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- "Comment j'ai pourri le web" : réactions critiques
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"Comment j'ai pourri le web"
- Loys
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Petite mise au point :
Je ne veux pas jeter la pierre à ceux qui, dans leur discipline, trouvent une utilité aux NTIC. Je suis bien certain qu'on peut faire un usage raisonné et pertinent des NTIC dans certaines disciplines. Je recommande moi-même certains sites validés à mes élèves et j'ai créé un site avec un forum à leur disposition pour préparer le bac de français. Je ne suis donc pas un affreux réactionnaire.
Mais je voulais tirer un signal d'alarme. Car pour ce qui est de ma disciplines, les lettres, après avoir pesé le pour (peu d'avantages) et le contre (d'immenses inconvénients), c'est avec lucidité que je me suis forgé ma propre conviction : il faut entrer dans le web le plus tard possible. A mon sens l'éducation au web n'est pas nécessaire : nous en sommes, nous les autodidactes du numérique qui appartenons aux générations précédentes, les meilleurs exemples.
Je tire profit du numérique parce que l'école m'a donné des capacités de raisonnement, une culture personnelle et par conséquent la distance critique nécessaire pour appréhender le web. Voilà ce qui peut vraiment servir à mon sens, d'éducation au web.
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- media
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Je suis tout à fait d'accord : le web doit être appréhendé par des têtes "préparées", le plus tard possible. De grandes et belles choses existent sur le web, mais il faut avoir suffisamment de recul et de regard critique pour bien en saisir la teneur.
Cette expérience est très intéressante, et se retrouve à l'envi sur le net : faux profils d'internautes, faux avis sur les produits, fausses informations et autres manipulations...
Que les élèves ingurgitent les infos trouvées sur le web sans se poser de questions pose une vraie question. Vos élèves vont-ils pour autant vérifier leurs sources à l'avenir ? Il faut le souhaiter.
Sortons de l'esclavagisme de la communication web : réapproprions-nous les espaces numériques !
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- amnesic
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- media
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Sortons de l'esclavagisme de la communication web : réapproprions-nous les espaces numériques !
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- progval
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Je suis d'accord sur le fait qu'il faut limiter au minimum l'utilisation d'Internet lors de la composition d'un devoir. Au même titre que les autres sources de documentations (comme les livres), qui sont, sans grande surprise, moins attractives pour les élèves.
Ils auraient également pû se rendre compte qu'il était suspect que quelqu'un demande des réponses sur Internet, sans faire de fautes d'orthographe, et en terminant son message par « mais le site est payant, et ça, ça me gave grave », ce qui n'est à mon avis pas une tournure usuelle chez un élève. Il y a là un manque réel de réflexion, comme vous l'avez souligné. Ils auraient également pu se rendre compte que parler Anne de Beaunais sans que votre cours n'en fasse mention.
J'ai d'ailleurs été choqué par la quantité d'élèves qui se sont livrés à cettre tricherie. C'est malheureusement un problème que de ne pas comprendre où se situe son réel intérêt. Cela ne se limite pas seulement aux élèves de Première, mais également plus loin ; je peux notamment prendre des exemples parmis des élèves de BTS (informatique) ou de classe préparatoire (scientifique).
Cependant, il n'est pas impossible que certains aient cherché à recouper les informations, car les seules sources d'informations sont celles que vous avez données, et qui ne se contredisent par mutuellement.
De plus, en lisant le faux commentaire que vous proposez, il ne m'a pas particulièrement choqué ; exceptées quelques erreurs que je n'aurai majoritairement pas vues quand j'étais en Première, le fond m'aurait semblé viable si on ne m'avait pas dit le contraire. Mais je ne pense pas être une référence, étant donné que je n'ai jamais été doué en analyse de texte ou en dissertation.
Je ne sais pas si cela est justifié, mais le commentaire m'évoque une lecture analytique du poème Rosemonde, dont mon professeur nous avait distribué un corrigé.
D'autre part, vous mettez en lumière la faible qualité des sites tels que Oodoc et Oboulo. Comme le dit le dicton, l'argent est la source de tous les problèmes.
C'est également triste que des élèves soient prêts à payer par pure fainéantise.
