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Bien-être (et bienveillance) à l'école
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Et dans les autres pays en tête du classement PISA (Shanghai, Singapour, Corée...) ?En Finlande, le bien-être de l'élève est primordial
Encore la faute des enseignants, tout ça.Dès que la cloche retentit, une bonne centaine d'élèves se range en file indienne afin de garnir les plateaux repas. Poulet au curry, soupe de légumes, salade composée… Le tout agrémenté de lait en libre-service. Au restaurant scolaire du lycée Viikki, dans le quartier sud-est d'Helsinki, l'heure du déjeuner est un vrai moment de détente autour d'un menu concocté sur place par des cuisiniers et totalement gratuit pour les élèves.
Rappelons que la Finlande avait en 2012 un PIB par habitant de 15% supérieur à celui de la France.
Oui enfin, en baisse plus nette que la France sur douze ans...Viikki n'est pas un cas d'école en Finlande. Réputé pour être l'un des plus performants au monde – les très bons résultats du pays aux enquêtes PISA l'attestent...
Ce qui est curieux, c'est que d'après PISA, ça n'a pas l'air de bien marcher.... le système éducatif met tout en œuvre pour le bien-être de l'élève. « Il est le centre de notre attention », confirme Markku Pyysiäinen, le directeur administratif adjoint de l'établissement qui compte également dans ses murs une école élementaire, un collège et un institut universitaire de formation des professeurs. « Nous voulons que chacun se sente bien dans le cadre de l'école, qu'il se sente en confiance, c'est la condition sine qua non pour un apprentissage efficace », renchérit Marina Martinov, qui enseigne l'anglais et le russe.
Rappelons que le taux de suicide des adolescents est presque trois fois supérieur au nôtre. Comme quoi le "bien-être primordial"...
Il n'y a plus qu'à espérer que toutes les municipalités aient les mêmes ressources financières. En France, c'est tout à fait le cas !CONCEPTION ÉGALITAIRE
L'atout premier du système finlandais est sa gratuité. Rares sont les dépenses laissées à la charge des familles. Tout – ou presque – est financé par la municipalité, dont l'école dépend financièrement.
Rien à voir avec la France.A Viikki, soit environ 1 000 élèves de 7 à 19 ans, « le ramassage scolaire ainsi que l'essentiel des fournitures et des manuels sont financés par la commune. Comme la cantine », explique Markku Pyysiäinen. Une conception égalitaire qui donne sa chance à chacun, peu importe le milieu social.
Ils sont très bien rémunérés : en début de carrière un professeur finlandais gagne 19% de plus qu'un professeur français dans le primaire et 15% dans le secondaire. Les salaires ont été revalorisés de presque 10% entre 2000 et 2011 (en France ils ont perdu 8% sur la même période, d'après RSE 2013).Le bien-être, ce sont aussi des salles spacieuses. A Viikki, les locaux contribuent au confort du cadre d'étude. L'établissement, fondé en 1869 – c'est l'un des plus anciens du pays –, a été refait à neuf en 2003. Et les professeurs semblent heureux d'y travailler. Il faut dire que dans la société finlandaise, le corps enseignant bénéficie d'une excellente image : « De manière générale, les parents ont une grande confiance envers les équipes pédagogiques », ajoute Markku Pyysiäinen.
Tiens, des vacances très longues (11 semaines à partir de fin mai)...A SALAIRE ÉLEVÉ, EXIGENCES ÉLEVÉES
Ici, pas de crise de vocation. « Nous avons une plaisanterie nationale qui dit que juin, juillet et août sont les trois raisons de la popularité du professorat », glisse Jyrki Loima, le directeur administratif de Viikki.
"Le Monde" n'enfourche pas le cheval des rythmes scolaires ?
Ce qui n'est pas possible dans le secondaire, même pour un agrégé en fin de carrière en France.L'argument salarial n'y est peut-être pas non plus étranger. « Un professeur avec vingt ans de carrière peut gagner jusqu'à 5 000 euros », précise M. Pyysiäinen.
