- Forum
- L'école moderne
- La réforme permanente
- Les pédagogies "nouvelles"
- Bien-être (et bienveillance) à l'école
Bien-être (et bienveillance) à l'école
- Loys
-
Auteur du sujet
- Hors Ligne
- Administrateur
-
- Messages : 17494
C'est une très jolie idée !Hervé dit: Lorsque l'on a revu le règlement intérieur de mon lycée, j'y ai fait intégrer, dans la rubrique "droits et devoirs de l'élève" que le droit premier de l'enfant à l'école est de recevoir une éducation en conformité avec ses besoins, tels que définis par la Nation...

Une chose malgré tout : le lycée aristotélicien (près du temple d'Apollon lycien) était davantage une institution universitaire qu'une école secondaire, comme nos collèges et nos lycées. C'est tout le paradoxe de ceux qui accusent le collège d'être un petit lycée mais qui voudraient dans le même temps faire de nos élèves des étudiants du supérieur !
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- JCP
-
- Hors Ligne
- Légendaire
-
- Nil admirari.
- Messages : 224
J'aime beaucoup cette idée, Hervé (et je rebondis sur Loys qui l'a déjà dit) : rappeler que l'école est un droit, et non un devoir. Je m'en souviendrai lorsqu'on reparlera de règlement intérieur dans mon lycée...Hervé dit: Lorsque l'on a revu le règlement intérieur de mon lycée, j'y ai fait intégrer, dans la rubrique "droits et devoirs de l'élève" que le droit premier de l'enfant à l'école est de recevoir une éducation en conformité avec ses besoins, tels que définis par la Nation (je cite de mémoire). Affirmer cela - qui n'était dit nulle part - est à mon sens important et je ne suis pas peu fier de l'avoir fait.

Le droit à l'éducation impose des devoirs qui relèvent de règles de vie commune, nécessaires pour dompter cette "insociable sociabilité" dont parlait Kant, et permettre à l'enseignement de se faire dans les meilleures conditions. Et qu'on veuille les discuter ou pas, il n'y a pas trente-six solutions... Soit l'ambiance scolaire est assez sereine pour permettre à tous d'apprendre, soit elle ne l'est pas ! C'est pour cela que les CVL et autres artefacts de pseudo-démocratie ressemblent finalement à des chambres d'entérinement... "La chambre des godillots" disait de Gaulle de l'Assemblée Nationale. Illusion de démocratie. La représentation lycéenne, c'est TINA à l'école : votez, mais un seul choix est possible. Que cherche-t-on alors ? "La fabrication du consentement" (Chomsky, à lire), la "servitude volontaire" (La Boétie VS un Rabelais galvaudé). J'exagère certes... Le CVL peut quand même influer sur le nombre et l'emplacement des poubelles, la fourniture de sèche-mains dans les toilettes et autres vétilles !C'est une chose qui m'a toujours frappé, en tant que professeur d'ECJS, en faisant le cours traditionnel sur l'école laïque, gratuite et OBLIGATOIRE, L'école étant obligatoire, assimilée à un devoir, les enfants (ou leurs parents, ou ceux qui parlent en leurs noms) réclament en contrepartie des droits, au motif que droits et devoirs doivent en démocratie s'équilibrer. En gros : "puisque je fais déjà l'effort de venir, j'ai rempli ma partie du contrat et vous devez en échange me donner des droits". Et l'institution de s'échiner à (faire semblant de) donner des droits qui, dans la réalité, ne peuvent guère s'exercer (ex. les droits des délégués en conseil de classe) et qui ne génèrent que des frustrations. On le voit avec les impasses des "machins" genre CVL qui, de fait ne servent à rien.
Est-ce préparer l'élève à être un futur citoyen que de lui proposer à l'école cette parodie de démocratie ?
Je n'en suis pas sûr.

