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L'anglais à l'université
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Pour prendre un exemple personnel, les étudiants étrangers dans mon UFR sont dans des groupes spéciaux en première année de licence où ils ont des cours de français. De mon côté, j'ai suivi un très cours cursus d'anglais renforcé où certains de nos TD de physique du S1 étaient en anglais (même si j'admets que cela n'a pas été très utile pour le peu que nous avons fait). Si les cours en anglais prennent autant de place de les cursus universitaires, c'est aussi parce que je pense qu'il y a un réel problème de l'enseignement de l'anglais dans le secondaire. Un enseignement qui ne montre pas grande utilité au vu de l'absurdité et de l'inutilité des programmes proposés et de la compétence de la plupart des professeurs qui est à mettre en doute. Au mieux, l'élève stagne et au pire il régresse. Donc peut-être faudrait-il d'abord réformer l'enseignement de l'anglais dans le secondaire avant de vouloir l'imposer à des enfants qui ne maîtrisent même pas encore toutes les facettes de leur langue maternelle et de faire après de la remise à niveau en post-bac.
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Rien ne vaut la technique du fait accompli, sinon ils avaient une autre solution encore plus simple, ne plus recruter de prof. français du tout ?Loys écrit: Et ce long billet de David Monniaux sur son blog : "Le rayonnement de la culture française" (17/03/13).
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Voici donc ce que j'ai pu dire sur le blog de DM : Il est bien sûr difficile de trouver des traducteurs spécialistes dans des domaines de recherches spécialisés, le meilleur traducteur étant au fond le chercheur lui-même, pour peu qu'il parle correctement l'anglais. Mais précisément, pour ne pas renoncer à notre propre langue, ne pourrait-on exiger d'un chercheur voulant publier ses travaux en anglais qu'il en propose une version française et que la soutenance ait lieu en français ? Bien sûr c'est un travail supplémentaire, qu'il faudrait prendre en compte dans les délais accordés, mais je crois que, la pensée de chacun s'élaborant de toute façon dans sa propre langue et le plus difficile étant la traduction dans une langue étrangère, une version française n'exigerait pas un effort démesuré.
Et la réponse de David Monniaux :
Donc, si j'ai bien compris, vous voudriez que moi, par exemple, si je rédige un papier pour une revue ou conférence internationale spécialisée, je le rédige d'abord en français, puis que je le traduise, que je l'envoie aux experts internationaux, qu'ils me fassent des remarques, et que je mette à jour les version françaises et anglaises de façon synchrone, jusqu'à acceptation définitive ?
Ceci se combinant avec les éventuelles exigences des revues, du type nombre maximum de pages : je peux devoir supprimer une phrase, un paragraphe, résumer une partie etc. pour rentrer dans celles-ci. (Je vous rappelle par ailleurs que je fais moi-même la mise en page et que je n'ai pas de « petites mains » pour m'aider.) Comme la longueur en français n'est pas celle en anglais, il faudrait probablement ajuster tout en anglais, et propager en arrière sur le texte français.
Finalement, la technique la plus simple serait de tout rédiger en anglais, puis de traduire la version finale en français. Mais c'est exactement l'inverse de ce que vous suggérez par « le plus difficile étant la traduction dans une langue étrangère » ; et par ailleurs, qui lira la version française ?
Enfin, je ne suis pas d'accord avec votre affirmation « la pensée de chacun s'élaborant de toute façon dans sa propre langue ». Nous travaillons dans un environnement international ; j'ai des collaborateurs allemands, roumains, chinois etc., je vais dans des conférences internationales où la langue d'échanges est l'anglais, et croyez-moi, on ne peut pas, dans ces échanges, prendre le temps de traduire en français dans sa tête ce qui se dit, puis penser, puis retraduire : il faut au moins un circuit rapide et répondre du tac au tac (sauf à vouloir se comporter comme certains chercheurs chinois ou japonais, notamment, qui apprennent leur exposé par cœur mais ne comprennent pas les questions posées). Certes, quand on réfléchit tout seul, on pense en général dans sa langue maternelle, mais cela ne suffit pas pour un travail dans un tel contexte.
