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Les langues anciennes dans la ligne de mire
- Loys
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Pour mémoire, les chiffres concernant les latinistes et hellénistes : www.sauv.net/effectifsla2011.php
A lire également ce rapport de l'IGEN en août 2011 : "L’enseignement des langues et cultures de l’antiquité dans le second degré"
Et cet article de Corinne Jésion sur "Sauver les lettres" : "Du latin et du grec ou comment tuer les morts qui parlent encore" .
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C'est malheureux à dire, mais les passionnés l'ont bien compris: puisque le latin et le grec encore davantage ne sont plus reconnus dans le secondaire, ils ne souhaitent pour la plupart plus enseigner que dans le supérieur...
Il faut rester optimiste et s'appuyer sur les exemples du passé: il a fallu du temps pour que les Carolingiens approfondissent de nouveau leur connaissance du latin (qui avait progressivement dépéri sous les Mérovingiens). Peut-être le latin reviendra-t-il a l'honneur (avant cent ans, qu'on puisse s'en rendre compte)?
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- Loys
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Et avec la bénédiction de certains de nos philosophes qui pensent que le latin "est sur Wikipédia" (sic). Pourquoi donc l'enseigner ? Comme dit Michel Serres : "Le savoir ? Le voilà, partout sur la toile, disponible, objectivé. Le transmettre à tous ? Désormais, tout le savoir est accessible à tous. Comment le transmettre ? Voilà, c’est fait."
La prochaine cible de ce nouvel obscurantisme sera l'enseignement de la littérature.
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- Loys
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- Loys
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C'est vrai que pour Lionel Jeanjeau, qui a souvent l'occasion d'exprimer sur son blog toute l'estime qu'il a pour les enseignants : un vrai psychodrame à ses yeux concernerait plutôt la suppression du socle de compétences.Suppression du Capes de lettres classiques ... et alors ?
Le week-end qui se termine a accouché de l'un de ces splendides psychodrames dont notre chère Education nationale a le secret.
S'il est "sans réelle conséquence", pourquoi cet évènement a-t-il lieu ?Une angoisse (le mot n'est pas trop fort) a parfois saisi certains enseignants sur les réseaux sociaux, les blogs, les forums. Ceux qui n'ont pas été saisis par cette angoisse ont pour le moins marqué des questionnements vifs, des inquiétudes ... parce que le Capes de lettres classiques va disparaître. Évènement à mes yeux sans réelle importance, ni sans réelle conséquence, tout du moins à court terme.
L'émoi est moindre pour les Lettres modernes car la réforme ne remet pas en cause deux enseignements primordiaux : le latin et le grec, voués à devenir une simple option unique.Tout est parti de la publication, la semaine, dernière, sur le site du ministère, d'informations précises sur la maquette des nouveaux Capes. Voyons donc ce qui est dit, d'abord, à la page "Epreuves de la session des concours de recrutement des personnels enseignants et d'éducation dont les inscriptions débuteront en septembre 2013". Il y est effectivement fait référence, de façon très claire, à l'existence d'un Capes de Lettres, avec deux options : lettres classiques ou lettres modernes. En ce sens, il est effectivement indiscutable que la Capes de lettres classiques va disparaître (ce qui provoque l'émoi du corps enseignant), au même titre d'ailleurs que le Capes de lettres modernes, ce qui n'a a priori provoqué l'émoi de personne ou presque. Un peu comme si dans l'idée générale, le Capes de lettres modernes devenait le seul à exister. Or il disparaît également, au profit de ce seul Capes de "Lettres", avec une importante proportion d'épreuves communes aux candidats des deux options.
Rien que cet intitulé (" l'enseignement des langues et civilisations anciennes") montre que ce n'est pas "le début de la fin" mais un degré supplémentaire, avec une forte charge symbolique. On comprend à ce sujet que le Ministère n'ait guère communiqué sur cette annonce et qu'il ait fallu découvrir cette suppression comme par hasard.Que signifie cette disparition des Capes de lettres classiques et de lettres modernes ? S'agirait-il, comme je l'ai lu toute la journée sur Twitter, par exemple, d'un "début de la fin" pour l'enseignement des langues et civilisations anciennes dans nos collèges et lycées ?
Je vais me répéter : si rien ne change, pourquoi avoir tout changé ?Dans ce cas effectivement, la chose serait préoccupante, il serait tout à fait légitime de réclamer des mesures de protection de ces enseignements. Mais en réalité, il n'en n'est rien. Pour s'en convaincre, il n'est que de lire, attentivement, la maquette de ce nouveau Capes de lettres, telle qu'elle figure dans un autre document mis en ligne récemment par le ministère, le projet d'arrêté fixant les modalités d'organisation des concours du Capes.
