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[LVM] "L'acculture en Serres"
Un petit peu énervé cet après-midi suite à la lecture de différents articles à ce sujet, dont le votre (comment autant de personnes peuvent-elles être en accord avec la pensée de Michel Serres? ), j'ai modifié un de mes sites pour créer iThink. iThink, c'est la pensée 2.0, qui réfléchit, mémorise, imagine mieux qu'un être humain, directement inspiré du travail de Michel Serres.
Vous pouvez tester iThink ici : zoglu.net/ithink/
Bonne journée !
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A lire dans "Libé" du 25/09/13 cet article au titre bien journalistique : "Microsoft : l'avènement des machines"
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Visiblement la confusion d'esprit a gagné Stanford..."Les enseignants sont totalement désorientés"
Ça pourra peut-être paraître curieux à Michel Serres, mais malgré toutes les évolutions du monde, il y a des choses qui ne changeront jamais, parce qu'elles ne sont pas de l'ordre du technique. Mais comme la Technique n'est pas pensée en tant que telle par Michel Serres, difficile de penser que l'éducation ne doit pas évoluer chaque année comme les iPads.Le philosophe et académicien Michel Serres analyse les transformations à l'oeuvre dans l'éducation, et éclaire le malaise ressenti par une partie du monde enseignant.
Dans votre livre "Petite Poucette" vous dressez le portrait de l'élève d'aujourd'hui, en soulignant qu'en quarante ans, tous nos repères ont été bouleversés: démographie, sexualité, rapport au monde, famille, langage... Petite Poucette "n'habite plus le même temps, ni le même espace et n'a plus la même tête", écrivez-vous. Quelles conséquences pour l'enseignant?
Nous vivons aujourd'hui sur les questions d'éducation, une transformation gigantesque, et cette transformation s'opère au niveau mondial! La personne qui éduque et la personne éduquée n'est plus la même. Avec les technologies, l'être humain a changé de façon radicale. La naissance, la mort, ne sont plus la même qu'il y a quarante ans, le rapport au monde et au savoir a changé.
C'est vrai que penser l'enseignement en général à partir d'une université d'élite américaine comme Stanford est un bon point de départ pour réformer l'éducation.Pour l'enseignant, cela bouleverse totalement la donne. J'enseigne aux Etats-Unis: il y a 30 ans quand j'entrais dans mon amphi, je savais que les étudiants ne savaient pas ce que j'allais leur dire.
Autre hypothèse tout aussi probable : Michel Serres commence lui-même à être un peu dépassé en tant qu'enseignant.Aujourd'hui, je sais qu'ils ont consulté sur internet le contenu de mon cours. Le rapport entre enseignant et enseigné s'en trouve donc fondamentalement modifié.
Mais si le "le lieu de transmission a changé", où est-il donc ?Le lieu même de transmission du savoir a changé: on ne peut pas prévoir quel sera le visage de l'université demain. L'université est un lieu de concentration: quel type de concentration faudra-t-il inventer demain? Si je prends l'exemple de la Sillicon Valley, d'un point de vue architectural, les Californiens n'ont pas su inventer une université nouvelle.
Surtout quand on lit des attaques aussi violentes contre l'école républicaine (dont ce normalien agrégé est par ailleurs le pur produit de l'élitisme) que dans Petite Poucette de Michel Serres.Face aux bouleversements que vous décrivez, les enseignants n'ont-ils pas tendance à se retrancher dans une forme de repli corporatiste?
Je ne crois pas que le corps enseignant soit plus "crispé" face à ces changements. Je pense que face à ces bouleversements, les enseignants sont totalement désorientés. Lorsque les choses changent, lorsque votre environnement se modifie, vous expérimentez une forme de perte de référence.
Eh oui car l'acte d'enseigner est pareil à l'acte de se déplacer dans l'espace.Il y a un temps d'adaptation et de désorientation, comme quand nous sommes passés, au début du siècle, du cheval à l'automobile.
La pensée techniciste (et en l'espèce numériste de Michel serres) est une réification permanente de l'humain.
Et tous les "émetteurs" (encore un terme emprunté à la technique pour penser l'humain) valent tous les récepteurs. Une connaissance très théorique et très superficielle du web car en réalité les véritables "émetteurs" sont bien nombreux parmi de nombreux pseudo-émetteurs qui ne font que commenter, recenser, compiler ou recopier. Le web offre l'illusion de la participation et de l'interactivité : Twitter en est le meilleur exemple.C'est ce que nous sommes en train de vivre aujourd'hui. Les medias subissent d'ailleurs la même transformation avec l'explosion du web. Il y a peu d'emetteurs et beaucoup de récepteurs. Sur le web, il y a autant de récepteurs que d'émetteurs et le changement se situe précisément ici.
Comment expliquer qu'alors que le monde éducatif subit de fortes évolutions, technologiques notamment, il peine à ce point à se réformer?
Ne me demandez pas de conseiller le président de la République! Je crois que dans ce domaine, le vrai changement viendra des initiatives locales, individuelles. Dans sa constitution, le web et les technologies favorisent la constitution d'expérience locale. C'est une nouvelle utopie démocratique.
Mais au-delà de la simple protestation, quelle forme politique concrète et légitime est ainsi en train de se mettre en place ? On en le saura pas...Ces transformations impactent aussi le champ politique?
Oui. On observe exactement le même mouvement en politique avec la montée de mouvements de protestation locaux, face à un pouvoir central en situation d'émetteur unique et centralisé, sur le modèle de la "Tour Eiffel". La toile favorise en effet cette organisation en réseau qui complète et transforme un modèle centralisé.
En l'occurrence la féminisation de l'enseignement montre surtout combien le métier d'enseignement a subi une impressionnante dévalorisation sociale. Combien - parmi les étudiant(e)s brillant(e)s de Michel Serres à Stanford envisagent le noble métier d'enseignant ?Paradoxalement, l'éducation fait partie des institutions qui se transforment le plus vite. Aujourd'hui, un enseignant qui a enseigné depuis 35 ou 45 ans assiste à la victoire des femmes. Mes meilleurs étudiants ont toujours été des étudiantes! Et dans l'Education nationale cette féminisation s'est opérée il y a 30 ans déjà.
On comprend mieux le sens de cette interview digest de Petite Poucette : Noël approche...Coffret "Les Temps nouveaux" (inclus Temps des crises et Petite Poucette), éditions du Pommier, novembre 2013
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A lire dans "Atlantico" du 22/02/14 : "Pourquoi l’incompétence ouvre bien souvent la voie du progrès" par Michel Claessens.
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