Valentin
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- progval
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C'est en général la première source d'information des élèves. Et bien que je n'aime pas particulièrement l'idée d'y insérer de fausses informations, je pense que le mal est très réduit, s'agissant d'un auteur peu connu. Et l'aboutissement compense largement le "mal" qui a été fait.amnesic dit: Hormis le vandalisme de Wikipédia (qui ne me semblait pas forcement utile pour la démonstration ) l'expérience est très instructive.
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- amnesic
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media dit: @amnesic : Wikipedia, hélas, n'échappe pas à la règle du vandalisme et de nombreuses informations sont à vérifier. Peut-être qu'à la limite, le mode opératoire ("comment montrer patte blanche") pourrait être passé sous silence, car il pourrait donner des idées..
Je suis évidemment conscient qu'il existe du vandalisme de Wikipedia et ailleurs ;-) , mais ce qui me choque c'est qu'un professeur utilise sans remords ce moyen pour sa démonstration. En fait, il aurait été encore plus amusant d'avoir fait un faux site web incluant ce poème et avec des outils type "Google Analytic" on aurait pu constater que peut être que 95% des copieurs y ont accédé la vieille au soir de la limite pour rendre la copie

Maintenant le titre "j'ai pourri le web" ne fait pas de doute sur la conscience de ses actes.
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- Kaiser
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Le problème c'est que... eh bien... que faire ? L'expérience aura permis aux élèves de cette classe de comprendre qu'il ne faut pas utiliser n'importe quelle source sans vérifier, bêtement. Le problème c'est que tous les professeurs ne peuvent pas faire l'expérience non plus.
Comment lutter contre cette utilisation d'internet ? La triche au smartphone en plein cours, c'est autre chose que le bon vieux livre sur les genoux. Certains professeurs utilisent même des brouilleurs d'ondes pour leurs contrôles (ce qui est illégal mais je comprends la démarche).
Je me demande comment un professeur en poste voit la chose

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- Incanus
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Cependant, en lisant votre article, il me semble qu'on prend surtout conscience d'un enjeu plus vaste, qui est celui de la légitimité du fonctionnement de l'école (privé ou publique) en France aujourd'hui. Il me semble que le modèle des "notes", de la compétition scolaire tout azimut, de la scolarité vue comme, non pas le fait d'apprendre à être curieux, aimer le savoir,aimer apprendre et découvrir des choses mais comme un moyen dédié à une seule fin, dégoter un diplôme pour décrocher un boulot, le tout 7h par jour le cul sur une chaise, ce modèle là, est complètement à la masse. Il crée à la marge quelques passionnés, "malgré lui" suis-je tenté de dire, mais surtout une foule de gens qui en garderont le souvenir d'une longue et pénible corvée. Et tout ce qui sera associé à cette corvée (se renseigner, prendre son temps pour rédiger un texte, la culture en général) est facilement jeté comme le bébé avec l'eau du bain.
Il est évident que lorsqu'on apprend aux élèves que ce qui compte, ce sont les notes, les appréciations, le carnet scolaire, le diplôme comme fin en soi, lorsqu'on leur fait miroiter cette hypocrite et fumeuse "méritocratie républicaine" de mes 2, le tout dans une société qui se torche avec les jeunes et notamment la jeunesse des classes populaires, eh bien, on ne peut pas venir s'étonner ensuite que certains trichent, rusent, aient un rapport utilitaire au système scolaire et même un rapport cynique et désabusé. Combien d'élèves sortent de leur scolarité, qu'elle quelle soit, dégoutés du savoir, dégoutés des "classiques", dégoutés du processus d'apprentissage, combien? Mais cela interroge tout notre modèle social, pas seulement l'école bien sur.
Et combien de temps peut encore continuer avec ce modèle de la comparaison impitoyable des élèves entre eux, de la pression, des exams permanents, du culte de la performance, du culte du "bon élève", du bac S comme seul bac vraiment reconnu, tandis que les autres bacs sont vus par tant d'élèves, de professeurs, de parents, comme des sous-bas pour médiocres, des mathématiques comme discipline reine et ultra classante? Je ne cite que quelque exemple, mais il y en aurait des centaines d'autres. Autant de choses qui ne peuvent que briser littéralement le rapport au savoir, au livre, à la culture, aux sciences, chez les élèves.