Cette "épreuve de latin et grec", instituée en 2010, est en soi un degré très important dans la dégradation des exigences du concours. A tel point que le jury du Capes de lettres classiques a démissionné alors : www.sauvonsluniversite.com/spip.php?article3929Et l'on voit alors clairement que l'inquiétude exprimée à propos de l'enseignement des langues anciennes n'est fondée sur rien. En effet, que dit l'arrêté ? Qu'il y aura bien deux concours, mais qui donneront lieu à deux classements de lauréats, un par option ; qu'en fonction de l'option choisie, la 2e épreuve écrite, à partir d'un dossier documentaire, portera soit sur "une épreuve de latin et de grec" (option lettres classiques) soit sur une "étude grammaticale d'un texte de langue française" (option lettres modernes) ;
Je cite : "La solution adoptée pour maintenir le grec et le latin à l’écrit du concours (à savoir une épreuve « fourre-tout » comportant une brève version latine, une brève version grecque et une question de civilisation) étant à la fois peu sérieuse et d’une invraisemblable complication, nous avons demandé instamment, au nom de la sauvegarde des humanités, la restauration de deux épreuves de version (latine et grecque)."
Elle n'est plus qu'une simple option en 2013. Quand aux "deux concours" ce n'est pas ce que dit le texte officiel : deux classements encore, pour donner le change, mais bien un seul concours : "Les candidats proposés pour l’admissibilité et pour l’admission par le jury du concours font l’objet de classements distincts selon l’option." ( p. 19 de l'Arrêté )
M. Jeanjeau résume très mal.l'oral comportera pour sa part une épreuve de mise en situation professionnelle ("explication de texte et question de grammaire") qui sera commune aux deux options, et une épreuve d'analyse dune situation professionnelle, dont le sujet portera sur l'un des 5 thèmes, à choisir au moment de l'inscription. Certains de ces thèmes sont communs aux deux options, et un thème est réservé à chacune des deux options ("Langues et cultures de l'antiquité" pour l'option classique, et "latin pour lettres modernes" pour l'option moderne).
Citons le texte :
Le latin et le grec, pardon "les langues et cultures de l'antiquité" (ce qui est quelque peu différent...) sont donc assimilés à ce qui était déjà des options dans le Capes de Lettres modernes. De plus il n'est pas très clair, à la lecture de l'arrêté, si les candidats de Lettres classiques pourront choisir ou non une autre option que celle qui leur est réservée : "Le candidat détermine son choix au moment de l’inscription. Toutefois, les candidats ayant choisi l’option lettres classiques à l’inscription au concours ne peuvent demander à subir l’épreuve « latin pour lettres modernes »."2° Analyse d’une situation professionnelle.
Epreuve au choix :
Pour l’option lettres classiques :
1. Langues et cultures de l’Antiquité;
Pour l’option lettres modernes :
2. Latin pour lettres modernes ;
3. Littérature et langue françaises ;
4. Français langue étrangère et
français langue seconde ;
5. Théâtre ou cinéma ;
Le recrutement actuel, comme nous l'avons vu, est déjà problématique du point de vue de ces compétences. La question est maintenant de savoir combien d'enseignants choisiront cette option et pourront par conséquent enseigner le latin et le grec. La question n'a visiblement pas effleuré Lionel Jeanjeau.J'ai beau regarder partout, lire et relire ce projet de décret, je n'y vois rien qui change fondamentalement pour ce qui est du recrutement des enseignants de lettres tel qu'il se pratique aujoud'hui : il y aura toujours, à l'issue de ce concours, des professeurs de lettres qui auront compétence pour enseigner le latin, le grec et les civilisations qui vont avec, et d'autres qui n'auront pas nécessairement ces compétences.
Quel intérêt de se spécialiser en latin et en grec, deux langues qui demandent un travail et un investissement importants dans un cursus universitaire dont M. Jeanjeau ne semble pas avoir conscience, si de tels efforts ne comptent qu'au titre de simple "option".N'est-ce pas déjà le cas aujourd'hui ?? Par ailleurs, un étudiant qui souhaite effectivement enseigner le latin et/ou le grec pourra faire ses choix d'épreuve de telle sorte que ces disciplines aient une place importante dans son concours.
Voilà bien l'aveu que le Capes de lettres classiques n'a plus vocation à former des spécialistes.Et puis il restera toujours les agrégations pour se spécialiser...
On reconnaît bien là toute l'estime de M. Jeanjeau pour le latin et le grec....si tant est qu'on estime utile cette spécialisation.
