PISA 2015 - 2015 - 2018
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Quel paradoxe ! Voyons ça de plus près...New school values - Higher teacher pay and smaller classes are not the best education policies
Ah... on juge donc un système éducatif sur la seule "culture mathématique", telle que conçue par PISA évidemment. Les deux autres domaines d'évaluation ne comptent pas, bien sûr. Tout ceci est très sérieux !
Par ailleurs je me demande bien comment le classement est effectué.
Le même tableau avec un colonne supplémentaire :
A lire sur un sujet voisin notre article : "Combien coûte un point PISA ?"
Heureusement "The Economist" est là pour le faire !EDUCATION is flush with data comparisons, from the Programme for International Student Assessment (PISA) run by the OECD, a mainly rich-world think-tank, which ranks 15-year-olds in core subjects every three years, to TIMSS and PIRLS, tests of younger pupils’ mathematics, science and reading levels administered by national research institutions. But such pecking orders cannot tell governments how much they should spend on education, or what the money should go on.
Unfortunately The Economist's journalists can't do the maths by themselves !Two new pieces of research shine light on these questions. An “efficiency index”, published on September 5th and constructed by academics working with GEMS Education Solutions, a consultancy, analyses the impact of spending on outcomes in 30 rich and developing countries.

C'est surtout que la "Chine" n'est pas évaluée par PISA...The OECD’s annual Education at a Glance, published on September 9th, looks more broadly at school financing and structures, and how these affect results and progress to university and work. Both offer lessons for governments around the world.
As far as star pupils and stragglers are concerned, the efficiency index resembles other rankings. Finland and South Korea shine (two of PISA’s other high performers, China and Singapore, were omitted because some data were unavailable).

Le seul score pris en compte ici est la culture mathématiques...Brazil and Indonesia, which do poorly in PISA, are both very inefficient, too.
But what the rest of the pack get for their outlay varies widely (see table). Taking into account teachers’ pay, class sizes and pupils’ PISA scores, the former Soviet-bloc countries, notably the Czech Republic and Hungary, are highly efficient. The Mediterranean countries—Greece, Portugal and Spain—are strikingly not. America’s pricey schools system disappoints in both efficiency and outcomes. Elsewhere in the prosperous Anglosphere, Australia and New Zealand do better in both.
En revanche le lien entre l'évolution des rémunérations et les difficultés de recrutement semble plus avéré.The link between results and teachers’ pay is surprisingly weak. An experienced Finnish teacher earns on average $42,800. But Switzerland pays teachers at the same point in their careers $68,000, and though it gets creditable maths results, coming ninth out of 65 in the most recent PISA assessment in 2012, it does much less well in reading and science. The figure in Germany is $54,000 a year. Its results have improved recently, but at a cost that leaves it a lowly 25th in the efficiency ranking.
Taille des classe et ratio élèves/professeurs sont des indicateurs distincts mais que "The Economiste" confond allègrement...Education spending depends not only on what teachers earn, but on how many of them there are—and in many places that number is rising, as rich countries cut class sizes in the hope that children will learn more. Parents, convinced that their children will do better with fewer classmates, are keen on the policy, too. But again, the data provide little support.
Both Korea and Finland have high pupil-teacher ratios (third- and fifth-highest of the 30 countries GEMS studied, respectively).
La France n'est 25ème... qu'en culture mathématique : le reste ne compte plus ? Encore une erreur grossière de "The Economist".France and Norway, with few pupils per teacher even by rich-world standards, trail in performance rankings, coming 25th and 30th in PISA 2012.

Bon, les chiffres des ratios élèves/enseignant pour ces quatre pays sont un peu différents quand on consulte RSE 2014. Voyons dans le détail, en ne regardant que les chiffres pertinents, c'est-à-dire jusqu'à la fin du premier cycle du secondaire.

Conclusion : "The Economist" dit n'importe quoi...

Quelle curieuse théorie... Au delà d'un certain salaire les enseignants ne seraient donc plus efficaces.Portugal, one of Europe’s laggards, has just half as many pupils per teacher as Finland (partly because the number of teachers did not drop as birth rates fell). Only when classes become truly unwieldy do outcomes seem to suffer: along with Brazil, the other country with a higher pupil-teacher ratio than Korea is Chile, which also has poor results.
Adam Still of GEMS thinks that many of the highest spenders have probably passed “peak efficiency”—the point at which more money brings diminishing returns.
Il faut vraiment être idiot pour croire une chose pareille, bien sûr...Andreas Schleicher, the data-gatherer who oversees PISA, reckons that differences in spending explain less than a fifth of the variation in countries’ outcomes. Such conclusions run counter to the claims of teaching unions, which generally argue that smaller classes and higher pay are essential if outcomes are to improve.
En vérité, la taille des classes n'influe pas... dans les pays asiatiques. A ce stade de la réflexion il serait bon de se demander pourquoi.

Et bien sûr la rémunération n'a aucune incidence sur la qualité du recrutement...“Quality of teachers has a clearer impact than class size,” says Mr Schleicher.
Quelle bêtise !A rich country may decide to pay teachers well in order to get the best graduates into schools or to underscore its esteem for the profession.
Le plus économique, à vrai dire, c'est de ne rien faire du tout de tout cela.Giving teachers plenty of support as they enter the classroom, and continuing their training throughout their careers, will be more effective than increasing their numbers—and cheaper

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- Loys
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Nous avons déjà rencontré GEMS education, un groupe privé originaire de Dubaï : "Les profs devraient être moins payés" .
Ce dossier considère que le ratio élèves/enseignant et la taille des classes sont le même indicateur ("Pupil/teacher ratio" > "we will use the phrase "class size" interchangeably").

L'OCDE distingue pourtant bien les deux (RSE 2014 D2.1 et D2.2)...
Voyons le tableau de "Gems education solutions" :
La conclusion paradoxale du tableau ci-dessus, c'est bien que l'efficacité d'un système éducatif est quasiment la même dans un pays où les professeurs sont payés trois fois moins que dans un autre (Hongrie contre Finlande) : n'y aurait pas d'autres éléments à prendre à considération, par exemple le niveau de vie ?

Une étude sérieuse devrait davantage se fonder sur le rapport des rémunérations des enseignants et celles des salariés du secteur privé par exemple à niveau équivalent de diplôme.
La méthodologie est expliqué : le score d'efficacité en quelque sorte est calculé à partir de trois indicateurs :
- le score PISA en mathématiques : c'est aberrant...
- le ratio élèves/professeur : la Finlande est censée être 4e, alors qu'elle est un des pays européens avec le ratio le plus élevé jusqu'à la fin du premier cycle du secondaire !
- les salaires à 15 ans d'ancienneté (le reste des dépenses n'est donc pas pris en compte
)

Son résultat : la Finlande arrive largement en tête !

Précisément en Finlande les professeurs peuvent être plusieurs par classe dans l'école fondamentale : l'indicateur de la taille des classes est donc problématique comme outil de comparaison. En même en considérant la taille des classes, difficile de comprendre comment la Finlande peut être considérée comme ayant un nombre d'élèves élevé.

Conclure que la taille des classes n'importe pas à partir de l'exemple finlandais...

Mais d'où sortent ces fabuleux chiffres suivants de "Gems education solutions" ?

La bonne nouvelle, c'est que la France est très bien classée malgré son ratio imaginaire très bas !

