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Les derniers résultats de PISA
- Loys
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Non, les résultats sont juste plus détaillés. A noter que l'ensemble de la presse n'a pas cette distinction essentielle entre dominante et ensemble des trois domaines évalués en 2013.Chaque édition, par rotation, a pour dominante l’un de ces trois domaines, mais les deux autres sont quand même traités, avec toutefois une moindre « robustesse » des résultats. Les comparaisons dans le temps les plus fiables portent sur deux enquêtes à même dominante, éloignées donc de neuf années l’une de l’autre.
Au contraire, le catastrophisme date de 2013 exactement. Auparavant, le déni.PISA 2015, avec pour dominante la culture scientifique, est donc à comparer prioritairement avec PISA 2006. Aucune anticipation n’est possible de ces résultats avant leur publication, le secret étant bien gardé, même à un niveau élevé de responsabilité dans le système éducatif. Cela n’empêche pas les rumeurs de courir. Le catastrophisme a été, ces quinze dernières années, le mode privilégié de réception des données PISA...
L'exemple le plus frappant a été la refondation de l'école en 2013....aggravé par les récupérations politiques de droite ou de gauche, selon qui gouverne au moment de la publication, chaque camp voulant annexer les résultats à sa cause.
Cette mise en perspective, que nous avions engagée ici en 2013, intervient timidement dans les médias presque trois ans après...La thématique de l’effondrement du système français s’est ainsi durablement installée dans une grande partie de l’opinion. Pourtant, les résultats en compréhension de l’écrit n’ont pas évolué de manière significative entre la première enquête sur cette dominante, en 2000, et celle de 2009, le score en ce domaine restant stable et dans la moyenne de l’OCDE. Quant aux mathématiques, Andreas Schleicher, directeur de PISA, écrivait l’an dernier à propos de l’enquête 2012 que « la France se situe dans la moyenne de l’OCDE ». Sur l’ensemble des trois thèmes, il assurait même que « la performance des élèves en France n’a pas reculé de façon significative. Mais elle ne s’est pas non plus améliorée depuis la première enquête PISA, il y a plus de dix ans ».
Le "discours décliniste" vient plutôt du constat de la baisse importance des compétences dès la sortie de l'école primaire telle qu'elle a été évaluée par la DEPP sur la période 1987-2007 (lecture, calcul) ou 1987-2015 (orthographe).En ce qui concerne la culture scientifique, l’enquête 2015, deuxième du genre, permettra de comparer avec celle de 2006. D’où vient, alors, l’insistance du discours décliniste ? Essentiellement des scores et des classements qu’ils induisent. En maths, le score 2012 de la France avait baissé de 16 points en une décennie, passant de 511 à 495 points.
D'autant plus que, devant la France dans le "classement", huit nouveaux pays ont été évalués depuis 2000...Mais, la même année, la France se trouvait un peu au-dessus de la moyenne en compréhension de l’écrit et dans la moyenne pour les sciences. Les responsables de PISA, conscients des excès d’interprétation, soulignent désormais eux-mêmes qu’un recul d’une dizaine de places dans un classement n’a pas de valeur statistique significative.
Mais c'est du "déclinisme" !Alors, tout va bien ? Absolument pas.
Il faut sauver le soldat Vallaud !La principale donnée que PISA, depuis 2000, a fait émerger est que, par-delà les moyennes, l’école française est efficace pour les élèves privilégiés et inefficace pour les autres. Enquête après enquête, les écarts, insensiblement, se creusent. Ce constat, devenu banal, n’apporte en lui-même aucune conclusion tranchée en matière de politique éducative. En rapport avec l’actualité, il convient cependant de noter que les données de 2015 ne seront pas le résultat de la politique suivie depuis 2012... et qu’elles ne sauraient non plus justifier une réduction du nombre d’enseignants.
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- Loys
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- Loys
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Un "effet retard" qui existe peut-être, mais particulièrement bienvenu ici pour rejeter les responsabilités sur le camp politique adverse.On peut donc noter que les élèves testés pour PISA 2015 ont effectué la totalité de leurs parcours élémentaires sous les trois ministres de droite (Gilles de Robien, Xavier Darcos, Luc Chatel), et seulement leurs trois dernières années de scolarité sous trois ministres de gauche (Vincent Peillon essentiellement), étant entendu que les politiques scolaires qu’ils ont pu mener n’ont pu être mis en oeuvre qu’avec un certain »effet retard » dans leurs applications plus ou moins effectives. Si l’on tient compte de »cet effet retard » incontournable pour chacun, on peut dire que les élèves testés pour « PISA 2015 » ont eu une scolarité essentiellement sous la houlette des trois ministres de droite, Gilles de Robien étant d’ailleurs arrivé au ministère de l’Education nationale un an avant l’entrée au Cours préparatoire de la cohorte des élèves testés pour PISA 2015.