Et comment se traduisent-elles, ces exigences ?Mais à salaire élevé, exigences élevées.
En France, pas du tout.Pour faire en sorte que l'élève s'épanouisse, l'enseignant déploie tout un éventail de méthodes pédagogiques.
Éviter les enseignements exigeants, c'est effectivement une solution aux problème. D'autant que la grammaire n'est absolument pas évaluée par PISA.« Je me remets systématiquement en question en construisant les cours de manière différente, en privilégiant le travail en petits groupes. Mais aussi en évitant les exercices de grammaire en classe, parce que c'est vite lassant…, explique Marina Martinov.
Enfin, ceux qui restent à l'école puisque seulement 93% des enfants finlandais sont inscrits dans le secondaire (contre 99% en France).Et puis je me dois de surprendre mes élèves ! Mais le plus important, c'est qu'ils soient conscients que je me soucie de leur réussite. Il faut être là pour les encourager. »
Aux yeux du "Monde" en tout cas. Car dans les autres pays en tête de PISA la notation n'est pas proscrite en primaire.Le système d'évaluation constitue également un atout de poids.
Mais ensuite elle n'est plus est devient aussi cruciale qu'en France pour l'affectation au lycée. Certains lycées pratiquent même l'entrée sur examen.Avant l'âge de dix ans, toute note est proscrite.
L'équivalent d'un zéro, en somme.Pour le reste, si l'on excepte la matriculation de fin de lycée – l'équivalent du baccalauréat –, les notes s'échelonnent entre 4 et 10. Qu'un élève ait raté partiellement ou complètement son évaluation, il sera sanctionné par un 4.
Et quand un élève ne rend rien, il a presque à moitié réussi malgré tout !
Un élève en échec total est donc toujours tout proche de la réussite : c'est intelligent !En sachant qu'il lui faut atteindre un minimum de 5 pour valider un examen.
Et soyons assurés que la plus mauvaise note n'est plus du tout humiliante pour les élèves.« En attribuant un 4, le but est de lui montrer qu'il n'a pas complètement échoué, affirme Markku Pyysiäinen. Le zéro serait synonyme d'humiliation. Et nous ne voulons pas de cela. »
Ajoutons que ce système vient d'entrer en France : les zéros étaient déjà découragés au baccalauréat (rapport à rédiger) mais désormais en langue la note minimale est de 4/20 : tout va aller mieux !
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Si l'on mesurait le haut niveau d'anxiété, la faible estime de soi…la France serait championne du monde ?
Yann Algan : C'est effectivement l'un des apports insuffisamment soulignés du programme PISA : les jeunes Français sont plus anxieux que la plupart de leurs camarades. Au moins la moitié ne se sentent pas chez eux à l'école.
Quelle conclusion faut-il en tirer ?Dans leur ressenti, l'école est au moins aussi anxiogène que dans les pays asiatiques, réputés pour « mettre la pression », mais qui se classent, eux, en tête du peloton.
En quoi une notation qui s'assurerait de l'acquisition des compétences serait moins une "sanction" ?La responsabilité incombe-t-elle uniquement aux pratiques enseignantes ?
Il y a en France un surdéterminisme de l'école et des diplômes sur l'ensemble de la carrière professionnelle, le « parchemin scolaire » dictant tout – ou presque – de la vie future. Mais on ne peut ignorer que les élèves sont évalués très tôt, et notés au dixième de point près, pour être classés, plutôt que pour s'assurer de l'acquisition de compétences. Une « notation sanction »...
Et non : les professeur notent pour que l'élève se situe vis à vis des objectifs attendus, et non pour classer les élèves entre eux.
Enfin il est en voie de disparition en France. Les résultats sont merveilleux !...dont le corollaire est le redoublement : en France plus qu'ailleurs, il plane comme une épée de Damoclès au-dessus de la tête des élèves.