Il est donc plus que temps de se mobiliser pour une école publique radicalement différente, avec des moyens massifs, une école faite pour les élèves, qui apprend d'abord à aimer le savoir, qui serait complètement déconnectée du marché du travail. Ou alors on abdique et on continue à accepter que l'école ne soit, somme toute, que l'antichambre du capitalisme, une façon d’accéder (ou plutôt, à notre époque, de reproduire) à un statut social, à un bon job. Mais c'est l'un ou l'autre, il faut bien comprendre que les 2 logiques sont strictement incompatibles.
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- Loys
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Pour faire court, amnesic, oui je ne suis pas fier d'avoir vandalisé Wikipédia mais j'ai effacé mon erreur volontaire aussitôt l'expérience terminée et je crois avoir vraiment minimisé le vandalisme en tant que tel avec un simple petit ajout sans grande conséquence. Un élève facétieux l'a rétabli depuis.
J'ai beaucoup d'affection pour mes élèves et je pense que la plus grande partie d'entre eux a voulu bien faire, notamment avec une recherche historique. Je voulais leur montrer qu'ils devaient éviter les raccourcis, même tentants. Pour les corrigés recopiés, c'est vraiment condamnable même si je comprends la pression que subissent ces élèves et la tentation que constitue le gouffre à réponses d'internet.
Pour le commentaire, progval, il est vraiment inacceptable du début jusqu'à la fin, mais il était fait pour tromper l'ennemi.
@Kaiser : la triche a toujours existé et existera toujours, ne nous leurrons pas. Le problème, c'est qu'elle devient industrielle et touche des aspects de l'enseignement qui étaient jusqu'ici épargnés, comme l'enseignement des lettres au lycée.
@Inkanus : vous n'avez pas tort en disant que le système récolte ce qu'il sème et légitime la triche d'une certaine manière. Mais j'ai du mal à croire à la viabilité d'un autre modèle, moins imparfait que notre bon vieux système républicain, même s'il prend l'eau de toutes parts.
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- moi
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- c'est parfois très difficile de savoir comment faire et l'aide sur internet est simple (bah oui aller demander à un prof c'est pas forcement évident, je dirais que sur internet c'est plus passif)
- pourquoi suivre plus les enseignements d'un prof que de quelqu'un sur internet? (on pourrait ainsi faire l'amalgame entre un journaliste à la télé et quelqu'un sur internet, qui croire ? celui qui fait ça sur son temps libre et qui parle de sa passion ou l'autre qui est payé et susceptible de ne pas savoir qu'il dit n'importe quoi/a qui on file des fiches qu'il lit). L'important est de choisir ses sources. Je fais confiance à Internet car ce qui est faux à des chances d'être corrigé alors que ce qui est faux dans le cours d'un enseignant (erreurs volontaires ou non) ne le sera jamais.
-je ne cautionne pas ceux qui payent pour du tout fait mais là encore, on vous paye bien pour donner des cours, des gens peuvent bien se faire payer pour rédiger des dissertes.
-Comme quelqu'un le dit plus haut, on ne récompense peut être pas assez la créativité? À méditer
- En tout cas je me rappelle de ma première disserte, en première (S) et je n'avais aucune idée de ce que je devais faire, contrairement aux maths ou on a le cours et des exercices corrigés, dans ce cas on part de rien, on y passe du temps et au final ça ne paye pas (11 ou 12 sur 20 avec un coeff de merde pour des heures passées à écrire contre des 15 en maths et physique avec un bon coeff moins de temps passé et moins d'inconnu) et le choix est vite fait.
-Sur la partie de la triche en cours, j'ai parfois l'impression qu'on demande de savoir des choses inutiles ou trop de choses, par exemple les formules en physique, on se fait une fiche et on les retrouve plus tard, dans le milieu professionnel on ne demande pas au gens d'apprendre par cœur, on apprend au fur et a mesure. (calculatrice vs calcul mental, même combat)
Internet n'est que le reflet de notre société. Il rend juste les choses plus accessibles.
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- Jean-Philippe
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Outre quelques réserves quant à légalité de la démarche (l'utilisation d'une fausse identité), je lui ai opposé l'idée que cette initiative démontrait tout juste que les élèves avaient peu d'esprit critique en général, car le même piège aurait pu être tendu avec des documents en papier, de faux ouvrages et de faux articles. Les internets ne sont à mon sens coupables de la paresse intellectuelle de leurs utilisateurs. De plus, la démarche employée elle-même me semble avoir peu de valeur pédagogique: face à une génération qui semble-t-il a une très faible estime d'elle-même, je ne crois pas nécessaire de valider par l'exemple cet auto-dénigrement.
