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Les troubles chez les tout-petits exposés aux écrans
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- Loys
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Un article qui mérite d'être commenté, compte tenu de sa partialité malgré sa prétention à tenir un discours équilibré ("c'est compliqué") comme nous allons le voir.
Voyons donc comment cet article offre des éléments de débat contradictoires permettant cette "réflexion".Une réflexion collective des parents et des enseignants sur la relation des enfants aux tablettes et aux smartphones serait sans doute plus efficace que n'importe quel discours anxiogène.
Il y a un autre marronnier : dire que ce n'est pas le cas. ^^C’est un marronnier qui fonctionne systématiquement: vos enfants risquent un grand danger avec les tablettes, les ordinateurs et les smartphones; les écrans les font courir à leur perte; cette génération va exploser en vol.
Précisément les effets du sucre et de la télévision sont bien connus. Quant au "rock'n'roll", quel rapport avec les enfants ? Comme d'habitude, l'éducation est abordée de manière très vague, confondant ensemble touts-petits, enfants, pré-adolescents, adolescents et jeunes adultes.Alimenter l’inquiétude, la culpabilité et l’angoisse éducative a toujours été un ressort efficace pour toucher le large public des parents. Pointer les dangers de l’époque pour les enfants est un vieux filon éditorial: vous pouvez très bien remplacer «écrans» par «sucre», «télévision» ou «rock’n'roll», suivant le moment et le lieu.
Il s'agit donc bien de relativiser. Espérons que, en "bonne foi", ces critiques et avertissements seront présentés de façon contradictoire.Il ne s’agit pas de tout relativiser: nourrir son enfant de sucreries et/ou passer sa vie devant la télévision n’est sûrement pas une bonne idée. Mais les critiques et les avertissements sont si excessifs que l'on peut questionner leur bien-fondé, leur efficacité et leur bonne foi.
Nous avons déjà traité cette question sur le forum (voir ce fil spécifique : "Quand les cadres hi-tech sont aussi des parents…" ).Le mauvais exemple des cadres de la Silicon Valley
Dans presque chaque débat sur les enfants et les écrans, on entend l'argument selon lequel les cadres de la Silicon Valley eux-mêmes interdisent les écrans à leurs enfants –Steve Jobs le premier– et les envoient dans des écoles où appareils électroniques et objets numériques sont bannis.
En France, la journaliste Guillemette Faure, qui a longtemps vécu aux États-Unis, en a fait le sujet d'un article publié en 2012 dans le supplément M du Monde, «Ces branchés qui débranchent».
Je lui ai demandé ce qu’elle pensait du succès de l'argument, et du fait qu’elle soit si souvent citée: «Je suis tellement contente que l'on me pose cette question! Cet article parlait d’une école, et d’une seule, de la Silicon Valley [la Waldorf School of the Peninsula]. Je soulignais qu'il s'agissait d'une exception. Il existe d'ailleurs aux États-Unis d’autres écoles Waldorf qui fonctionnent avec la même philosophie et dans lesquelles il n’y a pas d’écran, mais seule celle-là intéresse la presse!»
Même si elle est souvent montée en épingle, l'idée d’une enfance «zéro écran» n’est pas représentative des méthodes éducatives de tous les cadres de la tech de Palo Alto. «Les familles ont des attitudes très variées. En Californie, certains parents envoient leurs enfants à des cours de code proposés pendant l’été», poursuit Guillemette Faure. Comme quoi tous les professionnels du numérique ne diabolisent pas les écrans auprès de leur progéniture.
La question n'est pas de savoir si tous les cadres des entreprises technologiques tiennent un discours critiques sur les écrans, mais de s'interroger sur le paradoxe qu'une partie (importante ?) d'entre eux le font, à commencer par les plus hauts dirigeants des géants du secteur (comme Steve Jobs ou Bill Gates) alors qu'on pourrait les penser confiants dans les produits qu'ils commercialisent.
L'article ne fait d'ailleurs aucune mention des cadres de ces grandes entreprises qui ont multiplié les aveux publics et les repentirs spectaculaires depuis plusieurs mois : Justin Rosenstein, Chamath Palihapitiya, Roger McNamee, Tristan Harris, Marc Benioff, Sean Parker, Tony Fadell. Ni des prises de positions étonnantes de deux importants fonds d'investissement d'Apple...
Curieuse lutte, en somme, contre la culpabilisation des parents qui ne cherche pas à les informer de la façon dont ces objets sont conçus...
Pourquoi fixer un âge serait-il "inquiétant" ?Les injonctions paradoxales des messages de santé publique
Moins problématique, mais également symptomatique de la manière de conseiller les parents tout en les inquiétant, la règle proposée par le psychologue Serge Tisseron fixe un âge: «Pas d’écran avant 3 ans, ou tout au moins les éviter le plus possible. Parce que de nombreux travaux montrent que l’enfant de moins de 3 ans ne gagne rien à la fréquentation des écrans.»
Le vrai paradoxe est surtout que Serge Tisseron a promu les écrans dès l'âge de six mois dans l'Avis de l'Académie des sciences qu'il a cosigné en 2013...
Donc il s'agit d'exposer les enfants les plus jeunes parce qu'il y en a de moins jeunes qui sont plus exposés. Le raisonnement semble curieux ici : ces exigences (telles qu'elle sont exposées dans le nouveau carnet de santé 2018 dont l'article ne fait donc aucune mention, tout comme les dernières recommandations de la Haute Autorité de Santé) seraient problématiques à appliquer pour des parents ?La consigne paraît simple –du moins si vous n’avez pas d’enfant, ou un seul, ou pas d'écran chez vous. Car en 2018, il est bien compliqué d'éviter la vision d’un écran allumé avant 3 ans. Et de quel écran parle-t-on, celui du téléphone des parents?
Non : le principe d'une prévention rigoureuse pour les plus petits vise précisément à réduire l'exposition quotidienne le plus possible. Chez les touts petits, l'exposition peut, dans certains cas graves, dépasser plusieurs heures par jour sans d'ailleurs que les parents en aient totalement conscience : mais il ne s'agit visiblement pas de s'intéresser à ces cas dans cet article...La question du contenu reste aussi en suspens: si on regarde «La petite taupe» vingt minutes à un an et demi, est-ce si grave? L'expression «éviter le plus possible» montre d'ailleurs bien que s'abstenir d’écran est loin d'être chose aisée.
La question n'est pas tant de l'effet produit sur les femmes que de l'enjeu de santé pour les enfants. Soit cet enjeu est important, et la question ne se pose pas, soit il n'est pas important.La règle de Serge Tisseron est construite sur le modèle des discours de santé contemporains, celui consistant aussi à interdire la consommation de toute goutte d'alcool pendant la grossesse, sous peine de faire courir des risques à votre enfant –en somme, un argumentaire qui terrorise les femmes.
Avec cet exemple, l'article s'éloigne des enjeux sanitaires pour aborder le sujet de la difficulté d'être parent...Autre exemple: les fruits et légumes, c’est cinq par jour. On culpabilise de ne pas atteindre cet objectif, en oubliant que deux portions valent mieux que zéro, et que quatre valent mieux que deux. À force d’entendre des injonctions extrêmement ambitieuses, on en vient à se dire que l'on ne fait pas ce qu’il faut et qu'il ne sert à rien de courir après l’impossible.
Et tant pis pour les cas de surexposition graves...Il s'agit d'une forme d’«injonction paradoxale»: une recommandation excessive jouant sur la peur, alors qu’il n’est pas si grave de ne pas complètement la respecter –et qui, du coup, se vide de son sens.
Déformation grossière : il s'agit de constater des troubles pouvant être confondus avec ceux de l'autisme, comme l'indique Daniel Marcelli, référence de la pédopsychiatrie en France. Mais la déformation ne pourra pas être relevée par les lecteurs de l'article puisque "certains" (le collectif CoSE et sa charte signée par plusieurs milliers de professionnels de l'enfance) ne sont pas nommés, qu'aucun lien n'est donné...Une exploitation grossière de l'inquiétude des parents
Jouer sur la peur, c’est justement le ressort utilisé par certains quand ils associent abus d'écrans et risque d’autisme.
Quant aux cas d'enfants ayant de tels troubles, tels qu'ils sont rencontrés par des professionnels de santé sur le terrain, ils ne sont pas même évoqués. Sans doute des médecins qui veulent "jouer sur la peur"...
"qui racontait" ? Anne-Lise Ducanda, qui a présenté plusieurs cas précis au Congrès des médecins généralistes de France, affabulerait donc...L’idée, largement battue en brèche depuis, a été lancée l’année dernière par une médecin de protection maternelle et infantile, qui racontait avoir constaté des cas toujours plus nombreux de troubles du comportement, corrélés à une surconsommation d’écrans.
"une médecin" qui n'est donc pas nommée, aucun lien vers le collectif auquel elle appartient. Le seul lien donné est celui d'un article d'une autre journaliste ayant qualifiée de "farfelues" ses observations cliniques en 2017. Aucun lien vers la tribune récente de Daniel Marcelli qui sonne l'alerte dans "Le Monde" en 2018 : "Un faisceau d’arguments cliniques plaide en faveur de la description d’un trouble neuro-développemental nouveau : l’exposition précoce et excessive aux écrans (EPEE), lié à un perturbateur environnemental (l’écran sous toutes ses formes) qui interfère dans les besoins développementaux du tout-petit. Ce syndrome associe un retard de communication qui devient évident à partir de 2-3 ans, un intérêt devenant exclusif, une agitation et des troubles du comportement, une instabilité d’attention, etc. Il est susceptible de provoquer des confusions de diagnostic en particulier avec les troubles du spectre autistique (TSA) dont il doit être distingué."
Ou vers la tribune d'autres professionnels de santé parue la veille même de cet autre article dans "Le Monde" : "Bon nombre de professionnels de l'enfance s'inquiètent de la place des écrans et de leur impact, et ce dès le plus jeune âge".
