'on veut comparer le niveau scolaire de différentes générations, il faut comparer les compétences de l'ensemble de ces générations à un âge donné. Ce qu'a fait la DEPP, qui a montré une grave dégradation des compétences de l'écrit à la fin de l'école primaire entre 1987 et 2021 par exemple.
L'illettrisme n'est donc pas seulement un indicateur trompeur, mais il occulte les vraies évolutions négatives du système scolaire.
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