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Inégalités... et discriminations "scolaires"
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De là à parler de "publics mythifiés"... L'expérience montre que l'implication des parents dans la scolarité de leurs enfants dans les quartiers difficiles est bien plus faible qu'ailleurs et c'est - malheureusement - être "éloigné de la réalité" que de prétendre le contraire.
Toujours le même abus de l'emploi du terme "ségrégatif" ou "discrimination".L’objectif était de mettre en question les problématiques des ségrégations et des discriminations scolaires. La rencontre prenait ainsi pour objet : « les dysfonctionnements structurels de l’école », « les échecs et les désillusions de la discrimination positive » (ZEP, quota dans les classes préparatoires), « le sous-encadrement, le sous-financement, la nature ségrégative des filières, les inégalités entre établissements, la sélection par les contenus d’enseignement ».
Il y a ici abus de langage...Le droit à l’éducation est-il en recul en banlieue ?
Il s'agit donc non pas du "droit à l'éducation" mais du droit à l'orientation choisie, ce qui n' a pas grand chose à voir.Le débat cherchait à donner la parole au public « afin de » recueillir un ensemble de témoignages. Certains concernaient centralement la question du droit à l’éducation en banlieue. Un ensemble de cas étaient ainsi rapportés, pour la plupart invisibles des statistiques publiques : élèves résidant en foyer et ne trouvant aucune affectation scolaire, élèves résidant dans leur famille mais privés d’affectation scolaire à l’entrée en seconde ou auxquels on propose une affectation très éloignée du domicile et de l’orientation choisie...
L'automatisme serait-il discriminatoire ?...élèves auxquels le dispositif automatisé d’affectation ne propose de satisfaire que le 4ème choix.
Les élèves ont donc bien "droit à l'éducation".Les actions de mobilisation sont narrées avec beaucoup de détails. Certains témoignages indiquent que l’institution propose à certains élèves de choisir entre une orientation non-souhaitée en seconde ou un redoublement de la classe de 3ème au collège.
Et c'est la responsabilité de l'école s'ils sont "en situation de refus" !Dans le pire des cas certains élèves en situation de refus de ces deux alternatives insatisfaisantes n’avaient toujours pas fait leur rentrée scolaire à la veille des vacances de la toussaint.
Ce problème existe, mais à la marge. Il n'est d'ailleurs pas quantifié ici.Alors que l’institution scolaire s’emploie à traiter la problématique de la déscolarisation, ces témoignages rendent compte d’un problème peu débattu et traité : celui de la non-affectation scolaire qui nourrit un sentiment de mépris et de discrimination des laissés pour compte de l’institution scolaire.
Quand à appeler "laissé pour décompte" un élève qui refuse une affectation ou une possibilité de redoublement...
Ces cas posent donc une question centrale : le droit à l’éducation est-il en recul en banlieue ? Au-delà des inégalités scolaires n’avons nous pas ici à faire à la négation d’un droit élémentaire, celui d’être tout simplement scolarisé ?
S'il y a un recul, c'est plutôt celui d'un enseignement efficace...
Que signifie cette phrase ? Depuis quand l'école a-t-elle le pouvoir "d'évincer" des représentants de parents d'élèves ?Comment fait-on quand on n’a pas les codes de l’école ?
Une seconde série de témoignages concernait d’autres expériences scolaires faites de sentiments de relégation, de mise à l’écart. Plusieurs cas faisaient référence à des mères « d’origine » maghrébine dont les enfants sont en réussite scolaire mais s’étant retrouvées évincées de leurs fonctions de représentantes des parents d’élèves en raison de logiques de concurrence y compris sur cet aspect du fonctionnement de l’école.