C'est une collection de clichés néo-pédagogiques, encore une fois.Enfin, entrent aussi en ligne de compte les pratiques d'enseignement dites « verticales » : le cours magistral, la transmission des savoirs prime sur tout le reste.
Ce n'est vrai qu'au lycée et la prise de note est un acte d'intelligence.Sur une séquence d'une heure de cours, 60 % des élèves passent leur temps à prendre des notes.
Ah bon ?Deux tiers disent n'avoir jamais travaillé en petits groupes, sur des projets collectifs, alors que pour construire une société moderne, il faut développer ces compétences.
Ça tombe bien, les élèves français font partie de ceux qui socialement se portent le mieux dans PISA 2012.Quel est l'impact du manque de confiance en soi sur les comportements professionnels, l'insertion économique et sociale ?
Des recherches, menées dans les pays anglo-saxons notamment, ont montré que les compétences non cognitives – autrement dit les compétences sociales, comme la capacité à coopérer avec autrui, l'empathie… – expliquent l'essentiel des comportements professionnels.
"plus facilement" : c'est-à-dire ?Qu'elles permettent une insertion beaucoup plus élevée, avec dix points de plus en termes de taux d'emploi. Une expérience lancée en 1983 à Montréal (Québec) auprès de garçons de 7 à 8 ans issus de milieux défavorisés l'a confirmé. Parmi ces jeunes adultes aujourd'hui trentenaires, ceux qui ont bénéficié durant deux années d'un enseignement intensif tourné vers l'échange et l'estime de soi ont trouvé plus facilement un emploi.
Dans l'imaginaire collectif, l'idée est bien ancrée qu'il faut souffrir pour apprendre…
Apprendre est effectivement associé à la peine, au sacrifice, parfois à la torture.
Et ces études sont confirmés par le classement PISA 2012 et la réussite des pays asiatiques, où l'empathie et la notation sont peu importants.Et pourtant, les études en neurobiologie ont montré que nous apprenons mieux lorsque nous nous sentons confortés dans nos aptitudes à réussir.
Ah les hormones, maintenant. Tout est dans ce futur empli de certitude.Prenons l'exemple d'un professeur qui donne un exercice à deux groupes d'élèves, expliquant au premier qu'il va les classer, au second qu'il va simplement valider leurs acquis. Les notes du premier groupe, dont les membres vont sécréter de la cortisone – l'hormone du stress –, seront plus faibles.
C'est curieux, mais mon expérience de professeur montre exactement l'inverse.
Le deuxième groupe, lui, sécrétera de l'ocytocine, hormone associée au plaisir, qui favorise la mémorisation et le raisonnement.
C'est vrai qu'à Shanghai, ce n'est pas la compétition du tout.Bien que les mentalités aient évolué depuis les années 1980, où l'on pensait que la compétition rendait les élèves plus productifs, la France reste attachée à sa petite élite malthusienne – 5 % de la société – très durement sélectionnée par l'école, et que le monde entier nous envie.
Absolument pas confirmé par PISA 2012 (voir le tableau plus haut), c'est dommage.La confiance se fabrique, écrivez-vous dans « La Fabrique de la défiance… et comment s'en sortir » (Albin Michel, 2012). Alors, comment la reconstruire à l'école ?
Il n'y a pas de « fatalité » à ce mal français.
Nouvelle pédagogie.Les pratiques pédagogiques favorisant un élitisme forcené – élitisme scolaire qui nourrit l'élitisme des entreprises et de l'Etat – peuvent être infléchies. On peut réduire le primat des disciplines...
Nouvelles pédagogies....réviser les méthodes d'évaluation, développer des méthodes « horizontales » d'apprentissage…
En tête de PISA ?L'exemple de nombreux pays...
Finalement, parmi les pays où les élèves se sentent le mieux à l'école et sont "performants", la France s'en sort très bien.
