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"Une réforme qui se moque de l'interdisciplinarité"
Surtout, on superpose les deux gâchis : EPI et fin d'année pourrie.Loys écrit: Solution amusante effectivement, le collège devenant une sorte de centre aéré préparant aux grandes vacances.
Mais cela ne répond pas à la question : cela ne va-t-il pas torpiller les efforts pour sauver les langues anciennes ?
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- Loys
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Chacun de ces éléments est parfaitement distinct des autres. On peut parfaitement mener un projet sans réalisation pratique. On peut parfaitement pratiquer l'interdisciplinarité sans travail d'équipe pluridisciplinaire.
D'ailleurs l'interdisciplinarité elle-même n'a pas nécessairement besoin d'être formalisée par un plage d'enseignement spécifique : n'importe quel professeur relie spontanément et régulièrement son enseignement à celui d'autres disciplines. Précisément, parce qu'ils s'inscrivent dans le développement du cours, ces liens sont toujours pertinents avec le cours, et n'ont pas le caractère factice que peuvent revêtir les enseignements interdisciplinaires. On pourrait évidemment développer davantage cette interdisciplinarité informelle si les professeurs étaient amenés, à l'ESPE pour commencer, à mieux connaître les programmes des autres disciplines mais surtout si ces programmes eux-mêmes étaient vraiment conçus de manière interdisciplinaire.
Ajoutons que la direction de chaque établissement sera bien sûr tentée, par nécessité de service, d'imposer (avec ou non l'assentiment d'une partie de l'équipe) :
- thèmes retenus
- horaire consacré à chaque thème
- organisation : hebdo, trimestrielle, semestrielle, annuelle
- niveau concerné
- matières concernées
- binômes
En réalité cette réforme se moque de l'interdisciplinarité, qui n'est qu'un cheval de Troie pour - sous le nom d'autonomie - porter atteinte à la liberté pédagogique des enseignants du secondaire et préparer leur polyvalence.Libération écrit: Les enseignants ne se saisiraient pas suffisamment de la liberté pédagogique, assure le ministère, qui veut par conséquent leur imposer un «cadre».
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Oui et "la réalité" comprend également tous ces pans oubliés à l'école : l'astrophysique, la biochimie, l'hydrodynamique, la physique quantique, etc. "La réalité" n'est jamais simple non plus : pourtant la simplification fait partie du travail du pédagogue.
Curieusement, il ne vient pas à l'esprit de ces pédagogues que les disciplines, par la structuration qu'elles opèrent, ont une vertu pédagogique.
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Voir aussi :
- Rudolf Bkouche, "De l'interdisciplinarité" (mai 2015)
- Alain Beitone, "Disciplines scolaires et disciplines savantes" (septembre 2015)
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Du refus de l'interdisciplinarité en 1970 à la mise en avant progressive d'une" interdisciplinarité de management" à partir du colloque de Souillac en 1982.....
Michel Delord
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Ça commence de façon très idéologique.Le collège Stalingrad...
Voilà déjà deux éléments qui ne correspondent pas à la réalité concrète de la réforme. Ajoutons le matériel fourni par Canopé et le fait que les équipes choisissent les thèmes, les sujets, les niveaux, les horaires et les collègues...Les trois professeurs circulent entre les tables. « C'est super d'avoir plus d'adultes autour de nous », complète Driss.
Le projet « Hip-hop et arts de la rue », lancé en troisième, mêle histoire, sport et arts plastiques.
Inscrits dans la réforme du collège de la ministre de l'Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem, les enseignements pratiques interdisciplinaires seront obligatoires dans tous les collèges à la rentrée 2016. Au collège Stalingrad, ils sont déjà au coeur du projet d'établissement. Trois fois par an, pendant une semaine, les emplois du temps sont chamboulés pour faire place aux différents ateliers.
Seule une minorité des établissements pratiquera des semaines interdisciplinaires, et, pour respecter l'horaire imposé, il en faudra quatre. Évidemment, le caractère exceptionnel de ces semaines n'est pas pour rien dans l'intérêt des élèves. Reste maintenant à savoir si l'intérêt est bien pédagogique...