Je ne suis pas non plus d'accord avec votre affirmation « le plus difficile étant la traduction dans une langue étrangère ». Pas du tout. Le plus difficile est de faire la recherche, de trouver les concepts qui vont bien, de prouver ce que l'on doit prouver, de programmer ce que l'on veut programmer (le cas échéant), de déboguer les programmes et de faire des essais significatifs (là encore, le cas échant). Ceci demande de la réflexion, avec de nombreuses fausses pistes et difficultés que l'on rencontre au fur et à mesure. Par comparaison, la rédaction est une étape certes fastidieuse (surtout si l'on a des contraintes de taille, ou si l'on doit faire des figures), mais qui n'est pas franchement dure pour peu qu'on maîtrise l'anglais technique, ce qui vient généralement avec l'habitude.
Enfin, permettez-moi une petite remarque au sujet de « l'effort démesuré ». Comme un autre intervenant faisait remarquer à WikiBuster, je vous trouve quelque peu libéral avec le temps de travail des autres, surtout alors que vous n'êtes pas familier de leurs activités réelles. C'est toujours facile d'exiger du travail supplémentaire quand ce sont les autres qui doivent le faire.
Si l'on écoutait l'ensemble des personnes qui s'expriment au sujet de la recherche, il faudrait faire des activités de vulgarisation, aller dans les écoles, écrire des versions en français des publications, s'investir dans la relation science-société, tenir un blog de recherche (et non un modeste blog personnel comme celui-ci), le tout en continuant d'encadrer quotidiennement les doctorants, de se battre contre l'administration, de demander et de gérer des financements, de recruter des doctorants et des post-doctorants, et, pour les enseignants-chercheurs, de faire cours et de gérer la myriade de problèmes de gestion et d'administration liés à l'enseignement. Dans ce cas, excusez-moi, quand est-on censé faire de la recherche ? Le tout, rappelez-vous, dans un contexte où l'on est évalué au pro-rata de la recherche produite et publiée internationalement (*).
(*) La publication nationale poserait probablement d'énormes problèmes de conflits d'intérêt au niveau de l'évaluation, comme c'est déjà en partie le cas pour les projets de l'Agence nationale pour la recherche.
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Est-il juste de parler d'une mentalité de "colonisé" ?Loys écrit: Et ce long billet de David Monniaux sur son blog : "Le rayonnement de la culture française" (17/03/13).
Loys écrit: ne pourrait-on exiger d'un chercheur voulant publier ses travaux en anglais qu'il en propose une version française et que la soutenance ait lieu en français ?
Je lui ai déjà suggéré cela mais il ne comprend pas, ou plutôt : En fait il joue sur les mots comme presque tout le temps, il mélange volontairement la publication de vrais travaux originaux et les communications internationales entre prétendus experts...
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La version définitive me paraît bien suffire.Donc, si j'ai bien compris, vous voudriez que moi, par exemple, si je rédige un papier pour une revue ou conférence internationale spécialisée, je le rédige d'abord en français, puis que je le traduise, que je l'envoie aux experts internationaux, qu'ils me fassent des remarques, et que je mette à jour les version françaises et anglaises de façon synchrone, jusqu'à acceptation définitive ?
Ce sont des détails, importants sans doute, mais des détails.Ceci se combinant avec les éventuelles exigences des revues, du type nombre maximum de pages : je peux devoir supprimer une phrase, un paragraphe, résumer une partie etc. pour rentrer dans celles-ci. (Je vous rappelle par ailleurs que je fais moi-même la mise en page et que je n'ai pas de « petites mains » pour m'aider.) Comme la longueur en français n'est pas celle en anglais, il faudrait probablement ajuster tout en anglais, et propager en arrière sur le texte français.
Vos collègues français, et qui sait peut-être des "experts internationaux" francophones. Vous savez que dans de nombreux pays le français est une langue officielle.Finalement, la technique la plus simple serait de tout rédiger en anglais, puis de traduire la version finale en français. Mais c'est exactement l'inverse de ce que vous suggérez par « le plus difficile étant la traduction dans une langue étrangère » ; et par ailleurs, qui lira la version française ?