Voilà qui rejoint nos conclusions : www.laviemoderne.net/detox/54-combien-coute-un-point-pisa
Au passage on constate, de façon très intéressante, que les dépenses de la France sont finalement réduites compte tenu de son nombre d'élèves (12,6 millions), plus élevé que celui de l'Allemagne (11,2 millions) et surtout de l'Angleterre (9,7 millions).
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- Immarcescible
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Les 3 titres d'articles de ce dossier :
- Réforme scolaire : les failles du système suédois, article anglais, du journal Financial Times , publié initialement le 27 août.
- Réforme scolaire : Londres importe des profs chinois, article chinois, du journal South China Morning Post , publié initialement le 22 mars.
- Pédagogie : en Corée du Sud, halte à la compétition !, article sud-coréen, du journal Hankyoreh , publié initialement le 18 août.
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- Kustolovic
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Mon cœur d’helvète n'a fait qu'un bond lorsque j'ai remarqué le score médiocre à l’extrême en matière de scolarisation de mon pays: 83% au secondaire. Puis je me suis interrogé, comment se fait-il que près de 20% d'enfants sortent du système sans qu'on en entende parler. J'ai donc suivi les chiffres jusqu'au site de l'Unesco ou la lumière fut faite: Les catégories primaire/secondaire varient de tranches d'âge selon les pays et leurs systèmes scolaires respectifs. En France, la catégorie d'âge considérée va de 11 à 17 ans, en Suisse, l'Unesco prend en compte les jeunes de 13 à 19 ans. Pour l'explicatif, en Suisse, l'école obligatoire se termine à 15 ans, ensuite les jeunes vont soit dans les différents types de lycées/écoles de commerce, soit en formation professionnelle, soit sortent du système scolaire. Ces différentes voies peuvent durer de 2 à 4 ans, le plus commun étant 3 ans. Donc dans ces 17% de jeunes non scolarisé on compte ceux ayant terminé leur formation, ceux étant effectivement sortis, ceux prenant une année sabbatique , ceux effectuant une année de stage en vue de l'intégration dans une école, etc. Ouf l'honneur est sauf! Mais surtout cela n'est pas déterminant pour Pisa, vu que les tests sont effectués sur les élèves au cours de leur dernière année d'école obligatoire (14-15 ans donc).Il existe en effet un indicateur très simple fourni par la Banque mondiale[6] : le taux d’inscription à l’école dans le secondaire. Très peu de pays atteignent 99% comme la France[7], qui scolarise presque tous ses enfants. Comment dès lors comparer des pays qui scolarisent tous leurs enfants dans le secondaire et d’autres qui n’en scolarisent qu’une partie?
Par contre je n'explique ainsi que le résultat de la Suisse. Le résultat des autres pays je ne me suis pas penché sur la question et ne sous-entend aucun parallèle.
Pour le reste, je pourrais rajouter de nombreux paragraphes pour critiquer le «classement Pisa» et plus particulièrement l'importance qu'on lui donne. Je m'en abstient par manque de temps, mais ça finira bien par sortir un jour (à l'occasion du cru 2015 par exemple)!
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- Loys
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Non, non justement : des élèves de 15 ans et trois mois à 16 ans et deux mois.Mais surtout cela n'est pas déterminant pour Pisa, vu que les tests sont effectués sur les élèves au cours de leur dernière année d'école obligatoire (14-15 ans donc).
A cet âge une partie des jeunes Suisses ne sont donc pas scolarisés (et donc pas évalués par PISA) quand tous les jeunes Français ou presque le sont. Difficile de comparer le niveau de "performance" scolaire dans ces conditions !
Bon, vous aurez compris que je ne claironne pas pour autant la réussite du système éducatif français.
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- archeboc
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L'objection de Kustolovic est valide : on ne connait le taux de scolarisation des élèves sur la tranche "15 ans, 3 mois - 16 ans, 2 mois" ni pour la France, ni pour la Suisse. On peut supposer que le taux Suisse est plus faible que le taux français, puisqu'une sortie du système scolaire est institutionnellement possible. Mais 1- on ne sait pas quel est l'effectif de cette sortie institutionnelle du système Suisse, et 2- il y a en France des déscolarisations sauvages (qui ne doivent cependant pas être bien nombreuses si 99% des enfants sur la tranche 11-17 ans sont scolarisés),Loys dit: des élèves de 15 ans et trois mois à 16 ans et deux mois.
A cet âge une partie des jeunes Suisses ne sont donc pas scolarisés (et donc pas évalués par PISA)
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Disons que l'on sait que l'école est obligatoire en Suisse jusqu'à 15 ans. Et donc, d'après l'Unesco, que 13% des élèves ne sont pas scolarisés entre 15 et 19 ans. Effectivement, difficile de connaître la proportion exacte pour les 15 ans et trois mois-16 ans et deux mois, mais c'est nécessairement beaucoup plus qu'en France. Et on se doute bien que les élèves hors système scolaire sont avant tout des élèves en difficulté.
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Dans "Le Monde" du 10/02/16 : "95 000 élèves de 15 ans sont trop faibles pour trouver leur place dans la société"
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- Loys
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Amusant car en 2010-12 , parmi les sortants du système éducatif, 54.000 élèves n'avaient pas le brevet et 47.000 l'avaient. Faut-il en conclure que le brevet n'est pas un "bagage minimum pour se repérer dans la société" ?D'après le rapport de l'OCDE, 95000 adolescents se situent, à l’approche du terme de la scolarité obligatoire, sous le « niveau 2 » en mathématiques, en sciences et en compréhension de l'écrit.
C’est une piqûre de rappel – la dernière enquête PISA, épinglant la France pour ses inégalités sociales et scolaires, remonte à 2012. Mais elle n’en est pas moins douloureuse : 95 000 de nos élèves n’ont pas, à 15 ans, un bagage minimum pour se repérer dans la société, souligne un rapport de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) divulgué mercredi 10 février même s’il exploite des données communiquées en décembre 2013.
Une erreur factuelle : vérification faite , en compréhension de l'écrit, la progression est de +1,4%.D’un PISA à l’autre, l’heure n’est pas à l’embellie : la proportion d’élèves en difficulté s’est bel et bien envolée dans notre pays ces dix dernières années : + 6 points en mathématiques, + 4 points en compréhension de l’écrit. Elle stagne en revanche en sciences depuis peu (PISA 2006). [...] « En France plus que dans un autre pays, le niveau socio-économique, le redoublement et l’absence de scolarisation en maternelle sont des marqueurs forts de l’échec », précise Eric Charbonnier, analyste de l’OCDE.
Pas d'analyse des causes de cette progression négative. Mais le taux de retard des élèves de 3e en France sur la même période (2003-2012) est passé de 40% à 26%.

A noter que le redoublement est ici associé à des causes possibles d'échec scolaire.
L'Allemagne qui n'a pas de collège unique, donc.« Priorité au primaire »
Ailleurs, pourtant, le « choc PISA » semble avoir eu lieu. C’est en tout cas l’un des points sur lesquels insiste ce rapport en recensant neuf pays ayant réduit, en une décennie, la part d’élèves peu performants en mathématiques. Des pays « aussi différents sur le plan économique et culturel » que l’Allemagne, le Brésil, la Russie, l’Italie, le Mexique, la Pologne, le Portugal, la Tunisie et la Turquie.
La "priorité au primaire", c'est essentiellement les calamiteux rythmes scolaires...En misant sur la « priorité au primaire », la gauche donne-t-elle à la France la possibilité d’allonger cette liste ? La plupart des spécialistes de l’école en conviennent : il faut de cinq à dix ans pour commencer à percevoir concrètement les premiers effets d’une réforme éducative. De dix à vingt ans, avancent les moins optimistes. Or c’est en juillet 2013 seulement que la loi de programmation sur l’école – dite « loi Peillon » –, qui a gravé dans le marbre les priorités éducatives pour le quinquennat, a été promulguée.
Voilà qui correspond moins à la Finlande qu'à la France. Et, pour rassurer Grégory Chambat, cette observation de bon sens ne vise pas à chasser les immigrés de notre pays..Un impact sur le PIB
Ce qu’ils voient passer, en revanche, ce sont ces élèves qui progressent d’une classe à l’autre mais pas, ou très peu, en termes de niveau. L’OCDE en livre un portrait-robot en listant « obstacles » et « désavantages » qui, cumulés, finissent par entraver les destins scolaires : être issu d’un milieu socio-économique défavorisé, être né au sein d’une famille immigrée, de sexe féminin pour les élèves faibles en mathématiques, de sexe masculin en compréhension de l’écrit ; des élèves qui parlent à la maison une autre langue que celle de l’école, n’ont pas connu de préscolarisation mais ont, en revanche, déjà redoublé, et qui étudient en « lycée pro ».
Cette belle et noble idée que l'école est au service du PIB d'un pays : un nouvel humanisme porté par l'OCDE et son programme PISA.Que le système éducatif français ne brille guère n’est un secret pour personne : en France, en 2012, les élèves de 15 ans peu performants étaient 22 % en mathématiques (quand la moyenne OCDE atteignait 23 %). Ils étaient 19 % en compréhension de l’écrit (18 % dans l’OCDE) et 13 % dans les trois champs de compétences évalués. Un sur quatre sur le bord de la route, en somme. Ces difficultés ont un coût : si tous les élèves de 15 ans atteignaient au moins le « niveau seuil », le PIB enregistrerait une hausse de 18 % à la fin du siècle, chiffre l’OCDE.
Parmi les pratiques vertueuses que son rapport rappelle, certaines ont un écho avec les réformes d’ores et déjà engagées : préscolarisation, lien avec les familles, implication des collectivités…

Car en Allemagne il n'y a pas de sélection des élèves au collège !D’autres, moins : freiner la sélection des élèves, proposer des programmes spécifiques aux foyers défavorisés, aux élèves immigrés…

Un bilan en 2016 d'une "refondation de l’École" qui n'aura concerné donc que les élèves étant en 5e en 2012...C’est en décembre, avec les premiers résultats de la mouture 2016 de l’enquête PISA, qu’on pourra s’essayer à un premier bilan. Avec peu de recul par rapport à la loi d’orientation – trois ans seulement – mais en espérant identifier autre chose qu’un effondrement.
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Euphémisme pour désigner la suppression du redoublement.Mais que sait-on de ces jeunes particulièrement faibles ? Ils ont une signature scolaire. La première c'est le poids du redoublement. La France est le pays où le redoublement compte le plus dans le destin scolaire. 57% des redoublants français sont classés dans les élèves très faibles contre seulement 8% des élèves "à l'heure" (18% dans l'OCDE). Cette caractéristique signe le manque de souplesse du système. Eric Charbonnier espère qu'avec les cycles de 3 ans cette caractéristique diminue.
Curieux : le redoublement a nettement diminué mais le nombre d'élèves de 15 ans en difficulté (de niveau primaire dans PISA) a augmenté.