Je rappelle toujours à mes élèves qu'ils ne sont pas étudiants (un abus langagier de plus en plus fréquent, il me semble).Car c'est bien évidemment l'inverse qui est vrai. L'école est un droit pour l'élève qui, en contrepartie, doit accepter des devoirs (assiduité, respect de règles, etc.). Cela figure en toute lettre dans le Code l'éducation mais curieusement, bien rares sont les textes applicatifs, les règlements intérieurs, les cahiers d'éducation civique, etc., qui le rappellent. Curieusement, en n'assumant plus l'obligation, l'école semble avoir honte d'elle-même.
En tant qu'élèves, ils sont là pour être élevés, non comme des animaux de batterie (caricature de l'école assez fréquente chez les zélotes de l'innovation pédagogique), mais comme des enfants à qui l'on fournit l'éducation et la culture nécessaires pour entrer dans le monde des adultes. Éducation et culture qu'ils n'iront guère chercher par eux-mêmes, quoi qu'en pensent les disciples de Freinet (voir les "invariants" de Freinet à ce sujet).
C'est pourquoi le droit de grève n'existe pas pour les élèves, quand bien même la plupart des miens soient majeurs en T PRO. L'institution scolaire les considère comme mineurs. À ceux qui ne sont pas d'accord avec le système ou feignent de ne pas l'être pour le plaisir de protester, je leur rétorque que la porte est toujours ouverte : d'ailleurs, puisqu'ils ont tous plus de 16 ans, la scolarité n'est plus obligatoire. Ils sont libres de démissionner quand ils veulent, avec l'accord évidemment de leurs parents. Mais s'ils restent, alors pour jouir pleinement de leur droit à l'éducation, il convient qu'ils acceptent les devoirs qui vont avec.
Ma porte est toujours ouverte : il n'y a pas plus libertaire que moi !
Le bac acquis, lorsqu'ils sont en BTS, ils deviennent étudiants. Cela induit que l'institution les considère désormais comme adultes : plus de liberté peut-être, plus de responsabilité, certainement. Mais tant qu'ils sont élèves, charge à l'école de leur fournir les outils et savoirs nécessaires pour comprendre le monde dans lequel ils vivent, et les préparer ainsi à une vie d'adultes conscients et responsables.
La vraie bienveillance me semble être là : ne priver aucun élève de la possibilité d'apprendre. Et leur fournir des savoirs solides, de façon à les armer pour affronter un monde qui n'est pas facile. Pas de bavardages démagos, de palabres sans fin, où on passe son temps à scruter son nombril. Pas non plus de jeux numériques à n'en plus finir, où on apprend davantage à jouer avec des outils (inutiles car ils seront vite obsolètes) qu'à travailler la connaissance et la réflexion. L'informatique est un outil génial, sauf que chez ses aficionados, la forme l'emporte trop souvent sur le fond (je ne parle là que pour mes disciplines, les lettres et l'HG, et j'utilise beaucoup l'informatique lorsqu'elle est utile au savoir. Mais c'est le savoir qui prime, pas l'outil). Pas non plus de pseudo travail collaboratif à répétition, où les élèves dérivent vite en bavardages hors de propos. Car l'élève-acteur de ses apprentissages, si vous le laissez vagabonder seul ou en groupe, il devient vite acteur de son goût pour les blagues ou la rêverie...
On me rétorquera que tous les élèves n'apprennent pas au même rythme, que certains s'évadent dans leurs rêves. Certes. Et alors ? "On ne fera pas boire un âne qui n'a pas soif", vieux proverbe paysan de mon grand-père. Et chez les pédagogues qui prônent d'autres approches fumeuses, je serais surpris qu'il n'en aille pas de même... Car quelle que soit la méthode d'enseignement, les élèves ne sont pas des "animaux-machines" : ils ont parfois sommeil, parfois (souvent) la tête ailleurs, enclins à la blague comme on peut l'être à leur âge...
Et puis ils n'ont pas tous les mêmes dispositions, heureusement. Certains brillent en maths, d'autres en EPS ou en Français, d'autres de leurs mains.
"La réussite pour tous" relève du fantasme totalitaire : qu'est-ce que la réussite pour tous d'ailleurs ? Tous à Polytechnique, à HEC ou à l'ENA ?... Car ceux qui prônent la réussite pour tous poussent des cris d'orfraie devant ces fils d'ouvriers majoritairement orientés en LP... Le LP, un repoussoir pour ces âmes vertueuses. Sauf que moi, je suis prof de LP, et je tente avec mes collègues de récupérer des gosses que vous avez relégués... Et figurez-vous que des élèves qui réussissent et s'épanouissent en LP, j'en ai plein. Alors ne me jouez pas ce couplet SVP, pas à moi !
Dernier mot sur "la réussite pour tous" et ses bienveillants partisans : quand bien même vous satisfaisiez vos fantasmes les plus fous, à la sortie de l'école, la société se chargera très vite d'exclure et de reléguer... L'injustice sociale, elle est à la sortie plus que dans l'école. Vos gosses s'en sortiront probablement mieux, car ils connaîtront - grâce à vous - les bonnes adresses. Pas les autres...
La "reproduction" des élites que vous conspuez souvent, c'est celle du fils de Bourdieu à l'ENS, c'est celles ce vos enfants que vous savez aider, ce n'est pas la mienne.
Fils de travailleur manuel, plutôt fruste culturellement, je dois à l'école de m'avoir ouvert des horizons, parce que j'ai eu des maîtres exigeants et qui m'ont abreuvé de culture. Et comme j'étais un plouc qui avais faim, j'en ai bouffé, croyez-moi.
C'est pour cela que je suis soucieux d'offrir le même accès à une culture exigeante à ces élèves de LP que vous reléguez tout en vous apitoyant. Fausse commisération. Parce que je viens du même milieu qu'eux, je les respecte en leur demandant le meilleur d'eux-mêmes. En les encadrant, plutôt qu'en les laissant vaquer à une pseudo-autodidaxie de pacotille. C'est aussi pour cela que je ne passerai (probablement) jamais d'agrégation, ni ne les fuirai pour des sinécures en ESPÉ ou ailleurs...
"Apprendre à apprendre", c'est en apprenant qu'on y arrive, pas en s'auscultant le nombril à n'en plus finir. C'est par les savoirs qu'on développe des compétences, pas l'inverse.
Le vrai travail du prof, c'est de réfléchir à rendre le savoir attractif et intéressant, creuser des brèches pour que n'importe quel élève y accède. Ce n'est pas de se miner le cerveau à essayer de faire coïncider savoirs et compétences creuses. Ces constructions bancales relèvent de la tératologie, pas de la pédagogie. Platon parle dans le "Ménon" de susciter le "désir" de savoir (osons "érotiser" le savoir).Pour ce faire, rien ne vaut un bon guide, un médiateur, un passeur enthousiaste, pas un accompagnateur d'apprenants !
La vraie bienveillance, elle est là. Pas dans des rêves thélémites édulcorés. Quant au bien-être des élèves, qui est souvent lié à l'estime de soi, commençons par ne pas les prendre pour des imbéciles en étant exigeants avec eux. Parce qu'ils le valent bien. Parce que c'est ainsi qu'on les respecte.
Désolé Loys d'imposer à LVM et à ses lecteurs toute cette logorrhée : j'ai un peu dévié du fil, mais la question de la bienveillance commence sérieusement à m'échauffer les oreilles... Vous pouvez couper mon laïus s'il vous semble partir trop à la dérive...

Mehr Licht !
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Loys
-
Auteur du sujet
- Hors Ligne
- Administrateur
-
- Messages : 17494

Ou alors c'est le préparer à une parodie de démocratie...Est-ce préparer l'élève à être un futur citoyen que de lui proposer à l'école cette parodie de démocratie ?
L'abus de langage "étudiant" mis pour "élève" est un anglicisme, qui a d'ailleurs été à l'origine de certains contresens amusants, quand des journaux rendent compte d'études américaines.

Oui : ce sont les mêmes qui demandent la suppression du redoublement...On me rétorquera que tous les élèves n'apprennent pas au même rythme...

