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Le BYOD ou la promotion du smartphone à l'école
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Sous couvert de pragmatisme, une démission éducative. On a l'impression que personne n'a pris la décision d'équiper l'enfant d'un smartphone ou de lui payer un abonnement : c'est naturel, c'est inné chez le "natif du numérique". Rappelons que les élèves disposent de téléphones (et même de smartphones) de plus en plus jeunes : aux Etats-Unis en 2012, un quart des CE1 et plus de la moitié des CM2. Alors "ils en ont"...Des smartphones, ils en ont, alors on les utilise…
A noter qu'on pourrait décliner avec plein d'autres choses en principe interdites à l'école. Ou dans d'autres situations, comme pour un exercice ne nécessitant aucune connexion (c'est-à-dire la plupart des exercices scolaires, à vrai dire) . Mieux : déclinons pour un examen national, déconnecté par principe : "ils en ont, alors on les autorise".
Sur le même modèle on pourrait refonder la restauration scolaire : les élèves ont de la junk food dans les poches, alors on l'utilise...
Plus grave : en transformant en outil scolaire ce qui peut apparaître comme un renoncement parental, l'institution justifie et légitime ce renoncement, le rendant même nécessaire.
Mais non précisé, ni de quel niveau, ni dans quelle mesure ou dans quel cadre.Impressionnant le nombre d’enseignants qui déclarent inviter leurs élèves à utiliser leur téléphone portable (ou plutôt leur smartphone) en classe.
La loi ne dit pas que le téléphone est interdit mais que son "utilisation" est interdite. Cette interdiction visant à protéger l'enseignement, difficile d'accuser le professeur qui en permet l'utilisation dans le cadre de son enseignement.Alors que le téléphone mobile est interdit dans la loi » Article L511-5 Créé par LOI n° 2010-788 du 12 juillet 2010 – art. 183 (V) : « Dans les écoles maternelles, les écoles élémentaires et les collèges, l’utilisation durant toute activité d’enseignement et dans les lieux prévus par le règlement intérieur, par un élève, d’un téléphone mobile est interdite. »
Je ne vois pas d'opposition avec la loi.Le site du service public précise cependant que « À l’école et au collège, l’utilisation du téléphone portable pendant les heures de cours est interdite. L’élève ne peut donc pas l’utiliser ni en remplacement de sa calculatrice, ni pour consulter. Il pourra le faire pendant les heures d’interclasse ou de récréation, sauf mention contraire du règlement intérieur. » ( vosdroits.service-public.fr/particuliers/F21316.xhtml consulté le 22 octobre 2014).
Précisément les règlements ne l'interdisent pas...Rappelons ici que pour le lycée, c’est le règlement intérieur qui fait foi.
Ici, à l’inverse de la démarche BYOD (Bring Your Own Device) traduite par AVAN (Apportez vos appareils numérique), il ne s’agit d’inviter les élèves à apporter leur matériel, mais plutôt de constater qu’ils l’amènent, malgré les règlements.
On a peut-être assez d'acronymes, surtout pour désigner des réalités abstraites comme "appareils numériques".Du coup les acronymes proposée ne conviennent pas. Ils Vivent Avec Leurs Appareils Numériques (IVALAN) semble plutôt être le cas.
Le fait qu'ils viennent avec ce qu'ils veulent dans leur cartable ou leur poche n'interroge pas vraiment les pratiques.Ce fait, qui n’est pas nouveau est cependant une question qui interroge chacun dans sa pratique, mais aussi l’institution académique dans sa globalité.
Quel est le but de cette insistance sur l'infraction des enseignants ?On ne peut que constater que nombre d’enseignants enfreignent la loi en faisant utiliser l’appareil photo du téléphone mobile de leurs élèves, encouragés parfois même par des inspecteurs.
Un smartphone est un "téléphone portable".A moins que la loi, mais ce n’est pas précisé, limite l’interdiction à la fonction téléphonique. Ou alors que la loi s’applique pour les téléphones mobiles, mais pas pour les smartphones, non indiqués dans une loi qui a déjà plus de quatre années au cours desquelles les choses ont bien changé.
Pour le téléphone mobile et smartphone, 90% des 12/17 ans sont équipés en 2013.
C'est tout à fait prévisible compte tenu des abonnements et des appareils à prix cassé depuis 2012.Pour les smartphone les équipements changent rapidement puisque on passe de 17 à 39% de la population de plus de 12 ans équipée personnellement en 2013.