Quelle découverte. Il fallait bien cinq sessions de PISA pour le comprendre.Ils ont surtout une signature sociale. Un jeune de milieu populaire a 4 fois plus de chances de devenir un élève à niveau faible qu'un camarade de milieu favorisé. 40% des enfants de milieu populaire ont un faible niveau en maths contre seulement 5% des enfants favorisés. "Mais ce qui me heurte le plus", nous dit Eric Charbonier, "c'est qu'un enfant scolarisé dans un établissement défavorisé a 40 fois plus de chances d'avoir un niveau faible qu'un jeune scolarisé dans un établissement accueillant des jeunes favorisés. On voit les écarts colossaux entre établissements".
Comment expliquer cela ? "C'est l'absence de mixité sociale qui explique ces inégalités", nous dit Eric Charbonnier. "Quand les classes sont hétérogènes cela crée une dynamique. Mais certains établissements défavorisés ont tellement d'élèves en difficulté qu'il n'y a pas de dynamique positive.

Pourquoi les données de ce "recrutement social favorisé" ne sont-elles pas indiquées ?Selon l'organisation, à catégorie sociale égale, les élèves des établissements privés sous contrat ont deux fois plus de chances d'avoir un niveau faible que ceux du public. C'est leur recrutement social favorisé qui fait que leurs résultats sont généralement supérieurs à ceux du public.
Pas dans les résultats des États-Unis pour l'instant, dont les dépenses d'éducation sont bien supérieures aux nôtres.Comment améliorer ces résultats ? Pour Eric Charbonnier, l'école doit se rapprocher des parents particulièrement dans les zones défavorisées. "Il faut créer des liens entre la mission locale, l'école et les familles".
Mais pour E Charbonnier, il faut aussi que l'institution scolaire change. "Aux Etats-Unis on affecte des chefs d'établissement bien formés dans les établissements en difficulté et on voit le niveau remonter.
Rien dans cet article qui analyse les vraies raisons du naufrage.
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Le "Pisa choc" de 2013, orchestré par l'équipe de M. Peillon ("ça va être encore pire […] La France décroche totalement, dans les performances de ses élèves. Sur dix ans. Et sur un certain nombre de compétences, ça devient dramatique"), ne justifiait-il pas la "Refondation de l'école" ? Cette "Refondation" serait-elle inutile ?Pourquoi , à la différence de l'Allemagne ou de la Pologne, les mauvais résultats de Pisa se succèdent-ils en France sans soulever le "Pisa choc" qui permettrait le redressement ? Pour Jean-Paul Delahaye, ancien conseiller de V Peillon et ancien directeur de l'enseignement scolaire...
Les personnes conscientes du naufrage de l'école n'ont pas attendu PISA pour sonner l'alerte......c'est qu'un Pisa Choc irait contre trop d'intérêts. "La refondation de l’école n’est pas d’abord un sujet technique. C’est d’abord un sujet politique...
Formule très ambigüe : chez les professeurs ? Il y a aurait donc des professeurs de la République opposés à "l'intérêt général" ?...si l’on veut parvenir à dépasser les intérêts particuliers et faire adhérer la population à une politique d’intérêt général. Il y a aujourd’hui une lutte des classes au sein du système éducatif", nous dit l'ancien patron de la Dgesco...

On peut douter, compte tenu de toutes les insuffisances, défauts et erreurs de PISA. Les indicateurs de la DEPP sont bien plus sûrs, plus anciens et pus pertinents.Le temps long de Pisa
A quelques semaines de la publication des résultats de l’évaluation PISA 2015, il est bon de rappeler que grâce à cette évaluation internationale, le diagnostic sur l’état de notre école est aujourd’hui plus sûr.
Mais on voit que, pour M. Delahaye comme pour bien d'autres, l'évaluation par l'OCDE (qui mesure des compétences de base, de niveau primaire, à quinze ans) est devenue la principale grille valide d'évaluation du système scolaire, une nouvelle référence pour l'école républicaine en somme.
Et ici aucune référence à la ségrégation résidentielle ou à la ségrégation de l'enseignement privé, bien sûr.Et ce que nous dit PISA, depuis plusieurs années, c’est que nous sommes le pays du grand écart : environ 50 % de nos jeunes de 15 ans comptent parmi les meilleurs élèves du monde, tandis que 25 à 30 % de ces jeunes, massivement issus des milieux populaires, sont en très grande difficulté.
Sidérant qu'un ancien DGESCO accuse "une lutte des classes au sein du système éducatif" et désigne ensuite les enseignants comme coupables (d'avoir des enfants qui ont le baccalauréat).Quand on observe que 90 % des enfants de cadres et d’enseignants ont le baccalauréat sans problème 7 ans après leur entrée en sixième et que ce n’est le cas que pour 40 % des enfants d’ouvriers, on voit bien qu’il n’y a guère plus de progrès à espérer pour certains mais que les marges de progression pour les autres sont énormes.

Les chiffres cités ici ( enquête Insee «France, portrait social» (2012) ) sont déjà très anciens puisqu'ils concernent des élèves entrés en 6e en 1995 et obtenant leur bac en 2002. Or depuis 2002, le taux d'accès d'une génération au bac est passé de 61,8 à 78,6%.
Tout va bien aller, donc !On savait donc en 2012 pourquoi refonder et pour qui refonder en priorité. Le diagnostic posé par PISA est bien la base de la refondation initiée par la loi du 8 juillet 2013.

M. Delahaye reste très évasif à ce sujet. Les établissements majoritairement sortis de l'éducation prioritaire apprécieront.Depuis 2012, l'école est redevenue une priorité. Les moyens ont été augmentés là où c'était nécessaire.
Pourquoi appeler à un "PISA choc", en ce cas ?La mise en œuvre des différentes mesures sur l’ensemble du territoire national et dans toutes ses dimensions est engagée, de la priorité au primaire au rétablissement de la formation des personnels jusqu’à la lutte contre les inégalités sociales et territoriales, en passant bien sûr par les nouvelles orientations pédagogiques et éducatives grâce à une réorganisation des cycles d’enseignement et au travail effectué par le CSP sur le socle commun et les programmes totalement refondus de l’école maternelle au collège.

Où donc ?La refondation qui est dans sa quatrième année commence à porter des fruits...