Bien sûr, mais nous parlons de travaux écrits, pas d'échanges oraux.Enfin, je ne suis pas d'accord avec votre affirmation « la pensée de chacun s'élaborant de toute façon dans sa propre langue ». Nous travaillons dans un environnement international ; j'ai des collaborateurs allemands, roumains, chinois etc., je vais dans des conférences internationales où la langue d'échanges est l'anglais, et croyez-moi, on ne peut pas, dans ces échanges, prendre le temps de traduire en français dans sa tête ce qui se dit, puis penser, puis retraduire : il faut au moins un circuit rapide et répondre du tac au tac (sauf à vouloir se comporter comme certains chercheurs chinois ou japonais, notamment, qui apprennent leur exposé par cœur mais ne comprennent pas les questions posées).
Vous me donnez raison ici. Si vous pensez en français, vous n'avez pas à traduire en français.Certes, quand on réfléchit tout seul, on pense en général dans sa langue maternelle, mais cela ne suffit pas pour un travail dans un tel contexte.
Bien entendu, DM, mais vous vous égarez : par "le plus difficile", j'entends entre rédiger en français ou bien rédiger en anglais.Je ne suis pas non plus d'accord avec votre affirmation « le plus difficile étant la traduction dans une langue étrangère ». Pas du tout. Le plus difficile est de faire la recherche, de trouver les concepts qui vont bien, de prouver ce que l'on doit prouver, de programmer ce que l'on veut programmer (le cas échéant), de déboguer les programmes et de faire des essais significatifs (là encore, le cas échant). Ceci demande de la réflexion, avec de nombreuses fausses pistes et difficultés que l'on rencontre au fur et à mesure.
Je n'en doute pas.Par comparaison, la rédaction est une étape certes fastidieuse (surtout si l'on a des contraintes de taille, ou si l'on doit faire des figures), mais qui n'est pas franchement dure pour peu qu'on maîtrise l'anglais technique, ce qui vient généralement avec l'habitude.
J'aimerais bien savoir ce qui vous autorise à cette généralisation abusive.Enfin, permettez-moi une petite remarque au sujet de « l'effort démesuré ». Comme un autre intervenant faisait remarquer à WikiBuster, je vous trouve quelque peu libéral avec le temps de travail des autres, surtout alors que vous n'êtes pas familier de leurs activités réelles. C'est toujours facile d'exiger du travail supplémentaire quand ce sont les autres qui doivent le faire.
Effectivement il est facile d'exiger un travail supplémentaire quand il ne s'agit pas de notre propre travail. Mais permettez ma réflexion sur un bien qui nous est commun : la langue.
Souvenez-vous, par ailleurs, que vous avez longuement fustigé l'an passé l'inutilité du commentaire de texte ainsi que critiqué l'enseignement du français dans sa forme actuelle. Vous avez même suggéré aux professeurs du secondaire (tout en mesurant l'ampleur de la tâche) de contrôler à l'oral le travail écrit des élèves...
Loin de moi l'idée de sous-estimer votre travail. Mais s'il importe que vos travaux soient repris internationalement, vous toucherez un public d'autant plus large que vous les publierez en plusieurs langues. L'utilitarisme peut rejoindre la transmission de notre langue.Si l'on écoutait l'ensemble des personnes qui s'expriment au sujet de la recherche, il faudrait faire des activités de vulgarisation, aller dans les écoles, écrire des versions en français des publications, s'investir dans la relation science-société, tenir un blog de recherche (et non un modeste blog personnel comme celui-ci), le tout en continuant d'encadrer quotidiennement les doctorants, de se battre contre l'administration, de demander et de gérer des financements, de recruter des doctorants et des post-doctorants, et, pour les enseignants-chercheurs, de faire cours et de gérer la myriade de problèmes de gestion et d'administration liés à l'enseignement. Dans ce cas, excusez-moi, quand est-on censé faire de la recherche ? Le tout, rappelez-vous, dans un contexte où l'on est évalué au pro-rata de la recherche produite et publiée internationalement (*).