De la panique irrationnelle, voyons !
L'article n'indique pas que cette tribune, à l'instigation de Serge Tisseron (qui avait donc promu l'usage des tablettes pour les tout-petits en 2013), répondait à une autre tribune dans "Le Monde", signée de Sabine Duflo, membre de CoSE (voir sur ce fil ). Non : il n'y a pas de débat !Cette thèse continue à faire son chemin, à tel point qu’un collectif de médecins a récemment tenu à mettre les choses au clair dans les colonnes du Monde. Dans la tribune «Enfants face aux écrans, “ne cédons pas à la démagogie”», ils soulignent «qu’une information à caractère sensationnel n’aidera pas à prévenir les risques associés aux nouvelles technologies».
Les cadres techniques d'entreprises des nouvelles technologies emploient eux-mêmes le mot de "drogue" pour décrire les techniques de séduction numériques qu'ils ont contribué à mettre au point. Les mêmes cadres dont l'article ne fait donc aucune mention. Le Dr Richard Freed, psychologue exerçant dans la Silicon Valley, a employé le même mot ainsi que celui d'addiction dans sa tribune . La question d'un éventuel symptôme d'addiction au jeu vidéo est également posée par l'OMS.L'article répondait également à un reportage d’«Envoyé spécial» comparant les écrans à de «l’héroïne numérique».
Encore une exploitation grossière de l'inquiétude des parents: même si Snapchat crée une accoutumance néfaste en maintenant les adolescents le plus de temps possible sur l’application, jusqu’à preuve du contraire, on ne meurt pas d’une overdose de Snapchat et le sevrage ne nécessite pas de soins médicaux.
Autant de voix contradictoires qui ne trouvent aucun écho dans cet article équilibré.
Visiblement pas en demandant d'en encadrer strictement l'usage (cf supra) !Les écrans sont une question d’éducation, non un poison violent que l'on doit interdire. Les enfants, eux, perçoivent très bien la différence: quand quelque chose est véritablement dangereux –l’eau de Javel, le feu ou le vide, l'alerte est formulée sans ambiguïté par les adultes et les petits comprennent bien qu’ils n’ont pas le droit de s’en approcher.
Les écrans nous placent dans une autre logique. Au lieu de les comparer à des drogues dures qui rendent autistes, il faudrait plutôt se demander comment aider les parents à en cadrer l’usage.
Curieux comme l'exemple donné montre surtout qu'il y a bien un problème ressemblant à une forme de dépendance ne supportant pas "la frustration"...Rester calme, un apprentissage à désassocier des écrans
Une professeure des écoles enseignant en maternelle dans un quartier populaire d’une grande ville de province me racontait qu'il était si difficile pour des parents de priver leur enfant de 4 ans de la tablette qu’il utilisait toute la journée que, croyant suivre les conseils de la maîtresse qui leur recommandait de lever sérieusement le pied, la mère avait raconté à l’enfant que la tablette était cassée. Pour la professeure, ce n’est pas tant l’écran qui est problématique que cette incapacité à dire non, à encadrer, à se confronter à la frustration de son enfant. Avouons-le, nous avons tous cette difficulté.
Mais le point de vue de l'auteur n'est au fond pas motivé par la réflexion générale sur de graves troubles de certains enfants et leurs conséquences scolaires mais par des considération plus personnelles : "nous avons tous cette difficulté".
Curieux qu'une journaliste s'autorise à définir une politique de prévention : il est vrai que le travail journalistique est très critiquable dans cet article.En termes de prévention, mieux vaudrait expliquer que les écrans ne doivent pas servir à calmer les enfants plutôt que d'insister sur leur interdiction. Un enfant peut apprendre à rester calme par lui-même –comme un adulte peut apprendre qu’un enfant, parce que c’est un enfant, n’est pas tout le temps calme. Et que l'on arrête de trouver normal qu'un enfant soit suspendu à un écran dès que l'on a besoin qu’il se tienne tranquille, comme dans cette vidéo:
"hypnotisés" : ne serait-ce pas "faire peur" ?Pour Véronique Decker, directrice d’école élémentaire à Bobigny, «les enfants ont l’air sages, mais ils sont hypnotisés. Les parents regardent leur smartphone, les enfants jouent avec leur tablette; chacun regarde sa propre télé, et les gens vivent côte à côte au lieu de vivre ensemble. Le plus inquiétant, c’est que le temps d’interaction avec les humains se réduit».
Deuxième témoignage de terrain de la part de professeurs des écoles et deuxième cause d'inquiétude, donc.
La question est donc celle de l'accès - de plus en plus précoce - à ces "ressources" (et donc de la possession d'un objet numérique connecté). La transition - en toute logique - avec la suite de l'article (le "BYOD") laisse dès lors pantois.L’école peut être l'un des lieux d’échange autour de cette grande question éducative, via le dialogue avec les enseignants ou des affiches de prévention. Mais Véronique Decker constate qu’il est difficile de sensibiliser les parents: «Les élèves accèdent trop jeunes à des ressources, sans aucun contrôle ni accompagnement de leurs parents. Aujourd’hui, avec les tablettes et les smartphones, ils sont confrontés très jeunes à des images violentes ou pornographiques. L'écran est une porte ouverte sur une société dont ils ne maîtrisent pas les règles. Nous avons mis dans les cahiers des élèves un message sur les règles à respecter à 3/6/9/12 ans, sauf que peu de gens les lisent et ont la disponibilité pour s’en préoccuper.»
Pourquoi cette "difficulté" particulière puisque les écrans n'ont rien de particulier ?BYOD à l'école et activités pédagogiques
Il existe malgré tout une attente des familles sur cette question, celle de réussir à limiter l'usage des écrans. C’est tout le sens du message que Jean-Michel Blanquer a envoyé aux parents en assurant que les téléphones portables seraient interdits à l’école –ce qui est déjà le cas dans de nombreux établissements, même si l’interdiction est difficile à faire respecter en l'absence d'autorisation des adultes à fouiller les sacs des élèves. Ce type de déclaration très rassurante plaît au public, car il répond au fond à une véritable difficulté éducative des parents.
On parle donc - sans transition - des collégiens. Les témoignages précédents étaient ceux de professeurs des écoles...À la question de l'éducation à la retenue se superpose celle de l’éducation au numérique. Le ministre de l'Éducation nationale n'est pas opposé à l'utilisation des écrans à des fins éducatives: il nuance souvent le propos de l’interdiction totale en précisant que des écrans peuvent être utilisés pour des activités pédagogiques.
Ce qui explique qu’un guide du BYOD ait récemment été publié par le ministère. Le BYOD, soit «Bring Your Own Device», consiste à apporter son smartphone en classe. On est très tenté d’être ironique en se demandant comment interdire un objet que l’école demande aux élèves d’apporter, mais la démarche peut se justifier.
Le BYOD, c'est un appel de l'institution scolaire aux parents pour qu'ils équipent leurs enfants avec des smartphones qu'il est donc impossible d'encadrer, puisque sans limites de temps, d'espace, de contenus.
"une utilisation autonome, responsable et éthique du numérique" parce que les élèves auront utilisé leur smartphone en classe ?Comme expliqué dans le guide, «dans ce cas, le choix du BYOD est principalement envisagé comme une solution permettant de simplifier les modalités d’utilisation numérique en classe grâce à la connaissance que l’élève a de son propre équipement, ce qui favorise une prise en main plus rapide. Cela permet également de capitaliser sur les pratiques existantes hors cadre scolaire (activités périscolaires, en compagnie des parents…) pour outiller les démarches pédagogiques et les projets éducatifs. Il s’agit également de sensibiliser plus largement les élèves à une utilisation autonome, responsable et éthique du numérique. Cela devrait être d’autant plus efficace quand les élèves utilisent leurs propres équipements».
La lecture assistée par tablette, rêve des pédagogues : qu'en pense Véronique Decker ?Le 1er février, lors d’une conférence sur le rôle de l’expérimentation dans le domaine éducatif, Stanislas Dehaene, le président du Conseil scientifique de l’Éducation nationale mis en place par Jean-Michel Blanquer, proposait une démonstration d’un jeu sur tablettes destiné à s’exercer à la lecture en classe. D’autres spécialistes de la pédagogie proposent des logiciels, comme Anagraph –créé par le chercheur Roland Goigoux– pour la lecture.
Où est-il prouvé que ces applications sont "utiles" ?Si ces applications éducatives pensées pour les classes sont utiles –le numérique permet une adaptation au niveau de chacun et introduit les nouvelles activités en fonction des compétences des élèves, elles supposent du matériel.
Pour le "matériel", on comprend donc qu'il faut que l'école ou les parents le fournissent : et le plus tôt possible, puisque c'est pour écrire !
Il faudrait savoir...Des devoirs au jeu en un clic
Les équipements des écoles ne dépendent pas du ministère de l’Éducation nationale, mais des communes, départements et régions. Au fil des plans numériques, certaines écoles ont doté leurs élèves d’ordinateurs ou de tablettes, avec des résultats contrastés.
"contrastés" ? Selon le rapport 2015 de lOCDE : "lorsque [les TIC] sont utilisées en classe, leur incidence sur la performance des élèves est mitigée, dans le meilleur des cas. En effet, selon les résultats de l’enquête PISA, les pays qui ont consenti d’importants investissements dans les TIC dans le domaine de l’éducation n’ont enregistré aucune amélioration notable des résultats de leurs élèves"...
Témoignage pour "faire peur", certainement.En 2016, dans le cadre du plan numérique d'un milliard d'euros déployé sous François Hollande, la France a équipé un quart des élèves de cinquième de tablettes; à la rentrée prochaine, ce devrait être le cas de la totalité.