La cohorte concernée est entrée en primaire en 2006 : elle n'a donc pas été concernée, pour l'apprentissage de la lecture, par cette circulaire.Par ailleurs, si on se focalise (comme beaucoup le font actuellement) sur l’enseignement primaire et les »fondamentaux », il convient sans doute de rappeler quelle a été à ce sujet la politique menée en leurs temps par les ministres de l’Education nationale de droite.
Gilles de Robien s’est illustré par la promotion unilatérale de la »méthode syllabique » en lecture. [...] In fine, la circulaire ministérielle publiée le 3 janvier 2007 sous le ministère de Gilles de Robien met l’accent sur la démarche syllabique, mais sans plus.
M. Lelièvre ne rappelle pas à ce sujet la dégradation très nette sur la période 1997-2007 des compétences de lecture, d'orthographe et de calcul des élèves de CM2 (DEPP 2008 et DEPP 2016), période qui correspond à une majorité socialiste (1997-2002) et ensuite à des programmes mis en place par cette majorité en 2002 (les élèves de CM2 en 2007 n'ont connu que ces programmes...).
Jack Lang qui a publié en 2002 les programmes que les élèves concernés par PISA 2015 ont connu de 2003 à 2006 (en maternelle) et de 2006 à 2008 (en primaire)... avec peut-être un "effet retard" !Xavier Darco, lui, a promulgué en 2008 de nouveaux programmes du primaire qui rompaient sensiblement avec la période précédente et qui ont suscité de vives polémique. Au point d’ailleurs que deux de ses prédécesseurs à la tête du ministère de l’Education nationale (Jack Lang et Luc Fery) n’ont pas hésité (et c’était une première dans le genre) à rédiger et à publier un texte commun les mettant en cause très sévèrement [...]
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- Loys
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Quelques remarques...
Non : en "culture mathématique" et surtout en "compréhension de l'écrit", ce qui est très différent de la langue française...Mais Pisa va aussi évaluer le niveau en maths et langue française.
Le déclin a eu lieu, en moyenne des trois domaines d'évaluation, de 2000 à 2006. De 2006 à 2012, le niveau moyen a remonté (sans atteindre celui de 2000, il est vrai)Les années 2000 à 2012 ont vu une dizaine d'années de déclin de l'école française. Pas seulement en terme de niveau.
Cet investissement est toujours inférieur après quatre années de majorité de gauche...Mais aussi en terme de budget, alors qu'ailleurs les pays investissaient dans l'éducation. Les années Sarkozy-Fillon ont vu un net décrochage avec les suppressions de postes et même celle de la formation des enseignants. A l'intérieur du système éducatif, le primaire a été délaissé avec un investissement nettement inférieur à la moyenne ocde.
Pisa a aussi montré un déclin des "valeurs républicaines".
Aucun lien avec un "déclin" éventuel des valeurs républicainesOn a vu la montée du poids des inégalités sociales dans l'école française.
Dans le public scolarisé à quinze ans et donc évalué par PISA, ce qui est loin d'être le cas de tous les "pays" de PISA...Dans Pisa 2012, la France était, avec la Nouvelle Zélande, le pays où l'origine sociale pèse le plus dans les résultats scolaires.
PISA ne mesure pas "l'inégalités ethnique"...A cette inégalité sociale s'ajoutait l'inégalité ethnique : la France était aussi le pays où l'origine ethnique joue le plus sur les résultats et cela pas seulement pour la 1ère génération mais aussi pour la seconde.
De 2012 à 2015, la majorité est socialiste. Et de 2002 à 2008, les programmes sont socialistes....A quoi s'attendre le 6 décembre ?
On saura le 6 décembre si ces tendances sont confirmées ou si le pays a lutté contre l'éclatement de son système éducatif.
Disons le tout de suite : on peut en douter. En effet les élèves testés dans Pisa 2015 ont 15 ans. Ils ont fait la quasi totalité de leur scolarité, du CP à la 5ème sous la droite. Ils sont entrés en 6ème à la fin du quinquennat Chirac et ont fait toute leur école et le début du collège sous Sarkozy - Fillon.