Un concours dont le nombre de postes a été divisé par trois en quinze ans mérite en effet de s'inscrire en première année de lettres classiques à l'université.A partir de là, si le nombre de candidats attirés par l'option "lettre classique" est trop faible, il faut peut-être en chercher la cause ailleurs que dans les visées comptables du ministère !
Qu'ils parlent en leur nom propre suffit bien, M. Jeanjeau.Je trouve donc franchement exagérés les propos qui sont tenus par les un et les autres, notamment dans un article du Monde sur la question des langues anciennes (signé par quelques membres actuels du jury du Capes de lettres classiques, dont on ne sait pas très bien s'ils ont autorité pour parler au nom des autres, d'ailleurs)...
Non, comme le nom l'indique qui n'a de sens que s'il est mérité. Il ne reste plus qu'à faire mériter son obtention par tous, mais c'est moins facile et plus coûteux que de le donner à tous, effectivement....ou dans un "éloge funèbre" dressé par le collectif "méritez-le", dont le nom est tout un programme (il fait référence au Bac, qui n'a de sens que s'il y a de l'échec, pour ces gens qui pensent encore être enseignants... mais je m'égare, je m'égare).
Et pourquoi donc M. Jeanjeau ? Posez-vous seulement la question ou lisez mon article.Cet éloge prétend que la refonte des concours n'est ni plus ni moins que "la subordination [des lettres classiques]". Mais subordination à qui, à quoi ? Aux lettres modernes sans doute. Or on sait très bien que depuis bien longtemps, et sauf en de très rares exceptions sans doute, plus un seul professeur de lettres classiques n'exerce son service que sur du latin et du grec !
Le français n'est pas un "complément de services" pour les enseignants de lettres classiques. M. Jeanjeau n'a visiblement pas compris grand chose à cet enseignement particulier.Tous ont besoin de cours de français pour compléter leurs services. Et cela alors même qu'il existe deux concours distincts.
Moi je constate plutôt sa bonne résistance malgré tous les mauvais traitements infligés aux élèves et les fermetures de section : www.sauv.net/effectifsla2011.phpDès lors, le ministère entérine, me semble-t-il, un fait indiscutable : le déclin, à l'échelle de l'ensemble de l'institution, de l'attractivité des enseignements de langues et civilisations anciennes.
"enseigner les lettres modernes" ?!Dès lors que les enseignants de lettres classiques semblent voués, pour des décennies sans doute, à devoir enseigner des lettres modernes en complément du latin ou du grec...
M. Jeanjeau comprend-il seulement ce qu'il écrit ?
Qu'à cela ne tienne en ce cas : que certaines épreuves soient communes, mais que les concours soient distincts.... je ne vois pas pourquoi on n'exigerait pas d'eux de passer des épreuves communes avec les collègues qui assurent ces mêmes enseignements. Ce n'est qu'une question de bon sens.
Non, le Ministère a plusieurs buts :
- masquer d'abord le tarissement des postes et des candidats
- réduire autant que possible le nombre de candidats : le latin et le grec sont des options coûteuses et complexes à mettre en oeuvre.
- fluidifier la gestion de personnels que deux statuts distincts rendent plus complexe (emplois du temps, affectation de postes, DPE etc.)
Il y aurait beaucoup à dire sur ces "enseignements d'exploration" créés pour concurrencer pendant un an seulement le latin et le grec que les nouveaux lycéens seraient tentés d'étudier pendant trois ans au lycée.Il y a plus : Sur le terrain, le latin et le grec ne changeront pas de statut : ils resteront ce qu'ils ont toujours été, à savoir des options (sauf cas particulier des enseignements d'exploration de seconde et de l'enseignement de spécialité en série littéraire).
Et comment ces options seront-elles enseignés s'il n'y pas de professeurs pour les enseigner ?
Voilà la vraie raison du billet de M. Jeanjeau : un mépris tenace pour tout ce qui peut ressembler à un enseignement jugé élitiste et malvenu dans une école où tout le monde doit réussir (ou du moins faire semblant de réussir).Et des options très ségrégatives, n'en déplaise à ceux qui pensent (quelquefois avec raison en fonction de certaines réalités locales de tel ou tel établissement, sans doute) que les choses ont changé ces dernières années.
J'aimerais bien savoir ce qu'a d'élitiste un enseignement ouvert à tous, notamment dans les collèges les plus défavorisés où l'on rencontre, comme ailleurs, beaucoup de latinistes.