Des précautions bienvenues : la conclusion de l'article est beaucoup plus tranchée...Enthousiaste, Anne Perseval détaille : « Les élèves constatent que les matières sont connectées entre elles, utiles les unes aux autres. J'ai du mal à le mesurer en termes scolaires classiques, mais je vois que les notions sont mieux retenues, mieux exploitées par la suite. »
Aucun détail n'est donné sur le volume horaire consacré par chaque matière dans cette semaine interdisciplinaire : on peut supposer que c'est le même volume horaire que pour les semaines habituelles.Dès 8h30, les sixièmes ont démarré leur journée avec le projet « Raconte ta ville », subventionné par le Canopé (réseau de création et d'accompagnement pédagogique du département), qui fournit formation et matériel. Avec Annie Perrot, Anne Perseval et leurs collègues de mathématiques et de technologie, les élèves vont réaliser un webdocumentaire sur leur ville, important noeud ferroviaire, et son histoire cheminote. Les programmes sont respectés : en géographie, exploration de l'environnement proche ; en technologie, travail sur les techniques de transport et la fameuse locomotive Pacific 231, joyau de la ville, en restauration.
On ne peut pas douter de l'intérêt de l'histoire cheminote de Saint-Pierre-des-corps mais comment cette histoire très spécifique s'inscrit-elle dans le programme d'histoire de 6e qui porte sur... l'Antiquité ou le Moyen Âge ?
Voilà qui est relié très artificiellement à la Pacific 231. Du reste les notions d'échelle ou de vitesse moyenne sont au programme de 5e ou de 4e, pas de 6e.« En maths, explique Stéphanie Sihr, ils évaluent concrètement des rapports temps/distance sur des trajets, abordent les concepts de plan et d'échelle.
Credo ministériel. Hors croisements interdisciplinaires une discipline par elle-même ne peut pas faire sens.Souvent, à cet âge — 11 ans —, ils ne font pas le lien entre nos disciplines. Là, ils voient de la cohérence, les apprentissages font sens.
Difficile de faire sens avec des notions hors programme...
Un écho assez différent de la collègue précédente, et qui reste assez vague..Les acquis sont considérables. »
Oui, sortir du collège, c'est toujours plus amusant que d'ouvrir un manuel...En mesurant le trajet entre le collège et la gare (600 mètres) avec une montre GPS, en préparant des interviews de la maire de Saint-Pierre-des-Corps et des petits reportages dans différents quartiers, les élèves n'ont « presque pas l'impression de travailler », se réjouit Océane, qui se voit « un peu comme une journaliste ».
Rien que ça !La tradition est ancienne dans cet établissement, classé en réseau d'éducation prioritaire, qui recrute à la fois dans la vieille ville pavillonnaire et les quartiers plus défavorisés de la Rabaterie et la Galboisière. Madame Roblin, professeur de technologie et enseignante au collège Stalingrad depuis près de vingt ans, explique : « Les difficultés de nos élèves nous obligent à travailler autrement, ces projets sont une réponse créative à des défis d'éducation. On ne réussit pas à tous les coups, mais, grâce à eux, bien des jeunes surmontent leurs problèmes sociaux et scolaires.
Alors qu'apprendre l'est si peu !Ils réalisent des choses, c'est très valorisant. »
Drôle de façon de voir les choses. On pourrait surtout soupçonner qu'on enferme les plus fragiles dans ces compétences qui ne relèvent pas du "savoir classique".La principale, Fatma Meddah, encourage et développe cette manière de travailler depuis son arrivée, en 2012. « Les projets interdisciplinaires amènent les bons élèves à s'améliorer encore et impliquent les plus fragiles, en faisant appel à des compétences manuelles, techniques, informatiques, et pas seulement au savoir classique.
Et cela ne peut passer que par l'interdisciplinarité ?On sait bien qu'en dehors de l'école, l'égalité n'existe plus, face à l'aide aux devoirs, à l'accès à la culture. Le collège doit être le lieu physique de cette égalité. »
"Télérama" ne s'est évidemment pas intéressé aux résultats de cette façon de travailler imposée dans les lycées professionnels...Quand, le soir, elle voit par la fenêtre de son bureau des adolescents traîner dans le parc d'en face, Fatma Meddah les apostrophe : « Rentrez chez vous, ou revenez au collège ! » « 45 % de nos élèves sont issus de familles monoparentales, les adultes cumulent souvent les emplois, ils sont peu présents. Je refuse de rendre les gamins au quartier », insiste cette ancienne prof d'anglais, passée par un lycée professionnel où elle a beaucoup travaillé en ateliers transversaux.