Comme ça a toujours été le cas, à vrai dire....parce que ces changements s’inscrivent dans une cohérence d’ensemble et sont portés par le premier effort budgétaire de la Nation.
On comprend mieux le sens de cette curieuse tribune : justifier la refondation tout en anticipant l'échec de PISA 2015.Mais le temps de l’éducation est un temps long. Les élèves qui sont entrés au cours préparatoire en 2012, début de la refondation, seront évalués par PISA en 2021 et plus tard encore s’agissant de ceux qui bénéficient des nouveaux programmes à la rentrée 2016.
Dont bien peu ont été recréés par la majorité socialiste depuis 2012 lors même que la population scolaire augmentait (d'où les taux d'encadrement actuels pires que sous le quinquennat précédent)... On voit qu'il s'agit ici d'accuser la majorité précédente pour mieux se dédouaner.Avant 2012 un Pisa choc à l'envers...
D’autres pays concernés par les inégalités de réussite ont réagi plus tôt que nous, ont connu leur « PISA Choc », et ont vu leur situation s’améliorer de 2003 à 2012, l’Allemagne notamment. La France a longtemps tergiversé et a perdu beaucoup de temps, préférant dénigrer le thermomètre, et a même pris de 2002 à 2012 l’exact contrepied de ce qu’il aurait fallu faire en supprimant 80 000 postes...
Parce que les nouveaux rythmes, qui contreviennent aux recommandations de l'académie de médecine , dérégulent la semaine des enfants avec des rythmes irréguliers et préservent le samedi des parents ne sont pas "une mesure d'adulte" ? L'actuelle majorité n'est d'ailleurs pas revenue sur le principal scandale de la réforme de 2008 : l'horaire de primaire descendu de 26h à 24h.... et une matinée de classe pour les enfants de l’école primaire (une mesure d’adulte pour les adultes et contre les enfants qu’aucun pays au monde n’a songé à imiter)...
C'est vrai....en divisant par trois la scolarisation des enfants de moins de trois ans...
Rien sur les réformes du lycée général et professionnel que M. Delahaye a approuvées ?en réduisant de façon scandaleuse les crédits sociaux destinés aux élèves pauvres, et en supprimant carrément toute formation professionnelle de ses enseignants, pour ne prendre que quelques exemples de politiques ayant aggravé notre situation.
La majorité précédente a effectivement fait beaucoup de mal à l'école, mais les programmes et horaires de 2002 ont bien été mis en place par la gauche jusqu'en 2008. Et la dégradation des résultats mesurée par la DEPP (1987-2007) en primaire par exemple est même antérieure à 2002.Une sorte de « PISA choc à l’envers » en quelque sorte. Dans ces conditions, il ne faut pas davantage s’étonner que les élèves entrés au cours préparatoire en 2004 et qui ont été évalués en 2012 par PISA aient obtenus des résultats si médiocres et que les inégalités se soient à ce point aggravés.
Pour accuser la majorité précédente.Et ceux qui sont entrés au CP au début du quinquennat précédent, en 2007, ont été évalués en 2015. Nous en attendons les résultats…

Mais au fait : aucun commentaire de M. Delahaye, ici quelque peu décliniste, sur l'extraordinaire progression du brevet et du bac (records dans une génération, records de taux de réussite, records de mentions) ?

Oui : la pédagogie comme levier pour satisfaire l'OCDE : transformer l'école de la République en école des compétences, sur le modèle de l'OCDE.On sait ce qu'il faut faire
Avec la refondation enclenchée en 2012, nous avons en mains tous les éléments d’un « PISA choc » dont la France, contrairement à d’autres pays, a trop longtemps différé la mise en œuvre. A condition qu’on ne se méprenne pas sur notre problème qui vient de très loin et qui ne sera pas résolu si l’on se contente d’injecter des moyens supplémentaires en ne changeant rien, c’est-à-dire en évitant de poser la question de la structure même de notre système éducatif.
Et il faut donc imposer une pédagogie dans le secondaire, comme le fait la réforme du collège 2016 : le socio-constructivisme, la pédagogie de projet, l'enseignement par compétences. Avec une gouvernance pédagogique donnée au chef d'établissement.En fait, on sait ce qu’il faut faire pour que notre école devienne l’école de la réussite de tous. On le sait car d’autres pays y sont parvenus et, chez nous, des écoles, des collèges et des lycées sont déjà mobilisés et ont trouvé des modes d’organisation pédagogiques plus efficaces que d’autres car toutes les approches ne se valent pas si l’on veut démocratiser la réussite scolaire.
On note, bien évidemment, que la réussite de ces "modes d’organisation pédagogiques plus efficaces" est affirmée sans aucune source.
"ce qui marche" ?Notre école est pleine de ressources, la question est de savoir comment généraliser ce qui marche, comment lever les blocages...

Comment faire ? En respectant le vote de syndicats représentant 80% des enseignants au CSE, en respectant la liberté pédagogique des enseignants, inscrite dans la loi. Ce n'est malheureusement pas envisageable pour M. Delahaye.
L'innovation pédagogique comme seule vertu de l'école moderne. C'est proprement désolant.... comment mieux soutenir les équipes qui innovent et comment ensuite passer de « l’innovation à la transformation ».
Où sont-ils ces résultats, qu'on les consulte ?On sait aussi ce qu’il faut faire grâce à la recherche en éducation, insuffisamment utilisée dans notre pays, or cette recherche produit des résultats qui devraient désormais guider notre action collective.
A moins qu'il ne s'agisse de cet artifice rhétorique moderne : "la recherche" montre que...
Attention : amalgame avec une école d'un autre temps.Alors pourquoi tant de difficultés et de résistances à une politique d’intérêt général favorisant la réussite de tous ?
La lutte des classes dans l'Ecole
En réalité, si les politiques conduites de 2002 à 2012 ont eu un effet négatif, la situation scolaire de la France n’est pas que le fruit de ces années difficiles pour l’école, elle est structurelle et vient de très loin.
Cette rengaine est ridicule : l'échec se constate dès le primaire (voir Cedre 2016) : quel tri, quelle sélection y a lieu ?Cette situation est en effet inhérente à un système qui n’a pas dès l’origine été organisé pour faire réussir tous les élèves, mais qui est tout entier et historiquement concentré, y compris dans certains de ses choix budgétaires, sur l’objectif de tri et de sélection des meilleurs.
Une formule extrêmement brutale et bien sûr allusive, mais qui désigne encore une fois les enseignants : merci M. Delahaye ! Et si on écoutait les enseignants pour faire réussir tous les élèves comme leurs propres enfants ?De plus, en temps de crise, la solidarité n’est pas une priorité pour tous. Et ceux qui s’opposent à la transformation d’un système qui fait si bien, mais à quel prix !, réussir leurs propres enfants...
Les opposants à collège 2016 réclament depuis longtemps une réforme de l'école, mais qui n'est pas celle de "l'innovation" ou de la réussite artificielle mise en place et célébrée par M. Delahaye, mais de l'efficacité scolaire.
Eh oui : il y a une gauche qui n'est pas celle de M. Delahaye....se situent sur l’ensemble de l’échiquier politique...
On ne l'a guère constaté avec les dernières réformes, autoritairement imposées....savent se faire entendre, défendent les positions acquises, et ont un pouvoir de retardement des réformes, voire de blocage.
Où on retrouve les enfants d'enseignants, véritable obsession de M. Delahaye. A vrai dire, les réformes en cours ne font qu'accentuer ces dysfonctionnements : si les enfants d'enseignants en sont moins victimes, c'est bien la preuve que les enseignants ne se mobilisent pas pour leurs propres enfants mais pour "l'intérêt général".Une partie de notre problème réside dans le fait que les dysfonctionnements de notre école qui ne parvient pas à réduire les inégalités ne nuisent pas à tout le monde. Globalement, ils ne nuisent pas aux enfants des milieux favorisés, aux enfants d’enseignants, de journalistes, de cadres supérieurs et des élites dirigeantes.

On se demande bien en quoi des rythmes scolaires anarchiques, un horaire de primaire au plus bas dans l'histoire de la République, la suppression du redoublement sans dispositif de remplacement, des projets artificiels au collège réduisant l'horaire des cours structurés ou un accompagnement personnalisé en classe entière, la suppression d'options pour les plus volontaires (le latin en éducation prioritaire par exemple) avec des taux d'encadrement consternants pourront bénéficier aux enfants de "pauvres"...Et les bénéficiaires potentiels de la refondation, par exemple les 8,5 millions de pauvres et leurs enfants...
Heureusement qu'il y a des Jean-Paul Delahaye pour s'exprimer à leur place !...sont, eux, coupés du monde politique et d’une école qui ne sait pas les associer aux choix pédagogiques ; ils n’accèdent pas aux médias et donc ne se font pas entendre. Les milieux populaires ne peuvent donc peser sur les politiques scolaires.