"La réussite pour tous" est un slogan qui suppose par exemple que la réussite passe nécessairement par un "bac" et des études supérieures (d'où la création des bacs professionnels et plus récemment la suppression du BEP), quitte à faire perdre son sens au mot "bac". D'où les efforts actuellement déployés pour que les bacheliers professionnels poursuivent les études. On observe également une volonté d'alignement sur le lycée général, voire de fusion (au moins en apparence). Sous couvert de bonnes intentions, il s'agit en réalité d'un mépris déguisé pour la voie professionnelle et ses diplômes, pourtant en principe qualifiants : le CAP ne suffit plus, le BEP ne suffit plus, même le bac pro ne suffit plus ! C'est la fuite en avant, alors même que les diplômes sont de moins en moins une garantie d'emploi.
Le jour où on considèrera que l'obtention - avec une vraie exigence - d'un CAP ou d'un bac pro est une réussite, on commencera à revaloriser la voie professionnelle.
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Loys
-
Auteur du sujet
- Hors Ligne
- Administrateur
-
- Messages : 17494
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- JCP
-
- Hors Ligne
- Légendaire
-
- Nil admirari.
- Messages : 224
Puisque ce petit monsieur considère que lorsqu'on ne pense pas comme lui, on est non seulement "débile et d'extrême-droite", mais qu'en plus on a sans doute "quelque chose à se reprocher", vous comprendrez que je me taise à ce sujet.Loys dit: "Et le harcèlement des élèves par les profs, qui en parle?"
Ni facho ni pervers, je ne me sens pas concerné par les vitupérations de ce petit monsieur.
Sans intérêt. Sujet suivant SVP !

Mehr Licht !
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- JCP
-
- Hors Ligne
- Légendaire
-
- Nil admirari.
- Messages : 224
Voilà un sujet beaucoup plus intéressant... Pour plus tard.Loys dit: "La réussite pour tous" est un slogan qui suppose par exemple que la réussite passe nécessairement par un "bac" et des études supérieures (d'où la création des bacs professionnels et plus récemment la suppression du BEP), quitte à faire perdre son sens au mot "bac". D'où les efforts actuellement déployés pour que les bacheliers professionnels poursuivent les études. On observe également une volonté d'alignement sur le lycée général, voire de fusion (au moins en apparence). Sous couvert de bonnes intentions, il s'agit en réalité d'un mépris déguisé pour la voie professionnelle et ses diplômes, pourtant en principe qualifiants : le CAP ne suffit plus, le BEP ne suffit plus, même le bac pro ne suffit plus ! C'est la fuite en avant, alors même que les diplômes sont de moins en moins une garantie d'emploi.
Le jour où on considèrera que l'obtention - avec une vraie exigence - d'un CAP ou d'un bac pro est une réussite, on commencera à revaloriser la voie professionnelle.

Mehr Licht !
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Loys
-
Auteur du sujet
- Hors Ligne
- Administrateur
-
- Messages : 17494
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- JCP
-
- Hors Ligne
- Légendaire
-
- Nil admirari.
- Messages : 224
Voilà une étude nécessaire et bienvenue !!!Loys dit: Dans "Le Figaro" du 31/03/15 : "Plus les élèves sont heureux, meilleures sont leurs notes"

Certes, même sans les outils quantitatifs et qualitatifs convoqués, on aurait pu convenir par simple bon sens que les élèves apprennent mieux quand il y a du plaisir d'apprendre...
C'est la "Gaya Scienza" chère à Nietzsche, le gai savoir...

Un élève dépressif réussit moins bien dans ses études. Il n'a guère la tête à ça. J'en ai...

Un élève alcoolique ou fumeur de joints ne réussit pas mieux. J'en ai aussi...

Quant à donner le sourire aux élèves et susciter un engouement fécond, ça le fait surtout lorsqu'un prof enthousiaste porte sa discipline avec ferveur ; lorsqu'à force de maîtrise disciplinaire, il est capable d'en faire partager l'intérêt, et d'emporter l'adhésion des élèves, tel un coach sportif. C'est l'effet-prof.

Cependant, il convient d'être humble : ça ne fonctionne pas à tous les coups, car les tous les élèves sont différents. En cours de biologie, qui ne s'appelait pas encore SVT, j'ai vomi quand on a voulu me faire disséquer un oeil de boeuf... Du coup, la médecine, très peu pour moi...

En outre, ça marche moins bien lorsqu'un prof se retrouve emberlificoté dans des projets pédago-foireux qui ne le motivent guère. Cela se ressent immédiatement. Les élèves sont très sensitifs...

Saluons néanmoins cet article qui enfonce des portes ouvertes. Il est utile de rappeler des vérités de bon sens parfois.
Dans le même ordre d'idées, on pourrait aussi affirmer que les élèves ont de meilleures notes lorsqu'ils sont présents en cours. L'absentéisme n'est pas un facteur de réussite.

Si quelqu'un veut financer une étude à ce sujet, je veux bien m'y coller... J'attends le financement !