Amener les élèves vers ce qu'ils connaissent déjà : une grande réussite !L'après-midi, c'est au tour des élèves de troisième d'investir la classe d'Anne Perseval, décorée de cartes postales de la Grande Guerre, de recettes de cuisine, d'une affiche de la déclaration des droits de l'homme ou de tracts sur les mariages forcés. Le projet hip-hop et arts de la rue mêle histoire, sport, arts plastiques. Parmi les cinq oeuvres qu'ils devront présenter au brevet des collèges, Abel a déjà choisi une chanson de IAM et une sérigraphie d'Ernest Pignon-Ernest ; Abdelaziz, une oeuvre de Banksy.
Le pédagogisme est un enfermement.
On apprend beaucoup en effet... Voilà qui explique sans doute pourquoi le "cours" est "gai, animé".Avant de rejoindre le gymnase pour une séance de break, Lyrn Descarsin, professeur d'éducation physique et sportive, rappelle l'origine du hip-hop (la rue new-yorkaise, les années 1970, la contestation), les différentes danses qui le composent. Le cours est gai, animé ; les adolescents rechignent à prendre des notes, mais sont intarissables sur les mouvements de sliding, de krump, de house ou de waving...
En tout cas, il semble qu'existe une certaine culture pour certains publics.Fin janvier, ils visiteront à Paris l'exposition Andy Warhol et le parcours street-art du 13e arrondissement. Même s'ils râlent à l'idée de partir à six heures du matin, ces sorties thématiques sont toujours fécondes : « Ils ont souvent l'idée que la culture, c'est pour les riches, remarque Anne Perseval. Avec ces projets, on essaie aussi de leur montrer qu'ils se trompent. »
Attendons de voir comment ils devront renoncer à leur liberté pour appliquer le carcan pédagogique de la réforme.Au printemps, puis à la rentrée, une partie du corps enseignant s'est mobilisée contre les enseignements interdisciplinaires, perçus comme un appauvrissement des matières et de la liberté pédagogique de chacun. Les profs du collège Stalingrad, eux, n'ont pas besoin d'être convaincus de leurs bienfaits.
Evidemment, ce que ne dit pas "Télérama", c'est que cette "partie du corps enseignant" constitue l'immense majorité d'entre eux.
Si même les enseignants convaincus par ce type de pédagogie doutent... Pour le reste aucune réflexion de fond ou regard critique sur l'interdisciplinarité dans cet article hagiographique : on croirait une commande du MEN.Pourtant, leur généralisation et leur caractère désormais obligatoire les inquiètent. « Tout repose sur nos idées et notre désir, remarque Anne Perseval. Avec des projets imposés, j'ai peur de me sentir contrainte et de manquer parfois d'inspiration. » La grande question, c'est le temps. « Aujourd'hui, nous préparons ces ateliers pendant les vacances, le mercredi après-midi... Il ne faut pas compter ses heures, sinon ça devient angoissant ! », remarque Annie Perrot, la prof de lettres. Le ministère promet des dotations horaires, mais les modalités restent floues et l'inspecteur qui a rendu visite aux enseignants du collège ne les a pas vraiment rassurés. Ils craignent une « usine à gaz », le manque d'heures prévues dans leur emploi du temps pour se concerter et élaborer les projets — en étant payés même s'ils ne sont pas en classe. Et eux aussi sont contrariés par les coupes horaires dans leurs disciplines. « En français, une heure hebdomadaire en moins, c'est énorme, regrette Annie Perrot, surtout quand certains arrivent en sixième sans maîtriser parfaitement la langue. Les ateliers ne compensent pas tout, les apprentissages ne sont pas interchangeables. »
Tant mieux mais évolution à prendre avec beaucoup de précaution compte tenu des petits effectifs de l'établissement (48 candidats en 2014). Quelle est l'évolution à l'examen et dans les résultats des disciplines destinées à être poursuivies au lycée (hors histoire des arts, évaluée par les enseignants du collège, ou contrôle continu) ?Dès lundi prochain, les collégiens réintégreront des cours classiques, dans un emploi du temps revenu à la normale. Jusqu'à la prochaine semaine de projets, prévue par la principale avant les vacances de Noël. Pour Fatma Meddah, c'est largement grâce à ce travail que le collège Stalingrad est passé, en trois ans, de 70 à 93 % de réussite au diplôme national du brevet, avec 55 % de mentions.
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