Quel rapport avec le bien-être des élèves ?...est là pour témoigner que cet objectif n'est pas inatteignable, même si son horizon est lointain. A plus court terme, c'est sur la formation des enseignants qu'il faut intervenir. La France reste le seul pays d'Europe où ils sont sélectionnés uniquement en fonction de leurs connaissances académiques.
Un professeur de Sciences-Po qui dénonce la sélection et l'élitisme à la française, il fallait oser ! M. Algan peut toujours aller enseigner dans les établissements défavorisés qui ont du mal à retenir les enseignants...
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Mr Viemoderne, je vous sens rétif aux leçons de la science. Vous devriez pourtant deviner que l'ocytocine est l'hormone de l'accouchement, et que tout bon pédagogue devrait donc s'appuyer sur ses effets bénéfiques pour faire accéder l'élève à la connaissance.Loys écrit:
Le deuxième groupe, lui, sécrétera de l'ocytocine, hormone associée au plaisir, qui favorise la mémorisation et le raisonnement.
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Ce qui suscite le plaisir ne demande pas d'effort...Vincent Peillon : « Arrêtons d'opposer plaisir et effort à l'école »
Mobilisation tardive du "Monde". Les résultats étaient bien plus mauvais en 2006.Créer un « PISA choc » : c'était l'objectif du Monde en lançant, lundi 3 février, une série consacrée aux mauvais résultats de la France dans l'étude de l'OCDE évaluant les compétences des élèves à 15 ans.
C'est vrai que c'est presque un sport au "Monde" de malmener l'école et ses enseignants.Lire aussi : Le Monde bouscule l'école en six questions
Enfin si l'on oublie que la plupart des pays ne scolarise pas tous leurs élèves dans le secondaire.Les enfants de pauvres sont-ils condamnés à l'illettrisme, demandait « Le Monde » en début de semaine. A vos yeux, ce déterminisme que PISA a mis en évidence est-il enrayable ?
L'école française reproduit les inégalités et les accroît même parfois. La France est même désormais le pays le plus inégalitaire de l'OCDE.
Les collègues en grève des établissement défavorisés de la région parisienne ne semblent pas partager cette opinion.Ce n'est pas acceptable, et ce n'est pas une fatalité. Nous avons fixé, dans la loi, un objectif de réduction à moins 10 % des écarts de performance à la fin de la scolarité obligatoire entre les collégiens de l'éducation prioritaire et les autres. C'est un défi, et nous mettons tout en œuvre pour y parvenir.
Je préfère l'innovation à l'efficacité , pour ma part.C'est d'autant plus important que la réduction des inégalités est le premier pas vers une amélioration globale du système pour tous, y compris pour les meilleurs. On ne le répète pas assez, mais en éducation, efficacité et justice sociale vont de pair.
C'est effectivement à mettre au crédit de ce ministère avec quelques autres mesures.Mais, concrètement, que faites-vous de spécifique pour cette population ?
En mettant l'accent, en primaire, sur la maîtrise de la langue et des fondamentaux, c'est à ces enfants que je pense d'abord. C'est pour eux aussi que nous remettons en place une scolarisation précoce. Dans l'éducation prioritaire, nous avons fait progresser la scolarisation des moins de 3 ans de près de 3 points en une rentrée seulement.
La réforme des concours, devenus moins disciplinaires que jamais, est très encourageante.Les mesures prises depuis dix-huit mois convergent toutes vers la création d'une école plus juste : la priorité au primaire avec le « plus de maîtres que de classes » et le recentrage de la formation continue des enseignants sur les fondamentaux ;
Nul doute qu'avec cette réforme fondamentale le niveau des élèves va progresser....la réforme des rythmes scolaires, qui donne une matinée de plus pour apprendre à lire et des activités périscolaires gratuites à beaucoup plus d'enfants ;
Idem......des services de tutorat numérique ;
En réduisant le nombre d'établissements concernés, effectivement....la refondation de l'éducation prioritaire, où nous changeons d'échelle.