Marie* n’avait ni télé, ni console de jeux, simplement un ordinateur personnel. Ses deux enfants, de grands lecteurs, ont toujours été protégés des écrans. Le collège privé sous contrat où est scolarisé en cinquième son aîné lui a fourni une tablette.
Elle n’arrive plus à avoir le contrôle de l’objet, ne comprend pas l’intérêt éducatif à devenir dépendant d’une tablette, et ne sait pas quand son enfant joue ou travaille. Elle a l’impression que l’école «déséduque» son fils!
Ce n'est pas comme si certains avertissaient depuis des années...En réalité, l’école a totalement sous-estimé le problème de mettre des enfants de 12 ans dans des situations de travail sur tablettes, alors que tout le reste des activités ludiques possibles sont à portée de clic. Si nous avons le même problème adultes, comment est-il possible de penser que les enfants n’y soient pas confrontés?
Est-ce que le BYOD et l'utilisation éthique et raisonnée des smartphones ne constitue pas une solution à ce problème ?
La fameuse neutralité des objets techniques. Ce n'est pas comme si ces objets et ces applications étaient conçus pour produire des effets négatifs...Accompagner plutôt que paniquer
Bruno Devauchelle, spécialiste du numérique dans l’éducation, souligne à longueur de chroniques que le numérique n’est ni le bien, ni le mal...
L'injonction à l'accompagnement, s'agissant d'objets nomades échappant par définition à la supervision adulte, est particulièrement absurde.
Voilà qui est très concret et très éclairant....mais qu'il pose une grande question éducative, à laquelle l’école ne répond pas. «Les textes prescriptifs sont toujours à la marge de l'activité d'enseignement: tantôt facultatifs, tantôt incitatifs, mais jamais réellement formulés de manière forte, c'est-à-dire affirmant une responsabilité mise en actes.»
Rappelons quand même que Bruno Devauchelle milite pour "le numérique dans l'éducation" depuis... toujours ou presque. Il le fait d'ailleurs dans un média très pro-numérique scolaire, le "Café pédagogique" dont le partenaire a été jusque très récemment Microsoft.
Ces "activités" permettraient donc de résoudre les problèmes posés par les écrans ?Il existe pourtant bien des activités pédagogiques à développer. Certaines écoles ont par exemple mis en place des projets éducatifs autour de l’attention, à l'image du projet Atole, créé par le chercheur de l’Inserm Jean-Philippe Lachaud. Ce programme est disponible sur l’ensemble du territoire national, «en fonction de l’intérêt des enseignants et des académies».
Une conclusion tout aussi limpide que celle de Bruno Devauchelle : de grands mots vagues ("éducation numérique", "responsabilité", "encadrer", "bien guider")... et c'est tout.L'éducation numérique soulève des interrogations chez les parents comme chez les enseignants; au lieu de paniquer, les adultes devraient s’attacher à y répondre collectivement. Bien entendu, la responsabilité de l'école est énorme, compte tenu des fortes inégalités entre familles pour encadrer l’usage du numérique et bien guider les enfants.
A noter que tout regard critique est assimilé à une forme de "panique" irrationnelle. Les exemples donnés par l'article montrent pourtant que cette critique est bien fondée et relève de la raison, et non de la passion.
Il est assez symptomatique que l'Académie de médecin ait été ici confondue avec l'Académie des Sciences !Une perspective que l’Académie de médecine appelait de ses vœux dans un rapport intitulé «L’enfant et les écrans», paru en 2013 mais dont la sagesse ne semble pas avoir été entendue.
Il proposait une saine réflexion pour échapper à la panique numérique: «La croissance de l’intelligence, de la sensibilité, des capacités de relation de chaque enfant est à la fois robuste et infiniment fragile. Livré seul aux écrans, il dérivera dans la solitude, tandis qu’accompagné, il en fera des usages nouveaux que la génération de ses parents n’imagine pas. Prudence lucide et émerveillement attentif sont, en fin de compte, les meilleurs services que nous puissions rendre à cet enfant du siècle nouveau.»
On se souvient que cet avis (que nous avions longuement analysé ici en 2013 ), absolument pas scientifique, outrageusement pro-écrans (même Serge Tisseron le critique aujourd'hui) était loin d'être celui de "la sagesse" : "émerveillement attentif" certainement, "prudence lucide" aucunement.
Il a d'ailleurs, par son ample réception médiatique, constitué une porte grande ouverte pour le basculement des parents et des enfants dans un monde numérique non pensé...
En plus d'une partialité criante dans ses oublis (volontaires ?) et très parento-centré (l'angle étrange de la culpabilisation des parents), un article relativiste, particulièrement confus dans sa logique interne ou le choix de ses exemples, contradictoire puisqu'il mélange tout (les âges des enfants, les injonctions sanitaires, les usages personnels et les usages scolaires) et débouchant sur des conclusions contradictoires sur le numérique scolaire ou des recommandations particulièrement brouillées.
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Numérique : "Présence raisonnée" avant 7 ans
"Il nous faut être attentifs au fait que, selon de plus en plus d’études, l’addiction aux écrans peut être très négative pour les enfants, notamment entre zéro et sept ans. Nous devons délivrer en permanence ce message de santé publique, qui implique non pas l’absence de numérique avant sept ans, mais une présence très raisonnée de ces outils et la primauté de ceux qui, parmi eux, ne comportent pas d’écran", a affirmé le 15 mai JM Blanquer devant l'Assemblée nationale. "Car le numérique, ce ne sont pas seulement des écrans : ce sont aussi des robots et tout un ensemble d’interactions qui ne sont pas néfastes quand elles ne présentent pas ce risque d’addiction aux écrans". Le ministre semble toujours hésiter entre des discours hostiles au numérique et une certaine fascination. "Ces préventions étant rappelées, les technologies numériques comportent évidemment de très grands atouts pour l’acquisition des savoirs fondamentaux. Sur ces questions, je souhaite positionner le ministère de l’éducation nationale à l’avant-garde nationale, et même mondiale. Nous ouvrons d’ailleurs très prochainement un Lab de l’éducation nationale à cette fin".
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La théorie de l'autisme virtuel désigne une hypothèse non scientifique avec des éléments de pseudo-science, qui se base sur des obervations empiriques et non vérifiées pour postuler une conception originale des troubles du spectre de l'autisme (TSA). En effet, il est question d'inclure dans l'étiologie, la symptomatologie et l'épidémiologie de l'autisme, une sous-catégorie conceptualisée sous l'expression d'autisme virtuel, autisme secondaire ou autisme dû aux écrans. Cette découverte a été décrite par le psychologue roumain Marius Teodor Zamfir comme une nouvelle forme d'autisme, non génétique. Elle a été popularisée en France, notamment, par le collectif Surexposition Écrans (COSE), qui bénéficie d'une forte médiatisation depuis 2016, et a interpellé Brigitte Macron à ce sujet en novembre 20171.
La communauté scientifique réfute cette association, la littérature scientifique étant dépourvue de preuves d'association entre l'autisme et l'exposition aux écrans. Différents chercheurs soulignent la faiblesse des quelques études existantes à ce sujet, et l'instrumentalisation de la peur de l'autisme par différentes personnalités non-spécialistes du sujet, au détriment des parents d'enfants autistes et des personnes autistes elles-mêmes.
Sommaire
1 Origines : une corrélation entre autisme et pluviométrie aux Etats-Unis
1.1 Rumeur lancée en 2016 au sujet d'un personnage de série pour enfants
2 Conceptualisation en Roumanie
2.1 Étude de Marius Zamfir
3 Réapparition en France
3.1 Observations du docteur Ducanda dans sa vidéo
3.2 Réception par la communauté médicale et scientifique
3.3 Réactions de parents d'enfants autistes
4 Problématiques éducatives
4.1 Thèses psychanalytiques et de rupture du lien affectif
4.1.1 Psychanalystes médiatiques
4.1.2 Thérapie Andaloussia
4.2 Technoférence, asynchronie, transhumanisme
4.3 Syndrome de l'écran électronique
4.4 Screen-time shaming
5 Articles connexes
6 Liens externes
7 Notes et références
8 Bibliographie
Origines : une corrélation entre autisme et pluviométrie aux Etats-Unis
En octobre 2006, les économistes Michael Waldman, Sean Nicholson et Nodir Adilov ont publié une hypothèse selon laquelle une petite partie de la population serait susceptible de développer l'autisme à cause d'une biologie particulière, et suggère que le visionnage de la télévision pourrait constituer un facteur environnemental déclencheur2.
Les auteurs ont employé l'enquête américaine de l'usage du temps afin d'analyser les données des états de Californie, de l'Oregon et de Washington, trois états connus pour leur fort taux de précipitations, entre les années 70 et 80, postulant un lien entre précipitations et temps passé à la maison à regarder la télévision. Ces auteurs découvrent qu'un fort taux de précipitations est lié à un fort taux d'autisme3.
L'étude conclut à l'établissement d'un facteur déclencheur pour l'autisme, particulièrement chez l'enfant de moins de trois ans, lié au niveau de précipitations dans l'environnement de l'enfant. Il est également question d'un lien entre la hausse du taux d'autisme dans les états de Californie et de Pennsylvanie et le développement de la télévision par câble entre les années 1970 et 19804.
Rumeur lancée en 2016 au sujet d'un personnage de série pour enfants
Le 20 octobre 2016, le site web Morning News USA, se basant sur des études menées en 2012 par l'université de Harvard, lance la rumeur5 selon laquelle le visionnage de la série télévisée Peppa Pig provoquerait l'autisme chez les jeunes enfants, parce que le personnage inciterait les enfants à reproduire une attitude irrévérencieuse envers l'autorité. Le site NBC San Diego relève par la suite que l'étude aurait été inventée de toutes pièces5. En effet, aucune information n'est disponible sur l'identité du chef de recherche, Marc Wildenberg, et aucune donnée sur le personnage de Peppa Pig n'a été trouvée à l'université de Harvard6. Les parents sont mis en garde contre l'assimilation de l'autisme à l'émulation d'un comportement grossier ou à l'idée d'un enfant difficile ou mal élevé6.