Mehr Licht !
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Loys
-
Auteur du sujet
- Hors Ligne
- Administrateur
-
- Messages : 17494
www.lcp.fr/emissions/grand-ecran/vod/168...eur-systeme-scolaireRéalisé par Stéphane Bentura
La France, championne d’Europe du stress scolaire. Le phénomène a pris ces dernières années des dimensions d’épidémie invisible. Dans un pays où le suicide est devenu la 2eme cause de mortalité chez les moins de 14 ans, le psychiatre Boris Cyrulnik appelle ça le "sprint" scolaire : l’obsession de la réussite et le culte de la performance qui se sont emparés de toute la société. Pourquoi la peur d’échouer a-t-elle remplacé l’envie de réussir chez nos collégiens ? Pourquoi et comment la culture de la performance et de l’évaluation des salariés sont-elles en train de s’insinuer dans le système scolaire français ?
Débat sur le documentaire : "Stress scolaire : l’obsession de l’excellence"
Invités :
- Augustin d’HUMIERES, professeur de lettres classiques à Meaux, auteur de "Homère et Shakespeare en banlieue" (Grasset)
- Mette HVILSOM, éducatrice franco-danoise
- Annick LIBERAL, proviseur du lycée franco-allemand de Buc (Yvelines)
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Loys
-
Auteur du sujet
- Hors Ligne
- Administrateur
-
- Messages : 17494
Il faudrait déjà prouver qu'il existe une causalité entre scolarité et suicide avant 14 ans. Et si c'était le cas, les raisons scolaires pourraient n'avoir rien à voir avec la compétition... mais avec le manque de discipline (par exemple).Dans un pays où le suicide est devenu la 2eme cause de mortalité chez les moins de 14 ans, le psychiatre Boris Cyrulnik appelle ça le "sprint" scolaire : l’obsession de la réussite et le culte de la performance qui se sont emparés de toute la société.
Le suicide à 14 ans et avant a concerné 36 enfants en 2011 en France, avec un taux de 0,3107 pour 100 000. Ce taux est élevé mais on trouve des taux supérieurs en Suède, en Autriche, en Belgique, en Irlande; dans les pays Baltes etc. En Finlande, petit pays, aucun cas de suicide en 2011.
L’obsession de la réussite et le culte de la performance, ce serait plutôt après 14 ans. Or en France le taux de suicide des adolescents est bien plus bas qu'en Finlande et que de nombreux pays...
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Loys
-
Auteur du sujet
- Hors Ligne
- Administrateur
-
- Messages : 17494
Dans "Marianne" du 04/05/15 : "Réforme du collège : au nom de quel "ennui scolaire" ?"
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Loys
-
Auteur du sujet
- Hors Ligne
- Administrateur
-
- Messages : 17494
En invitant les masses au spectacle de la reproduction d'une élite franco-française inexpugnable et inexportable, notre système décourage, exclut, humilie. L'économiste du bonheur Claudia Senik a montré de façon convaincante que la propension française à se déclarer malheureux, au rebours de tous les indicateurs de développement social, était entièrement corrélée au temps passé dans le système scolaire français: une certaine manière de recevoir le savoir, d'être sélectionné, d'être jugé, qui marque pour la vie.
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Loys
-
Auteur du sujet
- Hors Ligne
- Administrateur
-
- Messages : 17494
Et dans le même temps : "Philippe Meirieu : L’ennui à l’école : un véritable tabou ?" (15/05/15)
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Loys
-
Auteur du sujet
- Hors Ligne
- Administrateur
-
- Messages : 17494
C'est totalement faux...Selon l'OCDE 80% des élèves s'accordent à se sentir bien à l'école.Au Japon, à Hong Kong, à Singapour, à Shanghai, en Suisse, tous pays qui ont de bons scores dans Pisa, on est même au delà des 80%.
Voilà qui montre bien la scientificité de ce genre d'affirmation péremptoire. On a déjà vu que ce chiffre de 80% est grevé par une grave erreur de l'OCDE.
Ça tombe bien, il est plus grand en France que dans la moyenne des pays de l'OCDE.La qualité du bien être joue un rôle dans la perception que l'élève a de l'école et des apprentissages.
Donc on passe de "directeurs" à "professeurs"...Si en France les élèves se sentent moyennement heureux d'être à l'école, l'enquête Pisa montre que pour leurs professeurs la perception est bien différente. Le pays se retrouve avant dernier sur un indice Ocde du sentiment des bonnes relations entre professeurs et élèves. A la question " l'épanouissement social et affectif de l'élève est aussi important que son acquisition des compétences et savoir faire mathématiques", les directeurs français sont les moins nombreux à répondre favorablement.

Il y aurait des choses à dire à ce sujet. Dont les directeurs sont d'ailleurs plus responsables que les enseignants.Dans un récent dossier ouvert par le Café, Marianne Lenoir , un médecin scolaire dont la thèse porte sur le bien être des élèves, montre que le sentiment de bien être décline de la 6ème à la 3ème. Selon elle, pour les enseignants le bien être c'est le bien être matériel, l'hygiène de vie d'abord..

Bref la part qui échappe au scolaire proprement dit...Pour les élèves, c'est le relationnel qui prime. Le bien être c'est d'abord le partage avec les copains. Ensuite seulement viennent les relations avec les enseignants."
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Hervé
- Hors Ligne
- Sage
-
- Messages : 94
Vous l'avez peut-être dit qlq part mais il ne dit pas du tout ce qu'on veut lui faire dire... Je lis dans le résumé de l'étude
etude PISA
L'étude mesure donc... le degré d'accord entre un chef d'établissement et ses profs de mathématiques. On n'a pas demandé aux chefs d'établissements s'ils pensaient que le bien-être de l'élève était important (ce qui en soi pouvait avoir un sens) mais s'ils étaient d'accord avec l'idée que les profs de mathématiques pensaient majoritairement que le bien-être était qlqch d'important...Ce graphique indique le pourcentage d’élèves fréquentant un établissement dont le directeur se dit d’accord ou tout à fait d’accord avec l’affirmation selon laquelle parmi les professeurs de mathématiques, il existe un consensus autour de l’idée que l’épanouissement social et affectif de l’élève est aussi important que son acquisition des compétences et savoir-faire mathématiques en classe
En conséquence, un chef d'établissement qui répond "non" à la question ne signifie pas son opposition à l'importance de la notion de bien-être, mais que sa perception des profs de maths de son établissement lui fait penser qu'ils ne sont pas unanimement d'accord avec l'idée que le bien-être est une notion aussi importante que la réussite scolaire...

