"MEDIASEX – Wikimedia, paradis du porno participatif" (Big Browser)

Loys écrit: Très intéressant. Dommage que cette discussion échoue ici.

J'avoue que j'ai un peu abusé du hors-sujet...

Loys écrit: Bon ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit : je conçois tout à fait que l'on ait un intérêt pour les jeux vidéos, et pas seulement sociologique. Mais il n'empêche que j'ai toujours le plus grand mal à comprendre ce qui pourrait justifier leur place dans une encyclopédie.

Je n'ai jamais douté de vos intentions, mais plus sérieusement, j'ai peur qu'il ne faille pas compter sur moi pour répondre à votre question. En vérité, je n'ai pas d'avis dessus, et je n'ai pas non plus d'avis sur la question plus globale, celle de savoir ce qu'une Encyclopédie généraliste doit inclure ou non (tout au plus, je me souviens que le Thésaurus de Larousse, il y a 20 ans, mentionnait Prince, Michael Jackson et Madonna aux côtés des Beatles dans la catégorie "musique").
Pour ce qui est de Wikipédia, les choses sont un peu différentes : je ne l'ai jamais mise sur le même plan qu'une "véritable Encyclopédie", donc je n'espère pas y trouver le savoir utile et uniquement celui-là. A mes yeux, "l'encyclopédie libre" est surtout un gigantesque foutoir où je trouve à peu près ce que je veux, que ce soit utile (dans de rares cas) ou futile (très, très souvent). Je n'en attends rien d'autre. D'ailleurs, mon intérêt pour Internet au début des années 90 venait du fait qu'il était présenté comme un "joyeux foutoir aux mains des utilisateurs".

Shane_Fenton écrit: Pour ce qui est de Wikipédia, les choses sont un peu différentes : je ne l'ai jamais mise sur le même plan qu'une "véritable Encyclopédie", donc je n'espère pas y trouver le savoir utile et uniquement celui-là.

Et vous faites bien : www.laviemoderne.net/grandes-autopsies/3...-c-est-de-participer
Mais changez seulement de perspective et entrez (à vos risques et périls) dans l'esprit d'un élève d'aujourd'hui : le mot "encyclopédie" a presque laissé place au mot "Wikipédia", cinquième ou sixième site le plus consulté au monde.
Et Wikipédia a des prétentions à s'imposer dans le monde scolaire par seulement par les élèves mais également par les enseignants (voir le reste de cette section du forum).

Encore une fois, il est bien périlleux de décider de ce qui est anecdotique.
Une de mes amies a fait une thèse sur un auteur mystique baroque tellement oublié qu'elle a dû aller à la BNF dactylographier une édition ancienne. Si je cherche cet auteur dans des bases comme revues.org ou jstor.org, je le vois mentionné dans quelques articles des années 60-70. N'est-ce pas anecdotique?

@Shane_Fenton: Vous savez, Universalis a un article sur Fromental Halévy (un auteur d'opéra à peu près oublié de nos jours) mais rien sur la complexité algorithmique (qui n'est après tout que le sujet d'un des Prix du Millénaire de Clay).

Loys écrit: Mais changez seulement de perspective et entrez (à vos risques et périls) dans l'esprit d'un élève d'aujourd'hui

Vous voulez que je fasse une attaque, ou quoi ? J'ai déjà un mal fou à entrer dans l'esprit d'un de mes élèves, surtout celui qui s'est vanté auprès de moi (son prof !) qu'il se faisait payer pour faire le projet de ses camarades : il se faisait facturer 15€ de l'heure, un autre 5€, etc...
Mais plus sérieusement, je vois ce que vous voulez dire : Wikipédia est malheureusement devenu le premier réflexe, ou pire : l'unique réflexe, chez pas mal de gens. Je dois bien avouer que je fais souvent partie du club : quand je fais quelques recherches sur des sujets tous plus futiles les uns que les autres, je m'abreuve à la page Wikipédia concernée, et je ne vais pas beaucoup plus loin. Mais à ma décharge, qui dit sujet futile dit "consommation d'information" adéquate : je prends, je jette et j'oublie. Ce n'est que quand je veux vraiment creuser le sujet que je m'efforce de ne pas utiliser Wikipédia, ou au moins de ne pas m'y fier : j'y glane quelques liens, et je complète avec d'autres informations. Comme le disait Miyamoto Musashi : "il faut vénérer les Bouddhas et divinités, mais ne pas compter sur eux."

DM écrit: Encore une fois, il est bien périlleux de décider de ce qui est anecdotique.
Une de mes amies a fait une thèse sur un auteur mystique baroque tellement oublié qu'elle a dû aller à la BNF dactylographier une édition ancienne. Si je cherche cet auteur dans des bases comme revues.org ou jstor.org, je le vois mentionné dans quelques articles des années 60-70. N'est-ce pas anecdotique?

Un écrivain qui intéresse un doctorant quatre siècle après ne peut pas être anecdotique.
Le problème est que nous serons pas là dans quatre siècles pour savoir si un doctorant s'intéressera bien à "Starcraft" pour ses qualités propres.

DM écrit: Je compatis au sujet de vos pop-ups, mais il me semble que ce problème vient de ce que vos postes de travail gardent une unique configuration de navigateur quel que soit l'utilisateur. Ceci est la porte ouverte à l'installation de tous les spywares, extensions indésirables, cookies, keyloggers etc..., donc un problème dépassant largement l'accès à la pornographie.
J'ignore à quel point vous pouvez faire ce que nous faisons dans nos bibliothèques universitaires, à savoir : chaque utilisateur doit s'identifier et il y a des « comptes » séparés, comme cela chacun ne peut changer que ses propres réglages.