Non puisque un téléphone non utilisé reçoit et émet des ondes.Cette loi a été édictée suite au Grenelle de l’Environnement et vise à protéger les enfants des ondes.
A partir de quoi peut-on le penser ?Il est vrai que l’on peut penser que seule l’utilisation en locale serait autorisée dans la classe.
Des "utilisations" ? Mais quelles "utilisations" ? Par l'élève, par l'élève à la demande de son professeur ?Quatre types d’utilisations du smartphone se développent au sein des établissements : sécuritaire, communicationnelle, informationnelle, scolaire.
Les quatre "pratiques", on va le voir, sont évidemment mises à égalité, sans que l'une apparaisse plus importante que l'autre. Au passage Bruno Devauchelle oublie d'autres pratiques :
Je n'ai jamais entendu parler d'une telle "pratique".La pratique sécuritaire est celle qui justifie l’interdiction de confiscation puisqu’il s’agit de permettre à l’enfant de prévenir ou d’être prévenu en cas de difficulté.
Comprendre qu'il s'agit en fait d'une "pratique" parentale ("permettre à l'enfant"). C'est vrai qu'un élève dans un établissement scolaire ne peut prévenir personne ni être prévenu en cas de "difficulté" (?). L'école, c'est la jungle : on n'est jamais trop prudent.
Et en cours, pourquoi pas ?La pratique communicationnelle est typique de la pré adolescence et de l’adolescence qui apprécie le groupe de pairs et qui souhaite échanger avec eux aussi bien en présence qu’à distance, dans une sorte de continuité relationnelle.
Cette fois il s'agit d'une "pratique" des élèves.
C'est vrai que l'échange téléphonique "en présence", c'est une pratique particulièrement justifiée dans le monde moderne.
Car toute navigation est "informationnelle" (au sens noble bien sûr).La pratique informationnelle est celle qui consiste à conserver des traces sur son smartphone : traces de navigations sur internet...
Mais toujours des sujets très scolaires....trace d’activités diverses à l’aide de l’appareil photo, de l’enregistreur. Ainsi certains élèves n’hésitent plus à photographier un tableau, un travail pour ensuite le réutiliser.
L'expression "pratique encadrée" aurait été plus pertinente (la pratiquement "informationnelle" peut être scolaire et réciproquement).La pratique scolaire est celle qui nous amène à cette réflexion.
Pour le dire autrement elles sont secondaires.En effet c’est la pratique initiée ou proposée par l’enseignant. Elles sont variées et s’articulent en général bien avec une activité ordinaire de la classe à laquelle elles apportent un plus.
Effectivement.Ce que les équipes redoutent le plus, ce sont les usages clandestins, en particuliers communicationnels.
Visiblement des craintes infondées pour Bruno Devauchelle.
Tout ce qui est hors cours est hors sujet, à vrai dire.Et dans ce domaine il faut distinguer les usages sur temps de classe et les usages hors temps de cours, en CDI/CCC ou, en particulier, en internat.
Et pour cause. Évidemment ces usages sont plus faciles à contrôler quand l'élève ne dispose pas de téléphone portable avec un abonnement : mais ce serait aller contre les pratiques "sécuritaires", "communicationnelles" et "informationnelles" !Dans ce dernier cas, certains responsables ont véritablement élaboré des projets d’usage riches et variés, en réponse à des usages clandestins difficiles, voire impossibles à contrôler.
Passons. Dans cette logique, les usages "communicationnels" sont donc plus faciles à contrôler... ce qui ne laisse pas d'étonner.
L'usage encadré ou l'absence d'usage encadré ne change pas grand chose à ce "rapport de confiance". Le raisonnement est difficile à suivre ici.D’ailleurs les témoignages parlent de rapport de confiance avec les jeunes dans le cadre d’un accompagnement dialogué.
Sûr que si l'élève n'a plus besoin de dissimuler son téléphone portable, l'usage n'est plus clandestin !Une émission de curiosphère de 2010 montrait ce qu’il en était dans un lycée de Monistrol du Loire. On y relevait la description d’usages clandestins en cours, mais pas d’usage incités. Nous avons donc bien une réelle évolution dans les pratiques.
On se demande bien sur quoi se fonde une telle affirmation.Nous passons progressivement à des pratiques intégrées au cours qui semblent d’ailleurs générer une diminution des pratiques clandestines.