Même argumentaire que M. Lelièvre, donc.
Ils ont connu en maternelle, en CP et en CE1 les programmes de 2002. L'évolution des résultats telle que mesurée par la DEPP de 1987 à 2007 était déjà très négative.Ils ont donc connu la fausse querelle sur la méthode syllabique qui a creusé le fossé entre familles et instituteurs puis les suppressions massives de postes. Comme l'a rappelé Claude Lelièvre, ils n'ont connu depuis le ce2 que les programmes de 2008 dont les effets négatifs viennent d'être révélés dans Timss.
Par ailleurs, imputer aux seuls programmes de 2008 les résultats de TIMMS 2015 est étonnant puisque depuis 2008 l'horaire général de primaire a été réduit à 24h : cet horaire minimum a été reconduit en 2012 par l'actuelle majorité. A noter que les résultats en français des élèves les plus faibles en CM2 ont progressé entre 2009 et 2015 (Cedres 2016), même si le niveau moyen est resté stable.
Les créations de postes qui peinent à maintenir le taux d'encadrement, compte tenu de l'augmentation des effectifs.La loi d'orientation de 2013 a été publiée lorsqu'ils étaient en 4ème, pour leurs 14 ans, et les nouveaux programmes ne sont venus qu'après Pisa 2015. Notamment ces jeunes n'ont pas connu les mesures prises pour le primaire (les maitres surnuméraires, les créations de postes). Il n'ont pas eu vraiment le temps de bénéficier de la réforme de l'éducation prioritaire. Evidemment Pisa 2015 ne porte aucun jugement sur la réforme du collège ou sur les nouveaux programmes de 2016.
Effectivement, ce point est très intéressant. Rappelons la spécificité française d'un enseignement privé (c'est-à-dire une ségrégation) financé par l'Etat.Cette situation sert de prétexte à ce que la France ne participe pas à une évaluation des établissements que laquelle la plupart des autres pays acceptent. Peut-être est ce qu'en France justement les écarts entre établissements (collèges et lycées) sont devenus énormes à l'intérieur même de leur catégorie ?
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education.blog.lemonde.fr/2016/11/29/a-p...calcul/#comment-4829
Michel Delord
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- Loys
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Dans "Le Point" du 5/12/16 : "Andreas Schleicher : "Le système scolaire français ne s'adapte pas à la société""
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- Loys
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Voilà qui commence mal puisque ce n'est pas le cas : la performance française s'est dégradée entre 2000 (507 points) et 2006 (493 points) avant de progresser très légèrement en 2009 puis en 2012 (499 points). Il est vrai que ces évolutions ne sont guère significatives...Le Point : Depuis la création de Pisa en 2000, la France ne cesse de dégringoler dans le classement.
On peut en douter quand on observe les pays qui devançaient la France en 2000 :Comment analysez-vous cet échec ?
Andreas Schleicher : Les résultats de la France sont en effet très en dessous de ce qu'on pourrait attendre. Pas nécessairement parce que les jeunes Français sont moins bons qu'avant, mais parce que les autres progressent très rapidement.
On notera que M. Schleicher ne rectifie pas l'erreur du 'Point". Le catastrophisme est un bon levier pour justifier les réformes que l'on souhaite voir appliquées.
Comprendre que la "tradition éducative" est bonne au rebut.Les Asiatiques ont su s'adapter aux nouveaux enjeux mondiaux là où les Européens se reposent pour la plupart sur leurs acquis et leur tradition éducative.
On sait ce qu'on doit penser de ce jugement de la part d'une organisation qui ignore totalement l'existence du hukou à Shanghai ...On constate, par ailleurs, que l'école française est l'une des plus inégalitaires au monde, ce qui est assez paradoxal dans un pays où la notion d'égalité est omniprésente.
Une chance : les réformes s'enchaînent encore en 2016, avec la bénédiction de l'OCDE d'ailleurs !Elle excelle à produire des élites, mais refuse de voir les élèves en difficulté qui se cachent derrière. Les réformes s'enchaînent, les jeunes Français font partie de ceux qui passent le plus de temps en classe et, pourtant, les résultats ne sont pas au rendez-vous.
C'est vrai que le monde ancien ne s'en souciait pas...Comment l'expliquez-vous ?
Le monde moderne ne s'intéresse pas à ce que vous savez mais à ce que vous savez en faire.
