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Twitter : modération ou liberté d'expression ?
- Loys
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C'est - à mon sens - le cas avec les trending topics et les hashtags.DM écrit: Si le site est à l’origine du contenu litigieux, il est considéré comme un « éditeur » et se trouve responsable de plein droit des propos mis en ligne.
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Il me semble qu'il n'y a jamais encore eu de décision de justice concernant cette autocomplétion : le litige entre Google et l'UEJF (qui déplorait la suggestion de l'épithète « juif » après certains noms) a été réglé par médiation.
Je vous accorde cependant qu'il serait bien plus simple pour Google de filtrer manuellement une liste unique (disons, par pays) que pour Google de filtrer chaque suggestion ou liste de résultats (il est légitime de chercher le mot « juif », que l'on ne peut pas globalement désindexer, et il est légitime que l'autocomplétion propose « juif » après « déportation » par exemple).
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Je le suppose aussi mais c'est de cette manière que Twitter influe de manière décisive sur les contenus. Sans ces tendances ostensiblement affichées, les emballement nauséeux que nous avons pu connaître n'auraient pas eu lieu.DM écrit: Hmmm. Les trending topics me semblent découler d'un calcul algorithmique, sans intervention humaine (mais peut-être me trompé-je).
A la nuance près que que les tendances sont affichées sans aucune recherche.Une comparaison pertinente me semble être avec les listes de résultats des moteurs de recherche, et même plutôt l'autocomplétion de Google.
Mettre à l'index par principe certains mots ou hashtags ne me semble pas une solution acceptable, effectivement. Un bon début de modération consisterait pour Twitter à surveiller les tendances montantes avant qu'elles ne deviennent publiques (dans le top 10) et à ne pas afficher celles qui incitent à la haine par exemple. Ce ne serait en aucun cas une atteinte à la liberté d'expression.Je vous accorde cependant qu'il serait bien plus simple pour Google de filtrer manuellement une liste unique (disons, par pays) que pour Google de filtrer chaque suggestion ou liste de résultats (il est légitime de chercher le mot « juif », que l'on ne peut pas globalement désindexer, et il est légitime que l'autocomplétion propose « juif » après « déportation » par exemple).
PS Je renvoie à ce fil, dont cette discussion est partie : www.ecrans.fr/forums/viewtopic.php?id=14988&p=1
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En revanche, il faut prendre garde à ceux qui, se drapant dans leur vertu et prétendant lutter contre le grand problème du moment (racisme, antisémitisme, pédophilie, et pourquoi pas terrorisme), veulent en fait régler des problèmes bien moins nobles.
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Vous avez raison, mais c'est sortir du débat modération-liberté d'expression, qui du coup - c'est vrai - reste très théorique. Disons que vous bottez en touche.DM écrit: Tout le problème de cette affaire, c'est que les suggestions que l'on entend ici ou là (changer la loi sur la responsabilité des hébergeurs, augmenter le délai de prescription s'agissant de publication sur Internet...) ne répondent nullement au problème de Twitter. Cette société, basée au États-Unis et (ou alors depuis très récemment) sans bureaux ni installations en France, nie la compétence de la loi et des tribunaux français ; on aura beau multiplier les lois, on ne répondra pas au problème.
Je remarque au passage cette curiosité : les "tendances" sont orientées par pays, ce qui signifie, outre un choix éditorial, que Twitter peut adapter ses contenus à un pays spécifique... quand il s'agit de ses intérêt commerciaux. Même chose pour les tweets "sponsorisés". Est-ce que Twitter paie des impôts en France ? Visiblement non : www.usinenouvelle.com/article/tw ... in.N159518
C'est la théorie du complot (et de la dictature qui nous pend au nez) de Laurent Chemla : elle me laisse plus que sceptique.En revanche, il faut prendre garde à ceux qui, se drapant dans leur vertu et prétendant lutter contre le grand problème du moment (racisme, antisémitisme, pédophilie, et pourquoi pas terrorisme), veulent en fait régler des problèmes bien moins nobles.