Ca n'a donc aucun intérêt et utiliser ce graphique débile pour en déduire que la France est un pays dans lequel les élèves ne se sentent pas bien, ou dans lequel les enseignants (en l'occurrence les chefs d'établissements) se contrefichent du bien-être des élèves, relève soit de la malhonnêteté intellectuelle, soit de la confusion mentale. Soit des deux.
A remarquer que dans la note de synthèse PISA, il y a un autre graphique qui lui corrèle les résultats en maths et le sentiment de bien-être (p.2 - je ne sais pas comment l'afficher ici) et l'on y voit que... la France est (de justesse mais quand même) dans le groupe des pays où les élèves se sentent bien ET ont de bons résultats. Ce qui n'est pas le cas de l'inénarrable Finlande...
Donc, j'en déduis que la baisse du sentiment de bien-être entre la 6e et la 3e provient essentiellement de l'importance croissante que prend chez eux les relations avec leurs pairs (pour parler comme les études pédagos), lesquelles ne se passent pas toujours bien. Mais en quoi l'école en est-elle responsable ?Dans un récent dossier ouvert par le Café, Marianne Lenoir , un médecin scolaire dont la thèse porte sur le bien être des élèves, montre que le sentiment de bien être décline de la 6ème à la 3ème. Selon elle, pour les enseignants le bien être c'est le bien être matériel, l'hygiène de vie d'abord..Pour les élèves, c'est le relationnel qui prime. Le bien être c'est d'abord le partage avec les copains.
On peut néanmoins étayer les propos de l'éminent Dr Lenoir. Mon expérience personnelle me fait remarquer qu'entre la 6e et la 3e, les élève se sentent de plus en plus mal à l'école. Cela se traduit notamment par des transformations physiques et morales inquiétantes. Soumis au stress scolaire, les garçons ont la voix qui mue, leur corps se couvre de poils disgracieux et de boutons purulents; le corps des filles devient difforme, des protubérances diverses leur poussant à des endroits du corps que la décence m'interdit de nommer ici; l'envie de travailler devient inversement proportionnelle à l'envie de parler avec leurs copains, l'intérêt pour les matières scolaires inversement proportionnel à l'intérêt pour les être du sexe opposé.
En un mot, le Dr Lenoir a découvert qu'entre 11 et 15 ans, les enfants français devenaient des adolescents.
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Loys
-
Auteur du sujet
- Hors Ligne
- Administrateur
-
- Messages : 17494
Pas "le degré d'accord", lequel supposerait une consultation : c'est le simple préjugé du chef d'établissement. C'est donc pire.L'étude mesure donc... le degré d'accord entre un chef d'établissement et ses profs de mathématiques. On n'a pas demandé aux chefs d'établissements s'ils pensaient que le bien-être de l'élève était important (ce qui en soi pouvait avoir un sens) mais s'ils étaient d'accord avec l'idée que les profs de mathématiques pensaient majoritairement que le bien-être était qlqch d'important...
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Loys
-
Auteur du sujet
- Hors Ligne
- Administrateur
-
- Messages : 17494
Dans "L'Etudiant" du 23/06/15 : "Elle a réalisé un documentaire sur des écoles où les enfants sont heureux d'aller" par Isabelle Maradan.
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Loys
-
Auteur du sujet
- Hors Ligne
- Administrateur
-
- Messages : 17494
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Loys
-
Auteur du sujet
- Hors Ligne
- Administrateur
-
- Messages : 17494
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Loys
-
Auteur du sujet
- Hors Ligne
- Administrateur
-
- Messages : 17494
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Loys
-
Auteur du sujet
- Hors Ligne
- Administrateur
-
- Messages : 17494
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Loys
-
Auteur du sujet
- Hors Ligne
- Administrateur
-
- Messages : 17494
Est-ce vraiment la peine de commenter ?
Détail de l’huile sur bois «Le Maître d'école» d'Egbert van Heemskerck le jeune (1687), exposée au Musée national de l’Éducation
.... dans un même but: faire du collège une zone de bien-être et non un lieu de torture.

L'enquête PISA sur le sentiment d'appartenance est fondée... sur un questionnaire adressé aux élèves.Le bien-être de l'élève, lorsqu'il est pensé, l'est sans prendre en compte son avis.

Cette enquête montre d'ailleurs que cette question est un non-problème en France, mis à part certaines questions très matérielles...
La question n'est donc pas celle des "emplois du temps" mais du volume horaire.Du côte des rythmes scolaires, tout le monde semble d’accord sur le fait que les emplois du temps actuels ne permettent pas aux collégiens de s’épanouir. Les journées de sept heures de cours sont légion...
A noter que la semaine d'un élève de 6e est de 25h de cours (soit 5h de cours par jour en moyenne) et 2h d'aide et accompagnement.
Bonjour le respect des collègues. On notera dans l'article d'autres considérations du même genre ("les profs confondent leur propre bien-être et celui des élèves", " les enseignants suggèrent de faire démarrer la journée plus tard (ce qui permet aux élèves de dormir plus longtemps, mais également aux profs de pouvoir amener leurs enfants à l’école primaire ou maternelle)" etc.).Parmi les conclusions intéressantes de cette thèse, on apprend qu’une majorité de professeurs (63%) pense que le bien-être des élèves est pris en charge au collège; 22,2% affirment le contraire, tandis que 14,8% ne se prononcent pas (bonjour l’implication).
"Bonjour l'implication" ?Chez les élèves, le oui se situe juste en-dessous de la moyenne (49,6%), contre 25,6% de non et 24,8% d’élèves ne sachant pas.
Retenons bien : un quart des élèves seulement pense que leur bien-être n'est pas pris en charge au collège.
Il y aurait plusieurs façons d'interpréter ces différents résultats.Marianne Lenoir a en outre étudié les différences de résultats en fonction de la classe et du sexe des sujets étudiés. Ainsi, 58,8% des élèves de sixième pensent que leur bien-être est pris en charge, contre seulement 38% des élèves de troisième. De façon assez marquée, les filles sont beaucoup plus nombreuses à se sentir prises en charge que les garçons (19% de non, contre 32,7% chez leurs camarades de sexe masculin).
Quel est le rapport rapport entre le "bien-être pris en charge au collège" et l'état d'esprit des élèves ?Marianne Lenoir insiste sur le fait que, dès l’entrée en classe de cinquième, l’état d’esprit des élèves semble s’altérer, l’enthousiasme du début de collège laissant place à un tempérament plus désabusé.
C'est contradictoire en ce cas puisque le sentiment sur le bien-être pris en charge est davantage dégradé en 3e.C’est effectivement un phénomène aisément constatable en collège: j’ai toujours pensé que les classes de cinquième étaient les plus pénibles à gérer (d’autres, mais ils semblent minoritaires, votent pour la quatrième).