Il serait bon de renouveler les éléments de langage d'une session PISA à l'autre.
Ce n'est pas ce que "la société" attend, mais la très libérale OCDE. La République a d'autres attentes pour son École...Le système français, avec sa vision très figée de l'école, héritée d'une tradition scolaire de plusieurs siècles, ne sait pas s'adapter à ce que la société attend de ses jeunes diplômés : flexibilité, inventivité, adaptation à des enjeux qu'ils n'ont pas forcément rencontrés à l'école, mais pour lesquels ils doivent faire preuve d'un peu d'imagination…
On notera, au passage, la confusion étonnante entre les compétences de base (jusqu'à un niveau primaire) évaluées par PISA et l'évocation ici des diplômes...
Comme en France, en somme.Lorsque le premier classement Pisa est sorti, en 2001, l'Allemagne était classée à peu près comme la France : sur 31 pays, elle arrivait alors 21e. Ne pas être en tête a créé outre-Rhin un véritable choc national, une remise en question, et des mesures intéressantes ont été prises pour remonter la pente. C'est à ce moment-là qu'est apparue l'école toute la journée, par exemple.
On ne critique pas PISA : c'est un péché d'orgueil. L'Allemagne a su faire preuve de l'humilité nécessaire pour conformer son système éducatif aux idéaux de l'OCDE.Les enfants défavorisés, au lieu de traîner tout l'après-midi dans la rue, ont été pris en charge par l'école. Pendant ce temps, la France s'est simplement demandé quel était ce classement qui osait remettre son système scolaire en question.
On note que l'enquête PISA est de moins en moins descriptive et de plus en plus prescriptive, de moins en moins scientifique et de plus en plus orientée idéologiquement. Qu'on se souvienne des conclusions d'Andreas Schleicher totalement contraires au rapport de l'OCDE sur l'école numérique.
Jugement péremptoire, qui laisse pantois. D'abord parce qu'il caricature l'enseignement en France (à quinze ans...), ensuite parce qu'il n'avance pas le moindre argument pour étayer sa thèse. On retrouve en tout cas le discours habituel des nouvelles pédagogies : il faut destructurer l'enseignement.Or le rapport – très passif – maître-élève ou l'apprentissage des leçons « par cœur » qu'elle pratique encore beaucoup ne sont plus adaptés au monde d'aujourd'hui.
Mais en Asie, ce n'est pas pareil.N'est-ce pas précisément le « par cœur » qui fait la force des pays asiatiques qui sont en tête du classement ?
Il faut se méfier des clichés. Les classes asiatiques ne sont pas des « récitoires » de leçons comme on se les imagine souvent. Bien au contraire. Si le « par cœur » fait en effet partie de la pédagogie...
Le climat de discipline, surtout. Aucun mot à ce sujet, lors même qu'il est évalué par l'OCDE....c'est davantage l'implication du professeur et le lien tissé avec sa classe qui font la force du système.
Au Japon, par exemple, si un enfant a des problèmes avec la police, ce ne sont pas les parents qui seront contactés mais l'enseignant.
Avoir 50 élèves dans une classe ne pose pas de soucis particuliers : les enseignants savent les mobiliser par petits groupes, les recevoir individuellement…
On voit que la personnalisation de l'enseignement n'est aucunement compatible avec des effectifs pléthoriques ! Bien l'esprit de la réforme de collège 2016, d'ailleurs !
Dans PISA, la "Chine" n'existe pas...En Chine, c'est pareil.
Pas d'exemple concret de ces "projets innovants". Aucun mot sur l'importance du travail scolaire, des devoirs, sur la sélection, la compétition scolaire, les examens cruels, la ségrégation en amont, l'éducation de l'ombre généralisée...Les professeurs n'enseignent que onze heures par semaine et, le reste du temps, ils reçoivent les parents ou les élèves individuellement, assistent aux cours d'autres professeurs, prennent le temps d'élaborer une culture collaborative de l'éducation, s'occupent de projets innovants qui vont faire leur renommée et accélérer leur carrière.
Pour un peu, les pays asiatiques passeraient pour des eldorados pédagogiques dans la bouche de M. Schleicher.
Relativisme sidérant. M. Schleicher ne précise d'ailleurs pas que le record du taux de suicide des adolescents est… en Finlande, pays donné en modèle par PISA ?Les pays asiatiques sont aussi très exigeants, et cela a des conséquences sur les élèves : suicides, dépressions, stress… Là aussi, est-ce un mythe ?
