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La réforme du collège 2016
- Loys
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Un syndicat enseignant, avec un compte Twitter curieusement appelé @collège_2016, assure le service-après-vente de la communication gouvernementale.
Avec au passage de jolies contradictions, comme celle-ci :
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- Loys
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Les exemples de nouvelles pratiques présentées sur le site du MEN sont édifiants par eux-mêmes.
Le commentaire est presque superflu...
Néanmoins, la réalité de ces dispositifs imaginée in concreto les rend encore plus savoureux...
On ne doute pas que ce sera beaucoup mieux en vrai puisque d'éminents spécialistes et thuriféraires des EPI le proclament... Sauf qu'il y a déjà eu les IDE, les PPCP, les TPE, les EDE... Et que ces munificents dispositifs ne convainquent guère les enseignants de terrain... Foutue réalité !
Pour être sûr que ça marche, il convient résolument de s'abstraire du réel !
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L'enseignement est sa propre parodie. Instructif, pour les profs, sinon pour les élèves.
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- Loys
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Communiqué du SE-Unsa : "Troisième multilatérale : vers la finalisation de la réforme du collège" (31/03/15)
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- de François Dubet, "Défendons la réforme du collège contre tous les conservatismes"
- de Florence Dupont, "Les humanités sont indispensables à toute éducation démocratique"
Florence Dupont est historienne, spécialiste des études anciennes, université Paris-VII-Diderot. Je ne présente pas François Dubet.
Ces deux papiers ne semblent pas disponibles, en tout cas à 'heure actuelle, sur le site du Monde.
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Réforme des collèges : ce qui va changer
Plus de suivi, décloisonnement des cours ou encore développement des langues étrangères. France 2 s'est rendu dans un collège qui a adopté le nouveau dispositif pour ses élèves.
Descriptif du reportage ci-dessous :
Le projet de réforme des collèges a été présenté ce mercredi 11 mars en conseil des ministres. Il prévoit un développement de l'apprentissage des langues étrangères avec une deuxième langue dès la cinquième. Le renforcement du suivi personnalisé et le mélange des disciplines. Ces mesures seront mises en place à la rentrée 2016. France 2 est allé dans un collège des Clayes-sous-Bois dans les Yvelines qui pratique ce nouveau dispositif.
Jeu de société, musique, petit déjeuner, l'établissement accueille ses élèves et a décidé de briser les codes du collège classique. Finis les cours à l'ancienne.
Les matières sont mélangées comme le Français et l'éducation physique, avec deux professeurs et plusieurs groupes.
L'objectif de leur cours est par exemple de faire une vidéo pour convaincre les jeunes de s'inscrire au handball. Ce qui permet par exemple de noter les textes.
Une réforme qui plait aux élèves. Depuis deux ans, le collège teste sur trois classes les cours décloisonnés suivis d'une heure d'étude obligatoire. Il y a aussi un accompagnement personnalisé.
Et le reportage lui-même :
www.francetvinfo.fr/societe/education/re...-changer_846311.html
Alors, que se passe-t-il donc de génial dans ce collège innovant ?
D'abord, on commence la journée par un accueil fort sympathique : petit-déjeuner et jeux de société.
Nutella et petits chevaux, ça met en forme de bon matin !
Des esprits chagrins ne manqueront pas de faire remarquer que c'est peut-être davantage aux parents de faire déjeuner les enfants, avant l'école ; et que les enfants ayant souvent l'esprit plus dispos en début qu'en fin de journée, il serait peut-être judicieux d'en profiter pour enseigner à ce moment-là, plutôt que de jouer au Monopoly (il y a des études de chronobiologistes à ce sujet).
Mais bon, si l'EN promeut l'excellence de la pédagogie Nutella, je veux bien m'y investir... Avec mon BAFA et mon passé d'animateur de colo, je suis assuré de mes compétences professionnelles en la matière. Et puis, qui sait, c'est peut-être l'occasion rêvée d'obtenir l'agrégation sur liste d'aptitudes... Avec mes savoir-faire, je serais sans nul doute un brillant agrégé d'animation de goûters...