Conceptualisation en Roumanie
En décembre 2013, le psychologue Marius Teodor Zamfir, coordinateur de la fondation Centrul Sfântul Mihail pour enfants avec autisme à Bucarest, publie un blog sur le site orthodoxe SACCSIV7. On y postule que le visionnage de la télévision pour les enfants de moins de trois ans produirait des symptômes tels que le retard de langage, les troubles oppositionnels, le TDAH et l'autisme. La causalité générale de l'autisme y est liée aux effets secondaires d'une vaccination excessive chez le jeune enfant ainsi qu'à un affaiblissement du système immunitaire.
À partir de novembre 2016, plusieurs interventions de Marius Zamfir sont relayées par la chaîne chrétienne Trinitas TV, dont une émission portant le titre Stop Autismul virtual ! ou Stop à l'autisme virtuel !7.
Étude de Marius Zamfir
En mars 2018, Marius Zamfir publie une étude sur ResearchGate, intitulée La consommation d'environnement virtuel plus que quatre heures par jour peut causer un syndrome similaire au trouble du spectre de l'autisme chez les enfants entre zéro et trois ans8. Il s'agit d'une recherche portant sur 110 enfants au sein des centres de soins pour l'autisme de Roumanie, réalisée de 2007 à 20178.
L'étude comporte un groupe contrôle composé d'enfants diagnostiqués avec un TSA, présentant une consommation d'environnement virtuel de moins de deux heures par jour, ainsi qu'un groupe écrans composé d'enfants diagnostiqués TSA, ayant révélé au cours de l'anamnèse une forte consommation d'environnement virtuel. Dans ces deux groupes, le diagnostic d'autisme a été confirmé à l'aide de l'ASRS, un test utilisé pour les enfants TSA en Roumanie, ainsi que le M-CHAT et le CARS8.
Un troisième groupe appelé groupe des enfants intégrés a été constitué au cours de l'étude, composé d'enfants issus des deux précédents groupes ayant montré des facultés d'intégration améliorées en milieu scolaire, ainsi qu'une progression dans les évaluations du WISC IV ainsi que de l'ASRS8.
L'étude s'accompagne de graphiques montrant la hausse de consommation d'environnement virtuel en Roumanie entre 2012 et 20178. L'auteur attribue cette hausse à la baisse du prix des tablettes et des téléphones Android, et à l'introduction de la technologie 4G permettant un accès illimité à Internet depuis des endroits divers8.
Le comportement des enfants soumis à un environnement virtuel important est lié à un développement plus faible des zones neuronales et à une inhibition des processus mentaux8. Les violents stimuli visuels et auditifs résulteraient en des agressions sur des cerveaux en plein développement8. La manipulation physique de l'environnement est considérée nécessaire à la formation des voies neuronales8.
L'auteur réalise une comparaison avec les études publiées par Michael Rutter (professeur de psychologie infantile au Royaume-Uni) en 1999 et 2001 au sujet du phénomène de quasi-autisme ou semi-autisme observé dans les orphelinats roumains8 (voir aussi hospitalisme). Il met en avant les similitudes symptômatologiques vérifiées dans le DSM IV, telles que l'intérêt pour un certain type de sensation, des maniérismes moteurs, ainsi que des intérêts étranges et obsessionnels8. Cependant, il souligne une différence, à savoir que les enfants ne recherchent pas d'eux-mêmes l'isolement, comme dans l'autisme classique8. À contrario, dans la forme d'autisme mentionnée, le comportement des enfants s'améliore lorsque ceux-ci sont placés dans un environnement favorable8. Cette comparaison lui permet de postuler l'existence d'une forme d'autisme alternative à l'action de facteurs génétiques, davantage influencée par des facteurs épigénétiques8.
L'étude se conclut sur l'idée que la consommation excessive d'environnement virtuel, cumulée à des prédispositions génétiques, produit une structure neurocognitive typique aux enfants TSA, causée par la privation sensori-motrice et socio-affective, résultant en un « taux important d'autisme, à un niveau national et international »8.
Réapparition en France
En mars 2017, le docteur Anne-Lise Ducanda, pédiatre en PMI dans l'Essone (Viry-Châtillon), diffuse une vidéo en ligne sur le site de vidéos en streaming YouTube9. Elle déclare constater la présence, selon ses termes, exponentielle de troubles du spectre autistique chez les enfants de trois à quatre ans de son cabinet, évoquant des temps d'exposition aux écrans allant de six à douze heures par jour9. Elle mentionne également les enseignants lui demandant des consultations pour des enfants présentant des retards de développement, des troubles du comportement et des troubles du spectre autistique9. L'expression de troubles du spectre autistique est utilisée dans la littérature psychiatrique depuis Lorna Wing qui a contribué à l'idée d'un continuum, puis d'un spectre, afin de prendre en compte un ensemble plus varié de profils cliniques, avant d'être officialisé dans la classification psychiatrique DSM V sous le terme de troubles du spectre de l'autisme. Ce choix de mots semble souligner l'apparent paradoxe consistant à déclarer, comme l'indique le site du Collectif Surexpositions Ecrans, que bien qu'ils considèrent s'occuper d'enfants autistes vrais, il ne disent pas que les écrans sont à l'origine de l'autisme10.
Observations du docteur Ducanda dans sa vidéo
Le docteur Ducanda se réfère à des signes cliniques appartenant typiquement au diagnostic de TSA : écholalies, enfants « inhibés » qui ne bougent pas, qui jouent toujours avec le même jouet (voir intérêts restreints dans l'autisme), qui regardent fixement une lumière (voir troubles sensoriels dans l'autisme), ou qui battent l'air avec leurs mains (voir stéréotypies)9. Un retard des facultés de langage en milieu éducatif est également mentionné. Elle associe ces symptômes avec la triade autistique (voir DSM IV et Triade de Wing) employée pour diagnostiquer l'autisme9.
Pour elle, le manque d'exploration induit par l'excès du temps passé devant les écrans provoque une altération de la formation normale des connexions neuronales9. Les sensations tactiles, visuelles et auditives dans un environnement physique s'opposent au stimulations visuelles ou auditives conçues comme des facteurs d'agression pour le cerveau des jeunes enfants en développement9. Elle évoque également des troubles du comportement, une intolérance à la frustration en particulier lors du retrait ou de l'arrêt des dispositifs technologiques, ainsi que des troubles de la relation conçus comme une incapacité à rentrer en contact avec l'environnement physique, humain et langagier9. C'est pourquoi elle conseille aux parents de limiter le temps passé par les enfants devant les écrans au profit d'activités relatives à l'imitation, comme le jeu de la ferme ou de la dînette9.
Anne-Lise Ducanda affirme qu'elle avait l'habitude d'aiguiller les parents vers une consultation en hôpital ou en CMP, dans lequel un TSA était souvent diagnostiqué, mais qu'à présent, elle préconise aux parents de modifier leur usage des écrans, ainsi que celui de leur enfant9. Elle évoque une disparation des symptômes observés après une réduction drastique du temps passé devant les écrans9. L'augmentation de l'offre en matière de produits numériques11 (programmes TV visant un public de très jeunes enfants ainsi que jeux éducatifs sur tablette) destinés aux tout-petits, ainsi que celle de la taille des écrans de télévision, aurait entraîné une mise à l'épreuve de la volonté parentale12, face à laquelle elle en appelle aux pouvoirs publics. Les parents moins disponibles à cause du temps passé devant les écrans seraient involontairement les acteurs d'une diminution des moments d'interaction primordiaux pour les enfants entre zéro et trois ans9. Le docteur Ducanda en appelle également à une diversification des offres en matière d'aide éducative pour les parents : technicienne d'intégration sociale et familiale (TISF), dispositif de réussite éducative, aide éducative à domicile, et met en avant l'utilité des SESSAD. Il est également question d'augmenter le degré de sensibilisation des parents et l'idée d'une école des parents est formulée9. La vidéo se conclut par des données issues du centre pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) concernant l'augmentation de la prévalence du TSA aux États-Unis, que le docteur Ducanda met en parallèle avec l'apparition de la télévision qui aurait eu lieu en 19759.
Réception par la communauté médicale et scientifique
Dans un article publié en mai 2017, le docteur Jean-Michel Pedespan, responsable de l’unité de neurologie pédiatrique du CHU de Bordeaux, rappelle la nécessité d'un processus de maturation des connexions cérébrales des jeunes enfants et soumet l'idée qu'une répétition précoce de stimuli visuels intenses pourrait susciter une invasion de certains circuits neuronaux initalement dévolus à d'autres fonctions, résultant en une réduction de l'espace cortical disponible13. Cette théorie se base sur l'observation d'une surabondance de synapses dans le cerveau des jeunes personnes TSA, ce qui entraîne l'idée d'un cerveau hyper-connecté14, cependant, l'idée relative à une invasion de synapses qui seraient superflues ou à un manque d'espace dans une partie du cerveau ne semble pas validée scientifiquement. A contrario, il souligne que l'usage de Skype pour communiquer avec des proches éloignés permet de resserrer les liens relationnels. Au sujet de la durée du sevrage des écrans mise en avant par le docteur Ducanda et estimée par celle-ci à un mois avant le retour à la normale, sauf pour ceux qui présentent réellement un profil autistique selon elle, le docteur Pedespan déclare que rien ne permet de conclure à l'installation de troubles irréversibles13.