Pas de mention de la suppression des bourses au mérite voulue par la majorité de M. Delahaye en 2014 (une dizaine de millions d'euros d'économies) ?En réalité, il y a aujourd’hui une lutte des classes au sein du système éducatif.
Lutte des classes oui, car comment expliquer autrement le fait que, dans ce pays, on ait pu impunément et sans aucune réaction de solidarité, diviser par deux les fonds sociaux destinés aux élèves pauvres qui sont passés de 73 millions d’euros en 2002 à 32 millions à 2012 (pas de grève, pas de manifestation, pas la moindre pétition)...
Cette opposition est consternante : comme si "les pauvres" n'étaient pas capables d'aller en classe préparatoire. En réalité, il faudrait surtout s'interroger sur les vraies raisons qui ont permis le creusement des inégalités et dont M. Delahaye ne parle jamais. Les réformes pédagogiques antérieures ou bien ségrégation de l'enseignement privé, par exemple....et qu’on ait pu, sur la même période et sans gêne d’aucune sorte, augmenter sans retenue aucune et à hauteur de 70 millions d’euros les crédits destinés aux heures de colle en CPGE ?
Et quand la DGESCO visite et donne en modèle une école financée par l'État et facturant l'année scolaire 10.000€ aux parents ?Tout cela s’est fait dans un grand silence complice. Qui sont vraiment les assistés dans ce pays et quand cessera cette solidarité à l’envers où les économies faites sur les pauvres servent à préserver les positions acquises par les élites ?
Cette mesure est aussi ridicule et dramatique que l'apprentissage de l'anglais en primaire. Quel sens d'enseigner une seconde langue vivante quand en français 40% des élèves entrant en 6e maîtrisent principalement des compétences de CE1 ?Comment expliquer autrement que cette formidable avancée démocratique que représente une deuxième langue vivante offerte à tous les enfants en 5e et plus seulement à quelques-uns en 6e soit autant combattue par certains ?
Exemple typique d'idéologie généreuse ("formidable avancée démocratique") et dont les plus défavorisés scolairement feront en réalité les frais. Une vraie mesure démocratique aurait veillé à sanctuariser les sections bilangues et les options de langues anciennes en zone d'éducation prioritaire.
En réalité si : toute personne connaissant le niveau actuel des élèves en 5e...Qui cela peut-il gêner ? A priori les deux langues vivantes pour tous ne peuvent gêner personne...
Même argument (la ségrégation au sein du collège) pour justifier la suppression des langues anciennes : sauf que les sections bilangues, comme les options de langues anciennes, ne sont pas des "classes", mais réparties dans toutes les classes....sauf peut-être ceux qui utilisaient les langues vivantes pour séparer leurs enfants des enfants des autres dès la classe de 6e...
Et pour s'assurer que ce soit bien le cas dans 100% des établissements, une simple circulaire suffisait.
M. Delahaye serait-il fier d'avoir contribué à la disparition de l'enseignement des humanités dans le secondaire ?...mais qui ne peuvent évidemment avancer cet argument à visage découvert et qui préfèrent parler d’égalitarisme, de nivellement par le bas, le « bas », c’est-à-dire le peuple, appréciera…
Il est plus facile, pour une conscience de gauche timide, de s'en prendre aux sections bilangues ou aux options de langues anciennes (ouvertes à tous) de l'école publique que de s'interroger sur la ségrégation résidentielle ou sur celle de l'enseignement privé , ségrégation financée par l'État et que les réformes en cours ne font qu'accentuer.Proclamer le « vivre ensemble « mais refuser de « scolariser ensemble », c’est dénoncer les inégalités en théorie mais ne rien faire pour les combattre.
Les enseignants opposés à collège 2016 : des mal-comprenants.Les résistances à la refondation du système pour la réussite de tous sont d’autant plus importantes que les enjeux ne sont pas suffisamment expliqués et portés politiquement.
Une aspiration à l'union nationale qui contraste de façon saisissante avec le mépris des enseignants dans les dernières réformes.Le ministère de l’éducation nationale est trop souvent seul sur un sujet qui devrait concerner toute la classe politique et au-delà toute la nation.
On peut juger au contraire que, avec des artifices rhétoriques grossiers et un faux progressisme naïf, Jean-Paul Delahaye soutient une politique scolaire tout à fait contraire à l'intérêt général.Parce que la refondation de l’école n’est pas d’abord un sujet technique. C’est d’abord un sujet politique si l’on veut parvenir à dépasser les intérêts particuliers et faire adhérer la population à une politique d’intérêt général.
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Il est également fait mention, pour la première fois, de l'éducation de l'ombre.
Quelques remarques néanmoins :
Donc, avec son cheval de bataille, Marie Duru-Bellat fait exactement le contraire de ce envers quoi elle vient de mettre en garde, en imputant au redoublement l'écart de niveau...Un autre point, méconnu, découle du fait qu’on observe dans PISA les élèves de 15 ans quel que soit leur niveau scolaire. Or, en France, à peine plus de la moitié des élèves de cette population sont à l’heure (ou en avance), les autres ayant redoublé ou fréquentant des filières professionnelles, moins exigeantes scolairement. Ceci, concrètement, fait baisser le score moyen dans les pays comme le nôtre où existe le redoublement (d’où l’intérêt d’examiner spécifiquement le score des élèves n’ayant jamais redoublé, en général très bien situé dans le classement international).
La logique laisse perplexe : les compétences de base (de niveau souvent primaire) évaluées par PISA seraient affectées par le redoublement d'un élève dans sa scolarité ? A noter d'ailleurs que les élèves de l'enseignement professionnels sont comptabilisés, dans un malheureux raccourci, comme "en retard"...
Rappelons également que le taux de retard est de 28% dans PISA 2012 (moitié moins que ce qui est indiquée par Mme Duru-Bellat), en baisse d'ailleurs de 12 points depuis PISA 2003. En bonne logique, la baisse importante du taux de retard aurait dû produire des progrès importants dans les performances PISA, à la manière des résultats du bac...
Des assurances qui ne convainquent pas toujours quand la même grave erreur de traduction est commise depuis dix ans.Concernant les épreuves, des réserves ont été émises, notamment en France, sur les possibles « biais culturels » (provenant du fait que l’anglais est source des items, du format de type QCM de nombreux exercices…). Néanmoins, les meilleurs élèves viennent d’aires culturelles très différentes (Finlande, Canada, Corée), et en ce qui concerne la construction et la traduction des épreuves, PISA donne des assurances techniques importantes.

On peut même en avoir un exemple avec Mme Duru-Bellat (autre que celui du redoublement). cf infra.Des interprétations très variables
Cela ouvre la porte à de multiples dérapages, les corrélations étant abusivement interprétées selon les préférences idéologiques de chacun.
Prenons l’exemple de l’interprétation des bons résultats finlandais. Si on est syndicaliste, on les met en relation – on les « explique » – avec le niveau élevé des rémunérations et du prestige des enseignants. Si on croit à la pédagogie, on les mettra plutôt en relation avec le suivi individualisé dont bénéficient les enfants en échec. Si on a un a priori favorable à l’autonomie des établissements, on soulignera que les écoles finlandaises ont un niveau d’autonomie plus élevé que les autres pays, en oubliant de préciser que ceci ne concerne que la politique d’évaluations des élèves (pour les autres dimensions de l’autonomie – recrutement des enseignants, budget, admission des élèves –, les écoles finlandaises sont souvent moins autonomes que la moyenne de l’OCDE). Et ainsi de suite…
C'est peu de la dire. L'OCDE n'est pas la République française, en effet.Une enquête ne fait pas une politique
En conclusion, on ne saurait « caler » la politique éducative sur les enquêtes PISA. Tout d’abord parce qu’un pilotage s’appuyant sur des corrélations extraites de leur contexte s’exposerait à des erreurs de préconisation. Mais aussi parce qu’il convient de veiller à ne pas entériner sans discussion les choix éducatifs qui sous-tendent les enquêtes PISA. Ces choix sont effectués de fait par des experts et/ou les instances européennes et les organisations internationales mais ils ne font pas nécessairement l’objet d’une politique explicite et a fortiori de débats démocratiques.
En rappelant que Mme Duru-Bellat a instrumentalisé un de ces indicateurs, grossièrement erroné, sur le bien-être (le sentiment d'appartenance) pour transformer l'école française.Ici comme ailleurs, privilégier certains indicateurs équivaut à privilégier certains objectifs, puisqu’on évalue les systèmes éducatifs à l’aune de ces indicateurs. Or, la définition des « compétences pour la vie » incorporée dans PISA fait-elle l’objet d’un consensus, ou encore, pourquoi ne pas donner plus d’importance à des indicateurs sur le bien-être des élèves ?
PISA ne mesure pas "des acquis élevés".De plus, il serait légitime de distinguer efficacité interne et externe des systèmes éducatif : un système performant est-il un système dont les élèves réalisent des acquis élevés ou qui se placent bien, et s’intègrent bien dans la vie ?
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Non, les résultats sont juste plus détaillés. A noter que l'ensemble de la presse n'a pas cette distinction essentielle entre dominante et ensemble des trois domaines évalués en 2013.Chaque édition, par rotation, a pour dominante l’un de ces trois domaines, mais les deux autres sont quand même traités, avec toutefois une moindre « robustesse » des résultats. Les comparaisons dans le temps les plus fiables portent sur deux enquêtes à même dominante, éloignées donc de neuf années l’une de l’autre.
Au contraire, le catastrophisme date de 2013 exactement. Auparavant, le déni.PISA 2015, avec pour dominante la culture scientifique, est donc à comparer prioritairement avec PISA 2006. Aucune anticipation n’est possible de ces résultats avant leur publication, le secret étant bien gardé, même à un niveau élevé de responsabilité dans le système éducatif. Cela n’empêche pas les rumeurs de courir. Le catastrophisme a été, ces quinze dernières années, le mode privilégié de réception des données PISA...
L'exemple le plus frappant a été la refondation de l'école en 2013....aggravé par les récupérations politiques de droite ou de gauche, selon qui gouverne au moment de la publication, chaque camp voulant annexer les résultats à sa cause.
Cette mise en perspective, que nous avions engagée ici en 2013, intervient timidement dans les médias presque trois ans après...La thématique de l’effondrement du système français s’est ainsi durablement installée dans une grande partie de l’opinion. Pourtant, les résultats en compréhension de l’écrit n’ont pas évolué de manière significative entre la première enquête sur cette dominante, en 2000, et celle de 2009, le score en ce domaine restant stable et dans la moyenne de l’OCDE. Quant aux mathématiques, Andreas Schleicher, directeur de PISA, écrivait l’an dernier à propos de l’enquête 2012 que « la France se situe dans la moyenne de l’OCDE ». Sur l’ensemble des trois thèmes, il assurait même que « la performance des élèves en France n’a pas reculé de façon significative. Mais elle ne s’est pas non plus améliorée depuis la première enquête PISA, il y a plus de dix ans ».
Le "discours décliniste" vient plutôt du constat de la baisse importance des compétences dès la sortie de l'école primaire telle qu'elle a été évaluée par la DEPP sur la période 1987-2007 (lecture, calcul) ou 1987-2015 (orthographe).En ce qui concerne la culture scientifique, l’enquête 2015, deuxième du genre, permettra de comparer avec celle de 2006. D’où vient, alors, l’insistance du discours décliniste ? Essentiellement des scores et des classements qu’ils induisent. En maths, le score 2012 de la France avait baissé de 16 points en une décennie, passant de 511 à 495 points.
D'autant plus que, devant la France dans le "classement", huit nouveaux pays ont été évalués depuis 2000...Mais, la même année, la France se trouvait un peu au-dessus de la moyenne en compréhension de l’écrit et dans la moyenne pour les sciences. Les responsables de PISA, conscients des excès d’interprétation, soulignent désormais eux-mêmes qu’un recul d’une dizaine de places dans un classement n’a pas de valeur statistique significative.

