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Les dépenses d'éducation
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"L'effort de la nation" se mesure moins par les dépenses brutes (en augmentation mécanique plus ou moins importante, comme dans tous les pays) que dans la part de la DIE dans le PIB (en légère décroissance).La crise de 2008-2009 n’a pas affecté immédiatement les dépenses d’éducation qui, malgré ce contexte, bénéficient d’un effort soutenu de la Nation. [...] La part de la DIE dans le PIB atteint son point haut en 1996, à 7,7 %, et décroît lentement ensuite. Elle se maintient de 2006 à 2008 aux environs de 6,7 %, pour augmenter à 7,1 % en 2009, décroître jusqu’à 6,7 % en 2012 et osciller autour de 6,8 % depuis.
Plus précis encore : selon RSE 2016 B4.2, la part des dépenses publiques pour l'éducation a baissé de 8% entre 2005 et 2013 (6% en moyenne dans l'UE). Voilà qui relativise "l'effort soutenu".
Dans "Le Monde" du 28/11/16 : www.lemonde.fr/campus/article/2016/11/28...5039712_4401467.html
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Dans le "Café" : www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/...396755054350473.aspx
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Et dans le "Café pédagogique" du 27/09/17 : "Budget : Pas de création de postes, moins de postes aux concours"
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cache.media.education.gouv.fr/file/2017/...n-en-2016_873513.pdf
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Dans le "Café" du 26/01/18 : www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/...525427629206466.aspx
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Si le mouvement s'observe à partir de 2010, la relation de cause à effet avec les désillusions de l'école numérique est peu probable. On peut et on doit même s'inquiéter d'une baisse du financement et en même temps d'une explosion des dépenses pour l'école numérique.Nul doute que les ponctions étatiques sur les finances locales jouent leur rôle dans ce mécanisme. Les collectivités territoriales ont réduit la voilure. Mais des désillusions , comme sur l'apport du numérique, ont pu jouer aussi un rôle.
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L'Éducation nationale constitue le plus gros budget de la nation : elle dispose d'un peu plus de 50 milliards d'euros par an. Au total, quand on additionne toutes les dépenses - le budget de l'éducation mais aussi toutes les autres - la France dépense 3,5% de son PIB pour l'éducation hors l'enseignement supérieur, ce qui la place dans la moyenne haute des pays comparables [...] On figure parmi les pays qui dépensent le plus en pourcentage du PIB [...] Où passe l'argent ? Comment peut-on dépenser autant pour avoir des résultats aussi médiocres ?
Une gabegie bien française, donc. Refrain presque poujadiste qui est d'ailleurs celui d'officines libérales ou ultra-libérales propageant des chiffres erronés comme le fameux surcoût de "trente milliards" dénoncé par l'iFRAP.
En réalité, si les résultats sont effectivement insuffisants, la France se situe, pour la dépense en pourcentage du PIB, dans la moyenne de l'OCDE en 2014 (derniers chiffres disponibles). Selon RSE 2017, 3.8% (contre 3,6% dans l'OCDE) comme on peut le constater sur le graphique ci-dessous :
Un chiffre qui doit - de plus - être relativisé puisqu'il ne tient pas compte du nombre d'élèves or la démographie française est particulièrement dynamique. Si l'on observe les dépenses ramenées au nombre d'élèves, on s'aperçoit que :
- dans le second cycle du secondaire, les dépenses françaises par élève sont nettement supérieures (+33 et +36%).
- dans le premier cycle du secondaire, les dépenses françaises par élève sont exactement dans la moyenne de l'UE22 et de l'OCDE
- dans le primaire, les dépenses françaises par élève sont nettement inférieures (-15%)
Le paradoxe de M. Lenglet sur les enseignants français ("au regard de ce que nous dépensons, on pourrait s'attendre à ce que les enseignants soient mieux considérés, mieux rémunérés") trouve ici un début d'explication.
Mais le plus important est ailleurs : tout comme l'iFRAP, M. Lenglet mesure l'efficacité de notre système éducatif à l'aide d'indicateurs comme PIRLS (CM1) ou PISA (15 ans)* : il ne doit donc tenir compte que des dépenses... du primaire (très inférieures) et du premier cycle du secondaire (tout à fait moyennes) ! On est loin du surcoût que M. Lenglet, en bon gestionnaire, déplore avec tant d'insistance.