Comme le souligne le commentaire précédent, la réflexion à avoir me paraît plutôt devoir porter sur les modalités mêmes des évaluations scolaires: les élèves n'ont pas attendu l'arrivée d'internet pour produire des compositions stéréotypées, copiées-collées (notamment d'annabac) et insipides, dans le but de coller à ce qu'ils pensent être les exigences de l'institution. Certes ils ont désormais un accès simplifié à des informations face auxquelles ils font souvent preuve de naïveté, mais plutôt que de constater, penaud, les ravages de ce phénomène sur des jeunes "qui ne sont pas suffisamment mûrs pour l'appréhender correctement", la mission des profs me semble plutôt être de prendre acte de la chose et de faire en sorte d'accompagner les élèves dans ce nouveau rapport à l'information en leur donnant suffisamment d'outils intellectuels.
Mes élèves me disent souvent que je suis le seul prof qui ne leur défend pas d'utiliser wikipedia. Cela ne cesse jamais de m'étonner: quoi qu'on puisse leur dire, ils utiliseront wikipedia. Alors autant faire avec et leur apprendre à l'utiliser convenablement.
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- alyv54
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- weeguum
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Puis les détails m'ont vraiment perturbé. Enfin bref, le web est petit Loys B ;-)
Đkfx.
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- Loys
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- mickagio
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Bien joué !!

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- Hdt
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j'ai lu avec intérêt votre petite expérience, que j'ai trouvée assez amusante au début, cependant selon moi elle n'apporte pas grand chose à ce grand débat sur l'usage d'internet pour l'éducation, ou ne tire pas forcément les bonnes conclusions.
Je suis cependant d'accord sur plusieurs points, les élèves, au lycée, n'ont pas le recul nécessaire pour remettre en question ce qu'ils trouvent sur internet, ni même se rendre compte que leur professeur va le remarquer.
Sur la suite de vos conclusions je commence déjà à ne plus vraiment vous suivre. Pour plusieurs raisons, plus ou moins liées à la même remarque, vous rejetez la faute à la fois sur le manque de maturité des élèves (ce qui est probable au lycée, j'en conviens), sur le web en lui même (que ce soit pour des erreurs volontaires ou non) mais pas sur le professeur. Que ce soit clair, je ne vous critique pas en tant que professeur, mais je pense que vous(et tous vos collègues) avez aussi votre rôle à jouer.
En effet, de mon point de vue, d'une génération pas complètement plongée dans le numérique, le recours à internet se fait pour plusieurs raisons, et il est loin d'être systématique.
La première raison, la simple paresse, le manque de temps (parce que oui, les élèves ont un mois entier pour faire leur devoir, ça n'empêche pas une bonne partie d'entre eux de le préparer à la dernière minute) qui va les pousser à trouver des réponses sans vraiment se poser de questions. Ceci est dommage, mais il en a toujours été ainsi, internet ou non, les réponses circulent entre les élèves, parfois les devoirs entiers (plus rarement dans des matières littéraires, beaucoup plus dans des filières scientifiques).
La seconde raison, qui a beaucoup plus d'impact auprès des élèves et qui est selon moi sous-estimée par les professeurs, c'est la peur de l'échec, et surtout de ses conséquences (notes, travail supplémentaire etc... peu importe). C'est cette peur qui engendre le manque de confiance des élèves.