Mais c'est du "déclinisme" !Alors, tout va bien ? Absolument pas.

Il faut sauver le soldat Vallaud !La principale donnée que PISA, depuis 2000, a fait émerger est que, par-delà les moyennes, l’école française est efficace pour les élèves privilégiés et inefficace pour les autres. Enquête après enquête, les écarts, insensiblement, se creusent. Ce constat, devenu banal, n’apporte en lui-même aucune conclusion tranchée en matière de politique éducative. En rapport avec l’actualité, il convient cependant de noter que les données de 2015 ne seront pas le résultat de la politique suivie depuis 2012... et qu’elles ne sauraient non plus justifier une réduction du nombre d’enseignants.

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Un "effet retard" qui existe peut-être, mais particulièrement bienvenu ici pour rejeter les responsabilités sur le camp politique adverse.On peut donc noter que les élèves testés pour PISA 2015 ont effectué la totalité de leurs parcours élémentaires sous les trois ministres de droite (Gilles de Robien, Xavier Darcos, Luc Chatel), et seulement leurs trois dernières années de scolarité sous trois ministres de gauche (Vincent Peillon essentiellement), étant entendu que les politiques scolaires qu’ils ont pu mener n’ont pu être mis en oeuvre qu’avec un certain »effet retard » dans leurs applications plus ou moins effectives. Si l’on tient compte de »cet effet retard » incontournable pour chacun, on peut dire que les élèves testés pour « PISA 2015 » ont eu une scolarité essentiellement sous la houlette des trois ministres de droite, Gilles de Robien étant d’ailleurs arrivé au ministère de l’Education nationale un an avant l’entrée au Cours préparatoire de la cohorte des élèves testés pour PISA 2015.

La cohorte concernée est entrée en primaire en 2006 : elle n'a donc pas été concernée, pour l'apprentissage de la lecture, par cette circulaire.Par ailleurs, si on se focalise (comme beaucoup le font actuellement) sur l’enseignement primaire et les »fondamentaux », il convient sans doute de rappeler quelle a été à ce sujet la politique menée en leurs temps par les ministres de l’Education nationale de droite.
Gilles de Robien s’est illustré par la promotion unilatérale de la »méthode syllabique » en lecture. [...] In fine, la circulaire ministérielle publiée le 3 janvier 2007 sous le ministère de Gilles de Robien met l’accent sur la démarche syllabique, mais sans plus.
M. Lelièvre ne rappelle pas à ce sujet la dégradation très nette sur la période 1997-2007 des compétences de lecture, d'orthographe et de calcul des élèves de CM2 (DEPP 2008 et DEPP 2016), période qui correspond à une majorité socialiste (1997-2002) et ensuite à des programmes mis en place par cette majorité en 2002 (les élèves de CM2 en 2007 n'ont connu que ces programmes...).
Jack Lang qui a publié en 2002 les programmes que les élèves concernés par PISA 2015 ont connu de 2003 à 2006 (en maternelle) et de 2006 à 2008 (en primaire)... avec peut-être un "effet retard" !Xavier Darco, lui, a promulgué en 2008 de nouveaux programmes du primaire qui rompaient sensiblement avec la période précédente et qui ont suscité de vives polémique. Au point d’ailleurs que deux de ses prédécesseurs à la tête du ministère de l’Education nationale (Jack Lang et Luc Fery) n’ont pas hésité (et c’était une première dans le genre) à rédiger et à publier un texte commun les mettant en cause très sévèrement [...]

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Quelques remarques...
Non : en "culture mathématique" et surtout en "compréhension de l'écrit", ce qui est très différent de la langue française...Mais Pisa va aussi évaluer le niveau en maths et langue française.
Le déclin a eu lieu, en moyenne des trois domaines d'évaluation, de 2000 à 2006. De 2006 à 2012, le niveau moyen a remonté (sans atteindre celui de 2000, il est vrai)Les années 2000 à 2012 ont vu une dizaine d'années de déclin de l'école française. Pas seulement en terme de niveau.
Cet investissement est toujours inférieur après quatre années de majorité de gauche...Mais aussi en terme de budget, alors qu'ailleurs les pays investissaient dans l'éducation. Les années Sarkozy-Fillon ont vu un net décrochage avec les suppressions de postes et même celle de la formation des enseignants. A l'intérieur du système éducatif, le primaire a été délaissé avec un investissement nettement inférieur à la moyenne ocde.
Pisa a aussi montré un déclin des "valeurs républicaines".

Aucun lien avec un "déclin" éventuel des valeurs républicainesOn a vu la montée du poids des inégalités sociales dans l'école française.
Dans le public scolarisé à quinze ans et donc évalué par PISA, ce qui est loin d'être le cas de tous les "pays" de PISA...Dans Pisa 2012, la France était, avec la Nouvelle Zélande, le pays où l'origine sociale pèse le plus dans les résultats scolaires.
PISA ne mesure pas "l'inégalités ethnique"...A cette inégalité sociale s'ajoutait l'inégalité ethnique : la France était aussi le pays où l'origine ethnique joue le plus sur les résultats et cela pas seulement pour la 1ère génération mais aussi pour la seconde.