Comprenons bien Bruno Devauchelle : plus l'élève est invité à utilisé son téléphone portable en cours, plus il l'utilise à bon escient. Conclusion : il faut interdire les cours n'invitant pas les élèves à utiliser les téléphones portables.
Ah les "tablettes" désormais : puisque les élèves "en ont, alors on les utilise".Les pratiques qui se développent dans les classes sont assez riches et variées. Elles sont assez similaires selon que l’on a des smartphones ou des tablettes personnelles ou que l’on confie aux élèves des tablettes.
On met donc sur le même plan des équipements fournis par l'école (avec les restrictions inhérentes) et le matériel qui appartient aux élèves, sans aucune restriction.
Ces enrichissement peuvent parfaitement constituer des appauvrissements : ne pas apprendre, ne pas traduire par soi-même, ne pas réduire une équation par soi-même etc.Voici un aperçu de plusieurs de ces « manières de faire ».
– enrichissement de situations habituelles : recherche de définitions, traductions, références, utilisation de la calculatrice, de la fonction MP3, photos de travaux pour les élèves absents et ensuite déposés sur le cahier de texte numérique ou envoyés par mail.
La nécessité d'être présent en cours devient très relative.
Supprimons les CDI, dira bientôt la Cour des comptes !– Pratiques d’enquêtes ou de recherche d’information, suivi de traitement et présentation (à l’instar de l’exposé)
A quoi bon prendre des notes ? Il restera toujours des "traces" sur une carte mémoire.– Traces de l’activité sous forme multimédia, audio, photo, vidéo
Autant de projets totalement secondaires par rapport à ce qui est attendu à l'école.– Créations de contenus – reportages, courts métrage, animations, présentations, frises chronologiques enrichies…
– Analyse de situation et problématisation – à partir d’une situation, repérage de moments importants stockés sous forme de vidéo ou de photo donnant ensuite lieu à production et présentation à l’enseignant ou au groupe
On s'entraîne mieux à l'écrit avec un téléphone, c'est sûr.– Communication hors la classe – travail en lien avec d’autres classes sous forme de défi, de travail collectif ou collaboratif, entraînement à l’expression orale et à la compréhension, ainsi qu’à l’écrit
Mais pas ceux qu'on pourrait croire bien sûr. Le numérique sauvage ou le numérique contre-productif n'existe pas pour Bruno Devauchelle.On remarque que quelques écueils se dressent pour certains de ces usages :
D'où la nécessité de mettre à la disposition de leurs outils de travail des réseaux de qualité.en premier lieu lorsqu’Internet est nécessaire, il faut que la connexion soit de bonne qualité (wifi, 4g) et non couteuse pour les élèves;
Et encore du matériel à racheter...ensuite, il est toujours important de pouvoir projeter le travail des élèves depuis leur appareil. Pour l’instant les solutions techniques sont encore peu standardisées mais elles se développent;
Comment peut-on travailler dans ces conditions ?!Enfin on propose aux usagers de ces smartphones et tablettes de préférer les applications qui travaillent en locale à celle qui exigent des connexions à Internet ou encore les applications en ligne. En effet c’est la connexion qui pose le plus de problèmes de disponibilité et de rayonnements radioélectrique, de plus lorsque l’on utilise le smartphone dans des sorties hors de l’établissement, les connexions sont parfois difficiles à établir.
On voit mal en quoi des "limites" sont posées quand précisément elles sont retirées...Désormais, il semble que nous ayons passé un cap. Même si une part de ces activités peuvent sembler illégales, ou tout au moins en bordure des règles, on s’aperçoit qu’il devient urgent de repenser les règles générales mais aussi les règlements intérieur. Faut-il totalement légiférer et encadrer ces pratiques ? Je ne le pense pas. En effet, nous assistons là à l’émergence de pratiques spontanées issues de pratiques sociales qui rencontrent des pratiques scolaires et à ce titre permettent au jeune de comprendre le lien, la continuité, mais aussi les limites des usages en contexte scolaire et en dehors.
Aucun exemple concret n'a été donné de ces "besoins éducatifs". Comprendre que les enseignants qui n'auraient pas recours à ces "pratiques" ne participent pas de cette "bonne santé".Or ces pratiques sont un signe de « bonne santé » du corps enseignant qui, loin des cénacles et autres célébrations de l’innovation ou autre, mettent en oeuvre des pratiques ordinaires (ou pas) qui correspondent à de véritables besoins éducatifs.
