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La réforme de l'évaluation
- Loys
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Mais beaucoup plus difficile à faire remonter à un organe centralisateur.Loys écrit: Annotations et appréciations sont bien plus personnalisées qu'une grille pré-établie...
Ou de préparer un pilotage de l'enseignement par la performance, comme un genre de PISA permanent.On le voit, il s'agit ici de caricaturer la pratique de la notation en la réduisant à la seule note.
Conception artisanale du métier. Le slogan d'un ancien DGESCO, "On a réussi la massification de l'enseignement, mais pas sa démocratisation", dissimule des envies de taylorisation.C'est contre l'informatisation et la prise en compte des seules notes qu'il faut se battre...
En complément de cet article, je voudrais ajouter :Cette logique est proprement aberrante : une dictée avec un mot sur deux comprenant une faute serait donc une dictée à moitié réussie. Voir notre article à ce sujet : "Loto dictée" .Elle est plutôt dans constatation des lacunes et des manques que dans la capitalisation des progrès, le symbole étant la dictée où on enlève des points à chaque erreur, et même si les points négatifs du thème latin ont disparu (encore que…)
- la constatation des lacunes et des manques, que fustige le cahier pédagogique, est pourtant bien la raison d'être de l'évaluation. C'est l'opération de "check" dans la boucle de la qualité, qui va permettre de définir les actions de remédiations. "capitaliser les progrès", en revanche, cela ne permet jamais de progresser. - quant à la dictée, la notation soustractive est conforme à la compétence visée : lorsque nous lisons un rapport ou un article et que nous tombons sur une faute, nous sourions : tient, il s'est fait avoir. A la seconde et la troisième faute, nous fronçons les sourcils : il aurait pu faire attention. Chaque faute supplémentaire réduira notre capacité de concentration sur le document et notre adhésion à son contenu. Passé un certain seuils de crasse, aucune faute supplémentaire ne peut plus pénaliser l'auteur : il a atteint le niveau zéro. La notation soustractive de la dictée semble ainsi parfaitement adaptée à l'évaluation de ce que doit être une orthographe correcte dans le monde réel.
Ouvrons les yeux : les gens qui ont mis en place les notations soustractives n'étaient ni des crétins, ni des sadiques. C'était tout simplement des vrais pédagogues, et la condescendance de nos pédagogistes à leur égard est l'exact corolaire de la nullité de notre école.
J'ai déjà dit ici combien cette catégorie "en cours d'acquisition" est profondément inepte. Lorsqu'on utilise vraiment le concept de compétence, on gradue celle-ci sous la forme "initiation / pratique / autonomie / maîtrise / expertise", chacun de ces palliés étant défini au moins par une courte phrase.Par ailleurs une évaluation qui considère indistinctement la plupart des apprentissage comme "en cours d'acquisition" permet beaucoup moins de "capitaliser les progrès" que les notes...
En cours d'acquisition, c'est simplement un cache misère.
Bien-sûr ! La mise en avant des TPE est un moyen de valoriser les seules compétences des élèves, construites en opposition au savoir disciplinaire. La défense des TPE est un bon marqueur du caractère pédagogiste du discours.En quoi l'évaluation par notes s'y oppose-t-elle ?On a beaucoup de mal à évaluer le travail collectif et les résistances sont très fortes chaque fois qu’on s’y essaie (cas des TPE)
Il faut dire, dans le cas des TPE, que les professeurs sont amenés à évaluer des candidats dans des disciplines qu'ils ne maîtrisent pas...
Sur le fond, j'ai entendu dire que l'équivalent des TPE dans les classes prépa scientifiques, qui s'appelle TIPE, est en perte de vitesse. Les commanditaires des concours se sont rendus compte de deux choses :
- organiser une épreuve sur les TIPE est très cher (contrairement à l'éducation nationale, ces gens-là savent compter ce que coûte les lubis pédagogistes).
- la note sur les TIPE n'est pas discriminante. Elle ne permet pas de recruter des candidats meilleurs, elle ne permet même pas de recruter des profils "différents". Elle ne sert à rien : c'est une perte de temps.
Et l'enseignant donne aussi le mode d'emploi. Entendu en réunion parent-prof : l'objectif, cette année, c'est d'avoir 17. En dessous, vous devez réagir.Les appréciations servent précisément à relativiser les notes...L’évaluation est trop peu collégiale. Chez certains enseignants, 13, c’est déjà bien, tandis que c’est « faible » chez d’autres.
Ce n'est pas seulement nébuleux. C'est surtout très hypocrite dans le résultat, et d'abord très lâche dans l'intention.Un nébuleux "en cours d'acquisition" aura le mérite de mettre tout le monde d'accord.
Excellent !Dans Affelnet la note maximale affectée pour une compétence est 16.Le 20 semble impossible dans certaines matières de la part de professeurs.