M. Jeanjeau, qui pense que les lettres modernes s'enseignent et chef d'établissement de son état, a donc des compétences pédagogiques qui lui permettent, tel un inspecteur de lettres classiques, de juger des pratiques - bonnes ou mauvaises - des professeurs de lettres classiques.Elles ont changé en collège, le plus souvent, effectivement. Mais au lycée ? Certains enseignants modernisent leurs pratiques, mais pas tous, pas partout, et pas majoritairement.
Car dans les lycées privilégiés on sait l'importance du latin et du grec, même dans les sections scientifiques où ils se recrutent d'ailleurs le plus. La solution pour M. Jeanjeau, ce n'est pas d'étendre cet enseignement, mais de l'éteindre. Quelle remarquable conclusion !Afin de bien mesurer de quoi il s'agit lorsque je parle d'option ségrégatives, il n'est pas inutile de regarder un peu ce qui se passe dans les indicateurs des lycées ... du côté de ces indicateurs qui n'intéressent presque personne, surtout pas la presse, et qui sont pourtant, à mon avis, si révélateurs du mode de fonctionnement "inavoué" de notre système. (source : site IPES, Indicateurs de Pilotage des Établissements Scolaires, accessible par mot de passe).
On voit alors très nettement que la latin et le grec restent des enseignements très prisés dans les grands lycées parisiens, nettement moins dans les autres, et bien peu dans les établissements plus périphériques de province.
Ces lycées ont les moyens de résister aux pressions pour fermer des sections.Pour être précis, deux lycées concentrent de très forts taux de suivi des enseignements de latin et de grec : Louis le Grand (dont plus de 40% des élèves de seconde suivaient, à la rentrée 2011 un enseignement de latin ou de grec optionnel) et surtout Henri IV, dont pratiquement les deux-tiers des élèves de seconde suivaient un enseignement optionnel de latin ou de grec à la rentrée 2011. Non le latin n'est pas passé de mode chez les élites...
Pour supprimer les inégalités, supprimons la culture, qui est un facteur d'inégalité.Il est même sans doute devenu l'un des grands marqueurs des inégalités scolaires, qui préparent si efficacement la pérennisation des inégalités sociales de demain.
Que M. Jeanjeau soit un tant soit peu cohérent, s'il se veut réaliste : pour lutter contre les inégalités, il faut ouvrir les portes du latin et du grec au plus grand nombre.Certes on parle ici d'avantage des élites intellectuelles que des élites économiques (qui elle, effectivement, boudent les langues anciennes, sans doute pas assez porteuses professionnellement). Les défenseurs inconditionnels des langues anciennes (dont le collectif "méritez-le") n'ont donc aucun souci à se faire, la reproduction des élites intellectuelles par la pratique du grec et du latin pourra continuer à se faire.
Finalement, l'adepte de la "reproduction", c'est bien lui.
Si seulement M. Jeanjeau était ministre : il supprimerait, au nom de la lutte contre les inégalités, l’École Normale Supérieure pour créer des Écoles Normales Égales.Non seulement le latin et le grec continueront d'être enseignés dans les établissements français, fut-ce à très peu d'élèves, mais ils continueront aussi, dans certains endroits, à servir de variable de sélection pour la préparation des études supérieures. Ce n'est pas demain par exemple, que nous verrons la Rue d'Ulm renoncer aux épreuves de latin au concours d'entrée ! Que chacun dorme sur ses deux oreilles, et que personne ne se fasse d'illusions : ce n'est pas un ajustement structurel dans un concours qui remettra en cause des pratiques qui ont plusieurs décennies d'existance sur le terrain.
Quelle magnanimité de la part de M. Jeanjeau : cette "non-mise à mort" serait donc finalement une bonne nouvelle pour le latin et le grec. Réjouissons-nous !Pour finir sur une note positive, tout de même, il me semble que ce que je décris ici, à savoir la "non mise à mort" du latin et du grec, est une bonne chose. Les langues anciennes font en effet incontestablement partie de la culture générale qu'il peut être intéressant d'acquérir, indépendamment des études envisagées et des professions visées par les élèves.
Monsieur est trop bon.La culture classique ne doit pas disparaître...
Ah encore le dada des TICE et la pensée magique du numérique !... elle est trop évidemment aux fondements de notre civilisation pour cela. Mais très honnêtement, après des décennies d'existence de deux Capes séparés, qui peut raisonnablement estimer aujourd'hui, qu'en dehors des grands lycées de prestige, les langues anciennes se portent bien ? C'est plutôt en se battant, comme le font déjà beaucoup d'enseignants de collège et parfois de lycée, pour moderniser l'enseignement du latin, pour le rendre compatible avec les TICE ou les pédagogies modernes, par exemple, qu'on le défendra.