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Vous parlez de « théorie du complot », terme que je trouve à la fois exagéré, injurieux (car il sous-entend chez l'interlocuteur un certain désordre mental) et inadapté. Une théorie du complot, c'est supposer que des gens se coordonnent au sein d'un complot secret afin d'atteindre des objectifs inavouables que l'on prétend démasquer. Je ne prétends évidemment pas lire dans les pensées de Laurent Chemla, mais pour ma part je ne crois pas aux complots (sauf exception, style raison d'État comme pour l'incident du Golfe du Tonkin) ; je crois plutôt à la convergence d'intérêts et à la naïveté.
Ce n'est un mystère pour personne que les industries du divertissement veulent « réguler » Internet ; mais il est assez difficile de faire passer des projets de filtrage ou de bloquage au motif d'assurer des revenus aux maisons de disque, qui ne sont guère populaires. Je ne fus donc pas surpris quand, il y a quelques années, un représentant de ces industries s'était réjoui de l'annonce de procédures et de dispositifs justifiés par telle ou telle « grande cause » au motif que ceux-ci pourront ultérieurement servir contre le « piratage » (cela remonte à loin et je ne me rappelle plus des détails).
Ce n'est également pas un mystère que certains politiciens aimeraient mieux contrôler leur image sur Internet ; par exemple, une députée, actuellement ministre, avait menacé le site NosDéputés.fr au motif que celui-ci avait dit la vérité, à savoir que, pendant les débats à l'Assemblée nationale, elle faisait tout autre chose (voir www.numerama.com/f/119617-t-sylv ... nspar.html ). Le sénateur Jean-Louis Masson est habitué des suggestions de « responsabilisation » et de « régulation » de l'Internet... mais il est pris dans des querelles locales assez venimeuses et on peut raisonnablement supposer qu'il pense entre autre à son cas personnel.
Certains journalistes vedettes sont également habitués des complaintes contre l'irresponsabilité d'Internet, par exemple Laurent Joffrin. Ledit Joffrin est, il est vrai, une des cibles favorites des lecteurs d'Acrimed. Si j'ai bien compris Laurent Chemla, ces personnes, habituées à être naguère les seuls à pouvoir s'exprimer largement en public, acceptent difficilement que le vulgum pecus leur réponde ; c'est également mon analyse.
Je me rappelle avoir lu un rapport au sujet du racisme sur Internet (ou était-ce la pédophilie ?) émanant d'une association spécialisée. Les statistiques présentées étaient assez curieuses ; j'ai fini par retrouver leur source, apparemment un éditeur de logiciels de filtrage (là encore, c'est un souvenir assez lointain et je n'ai pas le temps de refaire des recherches). Cela ne devrait pas nous surprendre : quand des sociétés françaises ont été prises à vendre du matériel de filtrage et espionnage à feu le dictateur Khadafi, elles ont répondu que ces dispositifs devaient servir à la lutte contre la pédophilie ! De qui se moque-t-on !
Il y a donc une convergence d'intérêts entre diverses personnalités influentes, des parlementaires, des fournisseurs de solutions techniques de filtrage et certaines industries pour promouvoir un contrôle plus strict des propos sur Internet, pour des motifs n'ayant que peu à voir avec la protection de la jeunesse ou la lutte contre le racisme. Il n'y a nul besoin de concertation cachées ou de complot, il suffit qu'ils tirent dans le même sens (par exemple, pour les influenceurs, en multipliant les reportages racoleurs sur tel ou tel « dérapage » sur Internet).
Pour ces raisons, je suis très attentif quand on propose telle ou telle solution tendant à « civiliser » Internet au motif de lutter contre tel ou tel fléau.
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- Loys
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Dans mon esprit - vous l'aurez compris en me lisant plus haut - il n'est pas question de bloquer l'accès à Twitter.DM écrit: Il n'est pas très compliqué, quand on est un gros site, d'adapter l'affichage au pays des lecteurs, si toutefois on n'exige pas une fiabilité très grande, ce qui est le cas pour la publicité (ce n'est pas très grave si, mettons, 5% des lecteurs se retrouvent avec une page destinée à un autre pays), mais pas pour la censure (si on bloque l'accès à 5% des utilisateurs d'un pays en les classant à tort dans un autre, ça va râler).
