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La réforme du collège 2016
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Ceci explique la lettre de Caroline Fourreau, enseignante au collège de Clayes :
lewebpedagogique.com/carorourou/reponse-...ristophe-professeur/
Ce texte complète le billet d'Anna Di Martino, déjà citée par Loys :
lewebpedagogique.com/anniedimartino/2015...settes-de-lecureuil/
À ces deux collègues, je voudrais apporter quelques réponses rapides, et qu'on me pardonne de le faire en m'adressant directement à elles, puisqu'elles s'adressent nommément à moi :
1. Il vous est facile de m'écrire publiquement via LVM, puisque c'est un forum ouvert, contrairement à vos blogs. Dont acte.
2. Si le reportage sur Clayes trahissait votre travail, pourquoi n'avez-vous pas immédiatement dénoncé cette trahison sur les réseaux sociaux ? Vous noterez que je me suis gardé d'ironiser sur l'activité interdisciplinaire HG-Espagnol présentée dans le reportage sur le collège Clisthène. Pourtant, un "tract en Espagnol destiné à des Kenyans", il y avait de quoi franchement se gausser ! Mais, j'ai lu sur Twitter un collègue de Clisthène qui disait que les journalistes n'avaient rien compris à ladite activité et avaient commis un raccourci stupide. Admettons... Ceci explique mon silence à ce sujet.
3. Ne trouvez-vous pas étonnants, tous ces journalistes qui ne comprennent rien à votre travail et le trahissent éhontément ? Soit il y a un problème de concept ou de communication, soit il convient que lesdits journalistes retournent à l'école...
3. Rien ne vous forçait à accepter d'être filmés, pas plus à Clayes qu'à Clisthène. En acceptant, vous deveniez de facto les icônes de cette réforme du collège 2016 que beaucoup - dont je suis - contestent. En devenant ces icônes, il vous faut composer avec les critiques et les lazzis. L'ironie dont j'ai fait preuve visait ces icônes, pas les personnes. "Castigat ridendo mores"...
4. Vous n'aimez pas "la pédagogie Nutella", semble-t-il ? Tant, mieux, moi non plus ! Au "tittytainment", je préfère l'effort qui permet à l'élève de s'élever... C'est pourquoi je m'insurge contre cette réforme, (apparemment) pétrie de bonnes intentions, mais regorgeant de fausses bonnes idées. Je n'ai, quoi que vous en pensiez, nulle haine envers la pédagogie, ni même les "pédagogies innovantes", mais je les questionne et les rejette si elles me paraissent infécondes, après examen. La réflexion pédagogique existe aussi hors de l'IFÉ, du CRAP et de L'ÉCOLE DE DEMAIN... Je n'ai pas davantage cette paranoïa à l'égard de fantasmés "ennemis constructivistes" que me prête indûment Philippe Watrelot : cette rhétorique vindicative m'est étrangère. Je n'ai que des collègues dont je ne partage pas forcément les idées, et avec qui je peux débattre s'ils sont capables d'entendre mes arguments. Certes, s'ils sont étanches à toute critique, le dialogue devient vite sourd...
5. Votre façon de travailler vous donne satisfaction et profite à vos élèves. J'en suis ravi pour vous, et je souhaite que vous puissiez continuer à faire comme vous l'entendez. L'article 34 se prête à ça, et l'innovation a l'oreille du ministère... Donc pas d'inquiétude pour vous, et je m'en réjouis... En revanche, il y a de quoi s'inquiéter pour tous les collègues qui comme moi ne peuvent s'empêcher de s'esclaffer devant l'idée d'évaluer par "ceintures de compétences Star Wars" et autres joyeusetés pseudo modernes. Il y a de quoi s'inquiéter pour tous les collègues qui défendent une excellence disciplinaire plutôt que de fumeux EPI à coups de maquettes en carton et spots vidéo 2.0. Il y a de quoi s'inquiéter pour les professeurs de LCA et d'Allemand qui veulent continuer à offrir un enseignement de qualité à tous les élēves désireux d'en faire. Et surtout, il y a de quoi s'inquiéter pour les élèves...