Malheureusement, cela existe aussi en Europe, où les résultats sont pourtant moins satisfaisants.
Le travail dur n'est plus très à la mode dans un pays ou le redoublement, le travail à la maison en primaire ont été supprimés, les cycles instaurés ainsi que l'orientation choisie. Bientôt les notes entièrement supprimées...En 2006, dans le test Pisa, nous avons demandé aux élèves ce qui les rendait bons en maths. Et la majorité des collégiens français a répondu : « le talent », « la bosse des maths ». À la même question, en Chine ou au Japon, neuf enfants sur dix répondent qu'en travaillant dur leur prof les aidera. Et qu'ils y arriveront.
On voit mal comment une usine pourrait fonctionner avec des ouvriers qui ne travailleraient pas ensemble...Ce sont donc moins les programmes que les mentalités qu'il faut réformer. Pourquoi est-ce si compliqué de changer les choses en France ?
Le système français isole les professeurs. C'est une sorte d'organisation industrielle, qui fonctionne comme une usine.
Avec la bénédiction de l'OCDE, en l'espèce. Il est amusant de voir une institution internationale fustiger le centralisme national tout en prescrivant ses ordonnances éducatives à l'ensemble du monde.Le ministère écrit les programmes en petit comité dans un bureau et les enseignants doivent lui obéir.
Et l'avancement ?L'augmentation du salaire d'un enseignant n'est qu'une question d'âge, jamais d'ambition ou de motivation.
La réforme de collège 2016 fait exactement le contraire en dépouillant les professeurs d'une partie de leur liberté pédagogique...À Singapour, qui caracole depuis plusieurs années en tête du classement, rien ne se fait sans les enseignants. Aucune réforme n'est annoncée sans avoir été expliquée dans toutes les écoles. Il faut faire davantage confiance aux professeurs, leur donner plus de responsabilités. La Chine promeut ceux dont les cours et les activités sont les plus cités par leurs pairs.
En attendant, la chute de la performance anglaise est vertigineuse par rapport à la France...En Angleterre, j'ai fait partie d'un jury qui récompensait les meilleurs projets pour rendre l'école plus égalitaire. Les professeurs ont des idées brillantes auxquelles la plupart des gouvernements n'ont jamais pensé.
C'est quand même un curieux modèle quand on songe aux écoles qui ne sont pas "pour l'élite"...La bonne réforme passera-t-elle donc par les professeurs ?
La qualité d'un système éducatif n'est jamais supérieure au talent de ses enseignants. À Shanghai, le professeur talentueux d'une école pour l'élite doit, s'il veut progresser dans sa carrière, d'abord montrer ce qu'il sait faire dans une école difficile. Idem à Singapour, au Canada ou en Finlande. Cela permet d'attirer les plus dynamiques.
M. Schleicher a l'air, par ailleurs, de bien connaître le système français...
On a bien compris que les effectifs ne devaient pas être pris en considération.Car l'équité n'est pas tant de donner plus d'enseignants aux élèves en difficulté que de leur offrir les meilleurs.
"pour des histoires de salaires et d'effectifs" : quels arriérés, ces syndicalistes. Ils pourraient être plus innovants, tout de même !En France, les gouvernements successifs sont paralysés par les syndicats…
Un pays a les syndicats qu'il mérite. Si le système éducatif est calqué sur le système industriel, les syndicats reproduisent cette structure et se battent comme ceux des ouvriers pour des histoires de salaires et d'effectifs.
C'est d'autant plus stupide de la part de M. Schleicher que précisément les syndicats enseignants en France répugnent le plus souvent à la mobilisation pour défendre les conditions de rémunération, avec d'ailleurs les conséquences constatées par l'OCDE elle-même : des salaires particulièrement médiocres en France , avec une évolution négative (-8% entre 2000 et 2010 par exemple) quand la plupart des pays de l'OCDE ont précisément revalorisé leurs enseignants (+20% en moyenne) pour attirer les meilleurs.
Car c'est le rôle d'un syndicat de faire pédagogie.Si, au contraire, le système éducatif est axé sur la pédagogie, les syndicats le seront aussi.
Réussir à PISA ?On ne semble plus bien savoir ce que nous voulons enseigner ni comment. N'est-ce pas ce qui manque au système français : des objectifs clairs ?
C'est le fond du problème, en effet, et c'est le cas dans beaucoup de pays. Pour quoi ? Pour quels résultats ?
