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"Jeu-vidéo : entrons dans une nouvelle ère culturelle"
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Selon un participant de cette inauguration , la ministre aurait déclaré que "le jeu vidéo est un art noble". A confirmer.
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J'avais moi-même écrit une bafouille à propos de tout ce qui ne va pas dans cette pseudo-"reconnaissance" du jeu vidéo : gamingsince198x.fr/entre-nous/la-sentine...atiguee-3eme-partie/Claire Brétécher écrit: Un jour, un vague ministre et un président dont j’ai oublié le nom ont béni de leur présence les lieux de culte de la bande dessinée, lui octroyant ainsi le statut d’art majeur. La chute du marché a suivi immédiatement ce happening car la BD se bat les flancs des imprimature, et les consécrations l’inhibent.
Effectivement, la question de savoir si "le jeu vidéo est un art" s'est posée depuis des années, aussi bien à l'extérieur du jeu vidéo qu'à l'intérieur. Pour schématiser :
Il y a ceux qui disent que oui (plusieurs options possibles) :
- Soit parce que ça les décomplexe, ou que ça flatte leur ego, ou que ça leur permet de justifier leur pratique en la sanctifiant.
- Soit parce que ça permet d'avoir des subventions de l'état, ou que ça les protège de toute tentative de législation.
- Soit parce que même s'ils n'y connaissent rien, ils voient que ça rapporte des sous
- Soit parce qu'ils sont effectivement tombés sur un jeu qui leur a fait dire que c'était de l'art, ou que c'était riche de sens.
Il y a ceux qui disent que non (plusieurs options possibles, toujours) :
- Soit parce qu'ils méprisent la forme en tant que telle et que cette seule idée leur donne de l'urticaire.
- Soit parce qu'ils n'arrivent pas à mettre sur le même plan ce qu'ils connaissent du jeu vidéo avec ce qu'ils connaissent de l'art, et qu'ils ne comprennent pas d'où peut venir toute cette ferveur quasi-religieuse (cf. feu Roger Ebert).
- Soit parce que les tenants du oui les agacent, et qu'ils ne se retrouvent pas dans leur vision de "l'art".
- Soit parce que ce sont des joueurs qui n'ont pas besoin d'être décomplexés par rapport à leur pratique, qui n'en font pas un exercice masturbatoire, qui n'en attendent rien d'artistique, et qui estiment que ce n'est pas grave si ce n'est pas de l'art.
Il y a également ceux qui s'en foutent, et ceux qui estiment que la question est mal posée, pour ne pas dire idiote. Ce qui est mon cas (ce qui ne me rend en rien supérieur aux tenants du "oui" ou du "non", bien évidemment).
Pour ma part, j'estime qu'on peut en théorie faire de l'art avec un film, un roman, un disque, une bande dessinée, et aussi un jeu vidéo. Mais élever le genre "jeu vidéo" tout entier au rang d'art me paraît absurde. "Le cinéma" est un art, mais tout film n'en est pas. "La littérature" est un art, mais tout roman n'en est pas. On verra au bout de 100 ans ce qu'il restera du jeu vidéo, et peut-être qu'à ce moment-là on aura trouvé un terme plus commode que "le jeu vidéo" pour y caser tous les jeux qui ont été reconnus comme relevant de l'art pour une raison X ou Y. M'est avis que les poules auront des dents avant qu'on en arrive là.
Parce qu'en attendant, il arrive au jeu vidéo ce qui est arrivé avant lui à la bande dessinée : d'un côté, en quelques années, on est passé de l'opprobre sans nuances à l'adulation sans nuances. De l'autre côté, on a oublié que le noeud du problème, c'était justement l'absence de nuances. Là où on aurait dû apprendre à discriminer, à distinguer tel jeu d'un autre selon divers critères artistiques ou esthétiques, comme on l'a fait pour les autres genres, on en est réduits à se poser la question de l'art sur le genre tout entier, et à faire une confusion grave entre valeur marchande et valeur culturelle. En agissant de la sorte, on fait comme si le jeu vidéo par définition échappait à toute tentative de critique artistique. On se pignole en parlant d'art, mais en fait on le célèbre parce que ça rapporte des sous. Pour paraphraser Thierry Groensteen déjà cité ailleurs :
Dans le fond, cette entreprise de "réhabilitation" et de "légitimation", ainsi que toute la pseudo-"reconnaissance" qu'elle a générée, n'est qu'une marque de mépris.Thierry Groensteen écrit: C’est peut-être ce qu’il y a de plus décourageant, au terme de ce long processus de légitimation, que de constater que tant et tant de personnes par ailleurs cultivées et animées des meilleures intentions abdiquent tout sens critique face à [un jeu vidéo], soit qu’elles se reconnaissent ignorantes des critères d’appréciation qui seraient pertinents, soit qu’elles pensent que, de toute façon, [le jeu vidéo] comme tel échappe au jugement critique parce que toute ambition artistique lui est étrangère.