Pire même, car la note permet un continuum entre les meilleurs et les moins bons. En segmentant la classe en trois ensembles localement étanches, la notation qualitative tronçonne la classe et me semble potentiellement plus dangereuse pour la cohésion du groupe.Ce n'est pas la note qui est mise en accusation ici. Dire publiquement qu'un élève n'est pas compétent produirait les mêmes effets...Elle peut conduire à des humiliations quand elle est rendue publique (l’annonce à haute voix des résultats, les remarques publiques désobligeantes, etc.
A ce titre, le concept de "savoir être" est extrêmement problématique - évalue-t-on l'essence des individus ? En français correct, on devrait parler de "savoir vivre". Si on voulait aller plus loin dans la bienveillance, on parlerait de "savoir se tenir".Autre glissement très grave : les "compétences" deviennent ici une "capacité à s'investir" ou des "attitudes intellectuelles". Avec ces "compétences" nébuleuses et évaluées au doigt mouillé, en toute docimologie, ce n'est donc plus le travail de l'élève que l'on juge, mais l'élève lui-même.
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- Loys
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La note chiffrée ne serait, elle, qu'un élément d'évaluation parmi d'autres.
Depuis quand une note servirait-elle de sanction ou de récompense ?Elle se devrait d'être «indicative», et non «perçue exclusivement comme un moyen de récompense ou de sanction et un instrument de tri et de hiérarchisation sociale des élèves».
D'instrument de tri ou de hiérarchisation sociale des élèves ?
Le seul tri effectif, c'est le tri effectué à partir des notes par les logiciels d'affectation académiques !
En quoi une note est-elle une "binaire" ? Au contraire, une compétence acquise ou non acquise, voilà une évaluation "binaire".Le document remis à Najat Vallaud-Belkacem oppose à cela l'évaluation dite «positive», au-delà de la «réponse binaire de succès et d'échec».
C'est vrai qu'il n'y a pas d'autres priorités...«Purement démagogique»
Abandon de l'«évaluation sanction», au profit de l'«évaluation bienveillante»? Le discours est dans les tuyaux depuis le début du mandat de François Hollande. Ses trois ministres de l'Éducation successifs en ont sagement repris les termes jusqu'à Benoît Hamon, qui, en cinq mois seulement passés Rue de Grenelle, a trouvé le temps d'ajouter sa pierre à l'édifice en lançant une grande concertation sur le sujet…
Il n'y pas de débat à vrai dire : tout est déjà décidé...«En quoi la notation sur 20 serait-elle malveillante?» s'indigne-t-on au Snalc. Le syndicat d'enseignants, qui défend bec et ongles cette traditionnelle notation «précise et parlante», dénonce «une démarche purement démagogique». «Focaliser l'attention du public sur l'évaluation permet d'évacuer les vraies difficultés, liées aux apprentissages», poursuit le syndicat, qui pointe «le mythe du collège unique» et «l'illusion d'un succès uniforme». À l'Unsa, en revanche, on salue les propositions du conseil des programmes. «On ose enfin secouer le cocotier», se félicite Christian Chevalier. «En trois ans, le débat est arrivé sur la place publique», poursuit-il, rappelant la pétition en faveur de la suppression des notes signée en 2010 par une vingtaine d'intellectuels, parmi lesquels le neuropsychiatre Boris Cyrulnik et le pédopsychiatre Marcel Rufo.
Quel rapport entre compétences et notes ? Une compétence peut parfaitement être évaluée par notes, c'est d'ailleurs ce qui se passe dans certaines académies dans Affelnet...Concrètement, pour le conseil des programmes, il ne serait plus question de notes chiffrées pour les évaluations «certificatives», qui viennent valider un cycle d'apprentissage ou le «socle commun de connaissances et de compétences» (voir ci-contre), ce bagage que tout élève doit maîtriser à l'issue de la scolarité obligatoire.
On se demande bien pourquoi...Le concept de socle, venu des pays scandinaves et apparu en France avec la loi Fillon de 2005, s'accommode mal, en effet, de la note sur 20.
En quoi "Identifier les périodes de l’histoire au programme" (LPC) ne pourrait-il pas s'évaluer avec précision, de 1 à 20 ?
Le concept de socle est plutôt importé des pays anglo-saxons, du common core américain et des test PISA.
Dans l'alphabet il y a plus de paliers que de 1 à 20.Voici donc le grand retour de la notation par lettres?
Et au fait, si on y revient, pourquoi en était-on parti ?
Mais ça, personne ne cherche à savoir pourquoi...«Les travaux scolaires les plus formateurs sont ceux où la préoccupation de la note s'efface», indiquait en 1969 le ministre Edgar Faure dans une circulaire appelant les enseignants à remplacer les notes par des lettres… Vaine tentative puisque, rapidement, les A, B, C, D, E s'étaient trouvés agrémentés de + ou de -. Avant d'être délaissés…
Pour préparer aux exercices de PISA ?Cap sur l'évaluation par compétences
En annexe du rapport du Conseil supérieur des programmes (CSP), un document «provisoire» de trois pages fixe les nouveaux contenus à évaluer. Dans le bloc de compétences «comprendre, s'exprimer en utilisant la langue française», traduisons à l'ancienne «cours de français», il faut à l'issue du CE2 savoir «faire à l'oral un récit structuré.