Cette crainte est assez amusante : initier les usages, mais surtout ne pas les encadrer. Bizarre pour un pédagogue qui intitule son blog "veille & analyse TICE" puisqu'il s'agit d'une négation des TICE.Il nous faut espérer que l’institution saura profiter de ce mouvement pour ne pas le scolariser et ainsi renvoyer ces pratiques à des règles, des normes qui pourraient être ressenties comme venues d’en haut, alors que là, elles émergent réellement de questionnement quotidiens.
Bref, pour résumer, encore un article qui légitimer l'utilisation des téléphones portables en cours. Voir le reste de ce fil ou l'article "Que les SMS essaiment !"
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Florence Robine évoque le "fossé" entre l'école et "ce que vivent les jeunes eux-mêmes" : "ils ne se reconnaissent plus dans ce que l'école leur donne à voir de la société". "C'est non seulement dommage, mais c'est dangereux."
Florence Robine écrit: Il faut former les jeunes aux usages respectueux et responsables du numérique [...] Là aussi l'école a une vraie responsabilité sur ce sujet et ça ne passe pas par le fait d'interdire les smartphones dans les établissements scolaires : pour moi c'est pas ça la bonne réponse. La bonne réponse, elle est qu'au contraire on puisse les utiliser, mais qu'on les utilise en connaissance de cause, pour un bon usage, que ça permette l'accès à la culture et au savoir". [...] J'ai été frappée [...] les enfants des catégories socio-professionnelles les plus défavorisées sont les enfants, les jeunes qui sont le plus équipés en ordi, en smartphones, en tablettes etc. Bien plus que les enfants des catégories socio-professionnelles les plus favorisées [...] On a cantonné les usages de ces formidables outils à ce qui peut être le pire du numérique, parce que ça existe aussi. [...] Les enseignants, et beaucoup le démontrent, n'ont pas à en avoir peur".
A noter que les smartphones ne sont pas interdits dans les établissements scolaires et qu'en principe l'école elle-même apporte "l'accès à la culture et au savoir".
Avec l'expression "on a cantonné", Florence Robine fait porter la "responsabilité" sur l'école, ce qui ne laisse pas d'étonner...Florence Robine écrit: On a cantonné les usages de ces formidables outils à ce qui peut être le pire du numérique, parce que ça existe aussi.
Ces objets numériques, dernier avatar de la société de consommation qu'il faudrait donc accepter dans l'école, ne sont certainement pas conçus ni consommés pour une utilisation éducative. Quelle est la responsabilité de l'école à ce sujet ?
Comment de "formidables outils" peuvent-ils permettre "le pire" ? Un manuel est un "outil" scolaire, plus ou moins bon : il ne permet en aucun cas "le pire"...
La paradoxale inégalité d'équipement selon les catégories socio-professionnelles devrait faire méditer sur le sens de la nouvelle fracture numérique.
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Quand je discute avec des parents qui ont accordé un mobile à leurs enfants, je suis frappé :Je n'ai jamais entendu parler d'une telle "pratique".La pratique sécuritaire est celle qui justifie l’interdiction de confiscation puisqu’il s’agit de permettre à l’enfant de prévenir ou d’être prévenu en cas de difficulté.
Comprendre qu'il s'agit en fait d'une "pratique" parentale ("permettre à l'enfant"). C'est vrai qu'un élève dans un établissement scolaire ne peut prévenir personne ni être prévenu en cas de "difficulté" (?). L'école, c'est la jungle : on n'est jamais trop prudent.
- par le fait que cet aspect sécuritaire est systématiquement mis en avant. Il s'agit de sécurité non pas à l'école, mais dans la rue.
- et par la pression que les dits parents disent ensuite subir de leurs enfants qui veulent très vite un smartphone.
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Pour la sécurité "dans la rue", c'est reconnaître que les téléphones n'ont pas leur place à l'école. A noter que les collégiens sont affectés à proximité de leur domicile.
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Il n'y a pas que le collège dans la vie. Kévin, sortant du collège, va à son club de foot, et Jessyfer à son cours de poney. Et puis même à proximité, il y a quand même des rues à traverser, et des tentatives d'enlèvement .Loys écrit: Pour la sécurité "dans la rue", c'est reconnaître que les téléphones n'ont pas leur place à l'école. A noter que les collégiens sont affectés à proximité de leur domicile.
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