Alors tant mieux si l'expression "pédagogie Nutella" a agacé. Ne vous en déplaise... La réforme du collège est un sujet trop grave pour l'abandonner aux mains de quelques experts autoproclamés et/ou judicieusement choisis en fonction de leurs engagements dans "l'innovation pédagogique". Qu'un maximum d'enseignants, praticiens de terrain, s'en saisissent, voilà qui devrait vous ravir en tant que professeurs !
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- Loys
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Je n'aurais pas dit que ces professeurs étaient des "icônes" de la réforme, il ne s'agit après tout que de deux reportages. Mais il faut effectivement rappeler qu'il s'agissait de reportages à l'appui de la réforme le jour même (pour le premier) où elle était présentée en public : le travail de nos collègues a bien été instrumentalisé pour vendre une réforme contestée par l'immense majorité des syndicats enseignants.
Posons la question autrement : que pensent Anna di Martino et Caroline Fourreau de la réforme du collège 2016 ?
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- Loys
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Et l'arrêté qui le précise : legifrance.gouv.fr/eli/arrete/2015/5/19/MENE1511223A/jo/texte
La circulaire d'application du 30/06/15 : www.education.gouv.fr/pid25535/bulletin_...el.html?cid_bo=90913
Vous pouvez commenter ici l'article : "Parlez-vous l'Éduc'nat ?" de Cécile.
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Il se dit qu'il y aurait des enquêtes montrant que la pédagogie Nutella, la transversalité, ça marche. Ah oui....Mais lesquelles? En revanche, beaucoup de sociologues qui ont cherché quelles étaient les pratiques pédagogiques qui marchaient mieux quel que soit le niveau social, qui permettaient de réduire (un peu mieux) les inégalités, nous disent que c'est un beau fiasco :
« Changements curriculaires : des exigences contradictoires qui construisent des inégalités », Elisabeth Bautier, 2010, p.3., www.circeft.org/IMG/article_PDF_article_a396.pdf _.Les travaux de sociologie des apprentissages et des inégalités (ceux de Bernstein, ceux d’Escol, de Bonnéry, Bautier, Rochex, en particulier) ont cependant montré que l’affaiblissement disciplinaire et la transversalité des savoirs et compétences à mobiliser dans des tâches scolaires, qui correspondent à une classification et à un cadrage souvent faibles des savoirs et des situations de travail cognitif, pénalisent les élèves de milieux populaires peu familiers de ces mobilisations implicites, de cette circulation dans des univers de connaissances et de pensée hétérogènes et qui supposent une familiarité avec des usages littéraciés du langage qui les secondarisent.
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C'est vrai que les réformes sont rares dans l’Éducation nationale. Les Gracques maîtrisent bien leur sujet...Collège : pour une fois, une réforme
Euh non... cette formule ne concerne que les sections de langue et les options. Pas le collège dans son ensemble.La coalition de critiques qui s'époumone contre le projet de Najat Vallaud-Belkacem essaie de nous faire croire qu'on va casser quelque chose qui marche.
Commode, cette perspective d'une "décennie" pour accuser la seule droite. Malheureusement la baisse des résultats PISA de 2000 à 2006 concerne des élèves de 15 ans entrés en primaire en 1991... De même l'étude catastrophique de la DEPP en fin de primaire porte sur la période 1987-2007...Il devrait pourtant être plus modeste, ce rassemblement improbable de politiciens conservateurs et de syndicats d'enseignants, qui ont respectivement gouverné pendant une décennie d'effondrement historique des performances de l'éducation, et affermé à leurs intérêts l'école obligatoire.
En réalité gauche et droite de gouvernement partagent la responsabilité du naufrage. Quant aux syndicats enseignants, ils auraient donc "affermé à leurs intérêts l'école obligatoire"...
En 2000 PISA concernait 30 pays et en 2012 PISA concernait 68 "pays" entre guillemets (dont les nouveaux premiers de la classe : Shanghai, Singapour, Hong-Kong)...Rappelons la réalité: le classement Pisa de l'OCDE, qui mesure les aptitudes moyennes acquises par des générations d'écoliers, nous a rétrogradés de la 15e place en 2000 au-delà du 30e rang en 2015.