Voilà qui ressemble beaucoup au "socle" qui s'est imposé en France précisément avec PISA et ses compétences de base. Allez comprendre !Tous les gouvernements devraient être capables de répondre précisément à cette question. Il faut se fixer un idéal élevé. La Suède et la Finlande ont des écoles qui se ressemblent beaucoup. Mais, alors que la Finlande a défini des standards qui disent ce qu'est l'excellence, la Suède s'est contentée de fixer un minimum à acquérir.
Aucun rapport bien sûr avec la libéralisation du système éducatif en Suède.En termes de résultats, la Finlande arrive bien devant la Suède...
Une école de l'émancipation qui fait République plutôt qu'une économie avec des consommateurs-employés "flexibles"...Redessiner un idéal, c'est aussi souvent repenser le système dans sa globalité, ce qui est toujours intéressant. Aujourd'hui, le système éducatif français devrait se poser les bonnes questions en ce qui concerne la lutte contre les extrémismes, la radicalisation. Quel rôle doit-il jouer ? Quelle est sa part de responsabilité ? Quels sont les objectifs ? La société attend aussi que l'école sache répondre à ces questions.
Pour résumer, un entretien sidérant de mépris pour les enseignants, les syndicats et l'école de la République.
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- Loys
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www.oecd.org/pisa/pisa-2015-results-in-focus.pdf
www.oecd.org/education/pisa-2015-results...9789264266490-en.htm
www.oecd.org/education/pisa-2015-results...9789264267510-en.htm
Au MEN : www.education.gouv.fr/cid110397/pisa-201...ts-de-la-france.html
Dossier de présentation : cache.media.education.gouv.fr/file/12_-_...PISA_2015_679067.pdf
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Et deux notes de la DEPP :
www.education.gouv.fr/cid54175/les-eleve...rtes-inegalites.html
www.education.gouv.fr/cid54176/pisa-2015...re-mathematique.html
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- Loys
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T1 (français) : www.oecd-ilibrary.org/fr/education/pisa-...n%2F9789264266490-en
Dans la presse :
6/12
6h46 www.lemonde.fr/education/article/2016/12...5043907_1473685.html
6h59 tempsreel.nouvelobs.com/education/201612...-de-l-education.html
7h01 www.europe1.fr/societe/education-faut-il...ssement-pisa-2919524
8h47 www.lepoint.fr/monde/l-ocde-devoile-l-en...-2016-2088293_24.php
9h31 tempsreel.nouvelobs.com/education/201612...-nous-apprendre.html
10h38 www.lesechos.fr/politique-societe/societ...ete-pisa-2048369.php
10h59 www.lemonde.fr/education/article/2016/12...5044175_1473685.html
11h www.lefigaro.fr/actualite-france/2016/12...ujours-mediocres.php
11h www.lefigaro.fr/actualite-france/2016/12...-pays-asiatiques.php
11h02 www.liberation.fr/france/2016/12/06/enqu...s-persistent_1533207
11h47 www.lexpress.fr/education/pisa-le-system...itesses_1857217.html
13h51 www.francetvinfo.fr/societe/education/cl...ression_1954781.html
13h54 www.liberation.fr/planete/2016/12/06/enq...-autres-pays_1533356
15h09 www.francetvinfo.fr/societe/education/cl...ngapour_1956001.html
18h39 www.lepoint.fr/monde/enquete-pisa-sur-l-...-2016-2088338_24.php
18h43 www.lesechos.fr/politique-societe/societ...n-france-2048467.php
19h29 www.francetvinfo.fr/replay-radio/c-est-c...lemagne_1943827.html
19h45 www.liberation.fr/planete/2016/12/06/pis...et-equitable_1533402
20h06 www.liberation.fr/france/2016/12/06/l-al...ocde-trois-p_1533492
20h37 www.lemonde.fr/campus/article/2016/12/06...5044521_4401467.html
7/12
www.lepoint.fr/societe/pisa-2015-le-coll...-2016-2088573_23.php
www.lemonde.fr/education/article/2016/12...5044821_1473685.html
www.lesechos.fr/politique-societe/societ...belkacem-2048639.php
theconversation.com/timss-et-pisa-2015-q...ils-de-nouveau-70513
theconversation.com/comment-les-enquetes...ncontournables-70443
Sur les blogs :
theconversation.com/sachons-faire-bon-us...lassement-pisa-69860
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- Loys
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