Il aura fallu attendre 2014 pour que les enseignants se rendent compte qu'ils pouvaient rencontre les parents.Il vous a été reproché de ne pas assez communiquer avec les familles, par exemple à propos des « ABCD de l'égalité ». L'information des familles est pourtant un levier pour améliorer la réussite…
C'est un point sur lequel j'insiste beaucoup. D'ailleurs, les relations avec les parents font désormais partie à part entière du métier d'enseignant, ils doivent y être formés, et cela est intégré dans leur service. C'est une nouveauté radicale.
Nul doute que tout va changer, maintenant.
Un façon de supprimer la nécessité d'avoir des relations avec les enseignants.Nous avons aussi mis de nombreux outils à disposition des familles, pour accompagner leurs enfants dans les apprentissages, pour ouvrir l'école aux parents, pour leur donner le dernier mot dans l'orientation.
C'est le grand écart.Quant aux « ABCD », les associations de parents avaient été consultées, et c'est bien naturel. Mais attention : mieux associer les parents ne veut pas dire ouvrir l'école à tous les groupes de pression et toutes les violences de la société.
"Dans la vie", vraiment ?Vous nous parlez de l'apprentissage de la langue, mais quid des mathématiques ? Peut-on les enseigner à tous ? A lire les résultats des jeunes Français à PISA, on peut se poser la question.
PISA constate non seulement les lacunes des jeunes Français, mais pointe en outre qu'ils ont une difficulté particulière à utiliser leurs connaissances mathématiques pour appréhender des situations qu'ils rencontrent dans la vie.
Il faut d'urgence refaire les programmes pour que la France réussisse à PISA !Cela repose le vieux débat théorique entre l'approche conceptuelle et l'approche empirique d'une discipline, certes, mais cela dit aussi qu'il y a quelque chose à repenser dans notre enseignement des mathématiques. J'ai d'ailleurs saisi le Conseil supérieur des programmes à ce sujet.
Cette sélection n'existe qu'à partir du lycée.Les mathématiques souffrent aussi de leur position de discipline de sélection. On les étudie pour être dans la filière la plus valorisée du lycée et non pas pour elles-mêmes. Mais c'est très difficile à faire bouger, parce qu'on a toujours eu dans ce pays une discipline utilisée pour sélectionner. Cela a été le latin, aujourd'hui ce sont les mathématiques. Cela montre qu'une réforme de l'éducation est d'abord une réforme des mentalités…
A voir si ce manque de confiance n'est pas plutôt une volonté de rigueur.En mathématiques comme ailleurs, les élèves français ont un rapport ambigu à l'école, qu'ils trouvent stressante et qui leur donne moins confiance en eux que l'école anglo-saxonne, par exemple.
L'école a déjà bien changé parce qu'on a renoncé à certaines pratiques s'apparentant à une forme d'exigence. Une évolution continue dans ce sens ne peut laisser espérer que des progrès, effectivement.C'est exact, et c'est mesuré. Pour que l'école change, il ne suffit pas que le ministre le décrète, il faut que les pratiques évoluent dans les classes, et même en dehors, dans les attentes de la société et les représentations des parents.
Nous voulons construire une école de la confiance et de la bienveillance.
Pour cela, il faut aider les enseignants, mais aussi changer la façon qu'a l'institution de les traiter. Il faut être cohérent. Par exemple, si les enseignants sont eux-mêmes l'objet d'évaluations-sanctions, leurs propres pratiques d'évaluation s'en ressentiront forcément.
C'est un nouvel angle d'attaque pour supprimer les notes à l'école, je pense.
Mais d'où sort cette "souffrance" en France ?Ma mission de ministre est de faire avancer de front ces deux chantiers.