De 12e la France est passée à 24e, avec une évolution de -1,5% en douze ans (en légère hausse néanmoins en 2009 et en 2012). Et les résultats de PISA 2015 seront rendus publics en 2016.
Bref les Gracques, au lieu d'inventer des chiffres fantaisistes, feraient bien de travailler les sujets qu'ils balaient...
Quelle catastrophe...Et, sur le numérique, la France est au 22e rang européen !
Encore une foix c'est totalement faux : les dépenses éducatives françaises sont très moyennes, voire relativement faibles.Notre jeunesse est mise en situation de handicap.
Notre système est plus cher et plus inégalitaire que celui de tous nos voisins.
Ah... parler anglais est un "savoir fondamental"...Au lieu de permettre à tous de maîtriser les savoirs fondamentaux de la vie (lire, écrire, compter, réfléchir, parler l'anglais, savoir se servir d'un ordinateur)...
Les EPI vont ajouter aux disciplines les enseignements interdiciplinaires....il multiplie les disciplines...
...parce qu'il répond aux besoins des professeurs plutôt qu'à ceux des élèves...
Les Gracques sont vraiment de gauche ?
Pas au collège......et s'emploie à sélectionner l'élite plutôt qu'à améliorer la moyenne.
On peut aussi regarder du côté de l'Allemagne, qui n'a pas de collège unique.
Source ?Si encore cela rendait l'élite exceptionnelle... Mais même plus: aujourd'hui, on entre plus facilement dans les grandes universités internationales, qui ne sont pas françaises, avec un bac international basé sur quatre ou cinq disciplines choisies par l'élève, plutôt qu'avec un bac « S ».
Que faut-il comprendre ? Que les lycéens français ne devraient plus étudier que "quatre ou cinq disciplines" sur le modèle anglais ?
Cette reproduction n'a pas lieu à cause du collège, malheureusement...En invitant les masses au spectacle de la reproduction d'une élite franco-française inexpugnable et inexportable...
Pourtant il n'a jamais autant réussi, avec une proportion record de bacheliers dans une génération !...notre système décourage, exclut, humilie.
On a vu le sérieux de ces affirmations ... Le taux de suicide de adolescents en Finlande, triple du nôtre, en atteste.L'économiste du bonheur Claudia Senik a montré de façon convaincante que la propension française à se déclarer malheureux, au rebours de tous les indicateurs de développement social, était entièrement corrélée au temps passé dans le système scolaire français...
La pédagogie de comptoir....une certaine manière de recevoir le savoir, d'être sélectionné, d'être jugé, qui marque pour la vie.
Avec donc des taux de réussite record en France au Brevet. Curieusement on en parle pas des réformes depuis plusieurs décennies qui nous ont conduits où nous sommes ou de la sélection dans d'autres pays.
Je ne parierais pas là-dessus.Les réformes comportent peu de risques, car nous pouvons difficilement faire pire.
Non, mais c'est assez révélateur d'un pilotage technocratique de l'école.Bien sûr, le gouvernement a commis une erreur en superposant une réforme qui était prête, celle du collège, avec une qui ne l'était pas, celle des programmes.
L'absence d'arbitrage sur les programmes a laissé le champ médiatique à ces précieux ridicules qui constituent le Conseil supérieur des Programmes. Ces pachas de la novlangue, ambassadeurs du royaume de Charabia, qu'on imagine couverts de turbans et de médailles chez Molière ou Alfred Jarry, excellent à rendre inaudible tout propos sensé qui aurait le malheur d'être dans leur voisinage. Et la coalition des conservatismes a eu beau jeu de discréditer l'ensemble des réformes en leur prêtant l'argument de ces trissotins jargonnant sur un « outil scripteur» (un stylo) ou une « traverse de l'eau en équilibre horizontal » (la nage).
Mais ce n'est pas le cœur du sujet.
Par contre les horaires des fondamentaux dans la réforme du collège...Les programmes vont encore passer par beaucoup d'étapes de concertation, même si on peut espérer les recentrer sur l'acquisition des fondamentaux.
Au passage le français n'est plus qu'une sous-partie du nouveau socle commun : c'est du recentrage !