En janvier 2018, le docteur Ducanda est l'invitée de la journaliste Élise Lucet dans un reportage intitulé Accro aux écrans, diffusé en prime-time pour l'émission Envoyé spécial sur la chaîne de télévision publique France 215. Dans un article paru en février 2018, le docteur Patrick Pelloux, qui travaille avec l'association SOS Autisme afin de faire évoluer les conditions d'accueil des enfants autistes aux urgences, mentionne une « fake news », du « charlatanisme », et de « l'information spectacle » pouvant avoir des conséquences sur la Santé publique et la vie des familles16. Yehezkel Ben-Ari, chercheur en neurobiologie dont la carrière a été récompensée par le Grand Prix de l'INSERM et qui travaille sur la conception de traitements biologiques pour l'autisme en partenariat avec le docteur Éric Lemonnier dans le cadre de l'institut Neurochlore, s'exprime également dans cet article en disant que cette théorie est incompatible avec une compréhension profonde des mécanismes du système nerveux16.
En février 2018, une tribune de professionnels du soin et de chercheurs en pédopsychatrie et en pédiatrie paraît dans le journal Le Monde et rappelle que l'addiction aux écrans n'est reconnue ni par l'Académie des sciences, ni par l'Académie nationale de médecine, ni par le DSM V, bien que l'OMS soit actuellement en pourparlers à ce sujet17. Ils évoquent la diffusion régulière d'émissions ayant pour sujet des enfants allant jusqu'à se lever la nuit pour utiliser le smartphone de leurs parents18, et mettent en garde contre l'amalgame réalisé par des émissions telles que le reportage d'Envoyé spécial qui assimile les écrans numériques à une drogue. Ils se demandent dans ce contexte comment une telle alerte pourrait ne pas culpabiliser les parents. Il est également question du risque de confusion dans les discours tenus pour parler de symptômes relatifs à la surexposition aux écrans, puisqu'il est rappelé que de nombreux enfants avec TSA sont particulièrement attirés par les technologies vidéo et du numérique. Les symptômes évoqués seraient dans ce cas réellement confondus avec les symptômes de l'autisme.
La revue Science et pseudo-sciences, de janvier à mars 2018, traite de la vidéo du docteur Ducanda avec comme invité Franck Ramus, psycho-linguiste et spécialiste en sciences cognitives19. Franck Ramus mentionne une corrélation entre le développement intellectuel des enfants et le temps passé devant des écrans, mais rappelle que de nombreux facteurs entrent en jeu, à savoir le niveau d’éducation des parents, les revenus de la famille, les interactions parent-enfant, et s'interroge sur la pertinence de postuler un lien cause-effet19. Il statue que les observations subjectives d'un médecin n'ont pas valeur de faits validés et ne permettent pas d'aboutir à des conclusions concernant les données épidémiologiques et les mécanismes causaux19. En outre, il mentionne le constat portant sur des syndromes pseudo-autistiques réalisé dans des orphelinats roumains à la chute de Ceaucescu, et souligne que ces syndromes résultaient d'une situation de carence extrême19. En écartant l'hypothèse d'un tel niveau de maltraitance, il est selon lui exclu de parler d'autisme pour évoquer les troubles relevés par le docteur Ducanda19.
En mars 2018, la Fédération Nationale des Orthophonistes (FNO) mobilise les chercheurs de l’ERU 4320, groupe de travail créé dans la foulée du quatrième plan autisme en vue de promouvoir la recherche, l'innovation et l'enseignement universitaire, afin d’effectuer une étude de la littérature scientifique sur le sujet de l'exposition des enfants aux outils numériques21. Ce rapport désigne les membres du Collectif Surexpositions Ecrans22 (dont fait partie le docteur Ducanda) comme introducteurs de la notion d'autisme virtuel, considéré comme un « faux autisme » ou « autisme secondaire » (consulter également 23 et 10) lié à la surexpositon aux écrans. Il est rappelé qu'a contrario, le DSM 5 ne fait état d'aucune sous-catégorie dans les TSA et que la Haute Autorité de santé (HAS) préconise l'intervention coordonnée de spécialistes de santé de deuxième voire de troisième ligne, avec des critères précis de diagnostic. Dans ce contexte, un professionnel tel qu'un médecin en pédiatrie travaillant dans une structure de santé de première ligne n'est pas habilité à établir de diagnostic en matière d'autisme. En outre, cette expertise cite plusieurs études montrant une amélioration des apprentissages chez les enfants avec TSA au niveau du développement linguistique et des particularités motrices et sensorielles, attribuée à l'usage de la tablette numérique, reconnue comme pouvant favoriser l'acquisition de compétences au niveau de la cognition non verbale. Cependant, d'autres études montrent que les individus (enfants et jeunes adultes) avec TSA ont une plus grande vulnérabilité face à l'usage compulsif d'Internet et de vidéos, tendance attribuée à un déficit des fonctions exécutives. Le rapport conclut sur le caractère confusionnant et dangereux de la notion d'autisme virtuel.
Réactions de parents d'enfants autistes
À la suite de l'émission Envoyé spécial de janvier 2018, deux mères d'enfants autistes ont porté plainte24 au Conseil départemental de l'Ordre des médecins de l’Essonne contre le docteur Ducanda, pour faute déontologique. Elles dénoncent une culpabilisation des mères, de faux espoirs donnés aux familles, et l'injonction par des accompagnants ou des professionnels de santé de stopper l'exposition aux écrans, voire de retirer aux enfants l'usage des outils numériques. Ces deux mères insistent sur la nécessité d'une prise en charge rapide et d'un diagnostic sérieux, avec l'interventions d'accompagnants en milieu scolaire (auxilliaires de vie scolaire ou AVS) et s'inquiètent de l'idée d'un retrait des écrans comme remède à l'autisme. Dans l'émission du magazine Arrêt sur images de février 2018, le docteur Ducanda mettait en question l'emploi des dispositifs numériques comme instruments éducatifs, et évoquait également l'éventualité d'un surdiagnostic des enfants autistes, ainsi qu'un nombre d'AVS surestimé par rapport aux besoins réels25.
Problématiques éducatives
Thèses psychanalytiques et de rupture du lien affectif
Psychanalystes médiatiques
Daniel Marcelli, pédopsychiatre auteur de plusieurs livres traitant de l'éducation, a soutenu le docteur Ducanda dans son usage des termes autisme et symptômes d'allure autistique pour qualifier les enfants surexposés aux écrans26. Il se réfère pour cela à une distinction entre l'autisme typique (voir autisme infantile) et le reste des conditions sous la catégorie de troubles envahissants du développement (TED) dans le DSM IV. Pour lui, l'autisme doit se comprendre dans une problématique relationnelle27, c'est pourquoi il compare l'enfant autiste à un sac de pommes de terre incapable de calquer son tonus sur celui du parent qui le porte. Il souligne cependant que l'autisme est comparable à un cancer, et qu'il existe des cancers tout à fait bénins, selon son expression, qu'il est possible d'opérer, mettant en avant la nécessité d'un diagnostic et d'une prise en charge précoce.
Pierre Delion, dans son ouvrage de 2014 L'Enfant difficile, mentionne les écrans comme un équivalent technologique de la relation parentale pathogène28. Les écrans deviennent un facteur de rupture dans le développement sensori-moteur de l'enfant, dans le développement affectif et relationnel précoce, car pour lui, la mère captée par l'écran ne peut mettre en place le dialogue narratif nécessaire à l'enfant.
Boris Cyrulnik, interrogé par le magazine Marie-Claire29 en 2008, dénonce une altération des capacités d'empathie induites par l'utilisation des outils de haute technologie, dans les couples, chez les adolescents et dans la relation entre parents et enfants. A partir de l'exemple donné des adolescents qui restent devant la porte dans le métro, il développe la thèse d'un acte de perversion quotidienne dans la génération high-tech. Il lie ce phénomène avec des difficultés à constituer un couple, ainsi qu'un moindre désir de vivre à deux. La techno-culture imposée par l'occident à l'Afrique, puis à l'Asie, génère la pathologie du futur, à savoir la perversion narcissique.
Invité par la radio France Culture30 en juin 2018, il lance la formule « pas d'écran du tout avant trois ans ». Le Smartphone est pointé du doigt comme hypnotisant les enfants, altérant le développement cérébral. L'absence d'interaction humaine avec la machine est dénoncée, entraînant une incapacité pour l'enfant de se synchroniser avec les gestes et mimiques de l'autre. En résultent des adolescents avec des troubles de l'empathie et soumis à leurs pulsions.
Thérapie Andaloussia
Il a été question, d'après une interview parue dans le Journal International de Médecine, de la relation entre certains membres du collectif Surexpositions Ecrans et la Thérapie Andaloussia pour anéantir l'autisme31, conçue par la thérapeute algérienne Rima « Andaloussia » Dodi Driouèche, qui conçoit l'autisme comme une maladie de la relation d'attachement maternelle dont la prévalence aurait brutalement augmenté à cause de l'accessibilité croissante des dispositifs vidéo et numériques, avec de nombreuses références à la psychanalyse32.
Technoférence, asynchronie, transhumanisme
Le docteur et chercheuse Linda Pagani, professeur en psychoéducation à l'Université de Montréal juge qu'en favorisant l'interaction avec les écrans, on commence à avantager certains types de comportements qui se rapprochent de l'autisme. Elle mentionne également le caractère asynchrone du mode de communication consistant à communiquer par messages texte interposé, sur un téléphone portable33.
La chercheuse Françoise Morange-Majoux mentionne34 l'importance de la synchronie dans le développement de l'enfant, permettant le développement de la marche, du langage, de la lecture, et évoque les mères qui promènent leur bébé en poussette en parlant en même temps au téléphone. Le bébé entend leur mère parler, mais elle ne s'adresse pas à eux.
Au sujet d'une étude publiée en mai 2017 dans la revue The Child Development, mesurant la quantité de troubles du comportement manifestée par des enfants de trois ans auprès de 170 familles dans lesquelles de nombreux parents déclaraient avoir un usage problématique des smartphones, avec de nombreuses technoférences quotidiennes, le pédopsychiatre Bruno Falissard mentionne un problème d'interaction parent-enfant lorsque les parents s'interrompent pour regarder souvent leur téléphone ou leur tablette34.