Les TICE ne dispenseront jamais de l'effort nécessaire pour apprendre une langue. La vérité, c'est que M. Jeanjeau souhaite que l'enseignement d'une langue fasse place à l'enseignement d'un vague vernis culturel. Mais appréhender une culture à travers ses textes sans en appréhender la langue, c'est comme visiter un pays avec un bandeau sur les yeux.
Le baccalauréat de latin ou de grec est l'un des plus accessibles...En refusant aussi le caractère sélectif de cet enseignement.
Je ne connais aucun lycée où ce soit le cas : tous les élèves latinistes sont acceptés !En accord avec l'enseignante concernée, j'ai, dans mon lycée, ouvert le latin à tout élève volontaire, qu'il soit déjà latiniste ou non, alors que jusqu'à présent, seuls les latinistes de collège (espèce en voie de disparition) étaient acceptés.
C'est déjà bien en effet, mais je ne vois guère en quoi l'un empêcherait l'autre.J'ai organisé les emplois du temps de telle sorte que les cours de latin ne soient pas systématiquement rejetés sur les horaires repoussoir de fin de journée. C'est peu de choses, certes, mais c'est sans doute plus efficace que de défendre, par principe, l'existance de deux concours pour exercer en réalité le même métier.
PS : Attention aux difficultés de l'existence.
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- Loys
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Lionel Jeanjeau écrit: Car dans les lycées privilégiés on sait l'importance du latin et du grec, même dans les sections scientifiques où ils se recrutent d'ailleurs le plus.
Selon mon expérience, la connaissance du latin et du grec est d'une utilité à peu près nulle pour les sciences exactes (elle permet, certes, de comprendre la formation de mots tels que "pluripotente". mais pas mieux qu'un lexique). Pour tout dire, je crois que les seules utilité professionnelles que j'en aie eu depuis 20 ans ont été de pouvoir passer le latin comme seconde langue au concours de l'ENS (j'en parle puisqu'elle est évoquée plus haut) et pouvoir rappeler des expressions comme "negativa non sunt probanda", ce qui est assez maigre.
En revanche, la connaissance du latin aide à certaines activités extra-professionnelles, comme par exemple comprendre les inscriptions sur les monuments.
Est-ce que tout cela est fondamental?
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- Loys
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Je pourrais vous répondre que la connaissance de la loi de Bernouilli ou de la relation de Chasles sont peu utiles dans la vie quotidienne, contrairement aux racines grecques et latines de 90% des mots que vous utilisez tous les jours, si je n'étais pas moi-même un fervent amoureux des mathématiques. Vous seriez par exemple surpris de savoir ce que sont les sciences dites "exactes".DM écrit: Selon mon expérience, la connaissance du latin et du grec est d'une utilité à peu près nulle pour les sciences exactes (elle permet, certes, de comprendre la formation de mots tels que "pluripotente". mais pas mieux qu'un lexique).
Il est de ce point de vue symptomatique que vous vous réduisiez l'intérêt du latin à des mots barbares et rares ou à d'obscures expressions latines.
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Les mathématiques permettent de comprendre certaines choses, comme par exemple, puisque vous prenez la loi de Bernouilli, les probabilités (ce qui a une importance non négligeable, y compris pour comprendre des affirmations comme celles portant sur la fiabilité des tests ADN), ou encore le raisonnement logique, qui ont une importance pour notre compréhension de la société. Elles permettent également de comprendre la physique — or le concept physique d'énergie (sa conservation etc.) est très important pour comprendre nos problèmes énergétiques, qui sont un problème politique très important.
Il suffit pour comprendre l'utilité de connaissances mathématiques en politique de se rendre dans une assemblée (p.ex. de copropriétaires) où une bonne partie des gens ne les ont pas : cela donne des blocages, des incompréhensions, des contresens dès qu'il faut faire intervenir la moindre formule de calcul budgétaire.
En revanche, je ne suis pas convaincu que cela change grand chose à ma compréhension du monde de connaître les racines latines (et un peu grecques) des mots que j'emploie, si ce n'est que cela offre une vision d'ensemble pour apprendre d'autres langues latines.
Comme je vous l'ai dit, l'intérêt du latin est pour moi purement culturel (notamment pour comprendre ce qui est écrit ici ou là ; et puis l'étymologie m'amuse). Il m'est en revanche d'utilité négligeable dans ma vie professionnelle (et je ne connais aucun collègue pour qui il en serait autrement), et de fort peu d'utilité dans ma compréhension de la Cité.
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