Décidément...Car ils ne doivent pas être faits pour éviter aux professeurs de faire évoluer leurs qualifications, mais pour améliorer celles des élèves.
Le "pouvoir pédagogique", un nouveau concept. C'est vrai que les chefs d'établissement, "premiers pédagogues", c'est une perspective radieuse.Le cœur du sujet, c'est que la réforme du collège s'attaque à quelques forteresses qu'on croyait inexpugnables: la verticalité des disciplines, la centralisation des programmes, l'absence de pouvoir pédagogique du chef d'établissement.
Pour le reste, vive les programmes décentralisé, vive la fin des disciplines !
Bref de renoncer à ce qu'ils savent faire...Demander aux enseignants de sortir de leur spécialité...
Zut ! Les programmes ne sont pas interdisciplinaires...... et de travailler en équipe sur des programmes pluridisciplinaires...
Ou plus sûrement du chef d'établissement....rendre 20% du temps scolaire à l'initiative décentralisée des équipes...
Riante perspective, là encore : pour les pauvres, des programmes de pauvres !...pour leur permettre d'adapter le programme aux besoins de leurs publics...
N'oublions pas que les Gracques sont de gauche !...donner au chef d'établissement un rôle d'arbitrage et d'animation de ces initiatives locales, c'est-à-dire de management...
Les syndicats "corporatistes" pilotent à tel point l’Éducation nationale que les professeurs français font désormais partie des plus payés de l'Union Européenne....ce sont des réformes considérables. Elles vont exactement à l'encontre de ce qu'impose depuis des années le syndicat dominant de l’Éducation nationale.
C'est là que va s'engager le fer.
En connaissant les chiffres par exemple. Les "républicaines" n'ont pas attendu 2013 pour dénoncer la faillite de l'école : enfin il est amusant de voir que les progressistes sont passés du déni au catastrophisme.Et si on veut pouvoir aller plus loin un jour, cette bataille doit être gagnée.
Les réformateurs de droite et de gauche doivent au public cette once de pédagogie et de sérénité qui nous conduirait à reconnaître calmement la faillite de notre système...
L'argumentation à ce sujet est bien maigre ici : en quoi cette réforme peut-elle offrir une solution ? Il faut dire que les Gracques se dispensent d'expliquer le naufrage actuel....la direction dans laquelle nous devons le réformer, et que la réforme proposée du collège est un premier pas dans ce sens.
C'est-à-dire les syndicats représentant 80% des enseignants qui se sont opposés à la réforme...Et comme il faut que l'opposition s'oppose, qu'elle explique comment elle ira plus loin ou plus vite, plutôt que de saboter aux côtés des syndicats les plus corporatistes...
L'autonomie des établissements... réclamée par la droite et les ultra-libéraux. Dommage que l'exemple suédois ne soit pas évoqué ici.... le premier effort sérieux depuis des décennies pour accroître l'autonomie et la responsabilité des établissements scolaires.
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Lorsque, faute d'élèves apprenant le latin, plus personne ne se souviendra à qui leur nom fait référence, il ne leur restera plus qu'à s'inscrire à l'IFRAP.
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- Loys
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Un petit développement dans "La lettre de l'éducation" du 28/06/15, avec Jean-Pierre Marty du collège Clisthène :Loys écrit: Petit décryptage de deux reportages de la télévision publique vantant par l'exemple la réforme du collège 2016, par Jean-Christophe : "La pédagogie Nutella".
Pouvez-vous nous éclairer sur cette histoire, vue sur France 2, d’un « tract » sur l’environnement, destiné à des paysans kényans et traduit en espagnol ? C’est perçu comme un exemple d’interdisciplinarité absurde...
C’est une erreur de conception didactique et de cohérence, nous le reconnaissons. Nous aurions dû avoir la sagesse de ne pas bousculer nos dispositions pour les besoins d’un reportage. Cela nous aurait évité d’improviser de l’interdisciplinaire artificiel, alors que nous sommes bien placés pour savoir que la mise en lien des connaissances est une question sérieuse. Au vu du déferlement haineux suscité par ce fait sur la blogosphère, nous n’avons pas eu le goût de nous justifier...
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