Convenons en outre que cet accueil récréatif permet aux apprenants de développer leurs compétences psycho-sociales : ils jouent, ils se parlent, etc. Il y a donc là matière à valider plein de compétences transversales : "apprendre le travail en équipe et l'expression orale" par exemple, afin de bâtir un "collège de l'épanouissement"...
Après le petit-déjeuner, si l'on ne tombe pas dans une somnolence digestive liée à l'excès de Nutella, on passe avec entrain aux cours décloisonnés pluridisciplinaires.
En l'occurrence, nous avons droit à Français et EPS joyeusement mixés.
Notons au passage l'harmonie vestimentaire qui règne entre les deux enseignants, puisque la prof de Lettres en fuseau moulant est au diapason de son collègue de sport : à ce niveau d'intégration, on peut parler d'interdisciplinarité fusionnelle...
Les élèves sont placés en situation d'activité, constructive et collaborative, puisqu'ils sont chargés de créer une capsule vidéo destinée à inciter leurs camarades à s'inscrire au club de Handball. La prof qui écrit au tableau pendant que les élèves s'escriment à suivre, cette prof has-been est résolument bannie du collège du futur. Haro sur la ringarde !
Dans une approche socio-constructiviste very fashionable, les élèves bâtissent ensemble leurs savoirs et savoir-faire en fabriquant leur film publicitaire.
Alors rebelote avec les cases à cocher. En effet, le prof de sport parle d'évaluation. Étant innovant, on peut supposer qu'il ne parle pas de bêtes notes névrosantes. Donc il évalue probablement à coups de compétences acquises ou en cours d'acquisition, ce qui revient à cocher des cases ; à moins que le collègue ne soit un adepte de la gommette... D'une manière ou d'une autre, il y a de quoi se défouler : travail collaboratif, "capacité à entrer dans l'échange oral", et évidemment la touche d'outils numériques 2.0 indispensables pour qui veut préparer les élèves au monde de demain ! Ce qui permet évidemment de valider le B2I...
Bien, bien, bien !
On notera quand même que dans ce mixte Français-EPS, il n'y a ni lecture/écriture ni activité sportive... D'ailleurs, le reportage montre trois gamins à la moue boudeuse qui préféreraient sans doute faire du sport en EPS, plutôt que de regarder un écran avec leur prof...
Si c'est à ça que doivent ressembler les futurs EPI, des activités interdisciplinaires sans vraie pratique disciplinaire, ça promet d'être drôle, et surtout très éducatif !
Certes, les élèves travaillent la communication orale (publicitaire). Mais les cours de Français ne doivent-ils pas permettre davantage ? Quand les élèves étudient-ils des textes littéraires qui les élèvent en les confrontant à la culture ?... On l'ignore.
Certes, les élèves développent les compétences numériques de demain en se filmant à la tablette ou au smartphone... Sauf qu'il savent déjà le faire très bien sans nous, tant ces ustensiles 2.0 sont intuitifs. Ils ne requièrent aucun apprentissage qu'un élève Lambda ne sache faire tout seul, ou en "mutualisant ses compétences" avec ses copains de récré ! Ajoutons que le constructivisme revigoré par le numérique a ses limites : quand les élèves auront produit à foison des vidéos ou des Powtoons et autres joyeusetés 2.0, ils s'en lasseront tout autant que des activités scolaires plus traditionnelles. La nouveauté séduit au début ; ensuite, on s'habitue et ça rentre dans les moeurs. Lorsque le magnétoscope est apparu en classe, au début des années 1990, les élèves étaient ravis de voir un film en cours. Aujourd'hui, repus d'écran, ils s'avachissent et s'endorment devant un film qu'ils sont censés étudier...
Quant au sport, après tout, les élèves ont des clubs pour en faire... Au demeurant, ce serait peut-être bien qu'ils en fassent un peu, car l'excès de Nutella n'est pas bon pour la ligne ! Hormis la tenue sexy des deux profs co-animateurs de la séance, il n'y a guère de sport dans cette séance Français-EPS !
Est-ce bien là l'école émancipatrice dont rêvait Victor Hugo ?... Le doute me tarabuste.
Ensuite, le reportage nous parle de tutorat individuel. Enfin une bonne idée !