Ces deux raisons, et certainement d'autres, pourraient sembler confirmer votre point de vue. C'est pour cela que je préfère aussi penser au professeur. Car, comme vous le précisez, il s'agit, lors de votre expérience, de devoirs d'un type nouveau pour les élèves, leur première dissertation, ou un commentaire en début d'année (donc sans référence pour eux). C'est à ce moment là que je ferais intervenir l'enseignant, car c'est lui le premier qui est censé guider les élèves. Car s'ils vont sur internet en premier lieu c'est parce qu'ils n'ont pas trouvé d'aide suffisante dans leurs cours. Ils ont deux semaines pour essayer de comprendre un vieux poème, d'un auteur dont ils n'ont jamais entendu parler, qui n'est pas ce qui se fait de plus facile à analyser. Si on ajoute à cela que leur commentaire doit suivre plusieurs règles (que vous leur avez, je suppose, expliquées) et surtout que son contenu doit vous convenir (toujours cette peur au sein des élèves), ils se retrouvent face à plusieurs questions (je parle à ce moment de ceux qui n'ont pas sombré dans la facilité et qui n'ont pas juste cherché un devoir tout fait sur internet, je ne cautionnait déjà pas cette méthode en étant étudiant, je ne la défend toujours pas) :
- Comment fait-on [un commentaire/une dissertation/n'importe quoi d'autre] ? : Si les explications et les exemples de leurs divers cours ne suffisent pas c'est la première question qui revient. Pour ma part c'est la première question que je me suis posée lors de mon premier commentaire de texte ou de ma première dissertation. J'avais certes une présentation vague d'une pseudo-méthode, mais rien de tangible, que du théorique, pas de vrai exemple auquel se rattacher. Où ai-je été chercher des informations ? Aucun suspense, sur internet bien sur. Et qu'est-ce qu'on y trouve, niveau méthodologie ? Rien, rien de plus que ce qu'on voit en cours (à quelques variations près), peut-être un peu plus de détails parfois, mais pas de recette "miracle". Si pour certains (je dirais ceux qui ont le plus de confiance en eux) cet aspect théorique est suffisant, pour d'autres il ne l'est pas du tout. Dans les deux cas, bien obligé, on essaye de suivre scrupuleusement un plan générique, qui malheureusement n'est pas toujours adapté. Intervient alors la seconde question :
- Mon analyse est-elle correcte ? Cette question rejoint elle aussi le manque de confiance des élèves. Car même si le plan suivi est bon, si l'avis qui est exposé est totalement hors sujet, on s'expose toujours à cette mauvaise note qui nous fait si peur. Et c'est à ce moment là que l'envie de copier commence à être très tentante. Pas par facilité (on a déjà galéré à faire un plan, on est trop désespéré pour l'effacer) mais par peur. "J'ai un avis qui me semble cohérent, mais qui est l'exact opposé de ce qui se dit dans ce commentaire sur internet qui semble être une source sûre, qui a été validé par les différents intervenants du site, vais-je tenter le diable (et risquer de faire chuter ma moyenne) ou vais-je me ranger à l'avis qui semble être celui de la majorité ?" "J'ai un avis qui se rapproche de celui que je vois sur ce site, où il est vraiment très bien écrit, pourquoi ne pas le recopier et éviter tout malentendu ?" Le choix est certainement mauvais, votre expérience le prouve, mais n'en est pas moins justifié. Et ce n'est pas complètement la faute de l'élève (toujours celui qui n'a pas délibérément fait uniquement un copier/coller), ni celle de l'enseignant (qui va pourtant sanctionner toute erreur).
De mon point de vue, ce qui précède est, plus ou moins, car il est difficile de généraliser, le raisonnement d'un "bon" élève, qui n'a rien fait de réellement mauvais, qui a essayé d'avoir un minimum de réflexion, mais qui n'a juste pas l'expérience et le recul, pas seulement sur internet mais sur l'ensemble de ce qui lui est demandé, pour se lancer dans un travail complètement personnel.
Dans un sens, je trouve votre expérience intéressante pour vos élèves, car elle leur montre justement que ce qu'ils vont trouver sur internet n'est pas forcément une vérité absolue, mais elle risque aussi d'avoir des conséquences assez négatives, au niveau de leur autonomie, en les incitant à ne plus faire confiance aux informations qu'ils pourront trouver.
Et selon moi, au contraire de ce que vous préconisez, je trouve qu'il est indispensable de prendre en compte internet dans l'éducation, pour deux raisons, c'est un outil qui fait déjà partie de la vie courante des élèves, il vaut mieux les guider dans son utilisation plutôt que d'essayer vainement de les éloigner, et parce que, bien utilisé, c'est une formidable source de connaissances. Car c'est ce que vous voulez, que les élèves aient le recul et la maturité nécessaire pour profiter de la technologie. Pourquoi dans ce cas, au lieu de les piéger, ne pas leur montrer un usage correct d'internet ? Comment chercher des informations sur des oeuvres littéraires ? Que faire des informations trouvées ? Les garder, les reformuler, s'en servir de base, ne pas en tenir compte ? Car là, vos élèves ont été piégés, ils vont éviter d'utiliser internet à l'avenir pour vos devoirs. Mais est-ce réellement une bonne chose de laisser de côté un source d'information pareille ?