Selon Cris Rowan, thérapeute occupationnelle en pédiatrie en Colombie Britannique, auteure d'une tribune35 sur le Huffington Post en faveur de l'interdiction pour les moins de douze ans de tous dispositifs électroniques portables (téléphones, tablettes, jeux vidéo), le désir exprimé par les jeunes de vivre à l'intérieur d'un jeu vidéo, de devenir la télévision, ou d'être pourvus de Google Glass en permanence serait le signe d'une volonté de devenir transhumains, en raison de la difficulté d'établir des contacts avec le monde réel. Il est question de s'accomplir dans un monde dénué de toucher, de mouvement, de nature et d'attachement, pour des enfants dont la surexposition aux technologies du virtuel ne peut que résulter de négligences parentales36.
Syndrome de l'écran électronique
Dans son livre intitulé Reset your child's brain, Victoria Dunckley, praticienne de la psychiatrie intégrative infantile en Californie, caractérise le syndrome de l'écran électronique (electronic screen syndrome) comme un trouble de la dérégulation des mécanismes du cerveau, dans lequel le système nerveux est l'objet d'un phénomène d'hyper-stimulation chronique. Les caractéristiques principales de ce syndrome sont les problèmes de concentration, l'irritabilité et le comportement oppositionnel et désorganisé37.
Un enfant n'a pas besoin d'être sous l'emprise d'une addiction pour être concerné, puisqu'il suffit d'une courte exposition régulière à des technologies telles que l'Ipad[Quoi ?]. La dérégulation de la mélatonine est susceptible de déranger l'horloge biologique et de provoquer des troubles du sommeil. L'exposition régulière à des taux élevés de stress induits par les écrans est accusée de causer des dérangements hormonaux et d'induire une prise de poids ainsi qu'une haute pression sanguine37.
Le stress chronique, qui inclut le stress électronique, est accusé de provoquer une dérégulation du flux sanguin dans le lobe frontal. La fonction du lobe frontal étant de gouverner la régulation émotionnelle, l'attention, le contrôle des impulsions ainsi que la compétence sociale, un dysfonctionnement peut résulter en une imitation des symptômes d'autres conditions neurodéveloppementales telles que le trouble de déficit de l'attention avec hyperactivité (TDAH) ou la bipolarité (voir trouble bipolaire pédiatrique)37.
La hausse du taux de dopamine durant les périodes de temps-écran est quant à elle liée à une hyper-sensibilisation à ce neurotransmetteur, en même temps qu'une désensibilisation sur le long terme. Un taux trop élevé de dopamine à certains moments peut occasionner des phénomènes de troubles compulsifs ou de tics nerveux, tandis qu'un taux trop bas peut induire des périodes de dépression ou une difficulté à se concentrer37.
Victoria Dunckley évoque des cas de chronicisation de l'usage des écrans entraînant une dérégulation régulée par le temps-écran contre laquelle des mesures de protection doivent être prises. Sont mentionnés l'exercice physique, le temps passé en compagnie d'un parent, des horaires de coucher réguliers et les tâches ménagères quotidiennes37. L'usage des produits de hautes technologies doit être considéré comme un privilège et non un droit, et peut être retiré à tout moment : la santé des fonctions exécutives du cerveau des jeunes doit être contrôlée, puisque celle-ci détermine la capacité à planifier, à obtenir de bons résultats à l'école et à réaliser des tâches professionnelles complexes. Elle mentionne aussi l'adolescence comme une période critique du développement du lobe frontal, pendant laquelle les connexions cérébrales superflues sont abandonnées37.
Le jeûne électronique apparaît comme le meilleur moyen de résoudre les troubles en question, et les outils technologiques doivent être réintroduits en prêtant attention aux signes de dérégulation : chutes des résultats scolaires, comportement irrespecteux, inaptitude à suivre des directives37.
Victoria Dunckley mentionne la phrase « le médium c'est le message » (the medium is the message) issue du philosophe des médias Marshall Mac-Luhan, faisant référence à la distinction élaborée par celui-ci notamment dans son ouvrage Pour comprendre les médias entre médias « chauds » et « froids » (hot et cool). Chez Mac Luhan, il était en effet question des médias froids comme étant de plus basse définition et nécessitant davantage de participation et d'interaction de la part du spectateur, de l'auditeur ou de l'utilisateur38. Pour Dunckley, peu importe le contenu véhiculé par le média. Il est question pour elle de l'influence de l'industrie de la technologie, qui a intérêt à fabriquer des écrans interactifs, augmenter la vitesse d'interaction, amplifier les stimuli auditifs et visuels destinés à captiver l'utilisateur, ainsi qu'influencer les circuits de la récompense dans le cerveau37.
Screen-time shaming
Melissa Morgenlander, détentrice d'un PhD en études cognitives du Teachers College de Columbia University, et chercheuse spécialisée dans les usages de la télévision, des jeux vidéo et des technologies mobiles au service du développement intellectuel et social des enfants, se refuse à définir une période de temps-écran fixée par jour, ainsi qu'un âge en-dessous duquel leur usage serait déconseillé39. Elle dénonce ce qu'elle appelle le screen-time shaming, qui est un jugement porté de la part de certains parents sur d'autres parents ou leurs enfants. Pour elle, le rôle éducatif d'un parent relativement à l'exposition de son enfant aux écrans dépend d'abord du type de contenu et de la possibilité de partager une interaction sociale avec l'enfant dans le cadre d'un visionnage partagé ou co-viewing39. Elle prend l'exemple de son propre enfant autiste et indique que l'usage de technologies numériques permet de faciliter certaines démarches d'autonomisation par la mise en place de routines, comme le visionnage de l'application Google street view pour parcourir les rues avant de s'y rendre (voir aussi communication améliorée et alternative au sujet de l'usage d'outils technologiques pour améliorer les compétences de communication dans l'autisme)39. Dans ce contexte, il existe une différence entre la considération du temps passé devant les écrans aux Etats-Unis et en France, lorsqu'il est question d'un enfant autiste : là il est question d'employer les technologies comme moyen d'autonomisation, ici il est question d'adopter une démarche pédagogique afin de réguler l'accessibilité39. On notera tout de même que cette dernière vision est soutenue par l'Association américaine de pédiatrie à travers l'élaboration du Plan familial d'usage des médias.
Articles connexes
Éducation aux médias et à l'information
Captologie
Nomophobie
Pseudo-science
Autisme en psychanalyse
Hospitalisme
Trouble réactionnel de l'attachement de l'enfance
Technophobie
Fake news
Liens externes
Collectif Surexposition Ecrans [archive] (COSE)
Plan familial d'usage des médias [archive]
Screen time (version anglophone de Wikipédia)
Notes et références
↑ « 4 membres du Collectif reçus à l’Elysée » [archive], Collectif Surexposition Ecrans, 8 janvier 2018.
↑ Waldman, Nicholson et Adilov 2006, p. 1.
↑ Waldman, Nicholson et Adilov 2006, p. 3.
↑ Waldman, Nicholson et Adilov 2006, p. 2.
↑ a et b « Non, Peppa Pig ne provoque pas l'autisme », Fredzone, 21 février 2018 (lire en ligne [archive])
↑ a et b (en-US) « New “Harvard Study” Links This Popular Kids Activity to Autism! Here’s the Full Truth | World Of Moms » [archive], sur World Of Moms (consulté le 17 juin 2018)
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↑ (en) « Library and archives Canada » [archive]
↑ a, b, c et d « Usages des écrans, autisme et théorie du screen-time shaming », Celluloid | Video | Education | Digital Humanities, 21-23 mars 2018 (lire en ligne [archive])
Bibliographie
[Waldman, Nicholson et Adilov 2006] (en) Michael Waldman, Sean Nicholson et Nodir Adilov, « Does Watching Television Trigger Autism? » [archive], sur www.nber.org , octobre 2006 (consulté le 9 juin 2018)
[Zamfir 2018] Marius Teodor Zamfir, « The consumption of virtual environment more than 4 hours/day, in the children between 0-3 years old, can cause a syndrome similar with the autism spectrum disorder » [archive], Journal of Literary Studies, mars 2018
Elle mérite de notre part quelques commentaires.
1. Un contributeur de bonne foi... ou un militant engagé ?
(Lien)
Le reste est le fait d'un autre contributeur non anonyme, Amélie Tsaag Varlen*.
"Copper Lebrun" (alias Valentin) s'est présenté sur sa page Wikipédia quelques jours avant la création de l'article : sa première présentation ( assez étrange et dans laquelle il se dit "[travailler] actuellement avec une équipe pour traduire des articles sur les troubles physiques et mentaux et le Spectre de l'Autisme élargi" sans autre précision) ayant été retoquée, il a proposé une seconde présentation, plus factuelle, dans laquelle il se présente entre autres comme pouvant apporter à Wikipédia des "informations sur la problématique relativement nouvelle de l'"écranisme" (imputer tous les fléaux de la société moderne au technologies vidéo et à la télématique (les NTIC)) et celle de "l'autisme virtuel" (idéologie attribuant la responsabilité de la hausse de la prévalence de l'autisme à la hausse de consommation des technologies du "virtuel") ". Bref, derrière l'apparente neutralité des "informations", on voit poindre le militant dénonçant ce sur quoi il informe.
De fait, il oublie de présenter la notion d'"autisme virtuel" comme faisant l'objet d'une vive controverse (voir plus haut sur ce fil) et s'accompagnant d'une violente campagne en ligne dans laquelle il s'est lui-même engagé. Il a ainsi signé une pétition contre le docteur Anne-Lise Ducanda , s'est montré particulièrement actif sur les sites d'information ou sur les réseaux sociaux au sujet de cette notion, participant par exemple groupe Facebook "COSE la vérité" ou encore
"Hashtag France Autisme" (groupe imitant le nom de l'association "Autisme France" et presque entièrement tournée vers la mise en cause personnelle du docteur Ducanda, appelant par exemple le 13 mars 2018, à "dégommer Ducanda" au Congrès de médecine générale de 2018). C'est ce dernier groupe d'ailleurs qui promeut l'article Wikipédia de "Copper Lebrun" peu après sa publication :
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Dans une moindre mesure, le second contributeur de l'article, Amélie Tsaag Varlen a pu évoquer "le ducandisme" sur Facebook (en s'adressant au premier groupe cité plus haut) ou "l'inepte Ducanda" sur Twitter.