En l'occurrence, il s'agit même de préceptorat : une élève et une professeur, avec un suivi qu'on suppute régulier. C'est un vrai bonheur d'écouter la jeune élève dire combien ce dispositif l'a aidée à surnager et progresser à l'école.
Question : de quelle débauche de moyens dispose ce collège innovant pour mettre en place un tel dispositif ? En effet, dans le cours décloisonné interdisciplinaire, on ne voit pas combien il y a d'élèves, mais on présume qu'ils ne sont pas 30 à faire de la captation vidéo, sinon le manque de place et le niveau sonore seraient insupportables... Donc on a une poignée d'élèves et deux professeurs !
De même, le suivi individuel nécessite de nombreux enseignants si beaucoup d'élèves en difficulté le requièrent. Enfin, le petit-déjeuner Nutella étant animé ou surveillé par un prof, cela se fait au détriment des cours ; tout comme l'heure d'étude du soir, qui conclut cette délicieuse journée au collège de demain...
Résumons donc : une pléthore de profs, des heures de cours forcément réduites pour faire place à des activités plus épanouissantes, des séances interdisciplinaires où on n'apprend pas grand chose, et avec ça des élèves qui réussissent aussi bien que les autres. C'est la conclusion du reportage : au brevet, les élèves du collège innovant font aussi bien que les autres. Pas mieux, aussi bien...
Alors, à quoi bon ?...
Et comment les choses se passeront-elles dans les collèges 2016 qui ne disposeront pas de cette débauche de moyens enseignants ?
Car on nous montre toujours des expérimentations qui marchent avec des groupes de moins de 15 élèves, jamais avec des classes de 30 gamins entassés dans une salle trop étroite...
C'est facile, et cette facilité est sophistique donc trompeuse.
À moins qu'il n'y ait des embauches massives d'enseignants pour travailler à plusieurs, individualiser le suivi des élèves et animer jeux et goûters, le collège 2016 ne ressemblera même pas à celui que l'on voit dans le reportage.
Pourtant, on pourrait rêver d'un réservoir d'heures qui permettent de tutorer individuellement les élèves en difficulté. Ainsi que l'écrivait Alain, c'est Montaigne qui est le précurseur de "l'éducation par l'intérêt", contre "l'éducation par l'effort". Ce paradigme éducatif peut marcher, évidemment, à coup d'empathie et d'encouragements. Sauf que Montaigne ne pensait qu'au préceptorat, jamais à une classe d'adolescents turbulents aux intérêts disparates. De même pour l'Émile de Rousseau...
Pour conclure sur ce reportage édifiant, j'ai hâte d'être à demain.
Je cours faire provision de Nutella pour 2016 !
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Votre commentaire est très intéressant à lire.
Nos anciens faisaient des maisons carrées ou rectangulaires. Ils avaient raison, la preuve, elles sont, pour la plupart, encore là ! j'ai appris de façon traditionnelle ! et ils avaient aussi raison : répétition des tables de multiplication (que je connais encore à mon âge 44 ans), des règles de conjugaison et de grammaire (j'ai la prétention de croire que je ne fais pas trop de fautes). J'ai aussi porté l'uniforme dans les Dom-Tom, je n'en garde aucun traumatisme mais plutôt le sentiment d'avoir fait partie d'un ensemble, d'un groupe, mon collège.
Aujourd'hui, j'essaie d'être vigilante. A la maison, mes filles regardent en premier dans un dictionnaire et dans les livres. Ensuite et à condition de croiser les sources, elles utilisent internet. Pas de téléphone portable, pas d'ordinateur dans les chambres. L'une a seize de moyenne générale et l'autre treize. Je ne me plains pas.
Nos politiques se perdent dans les innovations et la course à la pédagogie, nos enfants se perdent tout simplement.
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- Loys
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Et un dossier de l'IFE qui tombe à pic : "Éduquer au-delà des frontières disciplinaires" (mars 2015).Loys écrit: Un article d'un professeur de lettres en collège, nouvel invité sur LVM, Véronique : "La haine de la discipline - Le non-dit de la réforme du collège" (11/03/15)
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