Sur la manière de faire, bien qu'amusante et élaborée, je trouve cependant beaucoup à redire aussi. En effet, en dehors du fait que vous ayez pu induire d'autres personnes en erreur, c'est aussi une manipulation que vous auriez pu faire uniquement au sein de vos classes. Le pseudo-commentaire lamentable que vous avez mis à disposition, donnez le à vos élèves en début d'année, ça reviendra au même. Pour le même exercice, ils vont se pencher sur la solution la plus concrète, et vont recopier plus ou moins la même chose. Ecrivez que Homère est un célèbre poète surréaliste, que Sartre est un Nazi ou ce que vous voulez, vos élèves vont le répéter, simplement parce qu'ils n'ont aucune raison de se demander si c'est vrai ou non, internet c'est pareil, si personne ne leur explique, il n'ont aucune réelle raison de s'en méfier, surtout sur un sujet qu'ils ne connaissent pas (par exemple la poésie de Charles de Vion d’Alibray)
Une dernière petite remarque,
Je vous trouve un peu présomptueux. C'est comme changer le statut facebook d'un ami qui ne s'est pas déconnecté, c'est marrant mais ça ne fait pas de vous un pirate pour autant. Créer un compte sur wikipédia pour y écrire n'importe quoi c'est un peu pareil, ça ne prouve pas que vous maîtrisiez quoi que ce soit (si ce n'est l'utilisation d'un clavier et d'une souris). La seule chose que vous avez prouvé c'est que vous aussi vous utilisez internet, et que vous n'êtes pas complètement dupe vis-à-vis de ce que font vos élèves.Je crois qu'avec cette expérience pédagogique j'ai d'abord démontré aux élèves que les professeurs peuvent maîtriser les nouvelles technologies aussi bien qu'eux, voire mieux qu'eux.
Bref, j'espère avoir été assez clair malgré mon manque flagrant de style littéraire et les quelques coquilles qui doivent subsister ici ou là.
(Ce n'est que mon avis, je ne l'ai recopié nulle part, alors ne me mettez pas une trop mauvais note s'il vous plaît

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- zzeugma
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Quand on a déjà un avis sur le résultat d'une experience avant de la mettre en place, on fini souvent par y arriver, mais ça ne prouve rien (dans un sens, ou dans l'autre).
Je ne crois pas que le problème soit Internet ou les nouveaux médias, mais l'eternel problème du recopiage et du plagiarisme, qui n'a pas attendu internet pour s'introduire a l'ecole..
Internet facilite les choses, surtout parceque les élèves ont l'impression que les profs sont vieux et n'y vont pas, donc on peut se permettre d'etre moins discret. Mais je ne peux pas croire une seule seconde que les eleves, qu'ils utilisent internet ou pas, aillent vraiment "vérifier leurs sources", tout simplement parceque ce n'est pas ce qu'on leur demande, et que ce n'est pas a leur portée. C'est plutot un travail universitaire qu'un travail scolaire, et si la "source" etait un livre, personne n'attendrait que l'élève aille la "vérifier"
Mais il y a cette "peur" d'internet, ou "tout peut etre faux" surtout sur wikipédia.. Certes, mais qui s'est déjà fait avoir par wikipédia ? Qui a déjà trouvé sur wikipédia une information résolument fausse ? En 9 ans d'utilisation quasiment quotidienne, les deux ou trois fois ou c'est arrivé, il s'agissait de plaisanteries suffisament flagrantes pour ne pas risquer d'etre ratées (impliquant généralement des extra-terrestres ou des pratiques sexuelles exotiques et fleuries). Il y a bien des maladresses et des imprécisions, mais rien qui ne survivrait si c'était intégré dans une vraie reflexion personnelle.
Ce qui est important, c'est d'apprendre a se servir d'internet intelligemment, exactement comme on le faisait avec les livres avant. Savoir faire la difference entre un livre serieux et un livre foireux, c'est pas tellement différent de savoir juger la valeur d'un site. On ne trouve pas le meme genre d'informations dans une poétique ecrite par un grand auteur que dans "la littérature pour les nuls" mais on estime les eleves assez intelligent pour faire la difference entre les deux, et savoir quand on peut prendre un livre comme source, ou quand il faut l'eviter. On leur apprend à faire la différence. Selon moi, l'étape suivante, ce n'est pas de "fuir" les nouveaux médias, mais d'eduquer serieusement à leur utilisation éclairée. Internet est un outil, et les fruits qu'il produit dependent entièrement de l'utilisateur.