Les classes CHAM sont extrêmement marginales...D’autres cas faisaient référence à la mise à l’écart de certaines orientations scolaires notamment les classes CHAM (classes à horaires aménagés musique) : pourquoi ce dispositif est-il présenté dans certaines écoles et pas dans d’autres ? Pourquoi n’a-t-on jamais proposé l’inscription dans ces classes à aucun de mes enfants ? Comment fait-on pour y accéder ? Comment plus globalement procéder avec l’école lorsqu’on n’a pas les codes ? Autant de questions qui manifestent une certaine lucidité quant aux mécanismes producteurs d’inégalités scolaires.
A noter que la mobilisation sur ces questions est d'une importance toute relative en comparaison de la nécessaire implication quotidienne des parents dans la scolarité de l'enfant. Comme si la réussite scolaire ne devait venir que de facteurs extérieurs...
Ce n'est pas un discours qui valorise la Seine-Saint-Denis...Je voulais me rapprocher de la Tour Eiffel
Un témoignage particulièrement marquant était celui d’une étudiante originaire du département de la Seine-Saint-Denis. Cette étudiante relate son parcours, celui d’une bonne élève ayant effectué toute sa scolarité en Seine-Saint-Denis. Cependant compte tenu de ses résultats scolaires elle souhaitait à l’entrée à l’université prendre quelques distances avec la Seine-Saint-Denis : « je ne voulais pas à la fac me retrouver avec les mêmes élèves que je connais depuis des années, que je retrouve dans mon quartier, je voulais voir autre chose ». Cette étudiante voulait poursuivre ses études dans une université du centre de Paris : « je voulais me rapprocher de la Tour Eiffel ! ». Finalement sa demande d’inscription a été refusée au motif de la « sectorisation universitaire ». Si elle réside en Seine-Saint-Denis son affectation universitaire devrait être l’université Paris 8 Saint-Denis. Cette affectation contrainte, l’étudiante l’a vécue comme une humiliation, un enfermement : « université Paris 8 Saint-Denis ! Il y a Saint-Denis dedans, je ne veux plus qu’on me colle encore Saint-Denis pour toute ma vie ! ».
Les stages ne sont pas refusés par l'école, en l'occurrence !Finalement l’étudiante explique à l’auditoire qu’elle se sent bien dans cette université où elle s’estime bien encadrée. Son seul grief concerne à présent ses difficultés à trouver un stage ses demandes à Paris étant toutes refusées : « est-ce que c’est parce que je viens de Seine-Saint-Denis ? ».
Mais c'est qui, "eux" ?Une autre étudiante rend compte avec beaucoup de détails de son parcours scolaire et universitaire qui est aussi celui d’une bonne élève, mais une bonne élève qui s’est retrouvée souvent en situation de « minorité » au cours de son parcours : « j’ai compris que je ne faisais pas partie de ce monde, que les élites ne voulaient pas de moi ». Ce que décrit cette étudiante, c’est le processus d’une conversion progressive et la façon dont elle s’est adaptée au plafond de verre de l’élitisme scolaire. Elle décrit qu’initialement, elle n’était pas opposée à l’idée d’élitisme scolaire puisqu’elle voulait en être. Malgré des résultats scolaires tout à fait satisfaisants, elle considère avoir trop souvent été renvoyée à ses « origines ». Elle admet finalement avoir pris acte de cette situation et indique, non sans un certain soulagement : « Je crois que j’ai voulu devenir une élite comme eux, j’ai compris qu’il valait mieux être soi-même ».
C'est, pour le coup, un beau témoignage.Pourquoi il faut travailler à l’école ? Pour apprendre à penser et réfléchir pour lire les livres qu’on choisira de lire
Un autre témoignage parmi tant d’autres, celui d’une mère qui a connu elle-même l’échec scolaire et qui estime qu’une mobilisation scolaire est indispensable, qu’il faut expliquer aux enfants pourquoi il faut travailler à l’école, non pas pour un titre scolaire uniquement, non pas pour être meilleur qu’un autre, mais tout simplement pour être libre, « libre de lire les livres qu’on aura choisi de lire ».