Loys n'a pas répondu à cette question, mais je vais tâcher de le faire à sa place : il n'y a pas d'ingénieur réseau ou d'ingénieur système dans chaque collège et lycée de France. Je m'imagine qu'Il y a un "correspondant micro-informatique", c'est-à-dire un enseignant de lettre classique ou d'EPS, qui a peut-être 2 heures de décharge horaire pour cette tâche de "correspondant", après avoir suivi une formation de deux fois trois jours.
Au delà des capacités techniques de ces "correspondants", il est probable que les solutions que vous prônez, à base d'active directory, ne sont pas gratuites. Or le budget micro des établissements scolaires est généralement assez serré, et c'est d'autant plus critique que le matériel y souffre plus qu'ailleurs.

Shane_Fenton écrit: Pour faire un parallèle avec la bande dessinée, Thierry Groensteen expliquait dans son livre Un objet culturel non identifié que la politique désastreuse des éditeurs combinée avec le manque de curiosité du public a transformé la BD en "art sans mémoire".

Thierry Groensteen écrit: En ne montrant aucun souci de la transmission du riche patrimoine accumulé par la bande dessinée depuis plus d’un siècle et en rendant inaccessibles un grand nombre de « classiques » du neuvième art, les éditeurs fabriquent un public et des générations de créateurs amnésiques, tout en sabotant toute possibilité de fonder un procès en légitimation culturelle sur le corpus ad hoc

Les éditeurs font ce que leurs clients leur permettent de faire. Si tant de BD ont sombré dans le grand fleuve Oubli, c'est qu'ils n'avaient pas ce qu'il fallait pour devenir objet de culture-mémoire. Ils n'étaient que des objets de culture-spectacle.
Ensuite, il y a bien quelques BD anciennes qui font partie de la culture, et même de la culture populaire.
Ce critère du jugement de la postérité était celui que toute la tradition classique tenait comme le premier de tous. Il n'est pas étonnant que notre "basse époque" l'ait oublié.

Jean de Lafontaine écrit: Le Serpent et la Lime
On conte qu'un serpent voisin d'un Horloger
(C'était pour l'Horloger un mauvais voisinage),
Entra dans sa boutique, et cherchant à manger
N'y rencontra pour tout potage
Qu'une Lime d'acier qu'il se mit à ronger.
Cette Lime lui dit, sans se mettre en colère :
Pauvre ignorant ! et que prétends-tu faire ?
Tu te prends à plus dur que toi.
Petit Serpent à tête folle,
Plutôt que d'emporter de moi
Seulement le quart d'une obole,
Tu te romprais toutes les dents.
Je ne crains que celles du temps.
Ceci s'adresse à vous, esprits du dernier ordre,
Qui n'étant bons à rien cherchez sur tout à mordre.
Vous vous tourmentez vainement.
Croyez-vous que vos dents impriment leurs outrages
Sur tant de beaux ouvrages ?
Ils sont pour vous d'airain, d'acier, de diamant.

Merci Jeannot !

archeboc écrit: Loys n'a pas répondu à cette question, mais je vais tâcher de le faire à sa place : il n'y a pas d'ingénieur réseau ou d'ingénieur système dans chaque collège et lycée de France. Je m'imagine qu'Il y a un "correspondant micro-informatique", c'est-à-dire un enseignant de lettre classique ou d'EPS, qui a peut-être 2 heures de décharge horaire pour cette tâche de "correspondant", après avoir suivi une formation de deux fois trois jours.

L'Éducation nationale possède sans doute le plus grand parc informatique de France avec cette spécificité : il n'y a pratiquement aucun moyen alloué pour sa conception, son installation, sa gestion ou sa maintenance.
On est dans l'équipement pur, autant dire dans l'anarchie.

@Loys: Nous sommes d'accord, et c'était déjà le cas à l'époque où j'étais au lycée.
Mais relisez cette conversation : en somme, vous expliquez (je résume à la hache) qu'un site privé, gratuit, à but non lucratif et aux moyens limités devrait mettre en place des procédures visant à "hiérarchiser" et à filtrer les contenus parce que l'Éducation nationale, soit un des premiers budgets publics d'un des pays les plus riches au monde, n'est pas fichue de mettre en place des dispositifs informatiques raisonnables.
Cela n'est pas sans rappeler ce que vous expliquiez après avoir piégé vos élèves, à savoir que Wikipédia devrait adapter ses contenus à vos objectifs pédagogiques, parce que l'Éducation nationale n'est pas fichue d'inculquer un peu de bon sens et d'esprit critique à ses élèves. De même, vous suggériez (sans trop y croire) l'interdiction des sites de vente de corrigés, parce que l'Éducation nationale ne sait pas sévir et sanctionner les tricheurs.
Devons-nous comprendre que, devant l'impossibilité de réformer le mammouth, vous portez vos attention ailleurs? Mais ne croyez-vous pas que les mesures que vous suggérez aboutiraient au genre de fonctionnement fermé, bureaucratique et sans imagination que vous reprochez à l'Éducation nationale?
Relisez-vous. Vous voulez qu'il y ait un comité éditorial qui décide de ce qui est important ou pas, comme vous avez des gens dans l'Éducation nationale qui décident des programmes, des inspecteurs pédagogiques qui les font appliquer (en sanctionnant si besoin les professeurs réticents)...