Pour ce qui est des sites de "corrigés" le problème est different, puisqu'il s'agit de sites dont le but presqu'avoué est la triche. C'est pas tellement différent de quand j'echangeais mes brouillons et mes antisèches contre des carambars, c'est juste un nouveau visage du problème, evidemment renforcé par la puissance de globalisation d'internet, mais le problème de fond reste le même : les élèves evitent le boulot quand ils peuvent, et partagent ce qu'ils trouvent.
Tout ça est un peu confus, mais au final ça en revient à dire ça : il y a une différence entre identifier un problème, et identifier sa cause. Ici, je ne crois vraiment pas qu'internet ou les nouveaux médias soient en cause, et je pense vraiment qu'on aurait tort de s'y fermer. J'ai lu un peu plus haut "apprendre aux eleves a eviter les raccourcis, si tentants soient-ils" et j'ai du mal à trouver ça très productif, pédagogiquement.. Parceque certes, il faut eviter les pièges, mais les raccourcis qui marchent, c'est une aubaine, et s'en servir relève bien plus du bon sens que de la paresse. Internet peut et doit devenir un de ces "bons" raccourcis ; il y a sans le moindre doute le potentiel pour, les risques sont dans les dérives, pas dans la nature du média.
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- zzeugma
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- zzeugma
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- MxSz
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- Peut-on aujourd'hui isoler les jeunes du web ? Cela semble de plus en plus difficile.
- N'y a-t-il pas d'autres exercices littéraires, d'autres innovations à trouver pour justement travailler les textes classiques ? je n'ai moi-même pas de réponse toute faite, mais je suis sûr qu'il y en a.
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- Loys
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- Stéphane
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Deux semaines plus tard, un devoir similaire nous était donné, sur table cette fois, sur une question tout à fait différente. J'ai obtenu un 18 et un commentaire qui me fait encore sourire : « Je n'ai pas été déçu. »
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- jdiogon
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Est-il possible de publier une correction détaillée du faux commentaire ?
J'imagine que je fais partie des non-compétents, mais à part quelques énormités (et les fautes), j'ai du mal à distinguer ça d'exemples capilotractés que l'on m'avait distribué au lycée...
Je rejoins ceux qui disent qu'on ne m'a jamais expliqué comment s'y prendre pour rédiger un commentaire. Je me suis moi aussi retrouvé face à un tel exercice, complètement désemparé, sans références, sans exemple, sans explications.
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- DjiBee
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Ok on peut décider de faire entrer les NTIC le plus tard possible, c'est une idée qui peut sembler tenir; mais l'expérience décrite signifie qu'on ne peut faire sans, en tous cas pour tous les devoirs non surveillés (étroitement). Pour s'y tenir, cela signifierait que l'on doive se passer de devoirs à la maison ? C'est-à-dire plus généralement de travail personnel non-encadré ? J'ai l'impression que c'est une donnée dont on ne peut plus se passer, quoi qu'on en pense; et donc qu'il faille absolument trouver une façon de s'en sortir. On ne peut compter sur l'exhumation systématique d'œuvres ou de travaux exotiques; à moins de les réserver pour les travaux non-encadrés et traiter le reste lors de séance avec présence des enseignants ? Cela impliquerait peut-être de bouleverser les programmes car cela nécessiterait sans doute du temps...
Moi je crois vraiment qu'il faut trouver une nouvelle voie, que l'on ne peut continuer à faire comme si de rien n'était. Mais j'avoue n'avoir que de faibles pistes.
JB
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- Zarnust
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Je suis moi même Professeur de Droit Monétaire & Financier, et j'ai trouvé des erreurs sur Wikipedia dans ma matière. Erreurs préjudiciable aux élèves en premier lieu, mais surtout, avec des conséquences juridiques graves dans la relation Banque / Clients !
Cependant, j'ai décidé de ne pas réagir et de laisser ces informations erronées sur la page en question. Cela me permet de repérer les élèves et de pouvoir affirmer dès que l'un d'entres eux m'affirme "Mais ce que je dis est juste puisque c'est écrit sur Wikipedia !" et tjs sur un ton péremptoire !