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Pour celui qui sait lire il est très facile de distinguer entre des arguments qui pourraient plaider pour l'usage de l'anglais en France et des justifications d'un état de fait qu'on prévoit et qu'on souhaite voir se réaliser. Je crois que certains employés de l'Etat perdent de vue qu'ils sont censés servir ses intérêts et là j'attends de pied ferme qu'on m'explique en quoi amplifier l'hégémonie de l'anglais est utile au peuple français. Tout cela alors qu'il n'y a une solution pragmatique et utilitariste imparable, les génies des maths qui sont heureux de penser et de rédiger en américain n'ont qu'à bosser pour les universités américaines, je suis sûr que pour donner de simples cours il restera des gens peut-être moins prétentieux mais encore très compétents pour enseigner dans les universités françaises. C'est pas une belle synthèse ça, Hmmm ?Loys écrit: Loin de moi l'idée de sous-estimer votre travail. Mais s'il importe que vos travaux soient repris internationalement, vous toucherez un public d'autant plus large que vous les publierez en plusieurs langues. L'utilitarisme peut rejoindre la transmission de notre langue.
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Je vous avouerais que je suis davantage choqué par le fait que des étudiants français en Chine ne parlent pas le chinois.Juraastro écrit: Cet alarmisme me semble un peu déplacé. On s'offusque que des étrangers ne parlent pas le français dans nos universités, mais il n'y a personne pour s'inquiéter de voir les étudiants français communiquer en anglais dans les universités chinoises parce qu'ils ne maîtrisent pas le chinois.
L'alarmisme est celui des journalistes de "VousNousIls" dont j'ai rapporté l'article en début de discussion. Cette question est un sujet d'interrogation légitime, preuve en est le débat qui s'ensuit.
Depuis la primaire, vous voulez dire. Comme quoi...Je pense qu'il doit exister un équilibre entre le français et l'anglais ; un étudiant en sciences ne peut progresser dans son cursus que s'il travaille à l'étranger et sans la maîtrise de l'anglais, cela sera extrêmement difficile.
Pour prendre un exemple personnel, les étudiants étrangers dans mon UFR sont dans des groupes spéciaux en première année de licence où ils ont des cours de français. De mon côté, j'ai suivi un très cours cursus d'anglais renforcé où certains de nos TD de physique du S1 étaient en anglais (même si j'admets que cela n'a pas été très utile pour le peu que nous avons fait). Si les cours en anglais prennent autant de place de les cursus universitaires, c'est aussi parce que je pense qu'il y a un réel problème de l'enseignement de l'anglais dans le secondaire.
Je ne sais pas ce qui vous autorise à émettre un tel jugement sur les professeurs d'anglais certifiés et agrégés.Un enseignement qui ne montre pas grande utilité au vu de l'absurdité et de l'inutilité des programmes proposés et de la compétence de la plupart des professeurs qui est à mettre en doute.
Visitez ce forum et vous comprendrez que les problèmes rencontrés dans le secondaire touchent tous les enseignements, au point que leur propre langue devient étrangère aux élèves. On n'apprend jamais si bien une langue étrangère que quand on maîtrise sa propre langue. D'où l'inutilité d'ailleurs d'enseigner l'anglais en primaire.
Comme je le disais, le problème est plus vaste.Au mieux, l'élève stagne et au pire il régresse. Donc peut-être faudrait-il d'abord réformer l'enseignement de l'anglais dans le secondaire avant de vouloir l'imposer à des enfants qui ne maîtrisent même pas encore toutes les facettes de leur langue maternelle et de faire après de la remise à niveau en post-bac.
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Si je regarde la fin de ma bibliographie, je trouve un article co-écrit avec un vietnamien travaillant en Suède et un danois travaillant aux États-Unis, un avec un brésilien, et un avec un allemand, aucun n'écrivant suffisamment bien français pour que nous puissions collaborer dans cette langue.
Il y a certes un assez grand nombre de pays où le français est langue officielle, mais la majorité sont des pays n'ayant pas les moyens d'entretenir un système d'enseignement supérieur et de recherche. Autrement dit, les experts internationaux francophones sont québécois, français, suisses romands ou belges... ou du moins résident dans ces pays. Je ne connais aucun scientifique dans mon domaine en Afrique, par exemple.
Les collègues français, devant se tenir au courant de la littérature internationale, lisent l'anglais. Je vous rappelle que nous n'avons pas de personnel pour traduire les revues étrangères.
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Et à quoi sert-il d'aller en Chine pour parler l'anglais ?? Autant directement s'inscrire sur Coursera !
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