A mon tour de m'excuser si vous avez pu vous sentir injurié. Telle n'était pas mon intention, mais je me suis fondé sur le seul caractère allusif de votre phrase. Vos explications détaillées sont plus convaincantes, d'autant qu'elles ne montrent pas un projet coordonné, mais davantage une conjonction foutraque d'intérêts plus ou moins convergents.Vous parlez de « théorie du complot », terme que je trouve à la fois exagéré, injurieux (car il sous-entend chez l'interlocuteur un certain désordre mental) et inadapté. Une théorie du complot, c'est supposer que des gens se coordonnent au sein d'un complot secret afin d'atteindre des objectifs inavouables que l'on prétend démasquer. Je ne prétends évidemment pas lire dans les pensées de Laurent Chemla, mais pour ma part je ne crois pas aux complots (sauf exception, style raison d'État comme pour l'incident du Golfe du Tonkin) ; je crois plutôt à la convergence d'intérêts et à la naïveté.
Oui mais inversement ne pas crier à la "dictature" quand il s'agit de demander à Twitter - un réseau commercial, il faut quand même le rappeler - d'appliquer une simple modération telle qu'elle s'exerce (assez heureusement d'ailleurs) sur n'importe quel blog, forum ou page Wikipédia.Pour ces raisons, je suis très attentif quand on propose telle ou telle solution tendant à « civiliser » Internet au motif de lutter contre tel ou tel fléau.
Je note d'ailleurs que la modération n'est pas nécessairement humaine sur Wikipédia.
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- Loys
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Vous oubliez que le modèle commercial de Twitter est plus rentable que celui de Facebook. Et quand son intérêt commercial est en jeu, une entreprise est bien moins regardante et zélée que vous ne le supposez.L'intérêt d'un hébergeur sera alors de se "couvrir". Aucune entreprise ne voudra risquer d'être tenu légalement responsable pour les propos d'un client qui ne la rémunère pas (hébergements gratuits) ou pas grand chose (la plupart des hébergements).
DM écrit: Quant à Twitter, permettez-moi une comparaison qui n'a aucune valeur juridique :
Twitter, c'est un peu comme le système Presstalis + kiosquiers. Les kiosquiers choisissent de mettre tel ou tel magazine en devanture et d'attirer ainsi le chaland, y compris par des titres racoleurs (j'aimerais toutefois savoir qui décide et fournit les affiches publicitaires — est-ce Presstalis ?). Ils gagnent de l'argent sur les ventes. Ils ne sont pourtant pas responsables des propos tenus dans les titres qu'ils vendent.
Je ne connais pas la législation mais je ne serais pas étonné que les kiosquiers ne puissent pas afficher en devanture n'importe quelle couverture de magazine.
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Vous savez bien qu'entre les motivations affichées et les conséquences réelles d'un changement législatif, il y a de la marge; et vous convenez avec moi qu'il y a une convergence d'intérêts derrière tout cela.
Ce qui m'inquiète, c'est la possibilité que l'on altère la loi avec des conséquences de portée générale pour régler un problème assez spécifique, selon une logique qui rappelle certains gouvernements précédents (« un fait divers, une loi »).
Sinon, je suis entièrement d'accord avec vous qu'il est choquant que certains géants de l'Internet touchent des revenus publicitaires en France, mais n'y payent pas d'impôt (le problème est plus vaste : certains géants du logiciel payent peu d'impôts en France au motif que leur filiale française ne fait essentiellement qu'acheter des logiciels à la maison-mère puis les revendre, dit-on). Je n'ai pas de solution à cela.
Si on avait voulu des géants de l'Internet en France, il aurait fallu, dès 1995, encourager les recherches publiques et les entreprises privées dans ce domaine ; or on préférait pousser encore le Minitel, on tempêtait contre les dangers de ce nouveau réseau (à l'époque c'était à propos des négationnistes), et plus généralement on avait une atmosphère juridique hostile (cf fermeture de Mygale pour une histoire de photo de starlette — heureusement ça n'arriverait pas de nos jours). Nous récoltons ce que nous avons semé.
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