Il n'est pas possible de réussir à l'école sans sérénité, sans plaisir, sans confiance et sans motivation. Alors arrêtons d'opposer plaisir et effort. On peut être plus exigeant lorsque les élèves prennent du plaisir à apprendre que lorsqu'ils souffrent.
Bref, ils feraient comme nous !Le président de l'UMP, Jean-François Copé, voudrait en finir avec le collège unique qu'il estime trop hétérogène. Que lui répondez-vous ?
Que nous enseigne sérieusement PISA ? Que les pays qui ont des systèmes éducatifs efficaces ont des troncs communs longs et que ceux qui progressent, comme l'Allemagne, allongent ce tronc commun.
Tous les espoirs sont permis !Au collège, il faut un cadre commun pour tous et une prise en compte des différences. Une exigence commune pour tous les élèves dans la scolarité obligatoire, cela ne veut pas dire un collège uniforme et aveugle à l'hétérogénéité. La réforme que je prépare pour 2015 consiste justement à donner de l'autonomie aux équipes pour construire des réponses pédagogiques différenciées pour leurs élèves. Je veux donner aux établissements plus de moyens que ce dont ils ont strictement besoin pour mettre en œuvre les programmes. J'y consacre 4 000 emplois et, là encore, j'ai demandé au conseil des programmes des propositions.
Nul doute que les lacunes vont être comblées par une telle liaison.Mais, en définitive, la réforme du primaire est le premier outil d'amélioration du collège. Si les enfants n'arrivaient pas avec des lacunes aussi importantes en 6e, le collège serait en moins grande difficulté. Ce qui n'empêche pas d'améliorer les transitions. C'est pourquoi nous avons créé le conseil école-collège dans la loi. Il est maintenant obligatoire pour les enseignants de collège de se concerter avec les maîtres du primaire.
Optimise-t-on vraiment le potentiel de 800 000 enseignants ?
Les enseignants n'ont reçu ces dernières années ni la confiance ni les moyens dont ils avaient besoin. Il faut être ambitieux !
Mais pas idéologiquement orientée vers les nouvelles pédagogies comme l'étaient les IUFM ?D'abord, nous transformons leur formation. C'est un défi pour les ESPE , parce qu'on leur demande de faire quelque chose de radicalement nouveau, une formation progressive, intégrée et professionnalisante.
C'est vrai que les enseignants n'attendaient que ça : des atteintes à leurs statuts !C'est difficile, mais c'est la clé du redressement et nous avançons.
J'ai aussi consulté les enseignants sur les programmes du primaire et sur l'éducation prioritaire. Nous avons revu presque tous les métiers, avec des avancées pour chacun, signes de notre respect, et nous sommes en train d'aboutir avec le secondaire sur la réécriture des décrets de 1950. L'essentiel, j'y veille, c'est de permettre l'adhésion des enseignants et de tous les personnels à la refondation.
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Vincent Peillon écrit: Nous avons l'école la plus douloureuse au monde. Le système scolaire qui marche le mieux est celui qui donne le plus de confiance aux élèves; et l'estime de soi, la confiance, c'est ce que la pratique artistique permet de développer.
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Dominique Moïsi écrit: S'interrogeant sur les raisons de leur optimisme et de leur bonheur - au-delà bien sûr de leur sécurité économique et financière -, les Norvégiens mettent souvent en avant leur système d'éducation. Les jeunes Norvégiens, me disent-ils, sont heureux à l'école. « Il faut commencer le plus tôt possible à être heureux », insiste mon interlocuteur norvégien, un ancien ministre des Affaires étrangères qui connaît bien le système français. Il est vrai que, sur ce plan, le contraste avec la France ne saurait être plus grand. Le « malheur français » commence à l'école. Il ne s'agit pas d'ouvrir les esprits, mais d'éliminer, sinon de briser, le plus grand nombre dans un processus de sélection des « meilleurs ». Un système qui renforce et semble justifier les inégalités.
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