Mais il y a plus grave : non seulement "Copper Lebrun" a rédigé l'essentiel de l'article mais il a demandé à le faire traduire en anglais pour une diffusion sur Wikipédia anglophone.
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Plus grave encore : sur plusieurs réseaux sociaux, dont Twitter ( @Quivientdubruit ), "Copper Lebrun" milite auprès de nombreux journalistes en citant (sans le dire) l'article qu'il a lui-même créé !). Un exemple parmi d'autres :
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Pourquoi de telles pressions : parce que les familles d'enfant autiste, très militantes d'une manière générale (et souvent pour de bonnes raisons), n'acceptent pas que les symptômes présentés par certains tout-petits puissent évoquer voire être confondus avec ceux de l'autisme dans les cas de surexposition aux écrans les plus graves
Comment un militant si actif contre cette notion peut-il prétendre en donner sur Wikipédia une définition et une synthèse respectant la "neutralité de point de vue", principe revendiqué par Wikipédia ? "les articles doivent être écrits de façon à ne pas prendre parti pour un point de vue plutôt qu'un autre"...
Membre du collectif CoSE (jusqu'en 2019), il ne me viendrait pas à l'idée d'instrumentaliser Wikipédia pour défendre les positions de ce collectif. Je dois d'ailleurs préciser qu'à titre personnel l'expression "autisme virtuel" m'a toujours paru mal choisie précisément parce que pouvant être dénaturée de la façon que nous allons maintenant étudier.
2. Une définition fausse et contradictoire
Cette définition en tête de l'article Wikipédia montre assez que son but est de discréditer cette hypothèse."La théorie de l'autisme virtuel désigne une hypothèse non scientifique avec des éléments de pseudo-science, qui se base sur des observations empiriques et non vérifiées pour postuler une conception originale des troubles du spectre de l'autisme (TSA)"
D'abord et avant tout parce qu'elle est tout simplement fausse puisque le collectif CoSE a bien précisé sur son site : "nous ne disons jamais que les écrans sont à l’origine de l’autisme [...] Dans certains cas, on peut confondre ces enfants avec des enfants autistes car leurs symptômes se ressemblent".
Dès lors, "Copper Lebrun" peut s'étonner de "l'apparent paradoxe consistant à déclarer [...] qu'il ne disent pas que les écrans sont à l'origine de l'autisme". Un paradoxe qui n'en est un que si la définition de l'autisme virtuel est dénaturée. De fait l'article fait comme si l'adjectif "virtuel" n'existait pas : il distingue pourtant ce qui relève de l'autisme et ce qui peut être confondu avec lui.
A partir d'une si grave confusion, entretenue à dessein par les militants comme "Copper Lebrun", tous les amalgames sont possibles, comme nous le verrons. Cette hypothèse étant ainsi dénaturée ("les écrans cause d''autisme"), elle peut ensuite être facilement réfutée comme "fake news" par les spécialistes auxquels elle est présentée telle quelle (Patrick Pelloux, Franck Ramus etc.). Un débat que la page Wikipédia "Autisme virtuel" contribue donc plus à obscurcir qu'à éclairer en toute bonne foi.
Mais il est également à noter que,, dans l'empressement à jeter le discrédit, cette définition est également contradictoire dans ses propres termes.
Il est affirmé, en effet, que "l'hypothèse" selon laquelle une surexposition des très jeunes enfants aux écrans pourraient produire des troubles pouvant être confondus avec ceux de l'autisme est "non scientifique" sans autre justification qu'en renvoyant à "des éléments de pseudo-science" (non développés par la suite dans l'article) ou à des observations "non vérifiées" : par définition, une hypothèse demande précisément à être vérifiée...
Une définition fausse et contradictoire se trouve donc, par la vertu de Wikipédia, propulsée en deux mois dans les tous premiers résultats Google sur le sujet.
3. Des amalgames et des digressions sans lien avec l'autisme virtuel
- avec la thérapie Andaloussia ("anéantir l'autisme") qui nie la réalité même de l'autisme (quand les membres du collectif CoSE expliquent : "La grande particularité de ces faux autismes c’est que leurs symptômes s’améliorent rapidement après l’arrêt des écrans, ce qui n’est pas le cas avec des autistes typiques")
- avec "la rumeur selon laquelle le visionnage de la série télévisée Peppa Pig provoquerait l'autisme chez les jeunes enfants" : sans commentaire....
De même les nébuleuses digressions de l'article (Boris Cyrulnik, Pierre Delio, les parties "Technoférence, asynchronie, transhumanisme" ou "Syndrome de l'écran électronique" ou encore "Screen-time shaming"), portent sur certain effets des écrans ou leur réception en général : la question spécifique de l'autisme virtuel, sujet de l'article, est quelque peu oubliée...
4. Contradictions internes et omissions
De fait, il est vrai que la Haute autorité de santé, dans son argumentaire sur les TSA de février 2018 , indique qu'"il n’y a pas d’éléments dans la littérature au sujet d’un quelconque rapprochement entre exposition aux écrans et TSA. Dans la littérature, les études identifiées concernant l’évaluation d’une association entre exposition aux écrans et survenue d’un TSA sont d’un niveau moins que faible".
Mais précisément, s'agissant d'une hypothèse face à un phénomène récent (avec notamment les nouveaux écrans nomades), les preuves ne peuvent que manquer : le collectif CoSE milite précisément, comme l'indique sa charte (non citée par "Copper Lebrun") pour "obtenir des études françaises à l’instar des pays anglophones, de type épidémiologique, des recherches fondamentales et des recherches cliniques en association avec des praticiens, menées par des professionnels qui déclarent leur absence de conflit d’intérêt avec l’industrie du numérique" et "obtenir des données cliniques et chiffrées de la part des professionnels de la santé et de l’éducation.
Pour le dire autrement, ce n'est parce que cette hypothèse n'a pas (encore ?) été validée par la recherche scientifique qu'elle n'est pas valide ou "non scientifique". Le groupe Facebook "Hashtag France Autisme" milite d'ailleurs pour empêcher les interventions publiques du docteur Ducanda et empêcher que des études puissent être menées. Comme le dit le professeur Marcelli en soutien au collectif CoSE : "Les médecins ont le droit, me semble-t-il, d’émettre des hypothèses cliniques qui certes nécessitent des études scientifiques critérisées et des cohortes appariées pour être confirmées mais la médecine a toujours avancé à partir de telles hypothèses vérifiées ou non ultérieurement. Les constations cliniques du Dr. Ducanda, corroborées par d’autres cliniciens, demandent à être confirmées par des études scientifiques rigoureuses, mais ce n’est pas en interdisant à Mme Ducanda de prononcer « autisme » dans ces propos qu’on pourra faire avancer les connaissances. Ce diktat en forme de censure sur les mots est proprement inadmissible…"
Les spécialistes les plus prudents à l'égard de cette hypothèse reconnaissent eux-mêmes la nécessité d'études scientifiques sans jamais nier la réalité des cas observés dans cet article de "L'Express" en 2017 par exemple :
- "Les écrans peuvent en effet créer ces faux positifs" (Catherine Barthélémy est professeure émérite à l'université de Tours, physiologiste et pédopsychiatre, spécialiste de l'autisme)
- "affirmer qu'il existe une corrélation n'est pas sérieux, tout comme ne pas prendre en compte cette alerte [...] "C'est un problème que nous découvrons peut-être, mais sans études rigoureuses il est impossible d'affirmer que la surconsommation d'écrans crée de l'autisme" (Pierre Foucaud, chef du service de Pédiatrie du CHU de Versailles et président de la Société Française de Pédiatrie ) : et il n'est pas ici question d'autisme virtuel...
S'agissant de la réfutation de "la communauté scientifique" présentée donc comme unanime, l'article de "Copper Lebrun" est quelque peu contradictoire puisqu'il mentionne le soutien au collectif pluridiscinaire CoSE d'une personnalité importante, le Dr Marcelli : il est vrai que l'article ne le présente pas comme professeur de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent ou président de la Société française de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent mais comme un "psychanalyste médiatique" (avec confusion donc psychiatrie/psychanalyse...). "Copper Lebrun" s'efforce de le discréditer en général sur la question de l'autisme. A noter, mais ce serait encore un autre sujet, que "Copper Lebrun a récemment modifié la page Wikipédia du professeur Marcelli , son soutien au collectif CoSE lui valant par exemple... d'en devenir membre !
Le collectif pluridisciplinaire CoSE est composé essentiellement de professionnels de santé et sa charte a été signée par des centaines de professionnels de santé ou de l'enfance. Une tribune collective, non mentionnée dans l'article, a été publiée dans "Le Monde" du 31/05/2017 : "La surexposition des jeunes enfants aux écrans est un enjeu majeur de santé publique" .
"Copper Lebrun" a également oublié de préciser que le docteur Ducanda a pu, malgré les pressions de militants comme lui sur les réseaux sociaux, présenter publiquement son hypothèse au Congrès de médecine générale en 2018.
Sur un sujet un peu différent de celui de l'autisme virtuel, "Copper Lebrun" affirme que "l'addiction aux écrans n'est reconnue ni par l'Académie des sciences, ni par l'Académie nationale de médecine [sic], ni par le DSM V, bien que l'OMS soit actuellement en pourparlers à ce sujet" : l'article aurait mérité d'être actualisé car l’addiction aux jeux vidéo a été reconnue comme une maladie par l'OMS en juin 2018.