Quant au jeu vidéo "à la française", on voit ce que ça a donné avec David Cage (lequel veut tellement faire évoluer le jeu vidéo qu'il a presque honte d'admettre qu'il en développe, ou qu'il fait partie de cette industrie) :
www.rockpapershotgun.com/2013/02/07/davi...ys-man-in-his-chair/
www.ecranlarge.com/article-details-26798.php
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- Loys
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Ce que vous dites ici me paraît frappé au coin du bon sens.Pour ma part, j'estime qu'on peut en théorie faire de l'art avec un film, un roman, un disque, une bande dessinée, et aussi un jeu vidéo. Mais élever le genre "jeu vidéo" tout entier au rang d'art me paraît absurde. "Le cinéma" est un art, mais tout film n'en est pas. "La littérature" est un art, mais tout roman n'en est pas. On verra au bout de 100 ans ce qu'il restera du jeu vidéo, et peut-être qu'à ce moment-là on aura trouvé un terme plus commode que "le jeu vidéo" pour y caser tous les jeux qui ont été reconnus comme relevant de l'art pour une raison X ou Y. M'est avis que les poules auront des dents avant qu'on en arrive là.
Je suis un médiocre connaisseur du jeu vidéo, je ne le pratique presque pas et je ne m'y intéresse quasiment pas en tant que divertissement ou distraction.Il y a ceux qui disent que non (plusieurs options possibles, toujours)...
- Soit parce qu'ils méprisent la forme en tant que telle et que cette seule idée leur donne de l'urticaire.
- Soit parce qu'ils n'arrivent pas à mettre sur le même plan ce qu'ils connaissent du jeu vidéo avec ce qu'ils connaissent de l'art, et qu'ils ne comprennent pas d'où peut venir toute cette ferveur quasi-religieuse (cf. feu Roger Ebert).
- Soit parce que les tenants du oui les agacent, et qu'ils ne se retrouvent pas dans leur vision de "l'art".
- Soit parce que ce sont des joueurs qui n'ont pas besoin d'être décomplexés par rapport à leur pratique, qui n'en font pas un exercice masturbatoire, qui n'en attendent rien d'artistique, et qui estiment que ce n'est pas grave si ce n'est pas de l'art.
Pour autant vous aurez bien compris que je ne considère pas particulièrement le jeu vidéo comme le mal absolu dans le monde moderne. Je ne le mentionne finalement sur ce forum ou dans les articles que quand le jeu vidéo en général est célébré, non plus comme une simple pratique de divertissement, mais pour ses vertus intellectuelles (cf l'Académie des sciences, Yann Leroux etc.) ou artistiques dans l'exemple qui nous occupe ici ("entrons dans une nouvelle ère culturelle").
Notez que - prudemment - je n'exclus pas qu'un jeu vidéo en particulier puisse avoir des vertus intellectuelles ou artistiques, ça me paraît tout à fait possible quoique je n'en connaisse pas d'exemple. Je constate simplement que la plupart des jeux vidéos tels qu'ils se pratiquent non seulement n'ont pas de telles vertus mais même - et c'est évidemment ce qui me tient à cœur - empêchent au contraire de les acquérir dans d'autres domaines, notamment celui de la littérature. La pratique du jeu vidéo, si elle n'est pas une addiction médicale , n'en reste pas moins très souvent exclusive et addictive.
Serge Tisseron dit qu'il faut faire cohabiter "culture de l'écrit" et "culture des écrans" mais je ne vois qu'une seule chose : l'une cannibalise l'autre.
Peut-être bien.Dans le fond, cette entreprise de "réhabilitation" et de "légitimation", ainsi que toute la pseudo-"reconnaissance" qu'elle a générée, n'est qu'une marque de mépris.
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Pour la motricité, ce n'est pas si sûr : Serge Tisseron expliquait qu'il voyait dans son cabinet de très jeunes enfants capables de manipuler avec faciliter des cubes sur un écran mais malhabiles avec de vrais cubes.Wikibuster écrit: Les jeux vidéo, certains d'entre eux, permettent de développer ses réflexes, les qualités de coordination et de "motricité" et c'est encore plus vrai pour les plus jeunes enfants, là c'est bien supérieur à n'importe quel jeu classique.
Par ailleurs les jeux physiques et le sport en général me semblent plus à même de développer réflexes, qualité de coordination et de motricité.
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