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- marielu
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- skeptboarder
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Super content à la lecture, mais grosse déception à la conclusion.
Je ne pense pas que l'on puisse conclure de votre expérience que "les élèves au lycée n'ont pas la maturité nécessaire pour tirer un quelconque profit du numérique en lettres".
Ce que vous avez montré c'est un manque cruel d'esprit critique. Le numérique n'est qu'un support.
Ça milite surtout pour un enseignement de l'esprit critique.
Est-ce que ça s'apprend ? => oui
Est-ce que ça peut s'apprendre jeune (avant/pendant le lycée) ? => oui
Le seul "risque" c'est de se retrouver avec une jeunesse particulièrement réfléchie, difficilement gérable par des enseignants ou des politiques immatures (et il y en a quelques spécimens).

Skeptboarding is not a crime
@skeptboarder
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- aviamo
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Je suis persuadé que vous avez de bonnes raisons pour haïr Wikipédia, Internet, les cancres aussi, et pourquoi pas tous ces petits morveux qui ne veulent pas apprendre leurs plans que vous leur avez gentiment mis à disposition. Je comprends qu'être professeur en lycée n'est pas simple, mais pour le cas je me demande bien comment avez vous pu, en adulte, faire un pareil coup à vos élèves.
Je trouve dérangeant de voir que vous, comme d'autres de vos collègues qui vous suivent sur ce forum, trouviez normal de dégrader Wikipedia. C'est le terme, car mettre de mauvaises informations sur une source de savoir transparente, gratuite, et ouverte à tous ceux qui ne peuvent pas s'acheter une encyclopédie, cela me chiffonnerait. Wikipedia ne contient pas plus d'erreurs que des encyclopédies papiers respectées, comme Britannica (source: http://www.zdnet.fr/actualites/wikipedia-presque-aussi-fiable-que-britannica-39296098.htm ). Pourquoi les jeunes (nous!) ne l'utiliserions pas ? En dénonçant les sites de tricheries sur le web, vous en arrivez à procéder à des actions que beaucoup d'habitués du web trouvent scandaleuses, et que je qualifie tout simplement de manipulations. Ce que vous avez fait, c'est un mélange de ressentiment enfantin, de perfidie et d'aigreur, et je suis étonné de voir cela de la part d'un pédagogue (blogeur en plus!).
Je vous vois arriver, prêt à invoquer toutes les raisons du monde qui vous ont poussé à faire cela, de l'expérience sociologique (ils n'ont pas signé un papier pour être la "farce de votre dindonnade"), au combat contre la triche et contre le Mal dans son ensemble. Rappelez vous que vous êtes un professeur, censé partager votre savoir avec eux sans les braquer (n'est-ce pas déjà assez difficile d'intéresser certains de vos lycéens?). Vous êtes aussi un adulte, et un ancien adolescent. Allez vous me dire qu'avant qu'Internet existe, des camarades de classe ne partageaient jamais leurs réponses à un devoir à la maison ?
Enfin, vous devriez voir dans les résultats très probants de votre "coup" un signal d'alarme : celui de lycéens qui n'ont visiblement pas assez de confiance en eux pour tenter de faire un simple commentaire par eux même, de peur d'oublier un point ou de choisir une mauvaise partie. Si cela n'est pas votre cas, sachez que beaucoup de professeurs ne se gênent pas pour allumer leurs élèves, trop con-tents d'oublier qu'eux ne font que répéter ce qu'ils ont un jour appris.
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- philippe_nantes
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J'ai découvert votre article via Twitter.
Professionnel du web, j'ai trouvé l'expérience positivement excellente dans le sens où elle incite très concrètement à développer l'esprit critique.
C'est une chose d'expliquer les dérives de l'utilisation des NTIC, c'est une autre paire de manches que de provoquer une réelle prise de conscience par l'exemple. Je suis sûr que vos élèves se souviendront très longtemps de cette histoire, ce qui est somme toute une excellente leçon.
Au delà de l'effet "je l'ai lu sur internet, donc c'est vrai", la question de fond concerne la difficulté à considérer un contenu comme fiable. On voit bien à travers votre histoire que la désinformation est somme toute facile dès qu'on aborde des thématiques un peu pointues.
En tout cas bravo, vous vous êtes tout de même donné du mal et j'aurais voulu être une souris dans la classe lorsque les masques sont tombés.
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