De 2012 à 2015, la majorité est socialiste. Et de 2002 à 2008, les programmes sont socialistes....A quoi s'attendre le 6 décembre ?
On saura le 6 décembre si ces tendances sont confirmées ou si le pays a lutté contre l'éclatement de son système éducatif.
Disons le tout de suite : on peut en douter. En effet les élèves testés dans Pisa 2015 ont 15 ans. Ils ont fait la quasi totalité de leur scolarité, du CP à la 5ème sous la droite. Ils sont entrés en 6ème à la fin du quinquennat Chirac et ont fait toute leur école et le début du collège sous Sarkozy - Fillon.
Même argumentaire que M. Lelièvre, donc.
Ils ont connu en maternelle, en CP et en CE1 les programmes de 2002. L'évolution des résultats telle que mesurée par la DEPP de 1987 à 2007 était déjà très négative.Ils ont donc connu la fausse querelle sur la méthode syllabique qui a creusé le fossé entre familles et instituteurs puis les suppressions massives de postes. Comme l'a rappelé Claude Lelièvre, ils n'ont connu depuis le ce2 que les programmes de 2008 dont les effets négatifs viennent d'être révélés dans Timss.
Par ailleurs, imputer aux seuls programmes de 2008 les résultats de TIMMS 2015 est étonnant puisque depuis 2008 l'horaire général de primaire a été réduit à 24h : cet horaire minimum a été reconduit en 2012 par l'actuelle majorité. A noter que les résultats en français des élèves les plus faibles en CM2 ont progressé entre 2009 et 2015 (Cedres 2016), même si le niveau moyen est resté stable.
Les créations de postes qui peinent à maintenir le taux d'encadrement, compte tenu de l'augmentation des effectifs.La loi d'orientation de 2013 a été publiée lorsqu'ils étaient en 4ème, pour leurs 14 ans, et les nouveaux programmes ne sont venus qu'après Pisa 2015. Notamment ces jeunes n'ont pas connu les mesures prises pour le primaire (les maitres surnuméraires, les créations de postes). Il n'ont pas eu vraiment le temps de bénéficier de la réforme de l'éducation prioritaire. Evidemment Pisa 2015 ne porte aucun jugement sur la réforme du collège ou sur les nouveaux programmes de 2016.
Effectivement, ce point est très intéressant. Rappelons la spécificité française d'un enseignement privé (c'est-à-dire une ségrégation) financé par l'Etat.Cette situation sert de prétexte à ce que la France ne participe pas à une évaluation des établissements que laquelle la plupart des autres pays acceptent. Peut-être est ce qu'en France justement les écarts entre établissements (collèges et lycées) sont devenus énormes à l'intérieur même de leur catégorie ?

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Dans "Le Point" du 5/12/16 : "Andreas Schleicher : "Le système scolaire français ne s'adapte pas à la société""
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Voilà qui commence mal puisque ce n'est pas le cas : la performance française s'est dégradée entre 2000 (507 points) et 2006 (493 points) avant de progresser très légèrement en 2009 puis en 2012 (499 points). Il est vrai que ces évolutions ne sont guère significatives...Le Point : Depuis la création de Pisa en 2000, la France ne cesse de dégringoler dans le classement.
On peut en douter quand on observe les pays qui devançaient la France en 2000 :Comment analysez-vous cet échec ?
Andreas Schleicher : Les résultats de la France sont en effet très en dessous de ce qu'on pourrait attendre. Pas nécessairement parce que les jeunes Français sont moins bons qu'avant, mais parce que les autres progressent très rapidement.

On notera que M. Schleicher ne rectifie pas l'erreur du 'Point". Le catastrophisme est un bon levier pour justifier les réformes que l'on souhaite voir appliquées.
Comprendre que la "tradition éducative" est bonne au rebut.Les Asiatiques ont su s'adapter aux nouveaux enjeux mondiaux là où les Européens se reposent pour la plupart sur leurs acquis et leur tradition éducative.
On sait ce qu'on doit penser de ce jugement de la part d'une organisation qui ignore totalement l'existence du hukou à Shanghai ...On constate, par ailleurs, que l'école française est l'une des plus inégalitaires au monde, ce qui est assez paradoxal dans un pays où la notion d'égalité est omniprésente.
Une chance : les réformes s'enchaînent encore en 2016, avec la bénédiction de l'OCDE d'ailleurs !Elle excelle à produire des élites, mais refuse de voir les élèves en difficulté qui se cachent derrière. Les réformes s'enchaînent, les jeunes Français font partie de ceux qui passent le plus de temps en classe et, pourtant, les résultats ne sont pas au rendez-vous.

C'est vrai que le monde ancien ne s'en souciait pas...Comment l'expliquez-vous ?
Le monde moderne ne s'intéresse pas à ce que vous savez mais à ce que vous savez en faire.

Il serait bon de renouveler les éléments de langage d'une session PISA à l'autre.
Ce n'est pas ce que "la société" attend, mais la très libérale OCDE. La République a d'autres attentes pour son École...Le système français, avec sa vision très figée de l'école, héritée d'une tradition scolaire de plusieurs siècles, ne sait pas s'adapter à ce que la société attend de ses jeunes diplômés : flexibilité, inventivité, adaptation à des enjeux qu'ils n'ont pas forcément rencontrés à l'école, mais pour lesquels ils doivent faire preuve d'un peu d'imagination…
On notera, au passage, la confusion étonnante entre les compétences de base (jusqu'à un niveau primaire) évaluées par PISA et l'évocation ici des diplômes...
Comme en France, en somme.Lorsque le premier classement Pisa est sorti, en 2001, l'Allemagne était classée à peu près comme la France : sur 31 pays, elle arrivait alors 21e. Ne pas être en tête a créé outre-Rhin un véritable choc national, une remise en question, et des mesures intéressantes ont été prises pour remonter la pente. C'est à ce moment-là qu'est apparue l'école toute la journée, par exemple.

On ne critique pas PISA : c'est un péché d'orgueil. L'Allemagne a su faire preuve de l'humilité nécessaire pour conformer son système éducatif aux idéaux de l'OCDE.Les enfants défavorisés, au lieu de traîner tout l'après-midi dans la rue, ont été pris en charge par l'école. Pendant ce temps, la France s'est simplement demandé quel était ce classement qui osait remettre son système scolaire en question.

On note que l'enquête PISA est de moins en moins descriptive et de plus en plus prescriptive, de moins en moins scientifique et de plus en plus orientée idéologiquement. Qu'on se souvienne des conclusions d'Andreas Schleicher totalement contraires au rapport de l'OCDE sur l'école numérique.
Jugement péremptoire, qui laisse pantois. D'abord parce qu'il caricature l'enseignement en France (à quinze ans...), ensuite parce qu'il n'avance pas le moindre argument pour étayer sa thèse. On retrouve en tout cas le discours habituel des nouvelles pédagogies : il faut destructurer l'enseignement.Or le rapport – très passif – maître-élève ou l'apprentissage des leçons « par cœur » qu'elle pratique encore beaucoup ne sont plus adaptés au monde d'aujourd'hui.
Mais en Asie, ce n'est pas pareil.N'est-ce pas précisément le « par cœur » qui fait la force des pays asiatiques qui sont en tête du classement ?
Il faut se méfier des clichés. Les classes asiatiques ne sont pas des « récitoires » de leçons comme on se les imagine souvent. Bien au contraire. Si le « par cœur » fait en effet partie de la pédagogie...

Le climat de discipline, surtout. Aucun mot à ce sujet, lors même qu'il est évalué par l'OCDE....c'est davantage l'implication du professeur et le lien tissé avec sa classe qui font la force du système.
Au Japon, par exemple, si un enfant a des problèmes avec la police, ce ne sont pas les parents qui seront contactés mais l'enseignant.

Avoir 50 élèves dans une classe ne pose pas de soucis particuliers : les enseignants savent les mobiliser par petits groupes, les recevoir individuellement…

On voit que la personnalisation de l'enseignement n'est aucunement compatible avec des effectifs pléthoriques ! Bien l'esprit de la réforme de collège 2016, d'ailleurs !

Dans PISA, la "Chine" n'existe pas...En Chine, c'est pareil.
Pas d'exemple concret de ces "projets innovants". Aucun mot sur l'importance du travail scolaire, des devoirs, sur la sélection, la compétition scolaire, les examens cruels, la ségrégation en amont, l'éducation de l'ombre généralisée...Les professeurs n'enseignent que onze heures par semaine et, le reste du temps, ils reçoivent les parents ou les élèves individuellement, assistent aux cours d'autres professeurs, prennent le temps d'élaborer une culture collaborative de l'éducation, s'occupent de projets innovants qui vont faire leur renommée et accélérer leur carrière.
Pour un peu, les pays asiatiques passeraient pour des eldorados pédagogiques dans la bouche de M. Schleicher.