L'effet de nouveauté est en effet passé...

Les latinistes (qui commencent en 5e) sont, par exemple, généralement plus enthousiastes que les 4e ou les 3e...
L'auteur semble découvrir la période de l'adolescence !Les petits angelots arrivés de l’école primaire un an plus tôt commencent alors à se muer en ados arrogants, encore peu conscients des limites à ne pas franchir. De fait, ils se montrent plus réfractaires à l’égard de tout ce qui touche au système scolaire, et se sentent donc moins bien traités, ce qui n’est pas tout à fait faux.

Et former à l'autonomie, ce n'est pas bien traiter les élèves.Choyés à leur arrivée en sixième (où tout leur est expliqué mille fois, y compris la couleur du stylo avec lequel ils doivent souligner le titre des sous-paragraphes), on leur demande bien plus d’autonomie lors de leur deuxième année de collège…

Avec une nouvelle contradiction dans l'article : "Les adultes voudraient avoir la possibilité de pouvoir dialoguer seul à seul avec les adolescents, afin de cerner leurs problèmes et de comprendre comment les aider à aller mieux. Les ados, eux, préfèrent généralement qu’on leur fiche la paix, soit parce que le discours des adultes les ennuie ou les effraie, soit parce qu’ils estiment qu’il n’y a de toute façon rien à faire pour eux."

L'enquête montre le contraire...De l’ensemble de ces divergences, il y a une grande conclusion à tirer: et si on se concertait, bordel? Cela éviterait que certains élèves n’associent leur bien-être qu’à l’achat de jeux pour le foyer («il faudrait un baby-foot, et aussi un flipper, et mettez-moi trois Xbox 360 tant que vous y êtes»), que les profs confondent leur propre bien-être et celui des élèves (ce qui n’est pas indissociable, certes), et que chacun maugrée dans son coin en estimant être maltraité par un système dans lequel personne n’accède à ses requêtes.

Les ados ne voudraient plus "qu'on leur fiche la paix" ?Chaque établissement (pas seulement les collèges) gagnerait à muscler son CESC, voire à créer de vraies réunions publiques mêlant enseignants et élèves, afin que les meilleures idées sortent du lot et permettent à tous de se sentir mieux ensemble. Il y aura des divergences de points de vue, des demandes émises par l’une des parties et jugées ridicules par l’autre, des problèmes de budget, mais c’est de cette façon que le débat avancera, et permettra au moins aux adultes et ados de se parler face à face, unis dans un même but: faire du collège une zone de bien-être et non un lieu de torture.
Bon, une conclusion bien plate pour un faux problème.
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Loys
-
Auteur du sujet
- Hors Ligne
- Administrateur
-
- Messages : 17494
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Loys
-
Auteur du sujet
- Hors Ligne
- Administrateur
-
- Messages : 17494
Effectivement Caroline Brizard a coutume d'accabler l'école en vertu de ses préjugés.Longtemps je me suis ennuyée à l'école" : amusant... et accablant
D'une expérience personnelle, donc, tirer une leçon générale : c'est une façon de se forger un préjugé. Reste à savoir quelle part de celui qui a un préjugé vient... de lui-même.Ecrire ses souvenirs d'école est un exercice classique. Des grands auteurs y ont excellé. A cette rentrée, Lola Vanier, 27 ans, surgit toute fraîche de l'anonymat pour conter les siens. Drôles et graves à la fois.
Lola Vanier publie un livre choc sur l'ennui à l'école à la rentrée 2015. (Nicolas Pavan libre de droits)Lola Vanier publie un livre choc sur l'ennui à l'école à la rentrée 2015. (Nicolas Pavan libre de droits)
Sa dernière année d’université en master d’arabe lui a servi de révélateur. Une fois de plus, Lola Vanier, 27 ans, y a croisé des enseignants pleins de morgue, prisonniers d’un système éducatif déshumanisé, et cette expérience a brusquement fait sens.
En tout cas, un master s'obtenant en principe à 23 ans, Lola Vanier a bien prolongé sa scolarité..
Tentative de généralisation très subjective. Les chiffres de PISA ont cette vertu d'avoir été obtenus par un questionnaire posé aux élèves.Elle écrit au début de son livre (1), en librairie ce jeudi 27 août :
J’ai compris que mes chagrins et ceux de mes camarades à l’école, au collège et au lycée, n’étaient pas de petits chagrins de mômes, de petites vexations d’adolescents susceptibles mais bien de profondes failles dans la maison de l’Institution."
Rien que ce genre de propos devrait discréditer son auteur.Défiance mutuelle
Elle a donc replongé dans ses impressions d’élève, au collège puis au lycée publics, à Paris : dans le système qu'elle décrit, les enseignants - beaucoup d’entre eux en tout cas - anesthésient l’envie d’apprendre et transmettent un savoir postiche.
Ah... c'est quelque peu différent. Pour qu'un savoir ne soit pas postiche, il faut que Lola Vanier ne se sente pas "superflue".Elle écrit :
On m’a enseigné un monde de connaissances dans lequel ma présence était superflue."
C'est vrai que des élèves qui écoutent, c'est un vrai scandale. Comprendre que Lola Vanier n'a pas pu parler tout son saoul en classe ?Avec humour, elle égrène ses déceptions scolaires. L'école qu'elle a fréquentée ne semble pas avoir été touchée par les réformes qui suscitent tant de débats fiévreux. Interdisciplinarité ? Travail par projet ? Participation ? Rien du tout ! La passivité est la règle. Pour moi, le cours magistral a été une réalité constante de la primaire jusqu’à l’université. Tout est fait pour que les élèves écoutent et que les professeurs parlent."
En tout cas, un livre qui tombe à pic pour la réforme du collège et chroniqué en ce sens par Caroline Brizard !