C'est une accusation très grave...Si la question de l’échec et des inégalités scolaires était bien abordée, les témoignages d’étudiants (es) « d’origine » en réussite confrontés (es) à des plafonds de verre, parce que pas nés du bon côté du périphérique montraient à quel point l’institution scolaire est fortement marquée du sceau de l’altérité, du séparatisme social, ethnique et spatial.
La démocratisation scolaire ne peut passer que par une réussite de l'école, non pas la mise en cause de son supposé caractère discriminatoire, "ethnique" (sic) et social. En réalité les inégalités, qui existent, se fondent sur le niveau scolaire : en refusant de reconnaître ce fait, on enferme les élèves et les étudiants dans les inégalités. La négation de l'importance du niveau scolaire est, par ses conséquences (et non ses intentions) un principe discriminatoire.Les questions que pose ce type de rencontres sont nombreuses : ce traitement de la question scolaire doit-il rester en marge des débats scolaires habituels ? Et s’il en constituait le centre dès lors qu’il s’agit d’interroger le rapport à l’école des classes populaires et les conditions d’une réelle démocratisation scolaire ?
La réalité, on peut pourtant l'expérimenter...Ces initiatives citoyennes sur l’école en banlieue ne peuvent qu’alimenter les débats scolaires de portée plus générale, y introduire le problème prégnant des ségrégations et des discriminations scolaires tout autant que les formes incontestables de mobilisation pour l’école de populations trop souvent réduites à la passivité scolaire. Cette prise en compte permettrait de donner corps à ces « publics », souvent mythifiés et abstraits, et à propos desquels se déploient souvent des catégorisations bien éloignées des réalités.
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Expérience vécue par un délégué de parents d'élèves que je connais : comme il était élu sur une liste minoritaire, il n'a pas pu choisir la classe pour laquelle il serait délégué. La liste du syndicat majoritaire a fait exprès de s'attribuer les places de délégués dans la classe de son enfant, délégués dont les enfants étaient dans d'autres classes.Que signifie cette phrase ? Depuis quand l'école a-t-elle le pouvoir "d'évincer" des représentants de parents d'élèves ?Une seconde série de témoignages concernait d’autres expériences scolaires faites de sentiments de relégation, de mise à l’écart. Plusieurs cas faisaient référence à des mères « d’origine » maghrébine dont les enfants sont en réussite scolaire mais s’étant retrouvées évincées de leurs fonctions de représentantes des parents d’élèves en raison de logiques de concurrence y compris sur cet aspect du fonctionnement de l’école.
Je ne sais pas si c'est à un phénomène équivalent que fait référence la phrase mystérieuse. Je ne vois pas ce que cela pourrait être d'autre.
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Dans le "Café" du 5/11/14 : "F. Dhume : L'Ecole, les stages en entreprises et la discrimination"
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Ajoutons que, lorsque la sélection des employeurs s'effectue sur des capacités et un niveau scolaire, il ne s'agit que d'une discrimination obéissant à une logique professionnelle dans laquelle on veut faire entrer l'école, celle des "compétences" que promeut, encore une fois à longueur d'articles, le "Café pédagogique".
L'analyse de F. Dhume, qui fait - dans la logique d'un Bourdieu - des enseignants des "complices" de la discrimination (avec toute la violence que ce mot comporte), voire des "coproducteurs", souffre malheureusement d'une grave contradiction : F. Dhume soutient d'une part que les enseignants renonceraient à chercher des stages pour leurs élèves, d'autre part que les enseignants trieraient les élèves pour les stages selon des principes discriminatoires.
Par ailleurs ce postulat ("la responsabilité du placement incombe aux enseignants") est tout à fait erroné. Les enseignants n'ont pas vocation à chercher les stages à la place des élèves.F. Dhume écrit: pour se faciliter le travail et sous couvert d'entraîner les élèves à leur future recherche d'emploi, ce sont généralement les élèves que l'on envoie chercher "leur" stage.[...] Ainsi, [l'enseignant] trie les élèves, et n'adresse pas à l'employeur ceux que celui-ci ne veut pas voir
Source : eduscol.education.fr/cid46879/sequence-d...se-de-troisieme.htmlEduscol écrit: Une séquence d'observation est insérée dans l'emploi du temps de l'année scolaire pour tous les élèves des classes de troisième, en application des dispositions de l'article D. 332-14 du code de l'éducation.