Citant plusieurs tribunes de presse, "Copper Lebrun" en oublie d'autres :
- la tribune collective du 14 février 2018 dans "Le Monde" (à l'initiative de Serge Tisseron) contre le collectif CoSE a été publié en même temps qu'une tribune de Sabine Duflo, membre du collectif CoSE : "Ne livrons pas nos enfants à une économie milliardaire"
- l'entretien de Daniel Marcelli dans "Le Monde" du 30 avril 2018 : "L’exposition précoce aux écrans est un nouveau trouble neuro-développemental"
Raillant "l'écranisme" (sic) dans sa présentation de contributeur (cf 1), "Copper Lebrun" oublie étourdiment de mentionner les avertissements répétés à l'égard des écrans sur le nouveau carnet de santé 2018 ou encore la mise en garde en 2018 de la Haute autorité de santé : "Durant ces dernières années, le temps passé devant les écrans (télévision, consoles de jeux, smartphones et ordinateurs) a augmenté. Les écrans ont une influence délétère quand ils apportent à l’enfant des stimulations cognitives, physiques ou sociales plus pauvres que celles potentiellement contenues dans son environnement physique (temps volé). Les études scientifiques disponibles montrent de manière quasi-unanime que cette tendance a des incidences négatives majeures sur le développement des fonctions cognitives, les champs particulièrement affectés étant la réussite scolaire, le langage, l’attention, le sommeil et l’agressivité."
L'article n'évoque pas non plus les conflits d'intérêt ou le revirement récent de Serge Tisseron, qui a signé en 2013 l'Avis de l'académie des sciences évoquant les bénéfices des tablettes pour les tout-petits.
5. Partialité et diffamation
Une hypothèse pas encore vérifiée serait donc "non scientifique" mais une simple plainte déposée par des non professionels de santé aurait valeur de preuve...
Très grave enfin : l'article de "Copper Lebrun" pratique tout simplement, sur un site de notoriété publique comme Wikipédia, la diffamation à l'égard du docteur Ducanda en l'accusant (sans aucune preuve) de délaissement de patients :
Anne-Lise Ducanda affirme qu'elle avait l'habitude d'aiguiller les parents vers une consultation en hôpital ou en CMP, dans lequel un TSA était souvent diagnostiqué, mais qu'à présent, elle préconise aux parents de modifier leur usage des écrans, ainsi que celui de leur enfant
Le docteur Ducanda n'a jamais cessé d'orienter ses patients vers une consultation en hôpital ou en CMP.
Conclusion
Le modèle de Wikipédia, comme nous l'avions étudié longuement , est toujours aussi problématique. Moralité : avec ces groupes de pression investissant discrètement ses pages, le pire "vandalisme" pratiqué sur l'encyclopédie libre n'est pas forcément celui qu'on croit.
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Édition du 6/08/18 : cette analyse a été réfutée d'un tweet par Stéphanie de Vanssay (SE-Unsa) avec une argumentation quelque peu sommaire : "Dites amis Wikipédiens de ma TL c'est normal ça ? Le pourrisseur qui se vante de faire modifier Wikipédia si ça l'arrange avec un débunkage qui n'en est pas un !?" . Curieusement, l'instrumentalisation de Wikipédia pour promouvoir ses propres convictions dérange moins la responsable du SE-Unsa.
Édition du 25/08/18 : un nouvel article a été créé le 11/08/18 par les deux mêmes contributeurs, de facture un peu plus neutre mais où les biais apparaissent de façon assez évidente, avec la mise en valeur de Yann Leroux : "Surexposition aux écrans chez les jeunes" .
Édition du 20/06/20 : les diverses plaintes ont été déboutées en janvier et février 2020 : aucune mention dans l'article en juin 2020. Une étude scientifique importante publiée dans "JAMA Pediatrics" en avril 2020 ( cf infra ) a corroboré la thèse de l'autisme virtuel à partir d'une cohorte de plus de 2000 enfants : aucune mention dans l'article Wikipédia deux mois plus tard.
Édition du 17/07/20 : *Amélie Tsaag Varlen n'est pas "prof' à la Sorbonne nouvelle" (contrairement à sa présentation sur Twitter) et ne mène pas d'activités de recherches scientifiques (contrairement à sa présentation Wikipédia).
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Édition du 14/02/21 : Copper Lebrun demande le retrait du bandeau "Controverse de neutralité".
Édition du 22/07/22 : quatre ans après la création de la page et deux ans après le rejet des plaintes, toujours aucune mention de ce rejet dans cet article "encyclopédique".
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- Loys
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Une curieuse affirmation qui se base sur des applications qui seraient en quelque sorte intelligentes sans considérer la réalité des usages, celle d'applications qui ne le sont certainement pas.
Mais il y a plus amusant encore. Sans rappeler que la télévision a pu être en son temps présentée comme un vecteur de progrès pour l'éducation, on peut s'étonner de l'observation de Nawal Abboub :
En réalité, la célèbre règle autour des écrans et des enfants, avec ce fameux “pas d’écrans avant 2 ans” a été publiée en 1999 par l’académie des pédiatres américains (American Academy of Pediatrics, 1999). Ces recommandations sont surtout basées sur les études chez les jeunes enfants regardant passivement des vidéos sur écran notamment la télévision ou les DVD. En effet, un enfant qui est exposé à un écran, de ce type là, n’est pas exposé à une interaction sociale naturelle, qui elle contient plein d’indices nécessaires et cruciaux pour un apprentissage de qualité ! Un enfant exposé à un écran comme la télévision, est particulièrement passif, il y a peu d’attention partagée (quelqu’un qui va diriger son attention sur quelque chose de précis), peu d’engagement (peu d’action pour soutenir son exploration) et ainsi peu de retour d’information sur les actions (par une personne tierce avec des explication précises). Or sans ces mécanismes engagés, nous l’avons vu, nous apprenons peu, voire pas du tout. Et à un âge où les premiers mois, voire années sont critiques pour le développement du cerveau et du développement de ses capacités cognitives, ce contexte de passivité induit par la télévision n’est en effet, pas du tout recommandable!
Pour résumer, le problème de ces écrans passifs serait le déficit d'interaction sociale : on pourrait donc aussi bien rétorquer que bien accompagnés ces écrans passifs deviendraient donc positifs pour les enfants. La réalité des usages montre évidemment la vanité d'une telle préconisation : les enfants sont livrés aux écrans précisément pour dispenser les parents de ces interactions.
Or un tel constat est d'autant plus amusant que les écrans interactifs (on notera au passage le glissement de l'interaction sociale à l'interaction logicielle) sont présentés par Nawal Abboub comme nécessitant les mêmes interactions !
En effet, l'application la plus évoquée par Nawal Abboub est en effet le "chat vidéo" (constituant donc une interaction sociale). Pour les autres, l'interaction sociale peut être artificielle :
Mais qu’en est-il des médias interactifs sans “être-humain”, comme par exemple les applications sur smartphone ? On pourrait penser que comme c’est très différent de l’interaction naturelle et que tout est virtuel, aucun effet d’apprentissage ne pourrait être trouvé ! Est ce-vraiment le cas ?
Des études récentes nous montrent que même si ce sont des agents virtuels qui apparaissent à l’écran, les enfants peuvent apprendre efficacement, notamment de nouveaux mots ! D’ailleurs ces effets sont présents surtout si ces agents réagissent à la direction du regard de l’enfant, par exemple en se tournant vers lui, ou encore s’ils appuyent sur un endroit spécifique sur la tablette pour que le programme progresse !
Avec cette restriction amusante néanmoins :
Par ailleurs, ces effet positifs ne se retrouvent pas non plus dans toutes les conditions: certaines fonctionnalités des applications interactives sur écran peuvent gêner et entraver l’apprentissage notamment en réduisant l’interaction naturelle avec les personnes qui sont avec les enfants lors de l’utilisation de ces écrans. Mais justement, comment mêler les deux pour un combo réussi ?
La solution est dès lors consternante :
L’un des moyens d’accroître le succès de l’apprentissage à partir de médias intéractifs, vous l’avez compris, consiste à faire intervernir les parents lors du visionnage ! De larges différences sont retrouvées entre un jeune enfant interagissant seul avec l’écran versus accompagné par quelqu’un! En effet, les adultes qui visionnent avec les enfants un support média peuvent améliorer l’expérience du visionnement grâce à trois canaux: ils peuvent concentrer l’attention des enfants sur les aspects pertinents de l’écran, apporter un soutien cognitif en posant des questions et établissant des liens avec le regard et le sourire ! Souvenez-vous, ce sont des élements indispensables à l’apprentissage chez les enfants !
En somme, les nouveaux écrans interactifs sont positifs aux même conditions que les écrans passifs ! Et si Nawal Abboub n'évoque pas les effets de ces écrans en l'absence de cette interaction sociale, elle se garde également bien d'oublier la réalité des usages : comme les écrans passifs, ces nouveaux écrans interactifs sont majoritairement utilisés par les parents pour de dispenser de cette interaction...
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- Loys
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08/2018 : "Attachment Disorder and Early Media Exposure: Neurobehavioral symptoms mimicking autism spectrum disorder" par Yurika Numata-Uematsu1 , Hiroyuki Yokoyama2 , Hiroki Satoa, Wakaba Endo1 , Mitsugu Uematsu1, Chieko Nara1, and Shigeo Kure1.
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"Early electronic screen exposure and autistic-like symptoms [...] We made a study aiming at revealing the impact of early exposure of electronic screen on language development and autistic-like behavior"
"Neurobehavioral symptoms mimicking autism spectrum disorder... like children with ASD" mais pour Yann Leroux :
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- Loys
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Cinquième article en moins de deux ans contre A.-L. Ducanda par Nolwenn Le Blevennec...
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