Un petit peu quand même.Pour autant, elle n'accable pas les adultes.
Et c'est forte de sa grande expérience de l'enseignement en tant qu'élève que Lola Vanier peut délivrer cette forte leçon.Ils font ce qu'ils peuvent, avec ce qu'ils ont appris. Enseigner autrement ne s’improvise pas.

"Croqués sur le vif"... ou croqués une quinzaine d'années après ?Ennui quotidien
Ses portraits sont croqués sur le vif : le professeur d’anglais se répandant en remarques sarcastiques pour ne pas perdre la face ; le professeur d’histoire-géo dictant son cours sans jamais poser une seule question à sa classe ; un autre se perdant dans des digressions infinies sur le sentiment national - si loin du sujet qu’elles en deviennent drôles ; la professeur de SVT en guerre avec ses élèves, qui du coup la laissent se débattre avec un rétro-projecteur rétif… Lola Vanier nous assied en classe avec elle, et c’est très amusant. Avant d’être accablant.

Et toujours ce "nous" étrange...Elève, elle n’avait pas encore les mots pour le dire, mais dix ans après, elle dénonce la hiérarchie stérile, l’ennui quotidien :
Nous comptons les secondes qui passent, pour rester éveillés et vivants [...] Je reste silencieuse mais mon cerveau bouillonne, explose."
Voilà qui est très mesuré, encore une fois...Elle a rétrospectivement le sentiment d’un énorme gâchis devant tout ce temps perdu, inutile, où elle n’a rien appris.
"Excessif" ? Si peu... Et si c'est "sincère", l'excès peut devenir vérité.Cela se chiffre ! En histoire, par exemple, à raison de 78 heures de cours par an, pendant 15 ans. Et pour quoi finalement ?
Pour rien ! L’école fait de l’Histoire une vulgaire succession de faits à engloutir sans plaisir, ni mode d’emploi, ni digestion, ni lien."
C'est excessif sans doute, mais le ton est tellement sincère…
Vive les élèves "partenaires" sans "hiérarchie" !Le rêve d'une école fraternelle
Lola Vanier n’oublie pas de rendre grâce, de belle manière, à quelques personnages qui l’ont durablement touchée, parce qu’ils ne lui ont pas parlé du haut de leur autorité, mais l’ont traitée comme une partenaire responsable.

Moi qui croyais qu'elle n'avait "rien appris"...Ce sont ses plus belles pages.
Avec ces enseignants, elle a senti "le plaisir d’apprendre, de grandir, le plaisir de se sentir réfléchir et d’en être appréciés, aidés, élevés…".
Tout est résumé ici : "être apprécié"....
Du "mépris" ?Ces rencontres lui font sentir, rétrospectivement, toute l’inanité du temps passé avec les autres adultes. Alors sa frustration, voire sa colère, affleurent. Comment cette école du mépris et de la hiérarchie peut-elle fonder une société juste et heureuse ?

Le seul mépris tangible est celui de Lola Vanier pour l'école.
Tout dépend du point de vue...Lola Vanier, en adepte de la communication non violente...
Les concours de l'enseignement lui tendent les bras, avec une première affectation dans un établissement difficile....termine son livre sur une note militante. Elle voudrait "réenchanter l’école"...

C'est très gentil... mais très peu concret.... qui doit reposer sur "la réalisation d’un épanouissement individuel au sein d’un épanouissement collectif, d’une communauté fraternelle", écrit-elle en citant Edgar Morin. Un beau rêve... mais la route est longue.
On aimerait d'avantage savoir quel est le profil sociologique de Lola Vanier et ses intentions précises pour changer l'école autrement qu'en la méprisant avec un discours creux.
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Loys
-
Auteur du sujet
- Hors Ligne
- Administrateur
-
- Messages : 17494
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Loys
-
Auteur du sujet
- Hors Ligne
- Administrateur
-
- Messages : 17494
Oui, comme on peut le constater sur ce fil, c'est un "mal français" !Les débats récents sur la réforme du collège ont mis en lumière un mal scolaire français : l'ennui en classe.

Changement de sujet. L'autorité en classe est chose distincte de l'ennui...Pour le sociologue François Dubet, la tradition autoritaire du système éducatif a transformé l'élève en une "cire molle".
Amusant : cela signifierait que l'ennui ne provoque pas l'échec scolaire...Et pas seulement les cancres !
Des chiffres auxquels on peut faire confiance, comme l'explique Pascale Fourier dans "Marianne" : "D'où vient en effet ce constat d'un tel calvaire des élèves ? D'une enquête menée en 2010 auprès de 760 enfants scolarisés en primaire et au collège, tous issus de quartiers populaires. Et par qui a été faite cette enquête ? Par un étudiant de l'Association de la fondation étudiante pour la ville (Afev), « réseau d'étudiants solidaires intervenant dans les quartiers populaires ». Au lieu de faire une généralité de cette enquête très partielle, le ministère aurait dû préciser que 71 % d'un nombre indéterminé de collégiens (le document n'explique pas quelle proportion d'élèves de primaire et de collégiens ont été interrogés), issus de quartiers populaires (ce que Mme la Ministre a omis de préciser), disaient s'ennuyer en classe. Il aurait dû préciser aussi que ces 71 % comprenaient une part (laquelle ?) d'élèves disant s'ennuyer « quelquefois » en classe (et que celui qui ne s'est pas ennuyé « quelquefois » en classe leur jette la première pierre !), ce que ne comprenait pas le chiffre des 25 % pour l'école primaire."Qui n'a jamais regardé le plafond de sa salle de classe ? Ou les feuilles des arbres frémir par la fenêtre ? L'ennui à l'école n'est pas nouveau, mais il est devenu explosif. En présentant sa réforme du collège au printemps dernier, la ministre de l'Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem, a livré des chiffres : en France, 71% des élèves disent s'ennuyer au collège...
...et 50% ne font rien d'autre que de prendre des notes dictées par leurs professeurs.