Les élèves et leurs familles se chargent de la recherche et du choix des lieux des séquences d'observation ; ils peuvent se faire aider dans leurs démarches par les équipes pédagogiques et les établissements d'accueil en milieu professionnel des élèves de moins de seize ans.
Pour un chercheur qui a étudié la question de près, ça ne fait pas très sérieux.
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Pas tout à fait. C'est le proviseur qui décide, sur proposition des parents d'élèves. Dans le cas évoqué ici, la liste majoritaire a fait de la rétorsion contre l'autre liste, et le proviseur n'a pas voulu la désavouer.Loys écrit: Si je comprends bien, l'exclusion est le fait d'autres parents d'élèves... pas de l'école.
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Mais le fait est que, dans le cas que tu cites, il s'agit de conflits de pouvoir entre parents. Dans le "Café pédagogique", il était question d'exclusion à caractère discriminatoire.
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source : uneanneeaulycee.blog.lemonde.fr/2014/11/...eur-a-chaque-lyceen/Au collège et au lycée, les délégués des parents d'élèves aux conseils de classe sont proposés par les responsables des listes de candidats qui ont obtenu des voix lors des élections, et ils sont désignés par le chef d'établissement compte tenu des résultats de ces élections.
Je n'ai rien trouvé dans le code de l'éducation, mais je n'ai pas trop cherché.
Le café pédagogique se fait des plans, comme sur bien d'autres choses, mais on peut aussi se dire qu'à une brimade pour motif syndical, la victime invente facilement une cause xénophobe ou raciste.Mais le fait est que, dans le cas que tu cites, il s'agit de conflits de pouvoir entre parents. Dans le "Café pédagogique", il était question d'exclusion à caractère discriminatoire.
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A mettre en relation avec les propos de Christian Chevalier (SE-UNSA) à propos des modalités spécifiques de recrutement proposées pour l'Académie de Créteil :Un témoignage particulièrement marquant était celui d’une étudiante originaire du département de la Seine-Saint-Denis. Cette étudiante relate son parcours, celui d’une bonne élève ayant effectué toute sa scolarité en Seine-Saint-Denis. Cependant compte tenu de ses résultats scolaires elle souhaitait à l’entrée à l’université prendre quelques distances avec la Seine-Saint-Denis : « je ne voulais pas à la fac me retrouver avec les mêmes élèves que je connais depuis des années, que je retrouve dans mon quartier, je voulais voir autre chose ». Cette étudiante voulait poursuivre ses études dans une université du centre de Paris : « je voulais me rapprocher de la Tour Eiffel ! ». Finalement sa demande d’inscription a été refusée au motif de la « sectorisation universitaire ». Si elle réside en Seine-Saint-Denis son affectation universitaire devrait être l’université Paris 8 Saint-Denis. Cette affectation contrainte, l’étudiante l’a vécue comme une humiliation, un enfermement : « université Paris 8 Saint-Denis ! Il y a Saint-Denis dedans, je ne veux plus qu’on me colle encore Saint-Denis pour toute ma vie ! ».
Où est la discrimination et la stigmatisation ?Christian Chevalier écrit: « Ouvrir un concours spécifique et prérecruter, cela va dans le bon sens, réagit Christian Chevalier, du syndicat SE-UNSA, puisqu’on élargit le vivier par les deux bouts : le “vivier externe”, en proposant à des jeunes recalés dans d’autres académies sélectives de se porter une deuxième fois candidat ; le “vivier local”, puisqu’on permet à des jeunes du département, partageant bien souvent les “codes” de leurs futurs élèves, de passer les concours en leur fournissant un travail salarié. »
Source : www.lemonde.fr/education/article/2014/11...4525626_1473685.html
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