C'est compréhensible compte tenu de l'ampleur du naufrage...Communiquer en se faisant comprendre devant la classe. Écrire de manière autonome un texte court». En fin de troisième, on attend une interaction à l'oral «de façon argumentée en employant une langue adaptée à la situation de communication». Ou encore «lire et repérer les intentions, dégager les implicites dans des textes de genres variés».
L'évaluation par «compétences» telle qu'elle est promue par le CSP est décriée par les «antipédagogistes» comme les professeurs affiliés au Snalc ou le polémiste Jean-Paul Brighelli, combattent . Pour le CSP, il faut «prendre en compte l'ensemble des compétences définies par le socle commun et ne pas se limiter à celles évaluées par les épreuves classiques».
Pour quel résultat neuf ans après ? Bah...Agacés par cette paperasserie supplémentaire, beaucoup d'entre eux rechignent toujours mais, depuis la loi Fillon de 2005, les professeurs d'école et de collège ne sont plus censés simplement noter les élèves en français ou en mathématiques. Ils se doivent d'évaluer leurs compétences de façon transversale à la fin de chaque classe de CE2, de sixième et de troisième.
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François Jarraud
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"Le Conseil supérieur des programmes (CSP) propose de remplacer la notation sur 20 par un autre, plus léger. Dans son édito du 2 décembre, Le Figaro moque la « pédagogie post-soixante-huitarde ». Pourtant, c’est un ministre de l’Education nationale sous de Gaulle qui avait proposé pour la première fois de supprimer les notes sur 20, jugées trop « perturbantes » pour les élèves.
Je me suis amusé à écrire un imaginaire article du Figaro sur la (vraie) directive Faure, datée du 6 janvier 1969, en me faisant passer pour un certain Yves Préau. Pour retrouver l’ambiance de l’époque, j’ai contacté Claude Lelièvre, historien de l’éducation.
Rémi Noyon"
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Analyse de quelques points de l'article :
En l'occurrence le peu d'évolutions possibles dans un système de paliers limités est assez peu encourageante...En clair, vos enfants ne reviendront plus à la maison avec une note sur 20, mais avec des « appréciations globales » telles que « très satisfaisant » ou « moyen » et – « si on le juge bon » – des symboles A, B, C, D, E, ou 1, 2, 3, 4, 5 ». On se demande bien comment les enseignants vont pouvoir évaluer finement les progrès de leurs élèves, dont on sait à quel point ils peuvent se sentir encouragés par le passage d’un 7 à un 8 venant récompenser un dur labeur.
On confond ici volontairement notation et classement. On peut parfaitement noter sans classer et on peut parfaitement évaluer par compétences et classer.Faure, ministre « saltimbanque »
Depuis qu’il a pris ses fonctions, Edgar Faure semble résolu à bouleverser de fond en comble l’Education nationale, sans que le président de Gaulle, hélas, ne s’en inquiète outre-mesure. La droite est gênée puisque, dès mars de l’année dernière, Alain Peyrefitte, le précédent ministre de l’Education nationale, stigmatisait « les excès de l’individualisme, qui doivent être supprimés en renonçant au principe de classement ». On ne saurait être plus clair !
Comprendre : les réformistes donnent la parole aux élèves, mais pas les autres. De même allusion aux rythmes scolaires, progrès pour les élèves : cette mesure était pourtant dans les cartons de Luc Chatel. Pourtant ces rythmes sont bien éloignés des préconisations de l'Académie de médecine.Le ministre souhaite remplacer l’actuel système de notation par des « appréciations globales ». Qu’en pensez-vous ?
C’est stupéfiant de niaiserie. Si ça continue, on mettra les tables en U et on donnera la parole aux élèves. Et pourquoi pas respecter les rythmes naturels de l’enfant ? Le rythme naturel d’un gamin, c’est la glande. On ne fait pas une nation avec ça.
Il n'y a pas de caricature ici : c'est le discours constructiviste...Quels sont les enjeux de ce débat ?
Cette circulaire s’inscrit dans un mouvement plus large de sape de l’autorité, à l’école comme dans d’autres institutions. L’enseignant n’a plus pour fonction de transmettre le savoir mais d’aider les élèves à découvrir « leur » vérité. Autant vous dire qu’on fabrique une génération d’abrutis.
Il serait bon s'interroger sur ce que le discours de Bourdieu et sa récupération pédagogiste ont produit comme reproduction sociale.Qu’est-ce qu’une évaluation « qui évite de dramatiser » selon vous ?
C’est un concept fumeux. Ces gens sont aveuglés par les sociologues marxisant à la mode. Comme si l’école n’était que le lieu de domination des bourgeois. C’est grotesque. Molière, c’est peut être bourgeois, mais c’est la France. Le niveau chute, ce n’est pas en cassant le thermomètre que ça va s’améliorer.
Et au fait : le niveau chute-t-il ou non ? S'il ne chute pas, tout va bien. S'il chute, pourquoi ces records au bac d'une part et la nécessité absolue, l'urgence de réformer l'évaluation, source soudaine de bien maux dans l'école ?
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