Une phrase qui commence par "à l'heure du" est souvent idiote. Cela se vérifie ici.Avec la mondialisation, les systèmes pédagogiques des différents pays se comparent et s'affrontent, dans des classements plus ou moins pertinents, mais parlants. Si la France dévisse dans les évaluations internationales, c'est aussi parce que son modèle pédagogique n'est plus adapté. A l'heure des tablettes et du savoir à portée de tous...

Le "savoir" a toujours été à la portée de tous, ne serait-ce que dans les manuels des élèves...
Une caricature d'un côté, une nébuleuse de l'autre... Le tout bien inspiré de la Petite Poucette de Michel Serres....les maîtres mots ne sont plus passivité, immobilité, soumission, mais transversalité, inter-activité, implication, responsabilisation...
C'est vrai : des enfants silencieux, quel scandale !La pédagogie verticale à la française d'un professeur dispensant – de son estrade – son savoir à des élèves passifs et silencieux, qui subissent des horaires à rallonge dans des classes trop nombreuses et hétérogènes n'est plus supportable. Ni pour les enfants ni pour la sociét...
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Loys
-
Auteur du sujet
- Hors Ligne
- Administrateur
-
- Messages : 17494
On notera la diversité des prénoms des élèves et la mise en perspective sur ce qui peut bien susciter la difficulté des enfants à pouvoir se concentrer.
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Loys
-
Auteur du sujet
- Hors Ligne
- Administrateur
-
- Messages : 17494
A noter que la question de l'ennui à l'école est ancienne : Pourquoi vos enfants s'ennuient en classe de Marie-Danielle Pierrelée et Agnès Baumier-Klarsfeld date de 1999. Agnès Baumier-Klarsfeld a encore publié Réveiller le désir d'apprendre en 2016.
En partant du constat qu'un élève sur quatre s'ennuie à l'école, la journaliste livre une critique des méthodes d'enseignement françaises, qui ne parviennent pas à motiver les jeunes.
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Loys
-
Auteur du sujet
- Hors Ligne
- Administrateur
-
- Messages : 17494
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Loys
-
Auteur du sujet
- Hors Ligne
- Administrateur
-
- Messages : 17494
Donc, de l'aveu même de l'article, le titre ("71% des élèves s'ennuieraient au collège") aurait dû être : "65% des enfants des quartiers populaires s'ennuieraient soit tout le temps, soit souvent, soit quelquefois au collège".Trajectoires reflex, analysait le "rapport à l'école des enfants des quartiers populaires" (relevant de l'éducation prioritaire ou de la politique de la ville), du CP à la 3e, suivis par un étudiant de l'Afev. Résultat : en 2013, 21% des 500 enfants interrogés disaient s'ennuyer "tout le temps" ou "souvent", 44% "quelquefois". Soit un total de 65%. Le baromètre de 2010, lui, précisait que ce chiffre atteignait 71,6% au collège.

De fait, si les mêmes enfants déclarent ne pas aimer quelquefois les repas à la cantine, faut-il en déduire aussi qu'ils n'aiment pas les repas à la cantine ?

Il y a pourtant des indicateurs moins restreints à une discipline précise, dans PISA même, qui permettent d'avoir une idée sur le plaisir d'être à l'école en général, comme le sentiment d'appartenance ...Malgré tout, il semble exister une spécificité française. En témoignent les études Pisa (Programme international pour le suivi des acquis des élèves) menées auprès des élèves de 15 ans dans 65 pays de l'OCDE. Même si elles ne parlent pas directement d'"ennui"… "Le terme est trop négatif pour certains pays participants, confie Sophie Vayssettes, à la direction de l'éducation et des compétences de l'OCDE. Nous préférons évoquer le "plaisir" de l'élève."
Trop de pression sur les résultats scolaires
Si l'on considère qu'un enfant qui prend du plaisir a priori ne s'ennuie pas, les résultats se révèlent parlants : selon une étude de 2012, 41,5% des élèves français font des maths par plaisir (contre 38% en moyenne dans l'OCDE). Mais seuls 24% attendent les cours de maths avec impatience (contre 36% en moyenne).
Pour le reste, la lecture de la note de PISA 2012 pour la France affirme au contraire que "les élèves français prennent en général plus de plaisir que la moyenne des pays de l’OCDE dans l’apprentissage des mathématiques" (p. 3).
Lisons également la p.16. Finalement on fait dire ce qu'on veut aux chiffres :
Bref, la "spécificité française" de l'ennui des élèves ne correspond pas tout à fait au préjugé du "Journal du Dimanche"...

Le problème, c'est surtout qu'on peut se demander si la direction de l'éducation et des compétences de l'OCDE lit ses propres notes !"Le problème, déduit donc Mme Vayssettes, ce n'est pas la matière elle-même mais le contexte pour apprendre, avec souvent des cours qui ne sont pas assez individualisés et une trop forte pression mise sur les résultats scolaires en maths."
Eh oui : le problème, c'est la non-variété des supports, et pas les difficultés à déchiffrer ou à lire de manière fluide...Qu'en est-il du français? Selon une étude Pisa de 2009, 39% des élèves français ne lisent pas pour le plaisir (33% en moyenne dans l'OCDE). Quand on sait que les élèves qui prennent le plus de plaisir à lire sont ceux qui réussissent le mieux à l'école, cela mérite d'être creusé. Une piste? "On peut, par exemple, diversifier les supports de lecture, même avec des BD, pour donner envie de lire à tous."

Pour le reste on peut s'interroger sur le second chiffre du "Journal du Dimanche" : la lecture de PISA 2009 (source vérifiable) montre que 61% des élèves français lisent par plaisir contre... 62% pour l'OCDE. Encore une "spécificité française" !
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Forum
- L'école moderne
- La réforme permanente
- Les pédagogies "nouvelles"
- Bien-être (et bienveillance) à l'école