Relativisme sidérant. M. Schleicher ne précise d'ailleurs pas que le record du taux de suicide des adolescents est… en Finlande, pays donné en modèle par PISA ?Les pays asiatiques sont aussi très exigeants, et cela a des conséquences sur les élèves : suicides, dépressions, stress… Là aussi, est-ce un mythe ?
Malheureusement, cela existe aussi en Europe, où les résultats sont pourtant moins satisfaisants.
Le travail dur n'est plus très à la mode dans un pays ou le redoublement, le travail à la maison en primaire ont été supprimés, les cycles instaurés ainsi que l'orientation choisie. Bientôt les notes entièrement supprimées...En 2006, dans le test Pisa, nous avons demandé aux élèves ce qui les rendait bons en maths. Et la majorité des collégiens français a répondu : « le talent », « la bosse des maths ». À la même question, en Chine ou au Japon, neuf enfants sur dix répondent qu'en travaillant dur leur prof les aidera. Et qu'ils y arriveront.
On voit mal comment une usine pourrait fonctionner avec des ouvriers qui ne travailleraient pas ensemble...Ce sont donc moins les programmes que les mentalités qu'il faut réformer. Pourquoi est-ce si compliqué de changer les choses en France ?
Le système français isole les professeurs. C'est une sorte d'organisation industrielle, qui fonctionne comme une usine.

Avec la bénédiction de l'OCDE, en l'espèce. Il est amusant de voir une institution internationale fustiger le centralisme national tout en prescrivant ses ordonnances éducatives à l'ensemble du monde.Le ministère écrit les programmes en petit comité dans un bureau et les enseignants doivent lui obéir.
Et l'avancement ?L'augmentation du salaire d'un enseignant n'est qu'une question d'âge, jamais d'ambition ou de motivation.

La réforme de collège 2016 fait exactement le contraire en dépouillant les professeurs d'une partie de leur liberté pédagogique...À Singapour, qui caracole depuis plusieurs années en tête du classement, rien ne se fait sans les enseignants. Aucune réforme n'est annoncée sans avoir été expliquée dans toutes les écoles. Il faut faire davantage confiance aux professeurs, leur donner plus de responsabilités. La Chine promeut ceux dont les cours et les activités sont les plus cités par leurs pairs.
En attendant, la chute de la performance anglaise est vertigineuse par rapport à la France...En Angleterre, j'ai fait partie d'un jury qui récompensait les meilleurs projets pour rendre l'école plus égalitaire. Les professeurs ont des idées brillantes auxquelles la plupart des gouvernements n'ont jamais pensé.

C'est quand même un curieux modèle quand on songe aux écoles qui ne sont pas "pour l'élite"...La bonne réforme passera-t-elle donc par les professeurs ?
La qualité d'un système éducatif n'est jamais supérieure au talent de ses enseignants. À Shanghai, le professeur talentueux d'une école pour l'élite doit, s'il veut progresser dans sa carrière, d'abord montrer ce qu'il sait faire dans une école difficile. Idem à Singapour, au Canada ou en Finlande. Cela permet d'attirer les plus dynamiques.
M. Schleicher a l'air, par ailleurs, de bien connaître le système français...

On a bien compris que les effectifs ne devaient pas être pris en considération.Car l'équité n'est pas tant de donner plus d'enseignants aux élèves en difficulté que de leur offrir les meilleurs.
"pour des histoires de salaires et d'effectifs" : quels arriérés, ces syndicalistes. Ils pourraient être plus innovants, tout de même !En France, les gouvernements successifs sont paralysés par les syndicats…
Un pays a les syndicats qu'il mérite. Si le système éducatif est calqué sur le système industriel, les syndicats reproduisent cette structure et se battent comme ceux des ouvriers pour des histoires de salaires et d'effectifs.
C'est d'autant plus stupide de la part de M. Schleicher que précisément les syndicats enseignants en France répugnent le plus souvent à la mobilisation pour défendre les conditions de rémunération, avec d'ailleurs les conséquences constatées par l'OCDE elle-même : des salaires particulièrement médiocres en France , avec une évolution négative (-8% entre 2000 et 2010 par exemple) quand la plupart des pays de l'OCDE ont précisément revalorisé leurs enseignants (+20% en moyenne) pour attirer les meilleurs.
Car c'est le rôle d'un syndicat de faire pédagogie.Si, au contraire, le système éducatif est axé sur la pédagogie, les syndicats le seront aussi.

Réussir à PISA ?On ne semble plus bien savoir ce que nous voulons enseigner ni comment. N'est-ce pas ce qui manque au système français : des objectifs clairs ?
C'est le fond du problème, en effet, et c'est le cas dans beaucoup de pays. Pour quoi ? Pour quels résultats ?

Voilà qui ressemble beaucoup au "socle" qui s'est imposé en France précisément avec PISA et ses compétences de base. Allez comprendre !Tous les gouvernements devraient être capables de répondre précisément à cette question. Il faut se fixer un idéal élevé. La Suède et la Finlande ont des écoles qui se ressemblent beaucoup. Mais, alors que la Finlande a défini des standards qui disent ce qu'est l'excellence, la Suède s'est contentée de fixer un minimum à acquérir.
Aucun rapport bien sûr avec la libéralisation du système éducatif en Suède.En termes de résultats, la Finlande arrive bien devant la Suède...
Une école de l'émancipation qui fait République plutôt qu'une économie avec des consommateurs-employés "flexibles"...Redessiner un idéal, c'est aussi souvent repenser le système dans sa globalité, ce qui est toujours intéressant. Aujourd'hui, le système éducatif français devrait se poser les bonnes questions en ce qui concerne la lutte contre les extrémismes, la radicalisation. Quel rôle doit-il jouer ? Quelle est sa part de responsabilité ? Quels sont les objectifs ? La société attend aussi que l'école sache répondre à ces questions.
Pour résumer, un entretien sidérant de mépris pour les enseignants, les syndicats et l'école de la République.
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www.oecd.org/pisa/pisa-2015-results-in-focus.pdf
www.oecd.org/education/pisa-2015-results...9789264266490-en.htm
www.oecd.org/education/pisa-2015-results...9789264267510-en.htm
Au MEN : www.education.gouv.fr/cid110397/pisa-201...ts-de-la-france.html
Dossier de présentation : cache.media.education.gouv.fr/file/12_-_...PISA_2015_679067.pdf
Et deux notes de la DEPP :
www.education.gouv.fr/cid54175/les-eleve...rtes-inegalites.html
www.education.gouv.fr/cid54176/pisa-2015...re-mathematique.html
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T1 (français) : www.oecd-ilibrary.org/fr/education/pisa-...n%2F9789264266490-en
Dans la presse :
6/12
6h46 www.lemonde.fr/education/article/2016/12...5043907_1473685.html
6h59 tempsreel.nouvelobs.com/education/201612...-de-l-education.html
7h01 www.europe1.fr/societe/education-faut-il...ssement-pisa-2919524
8h47 www.lepoint.fr/monde/l-ocde-devoile-l-en...-2016-2088293_24.php
9h31 tempsreel.nouvelobs.com/education/201612...-nous-apprendre.html
10h38 www.lesechos.fr/politique-societe/societ...ete-pisa-2048369.php
10h59 www.lemonde.fr/education/article/2016/12...5044175_1473685.html
11h www.lefigaro.fr/actualite-france/2016/12...ujours-mediocres.php
11h www.lefigaro.fr/actualite-france/2016/12...-pays-asiatiques.php
11h02 www.liberation.fr/france/2016/12/06/enqu...s-persistent_1533207
11h47 www.lexpress.fr/education/pisa-le-system...itesses_1857217.html
13h51 www.francetvinfo.fr/societe/education/cl...ression_1954781.html
13h54 www.liberation.fr/planete/2016/12/06/enq...-autres-pays_1533356
15h09 www.francetvinfo.fr/societe/education/cl...ngapour_1956001.html
18h39 www.lepoint.fr/monde/enquete-pisa-sur-l-...-2016-2088338_24.php
18h43 www.lesechos.fr/politique-societe/societ...n-france-2048467.php
19h29 www.francetvinfo.fr/replay-radio/c-est-c...lemagne_1943827.html
19h45 www.liberation.fr/planete/2016/12/06/pis...et-equitable_1533402
20h06 www.liberation.fr/france/2016/12/06/l-al...ocde-trois-p_1533492
20h37 www.lemonde.fr/campus/article/2016/12/06...5044521_4401467.html
7/12
www.lepoint.fr/societe/pisa-2015-le-coll...-2016-2088573_23.php
www.lemonde.fr/education/article/2016/12...5044821_1473685.html
www.lesechos.fr/politique-societe/societ...belkacem-2048639.php
theconversation.com/timss-et-pisa-2015-q...ils-de-nouveau-70513
theconversation.com/comment-les-enquetes...ncontournables-70443
Sur les blogs :
theconversation.com/sachons-faire-bon-us...lassement-pisa-69860
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