Une fois le constat fait que les dépenses françaises d'éducation sont loin d'être excessives et que les professeurs français ne sont pas bien payés, on ne peut donc que regretter que M. Lenglet entonne la sempiternelle litanie, aux accents toujours poujadistes, du "mammouth" (juste après la diffusion d'extraits de Claude Allègre fustigeant "l'absentéisme des enseignants"). Certes M. Lenglet ne vise ainsi que "l'administration centrale" de l'Éducation nationale (et non pas les enseignants), mais il propose ensuite, pour améliorer son efficacité et sa "productivité" (sic)… de faire travailler davantage les enseignants pour les rémunérer davantage !
Pour mesurer enfin l'inefficacité de notre système éducatif primaire et secondaire, M. Lenglet choisit un autre indicateur, davantage en rapport avec le supérieur mais surtout qui postule que le niveau de chômage serait imputable… à l'école : "17% des jeunes entre 15 et 29 ans ne sont ni en formation ni en emploi". Ce choix d'indicateur est évidemment porteur d'une vision quelque peu libérale et utilitariste de l'école : il rejoint d'ailleurs la déploration sur le montant des dépenses éducatives. M. Lenglet ne fait aucune référence aux records battus chaque année dans les taux d'obtention du bac dans une génération, dans les taux de réussite ou dans les taux de mentions au brevet comme au bac. Quand il évoque le décrochage, il oublie de préciser qu'il est à son plus bas niveau historique. Autant d'éléments qui devraient pourtant laisser perplexe et permettre de s'interroger sur le fonctionnement du système.
Il est - à vrai dire - un indicateur (concernant malheureusement l'ensemble du système éducatif) que M. Lenglet n'a pas évoqué et qui, malgré la croissance importante du nombre d'élèves et d'étudiants dans la même période, relativise quelque peu "le plus gros budget de la nation"…
Avec la reconduction du gel du point du point d'indice de la fonction publique, les fermetures d'écoles ou en l'absence de créations de postes en 2018 dans l'Éducation nationale, la tendance reste donc la même et la "priorité pour l'école" de M. Macron ressemble surtout - à vrai dire - à une priorité… pour réduire les coûts de l'école.
Bonus :
Ce tweet de fact-checking donnant raison à l'affirmation de M. Blanquer selon laquelle "les professeurs sont souvent plus nombreux en France qu'ailleurs" :
Problème : le lien auquel renvoie "L'émission politique" ne concerne… que le lycée où le taux d'encadrement est effectivement supérieur à la moyenne de l'UE. La consultation de RSE 2017 montre cependant qu'en primaire ou au collège c'est tout à fait le contraire.
Par conséquent, l'affirmation de M. Blanquer est loin d'être exacte...
Pour résumer, à en croire l'émission, Jean-Michel Blanquer critique à raison des professeurs trop nombreux ( autre récrimination aberrante de l'iFRAP ) et des dépenses d'éducation trop élevées (même si le ministre a relativisé les dépenses du primaire). Ajoutons que Jean-Michel Blanquer est présenté par Léa Salamé comme celui qui "relance le latin et le grec" alors que dans les faits il perpétue la condamnation de leur enseignement au lycée. Face à tant à tant de désinformation, comment s'étonner que le sondage en fin d'émission le montre "convainquant pour 71% des Français ayant regardé l’émission", soit un record pour l'émission, et que "75% estiment qu’il est un homme de progrès". Jean-Michel Blanquer a rassemblé 1,54 million de téléspectateurs (7,2% du public) : c'est la… seconde pire audience de l'émission.
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*Pour pinailler, selon M. Lenglet, PISA "sanctionne les connaissances des élèves en maths, en sciences et en compréhension de l'écrit". Or PISA ne sanctionne aucune connaissance, mais des compétences seulement, non pas en mathématiques, mais en "culture mathématique", ce qui est un peu différent.
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A lire également sur cette séquence télévisuelle cet article de Samuel Gontier dans "Télérama" du 16/02/18 : "Jean-Michel Blanquer, un islamo-gauchiste dans “L’émission politique”"
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